Tag: céramique

  • Comment préserver les traditions en Roumanie ?

    Comment préserver les traditions en Roumanie ?

    C’est en 2008 que la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO a officiellement vu le jour, aux termes de la « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel », adoptée à Paris en 2003. Depuis, 9 coutumes roumaines ont été rajoutées à cette liste : le « Călușul » une danse rituelle masculine incluse en 2008, la « Doina » – une chanson traditionnelle mélancolique typiquement roumaine (2009), l’art de la céramique de Horezu (2012), le rituel d’hiver observé par des groupes d’hommes qui vont de maison en maison en chantant des cantiques en Roumanie et en République de Moldova (2013), une danse des jeunes hommes de Transylvanie (2015), les techniques traditionnelles de réalisation des tapis muraux en Roumanie en Moldavie voisine (2016), le Mărțișor – cette amulette porte-bonheur avec un fil tressé rouge et blanc offerte le 1er mars (2017, une tradition que la Roumanie partage avec la République de Moldova et l’ancienne république yougoslave de Macédoine), la blouse roumaine et les traditions liées à l’élevage des chevaux de la race « Lipizan » (2022), cette dernière coutume étant une inscription conjointe avec l’Autriche, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l’Italie, la Slovaquie, la Slovénie et la Hongrie.

     

    Et aussi rassurant que cela puisse paraître pour la sauvegarde des coutumes et traditions roumaines, les personnes qui peuvent encore les transmettre aux générations futures se font de plus en plus rares en Roumanie.

     

    Aujourd’hui nous donnons la parole à deux maîtres artisans qui font de leur mieux pour perpétuer les traditions. Leur art : le travail du bois et la poterie. C’est à l’Ecole populaire d’Arts «Constantin Brâncuşi » de Târgu Jiu que deux de ces maîtres artisans nous ont fait part de leur expérience.

    Pour commencer voici le témoignage de Marin Daniel Preduț, formateur au sein de cette Ecole, spécialiste de l’Art du travail du bois :

     

    « Cette passion, je l’ai découverte il y a 3 ans. J’ai vécu à l’étranger pendant 8 ans et lorsque je suis rentré au pays à cause de la pandémie, j’ai ouvert un petit atelier de menuiserie. Il n’a cessé de grandir et j’en suis très satisfait. A part les icônes sculptées en bois et les plateaux, je fabrique aussi des chalets, des kiosques et des balançoires en bois. La plupart de nos clients apprécient vraiment le bois. »

     

    Cela prend entre 20 et 60 minutes pour sculpter une icône. Puis il faut lui appliquer une teinture spéciale, traditionnelle, secrète. Pour ce qui est d’un petit chalet simple, sans étage, il faut environ 7 jours pour en construire un. Mais notre invité s’adonne aussi à des projets plus amples. Marin Daniel Preduț:

     

    « J’ai réalisé un parc entier financé de fonds européens pour une pension touristique réunissant 5 petites cabanes, un grand kiosque, un four, un sauna… Un travail qui a duré environ 6 mois. » 

     

    Le bois est donc toujours recherché par les Roumains, pour des raisons pratiques notamment. Mais qu’en est-il de la poterie ? Pour connaître la réponse à cette question, nous nous sommes adressés à Marian Măgureanu, lui aussi professeur à l’Ecole populaire d’Arts «Constantin Brâncuşi » de Târgu Jiu. Il est à l’origine d’un club de poterie pour les lycéens. Voici son histoire. Marian Măgureanu :

     

    « Nous avons commencé par la poterie manuelle, une technique qui date en fait du néolithique. Je tente aussi de leur raconter comment vivaient et travaillaient nos ancêtres. Les enfants d’aujourd’hui n’ont pas vu beaucoup d’objets issus de la poterie. Mais cet atelier leur fait plaisir et ils y participent tout le long de l’année. »

     

    Marian Măgureanu profite aussi de l’occasion pour raconter différentes histoires à ses élèves, par exemple où les gens se procuraient jadis la terre glaise :

     

    « Traditionnellement, les gens creusaient la terre à différents endroits qui n’étaient pas connus de tous et ils transformaient cette terre à plusieurs reprises au cours d’une année. Il fallait la laisser geler à l’extérieur, puis la ramener à l’intérieur, la couper avec un couteau, la ramollir avec ses pieds, lui rajouter de l’eau… Enfin, on en faisait des boules que l’on gardait recouvertes d’un tissu. De nos jours, on va chercher notre terre glaise dans des usines spécialisées, il y en a plusieurs. Une fois modelée, il faut la laisser sécher lentement à un endroit qui ne soit pas exposé à la lumière du soleil…  » 

     

    Et bien que l’atelier du lycée ne dispose pas encore d’un four pour faire cuire les céramiques réalisées par les jeunes et qu’il faille à chaque fois faire appel à d’autres artisans locaux, Marian Măgureanu est fier de pouvoir transmettre son art à la nouvelle génération. Un enthousiasme que peu de gens partagent encore et qui sera repris, espérons-le bien, par les jeunes, pour aider à conserver les arts et métiers qui témoignent de notre héritage culturel et de notre identité nationale. (trad. Valentina Beleavski)

  • Le département de Vâlcea, un lieu chargé d’histoire

    Le département de Vâlcea, un lieu chargé d’histoire

    Aujourd’hui, voyageons ensemble dans le département de Vâlcea. Situé au nord de la Valachie, il s’agit d’un département d’une grande diversité, où des musées en plein air, des stations balnéo-climatiques, des parcs d’aventure, des randonnées en montagne ou des haltes dans des lieux chargés d’histoire ne sont que quelques-unes parmi les nombreuses attractions.

     

    Des monuments historiques importants et une nature à couper le souffle

     

    Costin Corboianu, guide touristique, nous a présenté plus en détail quelques éléments de la diversité de la région :  « Le département de Vâlcea est l’un des départements de Roumanie qui figure dans le top trois des attractions touristiques. Il s’étend entre la zone montagneuse et le bassin de la rivière Olt. Nous avons une grande variété de formes de relief, ainsi que des coutumes et traditions toujours vivantes. Ce département est le seul dans le sud de la Roumanie à posséder un site classé au patrimoine de l’UNESCO : le fameux monastère de Hurezi, fondé par Constantin Brancovan. Il ne faut pas non plus oublier que c’est ici que se trouve la ville de Horezu, considérée comme la capitale de la céramique roumaine. Nous y retrouvons également le village incroyable de Firijba, que Dimitrie Gusti, le fondateur du Musée du Village à Bucarest, décrivait à l’entre-deux-guerres comme le village le plus ancien de Roumanie. C’est aussi un département riche en Parcs nationaux, tels que celui de Buila Vânturarița ou de Cozia, et avec une offre touristique variée, allant du tourisme de montagne jusqu’au tourisme viticole, sans oublier les stations balnéo-climatiques bien connues, comme Călimănești, Căciulata, Olănești et Govora. Il s’agit vraiment d’un département avec un potentiel touristique fantastique. Selon le nombre d’ermitages et d’églises orthodoxe il est le deuxième de Roumanie, après le département de Neamț, le 3e étant le département de Suceava. »

     

    Des lieux où l’art est mis à l’honneur

     

    Le chef-lieu du département est la ville de Râmnicu Vâlcea, où vous pouvez visiter le magnifique Musée d’Art « Casa Simian » (La maison Simian), construite en 1940. Ses éléments architecturaux rappellent une villa italienne, avec un splendide jardin d’été. Le musée abrite des œuvres d’artistes plasticiens roumains renommés tels que Nicolae Grigorescu, Nicolae Tonitza, Cecilia Cutescu-Storck, Camil Ressu, Theodor Pallady ou encore Ion Ţuculescu. Juste en face du Musée se trouve la Bibliothèque départementale « Antim Ivireanul », qui se distingue par son architecture unique en Oltenie, avec sa coupole-vitrail. Inaugurée en 2004, la bibliothèque réunit plus de 400 000 volumes ainsi que des documents graphiques et audiovisuels disponibles en plusieurs langues.

     

    La musée d’Histoire, un must de la zone

     

    Près de la bibliothèque nous retrouvons le Musée d’Histoire, situé dans un bâtiment du XIXe siècle, autrefois connu sous le nom de « L’École avec Horloge ». Le Musée d’Histoire abrite des expositions permanentes, montrant des aspects de la vie et les activités des anciens habitants de la vallée de la rivière Olt. Le musée possède aussi des collections philatéliques, une collection d’armes anciennes, des livres rares, ainsi que de nombreuses autres pièces d’une grande valeur historique.

     

    Le parc Zăvoi et le Jardin Zoologique sont également deux arrêts incontournables pour les amateurs de nature.

     

    En espérant vous avoir persuadés de visiter cette région remplie d’histoire et de légende, à bientôt avec une nouvelle destination !  (Trad. Rada Stanica)

  • Des vacances dans la contrée de Vâlcea

    Des vacances dans la contrée de Vâlcea

    Cette semaine, nous
    mettons le cap sur la contrée de Vâlcea dont le chef-lieu, Râmnicu Vâlcea,
    s’avère une destination à découvrir en toute saison. Sise à 175 kilomètres de
    Bucarest, cette jolie ville aux pieds de la montagne est facilement joignable
    aussi bien en voiture, qu’en train. Elle peut nous servir de point de départ
    pour découvrir cette belle région dont la renommée se rattache notamment à ses
    monastères et sa céramique.

    Davantage sur Râmnicu Vâlcea et ses alentours
    avec Monica Gheorghiu, à la tête du
    Centre national de Tourisme du département.




    La ville de Râmnicu Vâlcea, chef-lieu du département de Vâlcea,
    s’avère une destination à haut potentiel touristique dont la visite, je la
    conseille vivement à tous ceux qui souhaitent découvrir la contrée. Une ballade
    à travers la ville devrait commencer par l’édifice de la Bibliothèque
    municipale et son vitrail entré dans le Livre des records. Après quoi, vous
    pourriez partir à la découverte de principaux objectifs touristiques: le Musée
    départemental d’Histoire, la Maison musée d’Anton Pan ou encore le Musée des Beaux-Arts.
    Ce ne sont là que quelques repères culturels de la ville. Si vous êtes curieux
    de faire du tourisme œcuménique, alors je vous conseille de visiter
    l’Archevêché de Râmnic, le Monastère d’Antim ou l’Ermitage Cetatuia, autant
    d’édifices dont l’histoire est nourrie de légendes. Une fois à Râmnicu- Vâlcea,
    une idée serait de sortir vous promener dans les parcs et les jardins de la
    ville. Et je pense notamment au Parc de Zavoi ou au Parc Mircea cel Batran,
    deux havres de paix au cœur de la ville. Si vous êtes amateurs de ballade à
    pieds, je vous suggère d’emprunter le Boulevard Tudor Vladimirescu flanqué
    d’anciennes maisons qui respirent toutes, un air d’autrefois.






    Si le temps vous le permet, une idée serait de partir quelques jours à
    la découverte de la région. Le département de Vâlcea est connu pour ses
    nombreux lieux de culte, notamment pour le monastère de Govora, à seulement 22
    kilomètres de Râmnicu-Vâlcea. Pour entrer dans la cour du monastère, il faut
    passer sous un clocher de 15 mètres de haut, construit en pierre, sur 4 niveaux
    et dont les murs ont deux mètres d’épaisseur.




    Les murs de
    l’église sont couverts de fresques datant de 1711-1712 et réalisées en style
    brancovan par des artistes appartenant à l’Ecole de Hurez. Une fois dans la
    cour du monastère, vous pourriez admirer une ancienne cloche en pierre que
    l’abbaye s’est vu offrir en 1770, tout comme une machine à imprimer datant
    du XVII ème siècle que le monastère a
    utilisée pour imprimer ses premiers textes en 1636.




    Si vous êtes
    intéressés par les stations d’eaux et le tourisme balnéaire, alors vous serez
    bien servis une fois arrivés dans la contrée de Vâlcea qui réunit plusieurs
    stations de cure.

    Monica Gheorghiu, directrice du Centre national de Tourisme
    du département, nous en donne des détails:




    Tout autour de la
    ville de Râmnicu-Vâlcea, le touriste trouvera des stations balnéaires qui
    invitent à la détente et aux loisirs. Je pense notamment àCălimănești-Căciulata, Băile Olănești,
    Ocnele Mari, Băile Govora, autant de villes d’eaux dont les portes restent
    grandes ouvertes tout au long de l’année pour bien accueillir les visiteurs. Et
    puisque l’on parle des points forts du département, je ne saurai oublier la
    mine de sel de Ocnele Mari, fameuse pour la qualité de l’air et les loisirs mis
    en place dans les tréfonds de la Terre.






    Parmi les coups de cœur de la région, notons la localité de Horezu, aux
    pieds des Carpates, un endroit fameux pour le savoir- faire de ses maitres
    artisans dont les objets en céramique peinte sont fameux dans le monde entier.
    Mélange de tradition et de modernité, la localité est sise dans la dépression
    homonyme et assure au touriste un accès facile aux objectifs touristiques de la
    contrée. C’est ce qui lui a valu le titre de destination européenne par
    excellence.

    Monica Gheorghiu :




    « La localité
    de Horezu est une véritable marque du département de Vâlcea en raison de la
    céramique qui s’y fabrique. Une céramique peinte à la main que l’UNESCO a
    incluse sur la liste de son Patrimoine
    immatériel. Dès l’entrée, la localité a aménagé un endroit où les maitres
    artisans exposent leurs objets d’artisanat représentatifs aussi bien pour la
    région de Horezu que pour le Pays de l’Oltenie. Par ailleurs, la ville de
    Râmnicu-Vâlcea, tout comme le département de Vâlcea accueille depuis quelques
    années déjà toute sorte d’événements d’envergure, tels des foires ou de
    festivals dont le déjà fameux festival Open Air Blues organisé en juillet, dans
    la localité de Brezoi. D’autres événements inédits s’y ajoutent, tels le
    Festival des passionnés de la sculpture à scie qui s’organise dans la commune
    de Vaideeni, chaque année, en juillet. N’oublions pas le festival de la poterie
    et de l’artisanat Le Coq de Horezu ou encore celui de musique, Les Chants de
    l’Olt. Voilà autant d’événements à même d’attirer les touristes, tout en
    rendant la région de Vâlcea encore plus visible »






    Pour bien organiser
    vos vacances dans cette partie de la Roumanie, le mieux serait de vous rendre
    dans un premier temps au Bureau de tourisme de la ville de Râmnicu-Vâlcea pour
    demander le conseil des experts. Monica Gheorghiu reprend la parole:




    Suite à
    l’ouverture de notre centre, de nombreux visiteurs viennent nous voir afin
    qu’on les accompagne dans l’organisation de leur séjour. On met à leur
    disposition des brochures, des renseignements, bref tout ce qu’ils ont besoin
    pour profiter des beautés de la contrée. La plupart des étrangers qui nous
    rendent visite sont intéressés par les randonnés en montagne. A chaque fois
    qu’on les croise sur les trajets de randonné, ils nous disent à quel point ils
    sont contents d’avoir découvert une zone vierge et pittoresque comme celle de
    Vâlcea. La partie montagneuse de la région est très attractive et je voudrais
    rappeler à ceux qui nous écoutent que nous avons plusieurs parcs nationaux qui
    les attendent. Donc, c’est avec grand plaisir que nous les encourageons à nous
    rendre visite pour profiter pleinement de la beauté d’un département comme
    celui de Vâlcea.





    L’invitation a été
    lancée. Les vacances approchent. Tout ce qu’il vous reste à faire est d’ajouter
    la contrée de Vâlcea sur la liste de vos prochaines destinations touristiques.
    Nous, on vous attend les bras grand ouverts! (trad. Ioana Stancescu)



  • La poterie de Horezu inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO

    La poterie de Horezu inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO

    C’est à Horezu,
    petite localité du département de Vâlcea (sud de la Roumanie), que la poterie
    est plus qu’un métier, elle est un véritable art traditionnel qui se transmet
    de génération en génération depuis des centaines d’années. La rue Olari (des
    Potiers) est bordée de maisons-ateliers des maîtres artisans des lieux. Des
    vérandas où s’entassent des objets en céramique, des palissades, des portes et
    des fenêtres auxquels s’accrochent plats, cruches et autres tasses bariolées -
    tout est imprégné de couleurs, de joie et de traditions roumaines.




    Le maître potier
    Mihai Bâscu accueille les passants dans son atelier, où il explique ce métier
    tellement particulier : « En fait, quand on dit Horezu, on évoque
    la seule localité de Roumanie à être deux fois représentée au patrimoine de l’UNESCO,
    par la poterie de Hurez et par le Monastère Hurezi. Laa poterie de Hurez est
    très connue dans le monde, grâce à sa présence sur la liste du patrimoine
    mondial, certes, mais aussi pour sa décoration unique au monde et pour nos
    outils singuliers – la corne de bœuf, la plume d’oie et la plume de geai des
    chênes. Dans la décoration des objets, notre symbole général est « Le Coq
    de Hurez », mais nous avons aussi plusieurs symboles disons secondaires, tels
    l’arbre de la vie, le poisson, le serpent, la spirale de la vie, ainsi que des
    motifs traditionnels de l’araignée, de l’épi de blé, de la roue du paon, de la
    fleur, du trèfle, du tourbillon. La décoration que nous utilisons met ensemble
    des motifs traditionnels et des symboles ».






    La céramique de Horezu
    affiche des couleurs, des formes et des dimensions des plus variées, comme
    l’explique Mihai Bâscu : « Quand on dit poterie de Hurez, on dit
    objets, notamment des plats, qui mesurent entre 8 et 40 centimètres. Comparé à
    la « génération d’or » de mon père, moi-même, je peux me vanter
    d’avoir fait « irruption » dans les années 2000, en produisant les
    objets les plus grands de Horezu, des assiettes plates et creuses. On y ajoute
    nos tasses, nos tasses à tzuica, nos assiettes « încolțurate » (angulaires)
    et puis aussi quelques nouveautés, par exemple un aimant souvenir ou même un
    lavabo en céramique ».






    Le maître potier
    Mihai Bâscu a expliqué son apprentissage de ce métier traditionnel : « Ce
    métier, c’est un métier qui passe de père en fils. Moi, j’ai commencé à
    l’apprendre quand j’étais enfant, en préparant l’argile pour mon père. A
    l’époque, il n’ya avait pas d’outils électriques, donc je luis préparais les
    vernis à la main. L’argile est locale, on la trouve à Dealul Ulmului (la
    Colline de l’Orme), où je me rends chaque automne pour m’en approvisionner pour
    toute l’année. Il faut creuser jusqu’à deux mètres de profondeur pour trouver
    de la bonne argile, que je nettoie sur place. Je la transporte ensuite dans une
    remorque propre jusque chez moi, où je la laisse dehors durant l’hiver ;
    elle gèle et se dégèle, et ça la morcèle. Alors je la passe deux fois au
    malaxeur, puis je la travaille à la main et la pâte d’argile est prête. Les
    vernis sont tous naturels, à base de terres que je prépare moi-même. Le blanc,
    la terracotta et le noir sont extraits de terres pures, tandis que le vert et
    le bleu, je les obtiens en mélangeant de l’oxyde de cuivre et du caolin (de
    l’argile blanche) pour le vert, ou du cobalt et de l’argile blanche pour le
    bleu. Viennent ensuite les étapes du travail: d’abord, le modelage,
    c’est-à-dire modeler l’objet – assiette, écuelle, tasse ou autre ; ensuite
    la décoration, qui est l’étape la plus spectaculaire et la plus importante. On
    l’applique sur l’objet encore frais, mais déjà durci. Après, on y creuse le
    petit trou qui permet de l’accrocher au mur et, chose très importante, j’y
    écris mon nom. Quand les objets sont parfaitement secs, ils sont cuits une première fois à 850°,
    durant 8 heures. Après, il y a l’étape de l’émaillage et une deuxième cuisson à
    1020°, et on obtient l’objet final ».






    Le maître artisan
    potier Mihai Bâscu est fier de son métier-art, dont les origines remontent au
    XVIIe siècle, à l’époque du prince régnant de Valachie, Constantin Brâncoveanu
    (1654-1714), grand protecteur de la culture et de l’art.







    Mihai Bâscu : « J’ai oublié de vous
    dire quelque chose de très important, que je tiens de mon père: chez nous, la
    poterie existe depuis le règne de Constantin Brâncoveanu, car il était un
    passionné de céramique et nous a laissé
    même un style de décoration dit « brâncovenesc/brancovan. »
    (Trad. Ileana Taroi)

  • Céramique monumentale à Medgidia. Un projet innovateur des années 1970

    Céramique monumentale à Medgidia. Un projet innovateur des années 1970

    Il était une fois une association roumaine qui se donnait pour but de promouvoir la céramique roumaine. Et il était une fois, à Medgidia, dans le sud-est de la Roumanie, une colonie de création de céramique monumentale.







    Plusieurs décennies séparent ces deux projets. Les colonies artistiques de Medgidia ont eu lieu dans les années 1970, alors que lassociation mentionnée tente, de nos jours, à faire revivre ce patrimoine culturel national oublié. Et pour cause. Ces colonies restent quasi inconnues, aujourdhui, même des spécialistes, alors que cest justement là que furent jetées les bases de la céramique roumaine moderne.







    Les débuts de ce phénomène remontent aux années 1970. Cest entre 1971 et 1977 quenviron 80 ouvrages en céramique monumentale ont vu le jour à Medgidia. Leurs créateurs en ont fait don à la ville pour décorer différents espaces publics – parcs, places publiques ou encore la falaise du Canal de Carasu. Malheureusement, il ny en reste plus grand-chose, de nos jours, car la plupart de ces créations ont été détruites lors des travaux de construction du canal reliant le Danube à la mer Noire, à la fin des années 70 et au début des années 80. A lépoque, ces colonies de création étaient quelque chose dinédit. Cétait pour la première fois que la céramique prenait une forme monumentale, étant censée décorer les espaces publics de cette petite ville de Dobroudja.





    Cest justement pour remettre en valeur ce patrimoine culturel oublié, quune nouvelle initiative est née. Une équipe de céramistes a démarré un projet de recherche, intitulé « Patrimoine culturel revisité. Les Colonies de Medgidia – phénomène fondateur de la céramique roumaine contemporaine». Ils ont interviewé des artistes ayant participé à ces colonies de création, ils ont épluché les archives.




    Oana Rill fait partie de cette équipe et nous parle des débuts de ce projet : « Ce fut une initiative commune, lancée par Gheorghe Fărcășiu, un céramiste avec lequel nous avons beaucoup collaboré ces dernières années. En fait, Gheorghe Fărcășiu comptait parmi les invités au premier projet du domaine de la céramique, déroulé par notre association. Il nous a montré un catalogue douvrages de cette époque-là. Bien que je sois diplômée de la section de céramique de la faculté darts plastiques, jignorais complètement lexistence de ces colonies et je ne connaissais pas non plus les céramistes qui y avaient participé. Et je me suis rendu compte que si jen avais été au courant, jaurai évolué, peut – être, différemment. »





    Pour savoir davantage sur ces colonies, léquipe de Oana Rill a voyagé aux 4 coins de la Roumanie : à Bucarest (sud), Medgidia, Constanţa (sud-est), Sibiu, Alba-Iulia et Sighişoara (centre). Ses membres sont aussi entrés en contact avec les artistes établis à létranger, dont certains aux Etats-Unis. Ils ont étudié des documents darchives – articles de la presse de lépoque ou des magazines spécialisés, photographies des années 70 se trouvant dans des collections privées. Eduard Andrei fait lui aussi partie de léquipe qui a mis sur pied ce projet ambitieux intitulé « Patrimoine culturel revisité. Les Colonies de Medgidia – phénomène fondateur de la céramique roumaine contemporaine ».



    Eduard Andrei explique pourquoi ce phénomène méconnu est tellement important pour ce domaine de lart : « Notre intérêt pour les colonies de céramique monumentale de Medgidia part du constat évident que ce sujet est quasi inconnu. Cest valable aussi pour les spécialistes. Et là je pense aux étudiants des facultés des Beaux-Arts, de la section de Céramique. Pratiquement, ils nont pas eu accès jusquici à une base de données bibliographiques, ni aux documents darchive qui les aident à comprendre limportance de ce phénomène. A notre avis, ces colonies de création de Medgidia ont jeté les fondements de la céramique roumaine contemporaine. Avant, la céramique était considérée comme un art mineur, qui produisait des objets de petites dimensions, dutilité générale. Et elle était traitée comme telle. Or, une fois lancées les Colonies de Medgidia, la céramique a conquis lespace public. Du coup, on ny pensait plus uniquement en termes de petits objets. Ce fut aussi une expérimentation technique très intéressante pour les artistes participants, qui navaient pas travaillé de pareils ouvrages auparavant, en fait, ils navaient jamais créé de la céramique sculpturale, censée décorer les espaces publics de Medgidia. »




    Dans les années 70, à Medgidia, un art qui restait normalement à lintérieur des ateliers sortait pour la première fois à lextérieur. Les parcs de la ville étaient parsemés de sculptures géantes en céramique, aux formes plus ou moins abstraites. De nos jours, il nen reste plus que des photos, réunies sur le site du Musée national dart contemporain de Roumanie, dans la section docu.magazin, consacrée à la Documentation et à la Mémoire numérique. Et grâce à léquipe de céramistes passionnés dont nous venons de parler, les Colonies de céramique de Medgidia sont à découvrir aussi dans un volume bilingue, en roumain et en anglais. Lalbum a été lancé en novembre 2019 à Medgidia et à Bucarest, en présence dartistes participants. (Trad. Valentina Beleavski)


    Découvrez des photos ici:


    http://www.documagazin2.mnac.ro/galeriemedgidia.html


  • Attractions touristiques au comté de Mehedinți

    Attractions touristiques au comté de Mehedinți

    Amis auditeurs, nous
    nous dirigeons aujourd’hui vers le sud-ouest de la Roumanie, pour découvrir une
    zone touristique à part. Bordé par le Danube au sud et par les Carpates
    Méridionales au nord, le comté de Mehedinți offre un vaste éventail de loisirs
    : alpinisme, visite des grottes, rafting, concours de tir à l’arc, équitation, cyclisme.
    En parcourant le trajet entre Orșova et les Portes de Fer, on peut admirer les
    plus beaux paysages que le fleuve dévoile en territoire roumain, ainsi que de
    nombreux vestiges. Mariana Drăghian, responsable de communication de
    l’Association Pro Mehedinți de Drobeta Turnu Severin, explique « Les sites touristiques qu’aucun touriste de
    passage dans la contrée de Mehedinți ne doit rater sont au nombre de quatre. Le
    premier à mentionner est la grotte Topolnița, située à une trentaine de kilomètres
    de la ville de Drobeta-Turnu Severin. C’est la deuxième plus longue grotte de
    Roumanie et la 16e dans le monde. Elle s’étend sur 24,5 km, dont
    11 seulement ont été explorés. La grotte Topolnița a été déclarée monument de
    la nature. Elle ne peut être visitée qu’un seul jour par an, pendant quelques
    heures, lors de la Fête foraine organisée le troisième dimanche du mois d’août.
    55 éditions de cette fête ont été organisées jusqu’ici. »


    La deuxième attraction
    touristique dont nous parle Mariana Drăghian nous plonge dans le monde
    fascinant de l’histoire : « Un autre site important est la forteresse
    médiévale Severin de la ville de Drobeta Turnu Severin. Elle a été construite
    au XIIIe siècle sur les ruines de la cité de Drobeta, dans une zone
    stratégique du point de vue militaire. Grâce à sa position, la forteresse a été
    considérée au Moyen-Age comme la plus importante de la région. Des travaux de
    rénovation ont été démarrés en 2009 et, en 2015, elle a été ouverte au public. La
    forteresse accueille en été de nombreux événements culturels et artistiques,
    dont un festival médiéval. »


    Nous revenons au
    sein de la nature pour découvrir le troisième site important de la contrée. Mariana
    Drăghian nous guide « Le troisième site est le Pont de Dieu. C’est le
    plus grand pont routier naturel d’Europe. Il est situé dans la commune de Ponoarele,
    à 6 km de Baia de Aramă. Il n’y a actuellement que trois ponts naturels de ce
    genre dans le monde – les deux autres se trouvant en France et aux Etats-Unis. Avec
    une longueur de 30 mètres, une hauteur de 13 mètres, une largeur de 22 mètres
    et une ouverture de 9 mètres, le Pont de Dieu est le plus grand pont naturel de
    Roumanie et le deuxième grand pont naturel en Europe. Il s’est formé suite à
    l’effondrement d’une paroi de la grotte de Ponoare, située à proximité. »


    Extravagance ou œuvre
    d’art, le quatrième site touristique important du comté de Mehedinți est une effigie
    en pierre, la plus grande d’Europe. Mariana Drăghian explique « La statue de Décébale, le roi des Daces, nos
    ancêtres, est creusée dans la paroi rocheuse à l’endroit où la rivière Mraconia
    se jette dans le Danube. L’effigie mesure 40 mètres de haut et 25 de large. C’est la
    sculpture en pierre la plus haute d’Europe. La Statue de la Liberté des
    Etats-Unis la dépasse de 6 mètres seulement. La Statue de Décébale peut être le
    point de départ pour une promenade en canot sur le Danube, lors de laquelle on
    peut s’arrêter pour visiter les grottes de Ponicova et de Veterani, la Table de
    Trajan et le monastère de Mraconia. »


    La contrée de Mehedinți
    recèle d’autres trésors : les coutumes anciennes, ainsi que les arts et les
    métiers traditionnels. Mariana Drăghian détaille « Je conseillerais aux touristes d’aller découvrir la
    fameuse céramique de Șișești. C’est la seule localité du comté de Mehedinți à
    avoir gardé la tradition de la poterie. Les artisans de Șișești ont conservé
    des techniques remontant à l’époque des Daces. On peut aller les voir à
    l’œuvre. A Ponoarele, dans la zone montagneuse du nord de la contrée, le
    costume traditionnel est à l’honneur. Les femmes de la région travaillent
    encore à la main de tels costumes, avec les fameuses blouses roumaines
    spécifiques – de vrais chefs-d’œuvre. »


    L’Association Pro
    Mehedinți a mis en œuvre des projets par le biais de deux programmes transfrontaliers
    de collaboration – l’un avec la Bulgarie, l’autre avec la Serbie. Mariana
    Drăghian conclut « dans le cadre du programme transfrontalier
    Roumanie-Bulgarie, le projet « Six raisons pour visiter la zone
    touristique de Mehedinți – Vidin » est peut-être le plus important. Il a
    permis à 120 habitants de cette double zone touristique à apprendre, au cours
    de 6 ateliers consacrés aux métiers artisanaux, à réaliser des souvenirs en
    bois, en céramique, en toile. Quant au programme transfrontalier de collaboration
    avec la Serbie, je mentionnerais le projet « Les sept merveilles du
    monde », dans le cadre duquel ont été réalisés des films de promotion
    touristique pour chaque saison de l’année. Par le même projet, nous avons fourni
    aux touristes des informations sur les sites à visiter ainsi que sur les
    événements organisés. Des panneaux touristiques comportant des codes QR ont été
    mis en place aussi bien dans le département roumain de Mehedinți que dans la
    région serbe de Borski. Des bases de données ont également été réalisées,
    contenant des informations sur les sites touristiques et leurs coordonnées GPS.
    Un autre projet visant à préserver les traditions et à promouvoir le tourisme
    s’est concrétisé par la création d’un ensemble de 24 jeunes danseurs, pour
    mettre en valeur les danses traditionnelles de la région. »


    Toute période de
    l’année est propice à un séjour dans la contrée de Mehedinți. Si, par hasard,
    vous choisissez le mois d’août, vous aurez la chance d’assister au Festival des
    figues, de boire un petit verre d’eau-de-vie de figues et de goûter les friandises
    préparées par les femmes de la région. En soirée, vous assisterez à des
    spectacles de musique et de danses traditionnelles. (Trad. Dominique)

  • La culture de Cucuteni

    La culture de Cucuteni

    Une des plus impressionnantes cultures Néolithiques a été la culture de Cucuteni-Ariuş-Tripolia qui s’étendait entre le nord-est de la Roumanie, la République de Moldavie et l’Ukraine de sud-est. Elle a eu son nom par le village de Cucuteni où, en 1884, on a découvert les premiers vestiges archéologiques. Réputée pour sa céramique peinte superbement, la culture de Cucuteni est datée autour de 4800-4600 avant notre ère. Ses habitants, nommés aussi cucuteniens, avaient un mode de vie principalement sédentaire. Ils étaient chasseurs, agriculteurs, pêcheurs, s’occupaient de l’artisanat, de l’exploitation du sel et de sa commercialisation.

    Lăcrămioara Stratulat est la directrice du Complexe Muséal Moldova de Iaşi qui accueille le Musée d’Histoire de la Moldavie. Des pièces représentatives de la culture de Cucuteni y sont exposées. Elle nous fait une courte introduction dans cette culture célèbre dans le monde entier. Lăcrămioara Stratulat : « La culture de Cucuteni, une magnifique culture Néolithique, importante et surprenante, est la plus importante culture d’Europe. Ce n’est pas nous, les Roumains, qui le disons. C’est une culture antérieure aux grandes pyramides et à la culture mycénienne. Les plus anciens artefacts ont un âge de 6.500-7.000 ans. Ce n’est pas peu si nous considérons ce qu’elle a de remarquable, les peintures splendides dont les couleurs sont restées presque intactes. Nous avons encore beaucoup de questionnements concernant cette culture. »

    La géographie des hommes qui vivaient il y a quelques milliers d’années était toute autre, l’espace tel qu’ils se l’imaginaient diffère fondamentalement de celui que nous imaginons aujourd’hui. Dans ce sens, la signification de la culture n’était pas limitée à notre compréhension moderne du terme. Lăcrămioara Stratulat : « Comme toute culture archéologique, elle a une période de début, une de développement maximal et une période de fin. La période de début s’est déroulée dans la zone de la Moldavie et c’est ici aussi qu’elle a eu sa période de développement, dans toute la Moldavie, d’un côté et de l’autre de la rivière Prut. La dernière partie de développement de cette culture s’est déroulée du côté ukrainien. Il y a 7.000 ans il n’y avait pas de frontières, les pays et peut-être qu’il serait bénéfique, lorsque nous parlons de culture, de souligner le fait que la chose la plus importante est la valeur et non les frontières administratives d’un pays qui, néanmoins, doivent être respectés.»

    Une des colonies les plus importantes de Roumanie de la culture de Cucuteni est le village Poduri du département de Bacău, dans l’est de la Roumanie. C’est ici qu’on a découvert en 1979 un important site archéologique qui contient des habitations, des outils, des réserves de provisions, de la céramique peinte, des statuettes et un moulin. On y a trouvé des grandes réserves de céréales, 16 dépôts ont été découverts dans une seule habitation. On a découvert, à différents niveaux, des constructions en terre crue / adobe en forme de boîte avec une surface d’un mètre carré et des murs de 45 cm. Le moulin était une construction à quatre silos de forme tronconique, haute de 1.1 mètres, prévues avec un couvercle et une aération. Au moment de la découverte, ils étaient un tiers pleins avec des céréales carbonisées. Les silos étaient spécialisés, deux contenaient de l’orge et les deux autres du blé. Près des deux silos, il y avait une construction carrée où étaient rangés cinq meules, trois grandes et deux plus petites. Elles étaient fixées sur des piédestaux en argile peints en blanc. Au coin de cette construction il y avait une conduite pour évacuer les résidus de la mouture. C’est un des plus anciens moulins de l’Europe de sud-est.Néanmoins,

    Lăcrămioara Stratulat souligne que la spécificité de la culture de Cucuteni est la céramique exceptionnelle et le savoir-faire des artisans : « C’est une culture qui a occupé 360.000 km carrés, c’est un territoire absolument énorme pour l’époque. Il y a eu des phases et des sous phases de développement, mais le fil rouge, l’élément commun à toutes ces époques reste la peinture incroyable sur la céramique. En fonction de la période, nous avons des motifs méandreux, en spirale, ou des motifs géométriques. Les spécialistes ont voulu trouver des explications à ces motifs en essayant de comprendre la mentalité des habitants, mais il est très difficile pour nous de retourner dans une période si éloignée dans le temps. Ce que nous pouvons affirmer avec certitude, c’est qu’ils étaient de grands amateurs de beauté et de grands artistes, s’ils ont pu exploiter les oxydes qu’ils trouvaient dans une zone proche d’eux. La céramique était travaillée d’une manière quasi parfaite, pas tournée, mais à la main. Si on prend n’importe quel pot de Cucuteni, on peut jurer qu’il a été tourné, les maîtres de Cucuteni détenaient un savoir-faire proche de la perfection. On les appelle des artistes, ils peignaient jusqu’à la louche utilisée pour manger. »

    Les cucuteniens travaillaient, priaient, avaient une vie de famille et une vie sociale. Leur culture est la preuve de la créativité admirable de l’homme, à toute époque. Les artefacts qui nous sont parvenus en parlent d’eux-mêmes. (Trad. Elena Diaconu)

  • Fours daciques

    Fours daciques

    Conquise en 106 par l’empereur romain Trajan et connue 165 années comme la province romaine de Dacie, cette région couvrait le centre du territoire actuel de la Roumanie, situé à l’intérieur de l’arc carpatique et s’étendait vers le sud et le sud-ouest jusqu’au Danube. Nombre de territoires habités en ces temps-là par les Daces ont conservé leur liberté, tout en subissant l’influence culturelle et économique de l’Empire romain. Parmi eux, la contrée de Satu Mare, sise dans le nord de la Roumanie de nos jours. Les fouilles archéologiques ont prouvé l’existence d’intenses échanges commerciaux entre les Daces libres, l’administration romaine et les habitants de la province conquise.

    Les fours daciques de Medieşu-Aurit, qui servaient jadis à cuire la céramique, en témoignent. Ce site passe pour le plus grand centre de production d’objets en céramique de l’Europe de ces temps-là. Les premières fouilles archéologiques, menées entre 1965 et 1967, ont débouché sur la découverte de 10 fours. La reprise, en 2000, des fouilles archéologiques a permis de mettre au jour 250 autres fours de poterie. On y cuisait surtout des pots destinés à conserver les denrées alimentaires et qui dépassaient parfois 200 cm de diamètre. Les objets retrouvés, tout comme les fours de poterie, datent des IIe et IIIe siècles. Une autre caractéristique du centre de Medieşu-Aurit, c’est que la zone de production coïncidait avec celle d’habitation, à la différence d’autres sites où les ateliers étaient situés à la périphérie de l’habitat.

    L’archéologue Robert Gindele, chef du chantier des fouilles, poursuit la description du site : « L’unicité de ce site consiste en ce que l’habitat a un caractère quasi industriel, étant centré sur la fabrication de la céramique, étant donné qu’ailleurs, les fours à poterie étaient situés à la périphérie des habitats. Le site se trouve à une centaine de km de l’ancienne cité romaine de Porolissum, actuellement le village de Moigrad du comté de Sălaj. Voilà pourquoi il n’est pas exclu que ce centre de céramique ait partiellement fourni l’armée romaine aussi. A preuve, les objets que nous y avons trouvés, témoignant de la présence des troupes romaines à cet endroit. On pourrait même affirmer que l’on a affaire à un centre industriel avant la lettre. Récemment, nous avons découvert, à seulement 3 km de ces fours, un centre de réduction du minerai de fer. Bref, une intense activité industrielle était menée dans cette zone, considérée comme la plus importante dans l’Europe barbare de cette époque-là ».

    Les fouilles archéologiques ont également abouti à la découverte de plusieurs dizaines de milliers de fragments de céramique. Certains d’entre eux sont considérés par les spécialistes comme étant de véritables « indicateurs ethniques ».

    Robert Gindele précise quels sont les éléments stylistiques et non seulement qui font la différence entre les céramiques dacique et germanique: « On peut affirmer que le site était habité et que cette poterie a été produite par les Daces libres, chose importante, vu que dans la même région on a découvert des sites germaniques aussi, plus précisément vandales. Le site de Medieşu ne comporte que des vestiges daciques, à savoir de la céramique archaïque, modelée à la main, facilement reconnaissable d’après ses modèles typiques remontant au IIIe siècle. Parmi eux, la tasse et la marmite dacique, à bande alvéolée, datant des règnes de Décébale et de Burebista, donc de la période précédant la conquête romaine. Ces formes archaïques traditionnelles allaient être utilisées jusqu’au IVe siècle ».


    Une partie des fragments de céramique découverts à Medieşu-Aurit, dans le département de Satu-Mare, du nord de la Roumanie, sont exposés dans différents musées à travers le pays. Le site est partiellement ouvert aux touristes qui peuvent ainsi admirer les célèbres fours à poterie daciques et observer le travail des archéologues. (Trad. Mariana Tudose)

  • Horezu

    Horezu

    Nous vous proposons de découvrir la ville de Horezu, dans le sud de la Roumanie, qui en 2008 se voyait distinguer du titre de destination européenne d’excellence. Située au pied des Carpates, dans un paysage extraordinaire, Horezu est le lieu où la tradition, la spiritualité et la modernité coexistent en toute harmonie. Les attractions touristiques de la région sont faciles d’accès grâce à l’infrastructure moderne de la ville et de ses alentours.

    Daneila Boaghe, représentante le mairie de Horezu, nous parle de cette destination touristique d’excellence : « Horezu est une petite ville de 6.000 habitants. Capitale de la poterie roumaine, elle abrite aussi deux monuments importants classés à l’Unesco. Un d’entre eux est le monastère Hurezi, le plus grand ensemble monastique de la Roumanie. Depuis 2012, la technique céramique romaine de Horezu sont incluses dans le patrimoine immatériel UNESCO. A Horezu, comme dans le village d’Olari (le village des potiers), les touristes peuvent se rendre dans les ateliers des artisans locaux, pour assister à des démonstrations et modeler eux-mêmes différents objets de poterie qu’ils peuvent garder comme souvenir. »

    Chaque année, au début de l’été, Horezu accueillie le célèbre marché de la poterie appelé « Le coq de Hurez ». Avec une tradition de 40 ans, cet événement réunit les artisans potiers du monde entier. ”Le coq de Hurez” est une des marques locales roumaines les plus connues Celle-ci se retrouve sur la plupart des pots en céramique. Depuis la première édition du marché, à l’été 1971, l’emblème de la poterie locale s’est affirmé au niveau national.

    Pas loin de Horezu, se trouve le Musée de Trovants ou des pierres vivantes, musée fondé par un groupe d’archéologues en 1994. Les habitants de l’endroit racontent que des pierres y apparaissent après chaque pluie.

    Daniela Boaghe, représentante de la mairie de Horezu, nous parle des attractions touristiques des alentours : « Si vous vous dirigez vers Transalpina, la route la plus haute de Roumanie, n’hésitez pas à passer par Horezu. Le village de Olari, les monastères de Horezu et les alentours de la ville, la mine de sel Ocnele Mari, le Musée des Trovants de Costeşti tout cela vaut le détour. Il y a beaucoup d’attractions touristiques dans la région. J’ai eu l’occasion de parler avec plusieurs touristes étrangers lors du Salon du tourisme de Vienne. Les Autrichiens sont enchantés de la Roumanie, de la céramique traditionnelle, de nos zones de montagne. On vous attend à Horezu. C’est un coin de pays merveilleux, qui mérite d’être découvert. »

    A noter que le prix d’une nuitée en demi-pension dans un des gîtes ruraux de la région va de 12 à 34 euros, suivant le degré de confort choisi.