Tag: altas

  • Atlas de la culture – établissements culturels du monde rural

    Atlas de la culture – établissements culturels du monde rural

    Un « Atlas de la culture », récemment
    publié, met en lumière un problème pressant : la remise en fonction des
    établissements culturels dans le monde rural roumain, éléments essentiels de l’infrastructure
    publique, de culture et d’éducation. Le volume en question procède à une
    évaluation de la vie culturelle dans cet espace particulier, en prenant en
    compte la distribution des éléments d’infrastructure, les évènements culturels
    et autres.








    L’Atlas a vu le jour grâce à l’Institut national de
    recherche et de formation culturelle (INCFC), du ministère de la culture, et il
    est réalisé avec la participation de l’Institut national de la statistique (INS),
    a expliqué la directrice de l’INCFC, Carmen Croitoru : « C’est une
    première démarche qui nous appartient, dans le cadre d’un programme lancé il y
    a plusieurs années déjà. En fait, nous nous sommes proposé d’inventorier les
    actions du secteur culturel et je dois dire que cette démarche n’aurait
    probablement pas vu le jour en l’absence de l’aide précieuse de l’INS. Nous
    avons donc commencé à faire des recherches et à cartographier ces
    infrastructures culturelles, qui sont aussi bien la première barrière de
    consommation que la première barrière d’accès à la culture en Roumanie. »






    Parlant de la réalisation de l’Atlas de la culture, Carmen
    Croitoru a aussi rappelé le nom de Dimitrie Gusti (1880-1955), fondateur de
    l’école roumaine de sociologie : « Permettez-moi de vous
    donner quelques informations techniques sur l’Atlas: il est le résultat d’une
    recherche étalée sur deux ans, durant lesquels nous avons collecté des données,
    des documents, des statistiques. Nous avons aussi fait un travail de terrain,
    comme à l’époque de Dimitrie Gusti, une pure joie qui nous a permis de voir comment
    l’on mène effectivement une recherche sociologique de ce genre. Le résultat
    lui-même n’est pas vraiment réjouissant, puisqu’il met en lumière un état des
    lieux plutôt inquiétant. Dans le milieu rural de Roumanie, nous avons des
    institutions qui devraient livrer de la culture. Or, vous verrez dans ce volume
    que ces institutions ne remplissent pas toujours leur tâche. Cet atlas est une
    des plus amples initiatives d’établir de telles cartes, que nous essayons
    d’appliquer à d’autres institutions aussi. Notre démarche a également voulu
    avancer une proposition de politique publique relative aux établissements
    culturels, car des solutions existent toujours. De très nombreuses ONG, qui ont
    déjà des initiatives d’intervention culturelle, ont besoin de très peu d’aide
    pour atteindre leurs objectifs. »






    Le président de l’Institut national de la statistique,
    Tudorel Andrei, s’est arrêté sur les avantages de cette recherche : « La
    première chose à faire pour arriver au résultat escompté c’est de réaliser une
    évaluation juste, d’avoir une image exacte de la réalité et une base de données
    que l’on puisse mettre à jour quotidiennement. Sinon, à chaque fois, l’on
    repartira à zéro, l’on construit sans savoir où nous en sommes et sans savoir
    où nous voulons aller. En tant que statisticien, je peux vous dire ce que nous
    constatons. Sur l’ensemble de la population de Roumanie, la population rurale a
    très peu baissé depuis les années 1970. Elle se maintient dans la même
    fourchette, entre 46% et 50%. Chez nos voisins, ce taux est de moins de 20%. Autre
    vérité exprimée par les statistiques est celle du vieillissement de la
    population rurale. Dans beaucoup de départements du pays, notamment autour des
    grandes villes, dont Bucarest, l’âge moyen dépasse les 48-50 ans. Vu cette
    réalité, quel service culturel la collectivité locale et l’État roumain
    devraient-ils offrir à cette population ? Or, ça c’est un problème
    difficile, car le service culturel doit prendre en compte l’âge des personnes
    de la zone cible. »






    Présent lui-aussi au lancement de l’Atlas de la
    culture, le directeur du Musée national du Paysan roumain, Virgil
    Nițulescu, a déclaré : « Il nous aurait fallu un tel ouvrage depuis plusieurs
    années. C’est dommage d’avoir à peine maintenant une telle base de données et
    une telle analyse, car ce que l’Institut national de recherche et de formation
    culturelle fait c’est justement ça: réaliser des analyse et préparer le terrain
    pour le lancement de politiques publiques. L’Institut a offert cet outil
    accompagné d’un rapport exhaustif, je dirais, ou en tout cas bien structuré,
    une analyse très appliquée de l’état des établissements culturels du milieu
    rural. C’est le point de départ de notre activité future. Seules quelques
    communautés rurales détiennent de tels établissements en bon état, avec une
    activité remarquable, florissants, je dirais. Une majorité écrasante de ces
    communautés n’a pas d’infrastructure culturelle fonctionnelle et il ne faut pas
    oublier que leurs habitants sont eux-aussi nos concitoyens. Donc l’État roumain
    et les pouvoirs locaux devraient offrir des conditions égales à tous les
    citoyens roumains, quel que soit l’endroit où ils vivent. »






    Le directeur de la Bibliothèque nationale de Roumanie,
    Adrian Cioroianu, a rappelé les deux grandes causes à l’origine de la situation
    actuelle, ainsi que l’activité du sociologue Dimitrie Gusti, qui devrait servir
    de leçon à nos contemporains : « Je voudrais vous rappeler deux choses:
    l’histoire nous montre qu’en règle générale, un effet peut avoir plusieurs
    causes. Ce qui se passe aujourd’hui, cette situation désastreuse, liée à
    l’involution de la culture dans le milieu rural, est le résultat de plusieurs
    causes. D’une part, il y a des causes politiques, ou plutôt une politisation
    excessive de certaines choses qui ne devraient pas être politisées, par exemple
    l’éducation, la culture, la santé, la sécurité. Une autre cause est le
    vieillissement de la population, dont les scientifiques et les statisticiens en
    parlent ; mais non seulement nous ne prenons pas de mesures, nous ne
    discutons même pas des éventuelles mesures à prendre. Nous parlons de Gusti et
    de l’année 1921, lorsque la Roumanie souffrait à cause de beaucoup de manques,
    mais elle avait une natalité florissante. Honnêtement, l’Europe entière
    vieillit, ce qui est probablement le principal problème du monde moderne. Mais
    le type-même de société dans laquelle nous vivons ne changera-t-il pas ? À mon
    avis, la solution n’est pas de revenir à Dimitrie Gusti, qui a été un
    visionnaire pour les années 1920. Nous, nous devons chercher les visionnaires
    d’aujourd’hui pour le monde de demain. »
    , a conclu le directeur de la Bibliothèque nationale de
    Roumanie, Adrian Cioroianu. (Trad. Ileana Ţăroi)