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  • Le caricaturiste Costel Patrascan

    Le caricaturiste Costel Patrascan

    Costel Patrascan a débuté en décembre 1989 dans la presse de l’époque et début 1990 il publiait des caricatures sur des sujets politiques et sociaux dans les grands quotidiens centraux. Costel Pătrăşcan a été déclaré caricaturiste de presse de l’année 2008 et nominé au gala des prix du club roumain de la presse. Il a participé à d’innombrables expositions en Roumanie, mais aussi en République de Moldova, Belgique, Chine et Chypre. Il a remporté plus de 80 prix en Roumanie et 41 à l’étranger, dans des pays tels le Japon, le Canada, l’Allemagne, la Macédoine, l’Iran, la Croatie et la Chine. Il compte parmi les caricaturistes qui ne manquent aucun événement lié à l’humour. Et c’est pourquoi il n’a pas raté cette année « Le festival de la lavande ». Pourquoi ce festival ? « Je me rends à ce festival parce ce que j’y contribue en quelque sorte. Les organisateurs sont mes amis et j’ai imaginé moi-même une grande partie des événements qui se déroulent dans le cadre de ce festival. A mon sens un peu d’humour est ce qu’un tel festival a besoin, même s’il s’agit d’un festival plutôt romantique, tel « le festival de la lavande » dans le cadre duquel les gens s’amusent assez bien. »

    Mais qu’est ce que le festival de la lavande ? Et bien c’est un événement qui se déroule depuis trois ans déjà dans le champ de lavande le plus étendu de Roumanie, situé dans la plaine du Baragan, dans le sud-est. C’est l’endroit idéal pour faire des photos à poster ensuite sur facebook et instagram. Egalement au programme des projections de films et une découverte du patrimoine gastronomique de la région de Dobroudja, dans le sud-est du pays. Costel Patrascan a été aussi le protagoniste d’un spectacle pas comme les autres : « Je fais un spectacle indépendant, dans le cadre duquel je présente sur un écran plusieurs dessins alors que je dis quelque chose de différent au micro et le public comprend des choses diamétralement opposées. Certes, à première vue, tout cela semble illogique, mais sachez qu’il y a beaucoup d’humour et de logique dans ce que je fais. »

    Au sujet du rôle de l’humour, Costel Patrascan a ajouté que : « Je crois que le rire est en fin de compte un médicament et nous le savons tous. Il nous aide et peut être que le monde apprécié davantage la liberté dont nous bénéficions, le fait que l’on peut se retrouver ici dans un champ de lavande le long d’un après – midi. Nous avons organisé une projection sur un grand écran en présence de la critique de film Irina Margareta Nistor et je pensais qu’en fin de compte visionner un film dans un champ de lavande c’est une idée sympa. Mais sachez que l’effort a été considérable pour quelqu’un en provenance de Braila, à plus de 70 km ou même de plus loin. Cela ne fait que prouver le fait qu’il existe un public qui apprécie de telles actions. »

    Quelles ont été les réactions du public participant au « Festival de la lavande », c’est toujours Costel Patrascan qui explique : « Il me semble que les gens sont intéressés par tout ce qui se passe durant cet événement. Je suis assez surpris de l’ampleur qu’a obtenue ce festival qui n’est qu’à sa deuxième édition, d’autant plus que nous ne sommes qu’au début, nous voulons le développer. Et hormis l’humour, j’ai tenu à organiser aussi ce côté gastronomique, ciblé sur la qualité et la diversité. Je crois qu’en fin de compte tout le monde s’est bien amusé. »

    Costel Pătrăşcan a créé de nombreuses caricatures qui reflètent les réalités roumaines, des pamphlets graphiques inédits tant pour ce qui est du support que du message. Quelles sont ses sources d’inspiration. « Je crois qu’un caricaturiste est la mesure des craintes qu’il analyse. Et sans aucun doute, le thème politique est assez brûlant pour nous les Roumains. Concrètement, il pose son empreinte sur nos vies et à mon sens c’est le devoir d’un caricaturiste, qui est également un moraliste d’ailleurs, d’attaquer ce thème. Et même plus que ça, le politique devrait être un des thèmes majeurs de son œuvre. Et c’est ça la place d’un caricaturiste, de développer une attitude, d’avoir le courage et de dire ce que beaucoup de ceux qui regardent n’ont pas la chance de faire. » a déclaré Costel Patrascan au micro de RRI.

  • La caricature politique au temps d’Internet

    La caricature politique au temps d’Internet

    La présence des caricatures avait une tradition dans la presse roumaine, mais il semble qu’aujourd’hui, l’intérêt du public, mais aussi celui des artistes plasticiens pour ce genre de commentaire politique ne soit pas très grand. Sur ces entrefaites, comme pour contredire ces remarques, et pour prouver — une fois de plus — les apanages d’Internet et de la réalité virtuelle, la publication « Iepurele mizantrop » (Le lapin misanthrope) fait son apparition. Petit animal virtuel, blanc, et au visage blasé, le lapin commente surtout les événements externes sur Facebook, mais aussi sur sa page mizantrop.info. Ses parents sont Mădălina et Adrian Răileanu qui réalisent en tandem tant les dessins que les remarques inspirées du lapin.



    Adrian Răileanu nous raconte sa biographie. «Il est né voici trois ans, sur un blog, et entre temps, il a même été individualisé par un visage. Il a été, d’emblée, une sorte de bloc-notes pour nous. Nous notions, avec son aide, les événements de la semaine pour pouvoir les commenter le samedi, quand nous sortons en ville avec les copains. C’est un animal né en ligne, élevé sur Facebook et fait de pixels. J’ai toujours été fasciné par le matou de la pièce de théâtre « Le Maître et Marguerite ». Un gros matou tout noir, qui marchait sur ses pattes-arrière et ironisait tout le monde autour de lui. Pour ne pas reprendre strictement la même idée, nous avons créé un gros lapin qui se tient sur ses pattes-arrière et ironise tout le monde. »



    Pourquoi misanthrope et pourquoi ironique ? « Parce que nous le sommes peut-être bien aussi », disent en même temps ses créateurs. A la question de savoir pourquoi le lapin misanthrope a choisi de naître et de s’exprimer surtout dans l’espace virtuel au lieu des publications imprimées, la réponse est claire et sans aucune ironie : « Parce que c’est l’environnement le plus actif et le plus alerte ». En ligne, le lapin misanthrope commente notamment les informations de politique étrangère, sans s’y limiter pour autant. Adrian Răileanu : « La politique étrangère c’était surtout la politique européenne, si on se rapporte au moment où « Le lapin misanthrope » a commencé à rencontrer un certain succès sur Facebook. C’était le moment de la crise de Grèce et ce qui s’y passait nous concernait et continue de nous concerner directement. Ce n’est pas que de la politique étrangère. Nous faisons partie d’une Union et tout ce qui se passe dans l’UE a un impact direct sur nous. Je pense que si nous nous rapportons à ce qui se passe en Europe comme à de la politique étrangère, nous sommes dans l’erreur ».



    Peu à peu, le lapin misanthrope est devenu célèbre sur Internet, tellement célèbre qu’il a quitté son ambiance de prédilection pour paraître en format classique. En janvier dernier, les Editions Humanitas lançaient le livre « Le lapin misanthrope. Breaking the News. Petit atlas de réalités », et depuis 2013, ses commentaires sarcastiques sont également accueillis dans les pages de la publication « Decât o revistă »(Qu’une simple revue).



    Le rédacteur Gabriel Dobre. « Nous essayons d’insérer le plus d’illustrations dans les pages de la revue. Quand le lapin est apparu sur Internet, leur idée nous a beaucoup plue, car bien que nous ayons des graphistes dans notre rédaction, la caricature accompagnée d’un commentaire social n’est pas fréquente chez nous et elle n’est pas toujours de très bonne qualité. Pour les générations plus jeunes, il m’est difficile de donner des exemples de caricatures qui proposent un commentaire frais et intéressant sur ce qui se passe autour de nous. Et je pense que, dans ce contexte aussi, on peut parler de l’unicité du lapin. »




    Des caricatures politiques font quand même leur apparition de temps à autres — et je pense notamment à celles réalisées par Dan Perjovschi pour la Revue 22 et par Ion Barbu, qui paraissent dans différentes publications. Pourtant, les artistes ne semblent pas apprécier la caricature. Serait-ce aussi en raison du manque d’intérêt de la part du public ? Qu’en pense Gabriel Dobre ? «Il est trop facile d’accuser le public. Je ne pense pas que ce soit là l’explication. Ce doit être plutôt une façon d’éviter certains sujets qui apportent plus de difficultés que de satisfactions. Alors ils se réfugient dans un type d’art b.c.b.g., qui n’est porteur d’aucun message. Le commentaire politique par l’intermédiaire de la caricature devrait être beaucoup plus présent. »



    Quelles qu’en soient les raisons, le lapin misanthrope est apprécié sur Facebook par plus de 8 mille personnes, généralement des diplômées universitaires de plus de 25 ans, parmi lesquelles il y a plus de femmes que d’hommes. En prenant en compte cet impact du lapin, Adrian Răileanu constate qu’il existe, quand même, un public avide d’actualité internationale et de commentaires pertinents. «Nous souhaitons rendre les gens plus curieux de ce qui se passe autour d’eux, au-delà de notre ruelle nationale, et nous avons découvert, avec étonnement, qu’il y a pas mal de personnes informées, un très grand nombre de personnes qui sont en contact avec l’univers. Les gens sont intéressés, ils veulent savoir, ils ont compris qu’ils vivent dans un village planétaire. Nous sommes surpris de constater que les personnes qui font des commentaires sont plus avisées que nous. Ce n’est pas là notre métier, nous ne sommes pas journalistes et nos professions concernent d’autres domaines. »




    La caricature politique intéresse donc les Roumains et cet intérêt semble revigorer ce genre artistique un peu oublié. D’ailleurs, à cet égard aussi, Internet utilise ce qui avant semblait être l’apanage strict des publications sur papier. (Ligia Mihaiescu, Dominique)