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  • Schengen, pas encore

    Schengen, pas encore

    Jeudi, le Conseil Justice et Affaires intérieures n’a apporté aucun changement en ce qui concerne l’adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen. En fait, l’Autriche reste tout aussi inflexible dans son approche qu’il y a près d’un an. Tout cela, malgré le fait que tant la Commission européenne, que le Parlement européen ont réaffirmé que les deux pays avaient rempli toutes les conditions nécessaire à l’adhésion avec leurs frontières terrestres.

    N’empêche, il reste encore beaucoup à faire, déclare de son côté le ministre autrichien Gerhard Karner :

    « Nous sommes sur la bonne voie, mais nous ne sommes pas encore à la fin des discussions. Les mesures ont clairement eu de bons effets. A la frontière austro-hongroise, la migration a diminué. Frontex et ses fonctionnaires participent à la protection des frontières de l’Union. Mais nous devons poursuivre intensément les discussions concernant la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, afin que la situation s’améliore non seulement pour l’Autriche, mais pour l’ensemble de l’espace Schengen. Il est clair que les contrôles aux frontières de l’Union et à l’intérieur de l’espace Schengen portent leurs fruits. Mais il y a encore beaucoup à faire, beaucoup de travail fort est encore nécessaire. »

     

    Une déclaration plutôt ambiguë qui n’avance aucune date claire pour l’expansion terrestre de l’espace de libre circulation européenne pour y inclure les deux pays, qui travaillent en tandem dans cette démarche. Une démarche lancée il y a environ vingt ans et dont Bucarest a rempli l’acquis depuis déjà 2011, date à laquelle l’adhésion était initialement prévue.

    « La Roumanie est pleinement préparée, nous avons appliqué et rempli tous les critères pour intégrer l’espace par les frontières terrestres. Nous mettons parfaitement en œuvre la décision d’intégration Schengen par les frontières aériennes, adoptée par le Conseil en décembre de l’année dernière », a déclaré à son tour le ministre roumain de l’Intérieur, Cătălin Predoiu, devant le conseil JAI à Luxembourg : « Nous avons réduit de manière significative l’immigration clandestine grâce aux efforts de la police aux frontières et la coopération policière. Nous continuerons à appliquer toutes les procédures de Schengen et nous sommes prêts à mettre en œuvre tous les instruments de Schengen (…) Nous continuerons à coopérer avec les Etats-membres et la Commission pour assurer rigoureusement la sécurité des frontières de notre pays et, implicitement, de l’UE. »  a insisté le responsable roumain.

     

    « Il n’y a aucune condition qui ne soit remplie », a renchéri le ministre bulgare de l’Intérieur par intérim, Atanas Ilkov.

     

    Une opinion partagée par Ylva Johansson, la commissaire européenne aux Affaires intérieures qui affirme à son tour : « La Roumanie et la Bulgarie ont rempli toutes les conditions et ont fait même plus que le nécessaire. Je suis très optimiste et j’espère que cette décision sera prise le plus vite possible, pendant que je suis en fonction ». Et d’ajouter que l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie sera à nouveau débattue lors du Conseil de décembre et, jusqu’à ce moment-là, les négociations se dérouleront au sein du Coreper (Comité des représentants permanents des gouvernements des Etats membres auprès de l’Union européenne).

     

     

     

  • Dernière ligne droite vers l’espace Schengen

    Dernière ligne droite vers l’espace Schengen

    Enfin dans Schengen, mais pas tout à fait

     

    17 ans après l’adhésion du pays à l’UE, dans les 17 aéroports internationaux et les quatre ports que compte la Roumanie, les voyageurs à destination ou en provenance des autres Etats de l’espace Schengen ne sont plus soumis au contrôle des documents de voyage. Il s’agit d’un pas important, qui comprend aussi des nombreux bénéfices économiques.

     

    En effet, « le passage à cette nouvelle étape contribue à stimuler les échanges commerciaux entre la Roumanie et les autres Etats membres et favorise l’industrie du tourisme au sein de l’Union et dans les relations avec les pays tiers », a souligné à l’occasion la patronne de la diplomatie de Bucarest, Luminita Odobescu.

     

    Des efforts considérables déposés par Bucarest

     

    Invité sur Radio Roumanie, le ministre de l’Intérieur Cătălin Predoiu détaille les efforts considérables consentis par Bucarest depuis plus d’une décennie pour y parvenir :

    « La Roumanie est en effet préparée à adhérer à l’espace Schengen depuis 2010. Depuis lors, elle avait pris des mesures pour réorganiser ses contrôles aux frontières, pour lutter contre l’immigration clandestine, pour renforcer la coopération policière internationale, pour appliquer pleinement la législation européenne, en adhérant au système d’échange d’informations Schengen, ainsi qu’au système EURODAC, destiné au contrôle du transit des migrants. Des centaines de millions d’euros ont été investis dans ces outils, dans des systèmes parfaitement exploitables et fonctionnels. En outre, huit visites d’évaluation ont été effectuées au cours de ces années pour vérifier le respect des critères Schengen et toutes ces visites ont confirmé le fait que nous remplissons les critères techniques d’adhésion. Eh bien, grâce aux efforts déployés ces dernières années par le ministère roumain de l’Intérieur pour établir une relation de confiance, non seulement avec le ministère autrichien de l’Intérieur, mais également avec les autres ministères de l’Intérieur des États membres de l’Union européenne, avec la Commission européenne, avec le commissaire européen aux Affaires intérieures, avec les autres partenaires de la Roumanie nous y sommes arrivés. (…) Sachez aussi que nous exportons déjà notre expertise en matière de lutte contre l’immigration clandestine, tout comme dans le domaine de l’adaptation de la législation en matière d’asile. »

     

    Ce n’est que le premier pas

     

    À partir de ce moment, le processus d’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen, en ce y compris avec ses frontières terrestres, semble irréversible, bien que la date exacte de la matérialisation de ces desiderata dépend également de facteurs qui ne relèvent pas de la seule intervention diplomatique de Bucarest, mais plutôt des conjonctures politiques extérieures, a déclaré le ministre de l’Intérieur Cătălin Predoiu.

     

    « L’adhésion de la Roumanie avec ses frontières maritimes et aériennes à l’espace Schengen ne représente que le premier pas du processus. En fonction du résultat des élections prévues en automne en Autriche, seul pays encore opposé à l’adhésion de la Roumanie avec ses frontières terrestres à l’espace Schengen, je pense que nous pourrions franchir la dernière étape d’une adhésion complète à cet espace », estime pour sa part le politologue Cristian Pârvulescu.

     

    Comment expliquer le véto de l’Autriche ?

     

    Cristian Pârvulescu : « J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec nombre de responsables autrichiens, toutes couleurs politiques confondues. Ils se sentent gênés lorsque l’on aborde la question du véto de leur pays en la matière. La position du gouvernement autrichien représente une injustice faite tant à la Roumanie qu’à l’Autriche. Et si je comprends très bien le contexte politique interne de l’Autriche, je ne puis que constater qu’en fait ils n’ont même pas réussi à atteindre leurs objectifs, car au final, cette situation n’a fait qu’augmenter le poids électoral de l’extrême droite, du Parti de la liberté, et non du Parti populaire du chancelier Nehammer. En conséquence, il est possible que vers la fin de cette année les négociations s’accélèrent, mais cela dépendra également de la présidence hongroise et de la composition de la nouvelle Commission européenne. Il y a donc beaucoup d’impondérables qui, cependant, dans des contextes que l’on peut espérer favorables, pourraient conduire à une résolution favorable de ce problème qui traîne depuis 13 années. »

     

    10 milliards d’euros par an pour la Roumanie

     

    En termes financiers, l’adhésion de la Roumanie avec ses frontières terrestres à l’espace Schengen apportera un bénéfice de 10 milliards d’euros par an.

     

    Cristian Pârvulescu : « Évidemment, l’on nous scrute de près pour voir la manière dont nous nous débrouillons après avoir intégré l’espace Schengen avec nos frontières maritimes et aériennes. Forcément, toute erreur de gestion de ces frontières risque de se voir spéculer par les Autrichiens qui pourraient être tentés de retarder encore les choses, pour justifier leur position antérieure. Bien entendu, nous savons pertinemment que leurs arguments concernant la migration illégale ne tiennent pas debout. Les institutions de l’Union européenne, Frontex en premier lieu, ont d’ores et déjà démonté les supputations autrichiennes. A l’envers de la Roumanie, la Croatie, dont l’entrée dans l’espace Schengen a été autorisée en 2023, se trouve bien davantage exposée que la Bulgarie et la Roumanie face à la route migratoire des Balkans. »

     

    La migration asiatique ne cesse de croître en Roumanie

     

    Il n’en reste pas moins que la Roumanie doit faire de plus en plus face à l’immigration légale en provenance du continent asiatique, en augmentation exponentielle ces dernières années, estime le politologue Cristian Pârvulescu.

     

    En effet, si la Roumanie avait accueilli 100 000 travailleurs extracommunautaires dans les années 2022 et 2023, elle devrait en accueillir un quart de million cette année pour faire face à la pénurie de main d’œuvre interne.

     

    Cristian Pârvulescu : « Ces gens se trouvent légalement en Roumanie, mais l’on doit faire attention, car ils peuvent monter à tout moment dans un avion à destination d’un autre Etat membre de l’espace Schengen. S’ils échappaient aux contrôles diligentés dans les aéroports roumains, nous pourrions avoir un gros souci. Ces travailleurs asiatiques viennent en Roumanie pour trouver un meilleur travail, mais certains caressent sans doute l’espoir de pouvoir aller plus loin, vers l’Europe de l’Ouest, ce que, dans le contexte de la suppression des contrôles aux frontières aériennes, devient parfaitement réalisable. »

     

     Malgré tout, les autorités roumaines assurent que même après l’adhésion des frontières aériennes de la Roumanie à l’espace Schengen, les contrôles n’ont pas disparu du jour au lendemain. (Trad Ionut Jugureanu)

  • Chronique de “Mars Violet” de Oana Lohan, un premier roman envoutant

    Chronique de “Mars Violet” de Oana Lohan, un premier roman envoutant

    Au micro d’Ioana Stăncescu, Elena Diaconu de la librairie Kyralina de Bucarest parle de son dernier coup de cœur, le livre Mars Violet de Oana Lohan, paru en avril 2021 aux Editions du Chemin de fer.