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  • Peindre avec des bactéries

    Peindre avec des bactéries

    Aujourdhui nous vous proposons une expérience: avez-vous jamais pensé à vous adonner à la peinture? En supposant que cette idée a traversé votre esprit, avez-vous jamais imaginé que vos outils, en tant quartistes, pourraient être des bactéries? Peut-être pas. Eh bien, le laboratoire de microbiologie de la filiale de Miercurea Ciuc de lUniversité Sapientia a accueilli, pour la deuxième année de suite, un événement inédit, destiné aux lycéens de la ville. Il a permis aux jeunes de réaliser des « peintures » à laide des bactéries et de découvrir le bon côté des microorganismes.



    Comment cette idée est-elle née ? Máthé István, maître de conférences au département de bio-ingénierie de lUniversité Sapientia, explique : « Il y a une dizaine dannées, jai participé à une conférence internationale et là, jai vu le logo dune société pharmaceutique réalisé à laide de bactéries. Cest ce qui ma inspiré cette idée. De retour en Roumanie, jai expérimenté cette peinture utilisant des bactéries avec mes étudiants pendant les heures de laboratoire consacrées à la microbiologie. Ils ont embrassé cette idée avec enthousiasme, ce qui a fait le succès de cette initiative. »





    Pour réaliser leurs projets, les jeunes ont reçu des feuilles de papier sur lesquelles ils ont esquissé au crayon ce quils souhaitaient peindre. Ensuite, ils ont placé le croquis sous des boîtes de Petri transparentes et ont commencé à ensemencer les bactéries, en respectant les contours de leur dessin. Cette expérience est inédite, parce que tous les « tableaux vivants » deviennent visibles deux jours après, lorsque les bactéries, qui contiennent des pigments de différentes couleurs, commencent à se multiplier. La plupart des bactéries utilisées joue un rôle dans la biodégradation des matières organiques présentes dans le sol; les substances inorganiques qui en résultent peuvent être utilisées après par les plantes dans le processus de photosynthèse.



    Máthé István: « Nous avons des boîtes de Petri, en verre, contenant des milieux de culture permettant lensemencement de bactéries de différentes couleurs. Une fois ensemencées, elles se multiplient et, au bout de deux jours, elles deviennent visibles. Au début, on naperçoit que quelques lignes fines, la peinture nest pas visible. Les créations artistiques poussent, pour ainsi dire, dans ce milieu de culture, dans plusieurs jours ».





    Le but de cet événement nest pas seulement artistique. Ses initiateurs ont souhaité montrer aux élèves le rôle important que les bactéries jouent dans notre vie quotidienne. Notre interlocuteur précise : « Nous avons pensé à inviter tout dabord les étudiants et ensuite les élèves dans les laboratoires de microbiologie pour leur montrer le bon côté de cette science. Car très peu dentre eux savent que nous utilisons chaque jour des milliards de cellules bactériennes, par exemple dans lindustrie laitière, dans la panification, dans lindustrie de lalcool, dans lindustrie pharmaceutique et cosmétique. Depuis notre enfance, nous entendons toujours dire que les bactéries sont mauvaises et que nous devons laver nos mains pour nous en protéger. Or, notre idée était de montrer aux jeunes que lon peut travailler avec elles, leur faire voir le bon côté de ces microorganismes. »





    Le projet « Peindre avec des bactéries » en est à sa deuxième édition et le nombre des participants augmenté.





    Máthé István: « Lannée dernière, lévénement a attiré 188 participants de Miercurea Ciuc. Cette année y ont participé 230 élèves de terminale des lycées de la ville. Cest un événement plutôt artistique grâce auquel nous avons pu aborder avec les lycéens des thèmes scientifiques, leur parler du rôle de bactéries. Lidée maîtresse de lévénement était de mieux faire connaître les bactéries et den faire nos amies. Les créations artistiques ont été des plus diverses. Il sagit, en fait, de créations éphémères, que lon ne peut voir que pendant quelques jours, après quoi nous devons stériliser toutes « toiles », si je puis dire, parce que, de toute façon, les bactéries meurent et les créations avec : les paysages, les portraits, les plantes, les animaux et les motifs ornementaux sortis de limagination des jeunes disparaissent. »





    Quelque 500 boîtes en verre contenant des milieux de culture sétaient transformées en « tableaux ». Máthé István se réjouit davoir initié ce projet : « Nous pensons que cest un projet unique en Roumanie. On peint avec des bactéries dans les grands laboratoires du monde, mais que des centaines délèves viennent le faire ici, nous permettant de présenter une exposition comportant 450 telles créations, je pense que cest unique. »





    Cette année, le projet a bénéficié également dune mascotte, qui a veillé les « peintres amateurs » tout au long de leur travail de création. Il sagit du Sapibacille, une bactérie stérilisée, mignonne et amicale, la vedette de la journée – en fait une peluche réalisée par les étudiants et aux côtés de laquelle tout le monde sest pris en photo.





    Un jury constitué de spécialistes de lUniversité Sapientia a évalué les créations des élèves de Miercurea Ciuc et en ont primé les plus réussies. Ces « tableaux éphémères » ont pu être admirés pendant quelques heures dans le hall de lUniversité. Les gagnants ont reçu des diplômes et des livres.





    Peu de temps après avoir été conçues, les créations meurent et les boîtes sont lavées, pour que lannée suivante, elles deviennent de nouvelles toiles pour dautres peintures inédites. (Trad. : Dominique)

  • Les infections nosocomiales

    Les infections nosocomiales

    L’enquête a révélé que plusieurs
    désinfectants utilisés dans les hôpitaux roumains étaient dilués par la société
    productrice elle-même et par conséquent inefficaces. Les investigations qui ont
    suivi – y compris l’enquête pénale – ont découvert tout un réseau de corruption
    actif depuis longtemps. L’on a identifié ainsi une des causes d’un grand
    problème constaté, au fil du temps, par des patients et leurs familles. C’est
    que pendant l’hospitalisation, beaucoup de personnes devenaient encore plus
    malades qu’avant et certaines d’entre elles décédaient même. Ce fut aussi le
    cas pour nombre de victimes de l’incendie du club « Colectiv », la
    tragédie qui a frappé la Roumanie l’automne dernier. Stabilisées après les
    brûlures dont elles souffraient, elles ont succombé aux infections contractées
    pendant leur hospitalisation. Le problème date pourtant depuis un certain
    temps.






    Le président de l’Association
    nationale pour la protection des patients, Vasile Barbu, explique : « Depuis 9 ans déjà, Association nationale pour la protection des
    patients attire l’attention sur le fait que la prévention et le contrôle des
    infections nosocomiales est un grand problème en Roumanie. Un problème ignoré.
    On nous a dit, des responsables même nous ont dit que des infections
    nosocomiales, il y en avait partout, y compris aux Etats-Unis et en Allemagne.
    Nous avons accepté cette idée, puisque les bactéries font partie de la nature,
    pourtant, dans les hôpitaux, on doit maîtriser ce problème. Nous avons signalé
    cet aspect au ministre de la Santé de l’époque, pourtant rien n’a été fait.
    Nous avons soumis la question à l’attention des ministres qui lui ont succédé.
    Certains ont été investis à ces fonctions pendant très peu de temps et il leur
    était pratiquement impossible de s’occuper de tous les problèmes du système de
    Santé. Nous leur avons pourtant signalé – à tous – le risque d’infections
    nosocomiales. »







    Ce n’est qu’après le déclenchement
    du scandale médiatique que les autorités ont procédé à des vérifications.
    Celles-ci ont confirmé le fait que l’efficacité des désinfectants fournis par
    la société respective dans une cinquantaine d’hôpitaux de Roumanie avait été
    altérée. Toujours suite à ces révélations ont été rendus publics des documents
    envoyés au Parlement par le ministère de la Santé, selon lesquels plus de 57
    mille infections avaient été identifiées durant les 5 dernières années
    seulement.






    Depuis 2013, leur nombre a
    augmenté, la capitale détenant le record en la matière. Le problème semble
    avoir été archiconnu, mais à moitié reconnu. Le représentant de la Société
    nationale de microbiologie déclarait, lui-même, que les infections nosocomiales
    n’étaient pas rapportées en Roumanie, aussi, les cas de ce genre ne
    représentent-il que 1% – selon les statistiques officielles – contre 5% dans
    d’autres pays, chiffre beaucoup plus réaliste.






    Cette déclaration était faite lors
    du lancement du « Plan stratégique de prévention et de lutte contre les
    infections nosocomiales pour 2016 – 2018 ». Du point de vue théorique, en Roumanie la
    lutte contre ces infections ne serait pas un grand problème.




    Vasile
    Barbu : « La Roumanie dispose
    de réglementations visant à prévenir et contrôler les infections nosocomiales.
    Une commission consultative d’épidémiologie a été créée au sein du ministère de
    la Santé et des solutions ont été avancées pour remédier à cette situation.
    Malheureusement, la communication entre tous ces acteurs du système de Santé à
    ce sujet laisse beaucoup à désirer. »







    Au-delà
    de la corruption et du labyrinthe bureaucratique il y a les histoires des gens,
    beaucoup d’entre elles tragiques. Vasile Barbu a vécu un tel drame, son épouse
    ayant été une des victimes de ces infections : « Ma femme, qui est
    avocate, a compté parmi les personnes à l’initiative desquelles notre
    association a été créée. En tant qu’avocats, nous avions beaucoup de dossiers
    de mauvaises pratiques. Nous avions été saisis par les familles dont les
    membres étaient décédés des suites d’une infection contractée pendant leur hospitalisation.
    Alors nous avons pensé que nous devions faire quelque chose pour eux, vu que
    l’Etat et le ministère de la Santé ne faisaient rien. Nous avons eu cette
    initiative, ma femme et moi. Après tant d’efforts, elle a dû subir une
    intervention chirurgicale. Elle a été infectée dans la section de soins
    intensifs, dans le bloc opératoire, et elle est décédée. »






    Otilia
    apporte une nouvelle preuve du fait que le drame des infections nosocomiales
    traîne depuis longtemps dans les hôpitaux de Roumanie. Otilia est la mère d’un
    garçon de 15 ans qui peu après sa naissance est tombé malade toujours pendant
    qu’il était à l’hôpital : « Notre drame a commencé, en fait, dès la maternité. A peine né, mon
    garçon a attrapé un virus localisé à l’estomac. Par conséquent, il a eu, dès le
    début, de gros problèmes d’alimentation. Un certain temps après, après le
    vaccin contre la rougeole, il a eu la fièvre – 40° pendant plusieurs jours.
    Nous avons appelé l’ambulance et j’ai commis l’erreur d’accepter
    l’hospitalisation. Là-bas, il s’est vu administrer des antibiotiques très
    puissants qui ont affecté la muqueuse de son estomac et il a contracté une
    autre bactérie, toujours à l’hôpital. »



    Aucun
    médecin n’a jamais expliqué à Otilia la cause de la maladie : une
    infection au bacille pyocyanique. D’ailleurs, aucun membre du personnel de
    santé ne lui a rien dit à ce sujet, lorsque l’enfant est tombé malade – ni la
    première, ni la deuxième fois. « Quand
    il est tombé malade la deuxième fois, il avait 11 mois. J’ai demandé que mon
    enfant soit transféré à un autre hôpital et quand on m’a remis sa fiche, j’ai
    pu y lire qu’il avait contracté une bactérie pendant son hospitalisation. A la
    maternité, personne ne m’a rien dit. J’ai pris l’initiative de faire des
    analyses pour savoir pourquoi mon bébé ne mangeait pas, mais je n’ai pu obtenir
    aucune information concrète. A peine quand nous avons été hospitalisés la
    deuxième fois, on m’a dit que peut-être la bactérie localisée à l’estomac avait
    été détruite par les antibiotiques administrés à l’enfant. Pour le reste, ils
    n’ont rien assumé. J’ai quitté cet hôpital et j’ai eu la chance de tomber sur
    un très bon médecin. Il était là, cette nuit, quand mon enfant s’est trouvé
    pratiquement entre la vie et la mort. Cette fois-ci, nous avons eu une chambre
    stérile. Enfin, des mesures strictes d’hygiène avaient été prises. Si on
    l’avait fait dès le début, nous n’aurions pas vécu ce cauchemar. »



    « Le scandale des désinfectants » a
    entraîné la démission du ministre de la Santé de l’époque. Le nouveau ministre – Vlad
    Voiculescu – a agi en faveur des patients alors qu’il ne remplissait aucune
    fonction officielle et il a promis de clarifier les aspects restés sans
    solution. Reste à voir s’il réussira à écarter les blocages au sein du système
    à la tête duquel il se trouve à présent.


    (Trad.: Dominique)

  • Jean-François Meile (France) – la grotte de Movile

    Jean-François Meile (France) – la grotte de Movile

    Cette grotte unique en Roumanie, vous allez voir pourquoi, se trouve près de Mangalia, station sur la côte roumaine à la Mer Noire. Par quoi cette grotte est-elle tellement spéciale ? Eh bien par le fait qu’elle abrite un écosystème complètement inconnu sur Terre. La grotte a été découverte par pur hasard, en 1986. Au début, elle n’avait qu’une seule galerie d’une longueur totale de 200 mètres qui débouchait sur un petit lac sulfureux.



    Pourtant, l’équipe des spéléologues qui s’est aventurée à l’intérieur a remarqué à part la galerie principale, plusieurs autres, très étroites où vivaient pas mal d’organismes non vertébrés apparemment des plus ordinaires : vers, limes, escargots. Pourtant, au moment où les chercheurs se sont mis à examiner de plus près ces organismes, ils ont fini par recenser 35 espèces jusqu’alors inconnues qui diffèrent totalement des celles existantes déjà sur Terre. Ces organismes manquent de pigment et d’yeux, mais en revanche, ils ont tous de longues antennes et sont parfaitement adaptés au milieu des cavernes.



    En plus, les chercheurs ont découvert aussi plusieurs bactéries qui utilisaient la chimiosynthèse. Selon Wikipedia, la chimiosynthèse est la conversion biologique de molécules contenant un ou plusieurs atomes de carbone (généralement du dioxyde de carbone ou du méthane) en éléments nutritifs utilisables pour constituer de la matière organique. Les organismes qui la pratiquent utilisent loxydation de molécules inorganiques (hydrogène, sulfure dhydrogène) ou le méthane comme source dénergie, plutôt que la lumière du Soleil utilisée par les organismes photosynthétiques pour produire des composés réducteurs. La conclusion en fut des plus surprenantes : la plupart des organismes découverts dans la grotte de Movile survivaient grâce au dioxyde de carbone. Les spécialistes se sont déclarés étonnés de constater que les organismes découverts dans la grotte vivaient dans un environnement totalement dépourvu d’oxygène.



    En plus, les biologistes se sont longtemps interrogés sur le mode de nutrition de ces organismes, vue que la grotte était complètement isolée de l’extérieur et que l’eau de surface ne s’infiltrait pas du tout.



    La grande découverte de Movile a constitué sujet de documentaire aussi bien sur la BBC que sur les chaînes National Geographic et Discovery. En plus, même les chercheurs de la NASA s’y sont intéressés, en comparant l’environnement de la grotte à celui de la planète Mars.



    A l’heure où l’on parle, rien de spectaculaire ne s’est passé à Movile. Faute d’argent, les exploitations ont bien stagnées et donc on n’a pas appris davantage sur les micro-organismes qui y existent. On sait pourtant qu’il n’existe qu’en Amérique une grotte similaire où l’on a découvert tout autant de micro- organismes inconnus, mais à la différence de la grotte roumaine qui ne mesure que 200mètres, celle américaine s’étend sur 550 kilomètres.