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  • La blouse traditionnelle de Bihor, à l’honneur

    La blouse traditionnelle de Bihor, à l’honneur

    Installation textile, mode et héritage culturel

     

    Au mois de juin de cette année, la Galerie Creart de Bucarest a accueilli l’exposition personnelle « Chimeşa. The Old Blouse » de l’artiste et designer Dorin Negrău. Cela a donné au public l’occasion de regarder des créations issues d’une collaboration avec des artisans locaux de Ţara Crişurilor (le Pays des Criş), au nord-ouest de la Roumanie. Un « solo show » pour ainsi dire, qui a mixé mode, installation textile et héritage culturel, selon un concept inédit.

     

     

    Dorin Negrău a fait des études de pharmacie à la faculté spécialisée de Cluj-Napoca (au nord-ouest de la Roumanie), mais il n’a jamais mis à profit son diplôme universitaire, puisqu’il était attiré par l’univers de la mode et de la création vestimentaire. Après avoir vécu plusieurs années à Paris, il a traversé l’océan Atlantique et s’est installé à New York en 2008. Dix ans plus tard, en 2018, il est rentré en Roumanie, où il a mis en place un « Centre traditionnel pour se connecter à une vie simple ». Au fait, il a transformé la maison de ses grands-parents en un lieu de rencontre, avec ateliers de maîtres artisans, événements, spectacles de théâtre et concerts de musique traditionnelle.

     

    Un concept inédit

     

    Lors du vernissage, Dorin Negrău a expliqué le concept de son exposition « Chimeşa. The Old Blouse » :

     « C’est une exposition hommage à la Chimeşa de Bihor, à la chemise ou blouse de la région de Bihor, un hommage à ma grand-mère, à toutes les grands-mères de partout et au temps que nous, en tant que grands-enfants, nous avons passé avec elles. Un hommage aussi à tout ce que nous apprenons et qui reste avec nous(…) Dans cette exposition, j’ai essayé de montrer le plus grand nombre d’éléments du costume traditionnel de Bihor, de cette « chimeşa ». Chaque produit inclut des techniques anciennes, des détails d’une blouse de Bihor, des tissus de chanvre ou de soie naturelle, de coton, d’un mélange de laine, cachemire et soie et autres… C’est une collection petite, mais dense. Elle est aussi hétérogène, pour ainsi dire, permettant à chaque visiteur de s’y retrouver avec joie et plaisir. »

     

    La blouse roumaine ou la blouse de Bihor

     

    L’artiste Dorin Negrau soutient-il le mouvement en-ligne « La blouse roumaine » ?

    « Je soutiens à distance, si je puis dire, le projet de « La blouse roumaine ». Il y a d’autres fondateurs et promoteurs. Moi, j’ai constamment soutenu les motifs traditionnels roumains, la blouse roumaine. C’est d’ailleurs la raison de mon désir de produire un projet concernant la blouse – la « chimeşa » – de Bihor. »

     

    Un artiste très engagé

     

    La commissaire de l’exposition, Ana Daniela Sultana, a présenté des détails biographiques et professionnels sur Dorin Negrău :

    « Il est un designer et un artiste, un véritable créateur plurivalent. Dorin Negrău, dont j’ai appris avec étonnement sa formation de pharmacien, a mis ensemble, d’une manière spectaculaire, la mode et la beauté, il a lancé une gamme de produits de beauté appelée « Clona ». Il entreprend également une multitude de choses culturelles, pour mettre en valeur l’artisanat traditionnel et les motifs traditionnels du costume roumain. Il est en plus organisateur de festival et ses projets, ses créations, la résidence artistique mise en place dans le village de sa grand-mère et le festival « Grâu Fest » le prouvent. ». (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Ioana Corduneanu

    Ioana Corduneanu

    Inspirée par un mouvement de l’entre-deux-guerres, lorsque les élites du pays avaient recommencé à porter des blouses traditionnelles pour encourager la sauvegarde de ce patrimoine, Ioana Corduneanu a décidé de perpétuer cet esprit. C’est pourquoi elle a fondé l’Association «Semne cusute » (Signes cousus). Mission : protéger et promouvoir la blouse roumaine traditionnelle, appelée « ia » en roumain, et la broderie traditionnelle dont les motifs créent tout un univers rempli de symboles qui parlent de place de la femme dans le monde. Ioana Corduneanu explique :



    « C’est une source de sagesse dont nous avons hérité de génération en génération et il est important de la transmettre aux générations futures, mais aussi de l’expliquer aux étrangers. Parce que c’est notre contribution à la beauté et à la richesse du monde et c’est une contribution très importante. Concrètement, nous admirons et étudions les blouses anciennes, afin de les comprendre et de les reproduire par la suite, en expliquant aux femmes les techniques de leur fabrication. Nous les invitons aussi à réfléchir aux symboles cousus sur ces blouses. »



    Faire des blouses traditionnelles, est-ce toujours à la mode ? Ioana Corduneanu répond :



    « Oui, tout à fait. A condition de savoir les promouvoir, coudre des blouses traditionnelles peut devenir un des hobbies les plus intéressants pour une Roumaine. Notre groupe compte près de 30.000 femmes et leur nombre ne cesse de croître. Elles vivent partout en Roumanie et à l’étranger aussi. Je suis persuadée qu’il existe toujours de nombreuses Roumaines qui savent coudre et broder, qui ne font pas encore partie de notre groupe, mais qui consultent souvent notre blog « Signes cousus » pour trouver toute l’information dont elles ont besoin.»



    Selon la dextérité de la personne et la complexité du modèle, fabriquer manuellement une blouse traditionnelle peut durer entre un mois et une année. Comment cela se passe-t-il ? Ioana Corduneanu raconte :



    « Premièrement, on tombe amoureux d’un modèle. Puis, on tente de comprendre ce qu’il représente, s’il est compatible avec ce que chacun souhaite exprimer. Ensuite, on étudie les caractéristiques de la région d’où il provient et son ancienneté, avant de chercher le matériel adéquat. On fait des essais, on commence à travailler le tissu à l’ancienne et à broder les décorations. A la fin de ce processus, la blouse est assemblée, on fait les plis du col et on commence à porter la blouse. Bref, on est heureux !».



    Avant de terminer, sachez aussi que l’association Signes cousus est désormais présente sur Google Arts and Culture avec l’exposition «Imbracate in povesti » (Vêtues de contes de fées) qui explore l’art de la fabrication manuelle des blouses traditionnelles roumaines et raconte les histoires brodées sur les tissus, en expliquant chaque couleur et chaque symbole. Un voyage virtuel où art et tradition se marient harmonieusement, une exposition que nous vous invitons à découvrir.


    (Trad. Valentina Beleavski)