Tag: Andreea Demirgian

  • O nouă cărticică pentru copii,  “La ce visează oamenii de zăpadă”

    O nouă cărticică pentru copii, “La ce visează oamenii de zăpadă”

    Fosta noastră colegă Andreea Demirgian, sau Ada – aşa cum o cunosc prietenii şi miile de fani care îi urmăresc de ani de zile blogul- a pregătit o surpriză de sărbători: o nouă cărticică pentru copii, din care aflăm La ce visează oamenii de zăpadă.

    De doi ani locuieşte în Canada, la Toronto, acolo unde va lansa cartea în această săptămână. Andreei îi e dor de România şi nu a întrerupt nicio clipă legătura cu limba română, pe care ne îndeamnă să o păstrăm cu sfinţenie, citind cât mai mult şi nerenunţând la ea, chiar şi atunci când nu mai locuim în ţară. Sau mai ales atunci.

    Ce alte urări are Andreea Demirgian pentru cei care ne ascultă aflăm din interviul următor.


  • Les confessions d’un marchand de café

    Les confessions d’un marchand de café

    Gheorghe Florescu est un des marchands et préparateurs de café les plus connus de Bucarest et ce depuis une quarantaine d’années. Pour lui, le café est un élixir d’intelligence et d’amour, qui prolonge la vie et rend l’esprit plus clair.« Savourer une tasse de café est pour moi l’instant le plus beau de la journée », nous a-t-il avoué, lorsque, par un matin morose de mars, nous lui avons rendu visite. L’arôme du café torréfié envahissait la pièce.




    Cette odeur singulière et chaude, à même de vous réveiller du sommeil le plus profond, qui hante Gheorghe Florescu dès son enfance. « Mon premier contact avec le café s’est passé à mes huit ans, dans la cour de mon parrain, Gheorghe Georgescu. C’est là que Baruir Nersesian, un des Arméniens les plus célèbres au monde, tenait une boutique de café qui donnait sur la rue. Avec ses cafés hors pair, Baruir Nersesian avait déjà conquis New York. Je me tenais près de la machine à griller le café et mes narines reniflaient cette odeur à part. Par curiosité, je picorais des grains de café. Et l’Arménien de me conseiller « Gicuţă, prends-en avec du sucre ». Moi, je ne voulais pas en prendre, car le café ne me semblait point amer. Au contraire, je le trouve doux comme l’amour. Du temps de mon enfance, ils étaient nombreux, les marchands de café arméniens. Il devait y en avoir une quarantaine, après la guerre et beaucoup plus, à savoir une centaine, à l’entre-deux-guerres».




    Qu’est-ce qu’un marchand de café ? Nous avons la chance de l’apprendre par un homme de métier. « C’est un dégustateur et préparateur de café, un spécialiste de la préparation et de l’art de servir cette boisson. En tant que consommateur vous devez être avisé sur ce que vous buvez, car les cafés ne se ressemblent pas. Il y en a de bons, de rares, d’exquis, de divins. »




    L’art de préparer cette boisson, il l’a appris du fameux Arménien Avedis Carabelaian, un des rares vendeurs de café à tenir boutique dans la capitale roumaine des années 60. Il allait lui confier le magasin de café et délicatesses situé 10, rue Hristo Botev. Une adresse bien connue des grands hommes de lettres, des acteurs et des médecins bucarestois, mais aussi des grosses légumes de l’époque.




    Avedis lui avait légué non seulement la boutique, mais aussi et surtout ses recettes de préparation du café et l’art de fidéliser ses clients. «Primo, j’étais déjà archi-connu à Bucarest. C’était chez moi que l’on achetait le meilleur café, en fait le mélange de cafés le plus heureux que l’on pouvait se permettre en ces temps-là. Maintenant, on a tout un monde à qui importer du café, mais à l’époque le café nous venait seulement de Colombie, du Guatemala, du Salvador, du Nicaragua ou du Mexique. Il y avait aussi des marchands âpres au gain qui, dédaignant leurs clients, n’hésitaient pas à vendre de la pacotille. Moi j’ai toujours suivi le conseil de mon maître, Carabelaian, qui m’avait dit: Tiens-toi tranquille à ta place. Aussi longtemps que tu grilles le café à ma façon, tu auras tes clients fidèles.” Il avait parfaitement raison : mes clients, je les garde aujourd’hui encore. »




    Florescu « le petit Arménien », comme il était appelé, raconte des aspects de la vie quotidienne telle qu’elle était à l’époque communiste. Il comptait parmi ceux qui faisaient circuler les produits d’usage courant aujourd’hui, mais très valeureux à l’époque communiste : café, alcools fins, cigarettes occidentales et les autres produits importés. Il s’agit de tant de produits qui ne se trouvaient pas sur le marché et qui constituaient des plaisirs interdits aux foules, réservés à quelques privilégiés. Gheorghe Florescu maîtrisait avec succès les mécanismes qui faisaient fonctionner la société de l’époque : les relations, la complicité, les pots-de-vin. Son histoire et celle de sa boutique à café fait partie de l’histoire de la Roumanie des années ’60-’70-’80, une histoire écrite par ses survivants. Au milieu des années 1980, soit vers la fin de la dictature communiste, il est jeté dans une prison de droit commun. « Si les généraux sont remplacés, ce sont les soldats qui périssent », affirme-t-il.




    Gracié en 1988, Gheorghe Florescu a repris son activité de torréfacteur artisanal après 1990. Encouragé par quelques-uns de ses fameux clients et suite à la contribution décisive de sa fille, Vali, il a écrit « les confessions d’un torréfacteur artisanal », un livre de mémoires, qui refait l’image d’une époque que la majorité des Roumains ont vite essayé d’oublier. « Ma fille a souhaité faire un film et elle m’a dit : «Papa, mets-toi au travail ». J’ai écrit le livre, « Les confessions d’un torréfacteur artisanal » pour ma fille, pour qu’elle aie de la documentation pour son film. J’ai cherché à être clair, précis, de ne pas faire d’erreurs, qui pourraient attirer des critiques. Mais je n’ai pas reçu de critiques, ni même de la part de ceux que j’ai illustré, d’une manière pas du tout positive. Au contraire, ils se battent pour obtenir un autographe sur leur volume. C’est qu’après avoir perdu le pouvoir, il y a quelquun qui évoque leur nom. En 2009, la diaspora roumaine a acheté pas moins de 20 mille exemplaires. Ce sont les Roumains qui ont quitté le pays avant l’avènement au pouvoir de Nicolae Ceausescu qui souhaitent savoir le plus ce qui s’est passé ensuite dans le pays. Ce livre relate assez clairement ce qui s’est passé à cette époque-là. »




    Le livre fut lancé le 22 novembre 2008. Avec l’argent produit par son œuvre, Gheorghe Florescu a réussi à réaliser son rêve: refaire sa boutique de café. « A l’heure actuelle nous avons une affaire de famille, avec quelques salariés et trois points de vente et nous avons également ouvert un café. Le café que vous pouvez déguster à Baneasa est unique, c’est le meilleur café au monde. »




    De nos jours, Gheorghe Florescu torréfie du café dans une petite boutique du centre de la capitale roumaine. Il importe en Roumanie des cafés exotiques, bio, à l’arôme divin. Bonhomme, galant, le propriétaire des recettes du grand Carabelaian est toujours heureux lorsqu’il voit de nouveaux visages franchir le seuil de sa boutique.




    Et pour la fin de cette édition de « La Roumanie chez elle », nous vous invitons à prendre un café selon la recette du café parfait, selon le maître de la torréfaction artisanale, Gheorghe Florescu. La voici: « Il vous faut une petite casserole en cuivre et laiton. On mesure la quantité d’eau avec la tasse que l’on utilise pour boire le café. Deux tasses si c’est un café pour deux. C’est le monsieur qui doit le préparer et la dame qui le boit. On met l’eau à bouillir. Si vous le préférez sucré, c’est le moment d’y mettre une petite cuillère rase. Si vous prenez le café avec du miel, ajoutez le miel à la fin. Au moment où l’eau est un peu chaude, il faut ajouter le café. Deux petites cuillères combles pour chaque tasse. Cette tasse de café ne doit être ni trop petite, ni trop grande, elle doit avoir environ 50 millilitres. Il ne faut jamais utiliser un mug. On porte le mélange à ébullition mais en fait le café ne doit pas bouillir. On le retire du feu quand le café mousse et c’est à ce moment qu’il faut saupoudrer d’une demi-petite cuillère de café moulu. C’est cette demi-cuillère de café qui donne l’arôme au café. Le résultat final est un café que les hommes doivent servir aux dames le matin au lit. » (aut.: trad. : Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • La vie de corporatiste

    La vie de corporatiste

    42 des plus grandes corporations au monde ont ouvert ces 20 dernières années des filiales en Roumanie. Il s’agit notamment d’importateurs et distributeurs de biens et services. En règle générale, les filiales locales de ces compagnies ont à leur tête des directeurs issus des pays d’origine des actionnaires. N’empêche.




    Pour la plupart des diplômés d’enseignement supérieur, près de 100 mille par an sur l’ensemble du pays, la meilleure alternative à l’émigration reste celle de se faire embaucher dans une multinationale implantée dans le pays d’origine. Et cela parce que les salaires y sont un peu plus motivants; s’y ajoutent les autres bénéfices, tels la voiture de fonction, l’accès à l’éducation continue, les assurances maladie privées, les bonus pour les heures supplémentaires et les performances sur le lieu de travail. Les employés du secteur privé représentent 14% de la population, indiquent les statistiques d’une organisation qui promeut les intérêts des PME (CNIPMMR). Ce que les jeunes séduits par les avantages d’un emploi dans une multinationale ignorent c’est que les bénéfices ne sont qu’en théorie directement proportionnels à l’effort déposé.




    La réalité est beaucoup plus dure, avoue Ioana Popescu. Elle a 38 ans et travaille dans le domaine bancaire: « Pour moi, jeune diplômée de la faculté, le milieu des multinationales était une terre d’opportunités. Je rêvais de travailler dans une multinationale. Je ne savais pas exactement ce que cela voulait dire. Je n’ai pas réussi du premier coup, mais petit à petit, j’y suis arrivée. Le niveau professionnel y est très élevé. Nous voulions tous monter dans la hiérarchie et apprendre sans cesse. Les multinationales étaient comme une sorte de Saint Graal. Mais la réalité est un peu différente. En effet, on a accès à un logiciel performant, on peut apprendre beaucoup de choses, grâce aux différents stages destinés aux employés. En revanche, on n’a plus le temps de faire autre chose. On renonce à ses hobbies, à la vie de famille, au plaisir d’aller voir un spectacle etc. Autant d’aspects dont je n’avais pas connaissance au début. On les apprend au fur et à mesure. »




    Quand on entre dans le milieu corporatiste on se voit dire que c’est une grande famille qu’on vient d’intégrer, une famille où chacun a ses responsabilités et son devoir d’aider les autres à respecter les délais. Mais en réalité, les délais ne finissent jamais. Métaphoriquement parlant, les gens se transforment en une sorte d’abeilles qui travaillent pour le bien-être de la ruche. Personne ne parle dès le début du nombre d’heures supplémentaires qu’on devra faire, ajoute encore Ioana Popescu: « Ce n’est qu’avec le temps qu’on apprend qu’il n’y a pas de programme fixe de 8 heures et que par programme on entend le temps qu’il vous faut pour mener à bon terme un projet. Et pas mal de fois, on y arrive à au bout de beaucoup d’heures supplémentaires. Personne ne vous y oblige, c’est le libre arbitre qui entre en jeu. Ca dépend de ce à quoi on aspire. Si on veut avoir une carrière à tout prix et arriver très loin alors c’est ce que l’on doit faire. Si l’on veut être un des deux parents qui se sacrifie pour pouvoir tout offrir à son enfant alors on peut dire « Oui, je le fais pour mon enfant ». Le prix à payer est assez grand, dans le meilleur des cas on peut devenir une mère de fin de semaines. C’est très difficile de s’en détacher, car, ne soyons pas hypocrites, si on sait comment se vendre, si on travaille beaucoup, si on atteint un certain niveau professionnel dans une multinationale, on est bien rémunéré. S’y ajoute aussi le niveau des connaissances qui vous rend compétitif sur le marché. C’est aussi peut-être à cause de tout cela qu’il est difficile de prendre des décisions tranchantes ».




    Au bout de quelques années de travail acharné et sans répit, la fatigue s’accumule et la motivation disparaît en poussant souvent le salarié au bord de la dépression : / « Petit à petit, on finit par changer en tant que personne. On s’en rend compte quand, au bout de trois semaines de vacances, on reprend le boulot, mais on se sent mal à l’aise. En plus, le fait de voir d’autres personnes rentrer chez elles à 4 ou 5 heures de l’après-midi nous pousse à croire qu’elles ont des problèmes, qu’elles ne savent pas mettre leur vie à profit. Souvent, il suffit d’un seul moment pour changer, pour réaliser que le chemin emprunté n’est pas le bon. Pour ma part, j’ai eu quelques problèmes familiaux qui m’ont ouvert les yeux pour voir que des changements s’imposaient. »




    Parmi les avantages de travailler dans une multinationale, notons les opportunités de faire carrière et d’évoluer, les stages professionnels de perfectionnement, les services médicaux à prix réduits et la liste pourrait continuer. Et pourtant, nombre d’employés finissent sur le canapé du psy, comme l’avoue le psychiatre Gabriel Diaconu: Les gens qui franchissent le seuil de mon cabinet sont pour la plupart très malheureux. Ils n’arrêtent pas de se demander : qu’est- ce que j’ai fait pour arriver dans une situation pareille? La réalité est des plus tristes. Dans le cas des salariés des multinationales, le risque d’insomnie chronique est 3 à 4 fois plus grand que dans le cas des autres employés. Pareil pour les substances énergisantes dont la consommation est souvent 6 fois supérieure à la moyenne enregistrée au sein du reste de la population active. L’explication en est des plus simples: ces personnes doivent stimuler tout le temps leur corps qui est comme une usine de fatigue et pour cela, les cigarettes ou le café s’avèrent impuissants. Ils leur faut de véritables boissons énergisantes à base de taurine le matin et des cocktails alcoolisés le soir afin de garder leurs cerveaux en alerte. »




    Ceci dit, une question s’impose: comment pourrait-on accepter un mode de vie tellement exténuant et plein de sacrifices? Le psychologue Gabriel Diaconu nous répond: « Ces personnes s’achètent un standard de vie dont ils n’arrivent à tirer profit que pendant leurs vacances de deux ou trois semaines, en Grèce ou en Thaïlande. Pour le reste, ils conduisent généralement une auto de luxe qui les dépose dans leur quartier chic, devant leur belle maison un peu plus large que d’autres, mais où ils n’arrivent que tard dans la soirée, juste le temps de se mettre au lit et de se blottir dans des draps achetés pour un prix deux fois plus grand que la normale. Pourtant, ce sont justement tous ces détails qui les poussent à croire que ce mode de vie est légitime et ordonné. »




    Aux dires du docteur Diaconu, il est paradoxale de constater que sur l’ensemble des salariés des multinationales, de plus en plus rêvent d’économiser quelques centaines de milliers d’euros afin de quitter le système et de démarrer leur propre affaire. Un rêve partagé par pas mal d’employés du monde entier, comme l’affirme le psychologue: « La Roumanie ne recense qu’une vingtaine d’années d’expérience dans les multinationales. Mais, à regarder vers l’autre bout de l’océan, on remarque que ce mode de vie est plein de cynisme. »




    Ioana Popescu a présenté sa démission il y a un mois et demi. Tout ce qu’elle espère faire, une fois le préavis expiré, c’est de profiter de sa vie. A ses 38 ans, Ioana est toujours célibataire et sans enfants. ( trad. : Alexandra Pop, Ioana Stancescu)

  • Autographes numériques et lecture interactive

    Autographes numériques et lecture interactive


    Une compagnie de téléphonie mobile et une importante maison d’édition de Bucarest ont récemment organisé la première session d’autographes virtuels accordés par Mircea Cărtărescu, un des auteurs roumains les mieux vendus. Il a fait des dédicaces holographiques sur l’édition électronique de son volume « L’œil noisette de notre amour », qui recueille ses textes les plus représentatifs publiés dans la presse ces dernières années. Iustina Croitoru, coordonnatrice du département en charge des livres numériques publiés chez Humanitas, nous a parlé aussi bien de cet événement que de l’appétit des Roumains pour la lecture sur les tablettes et sur l’ordinateur.


    Voyons tout d’abord comment s’est passée la session d’autographes numériques : « Monsieur Cărtărescu a été très content de participer à cet événement, car il est un lecteur passionné de livres numériques. Ses œuvres se vendent en version numérique aussi. Il nous a démontré avec quelle maîtrise il manie et la plume et la tablette. L’événement a été très intéressant de par son caractère inédit. D’habitude, les écrivains donnent des autographes sur le livre imprimé, ce qui rajoute à leur valeur. On sait qu’il n’est pas rare qu’ils arrivent à être vendus à des prix considérables. Cette fois-ci, les e-books ont été ennoblis par la signature d’un auteur renommé. Cartarescu a mis sur une tablette numérique un autographe personnalisé pour chaque lecteur. Ce dernier a par la suite reçu sur son mail la variante numérique du livre, avec autographe et dédicace. L’événement a fait salle comble. »


    La maison d’édition à laquelle travaille Iustina Croitoru ne détient pas le monopole des livres numériques en langue roumaine. A Iasi par exemple, la filiale locale des éditions Polirom, cet autre géant du livre en Roumanie, offre plusieurs centaines de titres signés par des écrivains roumains et étrangers et ce à des prix moindres que ceux de leurs variantes imprimées. Iustina Croitoru détaille l’offre de sa maison d’édition : « Nos livres électroniques se présentent en format PDF. Ce format peut fournir la variante imprimée du livre en un autre, susceptible d’être modifié à volonté par le lecteur et donc téléchargé sur tablette, sur téléphone portable, ordinateur ou ordinateur portable. Le lecteur a ainsi la possibilité d’intervenir tant sur le contenu que sur la forme du texte. Les formats que nous proposons étant téléchargeables sur la majorité des gadgets, tout lecteur peut y accéder. Pas besoin donc d’avoir un téléphone ou une tablette haut de gamme, puisqu’on peut les lire sur l’ordinateur portable aussi. »


    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les éditeurs n’ont pas à appréhender le marché émergeant du livre numérique. Explications avec Iustina Croitoru : « D’un mois à l’autre, nous gagnons toujours plus de lecteurs. Le e-book ne fait pas concurrence au livre imprimé, bien au contraire. Il s’avère être une manière lucrative, pour ainsi dire, de le promouvoir autrement. Nous avons publié en format numérique tous les grands auteurs de la littérature roumaine et je peux vous dire que les oeuvres les mieux vendues le sont aussi bien en version imprimée qu’en variante numérique. C’et là la meilleure preuve que les deux types de livres ne se font pas concurrence. »


    En plus, la diaspora roumaine est un énorme marché pour ces livres électroniques : « C’est plus difficile de recevoir par la poste un livre imprimé, alors que par un simple clic vous pouvez acheter la variante électronique, n’importe où à l’étranger. Ils sont accessibles sur plusieurs plates-formes et peuvent être payés en différentes monnaies. Ce qui plus est, le prix de la version numérique représente 60 à 70% de celui du livre imprimé et ce à juste titre, car les coûts éditoriaux sont déjà absorbés par la variante imprimée, qui sort la première. Autant dire que le lecteur ne supporte pas une deuxième fois les frais de traduction, d’édition etc. Voilà ce qui les rend donc meilleur marché et plus accessibles. »


    A quoi d’autre faudrait-il s’attendre? Les livres numériques comportent désormais du méta texte aussi, des informations supplémentaires auxquelles on peut accéder grâce au lecteur ou e-reader. De l’avis de Iustina Croitoru, il n’y a pas de limites dans ce domaine, où l’imagination est reine : « Les nouveautés en matière de e-books nous viennent moins des éditeurs, lesquels ne manquent pas d’idées intéressantes, et plutôt des progrès de la technique et de ce que peut offrir de neuf tout fabricant de lecteur numérique. Plus ces lecteurs sont performants, plus on est obligé d’être inventif. Le livre devient interactif. Une multitude d’applications existent déjà sur le marché. Par exemple, en parcourant un e-book, le clic sur un mot vous renvoie à un dictionnaire, tandis qu’en cliquant sur le nom d’une localité vous obtiendrez des photos. Les livres pour enfants sont vraiment fascinants, surtout s’il s’agit de livres d’images. Cette technique nous amènera à la lecture interactive. »


    On dit que les livres sont des fenêtres ouvertes sur le monde. Cette assertion a toutes leschances de devenir, d’ici peu, plus qu’une simple métaphore. (trad. : Mariana Tudose)

  • INCUBATEUR 107

    INCUBATEUR 107


    Dans le comble d’une maison bucarestoise, tout un chacun peut devenir à la fois enseignant et apprenti. Lors d’une réunion nocturne, il ou elle doit tout simplement convaincre le public consommateur de cours et d’ateliers que ses propositions sont intéressantes et valent la peine d’être partagées.






    Ce comble s’appelle « Incubator 107 » (Incubateur 107) et le mois dernier, ceux qui souhaitaient profiter de leur temps, esprits et cerveaux pouvaient choisir entre différents ateliers. Au programme : lundi – cafédomancie, ou lire l’avenir dans le marc du café, mardi — introduction dans la méditation bouddhiste, mercredi — recréation d’une idée, jeudi — théorie de l’amour, vendredi — atelier sur la manière de se présenter dans le milieu virtuel et de soigner son image, samedi — atelier sur le déclin du consumérisme et la nouvelle abondance, c’est à dire comment les ressources limitées nous influencent la vie. A tout cela viennent s’ajouter un atelier de produits de beauté faits maison, un atelier de cuisine, consacré aux plats de fêtes et un autre au langage des signes… bref il y en a pour tout le monde.



    Lavinia Cârcu est chargée de l’organisation des ateliers et coordonne les formateurs qui y participent. « L’incubateur a été ouvert en avril 2011, dans le comble d’une maison de Bucarest près des Halles Traian. Tout a commencé avec un groupe de six amis à la recherche de personnes à même d’organiser des ateliers. En une année et demie, presque deux, nous avons imaginé chaque mois une nouvelle série d’ateliers. Toute personne qui a une passion peut venir et montrer aux autres ce qu’elle sait faire. La définition de cet incubateur est l’espace ou tout le monde peut enseigner à tout le monde toute sorte de choses. »



    L’incubateur 107, dont le nom est inspiré du fait qu’il est situé au 107 rue Calea Calarasilor, a réussi à réunir une véritable communauté d’enthousiastes. Ses fondateurs sont allés chercher ensuite aussi dans d’autres villes roumaines des équipes prêtes à continuer l’idée.



    Des incubateurs sont apparus à Iasi, Cluj, Timisoara et Brasov. Lavinia explique comment sont choisies les animateurs des ateliers: « A l’heure actuelle, il y a des gens qui nous disent vouloir ouvrir des incubateurs dans d’autres villes. Nous encourageons tous ceux qui ont l’énergie et l’enthousiasme de continuer l’idée chez eux. Nous souhaitons aussi que les auditeurs de votre radio à l’extérieur du pays qui s’intéressent à ce que nous faisons, nous appellent pour parler un peu de ce projet, afin de le peaufiner. Nous avons beaucoup d’ateliers dans différents domaines. Il s’agit en fait de six « guildes créatives » si vous voulez : nous avons les moniteurs de danse et de différents autres sports, puis il y a les créateurs qui fabriquent toute sorte d’accessoires et nous expliquent comment transformer les espaces, comment les rénover, et puis, il y a les hédonistes, c’est à dire ceux qui enseignent le massage et l’art culinaire… Les ateliers que nous abritons portent sur de nombreux domaines, à commencer par les techniques de développement personnel et d’improvisation… Ce sont eux qui frappent à notre porte ou nous écrivent des mails disant : voilà, je voudrais organiser un atelier sur la masculinité dans la danse, j’aimerais proposer un atelier sur la cafédomancie ou sur la théorie de l’amour. C’est à nous de les programmer. Chaque mois il y a une toute nouvelle série d’ateliers et chaque mois commence avec une présentation nocturne. »



    Alina Ciotârnel compte parmi les personnes venues à l’Incubateur pour apprendre des choses nouvelles. Après avoir participé à plusieurs ateliers, Alina a rejoint l’équipe et à l’heure actuelle elle fait partie des « porteurs » – c’est à dire qu’elle explique ce qu’est l’incubateur dans le cadre d’événements importants tels des festivals et des foires, et dans le monde des entreprises.



    Alina Ciotârnel explique aussi comment se déroulent les présentations nocturnes. « Il s’agit d’un événement culturel alternatif auquel participent environ 200 invités. Ces événements s’étendent sur 10 et même 13 heures, c’est à dire une nuit entière pendant laquelle nous avons un véritable marathon d’ateliers. Nous présentons le programme du mois suivant, les formateurs et les apprentis parlent de leurs ateliers. S’y ajoutent deux concerts par soirée ainsi que d’autres démarches consacrées à cette communauté. Rien qu’un exemple : un matin nous avons lancé des pigeons voyageurs, nous avons fait des bulles de savons géantes et nous avons pris le petit déjeuner dans la cour de l’incubateur. C’est l’événement où la communauté qui se trouve derrière ce projet est la plus visible. Même dans le cas d’un débutant, il est impossible de ne pas se sentir comme chez soi et d’y revenir. »



    Lavinia Cârcu explique quel est le but de cet incubateur ou tout le monde peut enseigner différentes choses à tout un chacun. « Nous souhaitons que les gens expérimentent, qu’ils soient généreux. Nous fonctionnons grâce à des dons et nous encourageons les participants à estimer eux mêmes la valeur de ce qu’ils reçoivent dans l’atelier. »



    Créer un monde meilleur, c’est ce que souhaitent faire les participants à ce projet, affirme aussi Alina Ciotârnel. Ecoutons-là : « Nous souhaitons que les parents, les adolescents et tous les autres se découvrent une passion et un nouveau mode de vie. Si, après avoir participé à une dizaine d’ateliers, une personne n’a pas encore trouvé sa passion, mais elle s’est bien amusée, notre objectif est déjà atteint. Découvrir que cette personne voulait danser depuis plusieurs années, mais qu’elle ne l’avait pas fait jusqu’ici et qu’elle prendra des cours de danse suite à notre atelier est aussi un gain immense. Nous souhaitons voir des gens sérieux et préoccupés par leurs problèmes quotidiens s’amuser, et je pense notamment à ceux qui travaillent dans des multinationales et qui sont arrivés à oublier une partie de leurs esprits. »



    L’incubateur est en train d’occuper des espaces dans d’autres capitales européennes. Pour plus de détails sur l’organisation d’un tel espace interactif, n’hésitez pas à consulter le site www.incubator107.ro.

    (trad. : Alex Diaconescu)

  • En boîte de nuit avec les pleureuses

    En boîte de nuit avec les pleureuses


    L’UE s’est donné pour objectif de réduire à moitié le nombre de victimes des accidents de la route d’ici 2020 dans tous les 27 Etats membres. Une première étape serait d’identifier les différents facteurs qui influent sur le nombre total de morts sur les routes. Il s’agit, notamment, de l’excès de vitesse, de la consommation dalcool ou de drogues ou du manquement à une règle de priorité. La Roumanie a démarré récemment une série de campagnes de sensibilisation de l’opinion publique afin de réduire le plus possibles le nombre de morts sur les routes.


    Réunies sous le slogan « Va pour la vie !», les campagnes initiées par l’Inspection générale des services de police de Roumanie, en partenariat avec l’agence Publicis, se proposent d’éduquer chauffeurs et piétons à la fois, en faisant recours aux figures des trois des grands dictateurs de l’humanité. Avec des détails, Silviu Nedelschi, directeur de création chez Publicis: « Nous avons pris trois des personnages les plus odieux de l’histoire mondiale – Staline, Hitler et Saddam – et les avons collés sur un pare-brise comme s’ils avaient été percutés de plein fouet par une voiture. En fait, l’idée est qu’un tel accident ne serait jamais possible puisque la victime s’avère toujours un innocent et jamais le plus affreux personnage historique. C’est, si vous voulez, un autre moyen censé attirer l’attention des chauffeurs qui, faute de vigilance, risquent de heurter un innocent. »


    Il a suffi de deux jours pour que les images des dictateurs collées sur le pare-brise fassent le tour du monde. Ensuite, la campagne de prévention des accidents de la route s’est poursuivie avec quelque chose d’encore plus dur: une vidéo tournée un samedi soir, devant une boîte de nuit de Bucarest. Un groupe de pleureuses planté devant l’entrée accompagnait les clients plus ou moins beurrés jusqu’à leurs voitures, avec des cris et des vers spécifiques des rituels funéraires: « Tu as bu et tu vas prendre le volant? Pourquoi veux-tu nous quitter? Pourquoi gis-tu dans la rue, mon Dieu? Vas t’en, diable maudit/ C’est bien toi qui a laissé couler le venin de l’alcool dans ses veines/ Tu l’as emporté loin de la lumière et tu l’as forcé à entrer dans la voiture/ Oh, mon Dieu, serre-le dans tes bras et pardonne-lui le fait d’avoir bu et d’avoir pris le volant/ Pourquoi nous as-tu quittés ?/ Mon Bon Dieu, ait pitié de lui. »






    Si les lamentations des pleureuses s’avèrent insuffisantes pour vous faire renoncer à la voiture après avoir consommé de l’alcool, les initiateurs de la campagne publicitaire ont imaginé quelque chose d’encore plus frappant: une serviette brodée, nouée autour du rétroviseur extérieur de l’auto selon la tradition dicté par le rituel funéraire chez les Roumains. Aux dires du sous-commissaire de police Cristian Andries, la campagne, lancée sur la Toile avant la saison estivale 2012, a profondément marqué les internautes: « Nous essayons de convaincre tous les participants au trafic routier d’avoir un comportement responsable et de circuler de manière préventive. Beaucoup d’accidents de la route se produisent sur fond de consommation d’alcool et nous avons pensé à mettre sur pied cette campagne pour faire baisser le nombre de ces événements. Nous l’avons lancée exactement au moment où la plupart des jeunes se rendaient au bord de la mer Noire pour le 1er mai, justement pour les faire réfléchir un peu et saisir l’essentiel : ne conduisez pas l’automobile après avoir bu de l’alcool. Par ailleurs, cette campagne ne s’adressait pas uniquement aux jeunes, mais à tous les automobilistes. Certains ont aimé cette idée et ceux qui ont vu la vidéo ont retenu notre message. »


    Andrei Daniluc, rédacteur publicitaire principal, souligne que ce moyen de communiquer le message « ne prends pas le volant si tu as bu » a été une bonne occasion de dire les choses d’une manière différente des campagnes habituelles de la Police : « Les gens connaissent les campagnes de sensibilisation classiques de la police : ne boit pas, ne conduis pas, ne frappe pas ta conjointe, ne fait pas ça. C’est comme un parent qui dit « ne fait pas ça parce que tu auras des ennuis. » Nous avons pensé qu’en modifiant un peu l’angle, la Police ne fait qu’améliorer son image. Le monde dira « eh bien, voilà qu’ils commencent à se moderniser, ils ne se résument pas aux interdictions. » Je crois que la campagne a eu tant de succès en raison de la manière dont les choses ont été dites. Ce qui plus est, c’est une pratique typiquement roumaine, parce que je n’ai pas entendu qu’il existe ailleurs cette tradition des pleureuses professionnelles. Chez nous c’est une pratique qui remonte à la nuit des temps et je crois que c’est ainsi que s’explique pourquoi elle fonctionne toujours. Nous les approchions à la sortie de la boîte, quand ils devaient faire le choix entre prendre le volant, partir en covoiturage avec un ami ou appeler un taxi. Nous avons utilisé deux moyens de communiquer le message : le premier, les pleureuses. Si cela ne fonctionnait pas, les gens trouvaient des serviettes accrochées à leurs rétroviseurs extérieurs. Et là, ils tombaient sur un autre avertissement. Mais ce furent les pleureuses qui ont eu l’impact le plus fort. »


    Une autre vidéo qui a fait fureurs sur Internet présente une série d’images de chiens communautaires qui utilisent les passages piétons pour traverser la route. Le message est simple : s’ils peuvent faire ça, tu peux le faire aussi. C’est ainsi qu’a été analysée une autre cause majeure des accidents de la route : « Les piétons indisciplinés qui traversent la rue partout constituent une des principales causes génératrices d’accidents graves de la route en Roumanie. Depuis quelques années, la vitesse et les piétons indisciplinés occupent les deux premières places au classement des causes des accidents. Nous parlons d’une campagne inédite, mais nous espérons que la réaction du public soit positive, qu’il comprenne exactement le message : il faut traverser la rue sur un passage piétons. »


    L’année dernière, ont été enregistrés environ 9300 accidents de la route qui ont fait aussi des victimes. Aux dires du commissaire adjoint Andries, par le biais de campagnes mémorables, l’Inspection générale de la police roumaine espère que le nombre des accidents baisse de plus en plus, tout comme celui des familles vivant des drames. (trad.: Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

  • Même les travailleurs des multinationales sourient

    Même les travailleurs des multinationales sourient


    Fin janvier 2013 à Bucarest. Passé 17h, la station de métro Pipera commence à se remplir de monde. Plusieurs milliers de gens passent par là tous les jours en chemin vers les sièges des multinationales. Pourtant, ceux qui se rassemblent maintenant sur la passerelle menant au quai ne semblent pas être des corporatistes. Ils sont jeunes, souriants, ils ont emmené des porte-voix et des pancartes portant des messages optimistes.






    Certains déroulent un tapis rouge au bout des marches du métro. Ils ont un plan, c’est bien clair, car aucun des travailleurs du métro ne semble surpris. Nous sommes en train d’assister à quelque chose de moins habituel.






    Les préparatifs ont lieu sous la coordination d’Andrei Tudose de l’ONG Delivering Life, qui se propose de rappeler aux gens qu’il faut aussi sourire. « Comme d’habitude, nous interrompons les moments de routine des gens, depuis leur sortie du bureau jusqu’à l’entrée du métro, pour leur donner des raisons de se sentir bien dans leur peau, pour leur faire prendre conscience qu’ils sont aussi des personnes et qu’ils peuvent être aimés et appréciés pour la simple bonne raison qu’ils existent ».






    Pour m’assurer d’avoir bien compris le but de l’agitation avant l’heure de pointe, je m’adresse à une jeune bénévole et je lui demande qu’est-ce qu’elle fait là. « Je suis venue partager de la joie. Moi, je suis quelqu’un de gai. Quand je prends le métro et que je vois des gens fatigués, qui après une journée de travail ne souhaitent plus que de rentrer chez eux, je n’aime pas. Avec mes camarades, nous resterons sur les marches et applaudirons les gens qui sortent, nous essaierons de les divertir, de leur montrer qu’il y a aussi des gens heureux, de les contaminer avec notre joie. La joie, c’est contagieux, tout le monde va sourire ».






    Les caméras de télévision apparaissent, les photographes aussi ; on dirait le Gala des Oscars bien que le contexte n’ait rien à voir avec le film. Comme par magie, la station de métro se transforme en un endroit pour accueillir les célébrités. « On t’aime ! », « Tu es notre héros », « On t’aime bien ! », « Allez, souris, quoi ! », peut-on lire sur les pancartes. Nous sommes prêts… à attendre les corporatistes. Lorsqu’ils commencent enfin à descendre les escaliers, des applaudissements et des hourrahs ! se font entendre des hauts-parleurs. Au début, ils sont étonnés, ils se gardent de marcher sur le tapis rouge, ils sautent par-dessus ou le contournent ; certains autres semblent ne pas le voir et marchent dessus sans le regarder. D’aucuns sont pressés, d’autres froncent les sourcils, quelques-uns sourient, s’arrêtent et parlent avec les reporters de télévision, se laissent prendre en photo. Quelques autres lancent des jurons…






    Un micro en carton à la main, Andrei Tudose joue les reporters :




    « Comment allez-vous ? »

    « Un peu fatigué après le travail, mais j’aime cette atmosphère dégagée».

    « Vous vous sentez mieux qu’au moment où vous êtes entré ? »

    « Oui ».

    « Parfait, c’est ça l’idée ».






    Florentina Ciobanu ne s’arrête pas. Elle ne veut pas entrer dans ce jeu et décide d’avancer au bras d’une autre amie. Cette action ne l’a pas enchantée et elle affirme que c’est trop de bruit pour rien : «Probablement dans leur tête c’était une idée originale, mais moi je crois qu’elle est copiée de l’étranger. Je ne fais pas trop confiance dans ces choses-là. Ce sont des événements inventés pour que des ONGs puissent dérouler certaines activités et demander ensuite l’argent de l’UE pour d’autres activités … Mois je suis suspicieuse. »






    Mais qui a été le sponsor de l’événement ? Qui a supporté ses coûts ? Andrei Tudose : « Les coûts n’existent pas ou s’ils existent, ils sont tout à fait infimes, et nous avons tous supporté : batteries, 2 mètres carrés de tapis rouge, pancartes… Les gens nous rejoignent parce que ce que nous faisons les inspire, parce qu’ils se sentent bien et choisissent eux aussi d’offrir quelque chose à d’autres personnes.»






    Malgré les suspicions, l’action fait des échos, les gens parlent de la soirée quand au métro les cadres de multinationales ont donné des autographes et ont remercié leurs parents et enseignants de les avoir aidé à arriver là où ils se trouvent à l’heure actuelle. Puis ils partent à la maison, un peu plus heureux qu’au moment de leur entrée au métro, trois minutes auparavant.




    De tels petits événements, censés interrompre la routine des personnes qui jouent le rôle de rouages de l’économie de marché, constituent d’excellents prétextes pour ceux qui y sont impliqués mais aussi pour le public de penser à ce qui se trouve derrière le moment qui passe.






    Aux dires d’Andrei Tudose, ce fut une expérience réussie : « Les gens ont participé à notre jeu. Les cols blancs ont signé, se sont amusés, puis ont levé leurs mains vers nous. A mon avis, la vie est un cadeau et je la traite en tant que tel. Je cherche les choses qui puissent me faire sentir mieux et à l’aide desquelles je peux influencer la vie de ceux qui m’entourent. J’ai moi-même remarqué que je suis le prisonnier d’une série de choses à faire et que les journées, les semaines, les mois et les années ne font que passer… J’ai reçu un jour une invitation qui marquait les 20 ans depuis la fin du lycée et je me suis dit : Mon Dieu, que le temps passe ! A mon avis il est essentiel de vivre l’instant présent. C’est ainsi que cette idée est apparue. »




    Prochaine rencontre avec Delivering Life : le 26 février à l’aéroport… ou dans un centre commercial plein de monde. Ou peut-être dans un autre endroit, inattendu. Ils vont apparaître avec des pancartes et des mégaphones à la main pour faire tout ce qu’ils peuvent pour vous arracher un sourire. Allez, souriez un peu, quoi ! (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Daniela Kammrath, ingénieur entre réel et virtuel

    Daniela Kammrath, ingénieur entre réel et virtuel


    Ingénieur électronicien de formation, Daniela Kammrath a commencé sa carrière dans les années 1990, à la Radiodiffusion Roumaine. A l’époque, elle a rejoint l’équipe de techniciens qui a contribué à la modernisation des studios de diffusion des programmes de Radio Roumanie Actualités, Radio Roumanie Internationale et Radio Roumanie Culture. Au bout de 4 ans, elle a voulu donner une nouvelle direction à sa carrière et décide de mettre sur pied une série de projets en collaboration avec des chaînes de radio privées de Roumanie.




    Mais voilà qu’après six ans, Daniela Kammrath opère un changement d’orientation, cette fois-ci total, avec le lancement d’un des premiers sites Internet en langue roumaine consacré aux femmes de Roumanie. 121.ro ou bien « le one to one regroupant la communauté des femmes sensationnelles » figure, au bout d’une décennie d’existence, parmi les sites les plus anciens de Roumanie. Nous avons invité Daniela Kammrath au micro de RRI pour nous dévoiler plusieurs de ses projets. Mais, avant de parler avenir, parlons plutôt des débuts de Daniela sur la Toile: « Je suis mariée à un Américain, établi en Roumanie depuis 21 ans. Je me souviens qu’à chaque fois que je lui demandais ce qu’il aimait le plus en Roumanie, il me disait que c’étaient les femmes qui représentaient la ressource la plus importante du pays. C’est à ce moment-là que l’idée nous est venue de créer une communauté qui les soutienne, qui les écoute, un forum de discussions qui leur soit consacré, à l’instar de ceux existant déjà à l’étranger. Peut-être qu’à l’heure actuelle une telle idée pourrait vous sembler un peu démodée, mais dans les années 1999, les Roumains n’avaient même pas d’adresse électronique sur leur carte de visite. C’était donc un projet un peu d’avant-garde. Nous avons commencé par naviguer sur des sites américains, tels iVillage.com. On a pensé s’associer aux revues glamour existantes sur le marché et on les a invitées à nous rejoindre. A l’époque, ces revues n’avaient pas de stratégie pour la promotion en ligne et donc nous, on leur a donné la possibilité de faire leurs débuts sur Internet, en tant que partenaires. Nous avons donc créé les premières pages électroniques pour faire leur promotion sur la toile » .





    Ce fut en 2001 que les époux Kammrath ont lancé officiellement le site 121.ro. Au bout d’une première année d’existence, le nombre de visiteurs actifs se montait déjà à 1200 pour qu’en 2013, il totalise plus de 125 mille. Un chiffre impressionnant que Daniela souhaite voir augmenter à plus de 200.000. Pourquoi? « Il faut le soutien d’au moins 10% d’une communauté pour faire avancer les choses. C’est un pourcentage qui nous donne la possibilité de commencer à faire des changements au sein de la communauté respective. Or, je crois que 200.000 membres actifs qui se proposent d’avoir tous une influence sur la Roumanie est un très bon objectif pour ce début d’année. A vrai dire, d’une manière plus ou moins consciente, on a tous un impact sur l’endroit où l’on vit. Personnellement, je voudrais bien accélérer un peu les choses, mais je dois me contenter d’avancer à petits pas » .





    Et une fois après avoir rassemblé autant de personnes autour de vous, quels projets envisagez-vous, Daniela Kammrath, pour cette communauté forte de 200.000 membres? « A partir du moment où les membres se chiffreront à 200 mille, je voudrais pouvoir déterminer l’impact que chacun d’entre eux a sur son endroit d’origine. Je souhaiterais me rendre compte si ce type de communication individualisée fonctionne. Je voudrais voyager à travers le pays pour rencontrer le plus de membres possible. Je suis impressionnée de découvrir l’immense potentiel des Roumains qui ambitionnent de faire des choses au moment où ils savent que leurs idées intéressent. Quand on propose aux autres de faire quelque chose pour leurs proches, il serait bien possible qu’ils fassent la sourde oreille, mais une fois qu’ils apprennent que leurs initiatives auraient un impact sur cent ou deux cents ou même trois cents personnes, ils se rendent vite compte de la force dont ils disposent. Imaginez à quel point cela fera avancer la Roumanie d’ici un an! Nous avons la force de changer, simplement nous sommes très peu à en être conscients » .




    Daniela Kammrath affirme se sentir comme si elle semait des petites graines dans les cœurs des Roumains avant d’attendre tranquillement qu’elles se mettent à pousser. Si ces projets sont couronnés de succès, nous allons vite l’apprendre. Car le mouvement lancé par Daniela se propose justement de rappeler aux Roumains qu’ils disposent de toutes les ressources nécessaires pour faire avancer les choses en Roumanie aussi. (trad. : Ioana Stancescu)

  • Les inédits des enchères d’art, en Roumanie

    Les inédits des enchères d’art, en Roumanie


    L’année 2012 a vu toute une série de premières dans les enchères d’art organisées en Roumanie, dont la vente aux enchères de travaux signés par Constantin Brâncuşi, d’un mono poste de Formule 1, de la première maison solaire roumaine et d’objets ayant appartenu à des comédiens roumains. Cette année, lors des premières enchères sur le marché roumain de l’art, deux œuvres réalisées par Constantin Brâncuşi — un des artistes roumains les plus connus au monde – ont été emportées. « La Huppe » et « Les Peaux rouges » ont été adjugées en janvier, pour 10.000, respectivement 2.000 euros.


    « La Huppe », un dessin à la plume, a été mis en vente par un collectionneur privé de Bucarest, qui l’avait acquis auparavant à Christie’s. Cette œuvre, achetée 10.000 euros, est un projet d’illustration pour le volume de poèmes « Plantes et animaux », publié à Paris en 1929, par Ilarie Voronca, un écrivain faisant partie du cercle d’amis de l’artiste. « Les Peaux rouges » est une photo – carte postale d’objet d’art, de 1906. L’image de cette carte postale, l’œuvre « Les Peaux rouges », est une des sculptures détruites par l’artiste en 1907, dans un accès de révolte par rapport à ce qu’il avait créé dans sa période impressionniste, un courant auquel Brâncuşi avait adhéré en tant qu’élève d’Auguste Rodin. La carte postale envoyée à un ami est l’unique document présentant une des œuvres disparues. Ella a été reproduite à l’occasion du centenaire Brâncuşi de 1976 dans une revue littéraire roumaine, et provient d’une collection privée bucarestoise. La présence de Brâncuşi sur le marché de ventes aux enchères publiques est un événement unique.


    Constantin Dumitru, journaliste et commissaire d’expositions, affirme pour sa part que 2012 s’est avérée une année bénéfique pour lemarché de l’art. « Il a enregistré une évolution positive, meilleure qu’en 2011 quand il a connu les performances les plus spectaculaires depuis 1990. Je fus particulièrement impressionné de voir pénétrer sur le marché roumain de l’art de plus en plus d’objets, précieux pour le simple fait d’avoir appartenu à des célébrités, chose courante sur les marchés de l’art étrangers. Pourtant, je ne saurais ignorer l’existence sur le marché d’un segment qui n’a rien à voir avec l’art, il ne fait que mimer la valeur. Espérons que cela ne va pas tourner au kitsch ».


    Nous avons voulu apprendre auprès de Constantin Dumitru si la crise a touché le marché roumain de l’art. La réponse fut des plus catégoriques : « Oui, elle l’a influencé sans pourtant le détériorer. Le manque de confiance en l’immobilier, la chute des prix des terrains a entraîné une majoration des prix des objets d’art. Pourtant, le marché de l’art ne reflète pas la situation économique. 2013 s’annonce difficile notamment pour les petits collectionneurs. Le marché de l’art est plein de dizaines de millions d’euros mais pour des œuvres dont les auteurs sont notamment des célébrités décédées. Or, l’artiste roumain, le créateur contemporain a du mal à voir autant d’argent. On se réjouit de vendre pour 300 mille euros un objet ayant appartenu à une personnalité défunte, mais un étudiant ou un professeur aux Beaux Arts se contente de gagner 500 ou mille euros. Je voudrais qu’on exporte davantage, qu’on arrive à vendre plus d’objets sur les marchés internationaux. »


    Le journaliste Marius Tita, rédacteur en chef de Radio Roumanie Internationale et passionné d’art, affirme que le marché roumain connaît une évolution ascendante : « En Roumanie, nous assistons aussi à une diversification de l’offre. Et dans ce cas il s’agit non seulement des objets mis en vente, mais aussi des actions organisées par les maisons de ventes aux enchères. Et dans ce cas, je pense à quelques événements tels ceux organisés par ArtMark, qui hormis les enchères traditionnelles a introduit quelques idées inédites : enchères thématiques, vente d’objets ayant appartenu à la famille royale, d’objets militaires, très appréciés en Europe Occidentale et qui se vendent chez nous aussi lors d’événements spéciaux et de nombreux autres objets, non seulement d’art traditionnel. On assiste donc à une ouverture, mais aussi à une révision des prix et des opinions qui circulent sur le marché de l’art. Bref, cette évolution vers un marché de l’art mature se traduit par la réduction des prix et de la valeur des ventes. On ne peut pas parler d’un enthousiasme du marché de l’art. Il est clair, nous apprenons beaucoup de nouvelles choses, mais on ne peut pas parler d’affaires exubérants ni de revenus incroyables. »


    Une vente aux enchères inédite a proposé aux collectionneurs des objets personnels de grands comédiens roumains, ainsi qu’une série d’accessoires de films et de pièces de théâtre à succès. Le lot le mieux vendu a inclus un bracelet en or et argent à diamants, rubis et émeraudes que la comédienne roumaine Maia Morgenstern a porté dans un film. Au mois d’août, le mono poste de F1 Ferrari F399 piloté par Michael Schumacher en 1999 a été adjugé pour 177 mille euros. Trois Mercedes millésimées 1953, 1959 et 1966, une Ferrari 599 GTB Fiorano édition spéciale Carbon Kit de 2009, une Lincoln Continental 1947 et une Jeep Willys 1948 avec comme accessoires une remorque et une mitrailleuse se sont également retrouvées sous le maillet au mois d’août de l’année dernière. L’ancienne voiture officielle du roi Michel — une BMW 760 Li – a également trouvé preneur au prix de 20 mille euros.


    Le permis de conduire de la princesse Marie, datant de 1904, a été vendu à 5000 euros. Une autre session de ventes aux enchères a eu comme sujet la première maison solaire à 100% roumaine, estimée à 50 mille euros. Malheureusement elle n’a pas suscité l’intérêt du public. La toile la mieux vendue en 2012 a été « Le berger et son troupeau » par Nicolae Grigorescu, adjugée à 195 mille euros. Trois autres toiles signées Nicolae Tonitza ont trouvé preneur à pas moins de 400 mille euros.


    Selon les spécialistes, les transactions qui ont eu lieu l’année dernière se sont chiffrées à environ 40 millions d’euros. Une bonne année, donc, pour le marché de l’art en Roumanie. (trad. : Ligia Mihaiescu, Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)