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  • 1.La première attestation de Suceava.2. L’abolition de l’esclavage en Valachie

    1.La première attestation de Suceava.2. L’abolition de l’esclavage en Valachie


    La première attestation de Suceava, capitale de la principauté roumaine de Moldavie au XIV- siècle


    La ville de Suceava est un des plus anciens habitats urbains de la Moldavie médiévale. Rappelons que la Moldavie, grande région qui couvre l’Est du pays, est une des 3 principautés historiques roumaines et Suceava fut sa première capitale.


    L’apparition de cette ville est liée à la fondation de l’Etat médiéval de Moldavie. Vers la moitié du 14e siècle, un groupe de Roumains du Maramures, contrée de l’extrême nord de la Roumanie actuelle, dirigés par un chef local appelé Dragoş, étaient chargés par le roi Louis Ier de Hongrie de protéger ce territoire-tampon qu’était la Moldavie contre les Tatars, qui la menaçaient à l’Est.


    Après la consolidation de l’Etat de Moldavie, pendant le dernier quart du 14e siècle, Suceava allait être, pendant deux cents ans, une résidence princière.


    Quelle est l’étymologie du nom de cette ville? Les spécialistes ont formulé deux hypothèses:


    Selon la première, il paraît qu’au 17 siècle, des pelletiers hongrois se seraient installés à Suceava. Or, en hongrois, le nom qui désigne le manteau de fourrure est szücs. C’est donc ce mot magyar qui se trouverait à l’origine du nom de Suceava, dérivé de szücs auquel on avait ajouté le suffixe roumain –eavă. On suppose que la nouvelle vocable signifiait pelleterie”


    Selon la deuxième hypothèse – moins plausible — le nom de la ville de Suceava serait un dérivé du mot soc” — sureau, à l’aide du suffixe slave -va”, ce qui aurait donné un mot signifiant forêt de sureaux”.


    A part son nom, nous avons conservé de l’habitat médiéval de Suceava les deux cités entre lesquelles il s’est développée. La première est située au nord-ouest de la ville, au sommet d’une colline de 384 mètres d’altitude — et à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle faisait partie du système de fortifications construit par le prince régnant Petru Ier à la fin du 14e siècle. Au début du 15e siècle, pendant le règne du voïvode Alexandru cel Bun — Alexandre le Bon — cette cité a été abandonnée. A présent elle est en ruine. Elle figure, en tant que site archéologique, sur la liste des monuments historiques du comté de Suceava.


    La deuxième cité — qui est la cité princière de Suceava — se trouve dans l’est de la ville, sur un plateau situé à 70 mètres d’altitude. Construite, elle aussi, par le voïvode Petru Ier, agrandie par ses descendants et renforcée par le prince régnant Etienne le Grand, elle fut détruite en 1675. Tout comme l’autre cité, elle est actuellement en ruine et figure sur la même liste des monuments historiques du comté.


    La cité médiévale de Suceava était multiethnique, habitée, par des Roumains, des Allemands, des Hongrois et des Arméniens. Son économie était fondée sur le commerce.


    Pendant le règne d’Alexandru Lăpuşneanu, vers la moitié du 16e siècle, la capitale de la Moldavie allait être transférée à Iaşi, mais Suceava allait servir de résidence à d’autres princes régnants moldaves jusqu’au début du 17e siècle.


    2. L’abolition de l’esclavage dans la Province historique de Valachie


    Dans les principautés roumaines, la révolution de 1848 compte parmi les repères de la modernité. Fruits des échanges de plus en plus intenses avec l’Occident et de la sortie de sous l’influence pluriséculaire des Ottomans, les Roumains, tout comme les autres nations d’Europe centrale et orientale, cherchaient leur propre chemin pour arriver au développement économique et culturel. Les révolutionnaires roumains ont été les promoteurs de la majorité des idéaux de modernisation, vecteurs de l’émancipation sociale, politique et économique. La nouvelle société se proposait de libérer l’homme de son asservissement et de stimuler sa créativité. Sur cette toile de fond, l’esclavage semblait être l’héritage le plus rétrograde du passé. A l’époque, la servitude économique existait toujours dans l’espace roumain. Mais hormis certaines catégories de paysans, il y avait aussi un asservissement racial, beaucoup plus dur, appliqué aux Roms. C’était en fait une forme d’esclavage puisque les tziganes n’étaient pas libres, mais appartenaient à un propriétaire.


    L’origine de l’esclavage de cette population se perd dans la nuit des temps. A commencer par le 13e siècle, les tribus de roms nomades du nord-ouest de l’Inde ont été rattachées aux armées mongoles et amenées dans des campagnes militaires en tant qu’auxiliaires. Dans les principautés roumaines, les esclaves tziganes étaient divisés en trois catégories, selon leurs propriétaires : l’Etat, l’Eglise et les particuliers. L’esclavage a été une institution bien réglementée dans la société médiévale et moderne roumaine. Les lois stipulaient clairement quelles étaient les droits ou mieux dire l’absence de droits et à quel traitement il pouvait être soumis. Le grand obstacle que les libéraux roumains ont dû surmonter a été l’opposition des propriétaires de tziganes de les libérer de leur statut humiliant, inhumain. Pour les abolitionnistes, l’esclavage était une pratique inacceptable dans la société moderne qui allait être édifiée. L’idée de l’abolition a difficilement pénétré la société, puisque les premières demandes datent de 1837 — 1838. Peu à peu, à la veille de la révolution de 1848, elle est devenue de plus en plus populaire. Vu que les arguments humanitaires en faveur de l’abolition de l’esclavage ont eu peu de succès, les abolitionnistes roumains ont décidé d’analyser l’efficacité économique de l’esclavage.


    Mihail Kogălniceanu et Ion Cîmpineanu, ce dernier étant le premier boyard roumain a libérer ses esclaves roms en 1837, ont mené des campagnes abolitionnistes acharnées dans la presse et, dans leurs interventions publiques, ils insistaient sur le manque de rentabilité de l’esclavage. Entretenir une armée d’esclaves était une affaire trop coûteuse et ne justifiait pas les bénéfices provenant du travail apparemment gratuit de ces personnes. Après 1850, les boyards propriétaires d’esclaves ont finalement compris la nécessite économique de l’abolition de l’esclavage. Le 8 février 1856, le prince valaque Barbu Stirbey signait la loi qui libérait de l’esclavage 250 mille personnes, soit 7% de la population du pays. ( trad.: Dominique, Alex Diaconescu)

  • Le Palais Stirbey

    Le Palais Stirbey


    Situé à 20 km au Nord de Bucarest, à proximité de Buftea, chef-lieu du comté d’Ilfov, le domaine Ştirbey est devenu un lieu de détente très apprécié ces dernières années. L’histoire du palais et du domaine est pleine d’événements spectaculaires.


    Corina Toma, directrice des relations publiques au Palais Ştirbey de Buftea, résume l’histoire de cet endroit: « La construction du palais a été entamée par le prince régnant Barbu Ştirbey, voïvode de Valachie, en 1855, et a été finalisée en 1863. En 1916, il devient le refuge de guerre de la reine Marie, épouse du roi Ferdinand Ier, et de ses enfants. Durant la première guerre mondiale, en 1917, le palais est réquisitionné par l’armée allemande, qui avait partiellement occupé le royaume de Roumanie. Un an plus tard, c’est là, dans une salle du rez-de-chaussée, qu’a été négociée le traité de paix de Buftea, également appelée la paix de la honte, et signé le 5/18 mars 1918, par lequel la Roumanie perdait la Dobroudja et les versants des Carpates. La période la plus florissante de l’histoire de ce palais a été celle du Prince blanc, comme on appelait Barbu Alexandru Ştirbey. Homme politique très important, président du Conseil des ministres, nommé ministre par intérim aux Finances et aux Affaires étrangères, membre d’honneur de l’Académie roumaine, il a également été administrateur des Domaines de la couronne, président des conseils d’administration de plusieurs grandes banques, sociétés et entreprises. Barbu Ştirbey était le possesseur d’une fortune fabuleuse, parmi les plus grandes de Roumanie. Il a créé, près du parc du Palais, une fabrique de conserves, une pépinière de vigne américaine, une crémerie et un moulin. En 1902, une fabrique de coton médical et de pansements allait compléter ce patrimoine. Il est le premier à avoir introduit la culture du coton et du riz en Valachie. »


    Le surnom de Prince blanc, il le tenait de la reine Marie lorsqu’elle n’était que princesse héritière. La future reine l’a connu en 1907 et l’a appelé ainsi à cause de sa tenue typiquement britannique, son élégance, sa distinction et sa discrétion. La relation proche entre la reine et le neveu du prince régnant Barbu Ştirbey a suscité de nombreuses anecdotes et commentaires au long des années. La reine venait fréquemment en visite à Buftea, elle y passait parfois la nuit, et était, semble-t-il, amie avec Nadejda, l’épouse du prince Barbu Ştirbey. La reine Marie aimait beaucoup le domaine Ştirbey et on lui doit de magnifiques descriptions de cet endroit.


    Corina Toma nous parle du palais au présent: « Le Palais Ştirbey est un des exemples d’architecture romantique de Roumanie les plus éloquents. La résidence de la famille Ştirbey est au centre du domaine, entourée d’un parc aux arbres séculaires. Les influences gothiques sont visibles aussi — si elles sont présentes à l’extérieur, à l’intérieur elles sont très nuancées, avec des accents décoratifs. Au rez-de-chaussée, dans le salon central, on peut voir des fenêtres et des portes aux cadres d’origine en chêne massif, aux décorations gothiques, aux poutres en bois peint, avec une cheminée en marbre de Carrare, et aussi des murs à lambris en bois et à l’ornementation classique. »


    Sur le domaine on peut admirer la Chapelle de la Trinité, où se trouve le caveau de la famille Ştirbey. Construite à la fin du XIXe, en style éclectique, l’église est peinte à l’intérieur par Gheorghe Tătărăscu, un peintre roumain renommé. Après l’installation du régime communiste, une partie du domaine a figuré au patrimoine des Studios de cinéma de Buftea, et le palais proprement-dit est devenu établissement de protocole du régime communiste. Sa première restauration remonte à 1959. Avant la première Guerre mondiale et dans l’entre-deux-guerres, le Palais Ştirbey avait accueilli des écrivains importants, tels Ioan Slavici et Vasile Alecsandri, et des hommes politiques comme Titu Maiorescu et Petre Carp ; après 1948, les célébrités ont continué à visiter le domaine.


    Corina Toma:« En 1959, Nikita Khrouchtchev y a été logé. Il avait été invité par Gheorghe Gheorghiu-Dej et c’est alors que la décision de retrait des troupes soviétiques de Roumanie a été prise. L’écrivain Mihail Sadoveanu aimait y venir pour aller à la pêche. Nicolae Ceauşescu n’a pas été un admirateur du palais, il n’est jamais venu passer la nuit ici. Pourtant, on avait construit sur le domaine Ştirbey une ferme qui fournissait les légumes pour les repas du couple Ceausescu. »


    Après 1990, le domaine est passé sous la tutelle du ministère de la Culture, puis à la Régie d’administration du patrimoine du protocole de l’Etat. En 2007, une compagnie privée l’a racheté aux héritiers et maintenant il est ouvert comme restaurant et complexe touristique. Celui-ci s’étend sur 24 ha, comprenant le palais proprement-dit, la Chapelle de la Trinité, la grande salle d’événements, dite de la Reine Marie, le Pavillon du Prince Ştirbey, le Pavillon d’été Princesse Nadejda, une pelouse pouvant accueillir jusqu’à 15.000 personnes, la tour d’eau bâtie en 1920 d’après les plans du célèbre ingénieur Anghel Saligny et un lac artificiel… (trad.: Ligia Mihaiescu)