Tag: abeilles

  • La pollinisation des plantes

    La pollinisation des plantes

    Partie intégrante des écosystèmes sains, les pollinisateurs jouent un rôle essentiel
    sinon irremplaçable dans la reproduction du vivant. Mais les statistiques des
    dernières années s’avèrent plutôt terribles, le déclin en termes de nombre et en
    terme de variété d’espèces des insectes pollinisatrices sur le territoire de l’Union
    européenne étant alarmant. Parmi les causes de cette évolution inquiétante notamment
    les conséquences des activités humaines, dont l’usage à grande échelle des pesticides
    et des engrais par les promoteurs de l’agriculture intensive. Cette approche ne
    manque pourtant pas de mettre en danger la santé humaine, la sécurité alimentaire,
    et jusqu’à la qualité de vie de nos sociétés. La société civile pourtant, à l’instar
    du monde scientifique, se mobilise de plus en plus. Plus d’un million de
    citoyens européens ont appelé des mesures fermes de la part de Bruxelles, pour
    arrêter l’hécatombes des pollinisateurs. La dernière initiative citoyenne en
    date, intitulée « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », présentée
    devant la Commission européenne au mois d’octobre 2022, plaide pour une transition
    soucieuse de la sauvegarde des abeilles. Quatre années auparavant, la même
    Commission européenne avait en effet adopté le cadre européen censé combattre
    le déclin des pollinisateurs sauvages. L’initiative visait des objectifs précis
    pour 2030, précisant les actions à entreprendre pour y parvenir. Une nouvelle
    étape a encore été franchie par la Commission européenne récemment.

    Le commissaire européen en charge de l’Environnement, le Lituanien Virginius Sinkevicius :

    « Les pollinisateurs sauvages
    demeurent essentiels pour parer aux effets du changement climatique. En leur
    absence, nos assiettes seront plus pauvres, nos fermiers également. Malgré tout
    nos efforts, il faut bien reconnaître que les populations de pollinisateurs se
    trouvent en déclin, certaines même en danger. Or, quatre des cinq espèces de
    plantes à fleurs ont besoin de ces pollinisateurs. Les scientifiques tirent
    pourtant la sonnette d’alarme, avertissant du déclin inquiétant d’un tiers des
    espèces d’abeilles, de papillons, de bourdons. Cet état de fait est
    véritablement inquiétant. Les pollinisateurs doivent être protégés. Leur
    extinction mènerait à l’effondrement des écosystèmes. L’on se trouve devant le
    scénario catastrophe, qu’il faut éviter à tout prix. Le nouveau pacte doit
    renverser la tendance et cela avant 2030.
    »


    En effet, près de 80% des cultures et des plantes à fleurs dépendent directement du processus
    de pollinisation. C’est pourquoi la perte des pollinisateurs représente une des
    plus importantes menaces à l’égard de la nature, menaçant par ailleurs notre
    sécurité alimentaire et le bien-être des sociétés humaines par la diminution inévitable
    des productions agricoles.

    Il faudrait regarder sans doute de plus près le
    phénomène, martèle encore le commissaire européen chargé de l’Environnement, Virginius Sinkevicius :


    « Il
    nous faut nous munir d’abord de ce que l’on apprécie comme l’objectif principal de
    notre intervention, soit renverser le déclin avant 2030. Il nous faut ensuite
    identifier les trois mécanismes principaux pour y parvenir, en abordant à
    chaque fois les causes. A cet égard, il s’agira tout d’abord d’arriver à une
    meilleure conservation des espèces menacées et de leur habitat. Nous allons
    donc identifier les pollinisateurs caractéristiques aux habitats protégés, en
    vertu de la Directive habitats. Ensuite, nous comptons aménager un réseau de passages
    destiné spécifiquement aux pollinisateurs. Enfin, nous allons fixer des règles
    pour améliorer l’habitat des pollinisateurs qui vivent en milieu urbain. La
    deuxième direction d’action vise la reconstitution des habitats des zones
    agricoles. Nous l’oublions trop souvent, mais une partie significative de la
    superficie de l’Union est occupée par les cultures. Il nous faut donc intégrer ce
    desiderata d’une agriculture protectrice avec les pollinisateurs dans le cadre de
    notre Politique agricole commune. Le dernier axe de notre intervention visera
    la diminution de l’usage des pesticides, qui constituent une menace majeure pour
    un grand nombre d’espèces. »




    Parmi les actions
    envisagées par la CE, notons encore la
    mise sur pied d’un système de monitoring, l’appui à la recherche et à l’évaluation,
    en identifiant sur les cartes les principales zones de pollinisation avant
    2025, sans oublier les actions censées accroître le degré d’information et de
    promouvoir la dissémination des connaissances scientifiques. Mais la mobilisation de la société civile dans la défense du vivant, tout
    comme la promotion de la coopération demeurent des éléments indispensables. Bruxelles appuiera par ailleurs les efforts des Etats membres dans l’élaboration
    de leurs stratégies nationales, mais aussi les entreprises et les citoyens
    désireux de faire avancer la question. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • Pétition européenne pour la sauvegarde des abeilles

    Pétition européenne pour la sauvegarde des abeilles

    Une pétition
    visant la sauvegarde des populations d’abeilles a réussi à rassembler le nombre
    de signatures nécessaire pour être examinée par la Commission européenne.
    L’initiative « Save Bees and Farmers » a dépassé le million de
    signatures, selon le site internet qui l’avait promue. « Le fait que nous
    ayons réussi l’exploit, en dépit des restrictions massives causées par la crise
    du COVID-19, montre l’enthousiasme des gens qui appellent à un changement de la
    politique agricole européenne », avait déclaré Veronika Feicht,
    représentante de l’Institut de l’environnement de Munich, l’un des responsables
    de la campagne.






    La pétition
    demande que la législation de l’UE élimine progressivement les pesticides de
    synthèse, protège la biodiversité et cesse de se concentrer sur l’agriculture de
    type industriel. Plus de 31.000 signatures ont été recueillies en Roumanie,
    soit plus de 30 % de plus qu’il n’en fallait pour dépasser le seuil minimum
    alloué au pays. La pétition, qui sollicite que l’utilisation de pesticides de
    synthèse dans l’agriculture soit réduite de 80% d’ici 2030 et totalement éliminée
    avant 2035, a été lancée par 90 organisations, originaires de 17 pays de
    l’Union européenne. Parmi les initiateurs se trouve la Fédération des associations d’apiculteurs roumains, Romapis.






    Constantin
    Dobrescu, vice-président de cette organisation, explique sur Radio Roumanie le
    pourquoi de cette initiative : « Une telle initiative nous est indispensable.
    Vous savez, les abeilles, et pas seulement elles, toutes les populations d’insectes
    pollinisateurs sont en déclin. Cette réalité, prouvée au-delà de tout doute
    possible, a des effets sur le long terme, affectant ces populations à tous les niveaux.
    Des études ont été menées, par exemple, en Allemagne, dans certaines zones
    protégées, où l’agriculture intensive n’est pas pratiquée, je parle de cette
    agriculture qui repose sur l’utilisation intensive de pesticides et de
    monocultures. L’on a observé que les populations de pollinisateurs ont baissé
    d’environ 70% sur une période d’environ 30 ans. Or, les insectes se trouvent à
    la base de la chaîne trophique. La disparition des insectes met en danger
    l’ensemble du vivant et l’ensemble de notre chaîne alimentaire. Ce n’est pas
    une blague. Et, tenez compte, cette étude s’était déroulée dans une zone
    protégée, où l’on n’emploie pas de pesticides. Voyez un peu ce qui se passe
    dans les régions où l’on pratique cette agriculture industrielle et l’on
    utilise beaucoup de pesticides. Les abeilles disparaissent, les apiculteurs
    souffrent à leur tour. Pensez aux pauvres bourdons, aux abeilles solitaires,
    que personne ne défend. Toutes ces populations disparaissent en catimini, des
    espèces entières, une véritable hécatombe, aux conséquences terribles. »






    Les abeilles,
    mais aussi les autres pollinisateurs, sont en effet indispensables à la
    préservation des écosystèmes et de la biodiversité. Jusqu’à un tiers de la
    production alimentaire humaine et deux tiers des fruits et légumes que nous
    consommons au quotidien reposent sur la pollinisation par les abeilles et les autres
    insectes. Cependant, leur existence est menacée par la contamination constante
    par les pesticides et par la disparition de leur habitat due à l’agriculture
    industrielle, tire la sonnette d’alarme la Fédération des associations apicoles
    roumaines. La pétition européenne attire également l’attention sur le fait que
    les écosystèmes naturels des zones agricoles doivent être restaurés de toute
    urgence, pour que l’agriculture devienne un facteur clé dans le rétablissement
    de la biodiversité. Pour cela, les agriculteurs ont besoin d’être accompagnés
    dans la transition vers l’agroécologie. Il faut faire en sorte de favoriser les
    petites exploitations agricoles diversifiées et durables, et développer
    l’agriculture biologique.

    La formation et
    la recherche pour le développement d’une agriculture sans pesticides et sans
    organismes génétiquement modifiés doivent être encouragées, plaide Constantin
    Dobrescu vice-président de la Fédération des associations d’apiculteurs
    roumains : « L’agriculture industrielle telle qu’elle est pratiquée à
    l’heure actuelle est tributaire à l’industrie agrochimique. Les pratiques
    agricoles actuelles impliquent l’utilisation massive de ces pesticides, qui
    sont devenus beaucoup plus toxiques que ceux des premières générations. D’une
    génération à l’autre, les pesticides deviennent de plus en plus dangereux pour
    les insectes, mais aussi pour nous, les humains. Parce qu’ils finissent dans
    notre assiette, qu’on le veuille ou non. Croire qu’il est impossible de
    pratiquer l’agriculture en l’absence de l’utilisation de ces poisons c’est
    faux. Des études étayées le démontrent. L’Europe peut être autosuffisante d’un
    point de vue alimentaire. Certes, abandonner l’emploi de pesticides présuppose
    un certain changement de nos habitudes alimentaires, une diminution de la
    consommation de viande, donc une baisse du volume de l’élevage. Il faudrait pouvoir
    se contenter d’une production soucieuse de l’environnement, dans le contexte
    d’une agriculture verte. Les agriculteurs qui ont sauté le pas et se sont convertis
    à une agriculture sans pesticides savent que cela est possible, ils ont déjà pu
    le constater. Croire que le monde risque sa sécurité alimentaire à force
    d’arrêter l’emploi des pesticides est totalement faux, c’est tout bonnement un
    mensonge. »











    Le mécanisme de
    l’initiative citoyenne européenne a été introduit par le traité de Lisbonne.
    Cela permet que les initiatives soutenues par un million de citoyens en
    provenance d’au moins un quart des 27 arrivent sur la table de la Commission
    européenne, et que cette dernière se voie tenue de présenter des propositions
    législatives dans ses domaines de compétence. Néanmoins, à cause des États
    membres qui ont invoqué avoir besoin de plus de temps pour mettre en place des
    mécanismes de certification des déclarations de soutien, les premières
    initiatives citoyennes n’ont vu le jour que depuis le 1er avril 2012. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • L’abeille, notre super-héros

    L’abeille, notre super-héros

    Nous sommes dans le sud-ouest de la Roumanie dans une contrée appelée le
    Pays de Hateg. C’est ici que se trouve le Géoparc international du même nom,
    inscrit au patrimoine de UNESCO. C’est un endroit unique, puisque c’est ici que
    l’on a découvert des restes de dinosaures sur le territoire de la Roumanie. Du
    coup, une promenade dans ces parages est un voyage dans le temps, à 4,6 milliards
    d’années de distance. C’est aussi un endroit riche en valeurs naturelles et
    culturelles. Qui plus est, le Géoparc de Hateg bénéficie d’un programme de
    développement durable et ne cesse de surprendre par les activités qu’il propose
    à ses visiteurs.






    Un de ses plus récents projets est ciblé sur les abeilles. Histoire d’éveiller
    les consciences sur cet insecte si nécessaire à l’humanité, mais dont la situation
    générale n’est pas des meilleures en ce moment, comme nous le dit le professeur
    à l’Université de Bucarest et représentant du Géoparc international UNESCO « Le
    Pays de Hateg », Cristian Ciobanu :


    Cristian Ciobanu : « Ici, au géoparc, nous nous penchons sur une multitude
    de sujets. On parle du « Temps de l’homme », de « La préhistoire »,
    du « Temps de la Terre » – c’est-à-dire de la géologie. On vise aussi le
    tourisme et on veut aussi éduquer les générations futures. Alors ce projet
    intitulé « L’abeille super-héros. 100 millions d’années au service de
    l’environnement » répond à toutes nos préoccupations. Déjà le titre en dit long sur
    le sujet. C’est un sujet sensible de nos jours, vu que la situation des
    abeilles n’est pas très bonne. »






    Cristian Ciobanu nous décrit en quoi consiste ce projet consacré aux abeilles :
    « Il s’agit d’une installation artistique, quelque chose d’innovatif, où l’art
    et l’environnement se marient pour parler de la « Cohabitation ». C’est le
    titre donné par l’artiste Dragos Neagoe à cette installation que l’on peut voir
    au Centre pour la science et l’art du Géoparc, dans la commune de Général Berthelot.
    L’artiste, qui est aussi apiculteur, y a imaginé une sculpture de grandes dimensions
    sur laquelle il a attaché une famille d’abeilles élevée spécialement pour ce
    projet, dans le sens où elle a été dès le début habituée à vivre dans des conditions
    différentes de la ruche. »







    Pour mieux comprendre, il faut dire que la sculpture représente le visage d’un
    homme et que les abeilles y construisent leur nid en permanence, d’où l’idée de
    cohabitation de l’homme avec ces insectes sans lesquels notre planète aurait du
    mal à survivre.








    L’apiculteur et sculpteur Dragoş Neagoe a trouvé son inspiration dans une triste
    réalité : de nombreuses familles d’abeilles meurent, notamment durant la
    récolte de colza et de tournesol, à cause, principalement, des insecticides et
    des pesticides. Il a donc voulu prendre attitude. Ainsi voyait le jour, en 2019,
    au Palais de Mogoșoaia, près de Bucarest, une petite exposition à ce sujet.
    Histoire de montrer que les abeilles sont en voie de disparition.








    Cet été, le visage humain sculpté par Dragoş Neagoe, devenu abri pour des
    abeilles, a été installé dans le Géoparc de Hateg. Pour l’instant, ces abeilles
    pas comme les autres se portent très bien, avoue notre invité, Cristian Ciobanu
    : « Elles sont en train de se préparer pour l’hiver. Le projet touche à sa
    fin. Initialement on voulait transférer les abeilles dans une ruche, mais je pense
    que nous allons plutôt aménager un espace où elles puissent passer l’hiver sans
    quitter leur habitat actuel. La sculpture peut être admirée sur Internet aussi,
    via une caméra web qui transmet en direct, en permanence. C’est sur notre site
    geoparc.ro »






    Somme toute, le projet a été un succès, puisque cette communion homme-nature
    a fonctionné même mieux que prévu. Cristian Ciobanu explique : « Les
    abeilles travaillent plus vite que l’on avait imaginé. Elles se sont déjà très
    bien installées sur la sculpture. Elles ont grandi. A regarder la caméra live
    ou à visiter le Géoparc, vous verrez la beauté de leur construction. Normalement,
    à l’intérieur d’une ruche, on ne voit pas ce que les abeilles construisent. Ici
    on a l’occasion ce qui se passe d’habitude à l’intérieur, comme si on avait une
    ruche transparente, si vous voulez. On veut bien continuer le projet le plus
    longtemps que possible, pour que les insectes puissent continuer leur travail
    et le développer. Ce projet ne s’arrêtera pas là donc, il fait déjà partie de
    nos préoccupations pour l’art. En fait notre parc accueille plusieurs
    installations artistiques. »








    La survie des abeilles est en danger et si les abeilles disparaissent, le
    monde entier concerné, tellement important est le rôle de ces petits insectes
    sur notre la planète. Le Géoparc de Hateg en tire la sonnette d’alarme. Par
    conséquent, la cohabitation entre la sculpture et la vie quotidienne des
    abeilles donne naissance à un type hybride d’art, ayant le rôle d’éduquer, mais
    aussi de promouvoir le Géoparc de Hateg. L’art et la nature ne sont pas les seuls
    concernés, car les différents projets organisés par le parc visent à mettre en
    valeur la culture et l’identité des communautés locales. (Trad. Valentina Beleavski)

  • « L’abeille, notre super-héros »

    « L’abeille, notre super-héros »

    « L’abeille, notre super-héros, 100 millions d’années au service de l’environnement » est le nom complet du nouveau projet lancé par le Géoparc UNESCO du Pays de Haţeg, en collaboration avec l’Université de Bucarest. Par ce biais, les initiateurs du projet entendent tirer la sonnette d’alarme au sujet de l’impact qu’aurait la disparition brutale de ces insectes sur l’équilibre du monde naturel. C’est ainsi qu’une sculpture de grandes dimensions, intitulée « Cohabitation », et réalisée par l’artiste Dragoş Neagoe, a été placée au sein du géoparc. Au visage en pierre, aux traits humains, que la sculpture suggère, a été attachée une ruche d’abeilles, qui sculptera davantage les traits de l’humain, en transformant peut-être l’œuvre d’art en une ruche géante et inédite. Protégée par un panneau en plexiglas, la ruche en formation se laisse librement admirer par les visiteurs étonnés.

    Le sculpteur Dragoş Neagoe, apiculteur passionné, nous offre des détails concernant sa démarche artistique. Ecoutons-le : « C’est en 2008 que je suis devenu apiculteur. J’avais bien saisi que la survie des abeilles était sujet à caution. Des ruches entières s’éteignent lorsque l’on récolte le colza ou le tournesol, à cause de l’emploi massif d’insecticides et de pesticides dans ces cultures. J’ai pris le parti des abeilles tant qu’artiste. En 2019 déjà, j’avais créé une exposition au Palais de Mogosoaia, près de Bucarest. Parce que j’aimerais éviter que l’on n’arrive à rencontrer les abeilles qu’au Zoo. Être obligé d’aller là pour voir une abeille, lui tourner autour, et s’exclamer : « Wow ! C’était beau il y a cent ans. » »

    Et, en effet, l’histoire de l’abeille se confond à l’histoire de l’apparition des premières plantes et des premiers insectes sur Terre. Le professeur Mihai Emilian Popa de la Faculté de Géologie et Géophysique de l’Université de Bucarest, nous plonge au moment des origines. Ecoutons-le : « Les abeilles, de par leur origine, de par leur évolution, sont intimement liées à l’évolution des plantes à fleurs, les angiospermes. L’origine de ces dernières se situe vers la fin du Jurassique, il y a près de 160 millions d’années. Et la diversification des plantes va main dans la main avec la diversification des familles d’abeilles. Il y a eu depuis toujours une histoire d’amour entre les angiospermes et les abeilles. Ils avaient évolué ensemble, ils se sont diversifiés et soutenus les uns les autres au fil du temps. Les angiospermes ont besoin d’abeilles pour se faire polliniser, mais les abeilles ne vivent que grâce aux plantes à fleurs, qui leur fournissent l’essentiel de leurs repas. Il s’agit d’une histoire à succès, une histoire qui se poursuit depuis la nuit des temps. Parce que l’évolution continue à son tour. Il s’agit d’une histoire commune, celle des plantes à fleurs et celle des abeilles, une seule et unique histoire ».

    A l’instar de l’histoire des plantes, l’œuvre en pierre conçue par Dragos Neagoe n’est pas non plus achevée. La forme du visage humain qu’elle représentait au départ sera travaillée par la ruche. Pour l’admirer, vous pouvez la voir grandeur nature une fois que vous aurez rendu visite au Géoparc du Pays de Hateg, mais aussi en ligne, sur le site du même géoparc. Alina Ciobanu, coordinatrice du projet et présidente de l’association « Drag de Hațeg », explique : « Les abeilles vont continuer à bâtir leurs alvéoles sur le matériau de l’installation, dont les proportions et l’apparence continueront à évoluer de la sorte au fil du temps. Il s’agit d’un procédé inédit, technique utilisée pour la première fois par un artiste roumain. L’installation est à la fois un acte artistique unique et une méthode didactique qui permet de suivre en direct et en continu la vie des abeilles. Le projet, promu par l’association Drag de Hațeg, entend œuvrer au développement durable de la région du Pays de Hațeg. Car notre objectif est de promouvoir le patrimoine naturel, culturel et social des communautés locales, de consolider leur identité, grâce aussi au tourisme, dans le contexte de l’existence du Géoparc UNESCO du Pays de Hateg. »

    Situé dans le centre-ouest de la Roumanie, le géoparc se trouve au croisement de plusieurs routes culturelles anciennes, qui reliaient les provinces historiques de Transylvanie, de Banat et d’Olténie. Dans le périmètre de l’actuel géoparc ont été découverts les fossiles des dinosaures nains, caractéristiques de la région. Le site, partie depuis 2005 du réseau européen et mondial des Géoparcs, qui réunit 169 territoires de 44 pays, a reçu le sacre en 2015, devenant site UNESCO. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les Roumains aiment-ils le miel?

    Les Roumains aiment-ils le miel?

    Ligia l’a visitée pour vous ; une édition à se lécher les doigts. Toutefois, lavenir de cette occupation laisse un goût amer…


  • L’apiculture en Roumanie

    L’apiculture en Roumanie

    La Roumanie exporte annuellement 50 — 60% de sa production de miel qui est de 20.000 tonnes environ. 80% des exportations vont vers l’Allemagne, et le reste en Espagne et dans les pays nordiques, en fait dans les zones avec la plus grande consommation de miel. Le président de l’Association des éleveurs d’abeilles de Roumanie, Ioan Fetea, déclare que la Roumanie continue d’exporter du miel en vrac. Il est très difficile d’entrer sur le marché européen avec des produits finis sans avoir des distributeurs sérieux pour les magasins.



    Bien que le secteur apicole roumain soit prêt à faire face à l’exportation de produits emballés, les commanditaires étrangers ne manifestent pas un tel intérêt. Selon l’Association des éleveurs d’abeilles de Roumanie, une des raisons pour lesquelles ces derniers préfèrent acheter du miel en vrac, c’est qu’il est souvent utilisé dans les coupages, étant données ses qualités extraordinaires.



    Ioan Fetea : « La Roumanie a un miel d’une qualité extraordinaire, reconnu et médaillé à tous les salons et congrès ou encore aux colloques internationaux en la matière. Du point de vue de la demande de miel pour le marché roumain, cette dernière est assurée. Nous collaborons, bien entendu, avec tous les importateurs ou au moins avec ceux qui souhaitent importer de Roumanie, qu’il s’agisse de la Chine, des Etats Unis, mais nos partenaires les meilleurs et les plus sérieux, ce sont l’Union européenne et notamment l’Allemagne. Malheureusement, nous ne pouvons pas produire au niveau de la demande de miel, mais il y a aussi un autre paradoxe, c’est que la Roumanie consomme peu de miel, et nous exportons plus de la moitié de la production. Malheureusement encore, selon les statistiques, nous occupons la dernière place pour la consommation de miel, qui se situe entre 450 et 500 grammes par habitant et par an, alors que dans les pays nordiques ou en Allemagne, cette consommation oscille entre 1,5 kg à 2,5 kg. »



    Nous nous sommes entretenus aussi avec deux apiculteurs. Ilie Nistor, médecin vétérinaire : « Le gain est plutôt relatif et il varie en fonction de la production. 2014 fut une année extrêmement défavorable qui nous a mis presque dans l’impossibilité de récupérer l’argent investi dans le déplacement et l’entretien des abeilles. Personnellement, je ne fais pas d’exportation et je vais vous expliquer pourquoi. Tout simplement parce que le miel d’une qualité à même de garantir son exportation est justement celui qu’achète l’Association des Apiculteurs qui dispose de toutes les méthodes censées dénicher les assortiments de miel falsifié. Du coup, si on essaie de commercialiser des produits contrefaits, on risque d’entrer dans le collimateur des procureurs. La principale raison pour laquelle je refuse les exportations est le prix très bas. Surtout qu’en ce qui me concerne, je ne produis que de petites quantités par rapport aux autres: cinq à sept tonnes par an, si les conditions météo sont favorables. Sinon, je n’en obtiens que deux, voire trois tonnes par an. Avec trois tonnes par an, je fais une apiculture de subsistance qui me permet de couvrir les dépenses de ma famille. Comme vous voyez, les exportations de miel ne me rapportent pas beaucoup. »



    A son tour, l’apiculteur Constantin Paslaru de la commune de Beleti- Negresti, dans le département d’Arges, a déploré les conditions défavorables de l’année dernière: « Les affaires ont plutôt traîné, surtout en 2014 quand le profit fut des plus mauvais suite aux conditions météorologiques des plus dures avec des pluies à verse qui sont tombées jour et nuit en empêchant la pollinisation. Des fleurs, il y en a eu, du nectar aussi, mais les pluies ont diminué le rendement. La quantité totale de miel en 2014 s’est située en dessous de celle toutes fleurs en 2013. Je n’exporte pas encore, puisque depuis cinq ans déjà, je me préoccupe surtout de commercialiser mes produits directement vers les consommateurs. Avant, j’avais des intermédiaires, mais depuis cinq ans, je vends le miel directement aux clients et parallèlement, je cherche à accroître le nombre de mes abeilles afin de pouvoir exporter dans un proche avenir. C’est dur, mais je suis optimiste. »



    En ce qui concerne le secteur du miel écologique, celui-ci s’est lancé en force grâce au soutien financier accordé par l’UE au passage vers un système écologique. Pourtant, il convient de mentionner le fait que le soutien disparaît au moment où l’apiculteur finalise sa conversion à la production écologique et obtient le certificat vert.



    Quelque 100.000 familles d’abeilles sont actuellement certifiées en Roumanie et la production de miel écolo a totalisé, dans les années favorables, entre 3000 et 3500 tonnes par an. Les premiers producteurs roumains de miel écologique ont commencé en 2000. Huit années plus tard, leur nombre s’élevait à quelque 600 pour que cette année, ils dépassent les 1200. Avec une production totale de seulement 6 tonnes de miel écologique en 2000, la Roumanie a obtenu 2300 tonnes en 2008 et un 3.500 tonnes en 2014.