Tag: camps

  • Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale

    Le sort des prisonniers soviétiques en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale

    La Bessarabie, un territoire roumain perdu

     

    Pour tenter de récupérer la Bessarabie occupée par l’Union soviétique à la suite d’un ultimatum au mois de juin 1940, la Roumanie prend part à l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie, et cela dès le début de l’opération Barbarossa, le 22 juin 1941. Aussi, l’armée roumaine mènera la guerre contre l’URSS pendant plus de trois ans, jusqu’au 23 août 1944, et fera pendant ce laps de temps 91 060 prisonniers soviétiques. 82 057, soit près de 90% de ces prisonniers de guerre seront emprisonnés sur le sol roumain, au sein de 12 camps organisés pour l’occasion.

     

    Dans leur ouvrage intitulé « L’armée roumaine pendant la Seconde Guerre mondiale », les historiens Alesandru Duțu, Florica Dobre et Leonida Loghin notent que de ces plus de 90 000 prisonniers soviétiques, 13 682 avaient été libérés par décision du gouvernement roumain, s’agissant de prisonniers d’origine roumaine, originaires de ces deux provinces historiques, la Bessarabie et le Nord de la Bucovine, occupées par l’URSS un an auparavant. Des autres, 5 223 décèdent dans les camps de prisonniers, alors que 3 331 parviennent à s’évader. Le 23 août 1944, lorsque la Roumanie décide d’abandonner l’alliance avec l’Allemagne nazie pour rejoindre le camp allié, elle compte encore près de 60 000 prisonniers soviétiques sur son sol, dont 2 794 officiers. Selon l’origine ethnique des prisonniers soviétiques, l’on compte 25 533 ukrainiens, 17 833 russes, 2 497 kalmouks, 2 039 ouzbeks, 1 917 turcs, 1 588 kazakhs, 1 501 arméniens, 1 600 géorgiens, 601 tatares, 293 juifs, 252 polonais, 186 bulgares, puis encore des prisonniers moins nombreux d’autres ethnies présentes en URSS. Par ailleurs, si au début de la guerre les conditions de vie des prisonniers soviétiques étaient peu enviables, la grande majorité de décès ayant été enregistrés durant cette période, il semblerait qu’assez rapidement l’accueil des prisonniers soviétiques se soit amélioré, s’alignant sur la législation internationale en la matière.

     

    Témoignage d’un colonel roumain de l’époque 

     

    Le colonel Anton Dumitrescu qui a pris part au coup d’Etat du 23 août 1944, qui fit sortir la Roumanie de son alliance avec l’Allemagne nazie, se rappelait dans une interview de 1974, conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, les conditions de vie en 1944 dans le camp des prisonniers soviétiques de Slobozia, où il avait été envoyé en mission. Ecoutons-le :

     

    « Il y a avait à Slobozia un important camp de prisonniers soviétiques géré par les Allemands. Des prisonniers qui s’étaient ralliés à la cause de Vlasov, un général russe fait prisonnier et qui s’était rallié aux Allemands. Selon nos informations, les Allemands tentaient d’organiser les prisonniers de ce camp en troupes qui leur soient fidèles même dans le cas où la Roumanie ferait défection, des troupes qui puissent épauler les troupes allemandes non seulement contre les Soviétiques mais aussi contre l’armée roumaine au besoin. J’avais déjà connu les hommes du général Vlasov dans le Caucase. C’étaient des fanatiques. Ils ne reculaient devant rien. Ils ne pouvaient pas se laisser prendre prisonniers. Pour les Russes, c’étaient des traîtres, et ils les auraient tout de suite tués. »  

     

    L’amélioration des conditions de travail des prisonniers de guerre

     

    L’ingénieur Miron Tașcă qui a travaillé pour l’entreprise franco-roumaine de Brăila, dont une partie de la production était destiné aux besoins de l’armée et qui pour cette raison faisait appel au travail des prisonniers de guerre, se rappelait dans une interview de 1995, du sort des prisonniers soviétiques après l’occupation de la Roumanie par les troupes de l’Armée rouge :

     

    « L’on faisait appel aux prisonniers de guerre dans notre entreprise, à Braila. Ils étaient bien traités, c’étaient des travailleurs manuels et ils étaient employés dans le nettoyage et dans les taches qui nécessitent un travail physique. Lorsque les troupes soviétiques sont arrivées chez nous, ils les ont libérés et les ont emmenés en Russie. Ces gens n’en menaient pas large. L’un d’entre eux, un Ouzbek, m’a supplié de le garder chez nous, à l’usine. Il ne voulait surtout pas rentrer en URSS. C’était un brave homme, travailleur, un gars tranquille. Mais naturellement il nous était impossible de les aider. Les prisonniers étaient interrogés, enregistrés, puis pris en charge par l’Armée rouge. Il a dû lui aussi partir. Il y en avait sans doute d’autres qui pensaient pareil. Ils ne savaient pas ce que l’avenir allait leur réserver dans leur pays, mais ils se doutaient bien. Ils connaissaient quand même Staline et son régime ».  

     

    La crainte de rentrer en URSS après la guerre

      

    Cristinel Dumitrescu, élève à l’Ecole militaire en 1944, avait lui aussi connu des prisonniers soviétiques et les conditions de vie qui étaient les leurs à l’époque :

     

    « Chez nous, à la campagne, nous employions dix ou vingt prisonniers russes. Ils travaillaient, allaient et venaient librement, ils n’étaient pas gardés. Ils étaient accueillis au poste local de gendarmerie, et travaillaient au maintien en état des routes et des voiries, mais se faisaient aussi quelques sous en travaillant chez des gens. Et vous savez, après le 23 août 1944, ils furent les premiers à déguerpir. Mais pas vers l’Est, pour rentrer chez eux, mais vers l’ouest. Car ils avaient une vague idée de ce qui les attendait une fois rentrés en URSS ».    

     

    Mais le quotidien de ces dizaines de milliers de prisonniers de guerre soviétiques demeure une page encore trop peu connue de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Abuses in Romania’s Foster Care Facilities

    Abuses in Romania’s Foster Care Facilities

    Less than one month after being sworn in, the mandate
    of Romania’s new Prime Minister, Social Democrat Marcel Ciolacu seems to be quite
    uncomfortable as early as the onset. Besides the present problems, Ciolacu now
    has to handle a widely-covered media scandal with political and legal
    implications: the horrific abuses in several old people’s homes around the
    capital city Bucharest.


    The Prime Minister summoned his team on Sunday to
    assess the situation in the Ilfov County, southern Romania, after prosecutors had
    identified organized criminal groups which were exploiting and abusing helpless
    individuals. The head of the Romanian government has
    called on the field authorities to carry out inspections in all the foster
    facilities for children, disabled or elderly people, be they state-owned or
    private.


    According to the Prime Minister, it is unacceptable
    for the institutions in charge to shift the blame for what happened. I have no
    mercy for the scoundrels that have created these horror centers and the fact
    that something like that was possible shows only one thing: we are actually
    dealing with a flawed system. The system must be changed’ – the Prime Minister
    says. His statement comes after the anti-mafia prosecutors from DIICOT have
    launched an investigation at three old-people’s centers in Voluntari and Afumaţi,
    two of Bucharest’s satellite towns, for the inhuman treatment their residents have
    been subjected to. Several people have already been apprehended in a file known
    as ‘The Retirement Centers of Horror’, including the one who initiated the
    business and was unknown until now, Ştefan Godei. According to prosecutors,
    Godei has so far raked in the equivalent of more than half a million Euros in
    less than two years. He used to spend a large part of this money on drugs,
    prostitutes and parties, while the elderly were being treated like prisoners in
    concentration camps: beaten, insulted, starved, forced to do the most
    humiliating tasks and deprived of minimum hygiene conditions. Nearly one hundred of these people have already
    been taken over by SMURD paramedics to be transferred to hospitals and other
    treatment facilities.


    In the meantime, the opposition in
    Bucharest has called for the resignation of the Minister of Family, Gabriela Firea,
    a Social Democrat like the Prime Minister, whom the press blames for being
    linked to the file. Her husband, Florentin Pandele, has been mayor of the town
    of Voluntari for 23 years now while one of his sisters has headed the Social
    Assistance system in the Ilfov County. The one the journalists have dubbed ‘the
    Infamous Godei’ used to be Firea’s driver while the latter was mayor of
    Bucharest between 2016 and 2020. No one is invoking criminal charges for Firea
    in the aforementioned retirement centers file, but many agree that her public
    image has been seriously tarnished and is presently affecting both the
    government and the party. Few are those who believe that she still stands
    chances to become Bucharest mayor again after she announced her intention to
    run for this seat in the local election next year.


    (bill)

  • Migration, exil, camps de réfugiés

    Migration, exil, camps de réfugiés

    Directeur de recherche à l’Institut de recherche en développement français et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, cet anthropologue a travaillé pendant plusieurs dizaines d’années sur les camps de réfugiés et les migrations humanitaires. Ces derniers mois, la surmédiatisation des migrants – principalement syriens – a donné lieu à un étalage de discours xénophobes de la part de nombreux politiciens européens. Cependant, d’autres acteurs, beaucoup moins visibles, interviennent dans ce champ. Il s’agit d’associations bénévoles qui assurent des conditions minimales à ces exilés. On observe deux logiques contraires qui s’affrontent : d’un côté, celle de l’accueil et de l’ouverture, de l’autre celle de l’en-campement et du contrôle des populations…