Tag: Conseil JAI

  • Des nouveaux efforts pour l’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen

    Des nouveaux efforts pour l’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen


    La Suède a succédé à la République tchèque à la présidence tournante du
    Conseil de l’Union Européenne. Même si l’adhésion de la Roumanie et de la
    Bulgarie à l’espace Schengen n’est pas une priorité pour la nouvelle
    présidence, la diplomatie de Bucarest tente toujours de promouvoir ce sujet.


    Rappelons-le, en décembre dernier, lors du dernier Conseil Justice et
    Affaires intérieures, l’Autriche a bloqué l’adhésion de la Roumanie et les
    Pays-Bas se sont opposés à celle de la Bulgarie.


    Jeudi, à Bucarest, le ministre roumain des Affaires étrangères, Bogdan
    Aurescu, a profité de l’occasion offerte par le lancement officiel de la
    présidence suédoise du Conseil de l’Union Européenne pour réaffirmer que l’adhésion
    à Schengen était toujours une priorité majeure pour la Roumanie.


    Bogdan Aurescu a déclaré que le pays comptait sur le soutien de la Suède
    dans cette affaire, en sa qualité de médiateur. Il a souligné que la Roumanie s’était
    avérée être de facto le gardien de la
    sécurité de l’Union Européenne depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
    Il a déclaré aussi que les événements au pays voisin avaient démontré que la
    Roumanie avait à la fois de la compétence et de la volonté pour répondre
    efficacement aux grands défis. Selon lui, le refus d’accepter l’adhésion de la
    Roumanie à Schengen était erroné.

    Bogdan Aurescu : « Malheureusement, malgré notre contribution active à la sécurité de l’Europe
    et à la mise en œuvre de l’acquis de Schengen, et en dépit du fait que nous
    soyons prêts à devenir membres de Schengen, le Conseil JAI (n. d. : Justice et
    affaires intérieures) en décembre n’a pas eu l’unanimité des voix favorables à
    notre accueil. C’était un refus injuste de notre chance de devenir membres de
    l’espace Schengen. Une décision positive concernant notre présence dans
    l’espace Schengen est essentielle pour construire une Union Européenne
    solidaire et prospère.
    »


    Les autorités de Bucarest espèrent que le dossier Schengen sera à l’ordre
    du jour de la prochaine réunion du Conseil JAI. L’ambassadrice de Suède à
    Bucarest, Therese Hydén, a déclaré que tel serait le cas lorsque toutes les
    conditions seraient réunies.


    Therese Hydén : « Nous avons repris ce dossier très important
    de la République tchèque. C’est une question très importante et nous essaierons
    d’y trouver une solution. Nous collaborons étroitement sur cette question, tant
    avec la Roumanie qu’avec toutes les parties intéressées et impliquées. Le
    dossier Schengen sera à l’ordre du jour du Conseil lorsque les conditions
    seront réunies, c’est-à-dire lorsque l’Autriche aura changé sa position en ce
    qui concerne la Roumanie et dès que les détails seront clairs concernant la
    Roumanie et la Bulgarie. La Suède s’est engagée dans cette voie et en fera des
    efforts.
    »



    Pour sa part, la cheffe de la représentation de la
    Commission Européenne à Bucarest, Ramona Chiriac, a rappelé que l’Exécutif
    communautaire soutenait l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace
    européen de libre circulation : « Avec les deux pays dans
    l’espace Schengen, nous sommes plus forts, et pas plus faibles. En Europe, nous
    avons plus de sécurité, pas de danger, et nous sommes plus prospères et plus
    attractifs pour nos partenaires internationaux en tant que marché
    unique
    », a déclaré la cheffe de la représentation de la Commission Européenne.(trad. Andra Juganaru)

  • Schengen, un objectif difficile à atteindre

    Schengen, un objectif difficile à atteindre


    La Roumanie et la Bulgarie auraient dû célébrer cette année deux ans depuis leur adhésion à l’espace de libre circulation. Pourtant, les hostilités déclenchées à plusieurs reprises par certains pays membres ont rendu impossible l’accomplissement par Bucarest et Sofia de leur plus grand objectif de politique étrangère depuis leur intégration de l’UE.


    Lors du récent Conseil Justice et Affaires Intérieures de Bruxelles, les ministres européens ont décidé de reprendre les discussions sur l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen fin 2013 pour établir les procédures à suivre pour une adhésion en deux étapes. Il s’agirait dans un premier temps d’une ouverture des frontières aériennes et maritimes de Schengen à la Roumanie et à la Bulgarie et puis des frontières terrestres. Rappelons que la présidence irlandaise de l’UE avait inscrit dans un premier temps, à l’agenda du Conseil JAI du 7 mars, le vote en vue de l’entrée dans l’espace Schengen de Bucarest et Sofia. Pourtant, face à l’opposition de Berlin exprimée quelques jours auparavant, la Roumanie a renoncé à demander le vote sur cette question.


    L’Allemagne, par la voix de son ministre des Affaires Intérieures, Hans-Peter Friedrich, critique notamment l’absence de progrès réels dans la lutte contre la corruption menée par Bucarest et Sofia. En plus, ajoute le responsable allemand, les deux pays ont toujours du mal à mettre en place certaines mesures. Même si, lors du Conseil JAI, la majorité des Etats membres ont exprimé des positions de soutien pour l’adhésion des deux pays, l’Allemagne, les Pays Bas et la Finlande ont lié ce thème à la nécessité d’enregistrer des progrès substantiels dans le Mécanisme de Coopération et Vérification dans le domaine de la Justice.


    Le chef du département Schengen de Bucarest, Marian Tutilescu, affirme:«Trois Etats membres ont exprimé la nécessité d’attendre jusqu’au prochain rapport élaboré dans le cadre du Mécanisme de coopération et de vérification, à la fin de cette année. Parmi les autres pays qui se sont exprimés, je mentionnerais le Danemark, l’Autriche, la Suède, la Slovaquie, l’Italie et l’Espagne. Ces pays ont clairement déclaré qu’il n’existait aucune liaison entre les deux mécanismes et que la Roumanie et la Bulgarie avaient accompli toutes les conditions d’adhésion. Ce fut aussi la conclusion d’une décision du Conseil adopté en juin 2011 qui aurait imposé une prise de décision lors de cette réunion ».


    Tant pour la Roumanie, que pour la Bulgarie, l’adhésion à Schengen demeure un objectif majeur de politique étrangère. C’est pourquoi les deux pays se sont proposé d’opérer un changement de stratégie.


    Luminita Apostol, correspondante de la Radio publique roumaine à Bruxelles : « La Roumanie se propose de changer sa stratégie au sujet de l’adhésion à l’espace de libre circulation et aux côtés de la Bulgarie, elle commencera une véritable offensive, selon le ministre roumain de l’Intérieur, Radu Stroe. Les responsables roumains auront des pourparlers directs avec tous les Etats Schengen, y compris avec ceux qui soutiennent l’adhésion des deux pays, mais surtout avec les autres, toujours réticents – Allemagne, Pays-Bas et Finlande. Pour ce qui est de l’Allemagne, le ministre Radu Stroe a déclaré que la Roumanie proposera même l’envoi de policiers roumains, ainsi que d’autres mesures techniques de coopération. L’Allemagne a évoqué aussi la question des immigrés roumains, qui ne travaillent pas et qui arrivent à recevoir des aides sociales, devenant ainsi un fardeau pour le système allemand. »


    Les Allemands, les Néerlandais ou les autres citoyens européens ont-ils de bonnes raisons de craindre une adhésion prématurée de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen ?


    Réponse avec l’analyste Alexandru Cumpanasu : « S’ils en ont, ils devront les argumenter. La position du ministre allemand de l’Intérieur et des autres Etats en question est plutôt floue, puisqu’ils affirment que nous ne remplissons pas certaines conditions essentielles. Or, faire une telle déclaration ne suffit pas. Et comme ils ont du mal à trouver les arguments pour soutenir leur point de vue, ils font référence au Mécanisme de Coopération et de Vérification, ce qui, à mon sens, n’est pas correct. Certes, considérées séparément, les remarques relatives à ce mécanisme sont justes et nous devons y remédier, mais il ne faut pas les mettre en rapport avec la question de l’adhésion à l’espace Schengen. C’est dire que leur argument ne tient pas debout. La discussion est déjà de nature politique, donc trop peu technique. Je pense que lorsqu’on invoque ce mécanisme, on ne peut pas parler de la grande corruption, car les faits de corruption d’un ministre, d’un parlementaire, d’un maire n’ont rien à voir avec l’immigration illégale, soit la principale crainte lorsqu’il s’agit de Schengen, lequel se définit comme espace de libre circulation des personnes et des biens. Quel est alors le rapport avec la corruption du ministre ou du maire? »


    De plus, affirme Alexandru Cumpănaşu, les rapports du Mécanisme de coopération et de vérification concernant la frontière roumaine sont positifs dès 2010. Le refus de l’admission dans l’espace Schengen entraîne des pertes notamment économiques, ajoute Alexandru Cumpănaşu, en rappelant les conséquences qui en découlent pour importateurs et exportateurs. (aut. : Corina Cristea ; trad.: Ioana Stancescu, Mariana Tudose, Alex Diaconescu)