Tag: Alina Pavelescu

  • “La princesse Bibesco. Frondeuse et cosmopolite” un livre par Aude Terray

    “La princesse Bibesco. Frondeuse et cosmopolite” un livre par Aude Terray

    Le top
    départ de la rentrée littéraire 2023 a été donné. Parmi les titres à découvrir
    dans les librairies françaises, notons le livre qu’Aude Terray, historienne du
    XXème siècle, consacre à la princesse roumaine Marta Bibescu. Intitulé
    « La princesse Bibesco, frondeuse et cosmopolite», le livre paru chez
    Tallandier suscite l’intérêt d’Alina Pavelescu, autrice, historienne et
    archiviste et surtout, grande admiratrice de cette princesse roumaine de
    naissance et française de plume. Ensemble, nous essayerons dans les minutes
    suivantes de vous donner, madame, monsieur, le goût à la lecture de cet
    ouvrage.

  • La reine Elisabeth et le roi Carol I

    La reine Elisabeth et le roi Carol I

    Par leur mariage, célébré en 1869, le roi Carol I et la reine Elisabeth ont formé le premier couple royal de Roumanie. Leur union s’est passée plutôt dans le calme et l’affection jusqu’à la fin des années 1890, comme le témoigne leur échange de lettres que les Editions Humanistas a publié sous forme d’un recueil en deux volumes intitulé « Avec tendre amour, Elisabeth. Fidèle à jamais, Carol ». Née à Neuwied en 1843, Elisabeth s’est fait un devoir d’encourager les arts et les artistes de sa nouvelle patrie. Elle-même inscrite sur le chemin de la littérature, la reine allait signer plusieurs ouvrages littéraires sous le pseudonyme de Carmen Sylva. Son penchant artistique est devenu d’ailleurs son principal refuge après la mort prématurée de son unique enfant, la princesse Maria, décédée à l’âge de 5 ans, en 1874. Son affection maternelle, la reine Elisabeth allait l’offrir des années plus tard à sa demoiselle d’honneur, Elena Văcărescu. Descendante d’une illustre famille de boyards érudits et deux fois primée par l’Académie Française pour son talent littéraire, Elena Văcărescu a été, pour un bref laps de temps, la fiancée du futur roi Ferdinand, empêché par son statut politique de l’épouser. En fait, ce fut justement cet événement qui a déclenché la correspondance entre le roi et la reine, parue dans le second volume du recueil « Avec tendre amour, Elisabeth. Fidèle à jamais, Carol » L’historienne Alina Pavelescu nous en parle :

    « Dans ce volume, le côté humain des deux protagonistes est mis en valeur par leur correspondance, qui nous plonge dans un univers familier, à savoir celui des relations de couple. Le volume gravite autour du célèbre scandale déclenché par les fiançailles du prince Ferdinand avec Elena Văcărescu. C’est une histoire dont on a beaucoup parlé à l’époque, puisqu’elle a commencé par des séances de spiritisme dont la reine Elisabeth s’était passionnée et pendant lesquelles Elena Văcărescu avait servi de médium (…). Comme on le sait déjà, les choses ont mal tourné pour la reine, contrainte à s’exiler plusieurs années durant de la cour royale, sans droit d’y retourner. Or, cette correspondance a lieu justement pendant cet exil durant lequel ce mariage modèle, comme on se plaisait à qualifier à l’époque la relation entre le roi Carol et la reine Elisabeth, traverse sa crise la plus profonde. Peut-être plus profonde que celle provoquée par l’incapacité de la reine de donner un héritier à la Roumanie. On assiste à un remarquable déploiement de logique de la part du roi, qui s’efforce de faire comprendre à son épouse ce qui s’est passé en fait et en quoi elle était fautive (…). On retrouve donc un roi très calme et raisonnable, un époux patient qui passe l’éponge sur les moments les plus délicats et difficiles à pardonner de sa vie de couple. Il passe donc l’éponge sur un épisode qui équivaut à un véritable coup politique et il fait l’effort de pénétrer dans l’univers de sa femme. »

    Mais, qu’est ce – qui s’est passé en fait avec les fiançailles d’Elena Vacarescu et du prince Ferdinand? Romanița Constantinescu, figurant parmi les éditrices de ce deuxième volume de correspondance du couple royal, nous répond: « Je voudrais vous dire qu’à l’poque, ce mariage n’était pas aussi improbable qu’il en l’air aujourd’hui et que ce fut une situation effectivement sur le fil du rasoir. Cela se passait en 1890, une année spéciale pour le roi, puisque c’était le 25-e anniversaire de son arrivée à la tête de l’État roumain. Or, ces fiançailles ont eu lieu en mai 1891, à Bucarest, au lendemain des fêtes de Pâques. Le roi Carol, qui en est informé après coup par l’homme politique libéral Dimitrie Sturdza, a une discussion avec la reine Elisabeth et avec le prince héritier Ferdinand au sujet des intentions de celui-ci. Et le prince, très ému, lui demande la permission d’épouser Elena Văcărescu. (…) Tout de suite après, le 12 juin, le roi Carol I envoie une lettre inquiète à son frère Léopold, père du prince héritier Ferdinand, au domaine de Sigmaringen. Cette lettre explique la position du roi dans cette histoire. Dans une autre lettre du 18 septembre 1892, envoyée à la reine Elisabeth, le roi affirme ne pas avoir rejeté d’emblée l’idée du mariage de Ferdinand avec Elena Văcărescu, par amour et par respect pour la reine et pour son neveu et prince héritier, qu’il soutenait d’ailleurs. Il a cependant laissé le dernier mot au Conseil des ministres, présidé par le général Ioan Emanoil Florescu, qui n’a pas approuvé les fiançailles. »

    La classe politique roumaine a préféré cette issue de l’histoire pour éviter une guerre intestine, d’influence sur la couronne, notamment entre les familles de boyards auxquelles Elena Văcărescu était apparentée. Cette décision a non seulement fait souffrir les jeunes fiancés, elle a aussi eu des effets pour la reine Elisabeth, qui a dû s’exiler dans plusieurs pays européens, avant de rentrer à Bucarest en 1894. C’est Silvia Irina Zimmermann, également éditrice de la correspondance royale, qui décrit cet épisode. « Ce que nous avons sous nos yeux sont les lettres d’une reine, mais surtout les lettres d’une écrivaine et d’une artiste plasticienne, détail peu connu d’ailleurs de sa personnalité. Nous y découvrons de très nombreux détails sur son activité littéraire, et ça c’est une surprise, car l’on avait pensé qu’elle avait mis son activité littéraire entre parenthèses durant l’exil. Or les lettres décrivent une tout autre réalité. Le reine Elisabeth a vécu d’abord en Italie, à Venise entre juillet et septembre 1891, ensuite à Palanzza entre septembre 1891 et juin 1892, et ensuite à la résidence de sa mère, à Neuwied, de juin 1892 à la fin du mois de juillet 1894. Qu’est-ce que la correspondance du couple royal roumain nous dit ? Eh bien, nous apprenons qu’une Elisabeth mécontente de l’exil, imposé par le roi après la rupture des fiançailles d’Elenei Văcărescu, confie à son époux royal que le chagrin et la maladie l’avaient éloignée de toute inspiration poétique. (…) Nous constatons pourtant que l’exil de la reine Elisabeth a été une période particulièrement riche en créations littéraires et d’art décoratif, dont certaines pièces sont, aujourd’hui encore, exposées dans des musées de Roumanie. Pendant son exil, entre 1891 et 1893, la reine a publié, sous le nom de plume Carmen Sylva, cinq ouvrages – trois recueils de poèmes et deux pièces de théâtre, dont deux ont été justement le fruit de cette période particulière. »

    Également durant cette période d’exil, la reine a écrit plusieurs textes, ramassés ensuite dans des volumes de mémoires et de contes, publiés après sont retour en Roumanie. La reine Elisabeth a donc su transformer la douleur de l’exil en source de création artistique. (Trad. Ioana Stăncescu, Ileana Ţăroi)

  • Wahrnehmung des Kommunismus 30 Jahre danach: gemischte Bewertung

    Wahrnehmung des Kommunismus 30 Jahre danach: gemischte Bewertung

    Laut einer Meinungsumfrage glauben nach 30 Jahren seit dem Sturz der kommunistischen Regime in Osteuropa immer noch 27% der Rumänen, dass das kommunistische Regime gut für Rumänien war, weitere 30% sind hingegen der Auffassung, dass der Kommunismus schlecht war. Gleichzeitig antworten 34,4% der Befragten mit der Äu‎ßerung Die Dinge sind komplizierter; Der Kommunismus in den 1950er Jahren war eine Sache, der während des Ceauşescu-Regimes war anders.“



    Eine weitere soziologische Umfrage, die im November gestartet wurde, zeigt, dass die Hälfte der Rumänen glaubt, dass es im Kommunismus besser gewesen sei. Diese Art von Umfragen wird seit 1989 durchgeführt, und die Ergebnisse waren stets etwas anders. Zum Beispiel glaubte 20 Jahre nach der Dezemberrevolution von 1989 etwa die Hälfte der Rumänen, dass es vorher besser war, und 14% von ihnen glaubten, dass sich die Dinge nicht zum Guten geändert hätten. Unabhängig von den Unterschieden zwischen den Methoden und Ergebnissen ist es ganz klar, dass es viele positive Wahrnehmungen gibt, vielleicht genauso viele wie die negativen. Die Forscherin Manuela Marin von der West-Universität in Timişoara (Temeswar) hat in mehreren Studien das Phänomen analysiert, das als kommunistische Nostalgie“ bezeichnet wurde. Sie ist der Meinung, dass man zur Erklärung dieses Phänomens diejenigen Aspekte analysieren sollte, die die Menschen in Bezug auf die jüngste Vergangenheit als positiv wahrnehmen. Manuela Marin:



    Nach dem, was mir aufgefallen ist, geht es hier vor allem um das Wohlbefinden, das den Menschen durch die staatliche Bevormundung zuteil wird: ein stabiler Arbeitsplatz und Lebensbedingungen, die als anständig angesehen wurden, bis hin zu einer gewissen Gleichheit in der Gesellschaft. Was die Rumänen am Kommunismus meiner Meinung nach schätzten, war der bevormundende Staat, der sich in das Leben der Bürger einmischte. Auch im Hinblick auf frühere Umfragen sollte erwähnt werden, dass die Rumänen nicht wieder in das politische Regime mit all seinen Einschränkungen der Rede- und Meinungsfreiheit zurückkehren wollen. Was sie wollen, ist eine Mischung zwischen dem sozialistischen Wohlergehen und der Freiheit, die sie jetzt genie‎ßen.“




    In Wirklichkeit war der sozialistische Wohlstand eine Illusion. Wie könnte man also diese verschönte Wahrnehmung der Vergangenheit erklären? Manuela Marin versucht es und antwortet:



    Wir müssen daran denken, dass es in den 1970er–1980er Jahren und sogar in den 1960er Jahren, weil man normalerweise zwischen den verschiedenen Stadien des Kommunismus unterscheidet, den Menschen darauf ankam, eine Wohnung in einem Wohnblock zu bekommen, Zugang zu Elektrizität und hei‎ßem Wasser zu haben und auch ein stabiles Einkommen zu erlangen. Für die in den 1940er und frühen 1950er Jahren geborene Generation war das das Maximum an Wohlstand, von dem sie träumen konnte. Die 1970er Jahre gelten als die Jahre des sozialistischen Wohlstands, aber die Menschen damals hatten nichts, womit sie diesen Wohlstand vergleichen konnten. Sie erinnern sich nur an den festen Arbeitsplatz, an den Urlaub am Meer oder in den Bergkurorten und dass sie sich irgendwann eine Waschmaschine oder einen Fernseher leisten konnten. Wir müssen diejenigen verstehen, die vom Land kamen und sich in einer Stadt oder einem besser entwickelten Ort niederlie‎ßen, das war ein Schritt nach vorn in Bezug auf den materiellen Wohlstand.“




    All diese Vorteile und Fortschritte wurden vom Staat bereitgestellt, so dass die positive Wahrnehmung des Kommunismus auch eine Frage der Nostalgie für diese Art von fürsorglichem Staat ist. Im Kommunismus wurde alles vom Staat geregelt: Arbeit, Wohnung, Urlaub und sogar Freizeit. Der schnelle und traumatische Niedergang der Wirtschaft, der durch den angekündigten Übergang vom Sozialismus zum Kommunismus ausgelöst wurde, verwirrte viele und lie‎ß sie von einer Art involviertem Staat träumen, was aber seinen Preis haben sollte, wie Manuela Marin erläutert:



    Der Einzelne sah sich mit einer Vielzahl von Herausforderungen konfrontiert, die alles in Frage stellten, was ihm bis dahin vertraut war: die eigene Existenz und das Leben im Allgemeinen. Es geht um das, was ich das Verschwinden des Gesellschaftsvertrages nenne. Der kommunistische Staat ist ein paternalistischer Staat, der einen gewissen ungeschriebenen Sozialvertrag mit den einfachen Bürgern abgeschlossen hat: Ich sorge für eure Grundbedürfnisse, und ihr verpflichtet euch, euch zu unterwerfen und die Entscheidungen der kommunistischen Partei oder des Staates umzusetzen.“




    30 Jahre nach dem Untergang dieses bevormundenden Staates haben es die nachfolgenden Regierungs- und Verwaltungsstrukturen nicht geschafft, die Abhängigkeit vom Staat durch das Vertrauen in die Funktionsfähigkeit einiger Institutionen zu ersetzen, die bestimmte Rechte garantieren. Wir haben mehr dazu von der Historikerin Alina Pavelescu, der stellvertretenden Direktorin des Nationalarchivs in Bukarest, erfahren:



    Gegenwärtig bedeutet es für einen Bürger, sich gut aufgehoben und sicher zu fühlen, auch den anderen Mitgliedern der Gesellschaft, den Behörden und Institutionen zu vertrauen. Und dieser Mangel an Vertrauen ist verständlich, solange die Beziehungen zwischen Bürgern und Institutionen in unserem Land nicht so gut sind, mit so vielen ungelösten Fragen in den letzten 30 Jahren, die sowohl mit dem kommunistischen Regime als auch mit der postkommunistischen Zeit zusammenhängen, als viele ehemalige Bonzen des kommunistischen Regimes die öffentliche Agenda besetzten und nur ihre persönlichen Interessen verfolgten. Die Folge ist das mangelnde Vertrauen der Bürger in andere Menschen und auch in die Institutionen.“




    Andererseits sind viele der im Kommunismus entstandenen Probleme nur mühsam und teilweise gelöst worden. Ganz im Gegenteil, viele negative Aspekte haben sich hartnäckig gehalten und haben mancherorts sogar zugenommen. Und das habe bei den jungen Leuten, die glauben, dass es sich um Phänomene aus der jüngsten Vergangenheit handelt, Verwirrung gestiftet, meint Alina Pavelescu:



    Es ist ziemlich merkwürdig, dass viele junge Leute oder Menschen mittleren Alters sagen, dass es früher besser gewesen sei, wenn man bedenkt, dass diejenigen, die damals lebten, wissen sollten, dass zum Beispiel die Behandlungsbedingungen in den Krankenhäusern schrecklich waren, so viel schlimmer als heute. Das Bestechungssystem zum Beispiel stand bereits in den 1980er Jahren fest im Sattel und hatte sich in allen Krankenhäusern verbreitet.“




    Aber damit die jüngeren Generationen über all diese Dinge erfahren, sollte die Geschichte des Kommunismus besser vermittelt und verstanden werden. Bildung und geringere Erwartungen an einen paternalistischen Staat könnten Lösungen für die jüngeren Generationen sein, um die aus dieser Zeit geerbten Mentalitäten loszuwerden. Alina Pavelescu glaubt, dass Kinder heute die Chance haben, in einer offenen Gesellschaft und einer Welt zu leben, in der ihr kritisches Denken frei wachsen kann.

  • Des perceptions sur le communisme, 30 ans après

    Des perceptions sur le communisme, 30 ans après

    30 ans après la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est, 27% des Roumains considèrent que le communisme a fait beaucoup de bien au pays et près de 30% trouvent qu’il a fait davantage du mal à la Roumanie. Cette même étude montre que près d’un tiers des Roumains ont préféré la réponse « Les choses sont plus complexes. Le communisme des années ’50 est très différent de celui du régime Ceauşescu. » Une autre enquête sociologique récente relève le fait que plus de la moitié des Roumains considèrent que « c’était mieux au temps du communisme ». Ce type de sondage est mené régulièrement en Roumanie depuis 1989 avec des résultats pas si différents.

    Par exemple, 20 ans après la révolution anticommuniste, près de la moitié du pays pensait que « c’était mieux » au temps du régime communiste et 14% des répondants estimaient que rien n’avait changé. Mais malgré les différences entre les résultats et les méthodologies des recherches, une chose est claire : une perception positive du communisme est plutôt répandue parmi la population roumaine, peut-être tout aussi répandue que l’image négative du régime. La chercheuse Manuela Marin, de l’Université de l’Ouest de Timişoara, a analysé, à travers plusieurs études, ce que l’on appelle aujourd’hui « la nostalgie du communisme ». Elle considère que, pour expliquer le phénomène de la nostalgie, il faut analyser les aspects positifs que les Roumains associent au passé récent. Manuela Marin :« Selon mes observations, ça concerne notamment la partie matérielle, ce type de bien-être matériel assuré par l’Etat paternaliste : de la stabilité de l’emploi et des conditions de vie que les gens considéraient comme correctes, jusqu’à ce qu’ils percevaient comme une quelconque égalité des individus dans la société roumaine. Il me semble que ce que certains Roumains apprécient du régime communiste est, en fait, cet Etat paternaliste qui s’impliquait dans la vie des citoyens. Il faudrait aussi mentionner, par rapport aux enquêtes des années précédentes, que les Roumains ne souhaitent pas retourner au régime politique précédent, avec ses limitations en matière de liberté individuelle et de liberté d’expression. Les gens voudraient plutôt une formule mixte, qui mette ensemble la prospérité de type socialiste et leur liberté actuelle. »

    Mais la prospérité socialiste n’était pas une prospérité réelle. Comment expliquer alors cette perception pour le moins tempérée du passé ? Manuela Marin :« Il faut être conscient que pour les gens des années 1970-1980, même pour ceux des années 1960 – il y a cette distinction de date récente entre le communisme des différentes périodes historiques ; il était important d’être propriétaire d’un appartement, d’avoir accès à l’électricité, à l’eau chaude et une source de revenu stable. Pour la génération née dans les années ’40 et au début des années ’50, c’était là le maximum de bien-être matériel qu’ils avaient osé espérer. Les années ’70 sont considérées comme l’âge d’or socialiste. Les gens n’avaient alors aucun terme de comparaison pour juger de leur niveau de vie. Ils se souviennent des choses concrètes: avoir un emploi stable, pouvoir passer ses vacances à la mer ou à la montagne et, parfois, pouvoir acheter un lave-linge ou une télé. Il faut comprendre ces personnes qui, auparavant, avaient vécu à la campagne et qui s’établissaient dans les villes à ce moment-là. Pour eux, c’était, un gain de prospérité. »

    Durant l’époque communiste, c’était l’Etat qui mettait tout à disposition : emplois, logements, vacances, loisirs. Une raison de plus pour que la transition économique du communisme vers le capitalisme soit, pour beaucoup, synonyme de bouleversement. Cette perturbation a laissé une partie de la population nostalgique du rôle joué par l’Etat. Mais, le rappelle Manuela Marin, il y avait un prix à payer pour cela :« L’individu s’est vu confronté à tout un tas de défis qui remettaient en question toute sa connaissance de la vie et de l’existence. C’est ce que j’appelle la disparition du contrat social. L’Etat communiste, paternaliste, avait conclu un accord non écrit avec le citoyen: j’assure tes besoins vitaux et tu t’engages à m’obéir, à mettre en application les décisions du parti communiste et de l’Etat. »

    30 ans après la chute de cet Etat paternaliste, les structures gouvernementales et administratives installées par la suite n’ont, vraisemblablement, pas réussi à remplacer la dépendance de l’Etat par une confiance dans le bon fonctionnement des institutions qui garantissent les droits des citoyens. C’est l’avis de l’historienne Alina Pavelescu, directrice adjointe des Archives nationales de Bucarest :« Le sentiment de bien-être et de sécurité du citoyen dépend de la confiance faite aux autres membres de la société, aux autorités et aux institutions. Chez nous, la relation entre le citoyen et les institutions est quelque peu dysfonctionnelle, avec tant de choses non-expliquées ces 30 dernières années, liées à la période communiste, mais aussi à l’époque post-communiste. Comment ces personnes, qui faisaient partie de l’appareil communiste, ont-elles fait, pour continuer à tirer avantage après 1990 ? Tout cela a pour conséquence le manque de confiance réciproque des citoyens, mais aussi des citoyens dans les institutions. »

    Par ailleurs, beaucoup de problèmes surgis pendant le communisme n’ont pas été résolus à temps. Au contraire, ils ont été entretenus, à bon escient, pour créer de la confusion parmi les jeunes, qui les considèrent comme des phénomènes récents. Alina Pavelescu :« Il est bizarre de voir que beaucoup de gens jeunes ou moins jeunes disent que c’était mieux avant. Les gens qui ont vécu à l’époque devraient savoir, par exemple, que les conditions dans les hôpitaux étaient terribles. Parfois bien plus terribles qu’à présent. Entre autres, le fait de donner des bakchichs était monnaie courante dès les années 1980. »

    Mais pour que les jeunes générations apprennent ces choses, il est nécessaire que l’histoire du communisme soit connue et comprise. L’éducation, de pair avec la diminution des atteintes liées à l’Etat, peuvent aider les jeunes à se débarrasser de la mentalité héritée du communisme. Selon Alina Pavelescu, le renouveau est toujours à la base une histoire de juniors : « Je suis très optimiste quand je pense aux enfants d’aujourd’hui, qui vivent dans un monde beaucoup plus ouvert que ce que nous aurions pu imaginer. Pas seulement ceux qui ont connu le communisme, mais aussi ceux qui, dans les années ’80, vivaient dans des sociétés démocratiques. Même si l’école essaie d’éviter le sujet du communisme et même si les parents essaient de les garder à l’écart de ce sujet, les jeunes cherchent à apprendre des informations souvent contradictoires. C’est ainsi que se forme leur esprit critique, en clarifiant et en comprenant ces informations. Elle est là ma source d’optimisme, dans le fait de vivre dans une société ouverte. Et pour que cela perdure, il faut prendre soin de la garder ainsi. » (Trad. Elena Diaconu)

  • Regele Carol al II-lea şi Elena Lupescu

    Regele Carol al II-lea şi Elena Lupescu

    Rege al
    României între 1930 și 1940, Carol al II-lea este și în prezent un personaj
    istoric controversat. Pe de o parte, a inaugurat dictatura regală personală în
    1938, desființând partidele politice, și a fost nevoit să abdice în 1940, după
    ce, prin ultimatumuri succesive, România Mare s-a destrămat, Basarabia fiind
    cedată URSS și Ardealul Ungariei horthyste. Pe de altă parte, a fost un monarh
    care a încurajat dezvoltarea culturală și economică a țării. Dar aspectul
    biografiei sale care a suscitat cele mai multe clișee, bârfe și controverse
    rămâne relația sa sentimentală cu Elena Lupescu. Victimă a unor campanii de denigrare
    succesive – cea a guvernelor liberale din anii 1920, cea antisemită dusă de
    Garda de fier și, în fine, cea din timpul regimului comunist – e dificil de
    aflat azi cum era, în realitate, Elena Lupescu, rolul ei în politiva vremii și
    adevărata substanță a relației ei cu Carol al II-lea.

    Certe sunt anumite date.
    În 1925, princepele moștenitor Carol – fiul regelui Ferdinand și al reginei
    Maria – a renunțat la tron pentru a trăi la Paris, alături de amanta sa, Elena
    Lupescu, fiica unui farmacist evreu convertit la ortodoxie și fosta soție a
    unui ofițer pe nume Ion Tâmpeanu. Odată cu exilarea voluntară, a renunţat și la
    moștenirea tronului României care i-a revenit în 1927, după moartea regelui
    Ferdinand, fiului său minor, Mihai, conceput cu soția sa legitimă, principesa
    Elena a Greciei. Căsătoria aceasta a fost, de altfel, desfăcută de Curtea Supremă a României din cauza
    nepotrivirii și abandonarea domiciliului conjugal în 1925. Situația s-a
    schimbat, însă, cinci ani mai târziu când, reîntors în România, Carol și-a
    recuperat tronul, a trimis-o în exil pe fosta soție și a devenit regele Carol
    al II-lea.

    Spre deosebire de ruda sa britanică, Eduard al VIII-lea care a
    renunțat la domnie pentru a se căsători cu Wallis Simpson, o americană
    divorțată, Carol al II-lea a decis să conducă având-o lângă sine, chiar dacă în
    penumbră, pe Elena Lupescu. A fost începutul unei perioade pline de
    transformări pentru România: pe de o parte o dezvoltare culturală și economică
    fără precedent în istoria țării, pe de altă parte frământări și schimbări
    socio-politice, înflorirea extremismului de dreapta, dar și instaurarea
    dictaturii regale. În jurul regelui se coagulase un grup de favoriți, denumit
    de presa vremii camarilă și dominat, se pare, de Elena Lupescu. Ea a fost, de
    multe ori, țapul ispășitor – pe bună dreptate sau nu – al nemulțumirilor venite
    din toate direcțiile spectrului politic și nu numai.

    Dar care este adevărul din
    spatele campaniilor de denigrare din trecut și al clișeelor din prezent sub
    forma căreia ne-o reprezentăm pe Elena Lupescu, poreclită Duduia? Un răspuns
    încearcă să ofere o recentă apariție editorială – Regele și duduia. Carol II
    și Elena Lupescu dincolo de bârfe și clișee – scrisă de Tatiana Niculescu și
    publicată la Humanitas. Cartea este o dublă biografie – a Elenei și a lui Carol
    -, dar mai ales, o biografie a relației lor care, la finalul lecturii, apare
    cititorilor ca o autentică și profundă poveste de dragoste. Mai mult de atât.
    Recitind scrisorile dintre cei doi, descoperind documente de epocă nestudiate
    până azi – cum ar fi foia matricolă a Elenei Lupescu – sau analizând modul în
    care cuplul acesta a fost supravegheat de poliție și servicii secrete cam peste
    tot pe unde se ducea, personalitatea celor doi se eliberează de clișee și se
    umanizează. Mai ales, duduia ne apare cu defectele și calitățile ei strict
    omenești, întâlnite și la alți semeni ai noștri.

    Alina Pavelescu, directoarea
    adjunctă a Arhivelor Naţionale din Bucureşti, şi-a format o părere despre
    aspectele mai puţine cunoscute din biografia Elenei Lupescu prezentate în
    carte. Alina Pavelescu. M-am amuzat citind că, la pension, Elena Lupescu excela
    la materia intuiție unde avea cele mai mari note. Tot așa m-am amuzat de
    limbajul, uneori, vulgar al scrisorilor de dragoste dintre cei doi și de
    platitudinile pe care și le comunicau. Foloseau apelative precum fetițo,
    Carolică sau maică și altele care acum amuză. Dar, se pare, că în felul
    ăsta, ei parodiau cu plăcere stilul personajelor lui Caragiale. Dar, până la
    urmă, faptul că ei au ales să-și exprime dragostea într-un stil neelaborat,
    le-a delegitimat sentimentele? Nu, deloc. Până la urmă, ceea ce se poate spune
    cu siguranță despre aceste două personaje este că fiecare dintre ele a fost
    omul vieții celuilalt. Această poveste de dragoste dintre regele Carol al
    II-lea și Elena Lupescu n-ar trebui citită neapărat într-o cheie politică. Mă
    îndoiesc că destinele României ar fi fost schimbate, dacă Elena Lupescu n-ar fi
    existat în viața lui Carol al II-lea și mă îndoiesc că el ar fi știut să fie un
    altfel de rege, dacă în viața lui n-ar fi existat Elena Lupescu


    În acelaşi timp, contradicţiile din personalitatea
    regelui Carol al II-lea se pot regăsi în mulţi reprezentanţi ai generaţiei
    tinere din perioada interbelică, mai ales la cei născuţi după 1900. Alina
    Pavelescu. Carol al II-lea este reprezentantul acelei
    generații de tineri afirmată după Primul Război Mondial, generația pe care
    Mircea Eliade a descris-o în presa epocii, o generație care a avut rătăcirile
    ei de extremă dreaptă, dar care a fost copilul Marelui Război. Generația asta a
    fost copilul unei traume istorice şi-și dorea s-o rupă cu tiparele lumii vechi.
    Or asta a făcut șu Carol al II-lea, într-o manieră foarte discutabilă. A rupt-o
    cu tiparele lumii vechi. A distrus și stabilitatea imaginii regalității, punând
    de multe ori în poziții extrem de fragile regalitatea românească și familia
    regală, iar pentru asta, nu e de lăudat. Dar există și o altă latură a
    caracterului său. Poate că, dacă n-ar fi fost rege, ar fi fost un persoană mai
    simpatică. Poate dacă nu și-ar fi legat numele de pierderea României mari, pe
    care părinții lui o patronaseră cu succes, n-ar fi fost un rege atât de
    lamentabil. Dar asta n-avem de unde să știm


    După ce a abdicat în 1940, Carol a plecat cu Elena
    Lupescu în exil, într-un lung periplu care i-a dus din Brazilia, în Mexic şi,
    în final, în Portugalia. S-au şi căsătorit în 1947 în Brazilia, dar s-au
    stabilit la Estoril, în Portugalia, unde fostul rege a şi murit în 1953. Soţia
    sa i-a supravieţuit până în 1977.