Tag: Błažej Brzostek

  • Varsovie et Bucarest – les Paris de l’Europe de l’Est

    Varsovie et Bucarest – les Paris de l’Europe de l’Est

    Le Bucarest d’aujourd’hui se distingue par un
    certain nombre de particularités, dont celle d’être une ville est-européenne
    qui a adopté le modèle de développement d’une ville de l’Occident continental.
    Et quel meilleur modèle à suivre que celui de Paris, la capitale de la France? Sa
    recherche obstinée d’une modernisation inspirée par la capitale française a
    valu à la capitale de la Roumanie le surnom de « Micul Paris/Le Petit
    Paris », dès le XIXème siècle. Un surnom, certes, flatteur, que
    Bucarest a longtemps gardé. Mais la capitale roumaine n’a pas été la seule à
    adopter le type d’expansion urbaine mis en œuvre sur les quais de la Seine. Une
    autre capitale, celle de la Pologne, Varsovie, avait reçu elle aussi le même
    surnom bien avant Bucarest.

    Cette appellation identique pour deux villes, qui bataillaient
    tellement pour imiter Paris, a servi de source d’inspiration à l’historien
    polonais Błažej Brzostek pour son livre « Parisul altei Europe/Paris de
    l’autre Europe. Varsovie et Bucarest au XIXème et XXème siècles ». Dans
    cet ouvrage, il remarque le fait que, malgré le surnom identique, les deux
    villes affichaient des différences issues de leurs histoires respectives: Des différences existent dans les deux espaces culturels, roumain et
    respectivement polonais. La première différence visible est la présence en
    Roumanie d’un moule, ou d’une vision des Balkans, qui n’existe pas en Pologne.
    C’est un concept très important en Europe du Sud, notamment, et il est négatif.
    D’un autre côté, nous avons aussi une vision historique positive, très rarement
    négative, de l’Europe Centrale. Cette vision est très urbaine, tout comme celle
    des Balkans, mais en même temps très différente. En matière d’urbanisme, les
    deux concepts sont extrêmement visibles et clairs.


    La
    Pologne et la Roumanie ont longtemps été voisines à travers l’histoire, leurs
    relations ayant été marquées par les intérêts spécifiques de chaque époque. Le
    mois de septembre 1939 en a retenu un épisode mémorable. La deuxième guerre
    mondiale venait d’éclater et le gouvernement roumain du premier ministre Armand
    Călinescu avait consenti à ce que les autorités de Varsovie et le trésor de
    l’État polonais transitent la Roumanie vers l’Occident, pour ne pas être
    capturés par les troupes de l’Allemagne nazie. Mais même au XIXème siècle,
    lorsque la Pologne n’existait plus sur la carte politique de l’Europe, la
    présence polonaise en Roumanie n’avait pas été oubliée.


    Le
    surnom de « Petit Paris », dont Varsovie et Bucarest furent adoubées,
    est plus ancien du côté polonais. Les idées de la Révolution française arrivent
    en Pologne à la fin du XVIIIème siècle, mais l’appellation de « Petit
    Paris » est mal perçue par l’aristocratie polonaise conservatrice. Les
    nobles polonais s’opposent aux idées modernes occidentales, à tout ce que Paris
    signifie, et une longue dispute éclate entre le camp traditionnel et celui
    moderniste. Trente ans plus tard, vers 1830, une même faille apparaît à
    Bucarest entre deux camps similaires. L’historien Błažej Brzostek a mis en
    exergue le rôle joué par la capitale française: Paris est un repère
    symbolique pour les deux cultures, une référence opposée à tout ce qui vient d’Orient,
    mais aussi à tout ce qui est local. C’était une question d’auto-définition et
    d’auto-réflexion, posée assez clairement: au fond, qui sommes-nous? En Europe en
    général, dans de nombreux textes, notamment du XIXème siècle, être parisien
    était présenté comme quelque chose de positif ou de négatif, jamais de neutre. Le
    débat concernait notamment les élites, une « couche superposée », selon
    Titu Maiorescu, à la société pré-moderne, qui veut moderniser les masses afin de
    leur apporter la civilisation.



    À première vue, le surnom de
    « Petit Paris » était synonyme d’organisation et d’atmosphère
    urbaines, mais ce n’était pas que cela. C’était aussi un type d’attitudes
    sociales, de mode vestimentaire, de langue parlée et d’habitat. Varsovie et Bucarest
    avaient reçu ce surnom, malgré leurs différences en termes d’héritage culturel
    et d’imitation de la capitale française. À Bucarest, le changement était plus
    visible qu’à Varsovie, ville parsemée d’hôtels particuliers de l’aristocratie.
    Vers la fin du XIXème siècle, la capitale de la Roumanie était encore une ville
    orientale, où les élites habitaient dans des maisons parisiennes. Les jeunes,
    qui avaient fait des études en France, ramenaient Paris à Varsovie et à Bucarest,
    explique Błažej Brzostek: Dans la construction du concept de « Petit
    Paris », quand on revient sur le début de son utilisation et sur les
    moments essentiels de l’évolution du concept, la première émission est celle
    d’un décalage entre Varsovie et Bucarest. Il y avait un écart entre la Pologne
    et la Roumanie, qui s’est creusé au XVIIIème siècle. Varsovie est la capitale
    d’un très grand État, marqué comme important sur la carte de l’Europe. Varsovie
    et la Pologne disparaissent, tandis que la Roumanie prend forme graduellement.
    Varsovie, traumatisée par la perte de sa fonction, est la plus grosse source de
    textes écrits et d’idées. En Roumanie, c’est le contraire. Il n’y a pas de choc
    produit par la perte d’un État, mais celui issu de l’édification d’un État
    moderne et d’une capitale moderne. Ce traumatisme, provoqué par la destruction
    d’une ville patriarcale, est très visible, notamment dans des textes de
    l’entre-deux-guerres, l’époque où Bucarest est remodelé et refait, avec des
    blockhaus, des gratte-ciel, de nouveaux boulevards.



    Les
    postérités actuelles de Varsovie et de Bucarest, gardent cependant avec
    nostalgie le souvenir du surnom de « Petit Paris ». Les deux villes
    ont énormément souffert en termes d’urbanisme, des traumatismes qui les
    rapprochent d’une certaine manière, à présent. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Warsaw and Bucharest – two cities called the ‘Paris of Eastern Europe’

    Warsaw and Bucharest – two cities called the ‘Paris of Eastern Europe’

    Bucharest is seen today as an Eastern European city that took the model of a Western European city for its development. And what other model could be chosen if not Paris, the capital of France? In sign of appreciation for Bucharest people’s dedication to modernizing their city after the model of the capital of France, the capital of Romania received the nickname ‘Little Paris back in the 19th century, a flattering nickname that was kept for a long time. But Bucharest was not the only city that took Paris as a model for urban expansion. The capital of Poland, Warsaw, also received the same nickname, before Bucharest, and this same name for two cities that ardently sought to imitate Paris made the Polish historian Błažej Brzostek write the volume ‘The Paris of another Europe. Warsaw and Bucharest in the 19th and 20th centuries’.



    The Polish historian wrote that there were differences, given the history of the two eastern capitals, although they shared the same nickname: We have differences in both spaces, in the Romanian and Polish cultural spaces. The first visible difference is the presence in Romania of a pattern or a concept of Balkanism, which does not exist in Poland. It is very important in Southern Europe in particular, and it is a negative one. On the other hand, we have the historical concept of Central Europe, which is positive, and very rarely is it negative. The historical concept of Central Europe is very urban, like the Balkan one, urban too, but in a different way. In urban planning, both concepts are extremely visible and extremely clear.



    Poland and Romania were neighbors for a long time in history, and the relations between them were marked by the interests of the times. But, in the last hundred years, relations between the two countries have been excellent. A memorable episode took place in September 1939, at the outbreak of the Second World War. The then Romanian government led by Armand Călinescu allowed the passage of the authorities from Warsaw and of the Polish treasure through Romania to the West, so as not to fall into the hands of Germany. But even in the 19thcentury, when Poland no longer existed on the political map of Europe, the Polish presence in Romania had not been forgotten.



    The nickname Little Paris was given to Warsaw before it was given to Bucharest. The ideas of revolutionary France entered Poland at the end of the 18th century, but the name Little Paris given to Warsaw had a negative connotation for the conservative Polish nobility. They opposed Western modernist ideas, and a long dispute began between the traditional and modernizing camps. The same separation of ideas will also produce in Bucharest, 30 years later, around 1830, two opposing camps, similar to the Polish ones.



    Błažej Brzostek told us what role the French capital played here: Paris is a symbolic point, a point of reference for both cultures, in opposition to what was brought from the Orient, and to what was domestic. It was a modern problem of self-definition, and getting to know oneself. The question was: who are we truly? To be a Parisian was positive in many texts, especially in the 19th century, as was the case in the whole of Europe in general, or something negative. It was never neutral. The discussion was mostly related to elites, the ‘superimposed layer’, as Titu Maiorescu wrote, in a pre-modern society which aimed to modernize the masses in order to bring in civilization.



    Little Paris meant, at first sight, urban organization and atmosphere, but not only. It was a type of social attitude, of clothing, of spoken language. Warsaw and Bucharest were called Little Paris, even though they were different, both in cultural heritage, and in imitating the French metropolis. As opposed to Warsaw, a city with aristocratic mansions, in Bucharest the transformation was more visible. In late 19th century, Bucharest was still an Oriental city, but the homes of the elites were Parisian houses. The young people who had been studying in France were bring Paris to Warsaw and Bucharest.



    Here is Błažej Brzostek: In building the concept of Little Paris, when we seek the first moments it was used, or the essential moments in the evolution of this concept, the first impression is that there is a gap between Warsaw and Bucharest. This gap between Poland and Romania was large in the 18th century. Warsaw was the capital of a very large state, considered to be a major state on the map of Europe. Warsaw, along with Poland, gradually disappeared, and Romania gradually appeared. Warsaw has the major trauma of a lost function, and is the biggest source of written texts and ideas. In Romania it is the reverse. There is no trauma of a lost state, but there is another trauma, that produced by the construction of a modern state, and of a modern capital city. This trauma is highly visible especially in interwar texts, when Bucharest was remodeled and remade, with blockhauses, with high rises, with new boulevards, and this seemed to be a destruction of the patriarchal city.



    We still remember with nostalgia nowadays the moniker Little Paris. Both capitals suffered tremendously from an urbanistic point of view during WWII and communism, and this trauma is something they still have in common to this day. (LS, CC)


  • Parisurile Europei de Est, Varșovia și București

    Parisurile Europei de Est, Varșovia și București

    Una dintre trăsăturile importante
    ale Bucureștiului de azi este cea a unui oraș est-european care și-a propus modelul
    orașului vest-european ca model de dezvoltare. Și ce alt model putea fi ales
    dacă nu Parisul, capitala Franței? Pentru dedicația cu care a căutat să se
    modernizeze, capitala României a primit încă din secolul al 19-ea supranumele
    de Micul Paris, supranume măgulitor păstrat mult timp. Însă nu numai
    Bucureștiul a fost legat de ce însemna Parisul ca model de expansiune urbanistică.
    Capitala Poloniei Varșovia a primit și ea același supranume, înaintea
    Bucureștiului, și aceeași denumire pentru două orașe care căutau să imite cu
    ardoare Parisul l-a făcut pe istoricul polonez Błažej Brzostek să scrie volumul
    Parisul altei Europe. Varșovia și București în secolele 19 și 20
    . Istoricul
    polonez a remarcat că între cele două capitale, deși au împărțit același
    supranume, existau diferențe date de istoria lor anterioară.

    Avem în ambele spații
    diferențe, în spațiul cultural românesc și cel polonez. Prima diferență
    vizibilă este prezența în România a unui tipar sau a unei concepții de
    balcanism, care nu există în Polonia. El este foarte important în Europa de Sud
    în special și este negativ. Pe de altă parte, avem concepția istorică a Europei
    Centrale care este pozitivă, foarte rar este negativă. Concepția istorică de
    Europa Centrală este foarte urbană ca și cea balcanică, urbană și ea, dar în alt
    fel. În urbanism, ambele concepții sunt extrem de vizibile și extrem de clare.


    Polonia și România au fost vecine
    mult timp în istorie, iar relațiile dintre ele au fost marcate de interesele
    timpurilor. Însă în ultima sută de ani între cele două țări relațiile au fost
    excelente. Un episod memorabil s-a consumat în luna septembrie 1939, la
    izbucnirea celui de-al doilea război mondial. Atunci, guvernul român condus de
    Armand Călinescu a permis trecerea autorităților de la Varşovia și a tezaurului
    polonez prin România către Occident, pentru a nu cădea în mânile Germaniei. Însă
    și în secolul al 19-lea, când Polonia nu mai exista pe harta politică a
    Europei, prezența poloneză în România nu fusese uitată.


    Supranumele Micul Paris pentru
    cele două capitale, pentru Varșovia și pentru București, este mai vechi la
    polonezi. Ideile Franței revoluționare pătrund în Polonia la sfârșitul
    secolului al 18-lea, dar denumirea Varșoviei ca Micul Paris este conotată
    negativ de nobilimea poloneză conservatoare. Ei i se opun ideile moderniste
    occidentale, apărătoare a ceea ce însemna Parisul, și între taberele
    tradițională și modernizatoare începe o lungă dispută. Aceeași despărțire de
    idei va produce și la București, 30 de ani mai târziu, în jurul anului 1830, alte
    două tabere similare celor poloneze.

    Błažej Brzostek a arătat ce rol a jucat
    aici capitala franceză:

    Parisul
    este un punct simbolic, un punct de referință pentru ambele culturi ca opoziție
    împotriva a ceea ce s-a adus din Orient, dar și cu ceea ce era propriu. Era o
    problemă modernă de autodefinire și autocunoaștere și ea a părut extrem de
    clar: cine suntem noi cu adevărat? A fi parizian era pozitiv în multe texte, în
    special în secolul al 19-lea, ca în toată Europa în general, sau era ceva negativ.
    Niciodată nu era neutru. Discuția era legată mai ales de problema elitelor, o pătură
    suprapusă, așa cum scria Titu Maiorescu, societății premoderne care vrea să
    modernizeze masele pentru a le aduce civilizație.


    Micul Paris a însemnat, la prima vedere,
    organizare și atmosferă urbană, dar nu era numai aceasta. El era un tip de
    atitudini sociale, de modă vestimentară, de limbă vorbită și de locuire. Varșovia
    și Bucureștiul erau denumite Micul Paris, deși ele erau diferite și în
    moștenirea culturală, și în imitarea metropolei franceze. Spre deosebire de
    Varșovia, un oraș cu palate aristocratice, la București transformarea era mai
    vizibilă. Bucureștiul era un oraș încă oriental spre sfârșitul secolului al
    19-lea, însă casele elitelor erau case pariziene. Iar tinerii care studiaseră
    în Franța aduceau Parisul la Varșovia și București.

    Błažej Brzostek: În construirea conceptului de
    Micul Paris, atunci cînd căutăm primele momente când este folosit sau când
    vedem momentele esențiale în evoluția acestui concept, prima impresie este că
    există un decalaj între Varșovia și București. Era un decalaj între Polonia și
    România, accentuat în secolul al 18-lea. Varșovia este capitala unui foarte
    mare stat considerat ca important pe harta Europei. Varșovia, ca și Polonia,
    dispare și România treptat, apare. Varșovia are trauma puternică a unei funcții
    pierdute și est cea mai mare sursă de texte scrise și de idei. În România este
    invers. Nu există nicio trauma de stat pierdut, dar există o altă traumă, aceea
    produsă de construirea unui stat modern și de construire a unei capitale
    moderne. Această traumă este foarte vizibilă mai ales în texte interbelice atunci
    când Bucureștiul, remodelat și refăcut, cu blockhaus-uri, cu zgârie-nori, cu
    noi bulevarde, apare ca distrugere a unui oraș patriarhal.


    Posteritățile actuale varșoviană și
    bucureșteană păstrează însă cu nostalgie amintirea supranumelui Micul Paris.
    Ambele capitale au suferit enorm din punct de vedere urbanistic în timpul celui
    de-al doilea război mondial și în comunism și acea traumă le apropie astăzi cumva.