Tag: Ada Kaleh

  • Ada Kaleh, the island under the water

    Ada Kaleh, the island under the water

    Utopian thinking is something that human beings typically do, and people have always sought to be both in the world and out of it. People believe that society is good, but at the same time they believe that it is bad, that it brings unhappiness. Therefore, an enclosed space to protect the individual from the evils of the outside world, to protect themselves and their loved ones, has often been imagined by writers, philosophers, social thinkers and even regular people, in less sophisticated ways.

    In Romanian culture one such space is the island of Ada Kaleh. With an existence recent enough to be documented through oral history and a history palpable through written sources, Ada Kaleh was no utopia. It became one after it disappeared into the waters of the Danube in 1970 after the Iron Gates I hydroelectric plant was put into operation. An extremely ambitious joint project of Romania and Yugoslavia, the Iron Gates plant required not only great financial efforts, but it also affected human habitat.

    Ada Kaleh was located between two worlds and two countries, on the border between the Ottoman Empire and the Austrian Empire. It was a customs point, and the two empires were fighting over controlling it. A fortress was built on the island, which also gave it its name: Ada Kaleh, which means the fortress on the island. Today, it’s a lost legend to most people, but also a lost paradise if we let our imagination run wild. However, the island has survivors, one of them being Turhan Semsi, the president of the Bucharest branch of Turkish Democratic Union in Romania, from whom we learned who lived on the island in the middle of the great river.

    Just like any story begins, once upon a time there was Ada Kaleh. Indeed, it was an island downstream Orsova and upstream the Iron Gates, somewhere in the middle where the dam is today. It was a small community, where we lived well together with all the other ethnic groups on the island. Most of the inhabitants were Turks. I have memories of my childhood, the life back then, with our customs, with our hardships, but also with our joys, especially in summer time, when visitors would come to the island.

    Pervin Halimoglu lives in Istanbul but she was born and lived in the paradise of Ada Kaleh. The persistence of her childhood memories is doubled by nostalgia for a wonderful place, as described by those who have been there and by the illustrations that still exist.

    It’s difficult to speak of Ada Kaleh. One that hasn’t seen or tasted something, doesn’t know how that really is. We were born and lived there, I was 18 when I left the island. When I dream I still dream of myself being there, nowhere else. I had a very beautiful childhood there, one that very few people have the chance of having, I think.Turhan Semsi’s memories become even more realistic when the mystery appears. Because any utopian place must also be mysterious.

    When I was a child, a fourth grader, together with two friends, we would always seek to go there where our parents had told us not to, the tabu places. Obviously, we did the opposite they told us. There was a cross-shaped fortification on the island, where the tranches were, with an underground access way. The fortification was deep below as it was tall. So we entered a gallery carrying torches and candles and we discovered access to four tunnels. Two of them crossed the Danube, one leading to the Romanian shore, and the other one to the Serbian one. We didn’t go very deep into the upstream gallery, but we were curious if we would be able to cross the Danube to the Yugoslav shore. We started walking, but at one point the water got deeper and we turned back. Our parents later told us that that tunnel had actually collapsed when the Danube was low. A ship had passed, destroying the upper part of the tunnel that flooded.The island and the fortress are the isolated spaces that people have most often imagined as places of happiness and tranquility. But, on Ada Kaleh, we would probably never had the opportunity to go and see if that’s true. (MI)

  • Ada Kaleh, l’île submergée …

    Ada Kaleh, l’île submergée …

    Ada Kaleh, dont le nom signifie en turc « île fortifiée » était une petite île située sur le Danube, au niveau des Portes de Fer, entre la Roumanie et la Serbie (soit la Yougoslavie au temps de sa disparition).



    Décrite par Hérodote sous le nom de Cyraunis, lîle était « longue de 20 stades, étroite, et recouverte d’oliviers et de vignes ». Les Ottomans vont y établir une garnison, censée contrôler le trafic fluvial. Cétait lépoque où lîle, disputée par lempire des Habsbourg et lempire ottoman, constituait un point stratégique dimportance.



    En 1970 pourtant, Ada Kaleh, devenu territoire roumain depuis un bon bout de temps déjà, sera sacrifiée sur lautel de la modernité. En effet, l’île sera entièrement submergée par le lac de retenue roumano-yougoslave de Kladovo-Turnu Severin, mieux connu en Roumanie sous le nom de barrage des Portes de Fer. Avec cela, elle entre dans la légende. Beaucoup de ses habitants avaient déjà émigré vers la Turquie pour échapper à la dictature communiste, dautres les suivront. Lun des rares survivants encore en Roumanie, Turhan Semși, président de la filiale de Bucarest de lUnion démocrate des Turcs de Roumanie, plonge avec nostalgie dans ce quétait le quotidien des habitants de cette île située au milieu du Danube avant sa disparition :



    « Jaimerais débuter mon récit comme débutent les histoires : Il était une fois… Et, en effet, il était une fois une île magnifique, située en aval de la ville dOrşova et en amont de Turnu Severin, baignée par les eaux du Danube, en amont du barrage qui va signer son arrêt de mort. Nous formions une petite communauté, très métissée, mais très unie, et au milieu de laquelle il faisait bon vivre. La majorité, cétaient les Turcs. Jétais encore enfant à lépoque, mais je me souviens comme si cétait hier des coutumes que lon observait, du quotidien pas toujours facile de cette vie quétait la nôtre sur ce lopin de terre, au milieu du fleuve. Mais la meilleure période de lannée était lété, lorsque des visiteurs débarquaient sur notre île. »



    Après avoir passé le plus clair de sa jeunesse sur lîle dAda Kaleh, Pervin Halimoglu vit aujourdhui à Istanbul. Ses souvenirs denfance font ressortir la nostalgie dun paradis perdu à jamais :



    « Raconter Ada Kaleh nest pas une entreprise aisée. Parce quil nest pas facile de faire comprendre à quelquun qui ny avait jamais mis les pieds ce quétait la vie dans ce coin de paradis. Nous, on est nés et on a grandi là-bas. Javais 18 ans lorsque jai quitté lîle. Toutefois, mes rêves y sont restés, prisonniers à jamais. Nul endroit au monde noccupe mes rêves, dans mes rêves je ne puis me projeter nulle part ailleurs. Lenfance que jai eue a été sans pareil. »



    Turhan Semși se souvient de ces endroits interdits et mystérieux dont lîle était truffée :



    « Je devais avoir une dizaine dannées. Et puis, un beau jour, avec deux de mes camarades, on avait décidé de franchir linterdit, et dentrer dans ces zones que nos parents nous défendaient, qui étaient tabou. Mais, vous savez, plus on défend à un enfant de faire une action, et plus on peut être sûr quil sy mettra, tôt ou tard. Et voyez-vous, il y avait sur notre île, au beau milieu des douves, une sorte de forteresse en forme de croix et qui, en son milieu, recelait une sorte de trou qui nous donnait accès à son antre. Nous nous étions alors munis de torches et de bougies avant den franchir le seuil. Et là, nous avions découvert laccès vers 4 tunnels. Lun traversait lîle vers laval, et à son bout il y avait une sortie, située à lextrémité sud de lîle. Lautre devait avoir une sortie à lautre extrémité, mais elle avait été colmatée par un dépôt dalluvions. Et les deux autres tunnels menaient, lun vers le côté roumain, lautre vers le côté yougoslave du Danube. Lorsque nous nous sommes rendu compte de la direction que prenaient ces deux tunnels, vous imaginez notre excitation. Nous voulions vérifier si lon pouvait se rendre sur la rive yougoslave, et avions donc pris cette direction. Mais nous avons rencontré leau et avons dû rebrousser chemin. Le tunnel était inondé. Plus tard, lorsque nous avions eu le courage de raconter notre exploit à nos parents, ils nous ont dit que ce tunnel avait été détruit lors du passage dun bateau, alors que le niveau du Danube était au plus bas. La coque du bateau avait touché les parois du tunnel et elles sétaient effritées. Depuis lors, il nétait plus utilisable. »



    Cette île isolée au milieu dun Danube mythique, avec ses remparts, sa forteresse et ses tunnels berce encore le souvenir de ses derniers habitants, et hante leurs nuits. Depuis 52 ans, lîle gît dans les profondeurs des eaux de son fleuve, impuissante dorénavant de bercer les rêves dautres enfants, forcés de naître, de grandir et de vivre loin du paradis que leurs aïeux ont connu.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Ada Kaleh, insula de sub ape

    Ada Kaleh, insula de sub ape

    Gândirea
    utopică este ceva propriu ființei umane și dintotdeauna oamenii au căutat să
    fie atât în lume, cât și în afara ei. Oamenii cred că societatea este ceva bun,
    însă cred în același timp că ea este rea, că aduce nefericire. De aceea, un spațiu
    închis care să-l ferească pe individ de relele lumii exterioare, pe el și pe
    cei dragi lui, a fost de multe ori imaginat de scriitori, de filosofi, de
    gânditori sociali și chiar de oamenii simpli în forme mai puțin elevate.


    Un
    asemenea spațiu este în cultura română insula Ada Kaleh. Cu o existență
    suficient de recentă ca să fie documentată prin istorie orală și cu o istorie
    palpabilă prin surse scrise, Ada Kaleh nu a fost o utopie. Ea a devenit una
    după ce a dispărut în apele Dunării în 1970 după ce hidrocentrala Porțile de
    Fier I a fost pusă în funcțiune. Proiect comun extrem de ambițios al României
    și Iugoslaviei, centrala de la Porțile de Fier a cerut nu numai mari eforturi
    financiare, dar și sacrificii de habitat uman.


    Ada Kaleh a fost la frontiera dintre
    două lumi și dintre două țări, la frontiera dintre Imperiul otoman și Imperiul
    austriac. Era un punct vamal, controlul său fiind disputat de cele două
    imperii. Pe insulă s-a construit o cetate care a i-a adus și numele: Ada Kaleh
    înseamnă cetatea de pe insulă. Ea este astăzi o legendă dispărută pentru cei
    mai mulți oameni care află de ea, dar și un paradis pierdut, dacă lăsăm
    imaginația să zboare.

    Insula are însă supraviețuitori, unul dintre ei fiind Turhan
    Semși, președintele Uniunii Democrate Turce din România, filiala București, de
    la care am aflat cine erau cei care trăiau pe insula din mijlocul marelui
    fluviu.

    Așa cum începe
    fiecare poveste, a fost odată insula Ada Kaleh. Într-adevăr, a fost o insulă
    care s-a aflat în aval de orașul Orșova și în amonte de orașul Turnu Severin,
    undeva pe mijlocul Dunării, în amonte de barajul care există azi la Porțile de
    Fier. Era o comunitate mică unde am trăit în bună conviețuire cu toate etniiile
    care se aflau pe insulă, nu în număr mare. Majoritatea locuitorilor de pe insulă
    erau turci. Amintirile sunt din vremea copilăriei, amintiri și informații în
    ceea ce privește existența insulei, cu obiceiuri, cu datini, cu greutățile, cu
    grijile noastre care au existat ale unei vieți care se desfășura pe o insulă.
    Aveam și bucuriile noastre mai ales pe timp de vară atunci când primeam
    vizitatori pe insulă.


    Pervin Halimoglu locuiește la
    Istanbul și ea este cineva care s-a născut și a trăit paradisul de pe Ada Kaleh.
    Persistența amintirilor sale din copilărie este dublată de nostalgia după un
    loc minunat, așa cum este descris de cei care au fost acolo și de imaginile
    păstrate.

    Despre Ada Kaleh
    este greu de povestit. Cine n-a văzut, cine n-a gustat ceva nu știe ce este.
    Noi am trăit, noi ne-am născut acolo, eu aveam 18 ani când am plecat de pe
    insulă. Încă visele mele sunt de acolo, nu mă visez în altă parte. Am avut o
    copilărie foarte frumoasă, o copilărie pe care cred că puțini o au.



    Amintirile lui Turhan Semși devin și
    mai realiste atunci când apare misterul. Pentru că orice loc utopic trebuie să
    fie și misterios.

    Copil
    fiind, în clasa a 4-a, împreună cu alți doi colegi, aveam interesul să intrăm
    în zonele în care părinții ne spuneau că nu aveam ce căuta, era tabu. Fiecare
    copil face tocmai invers. Pe insulă exista în mijlocul șanțurilor de apărare o
    fortificație în formă de cruce, în mijlocul ei era un acces la subsol. Înălțimea
    construcției cetății de la nivelul 0 în sus, era aceeași și în jos. Am intrat
    într-o galerie cu lumnări și cu lanterne și am descoperit un acces către 4
    tuneluri. Un tunel traversa insula în aval și avea o ieșire către capul sudic,
    un alt tunel avea ieșirea în amonte și care a fost închis din cauza depunerii
    de aluviuni. Mai erau două tuneluri care subtraversau Dunărea, unul către malul
    românesc și altul către malul sârbesc. Noi am înaintat foarte puțin în galeria
    care ducea în aval de insulă, dar curiozitatea era să vedem dacă puteam
    subtraversa Dunărea către malul iugoslav. Am înaintat și la un moment dat am
    dat de apă și am mers până apa ne-a ajuns la brâu. Ne-am întors și am aflat
    după aceea de la părinți că acel tunel fusese dărâmat când Dunărea avea debit
    scăzut. Un vapor trecuse pe acolo și a dărâmat partea de sus a tunelului care
    s-a inundat.


    Insula și cetatea sunt spațiile izolate
    pe care oamenii și le-au imaginat cel mai adesea ca locuri ale fericirii și ale
    tihnei. Iar pe Ada Kaleh probabil că nu vom mai merge niciodată pentru a ști.