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  • La maison-musée d’Ion Luca Caragiale de Ploiești

    La maison-musée d’Ion Luca Caragiale de Ploiești

    Nous sommes à
    Ploieşti, importante ville du sud de la Roumanie, à une soixantaine de km de la
    capitale. Près du centre-ville, cachée derrière des immeubles à l’architecture spécifique
    de l’époque communiste, il y a une maison historique, toute blanche, bâtie au
    début des années 1900, qui abrite un petit musée. C’est la maison-musée d’Ion
    Luca Caragiale, le plus grand dramaturge roumain. Il est célèbre pour pièces de
    théâtre satyriques, qui critiquaient durement les mœurs et les pratiques
    politiques de leur époque. Ses textes décrivent la société roumaine du début du
    20e siècle, mais ils ont dépassé leur temps, s’avérant très actuels
    de nos jours encore. Pour son humour, son ironie fine et ses personnages hors
    du temps, Ion Luca Caragiale est considéré comme un des 4 grands classiques
    roumains, aux côtés du poète Mihai Eminescu et des prosateurs Ion Creangă et
    Ioan Slavici.








    Nous franchissons
    le seuil de la maison-musée de ce grand dramaturge roumain aux côtés de la
    muséographe Monica Bostan. Pour commencer, elle nous parle de l’histoire de cet
    endroit : « Il a ouvert ses portes le 30 janvier 1962, grâce aux
    efforts du professeur Nicolae Simache, qui a ouvert la plupart des musées du département
    de Prahova. Ce musée est un hommage rendu par les habitants de Ploieşti à notre
    grand dramaturge, 110 ans après sa naissance. Caragiale est né le 30 janvier
    1852, dans la localité de Haimanale, au département de Dâmboviţa, une localité
    qui aujourd’hui porte son nom. A l’âge de 6 ans sa famille déménage à Ploieşti.
    Il passe donc toutes ses années d’école, pratiquement les plus belles années de
    sa vie, ici, à Ploieşti. »






    Avant de visiter
    la maison-musée de Caragiale, Monica Bostan nous fournit plus d’explications
    sur la jeunesse de ce grand dramaturge roumain : « Lorsqu’il est en 2e
    année de l’école primaire, Ploieşti accueille la visite mémorable du prince
    régnant Alexandru Ioan Cuza. Celui-ci visite justement la classe de Caragiale,
    dont l’instituteur était Vasil Drăgoșescu. C’est un moment que Caragiale évoque
    dans son ouvrage intitulé « 50 ans plus tard » (Peste 50 de ani),
    où il décrit son instituteur comme son parent spirituel, disant c’est grâce à
    lui qu’il a tout appris sur la langue roumaine. Dans le même ouvrage, il parle
    de Zaharia Antinestu, son professeur de français, qui va lui servir de modèle
    pour le célèbre personnage Zaharia Trahanache de la pièce de théâtre « Une
    lettre perdue » (O scrisoare pierdută). Puis, Caragiale suit les cours
    du collège Saints Pierre et Paul, créé en 1864. Il termine le collège en 5e
    position sur 8 collégiens. A regarder le catalogue de notes, qui existe
    toujours, on constate que l’élève Caragiale n’était pas le meilleur de sa classe,
    il n’a pas eu les meilleures notes en roumain, comme on aurait pu le croire. En
    revanche, il excellait en français, en maths et en histoire. En fait, plus tard,
    il enseigne le français dans un lycée privé de Bucarest. Aujourd’hui, le bâtiment
    qui accueillait à l’époque le collège de Caragiale est le siège du Musée
    départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Une plaque commémorative fait
    état de la période où le dramaturge a fréquenté cette l’école. Caragiale fait
    aussi une année de collège à Bucarest, puis il étudie la mimique et l’art de la
    déclamation au Conservatoire d’art dramatique de Bucarest, avec un de ses oncles,
    Costache Caragiali. Ses oncles avaient organisé les premières troupes de
    théâtre de la Roumanie de l’époque, pouvant être considérés comme les
    fondateurs du théâtre roumain moderne. Le poète national des Roumains, Mihai
    Eminescu lui-même, a été souffleur pour les troupes de théâtre des oncles de
    Caragiale. C’est à ce moment-là qu’Eminescu et Caragiale deviennent amis. »






    Ce n’est donc pas
    un hasard que Caragiale soit devenu un grand dramaturge : le théâtre a
    fait partie de sa vie dès sa jeunesse. Entrons maintenant dans sa maison de
    Ploieşti, aujourd’hui un très beau musée.






    Notre invitée,
    Monica Bostan, nous y guide : « Dans la 2e salle on a
    reconstitué l’univers des maisons où Caragiale a vécu. Il n’a jamais eu une
    maison à lui. Toute sa vie, il a loué des habitations. En témoigne la nouvelle « Je
    cherche une maison » (Caut casa). Il semble qu’il était en permanence à la
    recherche de la maison idéale. Sur le mur de cette salle, il y a un miroir en cristal
    avec un cadre en bois de rosier qui avait appartenu à l’écrivain ainsi qu’une
    petite table ronde à un seul pied. Les meubles, la table, les chaises, le canapé,
    le tapis attaché au mur – tout cela a appartenu à Caragiale. S’y ajoutent les
    deux tableaux originaux, le bol en faïence ou encore le boc de bière à couvercle.
    Il y a aussi un portrait orignal d’Eminescu, qui est très intéressant, puisqu’il
    est réalisé sur verre, une technique spéciale pour cette époque-là. Bien que
    les divergences qui ont existé à un moment donné entre les deux soient connues
    de tous, les deux grands écrivains ont été amis dès leur adolescence. Lorsqu’Eminescu
    est mort, le 15 juin 1889, Caragiale lui a dédié l’article « Nirvana », où
    il a décrit le poète comme un bel ange descendu d’une icône ancienne. Les
    photos d’Eminescu et Caragiale lorsqu’ils étaient adolescents nous accueillent
    dans le hall du musée. S’y ajoute une photo moins connue de Caragiale, lorsqu’il
    avait 20 ans et fréquentait les cours de ses oncles au Conservatoire d’art
    dramatique. Il y a aussi un buste du dramaturge réalisé par le célèbre sculpteur
    roumain Ion Jalea, des caricatures, des esquisses de costumes, une galerie de
    portraits de différents acteurs qui ont interprété au fil du temps les
    personnages de Caragiale, ainsi que le portrait de sa fille, Ecaterina Caragiale,
    à l’âge de la maturité, peint par Rodica Maniu. Au-dessus du portrait, il y a un
    autre tableau, de la maison de Bucarest du dramaturge, qui existe de nos jours
    encore, rue Maria Rosetti, et vis-à-vis de laquelle il y a la statue de
    Caragiale et une plaque commémorative rappelant aux passants que c’est là que
    Caragiale et sa famille ont vécu en l’an 1900. »








    Avant de
    terminer notre visite à Ploieşti, Monica Bostan nous dit où l’on peut se renseigner
    davantage sur la maison-musée de Caragiale : « Toutes
    les informations sur les activités du musée ou sur les objets qui y sont
    exposés sont à retrouver sur notre page Facebook et sur le site du Musée
    départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Et nous vous
    attendons nombreux à franchir notre seuil pour entrer dans le monde fascinant de
    Caragiale et de ses personnages mémorables ».









    Sur ce prend fin
    notre visite virtuelle de la maison de Ploieşti où a vécu le plus grand dramaturge
    roumain de tous les temps, Ion Luca Caragiale. Recherchez-la sur Internet pour
    mettre de images sur les mots que vous venez d’écouter et si jamais vous
    arrivez à Ploieşti, n’hésitez pas à la visiter. (Trad. Valentina Beleavski)