Tag: bois mort

  • Le bois mort et la gestion durable des forêts

    Le bois mort et la gestion durable des forêts

    Le Fonds mondial pour la nature
    Roumanie, en partenariat avec la Faculté de silviculture de l’université Etienne
    le Grand de Suceava, l’Institut ukrainien de recherche en silviculture P.S.
    Pasternak et l’association ukrainienne Ecosphera ont récemment lancé
    un guide de bonnes pratiques au sujet de la gestion du bois mort. C’est le
    résultat d’une recherche menée dans la zone transfrontalière entre la Roumanie
    et l’Ukraine, mettant en exergue les bénéfices du bois mort pour l’écosystème
    forestier.

    Le bois mort, soit les troncs d’arbres coupés et les bûches de plus
    de 30 cm d’épaisseur et d’une longueur de plus d’un mètre ou encore les très
    vieux arbres qui se trouvent dans un état avancé de dégradation, avaient
    pendant longtemps été considérés par les forestiers comme le principal ennemi
    de la forêt, qu’il fallait à tout prix évacuer de l’écosystème forestier. Que nenni.
    De fait, l’on sait actuellement que l’évacuation du bois mort est hautement
    nuisible à l’écosystème forestier, augmentant ses vulnérabilités et diminuant
    sa capacité à faire face au changement climatique, menant à la disparition de
    certaines espèces, appauvrissant le sol en nutriments et mettant en péril jusqu’à
    la capacité de régénération de la forêt.






    Monia
    Martini, coordinatrice du projet mené par le Fonds mondial pour la nature
    Roumanie et intitulé la promotion du bois mort pour la résilience ds forêts dans la zons transfrontalière Roumanie/Ukraine détaille les résultats du projet et l’utilité du guide de bonnes pratiques
    lancé à l’occasion à l’intention des gestionnaires des forêts : « Notre conclusion et notre principale
    recommandation est de comprendre le bois mort comme représentant la base de la
    pyramide de la chaîne trophique. Ce n’est que grâce à lui que la forêt peut
    exister. Et nous avons développé 4 pistes dans ce guide, des pistes censées
    aider les gestionnaires des forêts à identifier le bois mort, le protéger, et
    protéger la forêt. Protéger la biodiversité c’est protéger les vieux arbres,
    les arbres morts encore debout, le bois mort qui se trouve au sol, et les zones
    de vieillissement. Chacune de ces composantes remplit une fonction essentielle.
    Prenez les vieux arbres, à l’arrêt de la mort, qui constituent l’habitat des
    cafards, et dont le rôle est essentiel dans la transformation ultérieure du
    bois mort. Ensuite les arbres morts, encore debout, qui constituent un microhabitat
    adapté pour bon nombre d’espèces d’oiseaux, qui vont pouvoir nicher dans les
    creux profonds qu’ils y trouvent. Le bois mort demeure essentiel pour préserver
    la biodiversité de la forêt ».






    Mais le rôle
    essentiel que joue le bois mort pour le vivant relève du domaine même de l’intuition.
    Il aurait en effet suffi d’avoir soulevé un morceau de bois qui pourri dans la
    forêt pour constater de visu le foisonnement de vie qui s’y cache. Et les
    recherches menées par les scientifiques ne font que conforter l’intuition de
    tout un chacun.






    Monia Martini explique : « Le bois mort qui
    se trouve au sol l’enrichit en nutriments, favorise sa régénération, augmente
    la capacité de la forêt à faire face au changement climatique et fait office d’entrepôt
    naturel du CO2. Quant aux zones de vieillissement, il s’agit des groupes d’arbres
    qui occupent entre 0,1 et 0,2 hectares, et qui doivent être protégés, il faut
    les faire sortir du circuit d’exploitation. Ces zones constituent des îlots
    naturels de biodiversité, où le bois mort prospère et, avec, les espèces qui y
    vivent. Ces îlots constituent un réservoir de bois mort, ce dernier s’y trouve à
    profusion, et cela constitue une réserve naturelle pour la biodiversité,
    protégée de l’exploitation. »







    Le projet
    mené par le Fonds mondial pour la nature Roumanie avait impliqué l’utilisation
    des compétences de plus de 30 chercheurs, roumains et ukrainiens, et a réussi à
    dépasser l’impasse provoquée par la pandémie d’abord, par l’invasion russe en
    Ukraine ensuite. Pour ce faire, comme souvent, les réunions en ligne ont dû remplacer
    les réunions en présentiel, et cela jusqu’à la dernière étape du projet, qui a
    pu être tenue en présentiel. « La promotion du bois mort pour la résilience des
    forêts dans la zone transfrontalière Roumanie/Ukraine » avait bénéficié du
    soutien financier de l’UE et avait impliqué deux départements roumains, Maramures
    et Suceava, et deux oblasts ukrainiens, Ivano Frankivsk și Zakarpattia. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le rôle du bois mort dans notre écosystème

    Le rôle du bois mort dans notre écosystème

    Voici autant de questions auxquelles le projet intitulé « Promouvoir le bois mort pour augmenter la résilience des forêts dans la zone transfrontalière Roumanie-Ukraine » entend apporter des réponses, scientifiquement étayées. Mis en œuvre par le Fonds mondial pour la nature Roumanie, en collaboration avec l’Université Ștefan cel Mare, Etienne le Grand, de Suceava (ville située au nord de la Roumanie), mais aussi avec l’Institut de recherche en Sylviculture PS Pasternak-UkKRIMF et l’association Ecosphère – les deux situés en Ukraine, le projet entend faire entendre l’utilité du bois mort pour la santé et la durabilité de la forêt. En effet, les arbres morts encore sur pied (les volis) ou au sol (les hablis), semblent constituer un élément essentiel pour la vie de la forêt, car ils jouent un rôle clé dans la préservation de la forêt, pour le maintien de sa vitalité, de sa capacité de régénération, enfin pour accroître sa résilience devant les changements climatiques. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, les autorités compétentes des deux pays appréciaient le bois mort comme l’«ennemi de la forêt», s’employant à l’éliminer systématiquement. Cela avait finalement conduit à l’extinction de certaines espèces rares, présentes autrefois dans les écosystèmes forestiers, entraînant de la sorte une vulnérabilité générale de la forêt, en lien avec la diminution de sa capacité de régénération naturelle et de l’apport de nutriments dans le sol, ainsi que de sa résistance face aux changements climatiques. Et une forêt mal en point ne sera jamais une forêt productive.

    Monia Martini, la dirigeant du projet au nom du Fonds mondial pour la nature Roumanie, en charge pour déterminer la fonction du bois mort dans la préservation de l’écosystème forestier, détaille : « Il s’agit d’un projet extrêmement important, qui nous permet d’étayer et d’affiner de nouvelles thèses en matière de recherche forestière, notamment eu égard le rôle du bois mort. La recherche que l’on mène étudie dans une perspective comparative les forêts anciennes et les forêts destinées à l’exploitation forestière. Et il me semble important à ce que l’on rende publiques nos conclusions. Parce que, dans cette recherche, au-delà de nos experts et de ceux qui travaillent pour nos partenaires, nous avons fait appel à un réseau étendu d’experts externes, à un réseau transfrontalier. L’on parle des professionnels qui travaillent au quotidien dans des organisations et des institutions chargées de la gestion des forêts, dans la gestion des aires protégées, des gens qui travaillent dans les ONG et dans d’autres organisations qui ont au cœur de leur mission le développement durable. Et pour donner suite aux conclusions de cette recherche, on voudrait pouvoir organiser une meilleure gestion du bois mort, développer toute une série de bonnes pratiques en la matière, et viser en cela notamment les forêts destinées à l’exploitation, pour mieux préserver l’écosystème forestier. Mais cette recherche est pour sûr un travail de longue haleine, et le premier pas a été de pouvoir monter ce réseau étendu d’experts et de chercheurs, qui constitue au fond la cheville ouvrière de notre projet. Ensuite, dans un deuxième temps seulement, nous allons pouvoir aborder la question de fond, celle de l’importance du bois mort dans la gestion durable de la forêt ».

    C’est que le bois mort favorise la productivité des forêts, tout en préservant l’habitat, et qu’il constituant le garde-manger pour des milliers d’espèces, dont certaines en dépendent. Le bois mort aide également à conserver l’eau et l’humidité de la forêt et préserve sa durabilité. Ces éléments ressortent sans l’ombre d’un doute des conclusions préliminaires de l’étude démarrée dans le cadre du projet transfrontalier, portant sur le rôle du bois mort dans la préservation de l’écosystème forestier. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le bois mort

    Le bois mort

    On a longtemps cru que le « bois mort » présent dans les forêts nuisait aux écosystèmes, raison pour laquelle il en était systématiquement retiré. Les spécialistes pensent maintenant que c’était une erreur, et une recherche étudiant le phénomène est en cours à la frontière roumano-ukrainienne. Intitulé « Promouvoir le bois mort pour accroître la résilience des forêts dans la zone transfrontalière Roumanie-Ukraine », le projet est mis en œuvre par le Fonds mondial pour la nature Roumanie, en collaboration avec l’Université Ștefan cel Mare de Suceava (ville située dans le nord de la Roumanie), mais aussi avec l’Institut de recherche en Sylviculture PS Pasternak-UkKRIMF et l’association Ecosphera – les deux derniers organismes originaires d’Ukraine. Les conclusions à ce jour sont que le bois mort, qu’il s’agisse d’arbres morts encore sur pied ou au sol (chablis), représente un élément essentiel pour la vie de la forêt, et joue un rôle clé dans la préservation de cette dernière, pour le maintien de sa vitalité, de sa capacité de régénération, enfin pour accroître sa résilience devant les changements climatiques.

    Par ailleurs, la présence du bois mort sert les intérêts des communautés locales, en préservant des écosystèmes essentiels. Radu Melu, expert du Fonds mondial pour la nature Roumanie, explique :« Le bois mort est essentiel au secteur forestier, tout d’abord parce que sa présence favorise la productivité de la forêt. Ce bois mort nous offre toute une gamme de nutriments, de la matière organique issue de ce bois, et qui constitue une excellente base de croissance pour les jeunes pousses et pour les nouvelles générations. Dans la forêt, la richesse du sol provient du bois. Si nous extrayons toujours tout le bois de la forêt, et ne laissons rien se décomposer sur place, à terme nous pourrions avoir des problèmes. Et, si vous me permettez un parallèle avec l’agriculture, pensez que dans l’agriculture, lorsque vous continuez à récolter et à récolter sur le même sol, à un moment donné vous constatez qu’il a été appauvri, et qu’il faudrait compenser cela avec des engrais : soit avec des engrais naturels, soit avec des engrais chimiques. Nous avons donc besoin qu’une partie du bois demeure et se décompose dans le sol même de la forêt, tout comme les feuilles, les branches et d’autres composants organiques. Le bois mort fournit par ailleurs de la nourriture et un micro-habitat à des milliers d’espèces particulières. Il existe toute une série d’espèces qui ne pourraient pas survivre dans la forêt en l’absence du bois mort, et leur disparition éventuelle aurait des effets sur la capacité de résilience de la forêt dans son ensemble. L’on a aussi remarqué des zones avec un excès d’humidité et d’autres qui sont trop sèches. Et là, le bois aide à maintenir un très bon équilibre. Le bois mort, le bois semi-pourri y maintient le taux d’humidité dans des valeurs raisonnables. C’est exactement ce dont les jeunes pousses ont besoin. Il y a aussi des plantes qui poussent sur du bois mort, et qui ne poussent que de la sorte. De plus, il fournit de la nourriture et un cadre de vie à différentes espèces forestières, qui vivent dans ses creux, qui vivent dans les arbres. Elles ont besoin de ce bois mort pour se développer, voire pour exister tout simplement. Le bois mort constitue également l’habitat d’hibernation d’élection pour nombre d’espèces. Voyez-vous, nous avons tout intérêt à préserver le statut et le maintien de ce type de bois au sein de la forêt. Il y est à sa place ».

    La gestion du bois mort est un concept de conservation relativement nouveau pour la Roumanie et l’Ukraine. Promu depuis les années 2000, il est le plus souvent ignoré par la pratique, dans la gestion de la forêt. En effet, durant des décennies, les autorités compétentes des deux pays considéraient le bois mort comme l’« ennemi de la forêt », s’employant à l’éliminer systématiquement. Cela avait finalement conduit à l’extinction de certaines espèces rares, présentes autrefois dans les écosystèmes forestiers, entraînant de la sorte une vulnérabilité générale de la forêt, en lien avec la diminution de sa capacité de régénération naturelle et de l’apport de nutriments dans le sol ainsi que de sa résistance face au changement climatique. Et une forêt mal en point ne sera jamais une forêt productive. Cătălin Roibu, expert de l’Université Ștefan cel Mare de Suceava, étaye ces propos : « Le bois mort n’est pas un concept abstrait ou farfelu, mais quelque chose de très concret. « Bois mort – forêt vivante », n’est pas juste un slogan, mais la conclusion des spécialistes au niveau européen et mondial. Parce que le bois mort constitue le garde-manger et l’abri de nombreuses espèces. Certaines même, reprises sur la liste rouge, sont des espèces menacées au niveau européen. En même temps, c’est le bois mort qui régule et garde sous contrôle tous les paramètres qui assurent la santé de la forêt. Pour ce qui est de notre projet, nous avons constitué un réseau de superficies d’échantillonnage. 20 superficies circulaires, placées au hasard, dans la forêt. A proprement parler, l’ordinateur nous a désigné ces 20 cercles de test dans la forêt naturelle, et puis il avait choisi, toujours au hasard, 20 autres superficies de test dans la forêt aménagée, là où une gestion forestière est de mise. Le même mécanisme pour localiser les surfaces qui feront l’objet des études, le même protocole, a encore été appliqué en Ukraine. »

    Démolir le mythe du bois mort nocif, et qui devrait être retiré des forêts, cela peut être entrepris grâce à la coopération et à la recherche transfrontalières, mises en place entre la Roumanie et l’Ukraine. Le changement de cap dans la gestion du bois mort et, par voie de conséquence, de la forêt, constitue un élément essentiel pour la préservation d’écosystèmes forestiers sains, et pour la préservation de la durabilité des services écosystémiques qu’ils fournissent, affirment de concert les développeurs du projet, financé par ailleurs par l’Union européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)