Tag: Centre national de la danse

  • 10 années d’existence du Centre national de la Danse

    10 années d’existence du Centre national de la Danse

    Une vague de solidarité sans précédent de la part des danseurs et chorégraphes roumains concrétisée par toute sorte de manifestations, protestations de rue, articles de presse et campagnes médiatiques a poussé le gouvernement roumain à adopter en 2004 une décision par laquelle on assistait à la création du Centre National de la Danse de Bucarest. Depuis dix ans déjà, ce Centre est la seule institution publique de culture de Roumanie subordonnée au Ministère de la Culture et qui se donne comme principal objectif de promouvoir la danse contemporaine en Roumanie. Sa devise est comme l’indique son moto Les gens qui font bouger notre monde”.



    Pour Vava Stefanescu, manager du Centre national de la Danse, ce dixième anniversaire signifie avant tout: « Qu’il faut se souvenir de tous ceux qui ont assumé la mise en place d’un tel projet – chorégraphes, danseurs, managers culturels et autres. Et je commencerais par mentionner Mihai Mihalcea, premier manager du Centre et celui qui a imposé un certain genre de création contemporaine dans le paysage culturel roumain. Un genre qui a toutes les chances de se perpétuer puisque ses bases ont été jetées ».



    Le Centre national de la Danse démarre son activité en 2006 quand il propose au public un art et une institution qui échappe aux contraintes, se refuse à l’inertie et s’obstine à expérimenter, à former, à éduquer et à courir les risques”.



    Autant d’objectifs qui, aux dires de Vava Stefanescu, devraient caractériser l’activité de toute institution artistique: «Nous, on fait de la création contemporaine, en restant fidèles aux discours artistiques actuels. C’est exactement ce que nous avons choisi de promouvoir et de financer de fonds publics. Et j’ose dire que nous avons bien le droit de prétendre du soutien financier à la création contemporaine, y compris à la danse contemporaine. Je m’arroge ce droit dans ma qualité de manager de la seule institution chargée de la danse contemporaine et qui est subordonnée au Ministère de la Culture. Avec un grand potentiel culturel mis en avant par son rôle dans l’éducation du public, la danse contemporaine est en droit de se voir accorder des financements publics ».



    Le Centre National de la Danse s’adresse aussi bien aux artistes qui ont un espace spécialement pour eux qu’au public qui peut bénéficier des spectacles de qualité. Dix ans après sa création, le Centre s’enorgueillit de nombreux succès.



    Vava Stefanescu: « Dix années durant, le Centre national de la danse a réalisé des spectacles, des ateliers de formation, il s’est lancé dans des activités de recherche et de documentation. Autant de catégories qui ont bénéficié de différents financements. C’est la seule institution qui n’a pas d’artistes salariés sur la base d’un contrat de travail. C’est un centre qui accueillie des spectacles, mais qui en produit également. A part cela, dans ses dix années d’existence, sept ont également été mises au service d’autres projets chorégraphiques que le Centre a accepté de financer. Or, le fait de financer une fois par an et parfois deux fois par an d’autres projets a conduit à un essor de la scène chorégraphique contemporaine. La danse a beaucoup progressé depuis 2004. Les artistes ont réussi non seulement à mettre en place leurs projets, mais aussi à les faire connaître au public ».



    Pour célébrer son dixième anniversaire, le Centre national de la danse de Bucarest a choisi d’accorder en première six prix pour la contribution à la danse contemporaine sous la forme d’une brique symbolisant le fondement de cet art. Les prix ont récompensé l’activité de plusieurs professionnels de différents domaines en rapport avec la danse: Ioan Tugearu, Mihaela Dancs, Cosmin Manolescu, Silvia Ghiaţă, Alexandra Pirici, Manuel Pelmus et Mihai Mihalcea.



    Vava Stefanescu : « Je voudrais bien que Ioan Tugearu reste dans la mémoire comme la personnalité à laquelle on doit l’existence de ce centre. Silvia Ghiaţă, par exemple, nous a légué tout un héritage culturel grâce à son émission « L’univers de la danse », diffusée des années durant, toutes les semaines, à la télé. Ce sont là deux personnalités qui ont contribué à notre avenir et ils méritent bien de se voir récompenser d’un prix ».



    Quel avenir pour le Centre de la danse? Aux dires de Vava Stefanescu, actuel manager du Centre, l’épanouissement de la danse contemporaine repose sur les investissements dans ce domaine. Plus l’investissement est important, plus les résultats seront visibles. Une stratégie que Vava Stefanescu a baptisée Le Plan Marshall pour la danse contemporaine” et qui comporte cinq grands projets. Le premier porte sur la production de spectacles, le deuxième vise leur distribution. Le Centre se propose de soutenir financièrement toutes ces institutions de culture prêtes à présenter ou à produire des spectacles de danse contemporaine, en couvrant jusqu’à 50% des coûts de production. Le troisième projet est un programme éducationnel qui sera mis en place dans les lycées et les écoles de danse. En quatrième position on retrouve un projet ambitieux de recherche et documentation qui devra déboucher sur la création à partir de 2016 d’un portail de la danse contemporaine. Et puis, le dernier projet sera consacré à toutes ces nouvelles idées parues au fur et à mesure que la stratégie pour la danse avance. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Quatre décennies de danse roumaine

    Quatre décennies de danse roumaine

    Lancé fin avril, le livre «Tout un monde fait d’éclats. Chroniques de la danse 1972-2012» de Liana Tugearu est un véritable dictionnaire d’art chorégraphique ou plutôt une histoire de la danse des 40 dernières années. Elève des célèbres danseuses Elena Penescu Liciu et Floria Capsali, après quelques années d’activité artistique sur la scène du Théâtre lyrique de Constaţa, Liana Tugearu s’est consacrée à la critique.



    La danse a été presque tout pour elle dans la vie : «Elle représente, en effet, une bonne partie de mon existence, qui s’est déroulée sans cesse dans l’ambiance de la danse. J’ai dansé, moi-même, mon mari a dansé et a créé de la chorégraphie, j’ai suivi tout ce que l’on a pu voir en Roumanie en matière de danse — des spectacles soit réalisés au pays, soit présentés, en tournée, par des troupes étrangères. »



    Le livre de Liana Tugearu a été lancé lors de l’ouverture à Bucarest du nouveau Centre national de la danse — institution qui l’a d’ailleurs publié en partenariat avec les Maisons d’édition Coresi. Le chorégraphe Mihai Mihalcea, directeur du Centre, explique pourquoi: «Cela nous a paru tout à fait naturel et absolument nécessaire. C’était une urgence, car ces deux volumes survolent 40 ans d’histoire de la danse. Les articles de ce recueil, publiés au fil du temps, sont de véritables documents historiques. Liana Tugearu est ce genre rare de critique de danse qui a eu la patience et la générosité de suivre tous les événements du monde de la danse, tous les spectacles de danse classique ou contemporaine, ayant pour protagonistes aussi bien de jeunes artistes ou chorégraphes que des artistes consacrés et des célébrités du domaine. Elle a été un témoin incroyable, pendant ces 40 dernières années, de tout ce qui s’est passé d’important dans la danse roumaine. »



    « Tout un monde fait d’éclats. Chroniques de danse 1972-2012 » recense quelque 900 pages. La critique de danse Liana Tugearu nous parle de ce recueil de chroniques et d’images : « Je me suis rendu compte qu’il comble en grande partie l’absence d’une histoire de la danse de ces 40 dernières années. C’est une histoire sur le vif de chaque spectacle. J’ai également réalisé que ce volume s’agence avec un autre livre à moi, L’Expérimentalisme dans la chorégraphie roumaine des années ’60 — ’90” et que la danse continue de traverser une période de crise. En effet, pendant deux ans et demi, elle n’a plus eu de scène ni de salle de répétition. Heureusement que l’on peut inaugurer maintenant cet espace, véritable oasis pour nous. Des moments difficiles, la danse contemporaine en a vécu aussi avant 1989, lorsqu’elle était à la merci de quelque musée ou théâtre qui voulait bien l’accueillir. Il y a eu même des situations où les répétitions se sont déroulées dans les appartements de particuliers. On peut donc parler d’une triste continuité dans le destin malheureux de la danse contemporaine avant et après ’89. Espérons que la réouverture du Centre national de la danse de Bucarest mettra un point final à cette période ».



    On ne saurait résumer les 900 pages de cet ouvrage. Voilà pourquoi nous avons demandé à madame Liana Tugearu de nous raconter le début et la fin de son livre : « Un de ces jours, j’ai regardé plus attentivement la première et la dernière des chroniques, datées de respectivement 1972 et 2012. Ca m’a fait vraiment plaisir de constater qu’elles concernent deux personnalités exceptionnelles de la culture roumaine. La première chronique parle du spectacle qui s’inspire de l’œuvre de Constantin Brâncusi, réalisé par le chorégraphe Alexandru Schneider. La dernière porte sur le spectacle monté par Gigi Căciuleanu d’après l’œuvre de Ion Luca Caragiale ».



    Le volume «Tout un monde fait d’éclats. Chroniques de danse 1972-2012» enregistre une grande absence, celle du maestro Ioan Tugearu, époux de Liana Tugearu, qui commente: « C’est une absence que je dois combler. C’est toujours moi qui ai rassemblé toutes les chroniques sur lui. Je les ai dans un dossier, avec des images. J’ai donc un noyau dur pour commencer. Il est bien entendu inimaginable qu’il n’en fasse pas partie, alors que pendant tout ce temps, il a eu de nombreuses interprétations en Roumanie comme à l’étranger, et aussi des créations chorégraphiques. Il est inconcevable, disais-je, qu’il ne soit pas mentionné ou qu’il soit présent dans une très petite mesure. C’est dire qu’il y figure lorsqu’il a fait partie du festival et je ne pouvais pas faire semblant de ne pas l’avoir remarqué, j’ai donc dû écrire quelques lignes sur sa création. Mais il est nécessaire, pour une image d’ensemble correcte, de faire un album qui lui soit entièrement consacré, avec tout ce qui a été écrit sur lui, avec tout ce qu’il a créé, avec des images de ses interprétations, des chorégraphies qu’il a signées pour d’autres et que j’ose aussi exprimer quelques opinions personnelles à l’occasion ».



    Liana Tugearu est l’auteure de différents librettos de danse, joués sur plusieurs scènes roumaines : l’Opéra national de Bucarest, le Théâtre de danse Oleg Danovsky de Constanţa, l’Opéra de Iaşi et l’Orion Ballet. Dans le cadre de l’exposition de 1996, à ARTEXPO, elle a organisé la section de chorégraphie « L’Expérimentalisme dans l’art roumain des années ’60 -’90 », et en 2004, elle a publié le volume homonyme. En 1995 elle a reçu un prix pour toute son activité de critique de danse de la part de l’Union des danseurs, des chorégraphes et des critiques musicaux. (trad. : Mariana Tudose, Ligia Mihăiescu, Dominique)