Tag: cinéma roumain

  • Le gala du film roumain

    Le gala du film roumain

    Le film roumain était à
    l’honneur mardi soir à Bucarest à l’occasion de la 16e édition du
    Gala des prix Gopo, soit l’évènement consacré au cinéma roumain le plus
    important de Roumanie. Pas moins de 19 long-métrages lancés dans les cinémas ou
    sur les plateformes en ligne ont été nominés cette année dans le cadre de 20
    catégories.








    Le grand prix a été attribué au
    film « Bad Luck Banging or Loony Porn » du réalisateur Radu Jude. La
    production a décroché le Trophée du meilleur long-métrage, ainsi que plusieurs
    prix dans les compétions de la meilleure actrice dans un rôle principal pour
    Catia Pascariu et du meilleur montage pour Cătălin Cristuţiu. Le film, qui analyse les rapports
    entre l’individu et la société, a comme point de départ les conséquences qu’un
    clip pornographique d’amateurs posté sur un site spécialisé peut avoir sur la
    vie d’un des protagonistes, une enseignante de collège. La production qui a
    reçu de très bonnes chroniques a remporté l’année dernière l’Ours d’or du
    meilleur film au festival international de Berlin. « Bad Luck Banging or Loony
    Porn » a également été la proposition de la Roumanie aux Oscars 2022.






    Et pourtant, le plus grand
    nombre de prix et de statues Gopo, cinq au total – a été décroché par le film
    du cinéaste roumain Cristi Puiu, « Malmkrog » pour la réalisation,
    l’image, les décors, les costumes, le maquillage et les coiffures. Le sixième
    long-métrage de Cristi Puiu a bénéficié d’un grand succès international étant
    récompensé du prix de la réalisation il y a deux ans au Festival du film de
    Berlin, où a eu lieu aussi sa première mondiale. L’action du film a lieu en
    1900 dans le manoir d’une famille d’aristocrates, où plusieurs invités fêtent
    Noël. Le scénario est inspiré du volume « Trois entretiens » du
    philosophe russe Vladimir Soloviov (1853-1900).






    Lors du même gala, le
    meilleur acteur dans un rôle principal a été désigné Bogdan Farcaş, pour son
    rôle de « Neidentificat », un film qui s’est adjugé le prix du
    scénario. Le prix pour l’ensemble de l’activité a été décerné aux comédiens Mariana
    Mihuţ et Victor Rebengiuc.






    A la fin de l’évènement, le
    réalisateur Tudor Giurgiu, initiateur et organisateur des Galas Gopo, a affirmé
    que parmi de bon films, voire de très bon films aucune production n’était
    favorite. L’édition de cette année du Gala des prix Gopo a été placée sous le
    signe de la solidarité puisque les spectateurs et les cinéphiles du monde ont
    été invités à participer à la campagne « Unis par le film », censée soutenir
    les professionnels de l’industrie ukrainienne du film, avec l’aide de la
    coalition internationale pour les cinéastes en situation à risque.

  • Making Waves-  le festival du cinéma roumain le plus durable, en terre américaine

    Making Waves- le festival du cinéma roumain le plus durable, en terre américaine

    Le festival Making
    Waves est l’événement consacré au cinéma roumain le plus durable, en terre
    américaine. La 15-e édition, déroulée entièrement en ligne, du 18 au 24 février
    dernier, a proposé une sélection des films roumains les plus récents. L’équipe
    en charge de l’organisation du festival, devenu traditionnel à New York, s’appuie
    sur le trio Corina Șuteu – Mihai Chirilov – Oana Radu, qui a lancé et géré cet
    événement depuis 2006. Et c’est Mihai Chirilov, directeur artistique de Making Waves, qui explique le travail
    des organisateurs de cette année. « Pour cette édition, il a fallu redessiner
    le festival. Chaque année, Making Waves invitait des réalisateurs et des
    acteurs, qui dialoguaient avec le public après la projection des films. Cette
    année, l’événement a eu des dimensions comparables aux éditions antérieures,
    avec, à l’affiche, sept longs-métrages et six courts-métrages roumains.
    L’avantage des projections en ligne vient du fait que les films ont pu être
    regardés à New York, bien-sûr, et partout aux Etats-Unis. D’ailleurs, nos
    partenaires traditionnels de Jacob Burns Film Center nous disaient à quel point
    le grand nombre de visualisations les avait surpris. Cette année, le festival a
    fonctionné sur la base d’un abonnement valable pour toutes les projections, et
    nous avons été très contents du grand nombre de spectateurs de cette édition. Le
    Festival a réussi à fidéliser son public, notamment à New York, composé
    d’amateurs américains de cinéma roumain et de membres de la diaspora roumaine,
    désireux de regarder les productions les plus récentes. La clé du succès est
    dans la continuité. Making Waves a traversé des turbulences, il a dû à un
    moment donné faire des choix, devenir entièrement indépendant et s’appuyer sur
    des dons. Or, les dons ont réussi à fidéliser un public américain que nous
    avons aidé à grandir et qui veut rencontrer le festival. Cette ouverture
    géographique aux Etats-Unis a été bénéfique, car, avant cette édition, Making
    Waves avait lieu dans des espaces de projection très connus de New York. Seulement
    en 2019, lors des trente ans depuis la Révolution de 1989, nous avions proposé
    une sélection de 30 films – repères de ces trois décennies, dans un programme
    itinérant, à travers plusieurs villes américaines. »
    , a détaillé Mihai Chirilov.


    Malmkrog de Cristi Puiu, Urma
    (La trace) de Dorian Boguţă, Campania
    (La campagne) de Marian Crişan, Ivana
    cea teribilă (Ivana la Terrible) de
    Ivana Mladenovic, Casa cu păpuşi (La
    Maison des poupées) de Tudor Platon, Acasă
    – My Home de Radu Ciorniciuc și L’Affaire
    Colectiv de Alexander Nanau – voilà les longs-métrages projetés dans le
    cadre de l’édition 2021 du Festival Making
    Waves. « Ce fut une excellente année pour le film documentaire
    roumain, notamment social. L’Affaire Colectiv
    et Acasă – My Home ont bénéficié d’un
    accueil international impressionnant, ce qui leur a valu d’ouvrir et
    respectivement de clôturer cette édition de Making
    Waves. Entre ces deux pages de couverture, le nouvel opus de Cristi Puiu, Malmkrog, revient en terre virtuelle
    américaine, après sa première projection, en ligne, à l’édition 2020 du Festival
    du Film de New York, pour agiter davantage les esprits. », écrivait le
    critique de cinéma Mihai Chirilov, directeur artistique de Making Waves.


    Le documentaire « L’Affaire
    colectiv », du réalisateur Alexander Nanau, est considéré par la
    presse internationale comme un des meilleurs films sur le journalisme jamais
    réalisés. Selon la revue Rolling Stone, il
    est le meilleur film de2020, tandis
    que Time Magazine le place sur la
    deuxième position des meilleurs documentaires de l’année dernière. Pour IndieWire, c’est un des meilleurs films
    sur le journalisme jamais réalisés dans le monde. The New York Times, Variety
    ou bien The Guardian lui ont
    également consacré des chroniques très positives. Mihai
    Chirilov, directeur artistique de Making
    Waves, explique le choix des organisateurs de l’édition 2021 de Making Waves : « Chaque année, dans la sélection des films, nous essayons de
    mettre ensemble des films et des réalisateurs déjà connus dans l’espace
    américains avec des titres et des noms nouveaux. C’est ce que nous avons donc
    fait aussi cette année. Certes, le choix du documentaire « L’Affaire
    Colectiv », d’Alexander Nanau, pour ouvrir le festival, c’était une
    évidence. C’était la production la plus retentissante, également aux
    Etats-Unis, où les chroniques lui ont été particulièrement favorables déjà en 2019,
    après la première au festival de Toronto. Evidemment, à cause de la pandémie,
    le film a eu un parcours inégal, mais elle ne lui pas entamé ni la réputation
    ni l’impact. La preuve – cette course sans obstacles aux nominations aux Oscars.
    Il nous a donc semblé normal d’honorer le statut du film en Amérique et de le
    programmer en ouverture du festival. Nous avons aussi espéré que Making Waves booste
    la visibilité du film, à l’approche de la décision finale de l’Académie
    américaine du cinéma. »
    ,affirme-t-il.


    Afin de préserver l’esprit du festival, les organisateurs
    ont également offert au public abonné plusieurs interviews inédites avec
    l’actrice Irina Rădulescu et les réalisateurs Marian Crișan, Tudor Platon et
    Ivana Mladenović. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • 20.02.2020

    20.02.2020

    Conseil Européen – Le président roumain Klaus Iohannis participe ce jeudi, à Bruxelles, à la réunion extraordinaire du Conseil européen. Le principal sujet de la réunion vise le cadre financier pluriannuel de l’UE pour la période 2021 – 2027. Selon un communiqué de l’Administration présidentielle de Bucarest, Klaus Iohannis y plaidera pour un financement approprié de la politique de cohésion et de la Politique agricole commune, soulignant que la Roumanie doit bénéficier d’allocations substantielles pour ces deux politiques, comme instruments censés réduire les décalages en termes de développement entre les Etats membres. Le chef de l’Etat roumain soulignera aussi l’importance d’assurer des conditions de mise en place flexibles et simplifiées, censées permettre aux bénéficiaires un accès plus facile aux fonds européens. Par ailleurs, les déclarations de mercredi de plusieurs dignitaires européens laissent entendre que les négociations sur le futur budget pluriannuel de l’Union européenne, le premier après le Brexit, seront dures et compliquées.

    Procureurs – Le président roumain Klaus Iohannis a signé jeudi les décrets de nomination des procureurs en chef du Parquet de la Haute Cour de Cassation et de Justice, de la Direction nationale anticorruption (DNA) et de la Direction d’investigation des infractions de crime organisé et de terrorisme. Pendant les 3 années à venir donc, Mme Gabriela Scutea se retrouvera à la tête du Parquet de la Haute Cour de Cassation et de Justice, M Nicu Bologa sera en charge du paquet anticorruption, alors que Mme Elena-Giorgiana Hosu sera la cheffe du parquet antiterrorisme. Notons aussi que les deux dames ont reçu un avis négatif de la part du Conseil Supérieur de la Magistrature, un avis qui est pourtant consultatif.

    Diplomatie – Le ministre désigné des Affaires étrangères, Bogdan Aurescu, a ce jeudi, à Berlin, des consultations politiques avec son homologue allemand, Heiko Maas, et avec le chef de l’Administration présidentielle fédérale, Stephan Steinlein. La visite a lieu, de manière symbolique, le jour du 140e anniversaire des relations diplomatiques roumano-allemandes. Selon le ministère des Affaires étrangères de Bucarest, elle vise à confirmer le caractère privilégié, de nature stratégique, des relations bilatérales. La coopération roumano-allemande se caractérise par un dialogue politique et diplomatique intense, par une dynamique économique en développement continuel et par les contacts interhumains spéciaux, mis en valeur par la minorité allemande de Roumanie et la communauté roumaine d’Allemagne, précise encore le communiqué.

    Attaques – Dans un message posté ce jeudi sur Twitter, le président roumain Klaus Iohannis condamne fermement les attaques violentes sur des personnes innocentes perpétrées dans la ville allemande de Hanau. Le chef de l’Etat transmet des condoléances aux familles des victimes. « La Roumanie est solidaire avec l’Allemagne », écrit encore Klaus Iohannis. Rappelons-le, 9 personnes ont été tuées mercredi soir à Hanau, près de Frankfort (centre) dans 2 attaques sur des bars du centre-ville. Le suspect a été retrouvé mort dans son habitation et il avait laissé une lettre exprimant ses convictions d’extrême – droite a fait savoir la police allemande.

    Tourisme – L’édition de printemps du Salon du tourisme de la Roumanie a démarré ce jeudi à Bucarest. D’ici dimanche, quelque 300 agences de tourisme présenteront leurs meilleurs paquets et leurs offres pour la Roumanie et pour l’étranger. Des réductions substantielles sont prévues allant jusqu’à 50% du prix normal. Les destinations estivales les plus recherchées par les Roumains cette année sont la Turquie, la Grèce, l’Espagne, la Tunisie et l’Egypte, sans oublier les vacances exotiques à Bali ou en Thaïlande.

    Coronavirus – Un deuxième ressortissant roumain, se trouvant à bord du navire de croisière « Diamond Princess », en quarantaine au Japon, a été diagnostiqué positif au nouveau coronavirus. Il a été hospitalisé à Tokyo, selon le ministère des Affaires étrangères de Bucarest. Selon la même source, l’état de santé du Roumain, qui est membre de l’équipage, est bon. Une évolution positive et un état de santé stable caractérise également le premier Roumain infecté au coronavirus, lui aussi membre de l’équipage du paquebot. En même temps deux passagers octogénaires sont décédés en raison du virus, alors que 600 personnes au total sont infectées à bord de ce navire placé en quarantaine dans port japonais de Yokohama. Par ailleurs, ce jeudi, la Chine a rapporté la baisse la plus significative du nombre d’infections par le nouveau coronavirus dans la province de Hubei (centre), soit le quart de la veille. Au niveau national, ls statistiques chinoises font état de 114 nouveaux décès recensés mercredi soir, ce qui porte à 2118 le nombre total des victimes de l’épidémie, alors que le nombre des contaminations est d’environ 74.500.

    Berlinale – La 70e édition du Festival du Film de Berlin, un des plus importants au monde, se déroule dans la capitale allemande à compter de ce jeudi jusqu’au 1er mars. A l’affiche de ces 10 jours de festival : 340 pellicules dont 18 faisant partie de la compétition pour le grand prix, l’Ours d’or. La Roumanie n’y manque pas. Le plus récent long métrage de Cristi Puiu, « Malmkrog » ouvrira, vendredi, la section Encounters. Ce film est une adaptation en langue française du le poème « Trois rencontres » du philosophe et écrivain russe Vladimir Soloviov. Un autre réalisateur roumain, Radu Jude, participe dans la section Forum avec deux films : « Typographique majuscule » et « La sortie des trains de la gare ». Le même Radu Jude est présent aussi à la Foire du film de la Berlinale avec le projet « Les somnambules », décrit par les critiques comme « une comédie populaire sur le sexe, la technologie et la société ».

    Dubaï – Au tournoi de tennis de Dubaï, la Roumaine Simona Hale (n° 2 WTA et principale favorite du tournoi) affronte aujourd’hui la Biélorusse Arina Sabalenka (n° 13 WTA) dans les quarts de finale. Mercredi, notre compatriote a obtenu une victoire difficile face à la Tunisienne Ons Jabeur (n° 45 WTA). Simona Halep a nécessité l’intervention des médecins avant le set décisif, accusant des douleurs de dos. Ancienne leader mondial, Simona Halep a remporté le trophée de Dubaï en 2015, l’année dernière est arrivée dans les quarts de finale de cette compétition.

    Météo – Temps plutôt morose ce jeudi en Roumanie, avec des températures à la baisse sur la plupart du territoire. Des précipitations mixtes sont signalées sur l’ouest, le centre et le nord et de la neige en montagne. Les maxima de la journée iront de 4 à 12 degrés. 6 degrés et de la pluie à midi à Bucarest.

  • Films roumains au programme du Festival « Les Films de Cannes à Bucarest »

    Films roumains au programme du Festival « Les Films de Cannes à Bucarest »

    Il a proposé au public roumain, en dehors des films sélectionnés cette année à Cannes, des premières et avant-premières de productions roumaines, des rencontres avec les réalisateurs et des master class. Huit films roumains ont pu être vus à Bucarest en avant-première, en présence des équipes artistiques.



    Lauréat dune Palme du court métrage pour « Trafic » et du Prix dinterprétation Un certain regard pour lactrice Dorotheea Petre dans« Cum mi-am petrecut sfârşitul lumii » / « Comment jai fêté la fin du monde », Cătălin Mitulescu revient sur les grands écrans. Son dernier film, « Heidi », a été présent en compétition au Festival de Sarajevo. Le documentaire « Omul care a vrut să fie liber » / « Lhomme qui a voulu être libre », réalisé par Mihai Mincan et George Chiper-Lillemark, raconte lhistoire dun jeune rebelle qui a décidé de vivre librement durant les années du communisme, dans un pays rongé par la pauvreté et la peur.



    « Jurnalul familiei Escu » / « Le journal de la famille Escu » de Şerban Georgescu propose, sous la forme dun documentaire subjectif, un parcours des petits et grands événements que la Roumaniea connus ces 100 dernières années.



    « Ivana cea Groaznică » / « Ivana la Terrible », qui a reçu le Prix spécial du jury au Festival de Locarno dans la section « Cineasti del presente », est un récit étonnant sur les gens et les lieux, sur lappartenance et le manque, raconté avec humour et tendresse. La famille et les amis sont invités à sinterpréter eux-mêmes, avec leurs propres émotions, dans lhistoire de cette femme qui narrive pas à trouver sa place, ni sur une rivedu Danube, ni sur lautre. Ivana Mladenović, réalisatrice, coscénariste et actrice dans « Ivana la Terrible » :


    « Mon film précédent, « Soldaţii, Poveste din Ferentari » / « Les Soldats, Histoire de Ferentari », est tiré dun livre dAdrian Șchiop, que jai aussi choisi pour jouer le rôle principal. Je vais un pas plus loin dans « Ivana la Terrible », où je porte à lécran ma propre histoire, romancée bien sûr, mais où je demande à mes amis et à ma famille dinterpréter leurs propres rôles. Jai choisi cette formule qui va vers la comédie et qui, dans le même temps, vous force à vous exposer, car jai limpression que souvent nous nous prenons trop au sérieux. Ca a été difficile de faire ce film, car il parle de mes expériences, de choses que jai vécues et qui nont pas été vraiment agréables à vivre. Pour faire court, il sagit surtout dun moment de crise que jai traversé il y a deux ans, et le film parle de santé, physique et mentale, de la relation entre deux pays, dune fille qui a choisi de partir de Roumanie pour rentrer en Serbie, du conflit générationnel. Ce nest pas évident de faire un film sur ces choses, de les faire entrer dans la production. »



    Lacteur Vlad Ivanov et le réalisateur Adi Voicu, les représentants de la Roumanie à Cannes cette année, ont accompagné le Festival « Les films de Cannes » dans plusieurs villes de Roumanie. Adi Voicu a présenté son court métrage « Ultimul drum spre mare » /« Le Dernier voyage à la mer » à Cluj, Brașov et Suceava. La production, sélectionnée à la Semaine de la critique à Cannes cette année, est son deuxième court métrage de fiction, après « Ceața » / « Le Brouillard », primé à Angers et à Saint-Pétersbourg. « Le Dernier voyage à la mer » se déroule dans un train qui avance vers… le littoral. Les six passagers dun compartiment discutent, mais un doute surgi à un moment donné fait que les choses dérapent. Deux des acteurs qui jouent dans le court métrage parlent de leur collaboration avec le réalisateur Adi Voicu. Ana Ciontea, pour commencer :


    « Cétait une expérience très agréable. Le scénario ma tout de suite conquis, même si Adi la beaucoup modifié en cours de route. Jai été tout aussi charmée par son attention pour les détails. Jai su dès le début des répétitions que ça sera un bon film. Mais aussi, Adi Voicu nous a fait confiance, à nous, les acteurs. Ca ma beaucoup touché et beaucoup aidé aussi. »



    Le comédien Silviu Debu :


    « Le film est en quelque sorte la réflexion du monde où nous vivons. Six personnes se rencontrent dans un compartiment de train. Ils sont dâges, de religions et de catégories sociales différents. Pour un des personnages, cest même son dernier voyage. Cest une belle métaphore sur le monde. Cest ce que jai le plus aimé et, par ailleurs, jai compris dès nos premières réunions quAdi Voicu savait ce quil voulait. Ca ma donné beaucoup de confiance et jai alors accepté le rôle sans hésiter. »



    Le film qui a reçu le Prix du public à la fin du festival « Les Films de Cannes à Bucarest » est une autre production roumaine : « Maria, Regina României » / « Marie, reine de Roumanie » par Alexis Sweet Cahill. Le film, basé sur lhistoire réelle de la reine Marie, sort courant novembre dans les salles roumaines.


    (Trad. Elena Diaconu)


  • Les prix Gopo

    Les prix Gopo

    Le film Moromeţii 2, réalisé par Stere Gulea, a été le grand gagnant des Prix Gopo 2019, soit le plus important événement consacré au cinéma roumain. Cette production cinématographique a aussi raflé d’autres prix, récompensant le son, les décors, les costumes, le succès au box office national, le montage et l’image.

    Cela n’a pas du tout été facile de réaliser ce film. Il était très attendu et si l’on avait échoué, la déception aurait été grande a déclaré le réalisateur Stere Gulea. Il a également parlé de la nouvelle génération d’acteurs: J‘ai été vraiment ravi par les jeunes acteurs. J’ai eu un immense plaisir de travailler avec eux. Ils m’ont d’ailleurs donné l’énergie dont j’avais besoin.

    C’est Stere Gulea qui a découvert l’acteur Iosif Paştină, gagnant du prix pour le début de carrière. Voici ce que déclarait l’acteur: Je remercie monsieur Gulea, pour la chance qu’il m’a offerte de faire partie d’un projet d’époque. Cela signifie beaucoup pour moi et je vous vous en remercie de tout cœur. Vous être un homme extraordinaire.

    19 longs-métrages sortis en salle en 2018 se sont disputé les différents prix. Le trophée du meilleur réalisateur est allé chez Constantin Popescu pour son film Pororoca, qui a d’ailleurs été distingué de deux autres prix: celui de la meilleure actrice dans un rôle secondaire, attribué à Iulia Lumânare et celui du meilleur acteur dans un rôle principal, qui est revenu à Bogdan Dumitrache. Ecoutons un extrait du discours de ce dernier, prononcé lors de la cérémonie de remise des prix: Un grand merci à tous ceux qui ont travaillé à ce film, notamment à Constantin, pour un rôle si généreux et complexe. Je dédie ce prix à mes muses, mes filles Mara et Zoe.

    Cosmina Stratan a été désignée meilleure actrice pour son rôle principal dans le film Dragoste 1. Câine (« Amour 1.Chien »), du réalisateur Florin Şerban. Radu Jude s’est vu remettre le prix du meilleur scénario, pour le film Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares.

    Dans la catégorie « meilleur film documentaire », c’est le film Caisă, (« Abricot ») du réalisateur Alexandru Mavrodineanu qui a remporté le grand prix. Ivana Mladenovici s’est adjugé le prix du meilleur film de début, pour Soldaţii. Poveste din Ferentari (« Soldats Une histoire de Ferentari »). Enfin, Cadoul de Crăciun( « Le cadeau de Noël »), de Bogdan Mureşanu, a été primé dans la section « meilleur court-métrage de fiction ».

    Le Gala des prix Gopo a connu des moments émouvants, lorsque l’actrice Ileana Stana Ionescu et l’acteur Constantin Dinulescu ont reçu le prix récompensant l’ensemble de leur carrière artistique. Un prix spécial a été remis à l’ingénieur du son Ion Nica, collaborateur du réalisateur Ion Popescu Gopo. Le prix du public a été décerné au film qui a cartonné au box office en 2018, à savoir Moromeţii 2. Enfin, Dan Chişu a été récompensé pour son soutien au cinéma indépendant. Les gagnants des prix Gopo ont été désignés par les quelque 600 membres actifs de l’industrie cinématographique roumaine. (Trad. Mariana Tudose)

  • Mariţa

    Mariţa

    Fin 2017, « Mariţa », le premier long métrage de Cristi Iftime, sortait en salle après avoir remporté le Grand prix du jury FEDEORA du Festival international du film de Karlovy Vary (section « East of the West ») et le trophée de la 14e édition du Festival international du film indépendant « Anonimul ». La simplicité de sa mise en scène a été un des atouts de ce film, qui se focalise sur la vie de tous les jours d’une famille dont les membres, bien que séparés après le divorce des parents, se réunissent autour d’un repas de Noël et se réjouissent spontanément de l’énergie positive qui se glisse dans leurs vies.

    L’histoire est fondée sur un geste qui a hanté pendant longtemps le réalisateur Cristi Iftime: bien que divorcée depuis des années, une femme suit, par habitude, son ex-mari, jusqu’à la voiture ayant appartenu jadis à la famille, une Dacia baptisée « Mariţa ».

    N’était-il pas risqué de construire une histoire destinée à l’écran autour d’un geste qui pouvait paraître anodin ? Cristi Iftime : « Ce geste-là m’a beaucoup impressionné, il m’a hanté – et je dois dire que d’habitude mes films naissent de ce genre d’instants qui me hantent. Je n’ai pas pensé, alors, au risque de prendre ce geste comme point de départ. Il est vrai qu’en général la fameuse règle selon laquelle on doit renoncer aux éléments que l’on chérit le plus dans une histoire se vérifie, mais pour «Mariţa», je n’en ai pas tenu compte. A un moment donné, j’ai eu peur, en pensant que le film ne répondrait peut-être pas à mes attentes, mais je dois dire, sans fausse modestie, que ça a marché. Nous avons essayé de condenser le plus de choses dans une structure qui devait rester simple et aérée. »

    Pour Cristi Iftime, un des enjeux du film a été de faire en sorte que les spectateurs comprennent son personnage Sandu, au lieu de le juger. Sandu, le propriétaire de Mariţa, est père de trois garçons, collectionneur passionné de timbres, un homme qui affirme aimer la vie et qui souhaite raconter ses expériences et ses aventures extraconjugales. Cette famille, qui n’en est plus une, se réunit fortuitement pour fêter Noël.

    Cristi Iftime : « C’est l’aliénation qui m’a intéressé le plus, le fait qu’ils sont tous là, bien qu’ils ne vivent plus ensemble depuis longtemps. Ils se rencontrent et ils passent de bons moments dans une ambiance amicale et conviviale. Pourtant, l’instant d’après, ce lien se défait, c’étaient les circonstances qui les avaient amenés à se conduire comme une famille. Il en est de même pour le geste final, celui de la femme qui suit par habitude son ex-mari vers la bagnole, pouvant faire croire qu’ils forment encore une famille, bien que ce ne soit pas le cas. Si des tensions et des scandales avaient existé entre eux, ce beau côté de leur rencontre aurait été compromis et inutile. »

    « Mariţa » est un road movie qui tâche de surprendre un moment de transition dans la vie d’un jeune, celui où il se détache de son père. Il s’agit de Costi, un des fils de Sandu, le plus enclin à le juger. Road movie dans l’espace physique, il l’est aussi dans le monde intérieur du personnage. Cette complexité a séduit l’acteur Alexandru Potocean, un des meilleurs représentants de la nouvelle vague. Il a déjà joué une trentaine de rôles dans des films roumains ou dans des coproductions internationales, collaborant avec les réalisateurs Radu Muntean, Cristian Mungiu, Cristi Puiu, Constantin Popescu.

    Alexandru Potocean explique : « Je me suis senti très attiré par ces relations tissées autour du père de famille. Il y avait là quelque chose qui me semblait très familier. Et j’ai commencé à comprendre le personnage Sandu, j’ai également compris la façon dont un de ses fils, Costi, se rapportait à son père. Au début, lors des répétitions, nous avons voulu pénaliser Sandu, le pénaliser constamment. Seulement, en fin de compte, ce n’était pas ça et ce n’était pas tout. Il ne s’agissait pas de juger Sandu, mais d’essayer plutôt de le comprendre et de comprendre sa façon de voir la vie – même si ça ne nous plaît pas ou ne nous convient pas. »

    Considéré comme l’acteur le plus prolifique du moment, Adrian Titieni a décroché le prix spécial Silver Hugo au Festival de Chicago pour le rôle principal du long-métrage « Baccalauréat » de Cristian Mungiu et 5 trophées Gopo en Roumanie – 3 pour le meilleur acteur dans un rôle principal et 2 pour le meilleur acteur dans un rôle secondaire. Rien qu’en 2017, il a joué 12 rôles dans des courts- et des longs-métrages. Dans « Mariţa », il n’en était pas à sa première collaboration avec Cristi Iftime. Il avait déjà joué dans « 15 juillet », un court-métrage qui a figuré dans la sélection officielle du Festival de Berlin.

    Adrian Titieni : « Le parcours du réalisateur Cristi Iftime est très intéressant, car, à part ses études d’art théâtral et cinématographique, il est diplômé de la faculté de philosophie. Sa vision de la mise en scène est par conséquent tout à fait différente. Il est extrêmement attentif aux détails. J’aime beaucoup sa façon de penser et de voir les choses. Cela me fait plaisir de travailler avec des gens qui voient au-delà de la réalité immédiate, bien que cette approche soit un véritable défi. Je me réjouis que le réalisateur Cristi Iftime ait pensé à me distribuer, le rôle est très incitant et en même temps très difficile. Je ne sais pas si j’ai vraiment été à la hauteur. »

    Le réalisateur Cristi Iftime cosigne, avec Anca Buja, le scénario de « Mariţa ». (Trad.: Dominique)

  • Les prix Gopo 2017

    Les prix Gopo 2017

    Le long-métrage « Sieranevada », du réalisateur Cristi Puiu, a été le grand gagnant de la 11e édition du Gala des prix Gopo, événement accueilli par le Théâtre national « I.L. Caragiale » de Bucarest. « Sieranevada » s’est adjugé 6 trophées Gopo , récompensant le meilleur film, le meilleur réalisateur, le meilleur scénario, la meilleure actrice dans un rôle principal, la meilleure actrice dans un rôle secondaire et le meilleur montage. Sélectionné dans la compétition officielle de l’édition 2016 du Festival de Cannes, ce quatrième long-métrage de Cristi Puiu a reçu d’excellentes chroniques dans la presse internationale. Pour les journalistes du quotidien britannique « The Guardian », le film « Sieranevada » c’est « de la nourriture pour le cerveau » et son réalisateur peut être considéré comme une des plus fortes voix du cinéma de ce siècle. L’action se passe trois jours après l’attentat contre Charlie Hebdo et quarante jours après la mort du père de Lary, 40 ans, docteur en médecine. Lary devait passer son samedi au sein de la famille réunie à l’occasion de la commémoration du défunt. Pourtant, l’évènement ne se déroule pas comme prévu.

    Voici ce que déclarait lors de la cérémonie de remise des prix Ana Ciontea, celle qui avait remporté le prix de la meilleure actrice dans un rôle secondaire : « Je me rappelle mon premier jour de casting. J’étais terriblement émue. D’ailleurs j’ai été saisie d’émotion tout au long du tournage du film. Je remercie Cristi Puiu, car je me suis retrouvée dans film. Mes remerciements vont aussi à tous mes collègues et aux membres de l’équipe, à ceux qui ont voté pour moi et qui m’ont donné la chance de faire partie de la famille du cinéma roumain. »

    Le réalisateur du film « Sieranevada », Cristi Puiu, distingué des prix du meilleur scénario et de la meilleure mise en scène, a adressé ses remerciements à ses proches et au réalisateur Lucian Pintilie : « Tout d’abord je remercie ma femme, Anca, et mes filles. Quand on est scénariste, on a besoin de silence, de tranquillité, ce dont j’ai bénéficié grâce à ma famille. Et puis je tiens à remercier Lucian Pintilie, pour m’avoir encouragé après avoir lu le scénario que j’avais écrit avec l’écrivain Răzvan Rădulescu et avec lequel j’ai collaboré pour mon film Le Matos et la Thune ».

    Le réalisateur Cristi Puiu a dédié le trophée récompensant sa mise ne scène à l’acteur Sorin Medeleni, décédé avant le lancement du film « Sieranevada ». Toujours à l’occasion de la 11e édition du Gala des prix Gopo, le prix pour l’ensemble de sa carrière artistique est revenu à l’acteur Valentin Uritescu. Durant les 50 années d’activité théâtrale et cinématographique, Valentin Uritescu a interprété nombre de rôles secondaires, dont le sergent de police Şaptefraţi, de la série télévisée « Ombres et lumières », du réalisateur Andrei Blaier, personnage qui réapparaît dans le film « En première ligne », réalisé par Sergiu Nicolaescu, ou encore Vasile, du long-métrage « Concours », portant la signature de Dan Piţa.

    Diplômé de l’Institut d’art théâtral et cinématographique « I.L. Caragiale », en 1963, Valentin Uritescu est monté sur les planches du Théâtre « Maria Filotti » de Brăila. 5 ans plus tard, il jouait au Théâtre de la jeunesse de Piatra Neamţ. Les 13 ans qu’il y a passés, il les considère comme la période la plus importante de sa vie. Le célèbre metteur en scène Liviu Ciulei ayant remarqué son talent, Valentin Uritescu est demandé par le Théâtre Bulandra de Bucarest. En 2011, il fait son début dans la littérature, avec son volume autobiographique intitulé « L’idiot, c’est moi! ». Deux ans plus tard, il publie aux éditions Humanitas un livre de souvenirs dédié à son père, sous le titre « Prends soin du meilleur de toi-même ». Enfin, en 2016, il lançait le volume de mémoires « Hanté par les vies des autres ».

    Voici un extrait du discours prononcé par Valentin Uritescu lors de la cérémonie de remise des prix Gopo : « J’étais étudiant en première année quand j’ai fait mon début dans la cinématographie, plus précisément, dans le film de Ion Popescu Gopo On a volé une bombe. Je n’y avais qu’une réplique: Allons-y. 50 ans se sont écoulés depuis lors, pendant lesquels j’ai joué plusieurs dizaines de rôles dans des films et des pièces de théâtre. Dans mon troisième livre, Hanté par les vies des autres, je parle justement de tous les personnages que j’ai incarnés et qui m’ont hanté. Je vous remercie pour ce prix et pour les félicitations. »

    Enfin, le long-métrage de début de Bogdan Mirică a gagné 5 trophées au Gala des Prix Gopo, y compris dans les catégories « meilleur acteur dans un rôle secondaire » (Vlad Ivanov) et « meilleur acteur dans un rôle principal ». Ces deux derniers prix sont allés à Vlad Ivanov et Gheorghe Visu. 21 films ont été lancés en 2016. Deux d’entre eux ont eu plus de 100.000 spectateurs et plus de 2 millions de lei de recettes, ce qui leur a valu le prix du public. Il s’agit de « #Selfie69 » et de « Deux lots ». (Trad. Mariana Tudose)

  • Les réalisateurs Cristian Mungiu et Bogdan Mirică

    Les réalisateurs Cristian Mungiu et Bogdan Mirică

    Le cinéma roumain sest fait remarquer, cette année aussi, au Festival international du film de Cannes, où il a été représenté par cinq productions: le long-métrage “Sieranevada”, de Cristi Puiu, le court-métrage “4:15 P.M. La fin du monde”, écrit et réalisé par les débutants Cătălin Rotaru et Gabi Virginia Şarga, le court-métrage décole “Tous les fleuves vont à la mer “, produit par lUNATC, réalisé par Alexandru Badea et présenté dans la section Cinéfondation, et les deux productions entrées au palmarès – “Baccalauréat” (prix de la mise en scène pour Cristian Mungiu) et “Chiens”, de Bogdan Mirică, récompensé du prix de la critique internationale FIPRESCI de la section “Un Certain Regard”. Cristian Mungiu est déjà bien connu sur la Croisette, où trois de ses quatre longs-métrages ont reçu des récompenses: “4 mois, 3 semaines et deux jours” a eu la Palme dOr, en 2007; “Au-delà des collines” a été distingué, en 2012, du prix du meilleur scénario et du prix dinterprétation féminine pour le travail des comédiennes Cristina Flutur et Cosmina Stratan; enfin, cette année, Cristian Mungiu sest vu attribuer le prix de la mise en scène, ex-æquo avec le Français Olivier Assayas, récompensé, lui, pour le film “Personal Shopper”.





    Une reconnaissance méritée et qui lhonore, considère Cristian Mungiu, dautant plus quelle saccompagne de lappréciation du public, notamment celui de létranger et de la diaspora roumaine, car, ajoute le réalisateur roumain au nom de tous ses collègues, “il arrive souvent que nous soyons plus connus et plus respectés dans dautres pays quen Roumanie”.





    Ce sont, dailleurs, les préférences du public qui pèsent sur le choix du sujet de ses films, fait savoir Cristian Mungiu: “Cest un croisement de ce qui mintéresse et mémeut personnellement avec ce qui, je crois, a un impact aussi sur le public. Cest à partir de là que jessaie de construire un film qui ne soit ni un cours de sciences-po ni un commentaire social, mais seulement un produit cinématographique avec action, histoires… Si je prends lexemple de “4 mois, 3 semaines et deux jours”, je nai jamais voulu en faire un film qui condamne le communisme, je ne me suis jamais proposé de revisiter lépoque pour en extraire une chronique des dernières années du régime communiste. Jai juste raconté une histoire que je connaissais. Le plus important cest que les gens se rendent compte quils sont en train de regarder un film. Si, en plus des émotions éveillées par tout produit artistique, le film leur pose aussi des questions… ben, tant mieux”.





    “Baccalauréat”, la production la plus récente signée par Cristian Mungiu, non seulement pose des questions, mais touche un point douloureux de la société roumaine: la corruption. Elle renvoie aussi au premier film de Mungiu, “Occident”, une comédie sur le dilemme des jeunes de partir à létranger ou de rester au pays, sortie en 2002. “Baccalauréat” parle de ceux qui sont restés et qui sont confrontés aujourdhui au même dilemme du départ de leurs enfants.



    Est-ce un cycle qui se referme? Cristian Mungiu: “Je serais heureux que ce cycle se referme. Mais je crois que, malheureusement, il nen est pas encore là et que nous le passerons à nos enfants. Javoue que, 15 ans après “Occident”, je ne mattendais pas à ce quon soit là. Je ne pensais pas reprendre ce thème, jespérais voir les choses évoluer différemment. Cette fois-ci, jai approché le thème sous un autre angle, celui dun parent qui a beaucoup plus de soucis quil y a 15 ans, quand nous pensions pouvoir changer le monde dici. Aujourdhui, quand je réfléchis aux conseils que les parents devraient donner à leur progéniture, je me rends compte que nous navons pas progressé comme je le souhaitais et quil est difficile de donner des conseils ou de prendre des décisions. Cest ce qui ma poussé à revisiter ce thème qui préoccupe de nombreux parents de ma génération.”







    Bogdan Mirică a été présent à lédition 2016 du Festival de Cannes avec son premier long-métrage, “Chiens”, désigné meilleur film de la section “Un certain regard” par le jury de la critique internationale FIPRESCI. Bogdan Mirică, qui a débuté comme réalisateur en 2010, avec le court-métrage “Junkie”, avouait avoir découvert le cinéma à lâge de 30 ans, quand il avait commencé à écrire des scénarios. Alors, il nous a semblé tout à fait naturel de lui demander ce qui est plus important dans un film – lhistoire ou linnovation purement cinématographique?




    Bogdan Mirică : “Dans mon film, cétait mon choix de reléguer lhistoire au second plan, parce quil nest pas très difficile décrire une histoire cohérente du début à la fin. Moi, jai voulu maventurer sur le terrain des sensations et proposer un film qui frappe au plexus solaire, pas forcément par lhistoire racontée, mais par lensemble, par latmosphère. Mais quand je dis que la narration est secondaire, cela ne veut pas dire quelle est débile, mais quelle a des ellipses, des tranches qui ne vont pas jusquau bout, mais que le spectateur peut boucler, sil est observateur.”







    Scénariste de ses propres productions, Bogdan Mirică affirme que tout nouveau film part dun mélange de sensations, avant dêtre mis sur papier. Cest ce qui est arrivé avec le long-métrage “Chiens”: “Jécris à partir dun sentiment, dune émotion plutôt confuse, et puis, les choses commencent à sordonner et je crée une histoire autour de cette émotion. Dans ce cas précis, cétaient des souvenirs denfance, quand jai passé plusieurs étés chez ma grand-mère, à la campagne. Cest là que jai assisté, des fois, à des conflits, certains assez agressifs, entre des gens du coin. Des années plus tard, je me suis rendu compte que ce qui avait effrayé lenfant que jétais ce ne fut pas la manifestation de la violence mais son caractère arbitraire. Mon film part dune réalité roumaine, mais je nai pas eu en tête de reconstituer cette réalité. Ce nest pas un film réaliste, les personnages parlent presquen paraboles, le temps du film est une licence poétique. On ma dailleurs dit que cest une atmosphère quasi tchékhovienne. Mais si, à lavenir, je sens que ces artifices sont un fardeau et que je dois être plus près de la réalité, je le ferai… probablement.”




    Quels que soient ses futurs choix, Bogdan Mirică a fait un début prometteur. Comme ce fut également le cas de Cristian Mungiu, qui vient dêtre invité à rejoindre les membres ayant le droit de voter, de lAcadémie du film des Etats – Unis. (Trad.: Ileana Taroi)