Tag: aire protégée

  • Randonnée au coeur du Parc naturel de Bucegi

    Randonnée au coeur du Parc naturel de Bucegi

    Nous sommes dans le massif de Bucegi, considéré de nos jours comme le centre du tourisme montagnard de Roumanie. Il s’étale sur trois départements, soit sur 300 km² au total. La beauté de ses paysages, ses itinéraires balisés et accessibles à tous, ses trajets pour faire de l’escalade ou encore ses pistes ski – tout cela fait du Massif Bucegi une destination spéciale. Il abrite aussi le Parc Naturel de Bucegi, dont le directeur, Alexandru Colțoiu, est notre guide d’aujourd’hui: « Le parc est à cheval sur les départements de Dâmbovita, Prahova et Brasov. La plus large superficie se trouve dans le département de Dâmbovita, soit environ 16 000 hectares. Le reste de 16 000 hectares est partagé d’une manière égale entre les départements de Prahova et de Brasov. Nous voilà au cœur du pays, au sein de la réserve protégée en montagne la plus visitée de Roumanie. C’est ici que l’on peut voir les effigies des monts Bucegi – les ensembles en pierre, classés monuments de la nature appelés « Babele » (Les vieilles dames) et « Sfinxul » (Le sphinx). S’y ajoute le Monument des Héros, sous la forme d’une immense croix en pierre dressée en haut du mont Caraiman), récemment réhabilitée grâce au ministère de la Défense. Le monument a été construit entre 1926 et 1928 pour rendre hommage aux héros tombés durant la Première Guerre Mondiale. Ses derniers travaux de restauration remontent à 2018 et 2021, il est donc en parfait état en ce moment. »

    Somme toute, plus de 40 monuments de la nature sont à retrouver à l’intérieur du Parc naturel de Bucegi. S’y ajoutent plusieurs espèces protégées de la faune locale dont le chamois, l’emblème des monts Bucegi, l’ours brun, le cerf et le grand coq de bruyère. Côté flore, c’est ici que pousse l’édelweiss, une espèce protégée, rare, très connue et très belle. C’est un empruntant les itinéraires balisés de ces montagnes que vous allez découvrir la flore des lieux, affirme Alexandru Colțoiu : « Nous avons 55 itinéraires touristiques qui relient les communautés locales aux principaux points d’intérêt touristique. On répertorie sept itinéraires thématiques contenant des informations sur les aires de repos, auxquels s’ajoutent des panneaux d’information sur le patrimoine naturel des Monts Bucegi. Nous avons plus de 250 trajets d’escalade alpine homologués. Il y a toute une infrastructure mise à la disposition des visiteurs : un centre touristique dans la station de Busteni, ) proximité du point de départ de la télécabine Busteni – Babele, un point d’information dans la région de Pestera. Ce qui plus est, il y a aussi un point d’information à l’intérieur du Musée de la ville de Sinaia. Parallèlement, le siège de l’administration du Parc naturel de Bucagi, dans le département de Dâmbovita, dans la commune de Moroieni sert aussi de point d’information touristique. Les objectifs des centres d’information sont d’une part, informer le grand public et de l’autre, l’éduquer à travers une série de cours organisés sur place, à l’intention des écoles partenaires des communautés limitrophes et non seulement. »

    Deux lacs se trouvent sur le territoire du Parc naturel de Bucegi. Ils ne sont pas particulièrement étendus, mais ils sont très beaux, selon Paul Popa, responsable du Centre national d’information et de promotion touristique de Sinaia. « 25 minutes suffiront pour rejoindre le sommet de la montagne depuis le centre-ville de Sinaia. C’est un avantage important par rapport à d’autres endroits où il faut parcourir des chemins beaucoup plus longs afin d’arriver dans la région où on veut aller. C’est un véritable paradis pour les passionnés des randonnées en montagne. Les trajets qui mènent vers les sommets ont comme point de départ le centre-ville. Les premiers marquages touristiques se trouvent à la gare. Dès que les touristes descendent du train, ils se retrouveront face à deux connecteurs spatiaux, deux trajets qui montent en haut de la montagne à 1400 et respectivement 2000 mètres d’altitude. Après un voyage d’une trentaine de minutes on arrive jusqu’au sommet de notre montagne, le mont de Furnica, dont le point le plus élevé est à 2 200 mètres d’altitude. A partir de ce moment là, on peut continuer nos trajets vers d’autres destinations : rejoindre les monuments de la nature de « Babele » – « Les vieilles dames » ou de « Sfinxul » « Le Sphinx », la Croix des héros en haut du sommet de Caraiman, ou encore le sommet de Omu, le plus haut du massif. Par la suite, on peut descendre tout au long de la Valée de la Ialomita, vers le lac de Bolboci et vers Pestera, une région vraiment très belle. Une autre région que je vous conseille c’est celle du Massif Baiu, où il y a de nombreux itinéraires cyclables. Nous avons développé tout un réseau de pistes pour les VTT. »

    Le nom de la grotte de Ialomita provient de la rivière homonyme, dont les sources sont à retrouver à une dizaine de kilomètres plus loin, au fond du cirque glaciaire appelé Obârsia Ialomitei, situé à 2 479 mètres d’altitude. Manole Topliceanu, guide dans la Grotte de Ialomita, nous fait le tour des lieux : « La grotte de Ialomita se trouve dans la localité de Moroieni, dans le pays de Dâmbovita, à une altitude de 1 560 mètres. Sur ses 1 208 mètres de long, seuls 480 sont accessibles aux visiteurs. La grotte est composée de plusieurs salles et galeries. Parmi les plus importantes mentionnons la Salle de Mihnea Voda, où se trouve aussi une petite église qui date des années 1 508, patronnée par les Saints Apôtres Pierre et Paul. Puis il est possible de visiter aussi la Salle Decebal et la Salle des Lacs. Dans cette dernière se trouve « la cascade à l’eau vivante ». Vient ensuite la Salle des Ours, longue de 70 mètres, la plus imposante et la plus belle de toute la grotte. Elle doit son nom aux squelettes d’ours des cavernes qu’on y a découvert. Le périple dans la grotte continue par la Voie des eaux et prend fin sur un endroit appelé l’Autel ».

    Alexandru Colțoiu, directeur du Parc naturel de Bucegi affirme que des stratégies de développement de la région sont constamment explorées : « Plusieurs de nos initiatives de mise en place d’itinéraires thématiques verront bientôt le jour. Cet automne, on espère terminer à refaire trois trajets thématiques et à en aménager deux autres censés contribuer à la présentation des beautés du massif Bucegi et des sites naturels de la région. Chaque weekend, nous sommes en contact avec les touristes roumains et étrangers, grâce aux gardes-moniteurs qui sont chaque jour sur le terrain. Et nous avons des réactions positives de la part des visiteurs. Le parc naturel de Bucegi dispose d’une infrastructure de ski très développée, notamment dans la station de Sinaia, mais aussi à Busteni et dans la région de Bran. Je lance à vos auditeurs l’invitation de nous rendre visite ».

    Voilà autant d’arguments pour découvrir une contrée qui possède de nombreux monuments de la nature, des espèces protégées de flore et de faune, mais aussi des stations de montagne modernes et très chics. (trad. Alex Diaconescu)

  • Le projet «Retrouver la Roumanie»

    Le projet «Retrouver la Roumanie»

    La Roumanie dispose d’un patrimoine naturel riche et précieux. Bénéficiant des conditions biogéographiques les plus variées parmi les Etats de l’UE, elle recèle des écosystèmes uniques et des espèces rares. La Roumanie compte 30 parcs naturels et nationaux, 2 géo-parcs, plusieurs centaines de réserves naturelles et de monuments de la nature, 19 sites Ramsar, le delta du Danube – Réserve de la biosphère, ainsi que de nombreuses aires naturelles protégées d’intérêt européen intégrées au réseau Natura 2000.

    Fin 2018, la Coalition Natura 2000 a lancé le projet « Retrouver la Roumanie », avec une nouvelle vision sur le développement durable du pays, par la conservation des aires protégées. Les écologistes proposent une meilleure gestion des aires protégées, susceptible de contribuer aussi bien à la conservation de la biodiversité en Roumanie qu’au développement durable des localités. Liviu Cioineag, directeur exécutif de la Fondation Coalition Natura 2000, explique que : « Malheureusement, 25% tout au plus du territoire roumain bénéficie d’un statut d’aire protégée et, dans la plupart des cas, ce statut reste lettre morte. La gestion de ces zones doit être améliorée si l’on souhaite profiter, dans 30 ans, de la nature telle qu’elle est aujourd’hui. C’est pourquoi la Coalition Natura 2000 a lancé une vision proposée par les spécialistes de notre organisation. Une vingtaine d’ONGs militant pour la conservation de la biodiversité, ainsi que d’autres ONGs ne faisant pas partie de la Coalition Natura 2000, ont travaillé pendant deux ans pour élaborer une stratégie qui montre de quelle façon on doit considérer la nature dans 10 ou 20 ans. C’est un rêve à long terme que d’avoir plus d’aires naturelles protégées. Les zones protégées devraient couvrir 30% du territoire – contre 23% actuellement. En outre, ce que nous souhaitons le plus, c’est que ces parcs soient gérés de manière cohérente et que leur principal but soit la protection de la biodiversité. Cela veut dire que le niveau de conservation, le degré de non-intervention (soit la présence des activités humaines) et la superficie sur laquelle on intervient doivent diminuer. La nature doit récupérer le plus de territoire, environ 75% de la superficie de chaque parc devrait constituer des zones de non-intervention. Donc, on ne devrait y dérouler que des activités touristiques ou scientifiques. »

    Les écologistes et les ONGs actives dans le domaine de l’environnement critiquent durement l’élimination de la législation environnementale de la notion de gardien des aires naturelles protégées, celles-ci devant être administrées par l’Agence nationale pour les aires naturelles protégées. Au fil du temps, les gardiens ont empêché la mise en œuvre de projets controversés dans plusieurs zones protégées – hôtels, exploitations minières, routes, défrichages, projets immobiliers – car, pour toute intervention dans ces zones, leur avis favorable était nécessaire. Les aires protégées sont également confrontées au manque de fonds, indispensables pour assurer leur gestion et la protection de la nature.

    Liviu Cioineag affirme que :« Nous avons besoin d’une gestion unitaire des aires naturelles, gestion qui devrait être coordonnée par l’Etat roumain. Nous souhaitons qu’une ligne de financement soit créée, destinée aux aires naturelles protégées, car, jusqu’ici, seuls les parcs gérés par la Régie nationale des forêts ROMSILVA disposent d’un budget d’environ 3 millions d’euros par an provenant de l’exploitation du bois. Toutes les autres aires naturelles protégées – les sites Natura 2000 compris – ne bénéficient d’aucun financement. Elles ont été gérées jusqu’en 2018 par différentes entités : agences pour la protection de l’environnement, conseils départementaux et locaux, universités, organisations non gouvernementales. L’automne dernier, nous avons assisté à une centralisation de leur gestion. L’Agence nationale pour les aires protégées, créée deux années auparavant, s’est vu attribuer la gestion des sites Natura 2000 – sauf le delta du Danube – et des parcs nationaux gérés par Romsilva. Nous avons assisté à un véritable choc, car les ONGs et la société civile qui s’impliquaient pour attirer des fonds et mener des activités de recherche, de surveillance, d’identification des espèces, de préservation, de patrouille ou touristiques, étaient dorénavant écartées. On peut dire qu’en ce moment, les aires naturelles protégées de Roumanie – à l’exception des parcs nationaux appartenant à Romsilva – ne sont plus à la charge de personne, étant dépourvues de toute protection et de toute gestion. »

    Les spécialistes qui ont initié le projet « Retrouver la Roumanie » ont établi 10 principes fondamentaux pour gérer le réseau d’aires protégées et préserver la nature de Roumanie. Erika Stanciu, directrice de ProPark – Fondation pour les aires protégées, organisation membre de la Coalition Natura 2000, explique que :« Je mentionnerais avant tout le principe de la priorité : là où il y a une aire protégée, ses objectifs doivent être prioritaires par rapport à tout autre objectif. La législation le stipule et il devrait en être ainsi, car si l’on mettait au premier plan les objectifs des aires protégées, qui concernent la préservation de la nature et le développement durable, on réussirait à faire de ces espaces des modèles pour notre société – des modèles de développement qui favoriseront le développement social. Un autre principe très important, c’est la transparence. La prise des décisions dans la gestion des aires protégées doit être transparente et permettre l’implication active de tous les facteurs intéressés. Ce qui mène à un autre principe important, à savoir la gestion participative. Ce principe est important car, après avoir veillé, pendant 18 mois, sur les aires protégées, les gardiens ont été écartés du système de gestion et il est important que tous les acteurs intéressés et disposant de fonds puissent participer aux processus de gestion. »

    Les auteurs du document espèrent que le projet « Retrouver la Roumanie » sera pris en compte par les responsables du secteur pour une stratégie nationale, afin que des solutions appropriées soient trouvées pour préserver ce patrimoine naturel unique en Europe. (Trad. Dominique)

  • Le Delta de l’Olténie

    Le Delta de l’Olténie

    A part le Delta du Danube, dont l’importance écologique n’est plus à démontrer, il y a bien d’autres zones humides en Roumanie qui méritent d’être connues. Partons aujourd’hui à la découverte du Delta d’Olténie, dans le sud du pays. La rivière Olt prend sa source dans les Carpates pour devenir ensuite un des principaux affluents du Danube sur le territoire roumain. Avant sa confluence avec le Danube, la rivière donne naissance à cette zone humide, la zone protégée de la Vallée inférieure de l’Olt. Ce territoire qui s’étend sur environ 53 hectares, de Râmnicu Vâlcea à Izbiceni, accueille une biodiversité remarquable.

    L’enchaînement de lacs, avec les prairies et les sous-forêts qui les avoisinent, jouent un rôle crucial dans la protection d’une large population d’oiseaux. Sur leur route migratoire, un nombre très important d’espèces d’oiseaux de rivages s’arrêtent sur la vallée inférieure de l’Olt pour se reposer et manger. D’autres espèces viennent ici en nombre pour nidifier.

    Ion Croitoru, Inspecteur de l’Agence pour la Protection de l’Environnement Olt, nous en dit davantage : « L’importance majeure de cette aire protégée pour les oiseaux est d’autant plus notable au cours des passages d’automne et de printemps, au moment où elle devient une halte migratoire pour beaucoup d’espèces sur leur route de migration centre-européenne-bulgare. Plusieurs espèces protégées en Europe ont des effectifs importants dans ces périodes-là, notamment la cigogne blanche, le busard Saint-Martin, le combattant varié et la mouette pygmée. Même pendant les hivers très rudes, la plupart des lacs ne gèlent pas entièrement et constituent l’habitat d’hiver pour des effectifs impressionnants de plusieurs espèces d’intérêt communautaire comme le cygne chanteur, le harle piette, le fuligule milouin, le cygne muet, le canard colvert et bien d’autres. Grâce à l’évolution des conditions favorables aux oiseaux dans ces zones humides (notamment la végétation ripicole et la faune aquatique) on a pu observer, d’année en année, une augmentation significative des populations, tant en terme de diversité des espèces qu’en nombre d’individus. Le roseau est l’espèce végétale dominante dans ces zones, et on y observe également des espèces flottantes, comme le nénuphar blanc, le potamot nageant et les lemnas. C’est précisément ce type d’habitat qui est utilisé pour la nidification par le héron nain, la mouette rieuse, le petit gravelot, l’aigrette garzette, l’avocette élégante et même par des espèces de sterne. »

    L’Agence pour la Protection de l’Environnement Olt est actuellement en train de dérouler un projet européen de plus de 5 millions et demi de lei (près de 1,2 millions euros), l’objectif étant la conservation de la flore et de la faune de cette zone. Ce projet sera finalisé en juillet 2020. (Trad. Elena Diaconu)

  • Le Parc Naturel Putna de Vrancea

    Le Parc Naturel Putna de Vrancea

    Le Parc Naturel Putna de Vrancea se trouve au centre nord – ouest des Monts Vrancea, qui font partie des Carpates de courbure. Sur ses 38.000 hectares, il abrite et conserve une riche biodiversité spécifique à la zone, consistant en grands carnivores, amphibiens, reptiles, poissons, invertébrés, 12 espèces d’oiseaux protégés au niveau européen et la liste se poursuit. Ses habitats forestiers très compacts et inaccessibles sont l’endroit idéal pour les grands carnivores. S’y ajoutent d’autres types d’habitats : forêts de chênes, arbustes alpins, végétation boréale, alpages et prairies de fauche de montagne. Parmi eux, la Réserve naturelle de Tişiţa est l’aire protégée la plus importante du parc. Elle est située à 850 m d’altitude, le long du bassin moyen et inférieur de la rivière du même nom. Les Gorges de Tişiţa ressemblent à un canyon, à hautes parois et zones de plaine, accessibles par la voie ferrée forestière. Un des secteurs des Gorges de Tişiţa est impraticable, car trop étroit : le canyon fait 3 à 10 m d’épaisseur. Quant à la rivière, son eau est profonde par endroits et les paysages sont époustouflants. La Réserve naturelle de Tişiţa s’étale sur 4 km et demi, étant une des zones protégées les plus vastes de la contrée de Vrancea, dans l’est de la Roumanie.

    Quelles richesses recèle cette réserve ? Réponse avec Ion Militaru, directeur du Parc Naturel Putna: «Dans la réserve de Tişiţa, qui compte 2700 hectares, on peut admirer l’edelweiss, qui pousse ici à l’altitude la plus basse de Roumanie. On y trouve également l’orchidée appelée le Sabot de Vénus et une espèce de papillon qui ne vit que dans ce parc et dans la région de Cluj en Transylvanie. S’y ajoute une espèce de rhododendron spécifique des Balkans, le lilas commun et le Trolle d’Europe. Autre curiosité : des chamois, qui ont été amenés dans le parc de Putna en 1981 et 1983. On estime que cet animal a été réintroduit dans ce parc, puisque, selon des documents trouvés dans les archives de l’empire austro-hongrois, le dernier exemplaire de chamois avait été chassé à Tişiţa en 1902. Nous avons également de nombreux herbivores, dont le cerf élaphe qui a des traits génétiques très importants et très bien définis par rapport aux autres populations de cervidés des Carpates. S’y ajoute une riche population de loutres. Malheureusement, les pluies de 2005 ont détruit les habitats aquatiques, mais à compter de cette année, nous y avons réintroduit la truite, pour que la population de loutres puisse garder son équilibre. D’ailleurs, les eaux de la réserve de Tişiţa abondent en truites. Parmi les grands carnivores je mentionnerais l’ours, le lynx et le loup, des espèces importantes à l’échelle européenne. C’est pour elles que la zone a été déclarée site d’importance communautaire. Vu qu’il s’agit d’une zone isolée et à l’abri de l’intervention humaine – il n’y a que deux localités dans la région du parc – de nombreuses autres espèces sont dans un très bon état de conservation.»

    Une autre réserve naturelle protégée depuis 1970 est « Groapa cu Pini » (Le trou aux pins) qui s’étale sur 11 hectares. Et puis, les poissons préhistoriques sont un véritable trésor pour le tourisme de la région, mais aussi pour les chercheurs, affirme Ion Militaru : «C’est une réserve de type fossilifère. Les couches de roches recèlent des traces de poissons, reptiles et escargots disparus il y a longtemps. C’est justement pour protéger ces gisements que la zone a été déclarée réserve naturelle. Elle est facile d’accès, car située près d’un trajet touristique. Au total, le parc de Putna compte 7 réserves naturelles. Parmi elles – la forêt de Lepsa Zboina, une réserve naturelle de fleurs couvrant plus de 200 hectares et la Chute d’eau de Putna, une des plus belles de Roumanie, qui est une réserve géomorphologique. La chute a 80 mètres de hauteur et l’eau forme un lac de 12 mètres de profondeur. Je ne saurais oublier de mentionner la réserve naturelle du Mont Goru, plus haut sommet des monts Vrancea, culminant à 1787 mètres et unique endroit où pousse le pin nain de montagne».

    Pour protéger toute cette biodiversité, le parc naturel de Putna a bénéficié d’un financement européen. Démarré en 2010, le projet a visé 3 grandes directions dont nous parle Ion Militaru : «Dans une première étape, nous avons dressé l’inventaire de tous les éléments de flore et de faune, cartographié tous les habitats forestiers et fait une distribution des espèces d’intérêt communautaire. Autre objectif : éveiller les consciences. En ce sens, aux côtés des responsables de la gestion de différentes zones forestières, nous avons organisé des actions censées sensibiliser les enfants et les élèves à ce patrimoine naturel. Nous avons aussi rencontré les personnes chargées du patrimoine cynégétique, afin de mettre correctement en œuvre la législation en vigueur et de pouvoir gérer de manière équilibrée les ressources biotiques et abiotiques. La 3e direction visait à renforcer notre capacité institutionnelle par le truchement des stages de formation du personnel et à doter notre siège de l’équipement nécessaire. Le projet a été finalisé l’année dernière et sa valeur totale a été de 360.000 euros».

    A retenir donc : un endroit merveilleux, avec des paysages à couper le souffle, qui mérite bien le détour. C’est le Parc Naturel Putna de Vrancea. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le Delta de Văcăreşti, future aire naturelle protégée

    Le Delta de Văcăreşti, future aire naturelle protégée

    Situé dans la partie sud-est de la capitale roumaine, le Delta de Vacaresti pourrait devenir, avant la fin de cette année, aire naturelle protégée. Cest, du moins, ce quenvisagent les officiels du ministère de lEnvironnement et des Changements climatiques. La décision permettrait de défendre ce site contre les braconniers, de lui éviter les actions insensées de ceux qui mettent le feu à la végétation ou la transforment en véritable déchetterie. Cet endroit est à présent habité par les seuls sans abri et les chiens errants. Lorsquelle aura obtenu le statut daire protégée, cette zone pourra devenir un havre de paix pour les Bucarestois. Elle a déjà reçu lavis favorable de la Commission pour la protection des monuments de la nature, de lAcadémie roumaine, qui a pris en compte la nécessité de sauvegarder la riche biodiversité du site.



    Dan Bărbulescu, directeur exécutif de lAssociation «Sauvez le Danube et le Delta» : “Cette zone interpelle par son aspect sauvage, qui est tout le contraire de son environnement: barres dimmeubles, rues, boulevards bruyants et bondés. Du haut de la digue qui lencercle, on a létrange sensation de se retrouver dans le Delta du Danube, de lAmazone ou dans nimporte quel autre endroit sauvage de Roumanie ou du monde. Ce lieu magnifique, qui sest développé peu à peu au cœur de la capitale, est peu propice aux projets édilitaires. Comme la nappe phréatique sy trouve à une très faible profondeur, les dirigeants du pays davant 1989 envisageaient de gros aménagements hydrologiques sur ces lieux. Le projet a été abandonné après la chute du communisme, ce qui, en plus de laccès difficile, a favorisé lapparition de ce véritable jardin sauvage en plein Bucarest, plus précisément dans le quartier de Berceni. Le futur statut daire naturelle protégée de ce site est également justifié par la présence de petits mammifères et doiseaux de grande valeur scientifique: renards, putois, serpents, lézards, cygnes , canards sauvages, mouettes, ainsi que des espèces doiseaux rares. On y rencontre aussi la loutre, réputée sensible, car elle ne vit pas nimporte où. Cest vraiment fantastique!



    A lépoque communiste, le lac Văcăreşti figurait dans un projet daménagements complexes de la rivière Dâmboviţa. Il avait été conçu comme composante du système hydrologique de défense de la capitale contre les crues. Les travaux, démarrés en 1986, ont été suspendus au lendemain des événements de 1989. Entre temps, les près de 200 hectares de végétation et de marrais, alimentés par les eaux souterraines, se sont transformés en un véritable trésor écologique.



    Ceci étant, Bucarest comptera bientôt parmi les capitales disposant de réserves naturelles. (trad. Mariana Tudose)

  • Le Parc national Buila Vânturarita

    Le Parc national Buila Vânturarita

    Il s’agit du parc Buila Vânturarita, situé dans le comté de Vâlcea, dans le sud du pays, dans le Massif Căpătânii des Carpates Méridionales. Cette aire protégée s’étale sur les 14 km de crête qui unit les sommets Buila (1849 m) et Vânturarita (1885 m).



    Au fil du temps, plusieurs rivières y ont creusé des gorges spectaculaires — dont celles de Bistrita, très étroites, s’étendent sur 1 km et peuvent être traversées en empruntant une route forestière qui a remplacé l’ancienne voie ferrée. Le paysage est fabuleux. Les pentes abruptes sont parsemées de grottes, dont certaines sont déjà des aires protégées — il s’agit, entre autres, de la grotte de Saint Grégoire le Décapolite — ou grotte des Chauves-souris. Le parc national Buila Vânturarita comptera bientôt parmi les sites naturels du Réseau européen Natura 2000. Qu’est-ce qui a déterminé la création, il y a 10 ans, de cette aire protégée ? Nous écoutons le directeur du parc, Cosmin Botez : «Au fil des années, les gens des parages ont remarqué les particularités de la végétation et de la faune de cette zone. Dans les années ’60 furent créées la réserve d’ifs des Gorges de Cheia et la réserve des Monts Stogu. La grotte Arnăutilor et la grotte des Chauve-souris ont été déclarés, à leur tour, zones protégées. On a pu remarquer une importante population de chamois, des exemplaires de lynx, de loup, d’ours, de chevreuil, pour ne plus parler des sangliers, des coqs de bruyère et j’en passe. Pour ce qui est de la flore de cette zone, parmi les espèces les plus précieuses figurent le Dianthus tenuifolius — sorte de petit œillet sauvage. Parmi les arbres et les arbustes, il convient de mentionner l’if, qui est une espèce protégée et le genévrier, qui pousse à plus de 1600 mètres d’altitude. Le Parc national Buila Vânturarita, compte 17 habitats reconnus et protégés. Mention spéciale pour les 6 espèces de chauve-souris, strictement protégées, ainsi que pour l’aigle royal et l’aigle pomarin. »



    La création du Parc national, on la doit notamment aux membres de l’Association Kogayon — une ONG qui a mis en œuvre de nombreux projets visant à développer l’infrastructure, à aménager des espaces destinés au camping et des itinéraires de randonnée ainsi qu’à promouvoir l’éducation écologique.



    Cosmin Botez: « Nous avons développé de nombreux projets, dont le plus important a coûté 100 mille euros, en 2008. Dans le cadre de nos projets d’éducation écologique, nous avons organisé des rencontres avec les communautés locales situées dans les deux vallées qui assurent l’accès au Parc. Nous souhaiterions lancer un projet — financé par LIFE Plus — en collaboration avec l’ONG « Batlife », qui est une association de protection des chauves-souris. Cette ONG siège dans l’ouest du pays, pourtant, ses membres, qui ont de l’expérience dans le domaine, souhaitent élargir leur activité à cette zone du Parc Buila Vânturarita, riche de plus de 150 grottes. »



    Le Parc national Buila Vânturarita compte 500 hectares de forêts vierges d’une grande valeur, en raison de leur biodiversité : arbrisseaux de différentes espèces qui poussent parmi des arbres séculaires, clairières parsemées de fleurs rares, espèces animales de toute la pyramide écologique. Quel que soit l’endroit où se pose notre regard, on découvre un décor surprenant : forêts de bouleaux, de hêtres et d’épicéas, traversées de ruisseaux formant de petites chutes d’eaux, pics en calcaire, pentes rocheuses, sommets arrondis couverts de prés fleuris et de pâturages. Des bergeries surgissent, ça et là, rendant le paysage encore plus pittoresque. Dans les forêts sauvages de Buila poussent des espèces végétales rares et protégées, dont la fameuse rose de Cozia, ainsi que le lys martagon. S’y ajoutent plusieurs espèces d’orchidées — 28 sur les 58 recensées sur le territoire roumain. Il faut dire que les orchidées comptent parmi les plantes les plus menacées au niveau mondial. Plus haut, vers les sommets, s’étend le paradis des prés alpins et des rochers.



    Du printemps à l’automne on peut y admirer les fleurs de montagne les plus rares et les plus délicates : tout d’abord, le trolle de montagne, pareil à une rose jaune; dans les endroits humides et ombragées des forêts, se hisse l’angélique officinale, une fleur d’un magnifique blanc verdâtre; les dianthus spiculifolius, s’étalent, eux, en magnifiques taches de couleur, au bord des sentiers. Dans les prés alpins, on rencontre la dryade à huit pétales, avec sa tige couchée et ses grandes fleurs blanches ainsi qu’une autre plante, spécifique des Balkans, Daphne blagayana, au parfum vanillé. Pourtant, c’est l’edelweiss qui demeure le symbole des crêtes. Cette reine des fleurs est protégée par la loi depuis 1931.



    Les animaux viennent compléter ce décor sauvage. Ils sont tous là, depuis le plus petit insecte jusqu’à l’ours des Carpates — roi des forêts — et au chamois — roi des hauteurs, qui figure, lui aussi, parmi les espèces menacées. Le ciel est également peuplé notamment d’oiseaux rapaces : diurnes — le milan royal, l’aigle pomarin et le faucon komez — ou nocturnes — notamment le Grand-duc d’Europe, communément appelé « hibou ». S’y ajoutent le thicodrome échelette — peut-être un des plus beaux oiseaux de Roumanie. On le rencontre dans la zone des gorges, voligeant entre les parois rocheuses. C’est un oiseau de petite taille, dont les ailes ressemblent à celles d’un papillon.



    Et puis, ces montagnes ont, depuis toujours accueilli de saintes demeures, dont seul quelques pèlerins connaissaient l’existence. En témoignent les ermitages et les monastères situés à la périphérie du parc, ainsi que les vieilles légendes qui racontent leur histoire.


    ( Trad. : Dominique)

  • La campagne «Appréciez la nature»!

    La campagne «Appréciez la nature»!

    En Roumanie, les Carpates abritent une des populations de loups, ours, chamois et lynx les plus nombreuses d’Europe. La Roumanie est d’ailleurs le seul pays européen à couvrir 5 régions biogéographiques, sur les 11 identifiées sur le continent. N’empêche. Les aires protégées des Carpates sont sous-financées. Selon une étude élaborée par la Régie Nationale des Forêts en partenariat avec le Fonds Mondial pour la Nature, les 25 prochaines années, la Roumanie risque de perdre près de 9 milliards d’euros, en l’absence de mesures en vue d’une meilleure gestion des aires protégées. L’étude a été réalisée dans le cadre d’un projet visant à accroître le financement du système d’aires protégées des Carpates, mis en place par le Programme des Nations Unies pour le développement. Selon cette étude qui repose sur des données et des chiffres recueillis dans 5 parcs pilotes, les aires protégées représentent un bien économique important et productif, mais le sous-financement peut entraîner un déclin de la biodiversité et la perte d’importants bénéfices pour l’économie du pays.



    Et c’est toujours dans le cadre de ce projet qu’a été lancée la campagne « Appréciez la nature » qui appelle à la protection de la nature et à un meilleur financement de ce secteur. Dragos Mihai, chef service Aires protégées dans le cadre de la Régie nationale des forêts Romsilva : « On estime que la diversification des sources de financement est un but à défendre à l’avenir aussi. Il est difficile pour un seul financeur d’assurer les montants nécessaires à une gestion adéquate de ces aires protégées. En 2014, hormis les sources de financement provenant de Romsilva, et destinées aux 22 administrations sur un total de 29 à l’heure actuelle, on considère comme utile le financement par le gouvernement roumain d’une partie des besoins dans ces aires protégées. De même, on s’attache à convaincre le secteur privé d’accorder une attention accrue et en même temps un appui financier à la gestion de ces zones. Et ce justement parce qu’une partie de leurs recettes est due à la bonne gestion et à la conservation de la nature dans les régions concernées ».



    Romsilva investit chaque année près de 3 millions d’euros dans la gestion des 22 aires et parcs naturels, soit 2 millions de moins par rapport au montant nécessaire. Selon la Fédération des Patronats du Tourisme et des services, les aires protégées de Roumanie ont un potentiel incroyable et pourraient entraîner des recettes substantielles si une taxe d’accès y était mise en place. Bien qu’elles ne bénéficient pas de promotion, ces aires accueillent chaque année près de deux millions de touristes. Les auteurs de l’étude affirment que les opérateurs économiques qui déroulent des activités dans le domaine touristique ou celui des eaux minérales devraient faire leur devoir envers les ressources qui permettent à leurs affaires d’exister. Par exemple, une partie des fonds obtenus par un tour opérateur pourrait être investie dans l’infrastructure nécessaire à la visite de l’aire protégée ou encore dans sa promotion.



    D’autre part, une partie des fonds nécessaires à la conservation des espèces d’intérêt communautaire pourrait être assurée par le budget de l’Etat ou à travers des projets financés par le Fonds destiné à l’environnement, opine le chef service Aires protégées, Dragos Mihai: «La Roumanie doit rendre compte périodiquement du statut de conservation des espèces d’intérêt communautaire et des habitats. La Roumanie a pris cet engagement et c’est pourquoi je pense qu’un certain montant du budget de l’Etat pourrait être alloué à ce secteur. De même, les projets sont très importants mais ils visent pour la plupart des aspects ponctuels de surveillance d’une espèce, d’un habitat, d’identification de l’aréal d’une espèce à l’intérieur d’une aire protégée. »



    Plusieurs ressources issues de mécanismes de financement internationaux, en l’occurrence le Fonds Global de l’Environnement, sont arrivées en Roumanie à travers le PNUD, fait savoir la directrice des programmes PNUD Roumanie, Monica Moldovan. Le Fonds Global d’environnement est le mécanisme financier de plusieurs conventions des NU sur l’environnement, dont celle sur la biodiversité. Monica Moldovan : « Ce projet est une suite naturelle du partenariat avec la Régie des forêts, Romsilva, et le ministère de l’Environnement. Ce partenariat a commencé il y a plus de 8 ans. Plusieurs initiatives et projets ont vu le jour dans certains parcs nationaux et naturels. L’occasion de tester plusieurs mesures que nous mettons à présent en œuvre à l’échelle nationale. En 2007-2008 on a procédé à une évaluation économique des services dans les écosystèmes du Parc national les Monts Macinului et du Parc naturel les Monts Maramures. A présent on se propose d’aller plus en profondeur et d’élargir notre travail à l’échelle nationale. De même, on souhaite partager les résultats obtenus avec d’autres pays carpatiques. L’actuel financement des aires protégées assure seulement la moitié des besoins des parcs gérés par la Régie nationale des forêts. Or, les sources de financement devraient être doubles, voire triples ».



    La campagne «Appréciez la nature» s’ouvrira sur une action de marketing direct destinée aux parlementaires et aux membres du gouvernement, lesquels pourraient mettre en place des solutions pour la diversification des sources de financement de ces zones. Et c’est toujours dans le cadre de cette campagne qu’a été lancé le site www.punepretpenatura.ro contenant entre autres des informations sur la législation en vigueur… (trad. : Alexandra Pop)