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  • Le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges s’enrichit

    Le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges s’enrichit

    Plus de 26 000 hectares de forêts ont été introduits en 2021 dans le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges. À la mi-décembre de lannée dernière, près de 8 600 hectares de forêts vierges et environ 61 500 hectares de forêts quasi-vierges figuraient dans ce catalogue. Par définition, une forêt vierge, cest une forêt qui sest formée et développée exclusivement sous laction de facteurs naturels et dans laquelle les processus écosystémiques se produisent dans leur dynamique sans aucune influence humaine directe ou indirecte. Les superficies les plus récentes entrées dans le Catalogue proviennent des départements de Braşov, Harghita, Sibiu, Alba, Bistriţa-Năsăud, Cluj, Maramureş, Caraş-Severin et Hunedoara.



    Le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges en est à sa 12e édition. En 2012, le ministère de lEnvironnement a établi des critères et des indicateurs pour identifier ces types de forêts, et ce catalogue est paru en 2016. Il constitue un outil de conservation et damélioration de la biodiversité des forêts de Roumanie, menacées par des coupes intensives et parfois illégales. Depuis lors, dautres superficies forestières répondant aux critères ont été ajoutées à ce catalogue chaque année. Seuls 10 des 41 comtés roumains ont des forêts incluses dans le catalogue, la plupart se trouvant dans les départements de Caraş-Severin (26 %), Hunedoara (14,7 %), Maramureş (9,6 %), Braşov (8,3 %) et Prahova (7,8 %).



    A loccasion de la présentation de la dernière édition du Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges, le ministre de lEnvironnement, Tanczos Barna, a déclaré :



    « Nous avons le devoir de protéger ces forêts, parmi les dernières zones de la Terre où la nature survit sous sa forme pure, inaltérée par lhomme. Et selon les spécialistes, la Roumanie dispose de certaines des plus grandes superficies de ces forêts, avec des millions dannées dévolution derrière elles. Voilà que, grâce à des efforts conjoints, nous avons réussi à protéger ces valeurs naturelles particulières. Et nous ne nous arrêtons certainement pas là. Nous poursuivrons lidentification dautres surfaces similaires qui seront introduites dans le Catalogue. »



    Les forêts incluses dans le Catalogue font lobjet dune protection stricte, donc les travaux ou activités humaines pouvant les affecter ne sont pas autorisés. Les seules activités autorisées sont celles de recherche, déducation et de visite, mais uniquement à condition quelles naffectent pas les écosystèmes.


    (Trad. : Ligia)


  • Hommage au chef bien-aimé

    Hommage au chef bien-aimé

    Ce besoin est éprouvé par certaines personnalités assoiffées de pouvoir et de ses apparences trompeuses. Il n’en est pas moins que ce culte de la personnalité fut porté au sommet de l’ignominie par les régimes fascistes et communistes. La période du communisme roumain, surtout la partie comprise entre les années 1965 et 1989, ne fit pas exception. Le président Nicolae Ceausescu fut, en effet, l’objet d’un culte outrancier, qui semblait violer les dernières frontières du bon sens. Ce n’était au fond que l’expression de l’indicible violence du régime. Les louanges excessives s’étendaient à longueur des pages de journaux, s’étalaient à travers les spectacles pharaoniques et les défilés monstrueux montés dans les stades ou qui arpentaient les grands boulevards lors de grandes messes du régime, et n’arrêtaient pas d’infester les émissions de radio ou de télévisions. Le culte de la personnalité du leader communiste s’exprimait encore à travers les cadeaux que toutes les organisations politiques, quel que fût leur niveau de pouvoir, les instituts culturels ou scientifiques, se devaient d’offrir en hommage au pharaon contemporain. Au fil des années, ces milliers de cadeaux reçus par le couple présidentiel d’alors se sont amassés en tas, formant des collections inédites, d’une variété et d’une richesse époustouflante. Les tableaux et les sculptures qui rendaient hommage à la génialité du fameux couple, qui dirigeait alors le destin de la Roumanie, forment déjà une collection impressionnante. Il était inconcevable qu’un artiste plasticien de l’époque, surtout s’il bénéficiait d’une certaine notoriété, ne rende hommage, à travers ses œuvres, au couple honni.



    Aussi, le Musée national d’art contemporain a récemment publié, seulement en petit format, un album de 440 pages, où Cornel Ilie a repris une partie des œuvres d’art offerts, souvent par les auteurs mêmes, au couple dictatorial roumain. Intitulé, à bon escient, « Un portrait pour nos Camarades », un clin d’œil au sobriquet dont Monsieur tout-le-monde avait affublé Nicolae Ceauşescu, surnommé en catimini « le Camarade », l’album actuel fait suite à la parution, en 2018, de l’album intitulé « Un portrait pour notre Camarade », du même Cornel Ilie. Ce premier album avait repris des œuvres offerts en cadeau uniquement au camarade Ceauşescu, et entreposées depuis dans les collections du Musée national d’histoire de la Roumanie. Călina Bârzu, muséographe au Musée national d’art contemporain, et commissaire de l’exposition rassemblant ces objets d’art d’un genre pas comme les autres, avait organisé l’exposition des cadeaux présidentiels en parallèle avec une autre, dédiée à l’automobile et aux objets quotidiens de la même époque, soit de la dernière période du demi-siècle communiste de Roumanie. La mise face-à-face de ces deux collections n’est forcément pas innocente. Leur franchir le seuil c’est aussi vouloir comprendre le quotidien, la vie de tous les jours de deux générations de Roumains, celles qui ont vécu entre 1945 et 1989. Ecoutons la commissaire d’exposition Călina Bârzu :



    « L’exposition a été montée conformément au catalogue 2019, celui qui avait voulu marquer les 30 années écoulées depuis la Révolution de 1989. Nous avions réalisé une sélection de ce que l’on appelle les œuvres artistiques offerts en hommage au couple Elena et Nicolae Ceausescu. Vous allez pouvoir y admirer des œuvres d’artistes célèbres, tout comme des artefacts confectionnés par des artisans anonymes, dans de petites coopératives, et qui se sont néanmoins retrouvés dans les collections du musée. Le vernissage de l’exposition a eu lieu au mois de décembre 2019. Depuis lors, nous avons fait rouler plusieurs collections dans cette même exposition. Enfin, grâce à la collaboration avec l’association Retromobil Roumanie, nous avons pu mettre en lumière ces objets, que l’on peut appeler de consommation ou de culte, c’est selon, des objets en lien avec l’industrie automobile de l’époque. Cela peut aller du permis de conduire, des cartes routières, des revues auto, des carnets de bord, jusqu’au frigo que l’on pouvait faire installer dans son coffre, voire au poste télé que l’on pouvait relier à la batterie de son véhicule motorisé. Même les plaques d’immatriculation racontent une histoire, car il y avait une sorte de code, de hiérarchie des numéros inscrits sur ces plaques minéralogiques, selon l’appartenance à la nomenklatura, selon le rang du propriétaire au sein de la nomenklatura, ou non. Il y a ensuite des objets qui faisait partie du voyage. Enfin, nous exposons également une collection de photos, où sont repris les modèles prisés de l’époque. »



    Bien que présenté en petit format, le catalogue des cadeaux reçus en guise d’hommage par le couple dictatorial de la part de ses sujets surprend à merveille la force du message de propagande que les auteurs de ces œuvres ont à dessein voulu transmettre. Les œuvres de Sabin Bălaşa, né en 1932 et l’un des peintres les mieux cotés dans son époque, sont présentes dans l’album, notamment son tableau, intitulé « L’époque Ceaușescu », réalisé en 1988. La peinture, huile sur toile, illustre 4 mineurs peints sur fond bleu foncé, et dont le regard est rivé droit devant. Călina Bârzu :



    « Notre collection comprend des cartes de vœux que les institutions et les entreprises publiques adressaient à diverses occasions au couple présidentiel, des vœux qui accompagnaient les cadeaux offerts. Vous remarquerez aussi cette belle maquette d’avion, offerte par l’usine d’avions de Bacau, symbole de son travail. Certains objets de cette collection proviennent des collections du musée du parti communiste, d’autres du Musée d’art de la Roumanie. Ces œuvres devaient mettre en avant le rôle indispensable de Nicolae Ceausescu, le dirigeant du parti. C’est toujours autour de lui que s’organise la scène illustrée dans le tableau. Il fallait que l’artiste marie ces deux desiderata : faire valoir, d’une part, les bons résultats obtenus par le collectif qui commandait l’œuvre, le collectif d’une entreprise par exemple, puis, d’autre part, mettre en exergue le rôle singulier du « génie des Carpates », du commandant suprême. Car c’est lui qui avait rendu ces exploits possibles, c’est à lui que l’on devait tous les exploits techniques, technologiques, économiques. C’est lui seul qui devait apparaître comme le personnage clé, celui qui avait apporté le bien-être et le progrès de la nation. Et il faut souligner que tous ces objets se trouvent dans un état excellent de conservation ».



    On quitte l’exposition abritée par le Musée d’Art contemporain avec un sentiment mélangé, entre nostalgie et amertume. Une chose est sûre : l’art sous la dictature, aussi riche que possible dans ses expressions, demeure un art en cage, un art enchaîné.


    (Trad. Ionut Jugureanu)



  • Semences paysannes

    Semences paysannes

    LAssociation Eco Ruralis a lancé la 9e édition de son Catalogue des semences paysannes au début du mois ; il comprend plus dune centaine de variétés de 47 espèces de légumes, dherbes aromatiques et de plantes médicinales. En plus des descriptions de toutes les variétés de légumes et de plantes, accompagnées de photographies, le Catalogue fournit des informations sur le semis, la culture, la récolte des légumes et des plantes, ainsi que sur lentreposage des semences. Le catalogue a également une liste dassociations bénéfiques possibles entre les plantes que les personnes intéressées aimeraient avoir dans leur jardin. Raluca Dan, de lAssociation Eco Ruralis, nous a raconté comment cette initiative, de créer et de distribuer, chaque année, un catalogue de semences paysannes a été lancée :



    « Les échanges de semences sont quelque chose de tout à fait normal dans les communautés rurales et cest ainsi que nous avons commencé au sein de notre association, par des échanges de semences entre les membres de lassociation, quand ils se rencontraient. Par la suite, voyant le grand intérêt des gens pour les semences paysannes, nous avons pensé les formaliser dune manière beaucoup plus structurée et il y a 9 ans, nous avons lancé le premier catalogue de semences paysannes et une distribution beaucoup moins importante que ce quelle nest aujourdhui. »



    Depuis le lancement de cette initiative, près de 10 ans se sont écoulés, au cours de laquelle les échanges de semences paysannes ont connu un développement, comme la confirmé Raluca Dan de lAssociation Eco Ruralis :



    « Lintérêt pour les semences paysannes a augmenté. Si au début nous offrions des semences gratuites à quelques centaines de familles paysannes, nous avons maintenant atteint près de 5 000 paysans et jardiniers urbains de Roumanie et de République de Moldova. Cest un premier aspect. En plus, le nombre de variétés et despèces que nous avons dans le catalogue a augmenté. Nous distribuons actuellement 47 espèces de légumes, dherbes aromatiques, de plantes et 124 variétés. En outre, le nombre de paysans impliqués dans la multiplication et la récupération, voire le sauvetage des semences paysannes augmente également dune année à lautre. Nous pouvons dire que la distribution en ce moment reflète beaucoup ce qui se passe dans la société. Les gens veulent cultiver des semences locales, paysannes, plus saines, productives et résistantes à lenvironnement et devenir autonomes dans leur propre production alimentaire. Lorsque nous parlons de semences paysannes ou des traditions des populations locales, nous pensons aux semences qui existent depuis plusieurs centaines dannées, qui ont été transmises dune génération à lautre, qui ont été cultivées dans différentes régions du pays et qui se sont adaptées au cours de ces générations aux conditions environnementales quelles ont rencontrées ainsi que des pratiques appliquées par les paysans. Et donc nous parlons de certaines graines qui ont des qualités nutritionnelles, cela fait que ces légumes aient du goût, comme les gens le souhaitent, et ils sont reproductibles dune année à lautre. »



    La distribution annuelle des semences constitue leffort consenti dune trentaine de membres de lAssociation, répartis sur lensemble du pays. Laction sinscrit dans le cadre du programme Eco Ruralis pour le droit aux semences, mettant en œuvre le droit de cultiver, de multiplier, déchanger et de vendre les semences sauvegardées dans son propre jardin. (Trad. : Ligia Mihaiescu)

  • Jewish painter and revolutionary C.D. Rosenthal

    Jewish painter and revolutionary C.D. Rosenthal

    In the courtyard of the Royal Palace, complying with the set of social distancing and hygiene measures imposed by the sanitary crisis, untrammeled by the day’s razzle-dazzle, fairly recently I have participated in the inauguration of an exhibition themed Rosenthal, an artist at the time of the Revolution. The exhibition is venued by Romania’s National Art Museum. Cristina Verona Tobi is the Interim Manager of the Museum. She will now be giving us details about this special moment.



    Romania’s National Art Museum this year celebrates 70 years since the first gallery, the National Gallery, was opened, and it goes without saying it is an event which needs to be marked. Namely, the 200th birthday anniversary of fine artist Constantin Daniel Rosenthal, the one who compelled recognition for his famous work, Revolutionary Romania. We’re well aware of the fact that, throughout the years, the National Art Museum has staged some of the country’s most important fine art exhibitions, besides, it always succeeded to strike up an important relationship between art, on one hand, and the development of the social, political and cultural life, on the other. In retrospect, what we have in mind is the significance of the most important moments in our history as a people, of the 1848 Revolution, with its advent in the country and the idea of modernity to go with it, which was based on important liberal values and innovative ideas. So it is an extremely important exhibition, because we bring elements of novelty to the public’s attention, works that have never been exhibited before. It is an invitation for us all, for the lay public and equally for the connoisseurs and, what I most want, especially for the young public. It is an invitation for us all to embrace the past, in order to view and make sense of the future together.



    The curator of the exhibition, Monica Enache, is the head of the Museum’s Romanian Modern Art section. She gave us details about the novelties the exhibitions brings to the world of art.



    Monica Enache: We must say it is the second sole exhibition mounted countrywide, following the one in 1970, which had only 11 works and was not accompanied by any catalogue. Allow me to mention the fact that the catalogue which accompanies the exhibition brings together all the artist’s works we have been able to identify to this day, in the country and especially abroad, that would be a premiere, in public collections, but also in private collections. Some of them, as you may see if you examine the catalogue, are completely unknown and obviously unpublished. In this volume, we included a second premiere, all the letters that have still been preserved in the country, part of them at the National Library and another part at the Library of the Romanian Academy, letters Rosenthal wrote to his friends, political personality and journalist CA Rosetti and physician Adolf Gruno.



    We sat down and spoke to Monica Enache about this new exhibition events venued by Romani’s National Art Museum. Ms Enache also shared with us her thoughts in her capacity as a curator.



    Monica Enache: I should say it is one, I see it as a new, a reopening of the museum proper. Since I worked from home a lot, that helped this exhibition as well, because I had the opportunity to undertake a more thorough and more consistent documentation, which was also a more specific one. So in the long run, every cloud has a silver lining, as they say. I thought out this exhibition to be very attractive to the public, because, yes, once in a lifetime at least, each and every citizen of our country saw Revolutionary Romania. I cannot imagine otherwise and I place my bets on that when I say it would b an interesting exhibition, let’s just say, for the public, the one in Bucharest, at least, as we don’t have tourists any more. What I want is to reveal the unknown part, from his work but also from his life, as, in the long run, maybe his status of political activist is much more important than his status as an artist, and I find that really hard to admit, since I work with the Art Museum, but we need to tell the truth and I should recommend visitors to read the letters included in the catalogue we have published – they are revealing, while nothing can be understood without them.



    The inauguration concluded with the thoughts of fine artist Rosenthal, an artist of Jewish origin, thoughts he shared with CA Rosetti, one of the heads of the 1848 revolution in Wallachia, who also took affirmative action for the Unification of Romanian Principalities. Monica Enache had the details:



    I should like to conclude by reading a little fragment from a letter written on July 26, 1848 by Rosenthal, and addressed to his good old friend C.A. Rosetti, it went something like: there are so many reasonable people in our country, while so much passion needs to be overcome. Alack, why am I not the strongest one, albeit for a split second? You cannot imagine how much your cause make me suffer. I never thought I could be so very Wallachian.


    (Translated by Eugen Nasta)