Tag: architecte

  • Février 2021

    Février 2021

    Œuvre de l’architecte viennois Franz Anton Hillebrandt, le palais a été construit en style baroque autrichien tardif et se voulait une copie de moindres dimensions du Palais du Belvédère de Vienne. En 1773, l’édifice a été affecté par un incendie, mais il est reconstruit à l’identique et finalisé en 1777.



    Dans l’espace devant le Palais et la Cathédrale catholique, un jardin à l’anglaise a été aménagé. C’est là que l’on retrouve deux œuvres d’art d’une grande valeur : la statue en bronze de l’évêque Szaniszló Ferenc (1850–1868), commandée par l’évêque Schlauch Lőrinc et placée du côté nord du lot, respectivement la statue monumentale de Saint Ladislas. Initialement, cette dernière avait été mise en place au centre-ville, en 1892, et replacée ultérieurement, après la Première Guerre mondiale, au centre de l’espace processionnel. Elle est, de nos jours encore, une des principales attractions touristiques de l’endroit.



    Derrière la façade ouest du Palais on retrouve un jardin dans le même style, aménagé par le terrassement d’une colline. Les trois ailes du Palais, disposées en U, délimitent une cour intérieure connue sous le nom de cour d’honneur, reliée aux terrasses inférieures par une rangée de sept marches.



    Devant l’aile sud du Palais on retrouve une composition géométrique réalisée avec des arbustes, cette fois-ci sous forme de lyre. Elle rappelle l’époque de gloire de la musique classique à Oradea, lorsque l’orchestre de la cathédrale, créé par l’évêque Adam Patachich, était dirigé par des personnalités telles Johann Michael Haydn ou Carl Ditters von Dittersdorf.

  • L’architecte Paul Smărăndescu

    L’architecte Paul Smărăndescu

    Adepte du style néo-roumain, fondé au XIXe par Ion Mincu, Paul Smărăndescu confère une touche personnelle à ce courant qui mélange des éléments dart traditionnel et du style brancovan. Outre les projets darchitecture, Paul Smărăndescu a aussi conçu du mobilier ou des éléments décoratifs pour les façades des maisons. Il est né à Bucarest le 26 juin 1881 et les trois maisons de la famille Smărăndescu se trouvent toujours sur la rue Mântuleasa, dans le centre de la capitale roumaine. Cest dailleurs un quartier qui tient une place à part dans limaginaire collectif de la ville, notamment grâce à la prose fantastique de Mircea Eliade, qui y a grandi. Oana Marinache, historienne de lart, sest penchée sur la vie et le travail de Paul Smărăndescu. Ecoutons-la :



    « La famille Smărăndescu, en plus de larchitecte, aura aussi deux filles : Constanța et Elena. Constanța épousera lingénieur Teodor Săvulescu et leur fils sera lui aussi architecte. Ces trois maisons appartenant à la famille montrent que le père souhaitait que ses enfants vivent près de lui. Les bâtiments sont plutôt modestes et se trouvent du côté de la rue avoisinant lartère commerçante Moșilor. Cest dû au fait que la mère était parente de la famille renommée de commerçants Solacolu. Et voilà que cette famille qui faisait partie de la classe moyenne pourra envoyer le fils, Paul, étudier à lécole de garçons de la rue Mântuleasa – également fréquentée par Mircea Eliade – et, plus tard, au lycée. A la fin du lycée, Paul sera admis premier à lEcole supérieure darchitecture de Bucarest, en 1899. Insatisfait, probablement, de léducation quil recevait à Bucarest, Paul Smărăndescu quitte son école pour sinscrire directement en deuxième année détudes à Paris. Il sera un étudiant brillant. Entre 1899 et 1902 il réussit tous ses examens et il obtient même des médailles dans les compétitions universitaires. Par la suite il voyage, il fait des esquisses et des dessins de divers bâtiments antiques, il entre en contact avec des repères architecturaux du monde français, allemand ou italien. Bien évidemment, tout cela joue dans la formation du jeune architecte. »



    De retour à Bucarest, Paul Smărăndescu devient le disciple de larchitecte Dimitrie Maimarolu, qui a conçu le bâtiment qui fut jusquen 1996 le Palais de la Chambre des députés et qui est aujourdhui le Palais patriarcal roumain. Ensuite, pendant trois ans, Smărăndescu a occupé le poste darchitecte du ministère de la Culture. De 1912 et jusquà la fin de sa carrière, en 1939, Paul Smărăndescu a été larchitecte-en-chef du ministère de lIntérieur. Il avait également un cabinet privé, où il a dessiné quelques 300 immeubles, dont plus dune centaine ont vu le jour. Oana Marinache nous parle du travail de Paul Smărăndescu :



    « Au ministère, il navait pas forcément la chance de concevoir des bâtiments, il corrigeait plutôt des plans, vérifiait les devis ou surveillait des chantiers. Récemment, nous avons eu la surprise de découvrir quon lui devait un des bâtiments appartenant à lEcole centrale de filles de Bucarest. LEcole est connue comme une réalisation notable de Ion Mincu, le premier à concevoir le style néo-roumain. Mais au début du XXe, Smărăndescu conçoit une nouvelle dépendance appelée « la salle de gymnastique et linternat ». Limmeuble existe toujours, mais il est beaucoup transformé. Cest son collègue plus jeune, Horia Creangă, qui le modifie à la fin des années 30. Et aujourdhui, le bâtiment abrite une des salles du Théâtre Bulandra, un établissement renommé de la capitale roumaine. »



    Un autre de ses édifices de grande valeur est le Palais Universul, conçu au départ comme le siège du quotidien du même nom. Plusieurs rédactions y ont travaillé au fil des ans et maintenant limmeuble, restauré depuis peu, accueille des salles de spectacle, des bars et des bureaux. Paul Smărăndescu a aussi conçu des habitations standard pour les fonctionnaires du ministère de lIntérieur. Les immeubles étaient situés à lest de Bucarest, à lépoque à la périphérie de la ville. Cest toujours lui qui a commencé, à linitiative du roi Carol II, à dessiner un nouveau siège du ministère de lIntérieur. Il a dû délaisser le projet en raison de son âge et de son départ à la retraite. Mais dautres architectes ont repris les plans et le résultat est limposant édifice qui fait face à lancien Palais royal, aujourdhui le Musée national dart. Cest là que le Parti communiste roumain a installé son comité central et là aussi, après la Révolution, que le Sénat a choisi de siéger. Alors quil est connu comme adepte du style néo-roumain, Paul Smărăndescu a abordé plusieurs styles dans sa carrière. Oana Marinache :



    « Avant la Première Guerre mondiale, il sadaptait aux commandes privées quil recevait. Il a même dessiné des bâtiments dans le style éclectique français, car il sortait de lécole dart de France, où il avait vu tous ces hôtels particuliers somptueux. Mais il abandonnera cette influence pour se concentrer sur le style néo-roumain. Dailleurs, ses immeubles sinscrivent dans la lignée Smărăndescu du style néo-roumain. Ce sont des édifices massifs, des résidences somptueuses à un ou deux étages, richement décorées avec des bas-reliefs en pierre aux motifs végétaux, où le bois est très présent à lintérieur. On remarque un changement pendant lentre-deux-guerres – ce nest pas forcément un tournant stylistique, il vient plutôt du besoin de changement de la ville et du parcellement des terrains. On préfère alors les immeubles plus hauts, qui remplissent une double fonction – commerciale et locative, et Paul Smărăndescu réussit à en faire plusieurs pour des compagnies dassurances dans le centre de Bucarest. »



    Les bâtiments de Paul Smărăndescu ne se trouvent dailleurs pas uniquement à Bucarest, mais aussi dans dautres villes de Roumanie. Larchitecte avait une résidence secondaire à Sinaia, à deux heures au nord de la capitale. Aujourdhui, dix villas conçues par Paul Smărăndescu sont encore debout.


    (Trad. Elena Diaconu)






  • L’architecte Horia Creangă

    L’architecte Horia Creangă

    Parmi les architectes dits modernistes, deux noms se détachent du lot : celui de Marcel Iancu/Janco, artiste plasticien avant-gardiste qui a fait sa carrière en Israël, après avoir imaginé plusieurs hôtels particuliers à Bucarest ; et puis, celui de Horia Creangă, auteur de bâtiments – repères, érigés sur les principales artères de la capitale de la Roumanie. Apparenté au grand auteur de prose classique roumaine, Ion Creangă, larchitecte Horia Creangă a réussi à moderniser un important boulevard, ainsi que la banlieue industrielle de la capitale, à lentre-deux-guerres.


    Ana-Maria Zahariade, professeure à lUniversité darchitecture de Bucarest et co-autrice de louvrage « Horia Creangă. Une monographie », résume la biographie du maître. «Né en 1892, il a été le petit-fils de lécrivain Ion Creangă. Sa famille, qui nétait pas aisée, faisait partie de la petite bourgeoisie bucarestoise. Cest ce qui la poussé, à la fin de la Grande Guerre, à exposer, à lAthénée roumain, plusieurs aquarelles, quil a vendues afin de payer des études à lEcole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, un établissement plébiscité par les jeunes architectes roumains de lépoque. De nombreux jeunes choisissaient de parachever leurs connaissances professionnelles à Paris, malgré louverture, en 1892, de la première école roumaine darchitecture. A la fin des études, Horia Creangă se fait embaucher au cabinet darchitecture de son professeur de lUniversité. Dans la capitale française, il est accompagné par son épouse, Lucia Dumbrăveanu-Creangă, une des premières femmes-architectes roumaines. Ensemble, ils ouvriront leur propre cabinet, en Roumanie, que rejoint aussi larchitecte Ion Creangă, le frère de Horia. Le cabinet finit par avoir du succès, Horia Creangă ayant loccasion de rencontrer beaucoup de gens à la Direction des Nouveaux travaux de la Mairie de Bucarest, où il travaille aussi ; ces personnes vont devenir ses clients. »


    De nature réservée, Horia Creangă naimait pas parler de sa vie privée, mais son travail darchitecte est bien connu et un bon nombre de ses ouvrages sont toujours debout. Un de ses premiers projets a été la maison construite dans la ville de Deva (centre-ouest de la Roumanie) pour lhomme politique Petru Groza, devenu, après 1945, premier ministre et ensuite haut fonctionnaire du régime communiste. Au début des années 1920, Horia Creangă construit pour sa famille une villa de style cubiste et commence ensuite à collaborer avec de grandes compagnies privées et des industriels, qui ont été les bénéficiaires de la plupart de ses projets bucarestois, souligne Ana-Maria Zahariade. « Son premier grand projet, dune importance et dune beauté exceptionnelles, a eu un énorme écho aussi à létranger, puisquil a été publié dans la revue parisienne « LArchitecture ». Il sagit de limmeuble ARO. Lhistoire a commencé lors de la réunion avec les membres de la société ARO, qui allaient lui faire confiance longtemps après 1929, quand Horia Creangă gagnait un concours organisé par eux. Le bâtiment ARO, appelé Patria à lépoque communiste, mais aussi post-communiste et affichant, aujourdhui, un état de dégradation honteux, ce bâtiment donc a été le premier de style moderniste érigé sur le nouveau tronçon, en travaux à lépoque, du boulevard appelé alors « Brătianu », lactuel « Magheru ». On a parlé longuement de cette construction considérée comme une sorte de gratte-ciel qui choquait les contemporains. Elle a continué de les choquer, mais les habitants de la capitale ont fini par laimer. On y trouvait aussi une magnifique salle de cinéma, un bar et un restaurant. A lentre-deux-guerres, la salle de cinéma avait accueilli des spectacles exceptionnels, donnés par de grands artistes, tels le violoniste Yehudi Menuhin ou la chanteuse roumaine Maria Tănase. Cétait un lieu représentatif de la société roumaine moderne et progressiste daprès la Grande Guerre. Plus tard, Horia Creangă a construit, sur le même boulevard, un autre immeuble, appelé « Malaxa-Burileanu » et qui est aussi debout, mais quasi méconnaissable. Le projet initial, à larchitecture très élégante, a lui aussi été présenté dans une importante revue étrangère. Aujourdhui, nous savons que larchitecte Horia Creangă a imaginé 78 projets, dont la plupart ont été construits. »


    La liste de ses projets inclut le bâtiment du Théâtre Giulești, qui abrite à présent lOpéra-comique pour enfants, les usines Malaxa, rebaptisées « Le 23 Août », dans la banlieue est de la capitale, et les Halles Obor. Dans les années 1920-30, tous ces bâtiments constituaient des nouveautés innovantes aussi bien en Roumanie quen Europe. Horia Creangă a été attiré par la simplicité et lélégance des lignes du courant moderniste. Il avait le don dextraire lessentiel des choses et datteindre ainsi ce sommet de lélégance quil cherchait et aimait, qui était son idéal professionnel, considère Ana-Maria Zahariade, qui résume le dernier chapitre de la vie de larchitecte Horia Creangă, mort en 1943. « Il a eu droit à une reconnaissance rapide de la part de la profession, mais cela est peut-être difficile à prouver. La principale revue spécialisée de lépoque, la revue « Arhitectura », publiée par la Société des architectes, ne soutenait pas le modernisme, dont les projets ny étaient pas tellement présents. Horia Creangă est tout de même reconnu, puisque son cabinet darchitecture sest développé et recevait des commandes. De nombreux jeunes très doués y ont commencé de belles carrières, comme ce fut le cas de Haralamb Georgescu, très apprécié ensuite aux Etats-Unis. La renommée de Horia Creangă est presquentièrement due à ses projets, car il na pas enseigné, son cabinet étant une école parallèle à lécole officielle. Dailleurs, la faculté privilégiait le style appelé national ou néo-roumain. Horia Creangă a rencontré le succès en travaillant surtout pour des clients particuliers. Par exemple, la société ARO était une entité privée. Il obtient aussi lappréciation des autorités, étant impliqué dans des projets pour la municipalité de Bucarest. En tant que directeur du département des expositions, il participe à lorganisation des expositions nationales de la fin des années 1930. Il a donc travaillé sur des projets à financement public, preuve de cette appréciation officielle acquise par le style moderniste, avec le temps. »


    Sis dans le périmètre central de Bucarest et à présent abandonné, le bâtiment ARO-Patria, louvrage le plus connu, probablement, de larchitecte Horia Creangă, se dégrade avec chaque jour qui passe, ayant un besoin urgent de travaux de consolidation. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • L’Architecte Nicolae Ghika-Budeşti

    L’Architecte Nicolae Ghika-Budeşti

    Nicolae Ghika-Budeşti a également été un remarquable restaurateur de monuments historiques. Né il y a 150 ans, le 22 décembre 1869, à Iaşi, il était le descendant de deux illustres familles de boyards — Ghica et Cantacuzène — qui ont donné au fil des siècles aux Principautés roumaines plusieurs princes régnants. Nicolae Ghika a grandi dans un milieu artistique. L’historienne de l’art Oana Marinache explique :



    « L’architecte Nicolae Ghika-Budeşti est né dans l’une des familles de boyards les plus célèbres de Moldavie. Il faut savoir qu’en général, pour se distinguer entre elles, les différentes branches des vieilles familles comptant beaucoup de membres adoptaient un deuxième nom, indiquant le domaine dont elle provenait. Il y avait ainsi les Ghika-Comăneşti, les Ghika-Deleni et, en l’occurrence, les Ghika-Budeşti. Le futur architecte a eu la chance de naître d’un père talentueux. Eugen Ghika-Budeşti a été un peintre moins renommé, mais qui s’est quand même fait connaître à l’étranger. Sa mère provenait des Cantacuzène et elle était proche parente du peintre George Pallady et de l’architecte George Matei Cantacuzène. Elle était donc la descendante d’une famille qui a donné au monde de l’art et de l’architecture de grandes personnalités. L’appartenance de Nicolae Ghika-Budeşti à une famille de boyards de Moldavie allait influencer son architecture, la plupart des bâtiments de Bucarest qui lui sont dus étant de style néo-roumain, avec une touche architecturale moldave. »



    Cette particularité, cette originalité de son style s’explique par l’influence de l’architecture des églises et des monastères de Moldavie, érigés sous les règnes d’Etienne le Grand et de Petru Rareş, aux 15-16e siècles. Oana Marinache :



    « Il s’agit d’une réinterprétation de cette architecture, de certains éléments néogothiques ornant l’encadrement des fenêtres et des portails de ces édifices religieux, ainsi que de motifs décoratifs provenant notamment de la céramique traditionnelle émaillée et colorée. Pourtant, Nicolae Ghika-Budeşti n’a pas été à 100% tributaire à ces influences. Il a également réinterprété certains éléments de l’architecture spécifique à la Valachie. Les constructions publiques ou privées qu’il a conçues ont presque toutes un élément de verticalité impressionnant — et je pense notamment à la tour belvédère dont il embellit les institutions publiques ou les villas dont il a conçu les projets. Il utilise également beaucoup l’arc en fer à cheval, élément définitoire de l’architecture moldave appliquée au style néo-roumain. »



    L’ouvrage d’architecture le plus connu de Nicolae Ghika-Budeşti reste l’agrandissement du bâtiment de l’Université bucarestoise, un des symboles de la capitale roumaine. La partie centrale du palais a été projetée par l’architecte Nicolae Orăscu et les travaux de construction ont commencé le 10 octobre 1857, et ont été achevés à peine le 14 décembre 1869. Au fil du temps, le nombre d’étudiants et de spécialisations ayant augmenté, le bâtiment eut besoin d’un agrandissement, qui fut réalisé au début du 20e siècle. Oana Marinache précise :



    « Ce projet d’agrandissement fut entamé avant la Première Guerre mondiale, pourtant, la conflagration mondiale allait l’arrêter pour un certain temps. Cette première étape visait l’aile longeant la rue Academiei. Cette partie du bâtiment, Nicolae Ghika-Budeşti la réalise en collaboration avec son plus jeune confrère, le futur grand architecte Duiliu Marcu, à l’époque à peine de retour à Bucarest après des études à Paris. Les travaux allaient reprendre en 1924, lorsque fut construite l’aile longeant la rue Edgar Quinet et qui allait accueillir la Faculté de Lettres, achevée en 1928. »



    Parallèlement, Nicolae Ghika-Budeşti donne des cours à la Faculté d’Architecture et il publie de nombreux études et ouvrages spécialisés, dont le plus remarquable est « L’Evolution de l’architecture en Valachie et en Moldavie ». En 1930, il est élu membre d’honneur de l’Académie roumaine. Il a également travaillé comme restaurateur, entre 1906 et 1943, en tant qu’architecte en chef du Service technique et ensuite comme consultant au sein de la Commission des monuments historiques. Oana Marinache :



    « Par le biais de la Commission des monuments historiques, il a été présent sur de nombreux chantiers de restauration. Il a voyagé à travers le pays, pour coordonner et évaluer les travaux de restauration de différents monuments religieux. Nicolae Ghika-Budeşti compte parmi les personnalités de l’enseignement universitaire et de la restauration de monuments historiques les plus importantes. Il a fourni conseil pour la plupart des interventions sur ces monuments. N’ayant plus le temps de coordonner lui-même les chantiers de construction, il réalisait les projets des édifices, qui étaient mis en œuvre notamment par des constructeurs italiens. »



    L’architecte et restaurateur Nicolae Ghika-Budeşti s’est éteint le 16 décembre 1943, à Bucarest. Parmi les créations qu’il nous a léguées comptent aussi des projets de décorations intérieures et des pièces de mobilier d’inspiration byzantine.


    (Trad. : Dominique)

  • L’architecte GM Cantacuzino

    L’architecte GM Cantacuzino

    La restauration du palais brancovan de Mogosoaia, au nord de la capitale roumaine, le palais de la Banque Chrissovelloni de la vieille ville, l’hôtel Rex de la station de Mamaia sur la côte de la Mer Noire et le centre de cures de la station thermale Olanesti, ce ne sont que quelques-uns des joyaux d’architecture par le biais desquels le paysage citadin roumain a été enrichi par l’architecte George Matei Cantacuzino. Le long de sa courte vie, l’énergique architecte a projeté des immeubles, tenu des cours d’architecture et écrit des ouvrages spécialisés, essayant de théoriser un certain style à lui, un hydride entre l’architecture classique, traditionnelle et moderne. Né en 1899 à Vienne, où son père était en mission diplomatique, GM Cantacuzino provenait de deux grandes familles de boyards roumains : Cantacuzino et Bibescu.

    Parmi ses ancêtres figuraient aussi des princes régnants et hommes d’Etat qui, depuis le Moyen Age et jusqu’à l’époque moderne, avaient contribué au développement socio-culturel des principautés roumaines. En 1919, lorsque GM Cantacuzino fut admis à l’école des Beaux arts de Paris, en Roumanie démarraient les travaux de restauration du palais de Mogosoaia, une résidence du 18e siècle du prince régnant Constantin Brancovan, détenue à l’époque par un membre de la famille de l’architecte, la princesse Martha Bibescu. Le futur architecte allait y contribuer pleinement.

    En 1923, aux côtés de l’architecte August Schmiedigen, GM Cantacusino a projeté le palais de la Banque Chrisovelloni, inauguré en 1928. Ce fut le début d’une carrière ascendante jusqu’aux années 1940. Les premiers ennuis sont survenus justement en 1940, lors de l’écroulement d’un immeuble qu’il avait conçu, suite à un tremblement de terre. Tant les responsables de l’entreprise qui a construit le bâtiment que l’architecte GM Cantacuzino ont été inculpés, mais en fin de compte la commission d’enquête a décidé que les différentes causes ayant contribué à l’écroulement du bâtiment n’étaient pas imputable à l’architecte. Par conséquent, GM Cantacuzino n’a pas fait l’objet de poursuites pénales. Malheureusement, juste après la guerre, suite à l’ascension du communisme en Roumanie, les problèmes de l’architecte allaient s’intensifier. Une synthèse de ces ennuis est à retrouver dans le livre « L’architecte GM Cantacuzino dans les dossiers de la Securitate » et publié par la maison d’éditions Vremea sous la signature de Vlad Mitric-Ciupe. Qu’est-ce qui est arrivé à GM Cantacuzino après 1944 ? Réponse avec Vlad Mitric-Ciupe : « Lors d’un moment de bonne inspiration, vers la fin des années 1930, il envoie sa famille à l’étranger, soit son épouse et ses deux enfants. Et juste après la guerre, il tente de les rejoindre. La liste des documents de cette collection commence par ce moment et par les tentatives de GM Cantacuzino de quitter le pays. Il s’agit d’efforts d’obtention d’un passeport et puis d’un visa, efforts bloqués par des institutions telles la Sécurité de l’Etat, soit le service de renseignements d’avant l’installation du communisme et la Securitate, la police politique du régime communiste. C’est pourquoi l’architecte a même tenté de fuir illégalement le pays, vu qu’un départ en toute légalité était carrément impossible. Une de ses tentatives a été de quitter la Roumanie à bord d’un canot via la Mer Noire, depuis le port de Constanta. En même temps, entre 1945 et 1946, il participe aux efforts d’organiser une résistance anti-communiste. La maison de l’architecte avait accueilli des rencontres entre celui qui dirigeait la branche armée du mouvement national de résistance, le colonel Ioan Toba, et les représentants des missions diplomatiques étrangères qui étaient notamment officiers britanniques et américains. Accusé d’appartenir à une organisation interdite, GM Cantacuzino reçoit une peine de prison ferme, étant envoyé pour faire des travaux forcés au canal (reliant le Danube à la Mer Noire). »

    Ce fut sur le chantier de ce canal qui devait relier le fleuve à la Mer par le sud de la ville de Constanta que de nombreux détenus politiques sont décédés, épuisés par le travail extrêmement dur. Arrêté en 1948, GM Cantacuzino a été libéré de sa détention en 1953, mais son état de santé était très précaire. Vlad Mitric-Ciupe évoque la situation de l’architecte après sa mise en liberté :« A l’aide de l’architecte Stefan Bals, un proche, il a réussi assez vite à se faire embaucher par la Commission des Monuments Historiques, d’où il fut licencié tout aussi vite. Enfin, il arrive à travailler à la Métropolie de Moldavie, où il logeait. Au cours des quatre ans écoulés entre sa mise en liberté et son décès en 1960, l’attention de la Securitate n’a pas diminué d’un cran. Tout un réseau d’informateurs s’est tissé autour de GM Cantacuzino. Ils rapportaient constamment à leurs supérieurs ce que l’architecte disait et faisait. Il a été assez immun à la rééducation à laquelle il fut soumis en prison et toute une série de délations visent les réactions de GM Cantacuzino a propos des événements qui s’étaient déroulées en Hongrie en 1956. Vu les déclarations de l’architecte exprimées en toute impunité en faveur de la révolution hongroise, la Securitate a renforcé les mesures de surveillance le visant.

    Mais la voix de George Matei Cantacuzino était assez faible en raison de son âge et surtout de son état de santé. Il s’éteint à Iasi, là où il avait travaillé durant la dernière partie de sa vie. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Michel Minouflet (France) – quels jardins pour les Roumains?

    Michel Minouflet (France) – quels jardins pour les Roumains?

    Pour nous éclairer sur cette question, nous avons invité au micro de RRI une véritable experte du végétal, la paysagiste Andreea Paunescu. Diplômée de la section de l’architecture du paysage de la Faculté d’Architecture de Bucarest, et avec un doctorat en cours de préparation à la Faculté d’Horticulture, Andreea se passionne notamment pour les jardins historiques. Des jardins qui doivent continuer de fournir latmosphère qui leur est propre à ceux qui les parcourent.



    Pourtant, en attendant de voir son rêve s’accomplir, Andreea Paunescu travaille dans un bureau d’aménagement paysager où les clients sont… La plupart des clients sont des personnes aisées, des patrons d’entreprises ayant voyagé beaucoup à l’étranger et qui savent très bien ce qu’ils veulent. Ils souhaitent, par exemple, se faire une idée très concrète de l’évolution de leur jardin en fonction des mois de l’année. Pour cela, ils commandent des maquettes, ils veulent voir les plantes et apprendre sur leur évolution tout au long de l’année. Et puis, il y a tous ceux qui nous prennent pour des horticulteurs et du coup nous contactent seulement pour des petits projets qui, assez souvent, ne se concrétisent même pas, en raison des coûts”.



    Après tant d’années d’études, il est frustrant pour un architecte paysagiste de se voir limiter dans son imagination par la réticence des clients qui, en Roumanie, affirme Andreea Paunescu, sont assez conservateurs quand il s’agit d’aménager leur jardin à l’aide d’une entreprise spécialisée. Le plus souvent c’est le tarif qu’ils incriminent, bien que, dit notre invitée, les services ne soient pas si chers vu le travail qu’ils impliquent. N’oublions pas que, tout comme un architecte, un paysagiste doit élaborer lui aussi un projet. Parfois, les deux spécialistes collaborent ce qui prouve, une fois de plus la complexité du travail, renchérit Andreea Paunescu avant d’ajouter : “Malheureusement, les Roumains sont très chaotiques et veulent un peu de tout quand ils s’agit d’aménager leur jardin- des fleurs, un jardin potager, un espace de détente, une piscine- bien que le plus souvent, ils n’aient pas suffisamment d’espace pour bénéficier de tout cela. Côté aménagement, la plupart de mes clients s’inspirent des jardins qu’ils ont vus à l’étranger. Malheureusement, ils oublient que parfois, il est impossible de faire pousser à Bucarest les mêmes espèces de plantes qu’à Bora-Bora“.



    Mais, finalement, une question s’impose. Les Roumains, s’intéressent-ils au jardinage ? Andreea Paunescu : “Je ne dirais pas que les Roumains se passionnent pour le jardinage. Ils aiment plutôt profiter de leur jardin juste pour y savourer le café le matin ou s’y détendre un peu le soir. Sinon, ils préfèrent toujours que quelqu’un d’autre s’occupe de leurs plantes. Les Roumains ont un programme très chargé. Ils commencent la journée de travail un peu plus tard que d’autres Européens, vers 9 heures,10 heures du matin, mais ils rentrent très tard chez eux. Il est évident que lorsqu’on rentre à la maison très tard dans la soirée, on n’a plus envie d’arroser le jardin. J’ai des clients qui, une fois par mois, font recours aux services d’une société d’aménagement pour les irrigations et les travaux de jardinage. D’autres se proposent dans un premier temps d’assumer eux mêmes les travaux, mais ils finissent pour la plupart par demander de l’aide quand ils voient que leurs plantes sèchent”.



    Quelles sont les plantes que les Roumains souhaitent avoir dans leur jardin ? “Des fleurs qui sentent bon, des arbustes ou des arbres que l’on peut décorer à Noël et surtout des plantes qui ne nécessitent pas un entretien particulier. Les Roumains aiment aussi décorer leurs espaces détente de plantes exotiques, de palmiers, par exemple. C’est la mode à présent et il ne faut pas oublier que toutes ces belles plantes tropicales doivent se trouver refuge à l’intérieur une fois que le froid s’installe. A la fin, je voudrais préciser que ces dernières années, de plus en plus de clients souhaitent avoir leur propre petit jardin potager. Pourtant, dans la plupart des cas, c’est plutôt un caprice, vue que le jardin est si petit qu’on n’y peut cultiver que quelques oignons verts et quelque plants de tomates”.

  • L’architecte Ion D. Berindey

    L’architecte Ion D. Berindey

    Le surnom de « Petit Paris » accordé à l’ancien Bucarest est embrassé par certains, mais contesté par d’autres. Ces derniers considèrent que le mélange d’Orient et d’Occident, les multiples aspects contradictoires de la ville — comme par exemple les taudis avoisinant des manoirs — non seulement ne renvoient pas à Paris, mais font partie de la spécificité et de l’attractivité de Bucarest. Pourtant, à compter de la seconde moitié du XIXe, certains architectes commencent à imaginer des bâtiments qui rappellent Paris par leur style et leur somptuosité.



    Ion D. Berindey, né en 1871 dans une famille d’architectes, est un d’entre eux. Son père, Dimitrie Berindey, a été le premier architecte roumain formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris entre 1853 et 1859. Ion D. Berindey s’inscrit initialement à l’Ecole de Ponts et Chaussées de Bucarest, mais il part à Paris, où il étudie à la même école que son père, entre 1891 et 1897. A son retour en Roumanie, les commandes ne tardent pas, et Berindey commence à travailler simultanément sur plusieurs projets, la plupart conçus dans le style qu’il avait appris à Paris.



    L’architecte Sidonia Teodorescu, auteure d’une monographie consacrée à Ion D. Berindey, décrit sa façon de travailler: « Puisqu’il avait reçu plusieurs commandes, dès le début du XXe s, il travaillait en parallèle à plusieurs bâtiments, dont certains très connus, tels le Palais Cantacuzène, ou bien l’immeuble qui abrite aujourd’hui le Très petit théâtre de Bucarest, ou encore le Palais de la Culture de Iasi, l’hippodrome démoli de Bucarest, ainsi que beaucoup de maisons privées à Craiova ou Constanţa. La création de Berindey est placée sous le signe de l’éclectisme et on y retrouve des éléments de néo baroque, de néo rococo, et même des éléments d’Art nouveau. Mais ce qui était surprenant, et je le mets en exergue dans mon livre, c’était que Berindey a beaucoup travaillé aussi dans le style néo roumain. »



    Outre sa manière originale de combiner les différents styles architectoniques, Ion D. Berindey a aussi créé un certain type d’ornementation considérée aujourd’hui encore comme étant sa marque, mais aussi celle de Bucarest : décors en fer forgé, verrières et baies métalliques, escaliers, balustrades, mascarons et autres. Les édifices qui illustrent, peut-être, le mieux sa manière stylistique sont le Palais Cantacuzène de l’Avenue de la Victoire, aujourd’hui siège du Musée Georges Enesco, et la Maison Assan, en style néoclassique français, aujourd’hui connue sous le nom de la Maison des scientifiques, sise Place Lahovary, en plein centre de la capitale roumaine. Le Palais Cantacuzène a lui aussi une belle histoire qui commence avec Grégoire Cantacuzène, surnommé le Nabab, et continue avec sa bru, Maruca, celle qui allait devenir la muse et l’épouse de Georges Enesco.



    Sidonia Teodorescu explique: « Georges Grégoire Cantacuzène, surnommé le Nabab en raison de son immense fortune et devenu en 1899 chef du Parti conservateur et premier ministre, a décidé, de construire le plus beau logement de Bucarest. Voici comment les chroniqueurs du temps ont décrit le palais: un splendide immeuble à façade Louis XIV, avec des plafonds peints par des artistes renommés, avec des bronzes et des statuettes réalisés par le sculpteur Storck, avec du bois sculpté et du fer forgé sorti des mains des maîtres bucarestois, à chauffage central par calorifères, avec 600 lampes incandescentes, une véritable œuvre d’art. »



    Comment Sidonia Teodorescu décrirait-elle maintenant cet édifice ? « Je pense qu’il peut être décrit par un seul mot : somptueux. La somptuosité est due aussi au fait qu’à la réalisation du bâtiment, Berindey a été aidé par des artistes connus de l’époque, par exemple les peintres Costin Petrescu et Gh. Mirea pour les peintures murales, ainsi que le sculpteur Emil Wilhelm von Becker pour les sculptures et l’ornementation sculpturale. Il a également collaboré avec des ateliers célèbres de France pour les décorations intérieures. J’ajouterais qu’il est l’auteur d’un plan de systématisation réalisé en 1914, à Craiova, avec l’ingénieur Coleanu. »



    Malheureusement, son rythme effréné de travail a eu raison de Ion D. Berindey ; l’architecte est décédé en 1928, à 57 ans, d’un arrêt cardiaque. (trad.: Ligia Mihăiescu)

  • L’architecte Edmond van Saanen-Algi

    L’architecte Edmond van Saanen-Algi

    De nombreux hommes de culture, scientifiques et hommes d’affaires qui ont contribué à la modernisation de la Roumanie et de sa capitale, Bucarest, portent des noms étrangers. Pourtant, de par leur naissance et surtout leur activité, ils appartiennent à l’histoire et à la culture nationale. C’est aussi le cas de l’architecte Edmond Van Saanen-Algi, dont le nom est lié au Palais des téléphones (siège des Télécoms) et la villa Istrate Micescu, ancien siège de la Bibliothèque pédagogique, située dans le jardin de Cişmigiu.

    L’historienne de l’art Oana Marinache, cosignataire, aux côtés de Gabriel Badea-Păun, du livre « Edmond Van Saanen-Algi, depuis les ballets russes au Palais des téléphones », évoque pour nous les origines et la personnalité de cet architecte original : « Son nom à résonance étrangère nous fait penser à des terres éloignées. En effet, ses prédécesseurs paternels étaient originaires des Pays – Bas, mais depuis trois générations déjà, ils vivaient en Roumanie. Etabli à Bucarest sous le règne du prince Bibescu, son grand-père allait entamer une véritable dynastie active sur les plans économique et artistique. Sa mère, Louise Bruzzessi, était issue de la famille d’un ancien combattant pour l’unification de l’Italie et qui avait ouvert un bistro à Bucarest. »

    Edmond Van Saanen est né en novembre 1882. L’historienne de l’art Oana Marinache : « Son père, Robert Van Saanen, a joué un rôle décisif dans la création de la Banque centrale de Roumanie, ayant compté parmi les quatre membres fondateurs. Il a également été secrétaire de cette institution. Après la séparation de son épouse, la mère d’Edmond, il déménage à Galaţi. Edmond grandit donc dans une famille assez intéressante. Sa mère épousera Alexandru Algi et puis Constantin Arion, homme politique, ancien ministre des Affaires étrangères et homme de culture. Dès sa jeunesse, Edmond jouit donc d’une fortune considérable et de prestige au sein de la société roumaine. Il a eu maints talents artistiques, qu’il n’a pas toujours su mettre à profit. Edmond a flirté avec plusieurs arts. Doué pour le dessin, la peinture ou la musique, il est resté invariablement au stade des tâtonnements. Après des études à l’Institut polytechnique de Munich, il suit les cours de l’Ecole des Beaux-arts de Paris, mais il ne parvient à décrocher son diplôme qu’au bout de dix ans. Certes, ce n’est pas le talent, mais la volonté qui lui manquait. Dans les années 1907-1908, il commence à réaliser des milliers de dessins illustrant les spectacles des troupes de ballet russes. Ensuite, il part pour New York, où il découvre un nouveau type d’architecture, celui des gratte-ciel, dont il s’inspirera dans ses futures créations à Bucarest. »

    Avant de transférer ce type d’architecture dans la capitale roumaine, Van Saanen a également contribué aux plans de plusieurs bâtiments de style néo-classique de Bucarest. C’est le cas par exemple de l’édifice de l’Académie d’Etudes Economiques, fruit de sa collaboration avec l’architecte Grigore Cerchez. Même dans ce cas, Van Saanen a tenté d’appliquer certaines des leçons apprises à New York, explique l’historienne de l’art Oana Marinache : « Cette construction majestueuse, en style néo-classique, avec des colonnes impressionnantes, se dresse sur la Place Romana. Un deuxième immeuble, situé derrière cette place, renvoie à l’architecture des gratte-ciel. Pour le Bucarest des années 1924-1926, c’était un élément de modernité. De nos jours, le bâtiment sert de foyer aux étudiants de l’Académie d’Etudes Economiques. Caché comme il est derrière l’édifice de l’Académie, on ne peut en apercevoir que la coupole et ce depuis une certaine distance. »

    La première construction de Bucarest réalisée selon le modèle des gratte-ciel américains a été le Palais des télécoms. Il a été bâti dans les années 1931-1932 par la compagnie américaine de téléphonie ITT, sur l’Avenue de la Victoire, sur l’emplacement de la célèbre terrasse Oteteleşanu. Ses architectes ont été Edmond Van Saanen-Algi et l’Américain Louis Weeks. L’édifice, qui a suscité à l’époque de vives controverses, est à présent un symbole de la capitale roumaine, même si le nom de son architecte est plutôt méconnu. Edmond Van Saanen-Algi est mort en 1938, des suites d’un cancer. Il n’a plus eu le temps de voir sa création entièrement acceptée par les Bucarestois. (Trad. MarianaTudose)