Tag: chevaliers teutoniques

  • La citadelle de Feldioara

    La citadelle de Feldioara

    Aujourd’hui nous nous trouvons au centre de la Roumanie, dans le département de Braşov, où nous vous invitons à visiter Cetatea / la Citadelle de Feldioara, qui se dresse dans la commune homonyme. Construite au XIIIème siècle, la citadelle de Feldioara était la plus importante fortification réalisée par les chevaliers teutoniques en Transylvanie. Monument classé, mais dans un état de forte dégradation, elle a été complètement restaurée après 2013.

     

    Une citadelle construite par les chevaliers teutoniques 

     

    Georgiana Gămălie, administratrice de la Citadelle de Feldioara, nous a lancé une invitation:

    « Ça vaut le coup de découvrir une citadelle qui était en ruines il y a une dizaine ou douzaine d’années et qui renait pratiquement telle qu’elle était au XVIIème siècle. Son histoire remonte loin dans le temps, puisque les fouilles archéologiques effectuées pendant les travaux de restauration ont mis en évidence des traces d’habitations depuis le Néolithique, l’époque dace et jusqu’à la période médiévale, lorsque les colons saxons arrivent dans la région. Présents eux-aussi dans la zone durant quatorze ans, au début du XIIIème siècle, les chevaliers teutoniques ont baptisé notre commune Marienburg, un nom que la communauté saxonne continue à employer de nos jours. Ce nom se traduit par la Ville de Marie, car la Sainte Vierge était la protectrice des chevaliers teutoniques. Nous avons donc ici un monument historique, mais aussi un espace vivant, dont le contenu culturel d’une grande valeur est apprécié aussi bien par les gens des lieux que par les visiteurs. La belle saison nous permet d’organiser de très nombreux événements, tels qu’un festival médiéval, des festivals du film avec des projections sur le grand mur de la citadelle, ou encore des concerts de musique classique. En bas de la citadelle, vous allez trouver une zone de parking, pour y laisser vos voitures avant d’emprunter à pied le petit chemin pavé qui mène à l’enceinte. Là, dans un périmètre ouvert, vous allez voir des morceaux de murailles de l’église et du monastère cistercien. Trois tours érigées au nord, à l’est et à l’ouest, accueillent des expositions d’histoire, d’archéologie et d’ethnographie, les objets exposés étant donnés par des habitants roumains et saxons de la région. La petite Tour du Nord abrite aussi des modules interactifs que nous devons à un projet intitulé  « La capsule de culture » mis en œuvre il y a quelques années par l’association Forum de Brașov. »

     

    Des expositions à l’intérieur de la citadelle

     

    Georgiana Gămălie a aussi ajouté:  « La cour de la citadelle accueille actuellement une très belle exposition de céramique, « Toucher la mémoire », proposé par un artiste connu, Vlad Basarab. C’est une exposition spéciale, selon nous, car l’artiste a réussi à se connecter à l’histoire des lieux et à l’actualité de la citadelle. L’auteur exprime son propre message lié à la mémoire et au livre. Les visiteurs malvoyants peuvent toucher les objets exposés et se verront proposer des ateliers de modelage au début du mois de septembre. »

     

    Les événements accueillis par Feldioara

     

    L’événement « Les Chevaliers teutoniques sont de retour à la citadelle de Feldioara / Cavalerii Teutoni se întorc în cetatea Feldioara » est arrivé à sa douzième édition et le mois de septembre y apportera les concerts organisés dans des églises fortifiées du Pays de Bârsa. Sachez aussi que l’appli « România atractivă » fonctionne aussi comme un audio-guide en plusieurs langues et présente en réalité virtuelle l’ancien monastère cistercien. La citadelle Feldioara y est trouvable sur la Route des citadelles fortifiées / Ruta Cetăţilor Fortificate. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

    Les chevaliers teutoniques dans l’histoire du Moyen Âge roumain

    Les ordres militaires du Moyen Âge ont tous été fondés pour la protection armée de la religion, pour répandre le christianisme, ou encore pour défendre ou reconquérir des territoires occupés par les musulmans. Les chevaliers de Malte, les Templiers, les Hospitaliers ont marqué de leur empreinte l’histoire de leur époque. Quant à l’ordre des Chevaliers teutoniques, il descend jusqu’aux Carpates dans le cadre de la stratégie d’expansion menée par l’Occident dans la région. En effet, le roi de Hongrie, André II, tentait de fortifier la frontière de son royaume, située aux Carpates, et d’étendre l’influence du catholicisme jusqu’aux confins de ses terres. A la fois austères et guerriers, originaires de l’espace germanique, les Teutons se faisaient forts de convertir au catholicisme les peuples migratoires de passage, mais également les communautés chrétiennes orthodoxes de souche, dans une tentative de réunifier le christianisme sous la bannière du pape. Les armoiries de l’ordre combinaient la pureté du blanc du bouclier, symbolisant la pureté de la croyance, au noir de la croix, symbole du sacrifice suprême dans la défense du christianisme.

    C’est en 1211 que les premiers chevaliers teutoniques arrivent pour s’y établir aux abords des Carapates et dans la région du sud-est de la Transylvanie, dans l’actuel département de Vrancea.

    L’académicien Ioan Aurel Pop, professeur d’histoire médiévale à l’Université Babeş-Bolyai de Cluj, rend hommage au rôle civilisateur des Chevaliers teutoniques dans l’espace roumain : « Ils étaient des bâtisseurs, et les documents qui sont parvenus jusqu’à nous font état d’un château fort, plutôt impressionnant, Croixbourg, qui avait été érigé par l’ordre. Ils ont élevé par ailleurs bien d’autres châteaux forts, y compris au-delà des frontières du roi magyar, dans une région qu’ils avaient appelée « ultra montes nivium », c’est-à-dire au-delà des monts enneigés. C’est ce qui les avait finalement mis en porte-à-faux à l’égard du roi hongrois André II, qui ne menait pas des desseins expansionnistes, à la différence du Vatican, qui rêvait de pouvoir établir, par l’entremise de l’ordre, une tête de pont dans la région. Mais les données dont l’on dispose sont assez pauvres. A l’époque, les chancelleries n’existaient pas encore. La Transylvanie venait tout juste d’être fondée, en tant que voïvodat, au sein de la couronne hongroise. Puis, au-delà des monts enneigés, au-delà des Carpates, il n’y avait pas d’Etats constitués à proprement parler. Alors, les sources historiques sur le passage des chevaliers teutoniques dans notre pays sont peu nombreuses, et il s’agit surtout de sources étrangères. »

    Les documents du Vatican sont, eux, plus fournis. Ils racontent l’arrivée des chevaliers au pays de Bârsa, où ils rencontrent une population autochtone mixte, formée de Roumains, de Slaves et de Petchenègues. Pour pouvoir subvenir à ses besoins, l’ordre avait reçu le privilège d’exploiter les mines d’or et d’argent situées en Transylvanie. Au pays de Barsa, ils ont vite érigé des châteaux-forts, construits en bois, tels ceux de Feldioara, Cetatea Neagră, Cetatea Crucii. Ils ont aussi fait venir des agriculteurs et des artisans d’origine allemande, qui s’y sont établis, et qui ont eu un rôle extrêmement important dans le développement des villes transylvaines, notamment de Feldioara, Brașov, Codlea, Râșnov et Prejmer. Mais l’ordre, qui agissait sous l’autorité directe du pape, commençait à faire de l’ombre à l’autorité de la couronne hongroise en Transylvanie. En effet, après avoir battu les Coumans dans le sud-est de la Transylvanie, les chevaliers teutoniques ont mis la région sous l’autorité directe du Vatican, en défiant par cela le roi magyar. Et c’est ainsi qu’en 1225, le roi de Hongrie a chassé l’ordre des Chevaliers teutoniques du pays de Bârsa. Ils iront alors s’établir dans le nord-est de l’actuelle Pologne.

    Mais faire partie d’une telle congrégation d’élite ne devait pas être à la portée de tout un chacun. Ioan Aurel Pop détaille les conditions que devait remplir tout candidat désireux de rejoindre ses rangs : « Il fallait tout d’abord observer les règles de la vie monacale : le vœux de chasteté et la prière notamment. Mais il fallait aussi être chevalier, avoir ces qualités militaires indispensables aux membres des ordres religieux médiévaux. Car leur vocation était de lutter l’arme à la main pour défendre et répandre la croyance. Les candidats étaient souvent fils de nobles, et l’entrée dans un tel ordre était perçue comme une entrée dans un corps d’élite, servant des idéaux de la plus haute importance, telle la christianisation des populations autochtones. L’homme médiéval ne pouvait concevoir la vie hors la croyance et l’église. Prenez les excommunications. Elles prenaient des dimensions énormes et avaient des conséquences funestes, décomposant et désorganisant des sociétés entières. Ceux qui avaient le privilège de se mettre sous l’autorité directe de l’église constituaient l’élite de la société médiévale. Et la crème des crèmes était composée par ces membres des ordres chevaleresques. Ils devaient faire preuve de qualités hors du commun et observer une hiérarchie stricte, avec des accents particuliers. »

    Les ordres monastiques médiévaux, souvent dotés d’un caractère ethnique, ont par ailleurs aidé à l’émergence des futures identités nationales. Ioan Aurel Pop : « Cette composante ethnique était réelle. L’ordre des Chevaliers teutoniques était principalement constitué d’Allemands, alors que l’ordre Templier était rejoint par les Français. Les Templiers ont d’ailleurs été décimés suite au conflit qu’ils ont eu avec le roi de France, Philippe IV le Beau, qui a scellé le destin de l’ordre. Cette composante ethnique revêtira avec le temps un caractère national. Et c’est ainsi que l’on voit à la Renaissance les chevaliers teutoniques se mettre au service du Saint empire et lutter, par exemple, contre les Polonais, eux aussi catholiques. »

    Et, d’ailleurs, après avoir quitté les terres transylvaines, les chevaliers teutoniques refont encore une brève apparition dans l’histoire des principautés roumaines en 1410, lorsque le voïvode de Moldavie, Alexandre le Bon, rejoint l’alliance militaire polono-lituanienne, pour envoyer un corps expéditionnaire croiser le fer contre les chevaliers teutoniques, lors de la bataille de Marienbourg. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • La Citadelle de Feldioara

    La Citadelle de Feldioara

    Aujourd’hui,
    on va se pencher sur une reconstitution archéologique et architecturale
    remarquable, celle de la citadelle de Feldioara. Le nom de cette citadelle,
    située au département de Braşov, au centre du pays, dérive du hongrois Föld-Vár,
    mot à mot « citadelle de terre ». Le nom saxon, Marienburg, signifie
    la ville de Marie (la Sainte Vierge), qui était en outre la patronne de l’Ordre
    des Chevaliers teutoniques. Car c’est bien cet ordre monastique et militaire
    qui a érigé, en 1211, la Citadelle de Feldioara. Détruite par les Mongols
    trente ans plus tard, en 1241, elle sera reconstruite par la communauté saxonne,
    établie entre temps dans la région. Ce n’est qu’à l’époque communiste que la Citadelle,
    laissée à l’abandon, allait s’écrouler. Les visiteurs d’aujourd’hui verront
    pourtant une Citadelle flambant neuve. Depuis les tours et jusqu’aux murs
    d’enceinte, en passant par le célèbre rempart Zwinger, tout a été rebâti, avec
    le souci de respecter les plans d’origine dans le détail. Les fortifications
    teutoniques initiales furent entièrement conservées, alors que les ruines de la
    chapelle et de l’abbaye cistercienne initiales, situées dans la cour
    intérieure, furent mises en valeur.


    Reconstruits furent
    encore le puit d’une profondeur de pas moins de 70 mètres et un belvédère s’érigeant
    dorénavant avantageusement sur les remparts, permettant une vue imprenable sur
    l’immémorial pays de Bârsa, nom traditionnel de la région entourant la
    citadelle. A l’intérieur, les visiteurs pourront passer de l’exposition
    permanente, intitulée « Traces archéologiques des anciens habitants de
    Feldioara », à l’exposition temporaire, « Les Armindeni, fêtes et
    traditions ». Georgiana Gămălie, chargée de l’organisation d’événements à
    l’actuelle citadelle de Feldioara, nous amène sur les traces des anciens chevaliers
    teutoniques :« Au bout de cinq ans de travaux, la Citadelle
    de Feldioara s’est remise à vivre. Elle a retrouvé son apparence du XVIe siècle,
    les informations archéologiques et les documents dont on disposait nous
    permettant une reconstitution fidèle. Elle est très belle. Regardez ses trois
    tours, chacune abritant une exposition différente. Parce que nous essayons de
    faire parler ces objets d’antan, ces témoins du passé, depuis les morceaux de
    poterie retrouvés à l’occasion des fouilles, et qui couvrent une période étendue
    jusqu’au néolithique, jusqu’aux vases daces ou de l’époque médiévale. Puis,
    dans une des tours, l’on a réussi à ramasser des artefacts plus récents, des
    objets du quotidien, de l’artisanat local, des pièces que nous ont données ou
    prêtées les habitants du coin, un merveilleux exemple de la perfection artistique
    que ces artisans ont réussi à maîtriser.
    »


    La Citadelle de Feldioara ambitionne de devenir aussi un haut lieu de la
    culture vivante. Georgiana Gămălie explique:« Nous voulons faire vivre ce lieu,
    pour qu’il devienne une véritable carte de visite pour toute la région. Les 8
    et 9 septembre prochain, nous lancerons le festival « Les chevaliers
    teutoniques sont de retour à la Citadelle
    ». Il y aura, à l’occasion, des reconstitutions
    de joutes et de tournois des chevaliers teutoniques, le tout agrémenté de
    musique médiévale. Les échoppes des artisans locaux mettront à l’honneur les techniques
    de leurs ancêtres. Quant aux enfants, nous n’allons pas les oublier, et ils
    pourront s’adonner à cœur joie au théâtre de marionnettes, à thématique
    médiévale forcément. Bref, ce lieu retrouvera beaucoup de sa splendeur et de
    son air d’antan, je vous assure.
    »

    Passez
    donc vite à vos agendas et programmez un voyage à Feldioara. (Trad.
    Ionut Jugureanu)