Tag: 15 août

  • Le Casino de Constanta

    Le Casino de Constanta

    Constanta, une ville dont les débuts remontent à l’Antiquité

     

    Nous vous invitons à découvrir l’histoire de l’emblématique Casino de Constanța, symbole de la plus grande ville-port sur la mer Noire, ville fondée par les colons grecs de l’Antiquité, sous le nom de Tomis. Le nom de cette localité est également lié à la légende des Argonautes et notamment à l’exile du poète latin Ovide.

     

    Aujourd’hui, le symbole de la ville est sans nul doute son Casino, construit en style Art Nouveau et inauguré en le 15 août 1910, le jour même où les Roumains marquent la Journée de la Marine.

     

    Déjà en 1879, Constanța était considérée non seulement comme un port mais aussi comme une station thermale maritime. En 1880, son premier salon de danse a ouvert ses portes – Le Salon Guarracino – qui fut sévèrement endommagé en 1891 par une forte tempête. La municipalité lui a donc fait construire un nouveau bâtiment qui a fonctionné jusqu’au printemps 1910.

     

    Mais l’histoire proprement-dite du Casino commence en 1903, lorsque le maire Cristea Georgescu signe un contrat avec l’architecte Daniel Renard, qui allait dresser les plans d’un casino en style Art Nouveau, comme nous l’explique Delia Roxana Conrea, directrice par intérim du Musée national d’histoire et Archeologie de Constanța :

     

    Le Casino dans les années 1930

     

    Delia Roxana Conrea : « Le 15 août 1910 fut inauguré ce beau Casino Communal Carol Ier – c’est avec ce nom qu’il est mentionné dans la presse de l’époque, qui a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre à ce sujet. On y retrouve y compris le menu servi lors de l’inauguration : du foie gras, du vin de Drăgășani et autres plats. Le Casino a eu une très belle évolution avant la Première Guerre Mondiale. En 1916, la Dobroudja tombe pourtant sous occupation germano-bulgare et de nombreux bâtiments de Constanța sont occupés, puis pillés. Ce fut aussi le cas du Casino, qui a été transformé en hôpital militaire et, même s’il avait la Croix Rouge affichée sur son toit, il parait qu’une bombe est néanmoins tombée dessus, en détériorant une partie de son escalier intérieur. Reconstruit dans les années 1920, le Casino retrouve sa splendeur d’antan à l’entre-deux-guerres, lorsque la fête du 15 août et les célébrations nautiques étaient fortement appréciées tant par les habitants de la ville que par les visiteurs. D’autres événements y étaient également organisés. Par exemple, la plupart des bals caritatifs se tenait au Casino et on a même la confirmation que les différents membres de la famille royale y participaient. Cette tradition a été perpétuée si bien qu’à ce jour, la fête du 15 août est marquée tout aussi fastueusement en Roumanie. » 

     

    Le Casino de Constanța connaît donc son apogée dans les années 1920-30, lorsque cette ville-port devient très prospère, affirme à son tour Cristian Cealera, historien, écrivain et guide au sein du Musée national d’histoire et d’archéologie de Constanța.

     

    Plein d’histoires autour du Casino

     

    Cristian Cealera : « A noter que la Dobroudja recensait 19 minorités. Plus encore, un recensement de Constanța, qui avait plus de 56 000 habitants dans les années 1920, fait état de pas moins de 33 ethnies. Chose moins connue, à l’époque, il y avait des courses maritimes transatlantiques entre Constanța et New York et par conséquent dans certains jardins de la ville et sur même la terrasse du Casino, des troupes de la Nouvelle Orléans venaient jouer du jazz. C’est une histoire très riche en fait, parce qu’il s’agissait aussi de sopranos et ténors de la Scala du Milan, de nombreuses troupes d’acteurs qui tentaient de décrocher un contrat d’été au casino. Des boxeurs de renommée mondiale se donnaient rendez-vous au casino ou s’affrontaient dans l’arène improvisée devant l’édifice. Le monde adorait se rendre au casino. Et n’oublions pas non plus les Journées de la Marine : la fête du 15 août était l’évènement le plus important de l’été. Evidemment, les jeux d’argent, plus répandus dans les années 1930, ont de bonnes conséquences, mais aussi de moins bonnes. La ville entière prospère – ses restaurants, ses hôtels enregistrent des revenus exceptionnels. Mais en même temps, les jeux de fortune font des victimes, car, si les riches quittaient Monté Carlo en faveur de Constanța puisque c’était moins cher, les moins chanceux – les petits fonctionnaires, les habitants de la ville etc. – ne savaient pas gérer ce problème, d’où tant de tristes histoires. La presse de l’époque note une multitude de cas : des suicides, des scandales d’amoureux, du genre : la jeune femme qui avait dépensé tout l’argent de son fiancé, qui le lendemain tentait de la tuer par balle sur la promenade du casino… et la liste est longue ».

     

    Le Casino à l’époque communiste

     

    Après 1940, le bâtiment tombe dans l’oubli, étant donné que la Seconde Guerre Mondiale avait déjà éclaté. Le Casino est occupé par les troupes allemandes, puis, par les troupes soviétiques, après octobre 1944. L’histoire du casino est tout aussi triste durant l’époque communiste, du moins au début de cette période. Bien qu’il ait été jeté à l’oubli, en ruines, pendant de longues années, sa réhabilitation a quand même été proposée et les travaux de rénovation ont démarré dans les années ’50. Pour la main d’œuvre on a compté non seulement sur les civils, mais aussi sur les détenus politiques des prisons et camps d’ouvriers qui tentaient de creuser le fameux Canal censé relier le Danube à la mer Noire. Une triste réalité, dont témoignent aussi deux billets laissés par l’équipe dirigée par les architectes Constantin Joja et Ion Cristodulo, soit une liste de tous les détenus politiques du moment. Le premier billet a été découvert entre les murs du Casino durant les travaux de restauration démarrés au début de l’année 2020, le second – en 2023. Enfin à compter des années ’80 et jusqu’après 1990, le Casino de Constanța a fonctionné en tant que restaurant avec terrasse.

     

    Après l’an 2000, il a été fermé au public, en attendant que les fonds nécessaires soient ramassés pour sa restauration. Lorsque le Casino de Constanța ouvrira de nouveau ses portes il pourra accueillir des espaces d’exposition qui raconteront son histoire et ainsi qu’un centre culturel multifonctionnel. (trad. Valentina Beleavski)

     

     

  • Les plages et les montagnes de Roumanie prises d’assaut par les vacanciers

    Les plages et les montagnes de Roumanie prises d’assaut par les vacanciers


    Comme chaque année à cette période, la côte roumaine de
    la mer Noire est la destination préférée d’un grand nombre de Roumains, car le
    15 août, on célèbre la Journée de la Marine. Le week-end prolongé de cette
    année était une raison supplémentaire de choisir les stations balnéaires. Selon
    les données officielles, plus de 120 000 touristes se trouvent actuellement au
    bord de la mer pendant le pont organisé à l’occasion de la fête de la Dormition
    de la Mère de Dieu (la Sainte-Marie). Le taux d’occupation des logements dans
    les stations balnéaires dépasse les 90 %, et de nombreux hôtels, chambres
    d’hôte ou villas sont au maximum de leur capacité, malgré leurs prix parfois élevés.
    Mamaia, Eforie Nord et Neptun sont les stations balnéaires les plus fréquentées
    et les touristes affluent de toutes les régions du pays. Des événements se
    déroulent sur tout le littoral : des festivals de musique attirent des
    milliers de jeunes sur les plages de Venus et Vama Veche, et des soirées de théâtre,
    de musique et de ballet sont à l’affiche à Mamaia et Constanţa, où le chœur
    « Mandrigal » propose une série de représentations sur la falaise du Casino.
    Les événements ont commencé il y a quelques jours et se poursuivront tout au
    long de la semaine.


    L’évènement le plus important aura lieu le 15 août à
    Constanţa. Après une absence de quatre ans, les marins militaires présenteront
    l’exercice de démonstration intitulé « Les forces navales roumaines 2023 »,
    sur la scène maritime devant le commandement de la flotte. Après les discours
    des officiels et le service religieux, des ancres de fleurs seront lancées à la
    mer à la mémoire des héros marins, qui reposent au fond des eaux. Le dieu
    Neptune fera son apparition depuis la mer par une porte d’eau, sécurisée par
    des remorqueurs. Le coup d’envoi des démonstrations sera le salut d’ouverture
    de l’exercice effectué par des hélicoptères et des bateaux rapides, qui
    porteront les drapeaux de la Roumanie, de l’OTAN et de l’Union européenne. Il
    sera suivi par le défilé du navire-école « Mircea », ambassadeur
    honoraire de la Roumanie sur les mers et les océans, avec à son bord des cadets
    de l’Académie navale « Mircea l’Ancien ».


    Le public pourra admirer depuis les falaises de Constanța
    et Mangalia les exercices de démonstration des forces navales et le défilé de
    dizaines de navires militaires, aux côtés d’avions et d’hélicoptères, de
    soldats des structures de défense nationale, mais aussi des pays partenaires au
    sein de l’OTAN.


    Des jeux et des concours de matelotage seront organisés
    dans les ports touristiques. Le soir, après le retrait des marins avec des
    torches, les autorités locales offriront un spectacle multimédia organisé pour
    la première fois en Roumanie à l’aide de drones légers et de feux d’artifice.



    Le ministère des Affaires intérieures a annoncé avoir
    multiplié les dispositifs d’ordre public, notamment dans les zones encombrées,
    étant donné que des événements à large public seront organisés dans tout le
    pays. De nombreux Roumains ont également choisi la montagne pour se détendre sur
    leurs jours libres avant la fête de la Sainte Marie.

  • Le mois qui fait le passage vers l’automne

    Le mois qui fait le passage vers l’automne

    Le mois d’août, de même que chaque occasion du changement du temps, est riche en traditions dans toute la Roumanie.Il s’agit du mois le plus productif dans l’agriculture.
    C’est ainsi que les Roumains l’ont appelé « le mois du gout ». C’est
    en août que l’on recueille les premières récoltes, les céréales, les fruits et
    les légumes d’automne. C’est aussi le mois d’août qui marque le début des
    préparatifs pour les vendanges ainsi que pour la saison froide qui suit.


    En ce qui
    concerne le calendrier liturgique, le 15 août on célèbre une des plus grandes
    fêtes de l’Eglise Orthodoxe. Il s’agit de la Dormition de la Mère de Dieu, soit
    la Vierge Marie, qui, selon les textes bibliques et apocryphes est la mère de
    Jésus Christ (qu’elle a conçu du Saint Esprit), le Fils et le Verbe de Dieu,
    qui, par son propre sacrifice, a offert à l’homme l’opportunité d’obtenir le
    salut. La Dormition de la Vierge Marie est la dernière fête de l’année
    liturgique, qui s’achève le 31 août, non seulement en continuant une tradition
    romane ancienne et la tradition hébraïque, mais aussi pour marquer le fait qu’à
    ce moment les croyants moissonnent leurs récoltes spirituelles. Comme chaque
    grande fête, celle-ci est aussi précédée par une période de jeûne. Dans
    l’Eglise Orthodoxe, dans une période de jeûne, on ne mange pas de viande (y
    compris de poisson), de produits laitiers, d’œufs et, les lundis, les mercredis
    et les vendredis, on s’abstient même d’huile et de vin. Dans la tradition
    populaire roumaine, donc, on croit que les « Cercles de la sainte
    Marie » protègent et apportent de la richesse à tous ceux qui ont respecté
    la période de jeûne. Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare,
    nous explique :


    « Les Cercles de la Sainte Marie inspirent l’homme à se concentrer plutôt
    sur le désir d’assumer et de se purifier des pêches, au lieu de donner
    attention à ses possessions. Cette purification spirituelle a des effets
    positifs pour toute l’année qui suit. C’est la raison pour laquelle, même si les
    mardis, les jeudis et les samedis les croyants ont dispense d’huile et de vin,
    on ne renonce pas à la prière. C’est très important que, chaque soir, on fait
    une grande prière, pendant que dans toute église on chante la Paraclisis de la
    Mère de Dieu (n.d.r. du grec « Paraclisis », qui veut dire « appel,
    appeler à l’aide, supplication », soit un des plus beaux textes liturgiques).
    On dit que toutes ces grandes prières, que l’homme fait chaque jour,
    construisent autour de celui qui renonce à « avoir » pour
    « être » un cercle protecteur, qui le protège de tout ce qui est
    maléfique. »


    Après la fin du
    jeûne qui précède la fête de la Dormition de la Mère de Dieu, le 15 août, on reprend
    les cérémonies de mariages et les fêtes au sein des communautés
    traditionnelles. On pense aussi que l’été se retire peu à peu, pour laisser sa
    place à la saison froide.


    Delia Suiogan,
    ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, nous offre encore de
    détails :


    « Le jeûne de la Sainte Marie court, de deux semaines, existait depuis la
    nuit des temps. Après la fête de la Dormition de la Mère de Dieu (soit la
    Sainte Marie Grande) jusqu’au jeûne de la Nativité on prévoit les plus grandes
    cérémonies de mariage, avec le vin neuf, obtenu après les vendanges. Les
    croyants se préparent aussi pour une autre grande fête, la Nativité de la Mère
    de Dieu (soit la Sainte Marie Petite, le 8 septembre). Entre ces deux fêtes, la
    Sainte Marie Grande et la Sainte Marie Petite, il faut faire tous les labours
    d’automne et faire les ensemencements d’automne. D’ailleurs, on dit que tout ce
    que l’on ensemence après la Sainte Marie Petite, le 8 septembre, ne peut pas germiner
    ou bien risque de geler dans le sol. »



    La
    dernière grande fête de l’été et celle appelée « Le Saint Jean
    d’automne ». Il s’agit de la Décollation du prophète Jean Baptiste, soit
    la mort de Jean Baptiste par décapitation, exécuté sur ordre d’Hérode Antipas,
    à la demande d’Hérodiade, avec qui il avait une relation immorale lorsqu’elle
    était la femme de son frère. C’est pourquoi il y a toute une série de
    traditions à la fin du mois d’août. Comme cette fête rappelle la décapitation
    de Saint Jean Baptiste, le jour appelé « Sântion » on ne mange aucun aliment dont la forme
    rappelle celle d’une tête, surtout le chou. Dans quelques régions de la
    Roumanie, dans ce jour on mange uniquement des raisins, tandis que dans des
    autres communautés on fait le jeûne total, sans rien manger ou boire (même pas
    d’eau) jusqu’au coucher du soleil.