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  • Rivières de montagne protégées

    Rivières de montagne protégées

    Le gouvernement a dressé la liste de ces cours d’eau dans le contexte des efforts pour clore la procédure d’infraction ouverte en 2015 par la Commission européenne. En cause : 27 mini centrales hydrauliques sises dans des aires protégées et qui auraient détruit les écosystèmes présents dans plusieurs rivières de montagne. Les écologistes contestent toutefois cette décision et attirent l’attention que cet acte règlementaire continuera de permettre la destruction irréversible de la nature.

    Diana Cosmoiu, coordinatrice nationale de politiques publiques chez WWF Roumanie, explique :« Théoriquement, à partir de 1500 m d’altitude et au-delà, pour quelques sections de rivières, qui totalisent moins de 1% des rivières roumaines, des régularisations, des constructions hydro énergétiques ou d’autres activités à impact sur l’eau ne pourront plus être réalisées. Le problème, c’est de savoir qu’est-ce qui va se passer pour les autres, celles qui sont à moins de 1500 m d’altitude, et qui sont des rivières de valeur. Selon nous, cet acte règlementaire, longuement attendu, aurait dû protéger tous les secteurs de rivières encore en bonne santé. Il s’agit des secteurs de rivières dépourvus de digues, qui ne sont pas barrés, sont sis dans des aires naturelles protégées, en bon état écologique ou en très bon état de ce même point de vue, ou même des secteurs de rivières abritant des habitats piscicoles naturels. Il ne s’agit pas seulement des secteurs situés à plus de 1500 m d’altitude, mais de l’ensemble du territoire du pays. Voilà un peu ce que nous aurions souhaité de cet acte règlementaire… »L’arrêté gouvernemental n’est pas une nouveauté pour les activistes d’environnement.

    Entre 2010 et 2013, il y a eu une vague d’approbations et de constructions de mini centrales hydrauliques sur les rivières de montagne. A ce moment-là, WWF Roumanie a lancé une campagne d’information publique et a demandé aux autorités d’environnement de rédiger un acte règlementaire, qui aurait dû fixer des zones de non-intervention, mais aussi des zones où seules quelques activités devaient être permises, les zones-tampon. A cette époque-là, plus de 500 mini centrales hydrauliques attendaient l’aval des autorités pour être construites ou pour fonctionner. Plus d’un quart étaient dans des aires protégées ou aux confins de ces aires.

    Les écologistes exigent que les dispositions légales en vigueur soient complétées de manière à ce que les restrictions s’appliquent aussi aux secteurs de rivières du réseau Natura 2000 et d’autres types d’aires naturelles protégées, ainsi qu’aux secteurs de rivières qui constituent des habitats piscicoles naturels. Ils demandent également que le critère de l’altitude supérieure à 1500 m soit supprimé. (Trad. Ligia)

  • La centrale hydraulique des Portes de Fer

    La centrale hydraulique des Portes de Fer

    Le baron William George Armstrong est considéré comme le créateur de la première source d’énergie électrique, produite par la force de l’eau. La centrale hydroélectrique qu’il a mise au point en 1876 pouvait éclairer une maison. Depuis l’invention d’Armstrong, les équipements producteurs d’énergie hydro-électrique ont connu un développement et une diversification significative. Un pays bénéficiant d’un important réseau hydrographique comme la Roumanie ne pouvait pas ne pas l’utiliser pour développer son industrie énergétique et couvrir ses besoins de consommation.

    La production d’électricité hydraulique présentant certains avantages, elle a été préférée à la technologie thermique. Parmi ces avantages, il faut rappeler les possibilités d’adapter les équipements, les coûts réduits de production et d’exploitation, de faibles émissions de dioxyde de carbone, la possibilité d’utiliser le lac de retenue à d’autres fins, une meilleure utilisation pour certaines industries.

    Vers le milieu des années ’60, la Roumanie et la Yougoslavie se mettaient d’accord sur le fait qu’à l’endroit où le Danube franchit la chaîne des Carpates, traçant la frontière entre les deux pays, une centrale hydraulique pouvait être érigée. A son utilité économique s’ajoutait une signification politique : la prise de distance de la Roumanie par rapport à l’Union Soviétique et son rapprochement de la Yougoslavie de Tito, en désaccord avec l’idée d’une patrie du socialisme dès 1948. La future centrale, baptisée « Les Portes de Fer », allait être, pour les deux pays, le plus grand producteur d’énergie électrique.

    Les préliminaires furent lancés en septembre 1963, par la signature, à Belgrade, d’un accord sur la mise au point d’un système hydro-énergétique et de navigation des Portes de Fer. Quelques mois plus tard, en janvier 1964, les premiers fonds étaient alloués pour réaliser ce système, les travaux proprement-dits démarrant en septembre 1964. Ils allaient durer 6 ans, jusqu’au mois de mai 1972, chacun des deux pays construisant, sur son propre territoire, sa partie du projet.

    Le barrage de la centrale hydraulique, mesurant 1278 mètres de long, a été construit à 15 kilomètres en amont de la ville de Drobeta Turnu Severin, dans une zone montagneuse d’une rare beauté. Le futur lac de retenue allait mesurer 100 km de long, le volume d’eau emmagasinée étant de 2.200 millions de mètres cubes. La puissance totale de la centrale est de 2160 MW, dont la partie roumaine utilise la moitié et la partie serbe l’autre moitié. La centrale des Portes de Fer produit annuellement environ 5120 GW, chaque côté de la centrale étant doté de 6 turbines Kaplan. Le passage des navires se fait par des écluses, parmi les plus grandes jamais utilisées pour une centrale hydraulique.

    A une soixantaine de km en aval de la ville de Drobeta Turnu Severin, entre 1977 et 1984, la Roumanie et la Yougoslavie ont construit une deuxième centrale hydraulique, de moindre puissance – soit de 500 MW – appelée « Les Portes de Fer II ». La mise en œuvre d’un projet si impressionnant a pourtant demandé des sacrifices. L’île d’Ada-Kaleh, une oasis de culture et de civilisation orientale habitée, jusqu’en 1968, par une population d’origine ethnique turque, se trouve à présent sous les eaux du lac de retenue. L’ancienne ville d’Orşova a également été submergée par les eaux du Danube, les habitants de cette bourgade et de 10 autres localités ayant été déplacés à des endroits plus élevés de la rive. Enfin, pendant les travaux de construction de la centrale, une centaine de personnes sont mortes dans des accidents de travail.

    La zone de la centrale hydraulique des Porte de Fer est magnifique. Outre la construction, elle-même spectaculaire, le voyage à travers les gorges du Danube, les plus grands d’Europe, offre un décor de conte de fées. Un parc naturel y a été d’ailleurs créé. Ces lieux sont également chargés d’histoire et comptent de nombreux vestiges archéologiques. L’armée de l’empereur Trajan est passée par là, en 101-102 et en 105-106, après J.-C., lors de ses campagnes contre les Daces dirigés par Décébale. Et c’est toujours là que l’on peut voir un des pieds du pont construit par Apollodore de Damas, sur les ordres de Trajan, pour que les légions de l’empereur puissent traverser le fleuve. (trad. Dominique)

  • Le secteur de l’énergie

    Le secteur de l’énergie

    Selon les autorités roumaines, le secteur de l’énergie de Roumanie aura besoin pendant les 15 à 20 années à venir d’investissements de plus de 30 milliards d’euros pour que notre pays soit compétitif et pour assurer son indépendance énergétique. Ces investissements devraient être attirés y compris par un fond formé des participations minoritaires de l’Etat aux compagnies d’énergie. D’ailleurs , le gouvernement roumain a lancé l’année dernière l’idée de créer un fond d’une capitalisation de 1 milliard d’euros où faire entrer toutes les participations minoritaires détenues par le Département pour l’Energie.



    Les participations minoritaires de l’Etat dans les compagnies d’énergie, y compris celle à OMV Petrom sont évaluées à quelques centaines de millions d’euros mais si elles sont consolidées, la valeur des actions pourrait excéder 1 milliard d’euros.



    Selon une estimation de l’Exécutif, la capacité de production d’énergie électrique de Roumanie va augmenter pendant les six années suivantes d’environ 19% après la mise en fonction d’unités d’approximativement 5000 MW. En même temps on va mettre hors fonction des centrales équivalentes d’un quart des nouveaux groupes générateurs d’électricité. « Pour la mise en fonction d’un investissement représentant une nouvelle capacité de production d’énergie électrique on va arrêter une capacité fonctionnelle actuellement, l’équivalent de 25% des capacités mises en fonction au plus tard pendant l’année suivante de cette mise en fonction des nouvelles capacités de production d’énergie électrique » – dit un arrêt du gouvernement. Parmi les nouveaux projets on compte une centrale sur bio-gaz du combinat d’engrais chimiques AMONIL de Slobozia (dans le sud), un groupe de 500 MW sur houille de la compagnie Bràila Power , une société mixte entre E-On et ENEL ainsi qu’un groupe nouveau de 200 MW du Complexe Energétique Hunedoara.



    D’autres projets visent la modernisation des groupes générateurs en fonction ainsi que la construction de nouvelles unités par ELCEN Bucarest et par les CET (Centrales thermoélectriques )de Arad, Govora et Bràila. Fin mars, le gouvernement a avalisé la constitution d’une compagnie d’études mixte roumano – bulgare pour le développement d’une centrale hydraulique sur le Danube à Târgu Màgurele — Nicopole. La puissance installée de la future centrale hydraulique sur le Danube sera de quelques 4000 MW ce qui contribuera à la hausse de la sécurité énergétique de la Roumanie et à la baisse de la dépendance des importations, comme affirme l’Exécutif.



    Plus que cela, cette centrale hydraulique pourrait constituer une nouvelle voie de communication terrestre et ferroviaire entre la Roumanie et la Bulgarie. Un autre objectif envisagé par la construction ce cette centrale hydraulique Turnu Màgurele-Nicopole est la régularisation du cours du Danube avec ses effets positifs sur la protection contre les inondations via des endiguements et drainages ou des travaux de rehaussement des ports.



    Ces nouveaux projets seront en partie financés par l’argent obtenu de la vente des certificats d’émissions de gaz à effet de serre dont la Roumanie est bénéficiaire à titre gratuit entre 2013 et 2020 à la suite du fait qu’elle est signataire du protocole de Kyoto comme détaille le premier ministre Victor Ponta: «La Roumanie a une énorme chance d’avoir l’énergie nucléaire, l’énergie à base de charbon, l’énergie hydraulique avec un potentiel extraordinaire, de l’énergie renouvelable et, déjà à ce moment, je pense que le grand défi pour la Roumanie est d’exporter de l’énergie électrique. De ce point de vue, certes, nous produisons davantage que notre nécessaire et nous devons pouvoir exportes. En tout premier lieu, je veux avoir une stratégie non pas seulement pour la Roumanie mais pour la Roumanie et la République de Moldova, non pas pour 20 millions mais pour 24 millions d’habitants. De toute évidence, il faut disposer de l’infrastructure nécessaire pour exporter et résister sur la marché ouvert de l’Union Européenne. »



    A son tour, le représentant du Conseil des Investisseurs Etrangers en Roumanie, Mihai Bogza, parle du domaine de l’énergie regénérable qui a connu un développement important ces dernières années mais qui a supposé des prix accrus pour les consommateurs: « En 2008, la Roumanie a essayé pratiquement de choisir entre une énergie plus propre mais plus coûteuse et une plus grande compétitivité pour les consommateurs. Une chose est de payer une énergie plus coûteuse et autre chose est de payer une énergie mois chère. Apparemment, en 2008 , la Roumanie a fait le mauvais choix sans une étude d’impacte et, par conséquent, les capacités encouragées à être mises en fonction ont dépassé ce qu’en apparence la Roumanie peut se permettre actuellement du point de vue de la compétitivité des autres branches industrielles qui utilisent l’énergie électrique. Actuellement, la Roumanie se trouve dans une situation pas du tout enviable, d’une part, avec des investissements importants dans le domaine de l’énergie regénérable et, à juste titre, les investisseurs veulent récupérer leurs investissements et, d’autre part, un secteur industriel qui dit : »nous ne pouvons pas nous permettre de payer une énergie si chère que la votre, plus verte et produite de sources régénérables. »



    Beaucoup de problèmes restent aussi à résoudre dans les compagnies énergétiques à capital d’Etat comme détaille le ministre délégué à l’énergie, Ràzvan Nicolescu : « A ce niveau, dans le temps, on a enregistré, hélas, beaucoup de pertes, beaucoup d’inefficacité mais j’espère — ceci étant une des objectifs que je me propose d’atteindre – accélérer ce processus d’accroître l’efficacité, faire que ces compagnies d’Etat aient des règles de gouvernance corporative et ne plus être subordonnées par le côté politique. »



    Remarquons que l’énergie produite par les centrales éoliennes, les parcs photo-voltaïques et les centrales utilisant la bio-masse couvrent 21% de la production nationale étant la seconde plus importante source d’électricité après le charbon qui a un poids de 27%. La production d’énergie nucléaire assure 17,4% du nécessaire, les centrales utilisant des hydrocarbures 14,5% et les centrales hydrauliques 19,7%… (trad. : Costin Grigore)