Tag: alimentation

  • Cancer et style de vie

    Cancer et style de vie

    Des chiffres alarmants, notamment en Roumanie

     

    On parle souvent de décès dus à des cancers, et désormais l’on constate que le nombre de jeunes touchés en est de plus en plus important. Une étude analysant des statistiques du monde entier et portant sur 29 types de cancer montre qu’entre 1990 et 2019, l’incidence de cette maladie a augmenté d’environ 79 % chez les personnes âgées de 14 à 49 ans.

     

    Cette tendance à la hausse se vérifie également en Roumanie. En fait, la réalité nationale est brutale – le cancer est la deuxième cause de décès après les maladies cardiovasculaires : un décès sur six étant causé par un cancer. Dans l’Union européenne, la Roumanie occupe la première place en termes de mortalité liée au cancer, avec 48 % de décès en plus que la moyenne européenne et plus de 20 000 décès évitables chaque année.

     

    Comment expliquer cette hausse de cas de maladie chez les personnes en général et les jeunes en particulier ? Les causes sont multiples. L’une d’entre elles est le mode de vie, notamment la nutrition.

     

    Sédentarité, junkfood et écrans…

     

    C’est le champ de recherche du professeur Mircea Beuran, docteur en en chirurgie oncologique à l’hôpital de Floreasca de Bucarest :

    « La modification du mode de vie ! Nous l’observons aujourd’hui comme la partie émergée de l’iceberg, mais des études oncologiques ont montré que les changements sont apparus lentement après les années 1950, avec l’industrialisation, avec les changements du mode de vie dans les pays capitalistes, avec l’augmentation des pollutions, les changements de régime alimentaire, d’habitudes, etc. Tout cela, au fil du temps, sur fond de changements génétiques dont nous sommes tous porteurs, a créé un terrain fertile pour le développement de la maladie. Ce phénomène est analysé au niveau international – en Amérique, au Japon, en Europe… ce pic de cancers chez les jeunes est en augmentation. Je peux vous donner une ligne directrice, pas en m’appuyant sur des statistiques nationales mais sur notre expérience avec nos jeunes patients à l’hôpital Floreasca (de Bucarest). Nous avons constaté que le nombre de cancers du tube digestif, de l’œsophage, de l’estomac, du côlon, du rectum, de l’intestin grêle, des glandes annexes – foie et pancréas…. sont en augmentation. Chaque jour, la section de chirurgie de Floreasca a deux, trois, quatre cancers compliqués du côlon, du rectum…. Ils sont liés à de nombreux facteurs : la consommation de boissons gazeuses, de boissons énergisantes, d’alcool, le tabagisme, la sédentarité, le travail sous pression. Et puis il y a beaucoup de gens qui sont accros à l’activité sous rayonnement bleu, comme l’écran d’ordinateur, la tablette, le téléphone. Je peux vous dire que certains manquent de sommeil. Et ce n’est pas un aspect que nous voyons seulement chez les jeunes adultes, mais aussi chez les enfants, d’après les conversations que nous avons avec eux ».

     

    Selon le professeur Dr Mircea Beuran, le type de cancer le plus courant est le cancer colorectal, qu’il attribue à une mauvaise alimentation :

    « Je fais référence au fait qu’une grande partie de la nourriture que nous mangeons provient de produits ultra-transformés. Cette ultra-transformation ne fait rien d’autre que de charger ces aliments d’une multitude de choses nocives, qui ont trait à la coloration, à la conservation, à la particularité de l’odeur, etc… Tout cela constitue un surplus qui rend plus difficile l’activité de digestion et de neutralisation des toxines, et qui, jour après jour, ne peut que produire des changements au niveau cellulaire. Ces changements cellulaires, avec le temps, développent toutes sortes de tumeurs. Il faut manger des légumes et des fruits, le plus possible ! Et préparer soi-même à en manger ».

     

    Pour le docteur Beuran, le dernier repas de la journée devrait être pris vers 19h00. Et à la fin des repas, nous ne devrions pas nous lever de table immédiatement, afin de donner à l’organisme le repos dont il a besoin pour assimiler le bol alimentaire. Quant aux repas de nuit, ils sont à proscrire absolument.

     

    Sans oublier la consommation d’alcool !

     

    Et puis, le monde médical international est d’avis que les boissons alcoolisées devraient être étiquetées, comme le tabac, avec un avertissement sur le risque de cancer. Le professeur Mircea Beuran partage cet avis :

    « La consommation d’alcool, même en petites quantités, est associée à sept cancers. La consommation chronique d’alcool, même en petites quantités, modifie le comportement de l’organisme vis-à-vis de l’obésité. Et si l’alcool est associé au tabagisme et à un mode de vie sédentaire, il en résulte des changements très importants, à commencer par la cavité buccale. Ainsi, ces consommateurs chroniques d’alcool développent des cancers de la bouche, de l’œsophage, du pharynx, du larynx, des cancers du foie, des cancers colorectaux, des cancers du sein chez les femmes. L’alcool augmente le taux d’hormones, en particulier les œstrogènes et l’insuline. L’augmentation de l’hormone œstrogène est une cause du cancer du sein, et l’œstrogène et l’insuline, en tant qu’hormones, ne font rien d’autre que d’amener les cellules à se diviser, à se multiplier plus fréquemment, ce qui fait qu’à un moment donné, le corps ne peut plus contrôler cette division et elles peuvent se transformer en tumeurs cancéreuses ».

     

    En d’autres termes, faites attention à la quantité et à la qualité de ce que vous mangez ! Un mode de vie dangereux sur une longue période peut détruire notre santé et même notre vie. (trad. Clémence Lheureux)

  • Patrick Vander Linden (Belgique)

    Patrick Vander Linden (Belgique)

    Patrick Vander Linden vient de Belgique. Il est agriculteur et
    propriétaire d’une ferme biologique en Roumanie située dans le département
    d’Arges (sud), au cœur de la nature, près de la forêt et de la montagne. Il
    nous raconte les circonstances de son arrivée dans notre pays :


    « Avant,
    j’avais une entreprise de construction en Belgique, mais au début des années
    90, j’ai décidé de mettre fin à mon activité. J’ai pris cette décision car je
    voulais travailler davantage dans le domaine de l’écologie, et à l’époque, il
    n’y avait pas beaucoup d’intérêt pour ce type de construction. J’ai alors
    déménagé en Suisse pour suivre une formation agricole, un cours de trois
    semaines sur la transformation du lait de vache. J’ai beaucoup travaillé en
    Suisse au début des années 90, puis j’ai suivi une formation de boulanger en
    Belgique, avant de retourner travailler en Suisse au début des années 2000.
    C’est à ce moment-là que j’ai pensé : pourquoi ne pas travailler pour moi-même
    ? C’est donc ainsi que je suis venu en Roumanie. La première fois que je suis
    arrivé ici, c’était en 2004, et j’ai fait le tour de tout le pays. J’ai
    beaucoup voyagé dans le département de Hunedoara et un an plus tard, je me suis
    installé dans le département d’Arges. J’ai commencé la construction de ma
    maison écologique en utilisant des ballots de paille. Elle est vraiment géniale
    ! J’ai commencé à la construire en 2009 et je l’ai terminée vers 2012. Quant à
    mes vaches, je les ai achetées en 2015 et c’est comme ça que j’ai commencé à
    fabriquer du fromage. »



    Patrick Vander
    Linden fait également la promotion du tourisme écologique. Il accueille ainsi
    des volontaires du monde entier dans sa maison. Ceux-ci apprennent à vivre dans
    la nature et à s’occuper des animaux.


    « Ils viennent de partout. Récemment, une
    jeune femme du Mexique est venue en tant que bénévole et une autre du Brésil
    lui suivra. Les volontaires viennent d’Europe, de partout en fait. J’ai eu même
    des visiteurs d’Asie et d’Australie lorsque j’ai construit la maison. La maison
    n’étant pas reliée à l’électricité ni à l’eau, les bénévoles doivent s’adapter
    en ce qui concerne l’utilisation de ces ressources et s’habituer à ne pas s’en servir
    en permanence. C’est donc très bien, car cela leurs apprend à utiliser moins
    d’énergie. La ferme est un espace restreint et certains sont très sensibles à
    l’odeur du fumier. Cela dépend aussi de la saison : en hiver, nous
    travaillons davantage avec le bois ; en été, nous travaillons
    principalement dans le jardin, avec toutes sortes de légumes et des fruits,
    dont nous faisons de la confiture et du jus. »



    Pourquoi Patrick
    Vander Linden a-t-il choisi de s’installer en Roumanie, le pays qui est
    maintenant devenu le nouveau chez-soi?


    « Pourquoi la Roumanie ? J’étais un peu
    fatigué de la Belgique, où je ne pouvais pas construire de manière écologique à
    la fin des années 80 et au début des années 90. C’est pourquoi j’ai décidé de
    partir pour la Suisse, où il a plus de nature. Ensuite, j’ai travaillé en
    France, j’ai voyagé en République tchèque, en Slovaquie et en Espagne à la
    recherche de terrains. En Belgique, un ami de Iași m’a demandé pourquoi je n’allais
    pas en Roumanie. Lorsque j’y suis venu, j’ai adoré la nature de ce pays.
    Maintenant j’habite à Brădet, et au-dessus de ma maison, il n’y a que des
    prairies pour les animaux jusqu’au sommet de Moldoveanu. C’est principalement
    pour cela que j’ai décidé de m’y installer. »



    Maintenant, la vie
    de Patrick a considérablement changé par rapport à celle qu’il avait en
    Belgique. Il raconte:


    « En
    Belgique j’avais une entreprise de construction que j’ai fermée depuis
    longtemps, en ’91. À l’époque, j’étais obligé de voyager beaucoup d’un client à
    l’autre. Maintenant, je travaille chez moi, je vais dans mon étable, je ramène
    du lait à la maison, je le transforme, je n’ai plus besoin de me déplacer
    beaucoup d’un endroit à l’autre, et cela me fait tellement plaisir. Je vais en
    ville une fois par semaine, j’apporte de la marchandise et je fais les
    courses. »



    Nous avons demandé à
    Patrick ce qu’il pense des Roumains et s’il s’est lié d’amitié avec les
    habitants de sa région.


    « Oui,
    je parle avec eux et j’ai quelques amis. Chaque pays est bien sûr différent,
    mais la bureaucratie et la corruption existent partout. Par exemple, j’ai eu
    beaucoup de problèmes avec l’administration locale. Sinon, on dirait que les
    habitants ont encore le temps de profiter de leur vie. En Belgique, il n’y a
    plus de temps, les gens courent dans tous les sens. En Roumanie, c’est comme si
    je voyageais à l’époque de la génération de mes parents. Bien sûr, maintenant
    avec l’Union Européenne, tout a changé très rapidement, et le niveau de vie est
    presque le même partout sur le continent. Mais je trouve qu’ici les gens savent
    encore cultiver la terre et élever des animaux. Dans d’autres pays européens,
    il n’y a plus de fermes, il n’y a que des usines laitières, que des usines de
    viande. Ici, tout est différent, c’est plus petit. Dans les montagnes, il y a
    beaucoup plus d’humanité, tout n’est pas qu’une grande entreprise. »



    La Belgique ne
    manque pas à Patrick. Il ne ressent aucun manque du confort d’une vie plus
    moderne.


    « Eh bien, pour moi, non, je ne suis pas
    du tout le genre de personne à avoir beaucoup d’appareils de cuisine. Je n’aime
    pas tout ce qui est nouveau en matière de cuisine. On peut avoir même dix
    appareils faits pour nous aider, je les trouverais quand même inutiles. Ce qui
    me manque, ce sont mes amis de Belgique. »



    Que changerait-il en
    Roumanie ? Patrick répond :


    « On le sait très bien,avoir de meilleures routes c’est efficace pour
    l’économie, car le transport se fait plus facilement, c’est le cas partout.
    Autrement, je pense qu’il est nécessaire que les gens travaillent davantage
    ensemble, qu’ils s’entraident, surtout maintenant que les temps changent si
    rapidement. Ici en Roumanie, beaucoup de gens ont encore un potager qui leur
    permet de manger plus sain. La nourriture dans les supermarchés abonde en
    additifs et on tombe plus souvent malade si on en consomme. Si les choses
    peuvent rester comme elles étaient auparavant, ce serait mieux pour la
    population. Quand je suis arrivé ici, j’ai pensé qu’avec le temps je pourrais
    vivre avec plus de personnes, que nous nous aiderions mutuellement, que nous
    construirions une communauté. Je pense que c’est une bonne vision des choses,
    on ne peut pas tout faire seul. »


    Que dirait Patrick
    Vander Linden à quelqu’un qui ne connaît pas du tout
    la Roumanie ? Comment
    présenterait-il sa nouvelle patrie ?


    « Bref, pour moi, la Roumanie est avant tout synonyme de la nature
    abondante, de montagnes majestueuses. C’est un pays d’une beauté
    extraordinaire. La Roumanie abrite de nombreuses espèces d’animaux sauvages, et
    leur présence signifie que la nature est encore intacte. Par exemple, dans ma
    région, je constate qu’il y a beaucoup plus d’insectes qu’en Belgique, où tant
    de pesticides ont été utilisés qu’ils les ont tous tués. Ici, c’est différent,
    c’est plus pur. »
    (Trad. Rada Stănică)







  • « Goûte attentivement. Profite du moment »

    « Goûte attentivement. Profite du moment »

    Selon
    les statistiques européennes, le nombre de jeunes prêts à remplacer les repas
    quotidiens par des casse-croûte est à la hausse. Préoccupés par le contrôle des
    portions, les adolescents sont capables de ne pas toucher au chocolat, par
    exemple, en s’imaginant que de cette manière, ils pourront avoir le corps idéal.
    Malheureusement, la situation sur le terrain dit le contraire : à l’heure
    actuelle, filles et garçons se confrontent soient au surpoids, soit à
    l’anorexie. Du coup, par son programme « Goûte attentivement. Profite du
    moment », la Roumanie se propose d’améliorer les habitudes alimentaires des
    jeunes, en les soutenant dans leurs efforts d’avoir une relation plus saine
    avec l’alimentation.




    Florentina
    Balos, ambassadrice du programme mentionné, affirme que : « Goûte
    attentivement. Profite du moment » est ciblé sur l’attention que l’on doit
    prêter aux repas afin de profiter de l’instant présent, de savourer le goût des
    aliments, d’y prendre plaisir car les goûters font partie de notre vie. Lancé
    par l’Association « Roumain à
    100% », le projet a été initié en partenariat avec l’Autorité nationale
    pour la protection du consommateur et 5 lycées de Bucarest. Les études ont
    montré que les jeunes préfèrent les goûters aux repas consistants, ce qui fait
    que des questions telles « qu’est-ce qu’on mange ? »,
    « pourquoi mange-t-on ? » et « comment
    mange-t-on ? » restent sans réponse. On mange de manière chaotique, souvent
    on ne sait même pas de quoi on se nourrit, puisqu’on ne lit pas les étiquettes.
    Du coup, notre projet se propose d’informer et d’éduquer le jeune public dans
    cette direction ».






    A partir du moment
    où l’on est bien informé, on pourrait enfin faire notre choix, affirme
    Florentina Balos : « Le projet comporte plusieurs étapes. Dans un
    premier temps, on a proposé aux adolescents un atelier de nutrition pour leur
    apprendre à bien manger, à calculer la valeur nutritionnelle des aliments et à
    en décider les quantités idéales, en fonction de l’âge et de l’effort. La
    deuxième étape a consisté en un atelier de lecture des étiquettes alimentaires
    présenté par Veronica Mitran, vice-présidente de l’Agence nationale pour la protection
    du consommateur. L’occasion d’apprendre aux élèves comment interpréter
    correctement une étiquette, tout en leur expliquant la signification de tous
    ces termes que le plus souvent on lit sans en comprendre le sens. Après, on a
    invité un psychologue pour essayer de répondre à la question « le
    grignotage, à quoi ça sert? », ce qui a entraîné un débat sur la notion de
    caprice. Car, le plus souvent, c’est par caprice que l’on grignote, pour
    atténuer le stress, la tristesse ou la colère. Ou encore on sent le besoin de
    manger devant les écrans sans avoir forcément faim. D’où l’importance de tempérer
    un peu nos émotions. »







    Environ 550
    adolescents roumains ont participé à la phase pilote de ce projet, dont une
    dizaine se sont vu proposer une session de mentorat de la part d’un expert en
    planification et organisation des repas. Du coup, ils ont appris comment faire
    pour marier proprement repas, devoirs et loisirs afin de ne pas négliger une
    alimentation correcte sous prétexte d’un manque de temps.






    Florentina
    Balos : « A la fin de cette phase pilote, les jeunes ont passé un
    test. Il convient de mentionner que trois semaines durant et aidés par nos
    experts, ils ont noté dans un journal tout ce qu’ils faisaient au cours d’une
    journée : les heures des repas, celles de leurs devoirs, les quantités
    d’aliments consommés. Nous avons souhaité leur imposer un modèle pour l’avenir
    aussi. A la fin des ateliers, les participants ont été invités à imaginer leurs
    propres plans, en fonction de leur imagination. Du coup, ils ont décrit leur
    façon de manger correctement ou encore les changements que notre programme a
    entrainés dans leur planning. 50 jeunes se sont même vu récompenser. Au moment
    de la remise des prix, on les a interviewés pour apprendre d’eux si ce projet
    les avait vraiment aidés. Et leurs retours ont été plus que gratifiants. Je me
    rappelle, par exemple, une jeune fille qui a affirmé qu’avant, elle pensait que
    tous les aliments faisaient grossir, que tout ce qu’elle mangeait la faisait
    prendre du poids. C’est vrai qu’elle était légèrement en surpoids, mais c’était
    plutôt le stress le responsable. Car elle disait que même boire de l’eau la
    faisait grossir. En revanche, grâce à notre projet, elle a compris les erreurs
    qu’elle faisait d’associer certains aliments et de remplacer les repas par des
    goûters. Du coup, elle semblait déterminée à améliorer sa façon de se
    nourrir. »







    Déroulé entre
    décembre 2020 et juin 2021, le programme « Goûte attentivement. Profite du
    moment » s’est voulu un programme éducatif censé corriger les mauvaises
    habitudes alimentaires parmi les jeunes roumains. Espérons qu’une fois les
    vacances finies, le nombre des adolescents roumains intéressés à se nourrir
    correctement sera à la hausse. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Les Roumains et le gaspillage alimentaire

    Les Roumains et le gaspillage alimentaire

    Le gaspillage alimentaire, l’un des
    pires effets du consumérisme actuel, touche, évidemment, la Roumanie aussi. Le
    phénomène est devenu suffisamment problématique pour qu’une loi le combattant
    soit adoptée en 2016, loi qui, malheureusement, attend toujours la finalisation
    de ses règles d’application. On estime que les Roumains jettent l’équivalent de
    120 000 camions de nourriture par an. Les dépenses alimentaires couvrent
    environ 40% des budgets des ménages, mais, malheureusement, entre un tiers et
    la moitié des aliments finissent à la poubelle. Des informations plus précises
    et plus récentes viennent d’être publiées à la suite d’une étude sociologique,
    menée l’été et l’automne derniers par l’Université de sciences agricoles et de
    médecine vétérinaire de Cluj-Napoca. La recherche, réalisée dans le cadre d’un
    projet international financé par l’Agence universitaire de la Francophonie,
    s’est concentrée sur trois pays – la Roumanie, la République de Moldova et la
    Macédoine du Nord – avec des résultats similaires pour ces trois États. Par
    exemple, la plupart des personnes interrogées déclarent qu’elles font
    fréquemment une liste de courses, ce qui suggère le calcul et la prévoyance.
    Aussi, environ 90 % d’entre elles disent cuisiner souvent à la maison, ce qui se
    traduit, en théorie, par la réduction du risque de voir les aliments s’altérer.

    Cependant, l’étude menée par l’Université de Cluj confirme les estimations plus
    anciennes concernant le gaspillage alimentaire en Roumanie, comme nous
    l’apprend la professeure des universités Cristina Pocol, coordinatrice de
    l’équipe de recherche : « Quel
    que soit leur pays, les personnes ayant participé à l’enquête disent jeter de
    la nourriture. C’est ce que déclarent 83% des Roumains, près de 79% des Moldaves
    et un peu plus de 67% des participants de la Macédoine du Nord. Il existe de
    nombreuses habitudes liées au gaspillage alimentaire. Nous avons essayé de voir
    si les participants à l’enquête vérifiaient la date de péremption d’un aliment
    et la plupart disent que c’est une étape presque inévitable dans la prise de
    décision de consommation. Ensuite, la plupart d’entre eux font attention au stockage
    de la nourriture. Enfin, ils sont quelque peu intéressés à éviter le gaspillage
    alimentaire. C’était très intéressant de voir que lorsqu’on leur a demandé combien
    ils étaient intéressés à éviter le gaspillage alimentaire, la plupart se sont
    dit très intéressés, affirmant que c’était un sujet qui leur tenait à cœur.
    Mais cela contredit leur comportement. Ils s’intéressent au gaspillage
    alimentaire, mais ils jettent de la nourriture. Ces deux comportements ne vont
    pas ensemble. Les gens ne savent pas comment réduire le gaspillage, ils n’ont
    pas les bonnes méthodes, c’est-à-dire qu’ils manquent d’éducation à cet égard. Nous
    remarquons cette contradiction et l’explication que j’ai trouvée est qu’ils
    essaient d’avoir cela en tête, mais ils ne le pratiquent pas, pour diverses
    raisons. Ils ont peut-être essayé et échoué, et nous devons voir pourquoi ils
    échouent. »

    De
    l’avis des participants à l’étude, ceux qui gaspillent le plus de nourriture
    sont les consommateurs individuels et les restaurants. Les magasins, en
    particulier les supermarchés, ne viennent
    qu’après. Cristina Pocol : « Nous avions une question sur les
    habitudes d’achat. Nous remarquons là encore un comportement qui ne nous
    surprend pratiquement pas. La plupart des gens font leurs courses au
    supermarché ou à l’hypermarché. Trop peu choisissent pour l’instant la petite
    distribution, les circuits courts d’approvisionnement. Les marchés ne viennent qu’après les grandes surfaces
    dans les habitudes d’achat. Très peu de gens utilisent les circuits courts ou
    apprécient la relation directe du producteur avec le consommateur, qui est très
    importante de plusieurs points de vue. Bref,
    cela permet de consommer des produits frais et locaux, des produits roumains. Il
    y a encore beaucoup de travail à faire de ce point de vue, nous devons mener
    des campagnes de sensibilisationdes consommateurs à l’importance de
    consommer local. »




    La
    crise de la Covid-19 n’a modifié les habitudes
    d’achat ni en Roumanie ni en République de Moldova. Environ deux tiers des personnes
    interrogées déclarent
    consommer la même quantité de nourriture, achetée avec la même somme d’argent. Il y a cependant un
    changement apporté par la pandémie, mais pas celui qu’on attendait. Cristina
    Pocol : « La crise de la Covid-19 a poussé plus de 10 % des
    répondants à jeter encore plus de nourriture. Je m’attendais à un résultat tout
    différent. Je me disais que puisque nous étions enfermés chez nous, nous étions
    plus attentifs à ce que nous mangions, à comment nous mangions et à comment
    nous planifiions nos courses. C’est pourquoi nous sommes partis de l’hypothèse
    que cela aurait eu
    pour effet de réduire le gaspillage alimentaire. Les résultats de l’étude
    montrent le contraire. J’ai essayé de trouver des explications. Probablement les
    gens ont stocké trop de nourriture, ce serait là l’explication principale. Nous
    savons tous ce qui s’est passé au début de la crise sanitaire, lorsque les gens ont acheté sans raison
    de la nourriture en grosse quantité, de peur d’en manquer. Cette nourriture ne
    pouvait pas être consommée immédiatement ou dans un délai relativement court. Une partie en a donc été jetée. Cela nous montre que
    faire des provisions conduit finalement au gaspillage. »

    En
    attendant, certains magasins et associations citoyennes organisent des
    campagnes de sensibilisation à
    l’importance d’une consommation plus modérée et aux conséquences néfastes du
    gaspillage alimentaire tant sur l’économie, que sur l’environnement. Une
    campagne de ce type a également été menée par l’association non-gouvernementale
    InfoCons, une campagne centrée sur les coûts économiques du gaspillage
    alimentaire.

    Sorin Mierlea, président d’InfoCons, considère que le message
    concernant la réduction du gaspillage alimentaire atteint plus facilement le
    public en mettant l’accent sur les pertes économiques. Sorin Mierlea : « Tout d’abord, quand on parle de
    gaspillage alimentaire, on ne parle pas seulement du gaspillage en soi, mais on
    parle aussi du coût payé pour acheter des produits alimentaires qui finissent à
    la poubelle. Ce coût signifie des heures de travail, et ces heures de travail
    signifient en fin de compte notre vie à chacun d’entre nous. D’un autre côté,
    je pense qu’en
    tant que consommateurs, nous devons disposer de toutes les données et les informations nécessaires. C’est
    pourquoi InfoCons, en collaboration avec des organismes d’autres pays, s’est
    proposé de faire connaître l’impact du gaspillage à la population et aux autorités
    publiques. »




    Menée
    dans les écoles, lors des cours d’éducation citoyenne et à l’aide de ressources
    numériques, la campagne InfoCons espère ainsi que les futurs consommateurs
    seront mieux informés sur le gaspillage alimentaire. (Trad. Elena Diaconu)



  • L’alimentation de l’avenir, de l’ADN à la tradition

    L’alimentation de l’avenir, de l’ADN à la tradition

    Lalimentation de lavenir sera lalimentation du passé – estiment les chercheurs, qui nous exhortent à nous nourrir de produits aussi naturels que possible et à retourner, en fait, aux habitudes alimentaires de nos grands-parents.


    Selon les données fournies par lOrganisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur trois dans le monde souffre actuellement dobésité et dautres formes de malnutrition et, dici 2025, une personne sur deux en sera touchée. Plus grave encore, lobésité chez les enfants et les jeunes progresse en Europe, où à présent un adolescent sur trois est en surpoids ou obèse. Par rapport aux générations antérieures, en Europe – et en Roumanie aussi – les jeunes consomment des produits fast-food et des boissons sucrées, ils passent de nombreuse heures par jour devant les écrans, se déplacent en voiture et prennent lascenseur. Cela entraîne de graves problèmes de santé – affirmé Lygia Alexandrescu, spécialiste en nutrition: « La solution, en ce moment, se trouve dans laliment intégral, dans les produits de saison. Nous avons été habitués à manger des tomates en été, du raisin en automne, des pastèques en juillet et août. A présent nous mangeons des melons et des pastèques même en avril et des cerises en septembre. Ce nest pas du tout normal, ni naturel. Notre organisme en souffre et nous nous demandons après pourquoi nous sommes malades et pourquoi nos enfants sont plus malades que nous. Des enfants consultent le médecin pour des problèmes de poids ainsi que pour des problèmes qui étaient lapanage de la vieillesse il y a un certain temps : goutte, taux de cholestérol élevé, problèmes articulatoires dûs à lexcès de poids. Et cela, parce que nous avons oublié tout ce qui est naturel, car finalement il sagit de préserver un équilibre qui vient du naturel.



    Dans un proche avenir, létude du génome de chaque personne nous permettra dobtenir des informations sur son héritage génétique et sur sa prédisposition pour certaines maladies, ce qui nous permettra de recommander une nutrition personnalisée, affirme Lygia Alexandrescu:« Lavenir appartient aux recherches sur lADN. On est en train de mettre au point des tests qui nous diront de quoi nous avons besoin comme nourriture, combien de fois par semaine nous devons consommer un certain aliment et à quelle heure… Nous devons donner à notre corps la nourriture quil exige. Nos enfants mangeront en fonction de cette description du génome. On doit retourner également aux produits locaux, stimuler la production locale, trouver au marché un producteur dont on achètera les légumes. Des protéines de qualité nous attendent à lavenir, qui ne nous promet plus ni laitages, ni viande, il ny a plus de ressources. Il paraît quen 2028, nous mangerons de nombreux produits qui imiteront la viande, des aliments nouveaux que nous ne connaissons pas encore.


    En attendant, le professeur Gheorghe Mencinicopschi nous conseille le retour au produit alimentaire local et intégral. Ce spécialiste de la nutrition nous avertit que nous devons devenir plus conscients de ce que nous mangeons et des risques cachés de notre alimentation: « On parle de produits alimentaires à base dinsectes et de vers. A mon avis, cest une diversion. Pourquoi ? Eh bien, on est nombreux. Et est-ce quil est normal de produire une nourriture de mauvaise qualité pour en produire en grande quantité et rendre ainsi les gens malades? Ne vaut-il pas mieux promouvoir une culture de lalimentation saine, afin de rester bien portants, que de produire beaucoup de nourriture peu chère, qui va nous rendre malades ? Il sagit là daspects profondément économiques. Tous les producteurs souhaitent récupérer leur investissement le plus vite possible, peu importe la qualité des aliments quils fournissent. Bref, on travaille pour le profit, la santé du consommateur ne compte pas. Alors, pourquoi penser quil y a des aliments sains sur les étalages des magasins ? Cest la loi du profit. En Roumanie, il y a de plus en plus denfants obèses, alors que lobésité est, en fait, une maladie de lâge adulte. Or, de nos jours, elle est diagnostiquée chez de très jeunes enfants, dès lâge de 3 ans. Le désastre a commencé dans les années 70, lorsque la viande, les œufs, le lait, la graisse animale ont été déclarés lennemi numéro 1 de notre santé. Et cela a marqué le début de lère des céréales, qui a mené à la situation actuelle.


    Selon les statistiques, 15% des Roumains sont obèses et un tiers en surpoids. Un grand nombre de jeunes sont confrontés à ce problème à cause de lalimentation des dernières décennies, sans nutriments et bourrée de produits chimiques. Teodor a 25 ans et il est heureux de sêtre libéré du fardeau de lobésité:« A 11 ans je souffrais déjà dobésité morbide. A 12 ans je pesais autour de 80 kilos. Quest-ce quune nutrition équilibrée a signifié pour moi ? Elle a sauvé ma vie. Non seulement elle a ajouté des jours à mon séjour sur terre, mais elle ma donné une chose que je nai jamais pensé pourvoir acquérir : un style de vie, une qualité de la vie que je ne soupçonnais même pas.


    Tatiana a 36 ans et elle a honte de dire combien elle pesait avant de commencer à maigrir. « Cela commence toujours par quelques kilos de plus, par une alimentation défectueuse et un style de vie malsain. Jai réussi à perdre 40 kilos en un an et trois mois. Jai retrouvé mon équilibre. Je ne dirais pas que cest une cure. Cest, en fait, un style de vie. Je mange à peu près de tout, en respectant certaines règles, je respecte également certaines heures pour les repas. Je fais trois repas principaux et deux goûters. Lorsquon a réussi à perdre les kilos supplémentaires, on réussit à se rééquilibrer de tous les points de vue, on reprend confiance en soi, on change complètement. Je pense que jai rajeuni de 10 ou 15 ans. Maintenant jai 36 ans, mais il y a un an, on maurait donné 46.


    Par de bons programmes déducation nutritionnelle déroulés dans les écoles, on peut remédier à nombre de ces problèmes – estiment les spécialistes. Léducation à la santé et à la nutrition est dailleurs la nouvelle discipline qui sera introduite en 2020 au programme scolaire de Roumanie.


    (Trad. : Dominique)


  • Sécurité et sûreté alimentaires

    Sécurité et sûreté alimentaires

    Plus de 820 millions de personnes souffrent actuellement de malnutrition chronique dans le monde. 672 millions souffrent d’obésité et 1,3 milliard de personnes sont en surpoids. C’est ce que révèle le plus récent rapport 2018 de la FAO — Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. 70% de la population touchée par la pauvreté vit dans des zones rurales, où son existence dépend de l’agriculture, de la pisciculture et de la sylviculture — indique aussi le document. C’est pourquoi, l’objectif « Faim zéro » de l’Agenda 2030 pour le développement durable impose un changement profond de l’économie rurale — estime l’ONU. Cet objectif suppose une collaboration mondiale pour assurer à la population de tous les coins du monde l’accès à une alimentation saine et nutritive. Les gouvernements doivent créer des opportunités d’investissement dans le secteur privé de l’agriculture, développer des programmes de protection sociale pour toutes les catégories vulnérables et créer des liens entre les producteurs du milieu rural et les zones urbaines.



    Les conflits, les changements climatiques engendrant des conditions météorologiques extrêmes, le faible niveau de développement économique constituent autant d’entraves à la lutte contre la famine et la malnutrition — estiment les spécialistes. Mircea Duţu, président de l’Université écologique de Bucarest, le confirme. Le Rapport 2018 sur la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, rendu public le 15 octobre à Rome, conclut qu’après une période de recul, la famine progresse actuellement de nouveau dans le monde.



    Mircea Duţu. « Plus de 820 millions de personnes souffrent actuellement de sous-alimentation chronique. Les conflits, les phénomènes météorologiques extrêmes liés au dérèglement climatique, la récession économique et le nombre de personnes obèses ou en surpoids ralentissent les progrès dans la lutte contre la famine et la malnutrition. Je voudrais pourtant souligner que l’on parle de plus en plus dans le monde de la reconnaissance d’un droit fondamental de l’être humain à l’alimentation, ce qui signifie avant tout l’accès à une nourriture suffisante et de bonne qualité, pour qu’il puisse mener une vie saine et active. Voilà donc les principaux défis auxquels l’humanité est confrontée, dans son action commune pour atteindre, à l’horizon 2030, l’objectif « Faim zéro ».



    Pour y répondre, certains changements sont nécessaires — affirment les responsables onusiens: les petits producteurs doivent adopter de nouvelles méthodes pour accroître leur productivité et leurs revenus ; pour assurer la mobilité dans les communautés rurales, il faut une approche qui tienne compte de l’environnement ; on doit encourager le développement technologique et créer des emplois durables et profitables. La main d’œuvre et le développement économique ne sont pourtant pas suffisants pour assurer la sécurité et la sûreté alimentaires, notamment des personnes qui sont victimes des conflits. C’est pourquoi, afin d’atteindre l’objectif « Faim zéro », on prend justement en compte une approche à long terme, qui permette d’édifier une société inclusive et pacifique. Et ce ne sont pas les seuls aspects importants liés à la sécurité et à la sûreté alimentaires. Mihai Berca, professeur à l’Université de sciences agricoles et de médecine vétérinaire de Bucarest en ajoute d’autres.



    « Si l’on se rapportait uniquement à la sûreté et non pas à la sécurité, le problème majeur est la qualité des aliments que les gens sont obligés de manger et leur faible diversité ; or, c’est du manque de diversité que naissent les menus les moins favorables à la santé humaine. Voilà pour la sûreté. Pourtant, un autre problème se pose, à savoir que nous sommes actuellement en proie aux changements climatiques, aux invasions d’insectes nuisibles, de bactéries, notamment dans le sud de la planète, qui affectent la quantité, mais aussi la qualité de notre nourriture, car nous n’avons par le temps nécessaire pour intervenir et protéger nos cultures. C’est là une autre cause qui diminue, avec chaque jour qui passe, notre capacité à fournir les meilleures matières premières pour l’agriculture. »



    Réduire le gaspillage alimentaire peut contribuer à éradiquer la famine. La quantité d’aliments poubellisés chaque année dépasse parfois la centaine de kilos par personne — indiquent les statistiques. Les causes de ce phénomène sont multiples. Il convient de mentionner entre autres les stratégies de marketing visant à stimuler l’achat de produits, par des promotions, par exemple. Une société française de protection des consommateurs indiquait récemment avoir découvert que certains fabricants de laitages impriment à bon escient sur leurs produits une date de péremption antérieure à celle jusqu’à laquelle le produit garde effectivement ses qualités, pour accélérer le remplacement des produits sur les étalages des magasins. Le gaspillage est présent dans l’agriculture aussi : parfois, une partie de la récolte est abandonnée dans le champ après la moisson, les produits non vendus sont utilisés pour nourrir les animaux, les fruits et les légumes dont les dimensions ne correspondent pas aux normes sont compostés ou méthanisés.


    (Trad. : Dominique)

  • “Salinate”

    “Salinate”

    En dehors dêtre un pays haut en couleurs, la Roumanie est aussi un pays de goûts et de saveurs. Découverte dun produit roumain naturel, dans la maturation duquel intervient un élément inédit. A table !



  • Enquête sur la qualité des aliments

    Enquête sur la qualité des aliments

    Peut-être que la Roumanie trouve enfin moyen de se doter d’une législation qui lui permette de rendre publics les noms des compagnies qui considèrent les Roumains des citoyens de seconde zone, pour qu’elles soient traitées de même ! Cette déclaration sous le coup de la nervosité appartient au premier ministre Mihai Tudose, extrêmement mécontent des doubles mesures pratiquées par certains producteurs étrangers de denrées alimentaires.

    Se fondant sur un rapport, le ministre de l’Agriculture, Petre Daea, a énoncé un aspect que les acheteurs remarquaient, du point de vue du goût, depuis longtemps : les produits vendus en Roumanie sont d’une qualité inférieure aux produits similaires vendus dans les pays occidentaux qu’ils ont eu l’opportunité de visiter à un moment donné. Sur 29 aliments analysés par l’Institut d’hygiène et de santé publique vétérinaire, 9 présentaient des différences. Il s’agit de conserves de poisson, de jambon, de lard et de mortadelle.

    Vu que Petre Daea a affirmé qu’il n’était pas en mesure de préciser le nom des compagnies ayant fabriqué ces produits, parce que la législation européenne ne le permet pas, le premier ministre Mihai Tudose a demandé au titulaire du portefeuille de la Justice, Tudorel Toader, de trouver une solution juridique en ce sens au niveau national, pour que les Roumains choisissent en connaissance de cause. Mihai Tudose : « Nous ne disposons pas d’une norme européenne censée le permettre. Peut-être que nous avons une loi interne et, si nous ne pouvons pas leur interdire le marché par des instruments gouvernementaux, nous souhaitons au moins pouvoir rendre publics les résultats des examens. Créons un cadre législatif censé permettre de faire de la publicité à ces compagnies plus malines, excusez-moi ce terme, qui illustre leur comportement, et puis que les Roumains décident. Je pense qu’elles ne se trouveront pas bien quand nous dirons publiquement qui se permet de pratiquer la double mesure avec la Roumanie. »

    La discussion pour trouver une solution juridique – a expliqué le ministre de la Justice – part du principe de l’égalité de traitement des consommateurs de l’UE. Seulement, les choses ne se présentent pas ainsi, c’est confirmé par d’autres pays de l’Est. La Bulgarie, la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne se sont également plaintes de la double mesure dans le domaine alimentaire, et des officiels de ces pays ont demandé à l’UE de ne plus permettre aux multinationales d’utiliser des ingrédients de qualité inférieure sur les marchés moins chers où elles livrent.

    Jeudi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, a été d’accord que les produits alimentaires apparemment identiques ne devraient pas être vendus avec des ingrédients de qualité inférieure en Europe de l’Est. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à cette pratique discriminatoire – a assuré le responsable de Bruxelles. La Commission européenne a déjà offert de financer des études des Etats de l’UE relatives aux normes appliquées aux produits alimentaires.

  • Décisions de la Commission européenne concernant la Roumanie

    Décisions de la Commission européenne concernant la Roumanie

    A l’instar de tous les autres pays de l’UE, la Roumanie a, elle aussi, des bénéfices et des obligations découlant de son statut d’État membre. En cas de non-respect de ces dernières, le pays risque les sanctions de la Commission européenne. C’est d’ailleurs ce qu’il lui est arrivé ce mercredi, quand l’Exécutif communautaire a visé d’un tir de sommations plusieurs domaines d’activités.

    Le premier – le commerce en détail des produits agroalimentaires. Aux termes d’une loi adoptée par le Parlement de Bucarest, l’été dernier, les supermarchés de Roumanie devront mettre en vente au moins 51% de produits autochtones, via la chaîne courte d’approvisionnement. Alors que l’initiateur de l’acte normatif y voyait une victoire des producteurs locaux, les grandes chaînes de distribution avertissaient contre un dysfonctionnement de ce commerce.

    Or, mercredi, Bruxelles a estimé que cette loi posait problèmes en matière de libre circulation des marchandises. En plus, les commerçants se voient limiter leurs options quant au choix des produits placés en promotion, ce qui contrevient à certains articles du Traité sur le fonctionnement de l’UE. Par conséquent, les autorités roumaines disposent de deux mois pour répondre aux arguments mis en avant par la Commission européenne. Par ailleurs, l’Exécutif européen a décidé de porter plainte en justice contre la Roumanie qui n’a ni fermé, ni modernisé 68 déchetteries illégales, véritable menace aussi bien pour la santé des gens que pour l’environnement. Elle aurait dû le faire avant décembre 2016.

    Face à cette situation, l’actuel ministre de l’Environnement, Daniel Constantin, affirme faire de son mieux pour éviter les sanctions: «Depuis mon installation à la tête du ministère, j’ai déjà rencontré à plusieurs reprises aussi bien les propriétaires que les autorités locales, afin de trouver des solutions. Il existe aussi certains cas où il faudra que l’État alloue des ressources sous forme de prêts à taux 0, pour que la situation revienne à la normale le plus vite possible.»

    Le vice-président de l’Association roumaine pour le management des déchets, Constantin Damov, affirme que d’autres secteurs encourent un risque similaire: « Des procédures d’infraction à la loi européenne peuvent concerner, par exemple, les déchets d’emballages, ceux d’équipements électriques et électroniques ou encore les déchets issus des travaux de construction ou de démolition. Pour chacune de ces catégories, la Roumanie risque des amendes entre 100 000 et 300 000 euros. Imaginez donc qu’au lieu de diriger cet argent vers les investissements ou de couvrir nos besoins ou ceux de secteurs sous-financés, nous l’utiliserons pour payer des pénalités à cause d’obligations que nous n’avons pas remplies. »

    Ajoutons aussi que, mercredi encore, la Commission européenne a appelé la Roumanie à assurer la mise en place du règlement européen sur la commercialisation et l’utilisation des précurseurs d’explosifs. Bucarest doit également respecter le principe de l’accès égal aux eaux et aux ressources de la mer Noire, principe qu’elle a déjà violé dans des incidents impliquant des navires battant pavillon bulgare.

  • Le pain à l’époque communiste

    Le pain à l’époque communiste

    Sur l’ensemble des symboles communistes, le pain a figuré en tête de liste, surtout que le parti des rouges s’est ambitionné à s’ériger en grand défenseur de tous les démunis qui se sont vu promettre ne plus souffrir de faim. Avec pour dicton «pas de travail sans pain et pas de pain sans travail», le communisme s’est pourtant heurté à sa propre idéologie. La preuve? Une distribution rationnée du pain dans les années 1980.

    Président à l’époque du Comité public du planning, Maxim Berghianu a rempli plusieurs fonctions au sein du gouvernement. Interviewé en 2002 par le Centre d’histoire orale de la Radio, Berghianu remémore le moment où Ceausescu décide de réduire la consommation de pain.

    Maxim Berghianu: «Il ne m’est jamais arrivé d’entendre les Ceausescu se dire impressionnés par quoi que ce soit. Aucun aspect positif n’attirait leur attention pour qu’ils se proposent par la suite de le mettre en place chez nous aussi. Ils ne voyaient que le côté négatif des choses. Je me rappelle que la dernière fois quand je me suis rendu chez eux, ils venaient de rentrer de France. Je ne sais plus qui y était président à l’époque: Pompidou ou Mitterrand. Je pense que c’était Mitterrand. Bref, qu’est-ce que vous pensez que Ceausescu avait remarqué lors d’une réception à l’Elysée? Hé bien, que les plats – pas trop abondants en fait, ne s’accompagnaient que d’un tout petit pain, tandis qu’en Roumanie, les petits pains qu’on y servait étaient bien plus nombreux – deux ou trois – et pas si petits que ça. En plus, en France, le menu n’était composé que d’un steak et d’une petite salade, donc aucun rapport avec ce que l’on préparait chez nous à l’occasion de tels dîners. Et bien, imaginez que cela a suffi pour que Ceausescu décide que les Roumains mangeaient trop de pain et que l’on faisait du gaspillage en nourrissant les animaux – les porcs et les volailles – des restes de pain. C’est comme ça que l’idée lui est venue de réduire de 20% la consommation de pain. Une initiative qu’il a adoptée à la veille de la fête du Nouvel An».

    Une idée que Berghianu avoue avoir rejetée, en essayant de convaincre Ceausescu à changer d’avis : «A l’époque, je n’étais plus au Comité exécutif. Je n’étais plus ministre, mais ministre secrétaire d’État dans l’Industrie alimentaire. On m’avait rétrogradé après avoir dépensé l’argent public pour faire construire une piscine. Bon, bref. Sans me demander aucune statistique pour connaître l’évolution de la consommation de pain, Ceausescu a préféré convoqué Angelo Miculescu, à l’époque vice premier ministre et ministre du Développement, Ilie Verdet qui remplaçait Maurer à la tête du gouvernement et la ministre du Commerce, Ana Muresan, pour leur annoncer une réduction de 20% de la consommation de pain à compter du lendemain. Faites un décret de loi que je le signe! leur a-t-il dit. Personne n’a protesté. Sauf moi. J’ai pris la parole, en disant: camarade Ceausescu, je voudrais vous signaler quelques aspects – la consommation de pain a pourtant baissé ces dernières années; comme preuve on enregistre à présent une baisse de 8 à 10% par rapport à je ne sais plus quelle année. Il est vrai que l’on remarque une croissance de la production de petits pains et de croissants. N’empêche. L’idée est que la consommation a baissé. Pas du tout! s’est-il exclamé. Je veux réduire la consommation de pain! Mais, si vous me permettez, camarade Ceausescu, ai-je ajouté, le pain est le seul aliment pour lequel les Roumains ne doivent pas faire la file. Ça n’a fait qu’accroître sa colère. Pas de queue? Et ben dis donc, on aime bien dire qu’on affiche 3000 calories par habitant dont 1500 sont dus au pain. Qu’on y touche plus alors! S’il y avait eu au moins une ou deux personnes à soutenir ma position, peut-être que l’on aurait bien fini par le convaincre à changer d’avis. Mais comme je fus le seul à réagir, il s’est peut-être dit «tiens, il n’y a que çui-là qui fait les intelligents, tous les autres sont d’accord avec moi».

    Mais la mesure a provoqué la fureur de la population, se rappelle Maxim Berghianu: «Deux semaines plus tard, j’ai appris que des grèves avaient commencé à éclater. Les gens quittaient les combinats pour aller chercher du pain car, à la fin de leurs horaires de travail, ils n’en trouvaient plus. A Ploiesti, par exemple, on a écrit sur les wagons des trains «on veut du pain! Plus de travail sans pain! » La population se révoltait. Le 16 janvier, Ceausescu me convoque moi et Angelo Miculescu et il nous ordonne: donnez-leur autant de pain qu’ils veulent! Utilisez les réserves de blé de l’État pour faire autant de pain qu’il faut! En sortant du bureau de Ceausescu, on est allé voir Verdet qui avait également fait venir Ana Muresan. J’ai dit à Miculescu «vous vous souvenez quand j’ai dit qu’il ne faudrait pas réduire la consommation? » Une semaine plus tard, on m’a viré de l’Industrie alimentaire. Et les choses ne se sont pas arrêtées là. A l’époque, Ceausescu avait déjà commencé à gâcher la qualité de nos produits: à réduire la teneur en alcool dans les boissons alcoolisées, celle du sucre ou de l’huile, cela faisait les produits se périmer, car ils avaient aussi un rôle de conservateurs. Je m’y suis opposé. Et puis, une semaine plus tard, on a mis en place cette réduction de la consommation de pain. J’ai été limogé de l’Industrie alimentaire pour me voir installer au ministère du Travail où je n’avais plus à faire à l’économie. C’est comme ça que ça s’est passé. Il n’y avait que les côtés négatifs qui intéressaient Ceausescu. De retour d’une visite en Corée, par exemple, l’idée lui est venue de faire construire, en Roumanie aussi, des fabriques de plats cuisinés. Comment est-il possible de proposer à un peuple comme le nôtre avec une tradition culinaire allant des œufs sur le plat, en passant par le cassoulet et jusqu’aux sarmale de préparer des plats dans des cantines, sorte de fabriques de plats cuisinés, pour nourrir la population selon le modèle coréen?»

    Loin d’être un aliment ordinaire, le pain a été associé sous les communistes à la liberté et au droit des citoyens de vivre leur vie chacun à sa façon. (Trad. Ioana Stancescu)

  • A la une de la presse roumaine – 09.04.2015

    A la une de la presse roumaine – 09.04.2015

    A la veille de Pâques, quand la majorité des Roumains achètent les ingrédients pour le repas festif, les quotidiens roumains parlent à la une de la baisse de la TVA sur les denrées alimentaires. Entre temps, Dacia Groupe Renault et Ford déplorent le manque d’investissements dans l’infrastructure routière roumaine.


  • 02.04.2014 (mise à jour)

    02.04.2014 (mise à jour)

    Sommet — Le président roumain, Traian Basescu, participe à partir d’aujourd’hui à Bruxelles au 4e sommet UE-Afrique, intitulé « Investir dans les personnes, pour la prospérité et pour la paix ». Selon le chef de l’Etat, le sommet vise à renforcer la coopération politique et économique entre l’UE et les pays africains. L’occasion aussi d’adopter le Plan d’action commune pour la période 2014-2017.



    Evaluation — Une équipe d’experts de la Commission européenne procèdera jeudi à Bucarest à une évaluation des progrès enregistrés par la réforme de la justice et la lutte contre la corruption en Roumanie, dans le cadre du Mécanisme de coopération et de vérification (MCV). Mercredi, au cours des discussions avec les représentants de l’Agence nationale d’intégrité, les experts européens ont exprimé leur inquiétude au sujet du non respect de décisions de justice définitives concernant des élus en situation d’incompatibilité. Les experts ont également souligné la nécessité de l’équilibre entre la liberté de la presse et l’indépendance de la justice. Cette mission d’évaluation s’inscrit dans la préparation du rapport MCV à être rendu public fin 2014 ou début 2015.



    Accise — Le gouvernement roumain a approuvé mercredi la mesure permettant à l’Etat de reverser aux transporteurs quatre des sept centimes d’euro de majoration de l’accise par litre de carburant, en vigueur depuis le 1er avril. Selon le premier ministre roumain, Victor Ponta, grâce à cette mesure, les sociétés de transport resteront compétitives et l’impact de l’introduction de l’accise supplémentaire sera diminué. Les recettes au budget suite à l’introduction de la nouvelle taxe seront utilisées pour le financement des projets d’infrastructure, notamment pour la construction d’autoroutes. La mesure est contestée par le président, Traian Basescu. Lequel a déclaré que la politique fiscale et budgétaire mise en place par le gouvernement Ponta avec le FMI était erronée. De son côté, la chef de la mission du FMI en Roumanie, Andrea Schaechter, estime que le programme économique agréé avec la Roumanie est sur la bonne voie.



    Conférence — Le gaspillage de produits alimentaires peut être réduit de jusqu’à 60% par l’éducation et la technologie, a déclaré mercredi à Bucarest le ministre roumain de l’agriculture, Daniel Constantin, dans son intervention à la Conférence régionale des NU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Europe et l’Asie Centrale. Selon les données FAO, plus d’un milliard 300 millions de tonnes de produits alimentaires sont gaspillées dans le monde annuellement, ce qui représente un tiers de la production mondiale et 750 milliards de dollars de coûts.



    Grève — Le trafic aérien sur l’Aéroport International Henri Coanda de Bucarest est touché par la grève déclenchée aujourd’hui par les pilotes des compagnies allemandes Lufthansa et German Wings. Selon la direction de l’aéroport, une vingtaine de vols reliant Bucarest à Francfort et à Munich risquent d’être annulés. Sur la toile de fond de la grève dont la fin est prévue le 4 avril, le ministère roumain des Affaires étrangères recommande aux citoyens roumains de vérifier les horaires des deux compagnies aériennes.



    Salon — La Roumanie participe ces jours-ci au Salon International des Inventions de Genève, l’événement spécialisé le plus connu au monde. Selon un communiqué du ministère roumain de l’Education, la Roumanie y prend part avec plus d’une vingtaine d’inventions. De même, la Roumanie a trois représentants dans le jury international de la compétition, apprend-on par le communiqué. La Roumanie a été le grand gagnant de l’édition précédente du Salon de Genève, pour un système de scannage des avions, afin dy trouver entre autres des matériaux ou objets transportés illicitement.



    Festival – Le long-métrage « Al doilea joc », « Le deuxième jeu » du réalisateur roumain Corneliu Porumboiu sera projeté dans le cadre du Festival International du Film indépendant qui s’ouvre mercredi à Buenos Aires. L’événement qui fermera ses portes le 13 avril réunit 450 productions. Présenté en première mondiale au Festival International de Berlin, « Al doilea joc » suit un match de foot entre les clubs bucarestois de Steaua et de Dinamo, en 1988.

  • A la Une de la presse roumaine du 03.01.2014

    A la Une de la presse roumaine du 03.01.2014

    Les vertus d’une alimentation saine, mais aussi et surtout l’invasion annoncée des Roumains au Royaume Uni qui n’a pas eu lieu, ainsi que les changements et prévisions pour 2014 sont les thèmes dominants dans la presse électronique roumaine du jour.