Tag: artiste

  • “Un Martie la feminin”

    “Un Martie la feminin”

    La Galeria Senso, din Bucureşti, s-a deschis expoziţia “Un Martie la feminin”. Protagoniste sunt 17 dintre cele mai valoroase artiste ilustratoare din ţară. Sunt expuse ilustraţii, obiecte decorative şi de artă, jucării realizate manual şi bijuterii de autor.



    Artistele care îşi expun creaţiile la Galeria Senso sunt: Andreia Morar, Alexandra Hochreiter, Diana Grigore, Diana Barbu, Raluca Tinca, Raluca Bararu, Alina Chiş, Irina Constantin, AnaMaria Neacşu, Maria Tabarcea, Cornelia Popa, Iulia Lăzărean, Elena Ţara, Oana Popescu, Ana Andronic (Buzu), Ana Maria Rusnac, Andra Lupu, Alina Bancilă, Maria Filipescu şi Raluca Buzura.



    Expoziţia este deschisă până pe 31 martie 2021.



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  • La Journée nationale Constantin Brancusi

    La Journée nationale Constantin Brancusi

    Depuis 2015, le 19 février marque une fête nationale en Roumanie. C’est le 19 février 1876 qu’est né à Hobita, dans le sud du pays celui qui allait devenir une des personnalités artistiques roumaines les plus fortes, charismatiques et géniales – le sculpteur Constantin Brâncuşi. Afin de lui rendre hommage, de nombreuses manifestations sont organisées en Roumanie et à l’étranger. Après être sorti en 1902 de l’Ecole de Beaux-Arts de Bucarest, le jeune Constantin Brâncuşi se rend à Paris, où en 1905 est admis à la prestigieuse Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. Il refuse d’être l’apprenti d’Auguste Rodin par les mots « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ». Brâncuşi commence à exposer ses œuvres dans la Ville Lumière, où il créé la première version du « Baiser », thème qu’il reprendra sous différentes formes et qui culminera par la « Porte du baiser », un des éléments de l’Ensemble monumental de Târgu Jiu, ville de sa région natale.

    A Paris il loue un atelier rue du Montparnasse et entre ainsi en contact avec l’avant-garde artistique parisienne, se liant d’amitié avec Guillaume Apollinaire, Fernand Léger, Amedeo Modigliani, Henri Matisse et Marcel Duchamp. Il participe à des expositions collectives à Paris et Bucarest, inaugurant les cycles Maiastra, la Muse endormie et Mademoiselle Pogany, mais il expose aussi aux Etats-Unis, où ses œuvres fond sensation dès leur première apparition. De 1914 à 1940, son activité créatrice arrive à l’apogée.

    Les œuvres des cycles « L’Oiseau dans l’espace » et des Ovoïdes ainsi que les sculptures en bois datent également de cette période très prolifique. A Paris, le Centre Pompidou détient une grande partie des œuvres de Constantin Brâncuşi, que l’artiste avait léguées à la Roumanie. Pourtant, c’est la France qui les a acceptées et mises en valeur, vu que dans les années ’50 les autorités communistes de Bucarest ont tout simplement refusé de les accepter. C’est pourquoi certaines œuvres de Brâncuşi et tous les objets de son atelier sont à retrouver dans un espace spécialement aménagé près du Centre Pompidou, « L’Atelier Brâncuşi ».

    Le grand artiste roumain s’est éteint le 16 mars 1957 pour être ensuite enterré au cimetière parisien du Montparnasse. En Roumanie, à l’époque de l’installation du régime communiste, dans les années 1950, Brâncuşi est contesté et critiqué, étant jugé comme un représentant du formalisme bourgeois cosmopolite. Et pourtant, sa première exposition personnelle d’Europe ouvre ses portes en décembre 1956, au musée d’Art de Bucarest. Ce ne fut que dans les années ’60 que le grand artiste est « redécouvert » en tant que génie national. Quelle est la place que Constantin Brâncuşi s’est créée dans la sculpture mondiale ? Figure centrale du mouvement artistique moderne, Brâncuşi compte actuellement parmi les sculpteurs les plus importants du 20e siècle.

    Novatrices, ses œuvres sont de loin les créations les mieux cotées de tout artiste roumain et se situent en 4e position des œuvres les plus valeureuses au monde. Les sculptures de l’artiste sont les plus recherchées et s’arrachent à prix d’or dans les maisons de vente, principalement aux Etats-Unis. En 2018, une de ses créations s’est vendue pour quelque 57 millions d’euros. Ses photographies et dessins, qui constituent des clefs de lecture de son œuvre, ont également la cote auprès des collectionneurs du monde entier.

  • L’art visuel au féminin

    L’art visuel au féminin

    L’art féminin est au rendez-vous aujourd’hui. Nous rencontrons, chers amis, deux artistes visuelles appartenant à deux générations différentes, qui ouvrent pour nous deux fenêtres sur l’art. Considérée comme la première artiste de Roumanie à avoir adhéré aux idées féministes, Marilena Preda-Sânc est une des plus importantes personnalités de l’art roumain contemporain.

    « Mon activité artistique a commencé en 1980. Dès ma première exposition personnelle, j’ai tenté de m’exprimer dans plusieurs domaines de l’art. C’est d’ailleurs ce qui caractérise toute ma création. J’ai beaucoup expérimenté. Les pratiques artistiques sont extrêmement diverses, depuis le dessin aux installations en passant par la peinture traditionnelle, le livre d’artiste, la photo, l’art performatif. J’ai enseigné l’art dans l’espace public, qui m’intéresse beaucoup. A mon avis, la chose la plus importante pour un artiste est la liberté : liberté de créer, de faire ce qu’il souhaite, sans être soumis à la contrainte des modes, des clichés, de tout mécanisme coercitif – qu’il soit de nature politique ou produit par la société de consommation. »

    Claudia Brăileanu est, elle, une représentante de la nouvelle génération d’artistes visuels. Chez elle, l’idée de liberté s’étend au-delà de l’espace personnel. Son activité dans le domaine de l’art s’est appuyée sur son expérience allemande. « Ce n’était pas nécessairement la liberté de créer, mais la liberté d’apprendre. Ce n’était pas une question d’ancrage dans une certaine zone ou dans un certain projet, mais de bouger, d’apprendre des choses me permettant d’explorer de nouveaux domaines de l’art. J’ai commencé par la peinture. J’ai étudié les Beaux-arts à Bucarest. Ensuite j’ai bénéficié d’une bourse à l’Académie d’Art de Leipzig. Ce fut pour moi une expérience importante, car j’ai tenté là des choses que je ne maîtrisais pas nécessairement – j’ai écrit entre autres des textes pour des performances artistiques. Dans la classe d’arts visuels dont je faisais partie on expérimentait plusieurs médias artistiques. »

    Pour la jeune génération d’artistes visuels, l’implication sociale est importante. Grâce aux possibilités pratiquement illimitées qu’offrent les nouvelles technologies aux artistes, Claudia Brăileanu s’applique à intégrer dans la peinture une esthétique née dans l’espace virtuel. « J’ai choisi entre autres le cours « Social and Humour ». C’était quelque chose de complètement nouveau pour moi. Cela m’a offert une modalité d’expression que j’ai intégrée par la suite à ma peinture. Il s’agissait d’une esthétique tout à fait différente, d’une nouvelle façon de considérer la répétition. Et j’ai essayé d’aborder le social par le biais de cette idée de répétition. Une structure qui se répète engendre un certain modèle, qui se modifie dans le temps. Par la répétition, ce modèle modifié engendre un autre différent. C’est ma démarche en peinture. »

    Retournons à Marilena Preda-Sânc, une artiste dont les œuvres ont été exposées dans des espaces prestigieux du monde : Kultur Kontakt de Vienne, Ernst Museum de Budapest, Biennale de Valparaiso, International Art Center de Kyoto, Galeria Propaganda de Varsovie ou Kunsthalle de Nürnberg. Jeune artiste dans les années ’70-’80, Marilena Preda-Sânc a découvert les idées féministes de l’époque.

    « Lorsque j’ai commencé à réaliser mes premières photos et interventions, en 1982-1983, je ne savais rien du féminisme. Pourtant, il était pour moi un état intérieur extrêmement puissant, je sentais que c’était ce que je devais faire. J’ai toujours été un leader d’opinion pour les représentantes de mon genre, par affection et empathie pour les autres. D’ailleurs, c’est l’empathie que je pratique dans tout ce que je propose comme représentation visuelle et c’est ce que je souhaite faire. Après ’90, quand j’ai fait la connaissance de certaines théoriciennes comme Mihaela Miroiu, à laquelle je suis très attachée, ou Laura Grünberg, j’ai réussi à voyager, à mieux connaître le féminisme, à le comprendre. Ce fut pour moi une prise de conscience et j’ai commencé à mettre davantage en œuvre ces idées. C’est ce qui m’a valu l’étiquette de « féministe ».

    Pourtant, je ne comprends pas le féminisme sous la forme agressive qu’il a revêtue dans les années ’70. Je vois plutôt sa dimension éco-féministe, une sorte d’écologie en profondeur, que je considère essentielle. » Marilena Preda-Sânc et Claudia Brăileanu offrent au public deux visions différentes de l’expérience quotidienne ou culturelle, deux « versions » de l’art visuel… au féminin. (Trad. : Dominique)

  • Alexandra Costin

    Alexandra Costin

    Fondée en 2019, The Yellow Edge, la plus jeune des galeries d’art contemporain de Hampshire, se propose d’appuyer les jeunes artistes.

    Alexandra Costin est née le 14 février 1999, à Bucarest. En 2017, elle achevait ses études au lycée d’arts plastiques Nicolae Tonitza, section sculpture. Cette même année, elle a participé avec un buste sculpté à une exposition de groupe, dans le cadre du festival de film Super. Depuis l’automne 2017, Alexandra Costin se trouve à Porthmouth, au Royaume-Uni, où elle étudie l’art de la photographie.

    Voici ce qu’elle nous a déclaré à propos de sa présence à la galerie The Yellow Edge: Cette exposition est partie intégrante du portefeuille que j’ai créé pendant les deux années d’études universitaires. J’ai choisi plusieurs images représentatives qui se sont retrouvées dans des projets déroulés au Royaume-Uni et en Roumanie. Ces projets-là explorent des thèmes tels que l’architecture industrielle, l’espace privé et l’identité sexuelle. Tous reposent sur le constructivisme social, à savoir l’identité formée et influencée par des sources extérieures, dont la famille, l’école ou l’église. Ce sont là, à mon avis, les institutions responsables de la création des normes sociales, auxquelles l’individu doit se plier. Elles décident, en quelque sorte, de ce qui est bon ou mauvais, offrant ainsi aux nouvelles générations des conceptions préétablies. Le but que je poursuis au travers de cette exposition c’est de déterminer le visiteur à réévaluer des notions telles l’identité ou la sexualité par rapport à ces contraintes sociales.

    L’exposition invite à voyager parmi une multitude de thèmes, depuis les édifices emblématiques de la Roumanie d’hier jusqu’aux images stylisées du corps humain. Alexandra Costin: Puisque le thème du projet est la construction de l’identité de l’individu, j’ai jugé bon de présenter les photos et le message qu’elles transmettent en utilisant la technique du collage numérique. Je me sers d’un élément de composition pour construire de nouvelles possibilités, de nouvelles identités du corps humain. Il en résulte un mélange de formes géométriques et de corps nus. 35 photos, au format A2, sont à retrouver dans cette exposition qui s’étalera sur deux semaines.

    Nous avons demandé à Alexandra des détails sur son passage de la sculpture à la photo et comment elle en est arrivée à cette première exposition personnelle. C’est une question que je me pose moi aussi. Je pense qu’il s’agit d’une opportunité et je remercie tous ceux qui me l’ont offerte. Si d’autres étudiants aussi y avaient été présents, nous aurions pu partager les travaux d’organisation, ce qui aurait rendu bien plus facile ma tâche. Tel ne fut pas le cas. Pour moi, la photo est une autre facette de la sculpture, car elle me permet de jouer avec les volumes, avec la lumière et les différents angles de prise de vue. C’est assez facile et amusant en même temps.

    En attendant ses nouveaux projets, nous souhaitons bon courage à la jeune artiste Alexandra Costin.

  • L’artiste Miliţa Petraşcu et l’adaptation au communisme

    Attirée par les arts plastiques, elle va faire des études d’art en Russie, alors tsariste, pour partir à Paris juste après la Première Guerre mondiale, où elle va continuer ses études en suivant les conseils de Constantin Brancusi. Son parcours professionnel l’amènera, donc, en contact avec les mouvements d’avant-garde européens et la proximité avec eux va s’accroître avec son établissement à Bucarest, en 1925.

    Elle va intégrer le groupe affilié à la revue « Contimporanul », groupe qui, comme la plupart des courants d’avant-garde, se rapprochait de la gauche politique. Dans le cas de Miliţa Petraşcu, ces propensions sont évidentes depuis 1925 même, année quand Ana Pauker, la future ministre des Affaires étrangères pendant les premières années du régime communiste, apparaît photographiée dans son atelier. Miliţa Petraşcu était donc une artiste qui, apparemment, depuis 1948 – quand le communisme s’installe en Roumanie – aurait dû bénéficier pleinement des grâces du nouveau pouvoir politique. Mais cela n’a pas été le cas.

    Après la Deuxième Guerre mondiale, sa carrière a eu beaucoup de hauts et de bas, car elle a été soit accablée par des honneurs et des commandes officielles, soit critiquée par le Parti communiste pour ses divers dérapages de la doctrine esthétique de ce dernier. Quel a été le contexte culturel et politique dans lequel Miliţa Petraşcu a continué sa carrière après la guerre ? On l’apprend de l’historien Cristian Vasile : « Le discours officiel d’après 1948, qui a été réitéré par l’Union des artistes plasticiens, nouvellement fondée, insistait sur l’idée qu’il n’y avait pas un cadre qui « exploite » plus les artistes, hommes ou femmes, comme il n’y avait plus de marché de l’art déformé, avec des commanditaires « onéreux ». Par contre, il y avait un Etat socialiste qui assumait et garantissait l’égalité entre les sexes, qui faisait des acquisitions d’art raisonnables et qui ne faisait pas de discriminations de genre, ni pour les commandes d’art, ni pour les achats. Il y a eu une période d’accommodation avec ce système, parce qu’au début, des noms prestigieux de l’ancienne génération de peintres et de sculpteurs, parmi lesquels des femmes artistes aussi, ont été attirés et convaincus d’accepter, tôt ou tard, ce nouvel ordre artistique et idéologique. Cela a engendré aussi des honneurs publics, d’acquisitions commanditées par l’Etat, des répartitions d’habitations et des avantages matériaux. »

    Parmi eux, on a compté aussi, dans une première phase, Miliţa Petraşcu, artiste déjà reconnue et bien mise en valeur même depuis la période d’entre les deux guerres. Paradoxalement, dès 1950, elle allait entrer dans un cône d’ombre à cause même de son rapprochement d’Ana Pauker, une communiste répudiée à un moment donné par ses propres camarades du parti, en bonne tradition stalinienne. Cela n’a pas été la seule tache noire dans le « dossier » politique de Miliţa Petraşcu, d’après les propos de notre interlocuteur, Cristian Vasile : « Il y a eu aussi des créations artistiques controversées de Miliţa Petraşcu qui ne lui ont pas rapporté de gloire professionnelle du tout. Il est intéressant de voir que dans les monographies du temps dédiées à Miliţa Petraşcu, le buste a moitié nu de l’actrice Elvira Godeanu n’apparaît pas. Cela a alimenté la rumeur qui courait à l’époque, selon laquelle l’actrice et le dirigeant politique Gh. Gheorghiu-Dej étaient très proches. Une autre raison pour la disgrâce dans laquelle la sculptrice et peintre est tombée à un moment donné semble être le portrait du collectionneur d’art Constantin Doncea. Doncea était devenu une sorte de Némésis, d’adversaire politique numéro 1 du chef de l’Etat de l’époque, Gheorghe Gheorghiu-Dej lui-même. Pourquoi? Parce que Doncea aussi, comme Gheorghiu-Dej, était très lié aux ateliers ferroviaires de Griviţa et à la révolte de 1933 des ouvriers de là-bas, moment symbolique pour Dej et pour la création de son image de leader des prolétaires. En 1958, L’Institut de l’histoire du PCR a convoqué les anciens illégalistes de l’entre-deux-guerres pour enregistrer des témoignages oraux concernant la grève de Griviţa de 1933. Doncea, représenté artistiquement par Miliţa Petraşcu, a déposé une déclaration lui aussi, et par la suite, Gheorghiu-Dej a déclenché, en juin 1958, la répression contre lui et contre d’autres dirigeants du Parti communiste qui avaient l’air de défier son statut. Miliţa Petraşcu est entrée dans ce collimateur politique et elle allait tomber victime d’une soi-disant « exposition » qui a eu lieu en avril 1959 dans l’Auditorium de la Faculté de Droit où ont été apportés des ouvriers et des membres de la Securitate, l’ancienne police politique roumaine, pour faire honte aux artistes. Au-delà de l’exposition de 1959, Miliţa Petraşcu allait pourtant garder, dans les décennies suivantes, un certain esprit non-conformiste, en déclarant même: « Je suis une matérialiste imprégnée de mysticisme. »

    Miliţa Petraşcu est morte en 1976, et pour le grand public son œuvre le plus connu reste la mosaïque sur la fontaine Mioriţa de Bucarest et qui a été créée au milieu de la troisième décennie du siècle dernier.

  • Laurent Jouault

    Laurent Jouault

    A Moieciu de Sus, petit village sis au pied
    des Monts Piatra Craiului, dans le département de Brasov, tout le monde -
    habitants des lieux et touristes en égale mesure – connaît Laurent Jouault et
    sa passion de la photographie. Même si la radio ne joue pas sur le regard, Gens
    d’aujourd’hui a invité aujourd’hui Laurent Jouault à vous parler de son travail
    et de ses projets, dont le plus récent est lié au Théâtre national de Bucarest.



  • L’Opéra national de Iasi – 60 ans d’expérience

    L’Opéra national de Iasi – 60 ans d’expérience

    Après une longue période d’affirmation et de consolidation du théâtre lyrique dans la plus importante ville de province roumaine de Moldavie et après plusieurs tentatives de faire reconnaître officiellement ces efforts, l’Opéra d’Etat de Iasi fut fondé le 1er janvier 1956. C’était la première institution publique d’opéra du nord-est du pays. La première saison a débuté le 3 novembre 1956, avec le spectacle « Tosca » de Giacomo Puccini, sous la baguette du chef d’orchestre Radu Botez et dans la mise en scène de Hero Lupescu. C’était d’ailleurs le premier spectacle de cet important metteur en scène roumain.



    En 2003, l’Opéra d’Etat de Iasi se transforme en Opéra National Roumain de Iasi. La série dévénements marquant le 60e anniversaire de la scène lyrique de Iasi a débuté le 3 février dernier avec le spectacle « Don Giovanni » de Mozart, mis en scène par Beatrice Rancea. S’y est ajoutée une exposition anniversaire réunissant affiches originales et photos de spectacles joués au fil du temps sur la scène de Iasi.



    Beatrice Rancea, directrice de l’institution depuis 2011, nous parle des projets inédits prévus pour cette année à l’Opéra de Iasi: «Le premier spectacle de cette série de premières sera celui de « la reine du ballet » – comme nous, les danseurs, aimons appeler « Le lac des cygnes ». Pour la première fois, l’Opéra roumain de Iaşi réalisera un spectacle en collaboration avec le Théâtre national d’opéra et de ballet « Maria Bieşu » de Chişinău, capitale de la République de Moldova. Cela fait 15 ans déjà que « Le lac des cygnes » n’a plus été dansé à Iaşi et si nous souhaitons son retour sur scène, c’est aussi pour l’orchestre, car la musique en est sublime. La mise en scène et la chorégraphie du spectacle seront réalisées par Ileana Iliescu. Traian Ichim se trouvera au pupitre, ce chef d’orchestre ayant été désigné meilleur chef d’orchestre de la dernière saison par le jury du Gala des prix des opéras nationaux. Nous ouvrirons la nouvelle saison le 4 septembre prochain, avec une nouvelle production de «La veuve joyeuse » de Franz Lehar, dans une formule inédite, avec un texte écrit pour ce spectacle par le metteur en scène Andrei Şerban, en collaboration avec Dana Dima. La distribution du spectacle est remarquable et ce sera une nouvelle lecture de cette opérette, magistralement mise en scène par Andrei Şerban. Pour le 3 novembre, date à laquelle l’Opéra de Iaşi fêtera ses 60 ans d’existence, nous avons prévu une nouvelle production de « Tosca », qui a été le premier spectacle présenté au public de Iaşi il y a 60 ans. Enfin, la dernière première préparée pour l’anniversaire de l’Opéra sera une nouvelle production de «Turandot » de Puccini. Il s’agit d’une mise en scène grandiose signée par Alexandru Darie, très connu dans le monde du théâtre et de l’opéra, qui collabore avec nous pour la première fois. »



    Et c’est toujours pour la première fois, depuis 60 ans, que « Turandot » sera monté à Iaşi. Le metteur en scène Andrei Şerban revient à Iaşi après y avoir monté « Les Troyennes » d’Elizabeth Swados, « Les Indes galantes » de Jean-Philippe Rameau et « Lucia di Lammermoor » de Gaetano Donizetti.


    Inviter des metteurs en scène de théâtre fait partie de la stratégie de la directrice Beatrice Rancea: « Le public a pris déjà l’habitude de plonger dans l’histoire que lon raconte, de ne plus la regarder dune manière détachée. C’est la raison pour laquelle, à compter des années ’80, on a invité les metteurs en scène de théâtre à monter des spectacles d’opéra partout dans le monde, justement pour sortir du simple spectacle des voix, du spectacle — concert. A l’heure actuelle le spectacle d’opéra a beaucoup évolué. C’est en fait du théâtre de la meilleure qualité qui s’adresse au public par le biais de la musique. A part le fait de respecter le personnage tel quil est décrit par l’auteur, les nouvelles mises en scène demandent une performance théâtrale dans l’interprétation des rôles. Les interprètes de Iasi sont donc des acteurs extraordinaires. Ils ont une condition physique fantastique. Par exemple, dans le spectacle «Lucia di Lammermoor» d’Andrei Serban, la soliste Lăcrămioara Hrubaru Roată se fait remarquer non seulement par la beauté de sa voix, mais aussi par sa performance physique. C’est pour ce rôle quelle a été récompensée du prix de la meilleure soliste de la saison. Elle est vraiment incroyable.»



    Le Ballet de l’Opéra national de Iasi a lui aussi beaucoup progressé ces 5 dernières années, affirme Beatrice Rancea : « Pratiquement, le ballet n’existait que dans les spectacles de divertissement. Le répertoire d’opéra et d’opérette ne comportait que deux spectacles de ballet, dont la plupart des solistes venaient de Bucarest. C’est pourquoi nous avons voulu soutenir une nouvelle génération de danseurs et nous avons très bien collaboré avec le Lycée de chorégraphie. Ses élèves font partie de nos équipes dès la première ou la 2e année de lycée.»



    Mentionnons aussi que la scène de l’Opéra de Iasi a accueilli des artistes roumains connus partout dans le monde. Parmi eux, les sopranos Viorica Cortez et Virginia Zeani, ainsi que le baryton Nicolae Herlea. (Trad. Alex Diaconescu, Valentina Beleavski, Dominique)

  • Artistes en apesanteur

    Artistes en apesanteur

    La lévitation est parfois regardée, par nos cultures occidentales, comme un tour de magie truqué. Toutefois, si lon y pense bien, on la pratique tous, dune manière ou dune autre, plutôt mentalement que physiquement pour la plupart dentre nous, quand on est un peu absent, détaché, zen, pour ainsi dire. A priori, un artiste est tout le temps dans les airs. Mais ce nest pas de ce cliché, pas vraiment bienveillant, quil est question dans lexposition “Elévation”, qui peut être vue jusquau 25 mai à lInstitut culturel roumain de Paris (1, rue de lExposition). Les photographes Franz Galo et Pascal Gravot ont surpris en images une vingtaine dartistes contemporains roumains en état dimpondérabilité, une manière de surprendre à la fois la personnalité cachée de ces créateurs, que lessence de leur art. Pourquoi faire voler des artistes et comment cette démarche parle-t-elle de lart contemporain roumain? Franz Galo, un des deux auteurs du projet “Elévation”, est avec nous pour nous expliquer leur approche inédite.





  • Le théâtre roumain face à l’oeil français

    Le théâtre roumain face à l’oeil français

    Petit retour au 8e festival “Temps dimages” de Cluj, lévénement des arts performatifs indépendants déroulé récemment dans la quatrième ville roumaine. Il a été loccasion et le terrain de rencontre de programmateurs et responsables de théâtres publics et privés de Roumanie avec des homologues français. Cest lOffice national de la diffusion artistique français, en coopération avec lInstitut français de Roumanie, qui a organisé cet échange censé faire le point sur létat du secteur théâtral roumain et explorer les opportunités de coopération bilatérale. Combien intéressant est le théâtre roumain pour les programmateurs de lHexagone? Pour nous en parler, Mme Milica Ilic, conseillère chargée des activités internationales à lONDA.


  • Des souvenirs de Brancusi

    Des souvenirs de Brancusi

    Constantin Brancusi est peut être l’artiste roumain le plus connu au monde. Aucun autre Roumain n’a reçu tant de distinctions et de louanges universelles, aucun autre Roumain n’a tant marqué un domaine artistique, comme Brancusi qui a laissé son empreinte sur la sculpture universelle. Son nom apparaît sur toutes les listes des meilleurs artistes et des meilleurs oeuvres d’art de tous les temps.



    Pourtant, Constantin Brancusi n’a pas aimé la célébrité. Bien au contraire. Il était quelqu’un d’austère, absorbé par son travail et plutôt réservé avec les gens et les médias. C’est justement pourquoi il n’a jamais enregistré d’interviews radiophoniques et les morceaux vidéo dans lesquels il apparaît sont très rares. Toutefois, Brancusi vit dans la mémoire de ceux qui l’ont connu. Le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine a interviewé une partie de ces personnes et récupéré plusieurs enregistrements d’autres archives.



    Le critique d’art George Oprescu compte parmi les gens qui ont connu Brancusi. En 1963 il racontait à la Radiodiffusion roumaine ses deux rencontres avec le sculpteur. La première a eu lieu après la première guerre mondiale, dans l’atelier parisien de l’artiste, Impasse Ronsin, où il a vécu pendant un demi-siècle, de 1907 jusqu’à sa disparition en 1957.



    George Oprescu: « L’atelier de Brancusi, très vaste, était entièrement occupé par d’énormes poutres en bois ancien, certaines ayant une soixantaine de centimètres d’épaisseur et plusieurs mètres de longueur. Elles provenaient d’un village de Bretagne où des maisons avaient été démolies. Disposées les unes sur les autres, ces poutres semblaient attendre les mains magiques de l’artiste. On se serait cru dans une grotte, où un cyclope s’affairait à transformer le bois en objets censés émerveiller le monde. Et comme à cette époque-là j’étais passionné par Wagner et par sa mythologie, rien de ce que je voyais ne me paraissait étrange. »



    En 1937, lorsqu’il rentre à Paris, Oprescu rend visite à Brancusi. Il trouve que l’artiste et son environnement avaient quelque peu changé. « Cette fois-ci, ce n’étaient plus les poutres en bois qui conféraient un air à part à l’atelier du maître. A cette époque-là, Brancusi se penchait sur la sculpture en bois et en métal poli. Je n’ai pas été agréablement surpris par ces ouvrages, installés sur des plate-formes mobiles actionnées par un mécanisme électrique. L’artiste m’a convié à table et nous avons causé pendant deux bonnes heures au sujet de ses sculptures. Dès le premier contact avec Brancusi, j’avais été interpellé par la noblesse rustique, je dirais, de ses traits, par ses mouvements souples, par son corps costaud. Ses yeux, surtout, étaient extraordinaires! De petits yeux perçants, tantôt moqueurs, tantôt graves, mais sans outrance. Des yeux changeants, suivant les états d’âme de l’artiste. Il s’exprimait posément, et sans ambiguïtés, car il tournait sept fois sa langue dans la bouche avant de parler. Ce soir-là, j’ai senti planer autour de moi cette sérénité de l’artiste qui a enfin saisi la vérité suprême de l’art. »



    Dyspré Paleolog a été journaliste à la radio publique roumaine, dans les années de la seconde guerre mondiale. Après l’occupation soviétique, il s’est réfugié à Paris. C’est là qu’il a commencé à fréquenter Brancusi, qui avait étudié à la même faculté que son père.« Il était très attaché à mon père. Ils ont passé ensemble leur vie étudiante et ils étaient de très bons potes, comme on dit chez nous, en Olténie. Mon père a été un exégète de Brancusi, c’est bien à lui que l’on doit les premiers 4 ou 5 ouvrages consacrés à l’œuvre du maître, dont le dernier paru directement en français, à mes frais. Ce livre a fait un tollé sur la scène culturelle parisienne, éveillant l’enthousiasme des connaisseurs de l’œuvre de Brancusi. A son tour, l’artiste s’était lié d’amitié avec un jeune étudiant infortuné qui cherchait sa voie en France. Et il m’a dit: écoute, mon vieux, soit intelligent et méfie-toi de la mission diplomatique roumaine”. Des paroles qui m’ont bien servi. Brancusi m’a reçu chez lui plusieurs fois, cinq ou six au total, en raison aussi bien du livre que de l’amitié avec mon père. Autant d’occasions de mener des discussions intéressantes. Pourtant, le maître n’avait pas trop de rapport avec les Roumains de Paris. Comme toute communauté étrangère, celle roumaine de France traversait une période de réadaptation profonde, qui a débouché sur la formation de plusieurs groupes: les anticommunistes déclarés, les démocrates et les partisans de la gauche. Il y avait aussi un groupuscule de communistes fervents. A l’instar de Brancusi, moi aussi j’ai choisi de me tenir à l’écart de la diaspora roumaine. »



    L’officier et le professeur Virgil Coifan remémore au micro une cérémonie accueillie en 1938, par la ville de Targu Jiu, en présence du maître Constantin Brancusi. « Nous nous sommes rendus au parc de Targu Jiu pour attendre le préfet. A ce moment là, le directeur de l’école de Tismana, un certain Chitiba qui connaissait bien Brancusi parce qu’ils étaient amis ou même parents, je ne sais plus, s’est exclamé: écoutez, maître, nos concitoyens disent que vous vous êtes moquez pas mal d’eux en créant les oeuvres que voici”. A ce moment-là, Brancusi a répliqué c’est ce que disent les adversaires de Tatarascu”. Et l’artiste a tenu à souligner le coup de main offert par la famille Tatarascu à l’emplacement de ses oeuvres dans le parc de la ville, notamment le soutien d’Aretia Tatarascu, celle qui a le plus insisté en faveur de la création d’un monument. »



    Ce n’est pas un secret pour personnes que les artistes sont souvent mal compris par leurs contemporains. Mais cela ne les rend jamais moins exceptionnels. (trad.: Ioana Stancescu, Mariana Tudose, Valentina Beleavski)