Tag: civilisation

  • Carmen Drăghici, coordinatrice de la Maison culturelle belgo-roumaine de Bruxelles

    Carmen Drăghici, coordinatrice de la Maison culturelle belgo-roumaine de Bruxelles

    Découvrez les activités et les projets dArthis, la Maison culturelle belgo-roumaine de Bruxelles, pour lannée en cours dans lentretien quelle a accordé à Ligia. Voici une bonne adresse pour celles et ceux qui sintéressent à la langue, à la culture et à la civilisation roumaines : le 33 rue de Flandre, à 1000 Bruxelles. Plus de détails sur

    >www.arthis.org.



  • Le musée de la civilisation urbaine de Brasov

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov

    Eh bien, si en hiver les pistes de ski de Poiana Brasov sont bondées de monde, tout comme la rue piétonne du centre-ville à la belle saison, vous pouvez passer quelques heures à découvrir la Musée de la Civilisation urbaine de Brasov. Celui-ci fait partie du musée d’ethnographie de la ville, et dispose de deux locaux dans la ville et de deux autres ailleurs dans le même département : le musée d’ethnographique de Sacele et le musée d’ethnographie Gheorghe Cernea de Rupea.

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov est aménagé dans un important monument d’architecture civile, représentatif du style des espaces commerciaux publics et privés des villes transylvaines des 16e et 19e siècles, affirme Bogdana Belmus, la responsable des relations publiques de cette institution culturelle : « Nous vous invitons à découvrir un immeuble avec des fenêtres et des portes aux encadrements en pierre et aux voutes qui spécifiques de l’époque de la Renaissance. Ce bâtiment a été entièrement reconstruit en 1566, date découverte sur un encadrement en pierre lors de récentes recherches et restaurations. On peut parler d’un sous-sol unique, joliment aménagé qui dispose d’un mur d’origine, en pierre brute, avec une voute en brique. Cet espace a été utilisé en tant que cellier pour préserver les marchandises qui transitaient la région. D’ailleurs, nous avons essayé de recréer un tel espace, avec des marchandises, et d’expliquer aux visiteurs comment était l’atmosphère de l’époque. La ville de Brasov était un centre important, véritable porte d’accès entre l’est et l’ouest, entre l’Orient et l’Occident. »

    Le musée possède à l’étage un atelier de photographie qui constitue une véritable fresque de la société locale de la fin du 19e siècle. Ecoutons Bogdana Balmus : « Ici les touristes peuvent rencontrer deux photographes d’exception de la ville de Brasov : Leopold Adler et Carl Muschalek. « La pièce de résistance » de cet atelier photographique est un appareil photo du 19e siècle ayant appartenu à Carl Muschalek. Ce superbe appareil photo en bois utilisait des plaques en verre et les visiteurs qui franchissent notre seuil, ne ratent aucune occasion de se faire photographier auprès de cet appareil. Les deux grands photographes ont travaillé pendant des dizaines d’années dans l’atelier du centre de Brasov et immortalisé toute la diversité de la bourgade. On peut identifier des Saxons, des Roumains, des Magyars et des Juifs dans différentes hypostases de leurs vies. Une autre zone intéressante est celle qui inclut la chambre d’enfants, le salon du patricien, mais aussi la reconstitution de la Rue de la République comme elle est connue de nos jours. Il possède un élément important de l’époque : les tissus et les vêtements. Et là, je parle surtout des créations vestimentaires de l’époque. Nous avons reconstitué un magasin, des ateliers de broderie, une section de broderies anciennes, illustrant entre autres les instruments utilisés pour produire des tissus. »

    Le musée de la civilisation urbaine de Brasov est un espace qui demeure dynamique, malgré les temps difficiles auxquels nous sommes confrontés. Bogdana Balmus, responsable du Bureau des relations publiques explique : « A cause de la pandémie et de la situation sanitaire à laquelle nous nous confrontons, nous accordons une attention particulière aux mesures d’hygiène, assurant la distance physique lorsque les visiteurs traversent notre seuil. En février dernier, à l’occasion de la fête roumaine de l’amour, le Dragobete, nous avons organisé à l’intérieur de l’atelier de photographie, un évènement très important. Les gens des lieux sont venus chez nous, vêtus d’habits traditionnels spécifiques de la région pour participer à une séance de photographie dans ce studio aménagé comme au 19e siècle. D’ailleurs, ce ne fut pas l’unique événement organisé durant cette période. Nous avons offert aux artistes de Brasov un espace d’expositions nouveau, non conventionnel, adapté au contexte et aux restrictions imposées, essayant d’offrir une nouvelle voie de dialogue entre le monde de l’art et le public de Brasov. Ce qui plus est, nous avons organisé l’exposition « Le luxe nécessaire, bijoux et accessoires pour la jeune mariée. », une exposition à part, ouverte jusqu’au début d’avril ».

    Voilà donc, le nombre des destinations dans le département de Brasov ne cesse de se multiplier offrant des alternatives aux loisirs et destinations archiconnus. A bientôt ! (Trad. Alex Diaconescu)

  • Les Roumains et leurs ancêtres

    Les Roumains et leurs ancêtres

    Comme tous les autres peuples, les Roumains ont eux aussi, des mythes sur leurs ancêtres, qui en exaltent la grandeur, la force civilisatrice, la vitalité créatrice dans tous les domaines de la vie matérielle et spirituelle, augmentant la confiance de leurs descendants.

    Les ancêtres des Roumains sont les Daces et les Romains. Les Géto-Daces étaient la population ancienne qui occupait grosso modo le territoire actuel de la Roumanie. Pourtant, d’autres populations – celtiques, germaniques et scythiques – y vivaient aussi. Les Géto-Daces sont mentionnés au 5e siècle av. J-Chr. par Hérodote, l’historien grec de l’Antiquité, et on les retrouve également dans les écrits des historiens des siècles suivants. Les références sont peu nombreuses, ce qui atteste le fait que les Géto-Daces représentaient une population située à la périphérie du grand espace de la civilisation et de la culture méditerranéennes. Les découvertes archéologiques ne sont pas plus riches que les sources écrites. Les Romains, qui représentent l’autre branche d’ancêtres des Roumains, n’ont plus besoin de présentation. En l’an 106 après deux guerres successives, l’empereur romain Trajan a vaincu le roi dace Décébale et la Dacie fut entièrement occupée par l’Empire romain jusque vers l’an 270, lorsque les Romains se sont retirés au sud du Danube.

    Au 19e siècle, la création des Etats nationaux fut précédée par une quête des ancêtres. Les Roumains ont découvert les Daces et les Romains et des mythes se sont tissés autour d’eux. Le plus grand mythe a été celui de l’ancienneté de la langue et de la continuité spirituelle de ces ancêtres et les intellectuels se sont hâtés de « produire de la science » sur eux.

    Selon le linguiste Dan Alexe, Mircea Eliade a compté parmi les créateurs de mythes sur les Daces : « Le livre de Mircea Eliade « De Zamolxis à Genghis Khan » est un exemple précis de méthode erronée et d’approche exaltée dans ce domaine. Ce volume est une compilation d’articles que Mircea Eliade avait publiés dans différentes revues. Ce que l’on y découvre est un magma occultiste d’idées mystiques, selon lesquelles un culte du loup aurait traversé l’histoire des Roumains. C’est là un des fils conducteurs du livre. Et tout est erroné, rien ne tient debout. Eliade prend pour point de départ l’idée que les Daces vénéraient le loup. Pourtant, dans les textes antiques, dans les relations antiques sur les Daces, rien ne soutient cette affirmation. Eliade tente de prouver, sans pour autant apporter des arguments solides, car il n’était pas linguiste, que le nom « Dace » lui-même, aurait signifié « loup ». Or, dans l’anthropologie, c’est absurde. Il n’y a pas de population sur la planète qui se soit désignée, de manière totémique, par un nom d’animal. Il n’y a jamais eu de population qui s’appelle, elle-même, « les loups ». Les populations se désignent par le terme générique d’« homme », comme par exemple cette tribu germanique qui s’est désignée elle-même par le terme d’« Aléman » – c’est-à-dire « tous les hommes ». En général, du point de vue historique, une population n’a pas d’identité ethnique, elle se considère elle-même comme représentant les vrais « hommes » au sens générique du terme, les autres étant pour elle « les étrangers » et « les barbares ». »

    Les mythes sur les ancêtres se caractérisent par leur continuité et leur permanence. Dan Alexe estime que, dans l’œuvre de Mircea Eliade, le loup a été soumis à ce cliché mental : « Le même Mircea Eliade affirme qu’en s’installant en Dacie, les Romains apportaient leur propre loup comme identité totémique – Lupa Capitolina (la Louve Capitoline) – et que Mars lui-même, le dieu de la guerre chez les Romains, aurait été un dieu-loup. Or, dans la typologie de Mars, rien ne justifie cette identification avec le loup. Eliade suggère que le loup dacique et le loup latin auraient fusionné, après quoi, ce loup aurait continué d’exister jusqu’aux invasions mongoles de Genghis Khan, les Mongols ayant eux aussi comme totem le loup. (Selon la légende, Genghis Khan serait né de l’union mystérieuse avec une louve.) Le loup dacique aurait donc subsisté pendant un millier d’années, jusqu’à ce que les Mongols de Genghis Khan y apportent un autre loup. C’est ainsi que le totem et le loup ont fini par nous définir au fil des millénaires. »

    Dan Alexe estime qu’il faut faire très attention à la véracité des informations que les sources antiques nous fournissent sur les populations éloignées : « On trouve quelques remarques chez Strabon et, en parlant des Daces, Hérodote dit, lui, qu’ils étaient « les plus justes des Thraces ». N’oublions pas que les Grecs ne nous ont laissé aucun guide de conversation, aucun dictionnaire, aussi minuscule soit-il, des langues environnantes. Les Grecs avoisinaient les Thraces, les Phrygiens, les Lydiens et d’autres peuples dont on ne sait absolument rien, parce que les Grecs ne s’intéressaient pas du tout aux idiomes qu’ils parlaient, pour eux c’étaient des « barbares ». Si l’on ne dispose pas d’un dictionnaire grâce auquel on puisse découvrir quelle langue parlait Alexandre le Grand, qui n’était pas Grec à 100% – la langue macédonienne était quand même différente, ce n’était pas une langue grecque – pouvons-nous imaginer qu’ils savaient des choses précises sur les barbares du Danube, qui se trouvaient à 2.000 km vers le nord, dans des territoires inaccessibles ? « Dace » et « Gète » sont des appellations génériques. Dans ma jeunesse, quand quelqu’un quittait la Roumanie, passant illégalement la frontière en Yougoslavie, on disait de lui qu’il s’était enfui « chez les Serbes ». Les Macédoniens, les Albanais, les Croates, les Slovènes étaient tous « des Serbes ». Pour nous, c’était «chez les Serbes ». Si, avec toutes les possibilités d’information dont on dispose actuellement, les choses sont ainsi à notre époque, comment pouvons-nous croire qu’Hérodote savait exactement qui étaient les Daces ? »

    Les ancêtres des Roumains ont leur place dans l’histoire ; ils ont été les gens de leur époque, avec leurs aspirations et leurs échecs, en rien supérieurs ou inférieurs aux autres. Tout comme nous, aujourd’hui. (Trad. : Dominique)

  • Les cités antiques entre idéaux égalitaires et inégalités concrètes (II)

    Les cités antiques entre idéaux égalitaires et inégalités concrètes (II)

    Cette semaine nous continuons notre voyage dans les cités antiques en scrutant leur mode de fonctionnement. Ces sociétés sont souvent considérées comme le berceau de la démocratie. Il existe bien un idéal égalitaire à Athènes. Pourtant il est accompagné par les lois qui marquent des inégalités de statut entre citoyen et non citoyen, entre homme et femme. Avec notre invité, Jean-Manuel Roubineau qui est maître de conférences à l’Université de Rennes et enseigne également à l’Université de Bruxelles.



  • La Roumanie, un concentré de civilisations superposées

    La Roumanie, un concentré de civilisations superposées

    A linstar des autres coins du monde, lespace roumain est lhéritier de plusieurs cultures et civilisations. Les archéologues et les anthropologues ont toujours cherché à déceler les différentes spécificités et influences en étudiant les objets que lon retrouve dans des expositions ou sur des sites archéologiques. Le concept de civilisations superposées désigne la contribution de plusieurs peuples à la création du patrimoine des nations ou des pays daujourdhui.



    Et puisque civilisation et culture vont main dans la main, on peut conclure à lexistence dune culture superposée aussi. Le patrimoine identitaire roumain est donc un amalgame dinterférences matérielles et spirituelles. Les peuples néolithiques, les influences hellènes, les Cimmériens, les Scythes, les Géto-daces, les Romains et les colons quils ont emmenés avec eux, les dizaines de populations migrantes qui ont traversé ces terres du IIe au XIIIe siècle de lère chrétienne, ce ne se sont que quelques – uns des repères jalonnant lhéritage des Roumains.



    Lexposition “La Roumanie, civilisations superposées, organisée par le Musée national dhistoire sest proposé justement de mettre en lumière la profusion déléments culturels et de civilisation qui composent un univers à la confluence de lEurope et de lAsie. Corina Borş, archéologue et commissaire dexposition, nous a fourni des détails sur les objets exposés, qui parlent dune longue histoire : « Nous présentons les nombreuses civilisations qui sy sont succédé, depuis le paléolithique, soit lâge de la pierre, jusquà la pré-modernité. Etant spécialisée dans la pré-histoire, japprécie particulièrement les vestiges archéologiques de cette époque-là. Cela fait plus dun siècle et demi que les Roumains nont plus eu loccasion dadmirer les trésors de la civilisation néolithique. Parmi les objets récupérés ces dernières années avec laide des autorités roumaines et grâce aussi à une coopération internationale, je mentionnerais les deux tables contenant des fragments de la loi municipale de Troesmis (Mésie inférieure), documents dune importance historique mondiale. Chacune des pièces exposées est une page dhistoire et la portée de cette signification dépasse sa valeur esthétique ou pécuniaire. »



    En effet, tous ces témoignages du passé sont extrêmement précieux. Ils reflètent aussi le savoir-faire et lesprit de ceux qui les ont créés ou utilisés. La vedette de lexposition est sans doute un objet en céramique de Cucuteni, unique en Europe et qui ressemble fort à une autre culture néolithique, mais de Chine. Le cachet de la céramique de Cucuteni réside dans ses décorations spiralées, se déclinant en de nombreuses variantes et combinaisons. Les fouilles archéologiques ont également mis au jour des figurines féminines au torse plat, décoré de motifs géométriques, ajoute Corina Borş, archéologue et commissaire dexposition : « Dans la céramique datant du néo-énéolithique, les cultures Cucuteni et Gumelniţa sont les plus représentatives. Je mentionnerais aussi une première, à savoir la présentation du trésor en or de Sarasău, qui remonte à la fin de lAge du bronze. Le ministère roumain de la Culture a initié les démarches en vue de lachat au bénéfice du Musée dhistoire de Roumanie. Il y a aussi les tables de loi de Troesmis, que je viens de mentionner, et différents objets datés du Moyen-Age. Je dirais que cest lune des rares occasions de présenter en entier une collection de bijoux en métal précieux, surtout en argent, datant des 11e et 14e siècles. »



    Création des historiens et archéologues, pour lessentiel, lexposition « La Roumanie, civilisations superposées » doit sa personnalité et sa structure aux architectes qui en ont imaginé la disposition dans lespace. Corina Borş : « Lexposition a été conçue par le jeune architecte Andrei Câmpean. Partant du concept de civilisations superposées, il a défini et aménagé quatre zones: la préhistoire, lAntiquité, le Moyen-Age et lépoque pré-moderne. Sa conception na rien à voir avec les ségrégations chronologiques. Au contraire, cette exposition aspire à remonter le temps sous la forme dune balade dans lhistoire, dun parcours qui, en partant des données géographiques, se propose de mettre en évidence les superpositions et les différentes influences que les grandes civilisations antiques, dont surtout lEmpire romain, ont exercées sur lensemble du territoire roumain. »



    Le concept de civilisations superposées nous invite à réfléchir autrement sur le passé, car elles ne cessent de créer, demprunter les unes aux autres, de se réinventent. Bref, il y a toute une dynamique des échanges et des changements. (trad.: Mariana Tudose)

  • Le site archeologique de Târgşorul Vechi

    Le site archeologique de Târgşorul Vechi

    Située à 70 kilomètres au nord-ouest de Bucarest, la commune de Târgşorul Vechi est à première vue une commune comme les autres dans le département de Prahova. Pourtant, les historiens affirment qu’elle est spéciale parce qu’il y a plus de 600 ans, le centre d’importantes activités économiques se trouvait sur ces lieux. En témoignent les ruines réunies dans une réserve archéologique où les spécialistes locaux, ainsi que des archéologues de l’Institut « Vasile Pârvan » de Bucarest, cherchent des reliques qui puissent donner plus d’informations sur le passé. La réserve archéologique de Târgşorul Vechi est d’autant plus importante parce qu’elle elle est visitée aussi par les élèves des écoles de la région qui viennent travailler aux côtés des archéologues.



    Târgşorul Vechi est une localité qui date de l’époque du prince régnant Mircea le Vieux (1386-1418), son fondateur, le nom le plus important lié à l’histoire de l’endroit. Bogdan Ciupercă, chef du chantier archéologique de Târgşorul Vechi, nous introduit dans le plus ancien centre de culture et de civilisation roumaines. « Il y a 6 siècles, un document de la chancellerie du voïvode Mircea le Vieux, plus précisément un traité commercial entre la Valachie et les habitants de la ville de Braşov mentionne pour la première fois la localité de Târgşor dans sa variante slave ou Novum Forum dans la variante latine. Les deux noms sont très importants. D’un côté, dans la variante slave, Târgşor signifie petit bourg, alors que la capitale Târgovişte signifie grand bourg. De l’autre, c’est-à-dire le nom en latin, veut dire qu’il s’agissait d’une nouvelle localité, créée le plus probablement pendant le règne de Mircea le Vieux. Ce voïvode qui a fait tant de bonnes choses pour la Valachie a lié ainsi son nom de la création et du développement de Târgşor. »



    L’inventaire de la réserve archéologique de Târgşorul Vechi n’et pas riche, mais recèle suffisamment de matériel pour éveiller l’intérêt des passionnés d’histoire. Les traces les plus anciennes de l’habitat humain sont les outils en silex remontant au paléolithique tardif. Quant au néolithique, sa présence est attestée par la superposition des cultures de céramique décorée de Criş, Boian et Gumelniţa. Celles datant de l’âge du bronze, à savoir Glina, Monteoru et Tei, seront succédées par les cultures spécifiques de l’âge du fer, Hallstatt et La Tène. Les premiers vestiges d’une autre grande civilisation sont le camp romain et les thermes, construits au IIe siècle après J.-Ch. Le camp faisait partie d’une ligne fortifiée qui s’étendait vers le nord, dans la région subcarpatique de la Valachie. Il a été érigé pendant les guerres daco-romaines des années 101-102 et 105-106 après J.-Ch., et servait à surveiller les voies d’accès en provenance et en direction de l’arc carpatique.



    Les nécropoles et les complexes funéraires datent des siècles suivants. On y a découvert céramique, accessoires vestimentaires, bijoux et armes ayant appartenu aux tribus sarmathiques, d’origine iranienne, qui, durant leur migration, ont dû passer par la plaine roumaine.



    Bogdan Ciupercă précise en quoi consiste l’importance économique grandissante de Târgşorului Vechi aux alentours du règne du prince Mircea le Vieux. « La bourgade de Târgşor a été érigée sur les propriétés princières et joui de privilèges commerciaux considérables. Elle servit de point de douane aussi. En 1413, une taxe était perçue pour les chars transportant vers la Transylvanie du poisson pêché dans les marais de Brăila. Târgşor a donc eu une histoire économique importante. Elle comptait parmi les 3 premières bourgades ou cités de l’ancienne province roumaine de Valachie et était le principal partenaire des commerçants de la contrée de Braşov. On pourrait même dire que Târgşor est la cité de Mircea le Vieux, car c’est ce dernier qui l’évoque pour la première fois. Il se peut aussi que cette bourgade sise au pied des Carpates ait été pour beaucoup dans l’essor ultérieur de la ville de Ploieşti. Târgşor est aussi lié à une autre voïvode illustre, à savoir Vlad l’Empaleur, petit-fils de Mircea le Vieux. C’est ici qu’il sera sacré prince régnant de la Valachie, en 1456, après sa victoire sur l’armée de Vlad II. »



    C’est à Târgşorul Vechi, une des résidences secondaires des premiers princes valaques, que Vlad l’Empaleur Dracula fit construire en 1461 l’église St. Nicolas, partiellement conservée de nos jours. En 1667 elle fut reconstruite par les soins du voïvode Antonie qui y fonda aussi le Monastère de Turnu. Ce dernier allait être rénové et peint pendant le règne de Constantin Brancovan, vers 1700. Il n’en reste de nos jours qu’une partie des murs d’enceinte et des fresques originelles. D’autres églises, telle l’Eglise blanche et celle Rouge, datent de la fin du XVIe. Pour ce qui est de l’architecture civile, elle este représentée par le manoir des boyards Moruzi, situé vers le nord-ouest du périmètre de la réserve. La construction, du début du 20e siècle, est représentative du style néo-roumain. Derniers propriétaires du manoir, les Moruzi y ont fait élever des animaux et cultivé des plantes suivant le modèle occidental…(trad. : Mariana Tudose, Alex Diaconescu)