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  • Réactions après la demande de révocation du procureur général

    Réactions après la demande de révocation du procureur général

    La demande du ministre de la Justice de révoquer de ses fonctions le procureur général de la Roumanie, Augustin Lazăr, est complètement inappropriée, estime le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, qui demande de nouveau la démission de Tudorel Toader. L’on essaie de nouveau d’accréditer l’idée que les procureurs sont les ennemis de la société, dit le président, faisant, en même temps, appel aux magistrats de ne pas perdre confiance en la capacité de la société roumaine de résister à ce « nouvel assaut sur l’Etat de droit ».



    Le ministre Tudorel Toader a lancé mercredi la procédure de révocation, alléguant que le chef du Parquet général aurait échoué à remplir ses obligations légales. Les 20 accusations formulées à son encontre vont de la non-observation du projet de gestion jusqu’au fait qu’il aurait tenu des discours publics à caractère politique. Traitant de ridicules, exagérées et intéressées les critiques formulées à son encontre par le ministre Tudorel Toader, Augustin Lazăr a assuré que les procureurs continueraient de travailler « conformément à la Constitution et aux droits de l’homme ». Nommé à la tête du Parquet en 2016, pour un mandat de trois ans, Augustin Lazăr est considéré par ses supporters un ultime bloc devant la réforme de la justice adoptée par la majorité de gauche de Bucarest et fortement critiquée y compris par Bruxelles, préoccupé que les modifications pourraient menacer l’indépendance des juges et la lutte contre la corruption. Dans une réaction exigée par une chaîne privée de télévision de Roumanie, la Commission européenne a dressé un parallèle entre la situation d’Augustin Lazăr et celle de Laura Codruţa Kövesi, l’ancienne cheffe du Parquet national anticorruption, que le président Iohannis a été obligé par la Cour constitutionnelle de destituer en juillet dernier, toujours sur demande de Tudorel Toader.



    Maintenant, plus de 1000 magistrats demandent au ministre de la Justice d’abandonner tout de suite la procédure de révocation du procureur général. Une telle procédure, qui contourne pratiquement le garant de l’indépendance de la justice, respectivement le Conseil supérieur de la magistrature, dont le rôle est purement décoratif, et qui enfreint le droit à la défense du procureur faisant l’objet de la révocation, a été profondément critiquée par la Commission de Venise, le GRECO et la Commission européenne. Elle met en danger le parcours de la Roumanie dans l’Union européenne et au Conseil de l’Europe et l’existence démocratique même de l’Etat roumain, selon l’Assemblée des juges. Les analystes sont d’avis qu’après la décision de la Cour constitutionnelle dans le cas de Mme Kövesi, le président Klaus Iohannis ne dispose pas de leviers pour bloquer le départ d’Augustin Lazăr de ses fonctions. (Trad. Ligia)

  • Suspension au sommet du SRI

    Suspension au sommet du SRI

    Le premier adjoint au directeur du Service roumain de renseignement, SRI, le général Florian Coldea, a été, pratiquement, suspendu de ses fonctions et fait l’objet d’une enquête interne. Repris par toute la presse, le communiqué du Service précise que, « suite aux informations parues dans l’espace public concernant le général Florian Coldea et qui ont été soumises à des vérifications préliminaires, le directeur du SRI, Eduard Hellvig, a ordonné, conformément aux procédures, qu’une commission spéciale de vérification des éventuelles violations de la loi ou de la déontologie professionnelle soit constituée.

    A cet effet, jusqu’à la finalisation des vérifications, le général Florian Coldea est à sa disposition, selon la loi, et les attributions afférentes à ses fonctions de premier adjoint du SRI seront reprises par le directeur, Eduard Hellvig. » Les commentateurs affirment que « les informations parues dans l’espace public » portent notamment sur la canonnade d’accusations lancées à l’adresse de Coldea par l’ancien député Sebastian Ghiţă. Dans un enregistrement vidéo, diffusé par la chaîne de télévision qu’il contrôle, Ghiţă allègue qu’il a été en vacances aux Seychelles, avec l’adjoint au directeur du SRI et son épouse.

    Personnage sulfureux, ancien député social-démocrate, qui s’est ultérieurement replié dans un parti marginal, eurosceptique, qui n’a plus réussi à accéder au Parlement, Ghiţă a disparu sans laisser de trace à la fin de l’année dernière, et un mandat d’arrêt pour corruption a été décerné contre lui par contumace. Avec une crédibilité précaire, Ghiţă pose pourtant en justicier. Il affirme faire ces révélations sur les personnes à la tête du SRI et du Parquet national anticorruption (la DNA) parce qu’à son avis, en Roumanie, les choses avancent de manière galopante vers un type de terreur à qui plus personne ne pourra résister.

    Terreur, dictature, Etat policier, république des procureurs sont d’ailleurs les termes préférés des politiciens visés par des dossiers de corruption, pour lesquels Coldea et la chef de la DNA, Laura Codruţa Kövesi, sont les personnages publics les plus détestés et les plus détestables.

    Apparemment intangible pendant longtemps, Coldea semble, maintenant, extrêmement vulnérable et il y a des voix qui affirment qu’il risque d’achever, à seulement 45 ans, sa brillante carrière d’officier du renseignement. Il est devenu célèbre en 2005, lorsqu’il a coordonné la libération de trois journalistes roumains enlevés en Irak, et le président de l’époque, Traian Băsescu, l’a nommé premier adjoint du directeur. Ce qui est en fait le n° 1 au plan opérationnel. En cette qualité, Coldea a résisté, plus d’une décennie, alors que trois directeurs civils ont changé à la tête du SRI – Radu Timofte, George Maior et Eduard Hellvig – et il est resté l’homme fort du Service aussi après que Klaus Iohannis est devenu président de la Roumanie.

    Maintenant, disent les commentateurs, Coldea est tombé victime de sa propre création. Parce que ce serait lui qui aurait inventé Ghiţă, lequel, avec le soutien du SRI, serait devenu, d’une sorte d’informaticien assez quelconque, millionnaire en euros, abonné aux marchés publics, politicien influent et, en tant que député, membre de la Commission parlementaire de contrôle de l’activité du SRI. (Trad. Ligia Mihaiescu)