Tag: chaussures

  • La fabrique Guban et l’essor de l’industrie roumaine de la chaussure

    La fabrique Guban et l’essor de l’industrie roumaine de la chaussure

    Avant
    la Grande Guerre et surtout à l’entre-deux-guerres, la Roumanie a eu ses
    propres produits-vedette, produits dans des fabriques et des ateliers locaux,
    les chaussures Guban en ayant été parmi les plus connus. Le prestige de la
    marque a même résisté durant le régime communiste, ce qui a été quelque chose d’exceptionnel
    avant 1989.




    Marius Cornea,
    muséographe au Musée du Banat de Timişoara, raconte l’histoire des chaussures
    et de la crème de cirage de la marque roumaine Guban : « Guban est une marque née du nom de Blaziu Guban, né en
    1904, dans un village du comté de Bihor, dans l’Empire austro-hongrois. Il
    était un enfant pauvre, adopté par une famille de la ville d’Oradea ; il
    avait arrêté d’aller à l’école avant le collège, il avait travaillé dans une
    porcherie et ensuite dans une fabrique de chaussures, à Oradea. C’est dans
    cette fabrique qu’il se passionne pour le mélange des substances et des
    matériaux. Blaziu Guban a inventé la crème de cirage Guban en 1935, lorsqu’il
    habitait déjà à Timişoara. En 1932, le directeur d’une fabrique de chaussures
    de cette ville avait invité le jeune Blaziu Guban à se joindre à son équipe.
    1935 est donc l’année décisive pour la naissance de la marque Guban, mais ce
    fut à peine en 1937 que lui et deux autres associés allaient enregistrer, au
    Registre du commerce, la marque Guban sous le nom des Usines chimiques Guban
    Timișoara. La crème de cirage garantissait l’entretien quotidien et une longue
    vie des chaussures en cuir. Il faut savoir que, pour faire connaître son
    produit, Blaziu Guban demande à une fabrique de Timișoara de lui livrer des
    boîtes en métal, avec son nom gravé dessus, des boîtes de crèmes de cirage
    qu’il offre aux autres salariés, aux amis ou à des connaissances, qui en ont
    fait la publicité. »






    Les générations de l’après-guerre
    ont aussi beaucoup apprécié les souliers fabriqués par la marque de Timişoara,
    aussi bien confortables qu’élégants, une association plutôt rare durant la
    dictature.






    Marius
    Cornea ajoute des détail : « Certes, la Roumanie connaît la marque Guban principalement
    pour la production de grosse série. Mais l’histoire de la fabrication ne
    commence qu’en 1959. Au moment de la nationalisation des fabriques et des
    autres entreprises en Roumanie, en 1948, Blaziu a été le seul patron de
    l’ancien régime à avoir réussi, grâce à une relation directe avec Gheorghe
    Gheorghiu-Dej, le leader communiste de l’époque, à garder sa fabrique jusqu’en
    1952, quand il est obligé à céder à l’Etat l’entreprise et la marque. Il
    obtient en échange la promesse de rester à vie à la tête de la fabrique, ce qui
    est une immense exception dans l’histoire des fabriques roumaines de ces
    temps-là. Il en sera donc le directeur jusqu’à son décès en 1978. »






    C’est en 1959 que la fabrique de Timişoara produit les premiers
    souliers, qui alliaient design élégant et confort et qui lance aussi le cuir
    synthétique, imitation de peau de crocodile et de serpent, inventé par le fils
    de Blaziu, Tiberiu. Ces souliers s’attirent rapidement l’appréciation non
    seulement des Roumains lambda, mais aussi des vedettes internationales, raconte
    le muséographe Marius Cornea : « Il y a eu une politique de marketing. Même
    Nicolae et Elena Ceaușescu ont souvent préféré la fabrique Guban de Timișoara.
    D’ailleurs, Elena Ceaușescu était bien connue pour sa passion pour les souliers
    Guban couleur cognac ou vert, crème ou rose. La forme de montage pour les
    souliers d’Elena Ceaușescu faisait partie d’une exposition permanente au Bastion
    Maria Terezia de Timișoara, une exposition de présentation de toutes les
    marques locales et ouverte aux délégations officielles dans les années 1970-80.
    On pouvait y voir aussi les formes de montage pour les chaussures commandées
    par des actrices célèbres, comme Sophia Loren et Gina Lollobrigida ou encore
    celles des souliers de Gheorghe Gheorghiu-Dej et du poète Tudor Arghezi. »







    Après 1989, la fabrique Guban de Timişoara, tout comme une grande
    partie de l’industrie roumaine, a dû se réinventer, sans pour autant oublier
    l’originalité de Blaziu Guban. (Trad. lleana Taroi)

  • Chaussures anti-Covid 19

    Chaussures anti-Covid 19

    L’humanité a
    apporté, ces derniers temps, toute sorte de réponses à la crise provoquée par
    la pandémie de Covid-19. Pour un cordonnier créatif, la pandémie a été une
    occasion de lancer la chaussure parfaite pour les temps que nous vivions.
    Depuis son atelier de Cluj-Napoca (nord-ouest), Grigore Lup raconte comment il
    a créé des chaussures pour respecter la distanciation sociale : « L’idée m’est venue après
    l’institution de l’état d’urgence. Tout d’un coup, l’activité de notre atelier a
    été bloquée ; plus personne ne franchissait le seuil de notre boutique.
    Alors les ouvriers – une dizaine – ont été mis en chômage technique. Moi, je me
    rendais de temps à autre à l’atelier et un jour je me suis rappelé qu’il y a
    quelques années, j’avais travaillé des chaussures en cuir à pointe allongée,
    pour le théâtre. Et comme j’avais vu à la télé que la distanciation sociale,
    bien que fortement recommandée, n’était pas respectée, je me suis dit : je
    vais faire trois paires de chaussures et les poster sur ma page Facebook, pour plaisanter,
    et puis on verra bien. J’ai donc posté les chaussures, que j’ai appelées chaussures pour respecter la distanciation sociale. »


    Nous avons
    invité Grigore Lup à nous expliquer comment il fabrique ces chaussures : « Elles sont un peu difficiles à
    travailler, il faut un patron spécial, les tailler manuellement, ensuite les river,
    les coudre à la machine, achever les claques ; ensuite il faut un
    embauchoir, pour les allonger. Pour vous donner un exemple : le joueur
    roumain de basket Ghiţă Mureşan mesurait 2,31 m. C’était le plus grand joueur de
    la NBA. Sa pointure était 53. Imaginez, par comparaison, les chaussures taille 75
    que j’ai conçues. Elles sont très, très grandes, ces chaussures, et tout est
    travaillé à la main. Et on doit utiliser des matériaux légers, pour qu’elles
    puissent être portées. »


    Bien qu’âgé de
    55 ans seulement, Grigore Lup fabrique des chaussures depuis 39 ans. Il a commencé
    quand il avait 16 ans. Né dans une famille qui comptait 8 enfants, il n’a pas
    pu continuer ses études et il est allé apprendre un métier. Après 3 mois – au
    lieu des 6 que durait normalement l’apprentissage pour devenir cordonnier -
    Grigore Lup réalisait sa première paire de chaussures. Depuis, il n’a refusé
    aucune commande – nous a-t-il confessé. Combien de temps lui faut-il pour
    réaliser une paire de ces chaussures géantes ? « Ça prend
    deux jours, car, après les avoir placées sur l’embauchoir manuel, on doit les enduire
    de toute sorte de solutions et les laisser sécher. A présent, que les ouvriers
    sont revenus à l’atelier, je pourrais en travailler plusieurs en même temps.
    J’ai beaucoup d’idées. »


    Grigore Lup est
    fier d’avoir réalisé, au fil du temps, des chaussures pour des chanteurs très
    connus de musique traditionnelle du pays, pour des ensembles de musique
    traditionnelle, ainsi que des chaussures traditionnelles roumaines, une sorte
    de sabots en cuir appelés « opinci », pour les étrangers qui viennent
    à Cluj apprendre les danses folkloriques roumaines. Pourtant, une fois mises en
    ligne sur un réseau de socialisation, les chaussures pour respecter la
    distanciation sociale ont fait le buzz sur la toile, valant à Grigore Lup une
    notoriété mondiale : « Avec mes chaussures, je suis
    arrivé là où je n’aurais jamais pensé pouvoir arriver ! Je vous raconterai
    une petite anecdote : il y a cent ans, mon grand-père est parti aux
    Etats-Unis avec plusieurs autres paysans transylvains, pour gagner de
    l’argent ; revenu au village, il achetait des terrains. Et voilà qu’après
    tant d’années, l’histoire de mes chaussures est arrivée, elle aussi, dans le
    New York Times, aux Etats-Unis. Et, par l’intermédiaire de plusieurs agences
    qui m’ont promu dans le monde entier, je reçois des appels du Canada,
    d’Australie, des Etats-Unis, où j’ai d’ailleurs des petits-fils, de Russie,
    d’Allemagne. Le quotidien espagnol « El Mundo », qui est un journal
    très important, ainsi que «The Telegraph » ont parlé de moi. La dernière
    agence à m’avoir contacté est la plus grande d’Amérique du Sud et mes
    chaussures ont commencé à être distribuées en Argentine et au Brésil. C’est incroyable
    ! »


    Et, évidemment,
    après tant de publicité, au grand amusement du créateur de ces chaussures, des
    commandes sont arrivées de Roumanie aussi, ainsi que du Canada et du
    Royaume-Uni. Puisque le masque est déjà un accessoire obligatoire, pourquoi les
    « chaussures pour faire respecter distanciation sociale » ne
    deviendraient-elles pas, elles aussi, à la mode ? (Trad. Dominique)



  • A la Une de la presse roumaine 30.08.2018

    A la Une de la presse roumaine 30.08.2018

    Aujourd’hui la presse roumaine parle
    de phénomènes sociaux et d’agriculture. Les touristes roumains évitent les
    restaurants du littoral, la migration des Roumains gagne en ampleur. En
    revanche, l’agriculture se porte plutôt bien.

  • L’industrie roumaine de la chaussure.

    L’industrie roumaine de la chaussure.

    En 2013 les exportations de chaussures de Roumanie ont excédé le seuil de 2 milliards d’euros, un quart de plus que l’année précédente. Selon les représentants des patronats du domaine, SFERA FACTOR, cette hausse est d’autant plus importante qu’elle a été réalisée après une étape de forte baisse.



    Angela Vasiliu Dumitriu, présidente du patronat SFERA FACTOR qui réunit 70% de la production de chaussures de Roumanie et 90% des exportations dit que : « Ceci est spécifique pour notre industrie, je pense, que les exportations sont fondées sur deux branches importantes. L’une, c’est le produit en système lohn, ce qui veut dire la manufacture réalisée par les grandes fabriques privées ou ex-fabriques d’Etat de Roumanie qui sont actuellement des sociétés par actions tandis que la deuxième est celle des producteurs moins grands dont les exportations se font directement par collection de profile. Les deux catégories ont enregistré une hausse. Ceux qui font la manufacture reçoivent du travail d’autres firmes, des sociétés d’envergure et de fameux labels de l’étranger. Ils ont bénéficié du fait que ces firmes d’envergure, après avoir déserté le zone d’Asie dans les années précédentes, sont revenues en Europe. La Roumanie est une destination favorite de ce point de vue et a de nouveau accru le niveau des travaux en Roumanie et, respectivement, l’exportation que la Roumanie dirige ensuite vers les pays d’origine de ces labels. »



    Quelles seraient les raisons du retour de ces labels pour produire en Roumanie ? Angela Vasiliu Dumitriu : « La main d’œuvre n’est pas moins chère mais selon les expériences que nous avons rencontré en Chine, au Vietnam, en Inde qui les y a conduit selon le critère de main d’oeuvre moins chère, on a constaté qu’il y a eu des dépenses supplémentaires, que la qualité d’Europe est meilleure à laquelle s’ajoutent le long temps nécessaire pour le transport aller-retour. La Roumanie a ses propres atouts en faveur de ses propres exportations de ce point de vue qui sont : le peu de temps de transport en Europe, l’absence des barrières douanières, la flexibilité de la production venue de la main d’œuvre qualifiée de Roumanie, le tout faisant de notre pays, aux côtés du Portugal, un des plus grands manufacturiers du continent. Le problème qui se pose à l’échelon européen est que la production doit être conservée en Europe, que le savoir faire doit demeurer en Europe et l’on ne tient pas compte tellement si c’est au Portugal, en Espagne ou en Roumanie ou en Italie. Ce qui est important c’est de demeurer en Europe. »



    Le système lohn représente aujourd’hui moins de 60% des exportations dans les circonstances où, il n’y a pas longtemps, la Roumanie était absente au niveau des marchés extérieurs à travers ses propres labels.



    Angela Vasiliu Dimitriu détaille pour Radio Roumanie la structure des exportations qui se font surtout vers l’Europe mais, également, vers la Chine, le Japon, la Nouvelle Zélande et l’Australie : « Une partie des exportations a lieu en régime de manufacture sous des labels étrangers, en partie ou intégralement, étant en général des semi-fabriqués exportés sous les labels étrangers ou sous la label « Made in Romania ». En ce qui concerne le label d’origine, on parle de labels fameux tels GUCCI, PRADA, ou des sociétés de chaussures de masse produites en Roumanie qui ont leurs propres collections et qui vendent des produits ayant une TVA importante. C’est leur propre produit, la collection est propre et le profit est important. »



    En ce qui concerne la matière première, celle-ci vient surtout des sociétés italiennes, espagnoles et turques. La peau pour les chaussures vient également de Roumanie mais en moindre quantité car il n’y a pas assez de tanneries.



    Nous avons demandé à Mme Angela Vasiliu Dimitriu de nous faire part de son estimation à l’égard des exportations pendant les années suivantes : « Je suis persuadée que nous allons excéder les trois milliards, peu-être non pas l’année prochaine, mais dans les années suivantes surtout que, je pense, les firmes qui déjà exportent représentent un noyau et un exemple pour d’autres sociétés roumaines qui sont plus pessimistes ou qui ne sont pas assez organisées pour faire leur offre à l’exportation. »



    A mentionner que le marché intérieur des chaussures n’a pas une grande capacité d’absorption pour ce qui est des produits à grande valeur ajoutée de sorte qu’on importe massivement, surtout des pays d’Asie, des chaussures moins chères mais de moins bonne qualité. (trad. Costin Grigore)