Tag: barrage

  • 06.06.2023 (mise à jour)

    06.06.2023 (mise à jour)

    Grève – En Roumanie, la grève dans l’éducation nationale en est à
    sa troisième semaine, alors que plusieurs examens approchent à pas très
    rapides : l’évaluation nationale des élèves en dernière année de collège,
    qui leur donnera la note d’admission au lycée, ou encore le Baccalauréat pour
    les élèves en Terminale. Somme toute, quelque 325 000 élèves sont concernés par
    ces examens. Pour sa part, l’Exécutif estime avoir répondu à toutes les
    revendications des syndicalistes, tandis que ceux-ci qualifient l’offre du
    gouvernement d’insatisfaisante. Pour rappel, la ministre de l’Education, Ligia
    Deca a appelé les professeurs à revenir en salle de classe, leur expliquant
    qu’une fois entrée en vigueur la hausse salariale proposée – soit quelque 200
    euros pour le personnel enseignant et 80 euros pour celui non-enseignant – le
    salaire moyen brut dans l’Education se montera à quelque 1700 euros. Mardi, les représentants du
    ministère de l’Education, des élèves, des parents et des syndicats se sont
    réunis de nouveau pour chercher une solution afin que le calendrier des examens
    de fin d’année ne soit pas impacté par la grève. La ministre Ligia Deca a
    précisé qu’à l’heure où l’on parle, il n’est pas question de reporter les
    examens, ou les grandes vacances.




















    Barrage – « La destruction du barrage de Nova Kakhovka n’est qu’un
    autre crime de guerre de la Russie contre des civils innocents » a écrit
    le chef de l’Etat roumain dans un message, sur Twitter. Le secrétaire général
    de l’OTAN Jens Stoltenberg s’est dit lui aussi scandalisé, de l’attaque contre
    un barrage hydroélectrique d’Ukraine, ce mardi, une attaque qui, à son avis
    « montre encore une fois la brutalité de la guerre menée par la Russie »,
    note l’AFP. Dans un communiqué, l’armée ukrainienne a accusé Moscou pour
    l’explosion produite à la centrale hydraulique de Kakhovka (Kahovka), située à 150 km de la centrale
    nucléaire de Zaporijjia. Le président ukrainien Volodymyr Zelenski a convoqué
    d’urgence son conseil de sécurité, a fait savoir le chef de l’administration
    présidentielle Andryi Yermak, qui a dénoncé, à son tour, « un crime de
    guerre ». Par contre, la direction de la centrale nucléaire, actuellement sous
    occupation russe, affirme que la destruction partielle du barrage Kakhovka,
    dont l’eau sert à refroidir la centrale, ne représente pas pour l’instant un
    danger pour son installation. Occupé par les Russes depuis le début de leur
    offensive en Ukraine, le barrage Kakhovka assure l’alimentation en eau de la
    Crimée, annexée par la Russie en 2014. Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, à
    l’époque soviétique, ce barrage est une des plus grandes constructions de ce
    type d’Ukraine.






















    B9 – Dans une déclaration commune signée à Bratislava, les
    leaders des pays du Format B9 se sont prononcés en faveur de l’adhésion de
    l’Ukraine à l’OTAN, dès que la situation le permettra. « L’Ukraine est
    partie intégrante de la zone euro atlantique et sa sécurité est en connexion
    avec celle des alliés. On soutient fermement les aspirations euro atlantiques
    de Kiev et on réitère les décisions adoptées en 2008, à Bucarest, au sujet de
    l’adhésion ukrainienne à l’OTAN » peut-on lire dans le document signé par
    les chefs d’Etat et de gouvernement des neuf pays participants : la
    Bulgarie, la République Tchèque, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la
    Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie. « La vision commune des
    Etats membres du format B9 (Bucarest 9) est essentielle pour la sécurité du
    Flanc Est de l’OTAN », a déclaré le président roumain, Klaus Iohannis, au
    sommet en Format B9 qu’il a coprésidé aux côtés de ses homologues – slovaque Zuzana
    Caputova et polonais Andrzej Duda. Y a participé également le secrétaire
    général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. A Bratislava, Klaus Iohannis a
    plaidé aussi pour le renforcement du soutien pour les partenaires vulnérables
    de l’OTAN, notamment pour la République de Moldova, pour que celle-ci puisse
    consolider ses capacités de défense.


    Exercice – 5 000 militaires roumains, 2 700 soldats américains et 2
    300 soldats des pays alliés et partenaires de l’OTAN participent ces jours-ci à
    Saber Guardian 23, le plus grand exercice de l’OTAN accueilli par la Roumanie.
    L’exercice est censé assurer une meilleure collaboration entre les différentes
    forces armées en cas de missions d’intervention rapide. Un pont flottant a été
    mis en place sur le Danube et des sauts en parachute ont été effectués, alors
    que des manœuvres spécifiques aux attaques d’infanterie et d’artillerie ont été
    déroulées au sol. « La décision de dérouler un tel exercice sur le flanc
    oriental de l’Alliance est plus importante que jamais. Les changements de
    sécurité provoqués par la guerre menée par la Russie en Ukraine confirment
    l’importance de la région de la Mer Noire pour l’architecture européenne de
    sécurité » a affirmé le ministre roumain de la Défense, Angel Tîlvar. « Saber Guardian 23 » fait partie
    des manœuvres internationales « Defender Europe 23 », planifiées par
    le Commandement des forces américaines en Europe.


    Charles III -Au cinquième et dernier jour de sa visite privée en Roumanie,
    le roi Charles III s’est rendu à Viscri dans le sud de la Transylvanie où il a
    acheté sa première maison en 2006. Cette dernière a été transformée en un petit
    musée dédié à sa passion, la botanique. Au cours des jours précédents, le
    souverain a visité le village de Valea Zălanului pour un moment de détente au
    cœur de la nature. Vendredi, à son arrivée, il a rendu une visite de courtoisie
    au président Klaus Iohannis. C’est la première visite en Roumanie d’un
    souverain britannique et le premier déplacement à l’étranger de Charles III
    depuis son couronnement le mois dernier.






    Météo
    – En Roumanie, mercredi, les températures seront agréables, avec un maximum de
    28 degrés. Des pluies éparses toucheront l’ouest et le nord du territoire. Nous
    aurons 27 degrés à midi, à Bucarest.





  • Barrage flottant antipollution sur la rivière de Dâmboviţa

    Barrage flottant antipollution sur la rivière de Dâmboviţa

    Plusieurs événements ont été organisés en Roumanie le 22 mars, afin de célébrer la Journée Mondiale de l’Eau. Un diorama aquatique a été exposé au Musée d’Histoire Naturelle « Grigore Antipa » de Bucarest. Il s’agit d’une création muséale unique qui met en scène un monde où à la place des êtres vivants il n’y a que des bouteilles en plastique. C’est une protestation contre la pollution plastique des eaux, destinée à attirer l’attention du public sur le risque posé par le macroplastique et sa décomposition en microplastique sur l’écosystème aquatique.

    La persistance des déchets en plastique sur les berges et dans les cours d’eau peut entraîner des changements à long terme de la qualité de l’eau, car la décomposition des macroplastiques en microplastique a de graves répercussions sur les écosystèmes aquatiques.Toujours à l’occasion de la Journée mondiale de l’Eau, l’Administration du bassin hydrographique de Buzău-Ialomița (situé dans le sud-est de la Roumanie) a présenté les résultats de la première étude nationale sur la pollution micro et macroplastique dans une région comprenant le lac d’accumulation de la rivière Siriu et d’une partie de la rivière Buzău.

    Le projet – intitulé « ProtectStreams4Sea » – a révélé que 90% des déchets collectés étaient en plastique et sur ce 70% provenaient de la dégradation d’objets plastiques à usage unique (couverts, vaisselle, etc.). L’étude concernant la fraction microplastique nous montre que de tels fragments ont été identifiés dans tous les échantillons de sédiments et d’eau, quoique dans une moindre concentration, étant donné que la région – test est une zone montagneuse où il y a peu de localités. La présence de fragments de microplastiques dans l’eau et dans les sédiments de la zone étudiée demeure tout de même un résultat extrêmement inquiétant.Il existe également des initiatives lancées par des organisations non gouvernementales visant à réduire l’impact de la pollution plastique sur l’eau. Ainsi, l’association « Mai mult verde » a installé un barrage flottant sur la rivière Dâmboviţa, à Bucarest afin d’arrêter les déchets. Il s’agit d’un projet pilote qui regroupe plusieurs exemples de bonnes pratiques, de réutilisation et de production locale.

    Le barrage flottant a été créé à partir de bannières publicitaires récupérées et les flotteurs ont été construits à partir de bidons en plastique réutilisés. Construites pour flotter à la surface d’une rivière, ces barrages doivent collecter du plastique, du bois, des feuilles, des branches et d’autres matériaux. La coordinatrice du programme Eaux propres, Marta Popescu, a précisé qu’il s’agissait du sixième barrage flottant installé par l’Association « Mai mult verde, après en avoir déjà installés cinq autres sur les rivières Jiu, Cerna, Olt, Buzau et Siret. (trad. Rada Stanica)

  • Ada Kaleh, l’île submergée …

    Ada Kaleh, l’île submergée …

    Ada Kaleh, dont le nom signifie en turc « île fortifiée » était une petite île située sur le Danube, au niveau des Portes de Fer, entre la Roumanie et la Serbie (soit la Yougoslavie au temps de sa disparition).



    Décrite par Hérodote sous le nom de Cyraunis, lîle était « longue de 20 stades, étroite, et recouverte d’oliviers et de vignes ». Les Ottomans vont y établir une garnison, censée contrôler le trafic fluvial. Cétait lépoque où lîle, disputée par lempire des Habsbourg et lempire ottoman, constituait un point stratégique dimportance.



    En 1970 pourtant, Ada Kaleh, devenu territoire roumain depuis un bon bout de temps déjà, sera sacrifiée sur lautel de la modernité. En effet, l’île sera entièrement submergée par le lac de retenue roumano-yougoslave de Kladovo-Turnu Severin, mieux connu en Roumanie sous le nom de barrage des Portes de Fer. Avec cela, elle entre dans la légende. Beaucoup de ses habitants avaient déjà émigré vers la Turquie pour échapper à la dictature communiste, dautres les suivront. Lun des rares survivants encore en Roumanie, Turhan Semși, président de la filiale de Bucarest de lUnion démocrate des Turcs de Roumanie, plonge avec nostalgie dans ce quétait le quotidien des habitants de cette île située au milieu du Danube avant sa disparition :



    « Jaimerais débuter mon récit comme débutent les histoires : Il était une fois… Et, en effet, il était une fois une île magnifique, située en aval de la ville dOrşova et en amont de Turnu Severin, baignée par les eaux du Danube, en amont du barrage qui va signer son arrêt de mort. Nous formions une petite communauté, très métissée, mais très unie, et au milieu de laquelle il faisait bon vivre. La majorité, cétaient les Turcs. Jétais encore enfant à lépoque, mais je me souviens comme si cétait hier des coutumes que lon observait, du quotidien pas toujours facile de cette vie quétait la nôtre sur ce lopin de terre, au milieu du fleuve. Mais la meilleure période de lannée était lété, lorsque des visiteurs débarquaient sur notre île. »



    Après avoir passé le plus clair de sa jeunesse sur lîle dAda Kaleh, Pervin Halimoglu vit aujourdhui à Istanbul. Ses souvenirs denfance font ressortir la nostalgie dun paradis perdu à jamais :



    « Raconter Ada Kaleh nest pas une entreprise aisée. Parce quil nest pas facile de faire comprendre à quelquun qui ny avait jamais mis les pieds ce quétait la vie dans ce coin de paradis. Nous, on est nés et on a grandi là-bas. Javais 18 ans lorsque jai quitté lîle. Toutefois, mes rêves y sont restés, prisonniers à jamais. Nul endroit au monde noccupe mes rêves, dans mes rêves je ne puis me projeter nulle part ailleurs. Lenfance que jai eue a été sans pareil. »



    Turhan Semși se souvient de ces endroits interdits et mystérieux dont lîle était truffée :



    « Je devais avoir une dizaine dannées. Et puis, un beau jour, avec deux de mes camarades, on avait décidé de franchir linterdit, et dentrer dans ces zones que nos parents nous défendaient, qui étaient tabou. Mais, vous savez, plus on défend à un enfant de faire une action, et plus on peut être sûr quil sy mettra, tôt ou tard. Et voyez-vous, il y avait sur notre île, au beau milieu des douves, une sorte de forteresse en forme de croix et qui, en son milieu, recelait une sorte de trou qui nous donnait accès à son antre. Nous nous étions alors munis de torches et de bougies avant den franchir le seuil. Et là, nous avions découvert laccès vers 4 tunnels. Lun traversait lîle vers laval, et à son bout il y avait une sortie, située à lextrémité sud de lîle. Lautre devait avoir une sortie à lautre extrémité, mais elle avait été colmatée par un dépôt dalluvions. Et les deux autres tunnels menaient, lun vers le côté roumain, lautre vers le côté yougoslave du Danube. Lorsque nous nous sommes rendu compte de la direction que prenaient ces deux tunnels, vous imaginez notre excitation. Nous voulions vérifier si lon pouvait se rendre sur la rive yougoslave, et avions donc pris cette direction. Mais nous avons rencontré leau et avons dû rebrousser chemin. Le tunnel était inondé. Plus tard, lorsque nous avions eu le courage de raconter notre exploit à nos parents, ils nous ont dit que ce tunnel avait été détruit lors du passage dun bateau, alors que le niveau du Danube était au plus bas. La coque du bateau avait touché les parois du tunnel et elles sétaient effritées. Depuis lors, il nétait plus utilisable. »



    Cette île isolée au milieu dun Danube mythique, avec ses remparts, sa forteresse et ses tunnels berce encore le souvenir de ses derniers habitants, et hante leurs nuits. Depuis 52 ans, lîle gît dans les profondeurs des eaux de son fleuve, impuissante dorénavant de bercer les rêves dautres enfants, forcés de naître, de grandir et de vivre loin du paradis que leurs aïeux ont connu.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le processus d’électrification de la Roumanie

    Le processus d’électrification de la Roumanie

    A compter de la deuxième moitié du 18e siècle, la lumière électrique est devenue le leitmotiv de tout projet de modernisation. C’était, dans la vision des réformateurs de la société, la voie royale pour faire sortir l’humanité de l’ignorance, de cette ignorance dans laquelle elle se faisait maintenir prisonnière, pieds et poings liés, par l’Eglise et les religions. C’est ainsi que le 18e est devenu le « Siècle des Lumières ».

    La lumière revêtait dans cette vision une connotation carrément spirituelle, car censée mener au savoir, à l’éducation, à l’élimination de l’analphabétisme. Le 19e siècle reprit ce désir de modernisation, et la lumière est devenue synonyme de progrès. L’accès à la connaissance en dépendait, la science aussi. L’ampoule d’Edison venait ainsi à point nommé pour changer radicalement la face du monde. Bien plus tard, les communistes ont vu l’électrification à grande échelle comme l’un des moyens privilégiés au service de leur cause, en affranchissant cet « homme nouveau » qu’ils appelaient de leurs vœux. L’un des slogans que Lénine aimait ressasser était justement : « Le communisme, c’est le pouvoir des Soviets plus l’électrification du pays ». Alors, à compter du 6 mars 1945, lorsque les communistes se sont installés aux manettes en Roumanie, le régime avait compris que l’électrification du pays lui apporterait popularité et légitimité. Doté d’un programme économique et social ambitieux, le régime a entamé le processus d’électrification à grande échelle, mû par des objectifs dont la composante politique ne pouvait échapper à personne, à compter des années ’50.

    L’ingénieur Tudor Constantin est l’un des anciens directeurs de l’Usine électrique de Bucarest, usine qui était à l’époque communiste le producteur d’électricité le plus important du pays. Interviewé en 2003 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, il se rappelait l’époque de la construction de la première centrale hydroélectrique, celle de Bicaz : «La centrale avait été conçue par le professeur Dorin Pavel et l’ingénieur Dimitrie Leonida à leurs frais ; ils sont partis en mission exploratoire avec leurs sacs à dos. L’ingénieur Leonida caressait l’idée de faire de l’ouvrier roumain un être cultivé, un véritable professionnel, à la pointe de son art. Il avait même fondé une école, appelée « L’école des maîtres électriciens et mécaniciens de l’ingénieur Leonida ». Il y enseignait avec son épouse et deux autres professeurs de l’Ecole polytechnique. Et puis, pour ceux qui sortaient de cette école, il leur suffisait de montrer simplement leur diplôme pour se faire embaucher de suite, n’importe où, à la Compagnie de Gaz, d’Electricité, à la SNCR. Ils vous embauchaient tout de suite. Et c’est cet ingénieur Leonida qui m’avait dit une fois, car j’étais avec lui à l’Usine lorsqu’ils ont lancé ce programme d’électrification, et il m’a dit : « Jeune homme, il faut que tu saches une chose, pour électrifier la Roumanie, telle qu’elle est, il faut que l’Etat s’y implique, comme en Russie. Sinon, ça ne marchera pas. » Et moi, quand ce programme d’électrification a été achevé, j’ai reçu un prix, j’ai été décoré, comme c’était de coutume alors. J’ai reçu l’Ordre du travail, deuxième classe. Je le garde encore. »

    Pour effacer les traces de la dernière guerre, il fallait suivre la voie de l’industrialisation. Tudor Constantin nous plonge dans cette époque révolue : « On était en 1950, j’étais à l’Usine électrique, j’étais le chef de l’usine, lorsque le programme a été lancé. L’Usine électrique de Bucarest était la plus importante du genre dans le pays, on comptait les meilleurs ingénieurs. J’ignore si elle était à la pointe de ce qui se faisait alors dans le domaine à l’Ouest, mais on comptait les meilleurs professionnels du pays. C’était des gens fiers, qui travaillaient là avant la guerre. Ils maîtrisaient leur métier, ils n’étaient pas des amateurs. Ils savaient faire un bon choix technologique. On disposait des technologies de pointe pour l’époque. Prenez, par exemple, l’usine de Filaret, qui avait des moteurs d’une puissance de 5.000 chevaux, c’était unique en Europe. On avait encore fait l’acquisition avant la guerre d’une turbine à gaz de 10.000 Kilowatts, unique elle aussi. Mais c’est qu’à cause de la guerre, elle n’avait pas été mise en service, alors c’est nous qui l’avons fait. Je me rappelle que les Russes en bavaient, ils auraient bien voulu en avoir une de pareille. Ils nous ont demandé de les aider. Finalement, on leur a passé les clés du coffre où l’on gardait les plans des Suisses. Ils s’en sont « inspirés ». Evidemment, nous, on a fait pareil. Il a bien fallu la mettre en fonction. C’étaient des choses qui arrivaient aussi, vous savez. »

    Mais au-delà des raisons économiques et sociales, pour concevoir et mettre en pratique un projet d’une telle ampleur, il fallait bien que le facteur politique s’en mêle. Surtout à l’époque. Car c’était l’époque de l’économie planifiée, des plans quinquennaux. A nouveau, Tudor Constantin : « C’était, à l’origine, la décision du parti. Puis, elle a été débattue au sein des ministères, des entreprises, avec les spécialistes. A moi, on m’a demandé conseil, et j’ai pris part à la conception du plan d’électrification, parce que j’étais le premier chef d’une usine électrique. Et je me souviens qu’il y eu une grande dispute avec les ingénieurs des centrales thermoélectriques et ceux des centrales hydrauliques. Il fallait établir par quoi commencer. Les derniers, tel l’ingénieur Leonida, voulaient que l’on commence par construire des usines hydroélectriques. Les ingénieurs des centrales thermoélectriques souhaitaient que l’on commence par construire des usines thermoélectriques, basées sur le gaz ou le charbon. Finalement, il a fallu que le parti intervienne pour calmer les esprits. Vu que les centrales hydroélectriques étaient plus efficientes et moins chères, l’arbitrage fut vite réglé. Le prix de l’énergie produite par une centrale hydroélectrique était trois à quatre fois moins cher que le prix de revient de l’énergie produite par une centrale thermique. Pourtant, on a invoqué le fait que pour construire une centrale hydraulique, cela prenait du temps et que le pays ne pouvait pas attendre indéfiniment. Il nous a donc bien fallu choisir la solution des centrales thermiques, même si elle était la plus onéreuse. Mais le pays ne pouvait pas attendre, il fallait bien prendre ses responsabilités. Mais on a démarré aussi, en parallèle, la construction des centrales hydrauliques. C’est dans ce contexte que le chantier de Bicaz a été lancé. Pourtant, d’abord, l’énergie a été produite dans la centrale thermoélectrique de Doicesti, en Moldavie, puis à Târgu Mureş. »

    L’électrification de la Roumanie a été achevée dans les années ’70, étant unanimement appréciée comme un exploit. Le secteur énergétique s’est progressivement diversifié, une partie importante de sa production étant d’emblée destinée aux besoins de l’industrie.

  • 22.04.2018 (mise à jour)

    22.04.2018 (mise à jour)

    Corruption – La corruption reste un phénomène largement répandu en Roumanie, alors que les pots-de-vin sont une pratique habituelle dans le secteur public. C’est ce qu’affirme un rapport du Département d’Etat américain sur le respect des droits de l’homme en Roumanie en 2017. Les lois n’ont pas toujours été mises en œuvre de manière efficace, et les responsables, y compris les juges, se sont adonnés à des pratiques corrompues en toute impunité. L’immunité face aux poursuites pénales dont bénéficient les actuels et les anciens membres du gouvernement roumain qui ont aussi été des parlementaires, a parfois bloqué les investigations, lit-on dans le même rapport. Le document note également qu’en Roumanie il existe des politiciens qui détiennent ou qui contrôlent des médias, par le biais des tiers, influençant leur politique éditoriale. En ce qui concerne les prisons, le rapport mentionne le fait que celles-ci sont toujours surpeuplées et ne respectent pas les normes internationales, malgré les mesures prises par les pouvoirs locaux afin de remédier à la situation. Enfin, selon le Département d’Etat américain, des cas d’abus commis par la police ont été signalés en 2017, sans pour autant être sanctionnés. S’y ajoutent des cas d’antisémitisme, de négation de l’Holocauste, de discrimination des Roms, des personnes handicapées et des minorités sexuelles. Les enfants ont eux aussi été négligés et ont été victimes d’abus et d’exploitation par le travail, conclut le rapport du Département d’Etat américain sur le respect des droits de l’homme en Roumanie en 2017.

    Finances – La Roumanie respectera les engagements assumés devant les institutions financières internationales de maintenir le déficit en dessous des 3% du PIB ; et les mesures prises en 2018 assureront non seulement pour cette année mais aussi à l’avenir une croissance économique durable. Cette déclaration a été faite par le ministre roumain des Finances Eugen Teodorovici, lors de son entretien avec Poul Thomsen, directeur du département pour l’Europe du FMI. Selon un communiqué du ministère, le ministre Teodorovici a participé les 20 et 21 avril, à Washington, à la réunion de printemps du Groupe de la Banque Centrale et du FMI. Il s’est également entretenu avec Cyrill Muller, le vice-président de la Banque Mondiale pour l’Europe et l’Asie Centrale. L’occasion pour le ministre roumain de proposer à la direction de la Banque Mondiale une nouvelle approche en ce qui concerne l’octroi des crédits, censée rendre plus flexible l’utilisation des sommes allouées en fonction de l’étape du projet financé. Selon le ministère des Finances de Bucarest, à l’agenda de la délégation roumaine ont également figuré des rencontres avec les représentants des banques d’investissements, d’agences de notation et des responsables des institutions financières internationales.


    Conférence – Le président de la Chambre des députés de Bucarest, Liviu Dragnea et le président du Sénat, Calin Popescu Tariceanu, participent lundi et mardi à Tallinn, en Estonie, à la Conférence des Présidents des Parlements des Etats membres de l’UE. Plus de 40 chefs de parlements nationaux y sont invités, ainsi que le président du PE, Antonio Tajani. A l’agenda de la réunion figurent de présentations et des débats sur l’avenir de l’UE, sur la sécurité et la défense européennes, lit-on dans un communiqué de la Chambre des députés.

    DNA – Le gouvernement de Bucarest souhaite saisir la Cour Constitutionnelle au sujet du refus du président Klaus Iohannis de révoquer de son poste Laura Codruta Kovesi, cheffe des procureurs anti-corruption. Lundi, la première ministre Viorica Dancila doit en débattre avec le ministre de la Justice Tudorel Toader, celui qui a proposé que Mme Kovesi soit révoquée. De l’avis de M Toader, le président n’a pas fourni d’arguments juridiques, ni managériaux pour motiver sa décision, il considère donc le refus de la révocation comme un geste purement politique. Pour sa part, le chef de l’Etat a affirmé que la demande de révocation était non fondée, chose confirmée par l’avis négatif donné par le Conseil Supérieur de la Magistrature à la demande du ministre.

    Jour de la Terre – Le Jour de la Terre, la plus importante célébration environnementale par la société civile, a été marqué ce dimanche en Roumanie aussi par des actions écologique, plantations d’arbres et excursions en nature. Ces actions sont organisées par les écoles et les ONG, mais aussi par des formations politiques. Les changements climatiques sont la preuve incontestables du fait que la Terre souffre et chacun d’entre nous pourrait combattre cette souffrance, à condition d’agir ensemble – lit-on dans un message posté à cette occasion sur les réseaux sociaux par le ministère roumain de l’Environnement. En 2018, les événements consacrés au Jour de la Terre ont visé principalement les manières à réduire la pollution par le plastique. Les représentants du réseau le Jour de la Terre, qui compte environ 175 pays affiliés, se sont proposés de mobiliser leurs organisations pour faire connaître aux gens les conséquences négatives du plastique sur la santé, sur les océans et sur la faune sauvage.

    Tennis – L’équipe féminine de la Roumanie a vaincu la Suisse sur le score général de 3 à 1, dans le barrage de promotion/ relégation de Fed Cup, tenu à Cluj, (nord-ouest). Dans le dernier match du barrage, un match qui ne comptait plus pour la qualification, le duo Viktorija Golubic/Jil Teichmann a eu raison en 3 sets de la paire roumaine Sorana Cîrstea / Mihaela Buzărnescu. Dans le premier match de ce dimanche, Simona Halep, n° 1 mondiale, a vaincu en 2 sets la Suisse Patty Schnyder, 39 ans, assurant la qualification de la Roumanie. Samedi, Simona Halep a eu raison de Viktorija Golubic, alors qu’Irina Begu a vaincu Timea Bacsinzky. Au classement Fed Cup par nations, la Roumanie occupe la 10e place, tandis que la Suisse arrive en sixième position. Rétrogradée en 2016 du Groupe Mondial de Fed Cup, la Roumanie revient ainsi dans les rangs de l’élite mondiale pour la campagne de 2019.

    Météo – Dans les 24 prochaines heures il fera très chaud pour cette période de l’année en Roumanie. Le ciel sera couvert sur le relief, où l’on attend des orages. Les températures maximales iront de 20 à 29 degrés.

  • Centrales hydrauliques en Roumanie

    Centrales hydrauliques en Roumanie

    Depuis la nuit des temps, l’homme considère l’eau comme un des éléments sacrés sur lesquels s’appuie la vie, aux côtés du feu, de la terre et de l’air. Et c’est toujours depuis des lustres qu’il s’efforce d’apprivoiser l’eau. Il est écrit dans le Vieux Testament que l’eau était perçue non seulement comme une source de la vie, mais aussi comme un moyen entre les mains des divinités pour punir les humains. Dompter l’eau cela veut dire dresser des ponts, construire des canaux, des digues, des barrages ou des écluses pour mettre l’eau au service du bien-être des communautés.

    L’historien grec Hérodote mentionnait les travaux d’endigage du Nil que le pharaon Ménès avait commandés afin de protéger la capitale Memphis contre les crues annuelles du fleuve. Dans l’espace roumain, les premières attestations documentaires d’intervention humaine sur les grands cours d’eau remontent à l’époque de l’empereur romain Trajan. C’est par ses soins que, dans les années 102-105 après J.- C., fut construit à Drobeta, sur le Danube, le plus grand pont de l’Antiquité. Par ailleurs, les communautés locales vivant à proximité des cours d’eau ont dressé de petits barrages artisanaux pour acheminer l’eau des rivières vers les moulins servant à moudre les grains.

    Dans la seconde moitié du 18e siècle, le développement des techniques hydrauliques a élargi les possibilités d’actionner les différents mécanismes par la force de l’eau. Au 19e siècle, l’invention du générateur électrique, qui convertit l’énergie mécanique en énergie électrique allait marquer les débuts de l’hydroélectrique. C’est l’ingénieur anglais William George Armstrong qui a conçu, en 1878, le premier plan d’une centrale hydraulique. La première usine de ce type allait commencer à fonctionner en 1881, du côté américain des chutes du Niagara. Elle s’appelait Schoellkopf Power Station No. 1, à la mémoire de son créateur, l’ingénieur allemand Jacob Friedrich Schoellkopf.

    C’est en 1882 que l’on commence à produire de l’énergie en Roumanie, d’abord dans des centrales thermiques à charbon. Le premier édifice éclairé à l’électricité, en 1884, fut le château de Peles, résidence des rois de Roumanie. Les débuts de l’hydroélectricité en Roumanie sont liés au nom de l’ingénieur Dimitrie Leonida, diplômé du prestigieux Institut polytechnique de Charlottenburg, en Allemagne. En 1908 il décrochait le titre d’ingénieur avec le projet de la future centrale hydraulique de Bicaz-Stejaru, construite en 1960. Après la Grande Guerre, plus précisément entre les années 1926 et 1929, l’ingénieur et professeur des universités Dorin Pavel dressait l’inventaire du réseau hydrographique de la Roumanie et de son potentiel énergétique. Selon ses estimations, la puissance hydroélectrique du pays avoisinait à ce moment-là les 5.200 mégawatts. Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, les projets de centrales hydrauliques allaient rester confinés au stade de la conception. Le régime communiste, installé le 6 mars 1945 a ouvert, après 1948, de grands chantiers pour la construction de barrages sur les grands rivières et fleuves du pays.

    Les centrales hydrauliques les plus importantes, d’une puissance installée de 5173 mégawatts, allaient être construites entre 1960 et 1990. Parmi elles, celles de Bicaz-Stejaru, des Portes de Fer, de Vidraru et de Paltinu. 28 autres, avec une puissance installée de 702 mégawats, sont apparues après 1990. Début 2014, la puissance électrique du pays était de 6690 mégawatts, soit 26% de la totalité des sources d’énergie. La Roumanie dénombre à présent 250 barrages dont la hauteur est comprise entre 5 et 168 mètres. Le plus grand est celui de Gura Apei, sur la rivière Râul Mare, dans les Monts Retezat. Construit entre 1975 et 1986, il fait 168 m de haut. Le plus long des barrages, soit 1278 m et dont la construction remonte aux années 1964 – 1972, on le retrouve aux Portes de Fer I, à l’entrée du Danube dans le pays. Le lac de retenue est exploité conjointement par la Roumanie et la Serbie. Quant à la plus ancienne des constructions de ce type, elle se trouve sur la rivière Bistrita. Il s’agit du barrage de Bicaz-Stejaru, mis en service en 1960.

    La rivière Olt, qui prend sa source dans le Massif Hăsmasu Mare et qui se jette dans le Danube après avoir parcouru 614 km, compte le plus grand nombre de barrages, à savoir 32. A Bucarest aussi il existe un barrage de 15 m de haut, derrière lequel s’est formé une immense étendue d’eau, connue sous le nom de « Lacul Morii », « Le lac du moulin ».Les efforts financiers considérables et surtout les sacrifices humains qu’ils ont supposés ont valu aux chantiers installés pour la construction des barrages hydro-électriques dans la période 1950 – 1989 le surnom de « Chantiers de la terreur ». Rien qu’un exemple: la construction du barrage de Bicaz-Stejaru, qui s’est étendue sur une dizaine d’années, de 1950 à 1960, a été synonyme de l’extermination de plusieurs centaines de détenus politiques, du fait de la précarité des conditions de travail et de vie. Enfin, l’île d’Ada-Kaleh, une oasis de culture et de civilisation orientale habitée, jusqu’en 1968, par une population d’origine ethnique turque, se trouve à présent sous les eaux du lac de retenue du barrage des Portes de Fer.

  • La centrale hydraulique des Portes de Fer

    La centrale hydraulique des Portes de Fer

    Le baron William George Armstrong est considéré comme le créateur de la première source d’énergie électrique, produite par la force de l’eau. La centrale hydroélectrique qu’il a mise au point en 1876 pouvait éclairer une maison. Depuis l’invention d’Armstrong, les équipements producteurs d’énergie hydro-électrique ont connu un développement et une diversification significative. Un pays bénéficiant d’un important réseau hydrographique comme la Roumanie ne pouvait pas ne pas l’utiliser pour développer son industrie énergétique et couvrir ses besoins de consommation.

    La production d’électricité hydraulique présentant certains avantages, elle a été préférée à la technologie thermique. Parmi ces avantages, il faut rappeler les possibilités d’adapter les équipements, les coûts réduits de production et d’exploitation, de faibles émissions de dioxyde de carbone, la possibilité d’utiliser le lac de retenue à d’autres fins, une meilleure utilisation pour certaines industries.

    Vers le milieu des années ’60, la Roumanie et la Yougoslavie se mettaient d’accord sur le fait qu’à l’endroit où le Danube franchit la chaîne des Carpates, traçant la frontière entre les deux pays, une centrale hydraulique pouvait être érigée. A son utilité économique s’ajoutait une signification politique : la prise de distance de la Roumanie par rapport à l’Union Soviétique et son rapprochement de la Yougoslavie de Tito, en désaccord avec l’idée d’une patrie du socialisme dès 1948. La future centrale, baptisée « Les Portes de Fer », allait être, pour les deux pays, le plus grand producteur d’énergie électrique.

    Les préliminaires furent lancés en septembre 1963, par la signature, à Belgrade, d’un accord sur la mise au point d’un système hydro-énergétique et de navigation des Portes de Fer. Quelques mois plus tard, en janvier 1964, les premiers fonds étaient alloués pour réaliser ce système, les travaux proprement-dits démarrant en septembre 1964. Ils allaient durer 6 ans, jusqu’au mois de mai 1972, chacun des deux pays construisant, sur son propre territoire, sa partie du projet.

    Le barrage de la centrale hydraulique, mesurant 1278 mètres de long, a été construit à 15 kilomètres en amont de la ville de Drobeta Turnu Severin, dans une zone montagneuse d’une rare beauté. Le futur lac de retenue allait mesurer 100 km de long, le volume d’eau emmagasinée étant de 2.200 millions de mètres cubes. La puissance totale de la centrale est de 2160 MW, dont la partie roumaine utilise la moitié et la partie serbe l’autre moitié. La centrale des Portes de Fer produit annuellement environ 5120 GW, chaque côté de la centrale étant doté de 6 turbines Kaplan. Le passage des navires se fait par des écluses, parmi les plus grandes jamais utilisées pour une centrale hydraulique.

    A une soixantaine de km en aval de la ville de Drobeta Turnu Severin, entre 1977 et 1984, la Roumanie et la Yougoslavie ont construit une deuxième centrale hydraulique, de moindre puissance – soit de 500 MW – appelée « Les Portes de Fer II ». La mise en œuvre d’un projet si impressionnant a pourtant demandé des sacrifices. L’île d’Ada-Kaleh, une oasis de culture et de civilisation orientale habitée, jusqu’en 1968, par une population d’origine ethnique turque, se trouve à présent sous les eaux du lac de retenue. L’ancienne ville d’Orşova a également été submergée par les eaux du Danube, les habitants de cette bourgade et de 10 autres localités ayant été déplacés à des endroits plus élevés de la rive. Enfin, pendant les travaux de construction de la centrale, une centaine de personnes sont mortes dans des accidents de travail.

    La zone de la centrale hydraulique des Porte de Fer est magnifique. Outre la construction, elle-même spectaculaire, le voyage à travers les gorges du Danube, les plus grands d’Europe, offre un décor de conte de fées. Un parc naturel y a été d’ailleurs créé. Ces lieux sont également chargés d’histoire et comptent de nombreux vestiges archéologiques. L’armée de l’empereur Trajan est passée par là, en 101-102 et en 105-106, après J.-C., lors de ses campagnes contre les Daces dirigés par Décébale. Et c’est toujours là que l’on peut voir un des pieds du pont construit par Apollodore de Damas, sur les ordres de Trajan, pour que les légions de l’empereur puissent traverser le fleuve. (trad. Dominique)

  • Le projet WATMAN pour la réduction du risque d’inondations

    Le projet WATMAN pour la réduction du risque d’inondations

    En Roumanie, la fréquence des inondations a augmenté ces dernières années notamment en raison des changements climatiques. Cette situation est causée par le défrichage réalisé sans aucun contrôle, l’érosion du sol, au colmatage des lits mineurs et à la construction d’immeubles dans des régions à risque d’inondation. Réduire le risque d’inondation et intervenir plus rapidement en cas de calamité naturelle pour protéger les personnes et leur patrimoine, ce ne sont que deux des objectifs d’un ample projet déroulé par l’Administration nationale des Eaux roumaines (ANAR).



    Appelé WATMAN, celui-ci bénéficiera de 54 millions d’euros de financement de la part de la Commission européenne. Le projet contribuera à créer la Stratégie nationale pour la gestion des ressources d’eau, y compris des situations générées par des phénomènes hydrologiques extrêmes (sécheresse, crues, pollution et autres accidents du système de gestion des eaux) qui risquent de produire des désastres.



    Catalina Bragaru, porte parole de l’Administration nationale des Eaux roumaines : « Hormis les travaux structurels mis en œuvre ou en train d’être mis en œuvre, tels l’aménagement des cours d’eau, leur régularisation, les endiguements et l’élargissement des digues, la protection avec de la terre des digues qui existent déjà afin d’arrêter l’infiltration de l’eau pendant les inondations, l’Administration nationale des Eaux roumaines souhaite mettre en œuvre ce projet dynamique. L’investissement s’élève à 63 millions d’euros, financé à hauteur de 85% de fonds européens, le reste étant le cofinancement du budget de l’Etat. L’objectif de ce projet est d’établir une base d’infrastructure adéquate au niveau national afin de prévenir et de réduire les conséquences destructrices des inondations. Ces travaux seront installés à différents endroits sur le territoire du pays. Finalement, la sécurité des constructions hydro techniques en cas de calamité naturelle sera renforcé, tout comme notre capacité d’intervenir dans de telles situations ».



    Des stations automatiques seront installées aux principaux barrages afin de transmettre en ligne des informations sur les débits des rivières, les risques de crues, la pollution ou d’autres désastres naturels. Des centres d’intervention rapide dotés de matériaux et d’outillages pour intervenir en cas d’inondations et d’accidents écologiques seront également créés pour chaque bassin hydrographique. Les autorités souhaitent détenir toutes les informations nécessaires afin d’intervenir rapidement et limiter les dégâts dès le moment du déclenchement des inondations. Selon les estimations, 1 million et demi d’habitants des régions vulnérables bénéficieront d’informations en temps réel. (trad.: Alex Diaconescu)

  • Samir Bechka (Algérie) – Les barrages de Roumanie

    Samir Bechka (Algérie) – Les barrages de Roumanie

    Le Registre roumain des grands barrages du pays liste les barrages construits ou en construction dans le pays. Il répertorie 246 barrages avec des hauteurs comprises entre 5 et 168 m et avec des volumes du lac de retenue allant de 0,1 à 2400 millions mc. On distingue des barrages en arc, d’autres aux contreforts, de poids, de poids et de terre, de terre et enfin d’enrochements. Certains ont changé le paysage et sont maintenant des endroits de détente et de tourisme. Bonne idée d’aller en visiter un, ne serait-ce qu’en pensée.



    J’ai choisi celui de Vidraru, situé sur la rivière Argeş, à une quarantaine de km la ville de Curtea de Argeş, dans le sud de la Roumanie. En fait, il longe le Transfăgărăşan, la route la plus spectaculaire de Roumanie et déclarée par deux publications étrangères comme la plus belle route du monde. Le barrage de Vidraru est considéré par les spécialistes comme un véritable bijou d’ingénierie. Il a été construit dans les années ’60. Au moment de son inauguration, il se classait 5e en Europe et 9e au monde. Pratiquement, on sort d’un tunnel et on a une splendide vue sur le lac ; tout le monde s’arrête pour prendre des photos. Sa hauteur est de 166 m ; le regarder de haut en bas vous donne le vertige. Et dire que des chèvres s’aventurent sur les parois !



    Des galeries souterraines de 42 km ont été forées dans la montagne pour sa construction. 1.768.000 mc de roc ont été excavés, dont un million dans le souterrain, pour pouvoir le construire. Vous l’aurez compris, le lac de retenue de Vidraru a pris naissance lors de la construction du barrage. Il a 465 millions de mc d’eau, s’étend sur 10 km, avec une largeur de 2 km. Sa superficie est de 870 ha et la profondeur maximum — de 155 m. Il rassemble les eaux de deux rivières. La centrale électrique est dans le souterrain, et elle peut assurer annuellement une production d’électricité de 400 GWh. Les eaux limpides de ce lac de montagne invitent à une balade en bateau ; ne résistez pas.



    Et pour les passionnés de sports extrêmes, la plus haute piste de lancement pour saut à l’élastique est à retrouver au barrage. La zone est pleine de points de belvédère d’où vous prendrez de belles photos pour vous souvenir de votre visite au barrage de Vidraru.

  • Les castors

    Les castors

    Nous avons l’habitude de voir des castors à la télé, dans des publicités, des documentaires ou même des films artistiques ; nous serions étonnés d’apprendre que cet animal a disparu pendant une longue période d’une bonne partie de l’Europe. Sur le territoire de la Roumanie, par exemple, la dernière attestation documentaire d’un castor remonte à 1823-1824. Depuis lors, pendant plus d’un siècle et demi, jusqu’en 1998-1999, cet animal n’a plus vécu en Roumanie.



    Qu’est-ce qui s’est passé alors et quelles ont été les raisons de la disparition du castor en tant qu’espèce ? Georgeta Ionescu, chercheuse à l’Institut de recherches et d’aménagements en sylviculture de Braşov, nous le dira : « Les marécages et autres zones humides avaient commencé à être assainis afin de dégager des terrains pour l’agriculture. A cette même époque, le castor était aussi chassé pour sa fourrure, et même sa chair était utilisée. C’est notamment la fourrure qui était recherchée, parce que très chère. On en faisait des bonnets, et dans certaines régions roumaines, il y avait une tradition que le marié apporte à sa mariée un tel bonnet en cadeau. Il est vrai que le castor peut produire des dégâts, mais c’est normal dans un écosystème. Si les terrains agricoles sont situés jusqu’à 5 m de distance en bordure d’un cours d’eau, c’est là que les plus gros dégâts sont enregistrés. Dans ce cas, en herbivore opportuniste, le castor ne se donnera plus la peine de ronger les saules et se servira à manger dans le champ de maïs. »



    Un projet international allait cependant ramener les castors en Roumanie. L’Institut de recherches et d’aménagements en sylviculture de Braşov a surveillé, par Georgeta Ionescu, la réadaptation des castors au voisinage des zones aquatiques du pays. Elle se souvient : « En 1998, la Roumanie a réinséré, pour la première fois, huit exemplaires dans le bassin de la rivière Olt, et ce projet a continué jusqu’en 2003. 182 exemplaires ont été réintroduits dans les bassins des rivières Olt, Mureş et Ialomiţa. Maintenant, nous avons une population estimée à 1500 exemplaires tous ces bassins confondus. Les castors ont été apportés de Bavière, par un projet européen de réintégration dans le bassin du Danube. Le projet était mené en collaboration entre mon institut, la Fondation Carpaţi et l’Université Transilvania de Braşov, et a été soutenu par les ministères de l’Environnement de Bavière et de Roumanie. Tout était difficile à l’époque. Il y avait peu d’argent, et le projet a été mis en place notamment par volontariat. Au début, il était très difficile de suivre les castors, parce que les 8 exemplaires n’étaient pas très visibles dans le milieu environnant. Peu à peu, leur présence a commencé à être visible, par les traces qu’ils laissaient dans la végétation ligneuse. Quand les arbres coupés et abattus ont la forme d’un crayon, il est clair qu’il y a des castors dans la zone. »



    Et on peut voir également les mini-barrages qu’ils construisent sur certains cours d’eau. Strictement herbivores, les castors ne constituent pas de danger pour les poissons. Parfois, les gens les considèrent comme un danger pour leurs cultures agricoles sises à proximité d’un cours d’eau.



    Sur l’apparence de cet animal, écoutons de nouveau Georgeta Ionescu : « Le castor est un animal semi-aquatique, donc il vit tant dans l’eau que sur la terre ferme. Dans l’eau, il a une posture hydrodynamique et se propulse à l’aide des pattes de derrière et de la queue. Un exemplaire adulte pèse entre 18 et 25 kilos, et sa longueur va de 70 cm à 1 m. On retrouve plus de 300 espèces de plantes dans la diète du castor, animal strictement herbivore. La quantité de végétaux qu’il consomme tous les jours va d’un demi-kilo jusqu’à 3 kilos. Point de vue substances nutritives, il utilise en moyenne 30% de la cellulose et 40% des protéines végétales ingérées. Pendant la période sans neige, il peut se contenter de 300-350 g de végétaux par jour. Il faut savoir qu’il ne consomme pas nécessairement toute la végétation ligneuse qu’il abat. Une partie, il s’en sert pour se construire des barrages, et ce lorsqu’il veut se faire un abri pour l’hiver ou se garantir contre les prédateurs. »



    Depuis leur réinsertion en Roumanie, les castors sont protégés tant par les directives européennes que par les lois nationales. Il est strictement interdit de les chasser ou de les capturer. (trad.: Ligia Mihaiescu)