Tag: biographie

  • Le médecin Iuliu Barasch

    Le médecin Iuliu Barasch

    Le médecin Iuliu Barasch est
    un de ces étrangers venus dans les Principautés roumaines pour aider les
    efforts locaux de modernisation desdites entités étatiques. Né en 1815 dans une
    famille juive de la ville de Brodi, dans l’ancienne province de Galicie,
    austro-hongroise à l’époque et ukrainienne de nos jours, Barasch a fait des
    études de médecine à Berlin et Leipzig. Mais il a choisi de pratiquer sa
    profession dans l’espace roumain, où il s’est aussi fait remarquer par d’autres
    activités : il a soutenu l’apparition des institutions de médecine
    modernes, il a vulgarisé les sciences à travers le journalisme, il a imprimé
    des manuels, tout en étant enseignant, il a ouvert un dispensaire, plus tard
    transformé en hôpital pour enfants, fondant ainsi la pédiatrie en Roumanie,
    enfin il a soutenu la communauté juive locale. Il a aussi été médecin de
    quarantaine dans le port de Călărași sur le Danube entre 1843 et 1847, et dans
    le département de Dolj de 1847 à 1851.

    Malgré toute son activité et ses
    réussites professionnelles et sociales, Iuliu Barasch est peu connu du grand
    public et même des scientifiques. Cependant, ses ouvrages commencent à être
    traduits en roumain et publiés, puisque écrits pour la plupart en allemand. L’historien
    Ștefan Petrescu dresse un aperçu de la carrière du médecin Iuliu Barasch: Que savons-nous sur Barasch? Eh bien, c’était quelqu’un de polyvalent,
    un homme intéressé par la médecine, mais aussi par de nombreux autres domaines.
    Il était un encyclopédiste, qui aurait pu suivre n’importe quelle carrière. Ses
    parents auraient voulu qu’il soit rabbin, mais ce n’était pas son rêve. Ils
    l’ont aussi voulu commerçant et l’ont même envoyé en Moldavie pour s’y faire la
    main, mais cela n’a rien donné. Alors, ils l’ont envoyé faire des études et là,
    il a trouvé sa voie. Pour cela, il a choisi l’espace allemand ; après la
    période des études, Iuliu Barasch est rentré à la maison, faisant preuve de persévérance
    dans sa carrière. Mais il a également écrit, il a été un homme de lettres et de
    livres, non pas seulement un médecin. Il a été quelqu’un d’impliqué dans la vie de la cité,
    intéressé par le sort des Juifs à une époque où tout le monde parle de leur
    émancipation dans les Principautés roumaines. Et Barasch se trouve à la tête de
    ce mouvement, à un moment historique parfait : la révolution de 1848, et
    ensuite l’Union de 1859. C’est le règne de Cuza, un moment propice pour les
    Juifs, et Barasch est présent, mais il ne vit pas longtemps. Il s’éteint à
    l’âge de 40 ans, après des années de travail intense. Il a été médecin et
    enseignant dans des écoles publiques, ce qui était exceptionnel pour un Juif.
    Il a enseigné au lycée Saint Sava de Bucarest.



    Iuliu Barasch a fait tout cela en
    relativement peu de temps, car il est mort en mars 1863, à seulement 47 ans. À
    l’époque, pour se moderniser, la société roumaine avait besoin de gens comme
    lui et il le savait, s’étant mis au service notamment de la Valachie, dans ses
    efforts de rattraper les écarts par rapport à l’Occident européen. Il a
    d’ailleurs parlé très positivement de la principauté en tant que correspondant
    local d’un journal de langue allemande. De l’avis de l’historien de la médecine
    Octavian Buda, bien que très tard, Iuliu Barasch a fait entrer dans les
    principautés roumaines un esprit apparenté aux Lumières, qui y manquait: Dans la presse de vulgarisation, il a publié la série
    « Natura » – une référence, en matière d’histoire et de vulgarisation
    de la science, et une publication en synchronie avec ce qu’il y avait dans
    l’espace occidental à l’époque. Iuliu Barasch fait aussi des efforts louables
    d’écrire en roumain, il est très
    attentif aux achats d’équipement médical et de traitements modernes, étant
    visiblement l’un des premiers à se rendre compte de la réalité déconcertante du
    choléra. Il a soupçonné une transmission différente de celle par contact direct.
    Deux théories s’opposaient à ce sujet. La première privilégiait le mécanisme de
    transmission par un contact direct entre un malade et un individu sain. La
    seconde théorie s’appuyait sur l’idée d’un air fétide, qui produit une
    infection et qu’il faut fuir par tous les moyens. Barasch réussit donc à
    analyser ces éléments, sans chercher à disqualifier d’emblée certaines
    pratiques populaires comme étant aberrantes, irrationnelles et primitives, ce
    qui me semble une démarche typique d’un illuministe non-radical. Il considère
    qu’il existe une expérience collective que l’on peut utiliser, mais pour
    construire tout-de-même un discours médical rationnel, de cause à effet, et qui
    cherche à structurer une politique sanitaire qui se traduit par prévention et
    éducation. Chose absolument remarquable. Iuliu Barasch appartient à cet esprit des
    Lumières juif, dont le chef-de-file est Moses Mendelssohn en Occident. Il
    arrive par une filière kantienne, puisqu’il va à Leipzig afin d’assister aux
    cours d’un successeur d’Immanuel Kant à Königsberg. Voilà, donc, la filière
    intellectuelle de Barasch ; ensuite, il rencontre à Berlin les coryphées
    de la médecine. Un de ses camarades d’études universitaires est considéré comme
    le fondateur de la pathologie moderne, grand nom de l’anthropologie
    internationale de la fin du XIXe siècle. (…) Il est pourtant venu en Roumanie
    et nous pouvons nous poser la question d’une condition professionnelle ratée.
    Encore une fois, la réponse à cette question n’est pas facile, car sa dissertation
    de licence est un remarquable travail de systématisation de la dermatologie
    moderne, un des premiers travaux de ce genre. Iuliu Barasch aurait pu rester
    dans l’espace occidental, engagé dans cette science en train de se structurer
    qu’était la dermatologie à l’époque et aujourd’hui son nom serait mentionné
    dans tous les ouvrages classiques d’histoire de la
    dermatologie.

    La maison d’édition Corint a récemment commencé à décrypter l’époque et la biographie de Iuliu Barasch, publiant la traduction en roumain d’une partie de ses articles écrits en allemand dans un volume intitulé Iuliu Barasch. Médecine pionnière en Valachie/Medicina de pionierat in Tara romaneasca. (Trad. Ileana Taroi)



  • Le philosophe Mihai Șora (1916-2023)

    Le philosophe Mihai Șora (1916-2023)

    Le philosophe et essayiste roumain Mihai
    Șora s’est éteint à Bucarest, en ce début de printemps. Il fut un des
    intellectuels de ce pays à avoir vécu sous plusieurs régimes politiques et
    assisté aux grands bouleversements de l’histoire du XXème siècle. Mihai Șora
    laisse derrière lui son œuvre, bien-sûr, mais aussi plusieurs performances
    assez singulières. Par exemple, si quelqu’un avait réalisé un classement de la
    longévité, il y aurait occupé à coup sûr une place de tête, puisque peu de gens
    peuvent se vanter d’avoir atteint l’âge de 106 ans. Autre performance – l’année
    de sa naissance, en pleine Grande Guerre, dont la fin, en 1918, allait voir
    naître la Grande Roumanie. Mihai Șora avait même l’habitude de plaisanter en
    disant « je suis plus vieux que la Grande Roumanie ». Performance
    également – la parution chez Gallimard,
    en 1947, de son volume « Du
    dialogue intérieur. Fragment d’une anthropologie métaphysique »: il fut le
    premier auteur roumain auquel la prestigieuse maison d’édition française
    faisait confiance. Et puis Mihai Șora fut
    aussi un protestataire, le plus âgé des manifestants antigouvernementaux
    rassemblés sur la Place de la Victoire, à Bucarest, en 2017 : il avait 100
    ans.


    Mihai Șora est né en novembre
    1916, dans la famille d’un prêtre du Banat, à l’époque province à population
    roumaine majoritaire de l’Austro-Hongrie. Il a fait des études de philosophie
    et de langues classiques à l’Université de Bucarest. En 1938, il se rend en
    France avec une bourse d’études et, durant l’occupation allemande de la
    deuxième guerre mondiale, il écrit sa thèse de doctorat sur Blaise Pascal. C’est
    durant la guerre que se produit l’égarement communiste de Mihai Șora, qui adhère au Parti communiste français. Ses sentiments profondément
    antifascistes, comme ceux de tant d’autres intellectuels de son temps, furent manipulés et
    détournés vers le communisme, l’autre visage du régime totalitaire criminel.
    Heureusement, il allait guérir de l’illusion communiste. De retour en Roumanie
    pour voir ses parents en 1948, le régime communiste l’empêche de rentrer en
    France, où son épouse et ses enfants l’attendaient, l’obligeant ainsi à vivre
    tout le reste de sa vie en Roumanie.


    Mihai Șora a été proche du Groupe
    de lași, rassemblant des intellectuels (écrivains, essayistes, philosophes,
    traducteurs) qui essayaient de s’opposer au régime communiste dans les années
    1970. Sorin Antohi, ancien membre du Groupe de Iași, se souvenait de l’aide
    fourni par Mihai Șora: « Tereza Culianu-Petrescu le disait
    très bien: Mihai Șora était notre ami, celui qui se rendait tellement souvent à
    Iași. Il passait tant de temps avec nous et il faut raconter les choses moins
    connues. Oui, il transportait des documents qu’il fallait faire sortir de
    Roumanie: lettres, éditions de revue et autres. Il fallait les envoyer à
    l’étranger par différents moyens. Et encore oui, Mihai Șora a joué le rôle du
    courrier au moins trois fois pour de tels documents. »



    Après 1945, la Roumanie vivait à
    fond l’utopie communiste, les intellectuels et la société entière se heurtaient
    aux mêmes privations matérielles et spirituelles. L’absurde quotidien était à
    son apogée et Sorin Antohi se souvenait du comportement de Mihai Șora, guéri de
    ses illusions politiques, dans une situation où la réalité et l’utopie
    idéologique étaient complètement séparées: « J’évoquerais Mihai Șora une
    dernière fois et de la manière suivante: il fait l’objet d’un grand débat sur
    internet. Moi, je vais publier prochainement un texte dont le titre sera
    « Les Silences de Mihai Șora ». Les gens ne savent pas car ils n’ont
    rien vu, ils n’ont pas été témoins, donc ils ne connaissent pas non plus les
    silences de Mihai Șora. Et si jamais il y a eu des silences éloquentes, ce sont bien les
    siennes. En voici un seul exemple: en 1986, j’ai organisé une conférence sur
    l’utopie à l’Université d’Iași, et pour moi Mihai Șora y était l’invité vedette.
    Ils étaient tous des invités vedettes, mais lui, il l’était plus que tous les
    autres. Quand je lui ai donné la parole, Mihai Șora s’est levé, s’est arrêté
    devant le pupitre des interventions, a regardé assez intensément la salle et s’est
    tourné sur ses pas pour rejoindre calmement sa place. Je l’ai dit alors, je le
    redis maintenant: il existe des choses mieux servies par le silence. Au lieu de
    parler d’utopie dans une dystopie, comme nous voulions le faire dans notre
    forme de subversion et de contreculture, Mihai Șora a gardé le silence. »



    Après 1989, Mihai Șora a participé
    à la renaissance de la politique en Roumanie, ayant assumé le portefeuille
    ministériel de l’éducation. En tant que membre du Groupe de dialogue social et
    de l’Alliance civique, il a aussi pris part à la construction de la société
    civile en Roumanie. Mihai Șora a été une voix publique active jusqu’à la fin de
    sa vie. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La Journée nationale Constantin Brancusi

    La Journée nationale Constantin Brancusi

    Depuis 2015, le 19 février marque une fête nationale en Roumanie. C’est le 19 février 1876 qu’est né à Hobita, dans le sud du pays celui qui allait devenir une des personnalités artistiques roumaines les plus fortes, charismatiques et géniales – le sculpteur Constantin Brâncuşi. Afin de lui rendre hommage, de nombreuses manifestations sont organisées en Roumanie et à l’étranger. Après être sorti en 1902 de l’Ecole de Beaux-Arts de Bucarest, le jeune Constantin Brâncuşi se rend à Paris, où en 1905 est admis à la prestigieuse Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. Il refuse d’être l’apprenti d’Auguste Rodin par les mots « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ». Brâncuşi commence à exposer ses œuvres dans la Ville Lumière, où il créé la première version du « Baiser », thème qu’il reprendra sous différentes formes et qui culminera par la « Porte du baiser », un des éléments de l’Ensemble monumental de Târgu Jiu, ville de sa région natale.

    A Paris il loue un atelier rue du Montparnasse et entre ainsi en contact avec l’avant-garde artistique parisienne, se liant d’amitié avec Guillaume Apollinaire, Fernand Léger, Amedeo Modigliani, Henri Matisse et Marcel Duchamp. Il participe à des expositions collectives à Paris et Bucarest, inaugurant les cycles Maiastra, la Muse endormie et Mademoiselle Pogany, mais il expose aussi aux Etats-Unis, où ses œuvres fond sensation dès leur première apparition. De 1914 à 1940, son activité créatrice arrive à l’apogée.

    Les œuvres des cycles « L’Oiseau dans l’espace » et des Ovoïdes ainsi que les sculptures en bois datent également de cette période très prolifique. A Paris, le Centre Pompidou détient une grande partie des œuvres de Constantin Brâncuşi, que l’artiste avait léguées à la Roumanie. Pourtant, c’est la France qui les a acceptées et mises en valeur, vu que dans les années ’50 les autorités communistes de Bucarest ont tout simplement refusé de les accepter. C’est pourquoi certaines œuvres de Brâncuşi et tous les objets de son atelier sont à retrouver dans un espace spécialement aménagé près du Centre Pompidou, « L’Atelier Brâncuşi ».

    Le grand artiste roumain s’est éteint le 16 mars 1957 pour être ensuite enterré au cimetière parisien du Montparnasse. En Roumanie, à l’époque de l’installation du régime communiste, dans les années 1950, Brâncuşi est contesté et critiqué, étant jugé comme un représentant du formalisme bourgeois cosmopolite. Et pourtant, sa première exposition personnelle d’Europe ouvre ses portes en décembre 1956, au musée d’Art de Bucarest. Ce ne fut que dans les années ’60 que le grand artiste est « redécouvert » en tant que génie national. Quelle est la place que Constantin Brâncuşi s’est créée dans la sculpture mondiale ? Figure centrale du mouvement artistique moderne, Brâncuşi compte actuellement parmi les sculpteurs les plus importants du 20e siècle.

    Novatrices, ses œuvres sont de loin les créations les mieux cotées de tout artiste roumain et se situent en 4e position des œuvres les plus valeureuses au monde. Les sculptures de l’artiste sont les plus recherchées et s’arrachent à prix d’or dans les maisons de vente, principalement aux Etats-Unis. En 2018, une de ses créations s’est vendue pour quelque 57 millions d’euros. Ses photographies et dessins, qui constituent des clefs de lecture de son œuvre, ont également la cote auprès des collectionneurs du monde entier.

  • Arlette Coposu, die leidgeprüfte Frau des „Senioren“

    Arlette Coposu, die leidgeprüfte Frau des „Senioren“

    Über Corneliu Coposu und seine Leidensgeschichte in kommunistischen Gefängnissen ist nach 1989 viel geschrieben worden. Er war ein Vorbild für die Wiederbelebung der rumänischen Demokratie nach 1990 und ein Wahrzeichen dafür, dass man die kommunistische Gefangenschaft mit Würde ertragen kann. In der Zwischenkriegszeit war er persönlicher Sekretär des gro‎ßen christlich-konservativen Politikers Iuliu Maniu (Nationale Bauernpartei – PNŢ). Zwischen 1947 und 1964 wurde er 17 Jahre lang von den kommunistischen Behörden inhaftiert und verbrachte 8 Jahre in Einzelhaft. Im Dezember 1989 baute er mit einigen anderen Überlebenden des kommunistischen Kerkers die Christlich-Demokratische Nationale Bauernpartei (PNŢCD) wieder auf.



    Seine Frau Arlette wurde jedoch weniger Aufmerksamkeit geschenkt, obwohl diese bemerkenswerte Frau es überaus verdient hätte. Sie erlebte ein noch schlimmeres Schicksal als ihr berühmter Ehemann. Nachdem ihr Mann am 14. Juli 1947 verhaftet worden war, wurde sie aus ihrem Haus vertrieben und musste zur Familie ihres Mannes ziehen. Im Jahr 1950 wurde sie zusammen mit ihrer Schwester France verhaftet und unter dem Vorwurf der Spionage für Frankreich inhaftiert. Ihre Schwester starb im Gefängnis, und Arlette, obwohl sie das Gefängnis überlebte, starb 1966, zwei Jahre nach ihrer Entlassung und der Wiedervereinigung mit ihrem Mann, an Krebs. Corneliu Coposu heiratete nie wieder, und das Paar hatte nie Kinder.



    Sie wurde 1915 als Arlette Marcovici in Constanţa geboren. Ihr Vater war der General Ion Marcovici, und ihre Mutter, Jeanne Huser, war französisch-schweizerischer Abstammung. Aus der früheren Ehe ihres Vaters stammten die drei Schwestern France, Odette und Antoinette. Die Familie Marcovici hatte ein Hotel am Meer, das Französische Hotel“, in dem sie 1941 ihren zukünftigen Ehemann, Corneliu Coposu, kennenlernte. Sie heirateten am 24. Oktober 1942 und waren nur 5 Jahre lang zusammen.



    Corneliu Coposu hat eine wichtige Rolle in der jüngsten Geschichte Rumäniens gespielt. Manche Historiker sagen, dass die Demokratie in Rumänien ohne ihn und sein Überleben unter der kommunistischen Verfolgung und Inhaftierung viel schwieriger wiederaufzubauen gewesen wäre. Um ihn über seine Politik hinaus besser kennen zu lernen, muss man seine Familie und seine Empfindlichkeiten betrachten. Ionuţ Gherasim ist Vorsitzender der Stiftung Corneliu Coposu“. Er zitiert für uns ein Porträt von Arlette, das von Flavia Bălescu-Coposu, ihrer Schwägerin, skizziert wurde:



    Dass Arlette in unser Leben trat, war ebenso überraschend wie unerwartet. Es war im Frühjahr 1941, als wir Flüchtlinge waren, weit weg von zu Hause. Unser Vater kam von einem Treffen mit dem päpstlichen Nuntius, Erzbischof Andrea Casulo, zurück und traf Corneliu, der in Begleitung einer blonden, blauäugigen jungen Frau ankam. Sie sprach die schönste rumänische Sprache, die kultivierteste, ohne jede Spur eines regionalen Akzents. Sie war strahlend und blickte einem direkt in die Augen. Vater sagte uns, er habe das Gefühl, dass sie die Braut von Corneliu sein würde. Zeitlich betrachtet dauerte die Ehe 24 Jahre, aber sie verbrachten nur 6 Jahre miteinander. In unserer kurzen Begegnung, liebten und bewunderten wir sie, weil sie die Verkörperung ihres Namens war, denn Arlette bedeutet »Ehre«. Sie war kompetent, aktiv, freundlich, gro‎ßzügig, aufmerksam, ernsthaft, kreativ und temperamentvoll.“




    Die Historikerin Andreea Mâniceanu ist die Autorin einer Biografie über Arlette Coposu. Sie verbrachte viele Stunden mit Flavia und Rodica Coposu, ihren Schwägerinnen, die ihr anhand von Fotos und Dokumenten aus dem Familienarchiv von der Beziehung ihres Bruders zu ihr berichteten. Das Ergebnis war ein kleiner Abschnitt der Geschichte, auf den die Autorin sehr stolz ist. Besonders stolz ist sie darauf, dass sie eine Heldin der jüngeren rumänischen Geschichte in den Vordergrund gestellt hat, die beispiellosem Übel gegenüberstand und es überlebte, um in die Zukunft zu blicken:



    Dies ist eine Lebensgeschichte, die ich auf ewig zu erzählen habe. Es ist die Lebensgeschichte eines Vorbildes von Würde und Bescheidenheit. Sie war eine au‎ßergewöhnliche Frau mit ungebremstem Mut und starkem Glauben. Auf dem Foto, das am Tag ihrer Entlassung nach 14 Jahren in kommunistischen Gefängnissen aufgenommen wurde, fand sie die Kraft, zu lächeln. Es ist das Foto einer Frau, die nach über einem Jahrzehnt der Qualen die Kraft findet, optimistisch in die Zukunft zu blicken. Ihre Geschichte sollte der Historie nicht verloren gehen, sei es auch nur deswegen.“




    Die Geschichte von Arlette Coposu ist den Rumänen heute nicht sehr bekannt, aber sie wäre es würdig, Denkmäler wie die ihres viel bekannteren Mannes in Bukarest und im ganzen Land zu haben.

  • L’écrivaine Mărgărita Miller-Verghy

    L’écrivaine Mărgărita Miller-Verghy

    Parmi les femmes qui ont contribué à l’effort
    de guerre de la Roumanie pendant la première conflagration mondiale et qui ont
    soutenu, implicitement, la Grande Union de 1918, Mărgărita Miller-Verghy se remarque
    non seulement par la diversité de ses activités, mais aussi par la façon dont
    elle a su accepter les défis de son destin et en triompher.

    Bien que touchée,
    dès son enfance, par toute sorte de maladies et de troubles, elle a mobilisé
    son énergie pour devenir professeure, journaliste, écrivaine, militante
    féministe et sœur de charité pendant la guerre. Monica Negru, qui travaille aux
    Archives nationales de la Roumanie, retrace la biographie de Mărgărita Miller-Verghy: « Elle est née en 1865 à
    Iași. Son père, professeur et homme politique descendant d’une famille
    nobiliaire polonaise décéda alors que Mărgărita était encore enfant. La petite
    fut touchée par une tuberculeuse osseuse et sa mère décida de la faire soigner
    à l’étranger. C’est pourquoi Mărgărita fut éduquée à Genève et à Paris, où elle
    acquit une culture classique et apprit à parler six langues. Revenue en
    Roumanie, elle passe son bac à l’école Elena Doamna.
    Mărgărita Miller-Verghy poursuit ses études à l’Université de Genève, où
    elle obtint un doctorat en philosophie. Etablie à Bucarest,
    Mărgărita
    Miller-Verghy
    devient enseignante dans une école
    de filles de la capitale et directrice de l’école Elena Doamna
    . Elle
    rédige ses premiers manuels, dont un pour l’étude du français ; en 1912, elle publie « Les Enfants de Răzvan »
    – livre primé par l’Académie roumaine, qui
    était une première pour la littérature didactique roumaine, car c’était le
    premier volume de lectures scolaires destinées aux élèves du secondaire. »



    Les préoccupations pédagogiques de Mărgărita
    Miller-Verghyn’étaient en fait qu’un
    prolongement de ses activités littéraires, explique Monica Negru: « Elle a fait ses
    débuts littéraires dans la presse, publiant une nouvelle. Elle a également été
    la première à traduire en roumain les ouvrages de la Reine Marie. En 1916, lorsque
    la Roumanie est entrée en guerre, l’école Elena Doamna, dont elle était la
    directrice, fut transformée en hôpital militaire et Mărgărita s’inscrivit comme
    infirmière auprès de la Croix Rouge roumaine. Pendant l’occupation allemande
    elle a aidé les orphelins de guerre. »



    Pendant l’entre-deux-guerres, Mărgărita
    Miller-Verghy a poursuivi son activité littéraire et journalistique. Dans les
    années ’40, elle a également contribué aux émissions de théâtre radiophonique. Tout
    cela en dépit de sa santé toujours fragile. En 1924 elle avait, en outre, subi
    un accident de voiture qui l’a rendue presque aveugle. Même avant l’entrée de
    la Roumanie dans la première guerre mondiale, l’activité littéraire de Mărgărita
    Miller-Verghy fut doublée d’une activité de militante féministe, raconte Monica Negru: « En 1915, elle a
    fondé, aux côtés d’autres écrivaines roumaines, « L’Association des
    Roumaines scoutes » et, plus tard, la « Société des écrivaines
    roumaines », dont elle fut la vice-présidente. Elle a fait partie des
    associations féministes de l’époque. Nous avons trouvé un document qui prouve
    qu’en 1935, elle était active au sein du Conseil national des femmes roumaines
    dirigé par Alexandrina Cantacuzène. Dans l’histoire de la littérature, Mărgărita
    Miller-Verghy est restée comme la première auteure d’un roman policier :
    « La Princesse en crinoline », son œuvre de fiction la plus connue, publié
    en 1946, lorsque Mărgărita avait déjà 82 ans. Elle a également écrit des
    nouvelles, des pièces de théâtre et des ouvrages ethnographiques primés par
    l’Académie roumaine. Elle est aussi co-auteure de l’ouvrage « L’Evolution
    de l’écriture féminine en Roumanie »
    .


    Mărgărita
    Miller-Verghy s’est éteinte en décembre 1953, à 87 ans, restant, jusqu’à ses
    derniers jours, une présence active dans le monde des lettres roumaines. (Trad. : Dominique)

  • Erwachsene Obdachlose: Buch eines Soziologen gibt ihnen ein Gesicht

    Erwachsene Obdachlose: Buch eines Soziologen gibt ihnen ein Gesicht

    In den Gro‎ßstädten gehören die Obdachlosen zum Stra‎ßenbild. Die sogenannten normalen“ oder sozial integrierten“ Bürger zeigen ihnen entweder Mitleid oder Verachtung. In der Regel werden die Obdachlosen als Gruppe betrachtet, aber in Wirklichkeit sind sie Individuen wie du und ich, Menschen mit einem persönlichen Schicksal. Und genau das wollte der Soziologe Ciprian Voicilă mit seinem Buch Die Stra‎ßenerwachsenen. 15 Obdachlosen-Biographien“ dem Publikum klarmachen. Das Buch enthält 15 Interviews mit Obdachlosen aus Bukarest und ist mehr als eine soziologische Untersuchung — es ist eine Einladung zu Empathie. Als studierter Soziologe formulierte aber der Autor auch einige theoretische Betrachtungen. Ciprian Voicilă:



    Meine Gesprächspartner haben eins gemeinsam: Die meisten von ihnen sind ‚chronische‘ Obdachlose, das hei‎ßt, dass sie etwa 45 oder 50 Jahre alt sind und den grö‎ßten Teil ihres Lebens obdachlos waren. Im Durchschnitt lebten sie zwischen 6 und 25 Jahre auf der Stra‎ße. Während dieser Zeit wurden sie alkoholsüchtig — das gehört leider oft dazu. Und noch etwas haben sie alle gemeinsam: Da sie zwischen 45 und 50 Jahre alt sind und im kommunistischen Rumänien gute Arbeitsstellen in verschiedenen Fabriken oder staatlichen Unternehmen hatten, erweisen sich die heutigen Obdachlosen, die ‚Stra‎ßenerwachsenen‘, als kollaterale Opfer der Entindustrialisierung in der postkommunistischen Zeit. Einige von ihnen waren qualifizierte Facharbeiter, Maschinenschlosser oder Zerspannungsmechaniker, aber das Staatsunternehmen, wo sie angestellt waren, musste geschlossen werden, die Behörden hatten kein Interesse daran, ihnen eine Umschulung anzubieten, sie wurden arbeitslos, mittellos, und schlie‎ßlich obdachlos.“




    Wie auch in anderen Bereichen sind die offiziellen Statistiken über Obdachlosigkeit in Rumänien alt und nicht vielsagend. Gemä‎ß einer Untersuchung, die 2010 von dem Mobildienst für Soziale Notfälle (Samusocial) Rumänien durchgeführt wurde, lebten zu jenem Zeitpunkt nur in Bukarest 5.000 Obdachlose. Samusocial erstellte auch eine Liste mit den Ursachen, die dazu geführt hatten, dass die Betroffenen auf der Stra‎ße landeten: Scheidung, Konflikte in der Familie, Entlassung, Arbeitslosigkeit, keine Mittel, um die Miete zu bezahlen, Alkoholismus, Gewinnspielsucht. Au‎ßerdem sind viele Stra‎ßenerwachsene“ ehemalige Heimkinder, die keinen Anschluss in der Gesellschaft finden konnten. Und viele andere wurden Opfer von Unfällen und konnten nicht mehr arbeiten, um ihren Lebensunterhalt zu bestreiten.



    Es gibt auch Fälle von sozialer Reintegration, aber viele Obdachlose bleiben einfach auf der Stra‎ße. Das sind die chronischen“ Fälle von Obdachlosen, die in einen Teufelskreis geraten. Ciprian Voicilă:



    Je länger ein Obdachloser auf der Stra‎ße lebt, desto niedriger werden seine Chancen auf eine soziale und professionelle Reintegration. Der Alltag eines Obdachlosen ist geprägt von zahlreichen Anfeindungen und Gefahren, Armut und dem täglichen Kampf ums Überleben. Andererseits fühlt sich ein Obdachloser sehr oft frei, er kann überallhin wandern, er muss keine Rechnungen bezahlen und er hat keinen Chef. Wenn ein Obdachloser eines Tages einen Job findet, fällt es ihm schwer, in einem geschlossenen Raum mehrere Stunden am Tag diszipliniert zu arbeiten — er denkt immer wieder an die Zeit, als er alles tun und lassen konnte, wie er es wollte. Es gibt sicherlich auch Erfolgsgeschichten bei Samusocial, wenn ehemalige Obdachlose sich wieder in die Gesellschaft integriert haben. Die Prozentzahl derer, die in einen Teufelskreis der wiederholten Obdachlosigkeit geraten, ist aber leider höher. Aus irgendeinem Grund, wegen versteckter Depressionen oder aus Nostalgie nach der absoluten Freiheit, als sie sich niemandem unterordnen mussten, geben viele von ihnen auf und kommen nicht mehr zur Arbeit.“




    Mit Hilfe der Organisation Samusocial konnten wir uns auch mit einigen Obdachlosen unterhalten. Călin Niculae Niculescu ist etwa 60 Jahre alt; seit mehr als 13 Jahren lebt er auf der Stra‎ße. Nach der Scheidung hat er seine Wohnung verloren — von da an ging alles bergab. So stellt er sich selbst vor:



    Von Beruf bin ich Metall-Ingenieur, und ich machte auch eine Weiterbildung im Bereich Marketing-Management. Immer wenn ich mich um eine Stelle bewarb, sagte man mir, ich wäre zu alt.“



    Călin Niculae Niculescu hat es irgendwie geschafft, jahrelang auf der Stra‎ße zu überleben. Etwas verbittert ihn aber sehr:



    Die meisten Leute hassen uns, weil sie uns für Drogensüchtige halten. Viele gehen uns aus dem Weg, aber doch nicht alle. Das ist schon etwas Positives… Es ist wirklich nicht dasselbe, wenn ein hektischer Junge, ein Schnüffelsüchtiger, aus einem Kanal herauskommt, und wenn ich, ein normaler Mann, Ihnen entgegenkomme… Ich halte mich noch für einen normalen Menschen.“




    Cristian ist 24 Jahre alt. Mit 17 Jahren kam er aus Tulcea (im Osten Rumäniens) nach Bukarest und lebte auf der Stra‎ße. Mit Hilfe von Samusocial schaffte er die Reintegration in die Gesellschaft:



    Ich kam nach Bukarest, weil ich gehört hatte, in der Hauptstadt gäbe es mehr Chancen auf eine gute Arbeit, auf eine positive Entwicklung. Am Anfang war es sehr schwer, ich war ganz allein und kannte niemanden in Bukarest. Eine Zeit lang lebte ich auf der Stra‎ße, ich versuchte in den Treppenhäusern der Wohnblocks zu schlafen, aber die Bewohner jagten mich davon, weil sie Angst hatten, ich würde das Treppenhaus schmutzig machen. Ich konnte nie eine ganze Nacht irgendwo schlafen — ich schlief eine Stunde da, zwei Stunden dort…“




    Dank der NGOs, die ihm geholfen haben, aber auch weil er den festen Wunsch hatte, ein geregeltes Leben zu führen, hat Cristian jetzt einen Arbeitsplatz und eine Wohnung:



    Viele Obdachlose sagten mir, es würde sich nicht lohnen, ein guter, ehrlicher Mensch zu sein, sie sagten, es sei besser, wenn wir von den Reichen stehlen würden. Aber ich antwortete ihnen, dass es auch reiche Leute gibt, die den Obdachlosen helfen wollen, aber wenn wir diese Menschen beklauen, werden sie uns logischerweise nicht mehr helfen. Die anderen Obdachlosen hielten mich für dumm, weil ich ehrlich sein wollte. Samusocial war das Beste, was mir passieren konnte. Ich hatte keinen Ausweis mehr, meine Obdachlosenkollegen hatten mir alle Papiere geklaut. Ein Freund erzählte mir von Samusocial und ermunterte mich, hinzugehen. Die Leute von Samusocial haben mir geholfen, neue Papiere zu bekommen, sie haben mir auch den Arbeitsplatz beschafft, wo ich jetzt angestellt bin — bei einer NGO, die sich mit Papier-Recycling beschäftigt. Mir gefällt diese Arbeit sehr gut.“




    Eine Samusocial-Erfolgsgeschichte — ein positiver Anfang, der hoffentlich zu einem neuen Leben wird.