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  • Constantin Bălăceanu-Stolnici

    Constantin Bălăceanu-Stolnici


    Nous avons un invité spécial : Constantin
    Bălăceanu-Stolnici, pionnier de la neurocybernétique, médecin neurologue,
    professeur de neuropsychologie et d’anatomie du système nerveux, membre
    honoraire de l’Académie roumaine, membre de l’Académie des Gens de Sciences de
    Roumanie et de l’Académie des sciences médicales de Roumanie, pour ne citer que
    quelques titres.






    Constantin
    Bălăceanu-Stolnici est né en 1923, à Bucarest. Deux décennies durant il a été médecin
    gériatre praticien hospitalier et chef de clinique à l’Institut national de
    Gérontologie, créé en 1952 par la fameuse docteure Ana Aslan. En 1964, l’Organisation
    mondiale de la santé a proposé cet établissement de soins et de recherche comme
    modèle d’institut gériatrique aux pays développés.




    Pour
    commencer, notre invité nous parle de son travail au sein de cet institut et de
    sa collaboration avec Mme Aslan : «
    Ce fut une collaboration très intéressante, fructueuse, bénéfique tant pour moi
    que pour l’Institut. J’y ai passé 25 ans et j’ai même fini par le diriger.
    Cette institution était intéressante du point de vue scientifique, grâce aux
    recherches menées non seulement sur des questions liées à la pathologie, mais
    aussi à la sociologie, à la biochimie, à la biologie du vieillissement. Elle
    était importante aussi d’un point de vue pratique, puisqu’on y soignait des malades. Cet institut
    a traité des milliers de malades âgés, alors que Mme Aslan a eu aussi une autre
    contribution méconnue des autres : une partie de l’Institut a été
    transformée en une sorte de refuge pour les pauvres, les sans-abris, chassés
    des rangs de l’aristocratie roumaine. Ils n’ont pas été cachés, puisqu’il est
    impossible de cacher des gens dans un hôpital public. Mais ils ont été inclus
    dans une sorte de groupe de recherche. Et si on le lui reprochait, Mme Aslan
    répondait tout simplement : « mais qu’est-ce que vous auriez préféré,
    que je fasse des expérimentations sur la classe ouvrière ? ». »






    Il
    s’agit sans doute de la période communiste, lorsque les riches et les aristocrates
    étaient chassés par le régime, alors que la classe ouvrière bénéficiait de plus
    en plus de droits. Mais revenons à notre invité, Constantin Bălăceanu-Stolnici,
    qui a signé plusieurs inventions. Parmi elles, le thermomètre électronique pour
    mesurer la pression intraoculaire.




    Constantin
    Bălăceanu-Stolnici s’en souvient : « A
    l’époque où j’étais assistant de clinique à la section de neurologie, l’on a
    créé un institut très intéressant d’ophtalmologie et d’ORL et on m’a demandé de
    diriger son laboratoire de médecine expérimentale. C’est là que j’ai pratiqué
    la médecine expérimentale, en me penchant, avec mes collègues Brucker et
    Willenz sur des questions liées à la pression intraoculaire. Nous avons voulu
    clarifier certains aspects liés au glaucome. Nos ouvrages ont été publiés et
    largement commentés à l’étranger. Personnellement, je n’ai pas pu voyager, car
    la circulation des Roumains était limitée à l’époque, mais d’autres ont pu le
    faire, comme le professeur Păcuraru de Cluj, qui a présenté nos
    travaux à l’étranger. Puis, au moment où nous avons eu un peu de liberté de
    nous déplacer, j’étais déjà connu à Paris, à la Société française
    d’ophtalmologie ».






    Il
    faut dire aussi que notre invité, Constantin Bălăceanu-Stolnici est un pionnier
    de la neurocybernétique et compte parmi les créateurs du modèle cybernétique du
    neurone.






    Constantin
    Bălăceanu-Stolnici nous en parle : « C’était
    une époque assez difficile. On l’a oublié, mais les débuts de la cybernétique
    se sont heurtés à une forte opposition de Staline contre l’étude de ce domaine.
    Je n’ai jamais compris pourquoi il avait horreur de la cybernétique et pourquoi
    il l’avait définie comme une pseudoscience dangereuse, inventée par les
    capitalistes pour détruire la classe ouvrière. Ce titre avait été spécialement
    choisi pour donner un cadre pénal à cette science. Par conséquent, on ne
    pouvait mener que des recherches clandestines à cette époque-là. Moi, j’ai
    découvert la cybernétique en 1948, lorsque j’ai rencontré le professeur Matei
    Balş, qui m’a donné le livre de Norbert Wiener. C’est ainsi que j’ai commencé à
    travailler dans ce domaine. J’ai aussi rencontré Edmond Nicolau, qui était
    ingénieur et mathématicien, et nous avons travaillé presque 25 ans ensemble
    dans le domaine de la cybernétique. Le modèle cybernétique du neurone a été une
    des premières choses que nous avons réalisées. »









    Une
    vie consacrée aux sciences médicales et à la recherche, Constantin
    Bălăceanu-Stolnici est une figure de proue du monde scientifique roumain. (Trad. Valentina Beleavski)