Tag: carême

  • Jacques Augustin (France) – Jeûne le Vendredi saint ?

    Jacques Augustin (France) – Jeûne le Vendredi saint ?

    Selon la tradition religieuse, les orthodoxes pratiquants jeûnent non seulement le Vendredi saint, mais observent le carême une quarantaine de jours avant Pâques. C’est même le carême le plus dur de l’année du point de vue alimentaire, appelé le Grand Carême. C’est une préparation du corps et de l’esprit pour la Résurrection du Seigneur. Le carême était observé différemment à travers les temps. Certains jeûnaient seulement le Vendredi saint, d’autres — deux ou encore trois jours avant Pâques, jusqu’à 40 jours. Depuis le Concile œcuménique de Nicée, qui s’est tenu en l’an 325, l’Eglise d’Orient a adopté la pratique du carême de sept semaines. Il faut savoir que ce jeûne est très sévère chez les orthodoxes. La recommandation de l’Eglise, pour ceux qui peuvent le faire, c’est de jeûner complètement les deux premiers jours du carême ou de jeûner jusqu’au soir, et alors de manger du pain et de boire de l’eau. Il en va de même pour les trois premiers jours et les deux derniers jours de la Semaine sainte. Mercredi on jeûne jusqu’au soir, lorsqu’on mange du pain et des légumes bouillis, sans huile. Le reste du carême, du lundi au vendredi, on se nourrit une seule fois par jour, le soir, alors que samedi et dimanche, deux fois par jour, de légumes bouillis avec de l’huile et on prend un peu de vin. Vous l’aurez compris, c’est un jeûne très dur puisqu’on ne peut pas manger de viande ni de produits de viande, mais pas de lait ni de produits laitiers non plus. Pas d’œufs, non plus. Deux jours pendant ces sept semaines, on peut manger du poisson. Tous les fruits sont permis, aussi. Les fidèles doivent s’abstenir de certaines pensées malsaines, des mauvaises actions ou passions, et de boire de l’alcool. On ne fume pas, non plus. Le Vendredi saint, jeûne total. C’est donc un carême du corps et de l’esprit, car il s’accompagne d’une purification de la pensée et de prières. Les fidèles sont aussi invités à faire de bonnes actions. Pendant le carême, pas de fêtes, pas de danse, pas de mariage.

  • Des traditions qui perdurent

    Des traditions qui perdurent

    Aujourd’hui nous parlons traditions.
    Souvent, les fêtes religieuses se superposent aux fêtes archaïques. C’est le
    cas, entre autres, des célébrations qui marquent le début du carême de Pâques. En
    Roumanie ces fêtes s’appellent « Lăsata secului », une sorte de Mardi
    Gras, si vous voulez.








    Le printemps venu, les Roumains
    célèbrent par exemple la « Journée des coucous », une tradition très ancienne
    encore vivante à Brăneşti, près de Bucarest. Une fête si importante pour les
    habitants de cette petite ville qu’ils ont fait de leur mieux pour la
    préserver, raconte M Marius Ovidiu Sebe, professeur de géographie et chef de l’Association
    culturelle Brăneşti.






    Marius Ovidiu Sebe : « En 2013, nous avons conclu un partenariat avec les institutions
    importantes de la ville afin de sauvegarder cette tradition. Concrètement, il s’agit
    d’impliquer les établissements scolaires en les invitant à former des groupes
    de « coucous » et à participer à un festival censé ressusciter cette
    tradition qui, malheureusement se dégradait d’une année à l’autre ; en
    fait, elle risquait de disparaître. Cette année, la pandémie qui nous affecte
    tous n’a pas épargné cette coutume. L’année dernière nous avons réussi à la célébrer,
    le 2 mars, juste avant le confinement. Le festival a accueilli des invités de l’étranger
    et ce fut une édition extraordinaire. Cette année, en raison des restrictions
    imposées, il a été carrément impossible d’organiser quoi que ce soit. Les rues
    de Brăneşti étaient vides à l’exception d’un petit groupe de « coucous
    » qui a défilé comme à l’accoutumée juste pour promouvoir la tradition, en
    respectant toutes les normes de distanciation sociale, dont le masque. Alors
    que l’année dernière il y avait eu des centaines de « coucous » dans
    les rues. »








    Ce fut quand même une bonne
    occasion de débattre de cette tradition en ligne, lors d’un symposium qui est
    devenu lui aussi traditionnel, comme nous le dit notre invité, Marius Ovidiu
    Sebe. Il nous explique concrètement en quoi consiste la tradition des « Coucous
    » de Brăneşti : « Les « Coucous » sont de jeunes hommes mariés,
    costumés en vêtements de femmes, portant une ceinture aux clochettes, un masque
    sur le visage et une sorte de fichu sur la tête. Ils sautent et dansent et font
    du bruit avec leurs clochettes, une sorte de balai à la main, ou plutôt un
    bâton avec un fil attaché, au bout duquel il y a une chaussure traditionnelle
    appelée « opincă ». Ils parcourent les rues du village pour chasser les
    mauvais esprits, en frappant sur les épaules toute personne rencontrée, pour qu’elle
    soit en bonne santé toute l’année. Cette tradition fait partie des célébrations
    d’avant le carême de Pâques, elle est une des plus anciennes, censée marquer
    aussi le passage à une nouvelle année végétale. »








    Voilà donc une tradition qui
    a failli disparaître et qui survit toujours grâce à une poignée de personnes
    très motivées de la commune de Brăneşti, malgré toutes les difficultés imposées
    par la pandémie.








    Direction maintenant le delta
    du Danube, pour découvrir une autre tradition de printemps. A Enisala, dans le
    nord de la Dobroudja, parmi les communautés locales de Russes, une autre fête
    marque le début du carême. Les Russes des communes de Sarichioi et Jurilovca
    ont célébré « la Fête du pardon » près de la citadelle d’Enisala par un
    spectacle folklorique. C’était la dernière semaine avant le début du carême de Pâques.






    Davantage de détails avec
    Catalin Tibuleac, président de l’Association de gestion du tourisme dans le
    delta du Danube : « Cette première fête, en partenariat avec la mairie de
    Sarichioi et de Jurilovca, a été marquée par les mesures de sécurité sanitaire
    en place. Et pourtant, la Fête du pardon a été une raison de joie, une occasion
    pour les deux grandes communautés russes du delta du Danube de se réunir. En
    effet, deux groupes représentatifs des deux communes se sont réunis près de la
    cité, à Enisala, afin de fêter la Maslenita et de marquer la fin de l’hiver et
    le début du printemps. D’habitude, cette fête est également connue sous le nom
    de la Fête des crêpes, parce que les crêpes au fromage sont des produits
    gastronomiques spécifiques que l’on prépare et l’on mange à cette occasion. En
    effet, chaque année, les Russes lipovènes marquent la fin de l’hiver et le
    début du printemps la veille du carême. La Maslenita constitue en fait une
    occasion de demander pardon aux autres, une raison de se réjouir, de chanter et
    de se réunir au sein de la famille. C’est une tradition préservée depuis
    plusieurs centaines d’années, que les Russes lipovènes respectent rigoureusement.
    Les vêtements traditionnels des Russes sont pleins de couleurs, il s’agit de
    robes décorées de fleurs, alors que les habits des hommes sont extraordinaires.
    S’y ajoutent les chansons traditionnelles tout à fait spéciales. »






    Les 14 minorités qui
    constituent ce conglomérat qu’est le delta du Danube cherchent à préserver
    toutes les traditions de la région, explique Catalin Tibuleac, président de
    l’Association de gestion de de la destination touristique delta du Danube, qui
    ajoute que : « Cette année, les conditions de sécurité sanitaire et de
    prévention nous ont imposé des restrictions majeures, et par conséquent la
    réunion des deux communautés de Sarichioi et de Jurilovca s’est réalisée en
    ligne, en visioconférence. Nous espérons que l’année prochaine, cette fête sera
    organisée d’une manière beaucoup plus ample, dans le contexte post-pandémie, et
    que nous pourrons présenter en détail ces fêtes et traditions superbes. Nous
    invitons à y participer tous ceux qui souhaitent fêter le printemps. C’est
    également une excellente occasion de donner le coup d’envoi à la saison
    touristique. Nous invitons donc tous les passionnés de nature et du delta du
    Danube à visiter cette contrée. »






    Voilà, amis auditeurs,
    comment, malgré la pandémie et les nombreuses restrictions, en Roumanie les
    traditions authentiques demeurent toujours d’actualité. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)

  • Deux soupes végétariennes pour jeûner avant Pâques

    Deux soupes végétariennes pour jeûner avant Pâques

    Chaque année encore, beaucoup de croyants roumains jeunent durant les 40 jours précédant Pâques orthodoxes. Ce Grand Carême est une manière de se préparer à la fête la plus importante du calendrier orthodoxe, mais aussi de préparer son corps à la sortie de l’hiver et à l’entrée dans le printemps. Durant ces périodes, les Roumains qui respectent le Carême évitent de manger tout plat préparé avec des ingrédients d’origine animale. Donc sans viande, ni produits laitiers, ni œufs pendant toute cette période. Il faut également éviter de trop manger ou de consommer de l’alcool et même de fumer. Même l’utilisation de l’huile végétale et la consommation du vin n’est permise que durant certains jours.

    C’est donc une période durant laquelle il faut restreindre ses petits plaisirs et surtout se rendre à l’Eglise, prier et se repentir. D’habitude, jeuner avant Noël est beaucoup plus facile qu’avant Pâques, vu qu’en automne et même au début de l’hiver il y a plein de légumes et de fruits frais disponibles, alors que les celliers sont archipleins de conserves récemment préparées. Ce qui plus est, le Carême avant Noël est plein de jours de fête durant lesquelles il est permis de manger du poisson. Tel n’est plus le cas avant Pâques. Les conserves préparées en automne s’épuisent déjà et ce qui plus est, il n’y a que deux jours avec du poisson au menu. Donc traditionnellement, les principaux ingrédients utilisés sont les pommes de terre, les carottes, les haricots secs, les oignons et la choucroute. S’y ajoutent des fruits tels les prunes séchées et les pommes préservées dans des celliers. Dont c’est une période de pénurie alimentaire, disons, puisque peu d’ingrédients frais apparaissent sur les marchés, d’autant plus si l’hiver ose se prolonger aux mois de mars et d’avril.

    Parmi les ingrédients qui apparaissent figurent les orties, l’oseille, les épinards, l’arroche et les poireaux. Evidemment actuellement, cette pénurie de légumes frais est de moins en moins évidente, puisque les étals des supermarchés sont archipleins de toute sorte de fruits et légumes venus de tous les coins du monde. Mais vu que la chaine courte d’approvisionnement est celle que l’on devrait privilégier aujourd’hui je vous propose de découvrir deux soupes végétariennes pleines de saveur et de vitamines. Nous commençons par une soupe adaptée plutôt à la période hivernale du mois de mars.

    Côté ingrédients il vous faut des pommes de terre, un petit chou en saumure, deux oignons, une tête de céleri rave et une botte de persil. Prévoyez aussi du coulis de tomates, un peu d’huile de tournesol et de la saumure de choucroute. Le chou vous devez le laisser dans de l’eau froide pendant quelques heures afin de le dessaler un peu. Pelez les légumes et coupez-les en dès par exemple. Faites-les revenir dans de l’huile de tournesol, ajouter la choucroute coupée en lamelles et ensuite recouvrez d’eau. Faites bouillir jusqu’à ce que les légumes soient cuites et ensuite ajouter la saumure de choucroute et le coulis de tomates. Vérifiez rigoureusement s’il faut encore ajouter du sel. Porter à ébullition et coupez le feu. Ajoutez des herbes finement hachées : aneth ou persil.

    Vers la fin du Carême, le beau temps fait apparaître sur les marchés les herbes du printemps telles l’oseille et l’arroche. Elles vont à merveille dans des soupes aigres traditionnelles. Commencer par préparer la même base : le bouillon de légumes à partir d’un mirepoix d’oignons, carottes et céleri, auquel il faut ajouter des feuilles d’oseille et d’arroche, des tomates hachées ou du coulis de tomates et du bors, un liquide aigre obtenu suite à la fermentation du son de blé. Et voilà que vos soupes sont prêtes : elles sont pleines de vitamines, appropriées à toute diète et extrêmement savoureuses. A bientôt !

  • Plats à base de champignons

    Plats à base de champignons

    Vu qu’en cette période de l’année de nombreux Roumains respectent le carême et ne consomment que des plats végétariens, je vous propose d’en découvrir un à base de champignons. Ces ingrédients sont assez présents dans la cuisine roumaine où ils servent de base pour toute sorte de soupes et de ragoûts faciles à préparer. Par exemple, il y a deux déclinaisons du ragoût de champignons, l’un implique une sauce tomate alors que l’autre appelé « ciulama » est assorti d’une sauce blanche.

    Pour ces deux recettes il vous faut pour chaque kilo de champignons de Paris ou pleurotes, une grosse carotte, deux ou trois oignons et un céleri-rave. Faites bouillir les champignons dans une casserole, puis passez-les par une passoire. Dans la même casserole, faites dorer les légumes dans de l’huile de tournesol et ajoutez-y une cuillérée à soupe de farine. Ajoutez ensuite environ 500 ml de coulis de tomates, puis les champignons. Salez et poivrez, mettez-y aussi du thym et une ou deux feuilles de laurier. Laissez mijoter ensuite pendant quelques dizaines de minutes, tout en y ajoutant de l’eau si besoin est.

    Pour la ciulama, vous devez y mettre un peu plus de farine, soit environ deux cuillerées et ensuite du bouillon de légumes en ébullition. Mélangez bien et laissez mijoter quelques minutes à feu doux pour que la sauce se réduise un peu. Les deux ragoûts de champignons s’accompagnent à merveille avec une belle polenta chaude et des légumes en saumure.

    Et si je viens de mentionner la polenta, je vous signale aussi que vous pouvez préparer une sorte de polenta aux champignons et aux tomates séchées. Faites bouillir un demi kilo de champignons de Paris avant de commencer à préparer la polenta. Versez peu à peu environ 250 grammes de semoule de maïs dans un litre d’eau salée en ébullition, tout en mélangeant avec un fouet. Puis ajoutez-y les champignons de Paris et des tomates séchées. Mélangez avec une cuillère en bois pendant une trentaine de minutes. Huilez une cocotte en verre thermorésistant avant de verser la polenta. Laissez refroidir un peu avant de la couper en tranches.

  • La choucroute

    La choucroute

    Pour les chrétiens orthodoxes ce sont les 7 semaines de Carême qui précèdent Pâques. Ceux qui respectent le Carême doivent manger uniquement des plats à base de fruits et légumes conservés, à l’exception de quelques jours de fête quand les plats à base de poisson sont permis. Durant cette période, les ingrédients principaux sont la choucroute, les pommes de terre, le riz, les haricots blancs, les pruneaux, mais aussi plusieurs végétaux qui poussent le printemps tels l’oseille, l’arroche des jardins, les orties.



    Mise en barils vers la fin de l’automne, la choucroute est utilisée tant en hiver qu’au printemps. Si à Noël, elle est utilisée notamment pour préparer les sarmale, soit une sorte de choux farci de viande hachée ou en accompagnement aux rôtis de porc et saucisses traditionnelles, maintenant la choucroute peut être transformée en un plat végétarien. Certains Roumains préparent aussi une soupe aigre de choucroute, qui est appréciée aussi par ceux et surtout celles qui souhaitent perdre du poids rapidement. Pour cette édition, je vous propose de préparer la choucroute avec de la sauce tomate. Pour cela il vous faut deux choux saumurés d’environ deux kilos, deux oignons, du coulis de tomates, un peu d’huile de tournesol et des condiments, paprika, thym, aneth, deux feuilles de laurier. Faites également attention à la quantité de sel que vous mettez dans ce plat puisque la choucroute est déjà salée.



    Vous devez ouvrir les feuilles de choux et les tremper dans de l’eau froide, éventuellement vous pouvez les laisser un peu plus dans l’eau afin de dessaler la choucroute. Hachez les oignons, puis mettez-les dans une casserole plutôt grande avec un peu d’huile à feu moyen. Faites dorer les oignons pendant quelques minutes, avant de commencer à mettre la choucroute finement hachée. Mélangez si besoin est, puis ajoutez un peu d’eau et les feuilles de laurier avant de laisser à feu moyen pendant trois quarts d’heure, tout en mélangeant de temps en temps pour que la choucroute ne colle pas au fond du récipient.



    Vers la fin de la cuisson, ajoutez environ un litre de jus de tomates ou bien 500 ml de coulis de tomates. Mettez les condiments : thym, aneth, paprika. Mélangez bien est laissez cuire pendant une autre dizaine de minutes. La choucroute peut être servie immédiatement, accompagnée de polenta, mais elle peut également être utilisée en accompagnement aux saucisses ou au rôti de porc.

  • Le riz à la serbe

    Le riz à la serbe

    Très apprécié en Roumanie, le riz à la serbe combine les légumes au riz bien cuit pour obtenir un plat moelleux, mais qui ne contient pas du fromage comme c’est le cas du risotto italien. Pour le préparer il vous faut : 150 grammes de riz, deux oignons, une carotte, deux ou trois poivrons moyens, et dans ce cas il est préférable d’utiliser des poivrons de différentes couleurs : vert, rouge, jaune, orange, 100 grammes de petits pois, trois tomates ou une canette de tomates hachées ou encore du coulis de tomates, 600 ml de bouillon de légumes, de l’huile de tournesol, une botte de persil et du poivre du moulin.



    Commencez par couper les oignons et les carottes en brunoise et les poivrons en julienne. Lavez les tomates, pelez-les et hachez-les en cubes. Mettez l’huile dans une casserole à fond épais à feu moyen et faites dorer les oignons. Ajoutez ensuite les carottes, les poivrons et puis un peu de bouillon de légumes suffisamment pour que les légumes puissent commencer à cuire. Ajoutez ensuite le riz et le reste du bouillon jusqu’à ce que le riz ne soit plus ferme. C’est le moment d’ajouter les tomates ou le coulis de tomates et un peu de poivre du moulin, avant de saler à votre propre goût. Finalement, vous pouvez verser le riz dans une cocotte en verre qui va au four et l’introduire dans le four à 180 degrés pour une quinzaine de minutes.



    Avant de servir n’oubliez pas de parsemer le riz à la serbe avec du persil frais finement haché. Vous pouvez également transformer cette recette en ajoutant au début des cubes de blanc de poulet ou bien vous pouvez garder ce plat exclusivement végétarien. Le riz à la serbe peut inclure aussi du panais, du céleri rave, des courgettes par exemple et pourquoi pas des champignons de Paris. Le choix est à vous ! Bon appétit !

  • La Pâque orthodoxe

    La Pâque orthodoxe

    Pâques est la fête la plus importante de la chrétienté. La Résurrection du Seigneur est célébrée par les grands cultes chrétiens, chaque année, à des dates différentes, calculées suivant deux phénomènes naturels. Depuis le concile œcuménique de Nicée, en l’an 325, les Pâques sont célébrées le dimanche suivant la pleine lune après l’équinoxe de printemps. Ainsi, le Patriarcat orthodoxe d’Alexandrie calcule, chaque année, la date de la fête et la communique aux autres églises du même rite. Ce n’est qu’un repère générique pour comprendre la variation de la date des Pâques, parce qu’après le concile de Nicée, beaucoup d’autres modifications sont intervenues, tant sur le calendrier chrétien que sur l’interprétation du cycle cosmique.



    Les préparatifs pour la Résurrection du Christ commencent par le Carême, qui est le plus long et le plus strict imposé par l’Eglise orthodoxe. Ces préparatifs rappellent les 40 jours de jeûne observées par Jésus avant de commencer son activité messianique. Le mot « Pâques », qui désigne la fête de la Résurrection du Seigneur, tire son étymologie du terme hébreu « Pessah », qui signifie « passage ». La Pâque juive célébrait la traversée de la mer Rouge, la fuite du servage d’Egypte vers la terre promise de Canaan. Les Pâques chrétiennes sont une fête de l’espérance, une promesse de renouveau spirituel et de vie éternelle à laquelle l’homme peut accéder après la mort.


    Voici les explications de Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord, de Baia Mare : « Pâques, c’est la grande fête de la renaissance par la Résurrection. L’homme du monde traditionnel croit en cette mort répétée, qui donne la chance de renaître à un état supérieur. Bien sûr, Pâques se place sous le signe du sacrifice suprême du Christ Rédempteur. Il s’agit aussi du sacrifice de Dieu le Père, parce qu’il a envoyé son fils dans le monde afin qu’il se sacrifie pour les hommes faits d’après Son apparence. Ces croyances liées à la renaissance existaient en tant que telles bien avant le christianisme, quand l’idée de cycles répétés s’appliquait tant à la nature qu’aux hommes. La renaissance donne le droit de renoncer aux ténèbres, au chaos, et à refaire l’état d’équilibre et d’harmonie ».



    Après le Dimanche des Rameaux, qui marque l’entrée de Jésus à Jérusalem, et la Semaine Sainte qui culmine par le Vendredi Saint, les chrétiens orthodoxes des quatre coins de la Roumanie attendent la Résurrection du Seigneur. C’est le moment où les fidèles reçoivent la Lumière, pendant la messe de minuit.



    Peindre et décorer les oeufs le Jeudi Saint est une autre tradition ancienne respectée de nos jours encore tant dans les communautés traditionnelles que dans les villes. L’œuf est le symbole de la vie et de la régénération, alors que le rouge dont il est peint rappelle le sacrifice du Christ sur la croix.



    Le repas du Dimanche de Pâques est tout aussi important, comme nous l’explique Delia Suiogan: « Une autre belle coutume est celle de porter les aliments à l’église pour qu’ils soient bénis. Personne n’entame les plats avant qu’ils ne soient bénis. Ce rituel est toujours vivant au Maramures (dans le nord de la Roumanie), et c’est vraiment merveilleux de voir le dimanche de Pâques les cours des églises envahies par des gens portant des paniers remplis d’aliments dont ils vont se régaler aux côtés de leurs familles réunies autour de la table. Parmi les produits qui doivent absolument être bénis mentionnons la « pasca » — une tarte aux fromage doux et raisins secs. S’y ajoute le jambon de porc, consommé même avant d’introduire la viande d’agneau comme plat pascal traditionnel. Ce jambon a été préparé à Noël et fumé pour le repas de Pâques. Au Maramures, l’agneau farci ne manque pas du menu pascal. Il est farci d’œufs et de fines herbes qui symbolisent la croissance, la régénération. Tous les aliments préparés pour fêter Pâques « parlent » du sacrifice: le grain de blé se sacrifie pour être transformé en farine, l’œuf bouilli annule ses caractéristiques renvoyant à la fertilité. La vigne se transforme en vin. L’agneau est le plus important, car il symbolise le Seigneur lui-même. Par tous ces aliments, les chrétiens orthodoxes assument à leur tour le sacrifice du Christ. »



    Bien que ce soit un moment solennel, la fête de Pâques est aussi un moment de joie pour les orthodoxes. La joie de célébrer la Résurrection et la vie éternelle rendue possible par le sacrifice du Seigneur. (trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)