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  • “Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde”, Queer Palm 2024

    “Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde”, Queer Palm 2024

    Un prix pour la thématique LGBTQ

     

    Créé en 2010, ce prix est attribué à un long-métrage qui aborde des personnages ou une thématique LGBTQ, une production mémorable qui reflète la diversité. Le prix a été remis au réalisateur Emanuel Pârvu par le cinéaste Lukas Dhont, qui a cité la motivation du jury: « Une rupture dure et précieuse d’un système de violence. Sa perspective révèle lentement le monde patriarcal dans lequel nos personnages ont grandi, où l’espace pour exister pleinement est rendu impossible par des structures d’idées profondément enracinées. Dans ce film fascinant, les gens semblent retenus par des ficelles qui les maintiennent à l’écart de la lumière, jusqu’à ce que certains d’entre eux commencent à se libérer ».

     

    Emanuel Pârvu : “un cercle qui se referme”

     

    Sur le tapis rouge, le réalisateur Emanuel Pârvu était accompagné par les acteurs Bogdan Dumitrache, Valeriu Andriuță, Ciprian Chiujdea et Ingrid Micu-Berescu. La première roumaine du film « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » aura lieu au TIFF le Festival international du film Transilvania (du 14 au 24 juin, à Cluj-Napoca). Cette production conclut la trilogie ouverte par le premier long-métrage d’Emanuel Pârvu « Meda sau Partea nu prea fericita a lucrurilor / Meda ou La partie moins heureuse des choses » (prix du meilleur réalisateur et prix de la meilleure interprétation masculine pour l’acteur Șerban Pavlu, au Festival du film de Sarajevo en 2018), et continuée par « Marocco » (sélection officielle du Festival de San Sebastian 2021). Emanuel Pârvu précise au micro de RRI : « Et pourtant, je ne pourrais pas dire que c’est la conclusion définitive, que je ne toucherai plus à ce sujet. Pour moi, c’est un cercle qui se referme par ce débat, mais la discussion que je lance peut continuer indéfiniment. L’amour qui unit les enfants et les parents, le type d’amour le plus fort à mon avis, reste un territoire à explorer sans limites. Mais j’ai du mal à voir si un futur travail sur ce thème s’accorderait avec les films que j’ai déjà réalisés. Je peux vous dire que j’ai pris ces sujets à bras le corps, je les ai aimés. Il est évident que je resterai attaché à cette zone, aux liens entre les gens, que mes films continueront à aborder, mais en cherchant des modalités différentes. Le lien parent-enfant n’a jamais été un sujet facile, bien le contraire ; il m’a beaucoup travaillé, m’a empêché de dormir, a tourmenté ma vie intérieure. D’où le besoin de prendre une pause. Je crois que ces périodes ont un sens, nous ne pouvons pas consommer sans arrêt. »

     

    Emanuel Pârvu a mis en scène de nombreuses pièces de théâtre avant de se lancer dans la réalisation de film.

     

    Pour sa première mise en scène il a été nommé aux Prix UNITER de l’Union théâtrale de Roumanie. Il est aussi un acteur plein de talent, se faisant remarquer dans des productions cinématographiques telles que « Baccalauréat » (de Cristian Mungiu), « Portretul luptătorului la tinerețe / Portrait de jeunesse du combattant » (de Constantin Popescu), « Aniversarea / L’Anniversaire » (de Dan Chișu), « Miracolul / Le Miracle » (de Bogdan Apetri), « Familiar / Familier » (de Călin Peter Netzer). Sa thèse de doctorat est consacrée aux structures dramaturgiques et cela fait plusieurs années qu’Emanuel Pârvu enseigne à la Faculté des Arts de l’Université Ovidius de Constanța (sud-est).

     

    Emanuel Pârvu : « Je ne mène jamais deux projets en même temps. Je ne peux pas me concentrer sur un rôle et réaliser simultanément un projet de mise en scène. Certains de mes collègues peuvent maîtriser ça, mais pas moi. J’aime me concentrer sur une seule chose à la fois et m’investir complètement dans un projet. J’aime aussi beaucoup mon activité enseignante. Avec l’acteur Adrian Titieni et Daniela Vitcu, doyenne de la Faculté des arts de l’Université Ovidius de Constanța, on a créé le premier et jusqu’à présent le seul master d’art de l’acteur de cinéma qui existe en Roumanie. Le fait qu’il soit créé dans une université d’Etat me semble très important, je tiens beaucoup à cœur tout ce qu’il se passe ainsi que les rencontres avec les étudiants. Peut-être aussi parce que j’ai un enfant de quatorze ans, je m’intéresse beaucoup aux générations qui nous suivent. Nous ne devrions pas oublier que ces vingt dernières années seuls le sport et le cinéma de Roumanie ont eu du succès international. Simona Halep, Cristina Neagu, David Popovici et les réalisateurs de film ont rencontré le succès international au plus haut niveau. C’est la raison pour laquelle je me propose même d’investir dans mon activité didactique, parce que l’avenir du pays me tient à cœur. Je m’intéresse beaucoup à l’évolution des jeunes, je voudrais que ne soyons pas vus comme des citoyens de seconde zone, bons uniquement pour cueillir des fraises ou des asperges. Personnellement, je suis très fier d’être roumain et l’avenir du pays et de son système d’éducation m’intéresse. Je crois que les gens sont capables de construire beaucoup de bien, je crois que c’est le moyen de nous développer en tant que société. »

     

    Le film « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » est produit par l’Association FAMArt, sur un scénario d’Emanuel Pârvu et Miruna Berescu, avec la photographie de Silviu Stavilă, le montage de Mircea Olteanu, le décor et les costumes de Bogdan Ionescu. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Nouveaux rôles au cinéma pour Bogdan Dumitrache

    Nouveaux rôles au cinéma pour Bogdan Dumitrache

    Bogdan Dumitrache, un des acteurs les plus talentueux et les plus primés de la nouvelle vague du cinéma roumain, est le protagoniste de deux films récents: « Băieții buni ajung în Rai / Les bons garçons vont au Paradis » (du réalisateur Radu Potcoavă) et « Trei kilometri până la capătul lumii / Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » (réalisé par Emanuel Pârvu), la production gagnante de la Palme Queer à Cannes, cette année. Depuis sa création en 2010, la Palme Queer du Festival de Cannes a récompensé des films mémorables, qui reflètent la diversité et l’importance des thèmes abordés. Le prix a été remis au réalisateur Emanuel Pârvu par le cinéaste Lukas Dhont, qui a cité la motivation du jury: « Une rupture dure et précieuse d’un système de violence. Sa perspective révèle lentement le monde patriarcal dans lequel nos personnages ont grandi, où l’espace pour exister pleinement est rendu impossible par des structures d’idées profondément enracinées. Dans ce film fascinant, les gens semblent retenus par des ficelles qui les maintiennent à l’écart de la lumière, jusqu’à ce que certains d’entre eux commencent à se libérer ». Sur le tapis rouge, le réalisateur Emanuel Pârvu a été accompagné par les acteurs Bogdan Dumitrache, Valeriu Andriuță, Ciprian Chiujdea et Ingrid Micu-Berescu. La première roumaine du film « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » aura lieu au Festival international du film Transilvania TIFF (du 14 au 24 juin, à Cluj-Napoca), « Les bons garçons vont au Paradis » a déjà rencontré le public roumain. Dans cette comédie romantique, Bogdan Dumitrache joue le rôle d’un homme qui meurt et va au Paradis, où, sur une plage déserte, il rencontre Laura, la fille dont il était amoureux au lycée. C’est grâce à ces deux récents films que RRI a réussi à interviewer Bogdan Dumitrache sur sa carrière au cinéma, sur le choix des rôles et sur l’influence que la nouvelle vague de la cinématographie roumaine a eu sur lui.

    «  « Les bons garçons vont au Paradis » est un film qui interroge le public d’une manière accessible, mais non sans profondeur. C’est en même temps un film qui essaie de ramener le public dans les salles obscures en l’invitant à une escapade d’une réalité que nous n’aimons pas tout le temps. Je dirais que ce film emploie une recette américaine qu’il tente d’adapter à un environnement roumain. Radu Potcoavă est un artiste, et son film est une tentative honnête d’utiliser le langage cinématographique pour traiter agréablement une question incommode et déplaisante comme la mort. Concernant le choix des scénarios, la première lecture est essentielle pour moi, car c’est là que je regarde l’histoire à travers mon propre philtre. C’est là que je me rends compte des éventuels problèmes, si le personnage est cohérent, si ses actions sont normales, naturelles. Ça c’est mon premier philtre. Quand j’ai lu le scénario des Bons garçons qui vont au Paradis, écrit par Radu Potcoavă, j’ai justement aimé la logique du personnage, tellement vivant et humain. Il refuse d’accepter sa mort et ne peut pas croire non plus qu’il soit arrivé dans un autre monde, tellement similaire à celui qu’il vient de quitter. Même les erreurs et les petites mises au point, qui pourraient lui alléger la situation, se ressemblent.  Donc, à mon avis, « Les bons garçons vont au Paradis » est un beau pari de ramener le public dans les cinoches, et c’est un pari que j’ai accepté. Je crois que ce nouveau type de cinéma – le film grand public, comme nous l’appelons – a réussi à faire cela et c’est une très bonne chose. Les gens viennent voir des films roumains, une occasion aussi de passer du temps en famille et entre amis. J’espère que nous allons faire revivre cette habitude sociale d’aller au cinéma. »             

    Bogdan Dumitrache a gagné trois trophées Gopo, du cinéma roumain

    Bogdan Dumitrache a gagné trois trophées Gopo, du cinéma roumain: en 2011 pour le « Portrait de jeunesse du combattant » (de Constantin Popescu), en 2012  pour « Par amour avec les meilleures intentions » (d’Adrian Sitaru) et en 2019 pour « Pororoca » (de Constantin Popescu). Ce dernier film lui a fait gagner le Prix d’interprétation masculine au Festival du film de San Sebastian. Sur la trentaine de rôles joués, Bogdan Dumitrache pense que celui endossé dans la production « Portrait de jeunesse du combattant » a été essentiel. Il croit aussi que le fait de s’être formé en même temps que la nouvelle vague cinématographique roumaine a été une chance pour sa carrière.

    « Ce rôle me paraît essentiel, parce que d’habitude je me rapporte aux périodes où j’ai joué plutôt qu’aux rôles interprétés. Moi j’ai commencé à jouer dix ans après la fin de mes études et « Portrait de jeunesse » a été mon premier rôle important. Et même si c’était un rôle secondaire, j’ai réussi à créer un personnage vivant et authentique. Il m’a aussi apporté mon premier prix ainsi que d’autres rôles et opportunités de travailler, de me développer, de montrer aux autres ce que je sais faire. Quant à la nouvelle vague du cinéma roumain, je considère que c’est une chance pour moi d’évoluer simultanément avec ce mouvement, de faire du cinéma au moment du lancement de la production de Cristi Puiu « Le Matos et la thune ». J’ai été très content que mon ami, l’acteur Dragoș Bucur, ait joué dans ce film, qu’il ait été impliqué dans ce nouveau mouvement, qui a voulu faire changer des choses et qui a même réussi à le faire. J’en suis plein d’enthousiasme et de reconnaissance. »

    Bogdan Dumitrache fait également partie des fondateurs du théâtre indépendant Apollo 111 et il a joué dans les productions HBO « À la dérive/ În derivă » (2010) et « Ruxx » (2022). (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Des films roumains présentés à Cannes

    Des films roumains présentés à Cannes

    Plusieurs films roumains sont présents cette année à l’affiche du célèbre Festival de Cannes, l’un des événements cinématographiques les plus importants au monde, qui touche à sa fin.

     

    « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde », un film sur l’amour inconditionnel

     

    Le long métrage « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde », réalisé par Emanuel Pârvu, a été projeté en première mondiale dans la « Compétition officielle » du festival. Il raconte l’histoire d’Adi, un adolescent de 17 ans qui vit dans un village du delta du Danube, et qui, grâce aux efforts de ses parents, fait ses études à Tulcea. Lorsque les parents sont confrontés à une vérité qu’ils ne peuvent pas comprendre, l’amour inconditionnel qu’ils devraient lui offrir disparaît soudainement, laissant à Adi une seule solution. À la fin de la projection, le film a déjà été « récompensé » par le public qui l’a longuement applaudi. A son tour, la critique a vivement apprécié ce film roumain et son réalisateur, à en croire aux commentaires publiés après la projection.

     

    « Trois kilomètres jusqu’à la fin monde » est le troisième long métrage du réalisateur Emanuel Pârvu, après ses débuts avec « Meda ou le côté moins bon des choses / Meda sau Partea nu prea fericită a lucrurilor » (2017) et « Marocco », qui a eu sa première internationale au Festival de San Sebastian en 2021.

     

    Emanuel Pârvu: « La Compétition officielle de Cannes – tout réalisateur en rêve toute sa vie, c’est l’endroit où l’on veut montrer ses films, où l’on veut être. Quant au film, il y a eu tellement de « chemins » à parcourir – à commencer par de l’idée du film jusqu’au scénario, en passant par les lieux du tournage jusqu’au tournage proprement dit, de l’interprétation au montage… Bref, je ne sais même plus exactement comment le tout a pris forme. Certainement grâce à Dieu. Un grand merci à tous ceux impliqués, nous avons formé une merveilleuse équipe ensemble et voici notre première reconnaissance. »

     

    “NASTY”, immersion dans la vie du légendaire Ilie Nastase

     

    Un autre film roumain, « NASTY », réalisé par Cristian Pascariu, Tudor D. Popescu et Tudor Giurgiu, a été présenté dans la section « Projections spéciales ». Le long métrage offre au public une incursion captivante dans la vie du joueur de tennis roumain devenu légendaire – Ilie Năstase – le premier rebelle de l’histoire du tennis. Il a dominé la scène du tennis roumain et mondial dans les années 70, devenant le premier leader du classement ATP après sa création. Ilie Năstase a été applaudi à la fin de la projection de Cannes. Pour le réalisateur du documentaire, Tudor Giurgiu, la sélection de sa production à Cannes est « quelque chose d’extraordinaire ».

     

    Tudor Giurgiu: « En France, Ilie Năstase est tout aussi aimé qu’en Roumanie. Le fait que ce documentaire soit inclus dans la sélection du festival est une reconnaissance du travail de notre équipe et une preuve que l’on peut être sélectionné à Cannes même avec un film qui ne relève pas nécessairement du cinéma d’auteur » .

     

    « Les violons humains : Prélude », une création en réalité virtuelle

     

    Avant de terminer, disons aussi que l’édition 2024 du Festival de Cannes propose, en avant-première, une « compétition immersive ». Il s’agit de créations en réalité virtuelle (VR), et parmi les 8 projets figure un projet roumain intitulé « Les violons humains : Prélude/ Viorile umane: Preludiu ». Réalisé par l’artiste Ioana Mischie, il est inspiré d’un fait réel déchirant : pendant l’Holocauste, de nombreux Juifs avaient le droit de choisir un seul objet avant d’être déportés dans les camps, et certains ont choisi leur violon.

    Autant de présences roumaines sur le grand écran de Cannes cette année. (trad. Valentina Beleavski)