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  • La synagogue du « Baal Shem Tov » de  Piatra Neamt

    La synagogue du « Baal Shem Tov » de Piatra Neamt

    Située dans le nord-est de la Roumanie, la ville de Piatra Neamţ a été un important bourg commerçant et manufacturier dès le Moyen Age. Habité majoritairement par des Roumains, cette bourgade, également peuplée de Saxons, de Magyars et de Juifs, a accueilli une des cours princières du voïvode moldave Etienne le Grand. La communauté juive de Piatra Neamţ s’est agrandie au fil du temps, au point de constituer, vers la fin du 19e siècle, la moitié de la population de la ville. Unique lieu de culte juif construit en bois à être conservé en Europe de l’Est, la synagogue du Baal Shem Tov de Piatra Neamţ témoigne de cette histoire florissante, affirme l’écrivain Emil Nicolae-Nadler, président de la communauté juive de la ville.

    Emil Nicolae-Nadler: « Plusieurs synagogues de ce type, érigées sur les territoires actuels de l’Ukraine et de la Pologne, ont été détruites pendant la Seconde Guerre Mondiale. Epargnée comme par miracle, celle de Piatra Neamţ est restée debout. De nos jours, elle est la seule en Europe à avoir conservé sa construction originelle, laquelle a subi uniquement des travaux de restauration. Son nom, Baal Shem Tov, est celui du père du hassidisme, important courant du judaïsme, qui a introduit des éléments populaires dans le rituel religieux et la tradition judaïque, ainsi que bien des choses relevant de la magie. Difficilement acceptée par la tradition rabbinique, la pensée hassidique a finalement été intégrée, en raison du grand nombre de ses adeptes. A en croire la légende, le Baal Shem Tov se serait retiré sur le Mont Ceahlău, qu’il avait choisi comme lieu de recueillement. On dit que, le jour du Sabbat, il descendait la montagne et se rendait à la synagogue de Piatra Neamţ, qui se dressait sur le même emplacement que celui de l’actuel lieu de culte. Baal Shem Tov est mort en 1760, 6 ans avant la construction de la synagogue en bois que l’on voit aujourd’hui, mais lors des travaux de restauration on a trouvé des preuves attestant l’existence de la première ».

    S’il n’y a pas de documents prouvant la véracité de cette légende, il existe, en échange, des données sur l’ancienneté de la communauté juive de Piatra Neamţ. En témoignent, entre autres, les pierres tombales datées de 1620 – 1640 découvertes dans le vieux cimetière juif de la ville. En 1766, le prince régnant de Moldavie, Grigore Ghica III, signait l’acte de fondation de cette synagogue. Il autorisait les Juifs à dresser un lieu de culte, tout en leur imposant certaines conditions, précise Emil Nicolae-Nadler : « Elle est construite en bois et ses assises sont situées à 1,80 m en dessous du niveau du sol, car Etienne le Grand avait émis un décret aux termes duquel les édifices érigés à une centaine de mètres d’un lieu de culte chrétien ne devaient pas dépasser la hauteur de ce dernier. Or le mur de l’ancienne cour princière de Piatra Neamţ se trouvait à quelque trente mètres plus loin, juste en face de la synagogue. La particularité de la synagogue consiste dans les côtés assemblés en queue d’aronde, dans les plans de construction et le matériel ligneux utilisé, à savoir le bois de chêne et de sapin, rappelant les monastères de la Vallée de la Bistriţa. Les travaux de construction, commandés par les communautés juives de la contrée de Neamţ, ont été réalisés par des maîtres artisans de l’endroit. »

    Le caractère unique de la synagogue du Baal Shem Tov de Piatra Neamt réside donc non seulement dans le matériau de construction, à savoir le bois, mais aussi et surtout dans son aspect qui renvoie aux églises orthodoxes de la région. Toutes ces caractéristiques ont été préservées pendant les travaux de restauration effectués dans les années 2007-2009.

    Emil Nicolae-Nadler : « Cette synagogue, nous l’avons conçue plutôt comme un objectif culturel, un musée ou un monument historique. Elle abrite une sainte urne en bois. Objet du patrimoine depuis 1835, cette urne présente beaucoup de décorations traditionnelles et renferme un Sefer Torah ramené d’Israël en 2009, à l’occasion de la réouverture de la synagogue, après rénovation. Le balcon réservé aux femmes et aux enfants a été transformé en petit musée. Il abrite différents objets – livres religieux, menoras (chandeliers juifs à sept branches), photos et documents – ayant appartenu aux familles juives ou à d’autres synagogues de Piatra Neamţ, qui ont été démolies lors des travaux d’urbanisme. Les seuls à y avoir échappé sont la synagogue du Baal Shem Tov et le temple Leipziger. »

    Chaque année, d’avril à octobre, Piatra Neamţ reçoit la visite de 2000 à 2500 touristes qui s’intéressent à la pensée hassidique et à la synagogue du Baal Shem Tov. (Trad. Mariana Tudose)

  • The Baal Shem Tov Synagogue in Piatra Neamt

    The Baal Shem Tov Synagogue in Piatra Neamt

    Located in northeastern Romania, the city of Piatra Neamt used to be an important trade hub as early as the Middle Ages. A genuine melting pot, inhabited by Romanians, Saxons, Hungarians and Jews, back in the time of Stephen the Great, the city was one of the kings princely courts.



    The Jewish community there grew in time, accounting for half of the citys population at the end of the 19th century. The Baal Shem Tov synagogue is living proof of the Jews flourishing history in this area, being the only wooden synagogue in the Eastern Europe, as writer Emil Nicolae Nadler, president of the Jewish Community in Piatra Neamt says.



    Emil Nicolae Nadler: “There were several synagogues of this kind in historic Galitia – currently on Polands and Ukraines territories – but were destroyed in World War Two. It was a miracle the synagogue in Piatra Neamt survived, and today it is the only one left in Europe to have preserved its original design, without being rebuilt. It only saw refurbishing works and bears the name of Baal Shem Tov, founder of Hasidic Judaism, a significant strand of Judaism. This brought popular elements into the religious ritual and Jewish tradition as well as many interesting things concerning magical practices. This strand of Juadism was barely accepted by the rabbinic tradition, but that eventually happened due to the large number of followers. There is a local legend connecting the name of Baal Shem Tov to the synagogue in Piatra Neamt. Legend has it that at a certain moment he had withdrawn to mount Ceahlau to meditate and he would go to spend the Sabbath in Piatra Neamt at the synagogue; not the one we have today, an older one that had been built before this one, on the same place. Baal Shem Tov died in 1760, six years before the construction of the present-day synagogue, but when they started refurbishing it, they found evidence of the existence of a an older synagogue on the same site.



    Although there are no documents attesting the truth of the legend about Baal Shem Tovs withdrawal to Ceahlau, there is however evidence on how old the Jewish community in Piatra Neamt is. The old cemetery in Piatra Neamt has tombstones dating back to 1620 and 1640, which proves that a thriving Jewish community had lived in Piatra Neamt before the advent of Hasidic Judaism. The synagogue was founded back in 1766 through an edict by Moldavias ruler at that time, Grigore Ghica the 3rd. Although he allowed the Jews to build a synagogue, certain conditions were imposed, which are visible even nowadays.



    Emil Nicolae Nadler: “It is made of wood, and its foundation lies 1.80 meters below ground level, in keeping with a decree issued by the then ruler Stephen the Great, imposing that any non-Christian building located 100 meters from a Christian one should not be taller than the latter. However, on the same street, opposite to the synagogue, 30 meters from it, lies the wall of the former Princely Court in Piatra Neamt. Its other typical element, the fact that it is made of wood, as well as the architectural elements such as the dovetail corner joints, but also the wood used in construction, oak and fir-tree, all make it similar to the wooden monasteries on the Bistrita River valley. So it was erected with craftsmen from Piatra Neamt, and the material coming from the same place, its just that it was commissioned by the Jewish community there.



    So, apart from the construction material, what makes Baal Shem Tov unique is also its outer shape, resembling Orthodox churches in the region. They have all been preserved as a result of the restoration works carried out over 2007 and 2009.



    Emil Nicolae Nadler:We have designed the synagogue quite opposite to the other one in town, which is more recent. We wanted it to be a cultural landmark, a museum, a tourist objective. That is why inside you can find a sacred wooden urn, a heritage item dated 1835, a very interesting one, lavishly decorated in traditional style. It holds a Torah brought from Israel in 2009, when the synagogue was reopened after refurbishment. We have turned the women and childrens traditional seating area into a small museum of worship objects collected from the other synagogues in Piatra Neamt. The synagogues disappeared or were brought down as a result of the successive town-planning works, and now only the Baal Shem Tov and the Leipziger Temple are left standing. The objects that were retrieved from the former synagogues, but also from families in town, worship books, Menorahs, photographs and various other documents, – we exhibited them all in the museum.



    The interest for Hasidism, but also for the synagogue as such, each year brings around 2,000 to 2,500 visitors to Piatra Neamt, from April to October.


    (Translation by: Eugen Nasta)