Tag: Corina Cristea

  • Cartes géopolitiques

    Cartes géopolitiques

    Le lancement effectif de la deuxième étape de déploiement du bouclier antimissile global, l’élargissement de l’OTAN en Europe et la menace d’une militarisation de l’Arctique représentent dans l’opinion du leader du Kremlin autant de menaces à l’adresse de l’équilibre stratégique mondial. Prenant la parole à la réunion du ministère de la Défense, axée sur les résultats de 2012, le président russe, Vladimir Poutine, a ciblé son discours sur les priorités russes en matière de sécurité et a passé en revue les principales sources d’inquiétude: la multiplication des zones d’instabilité, les conflits armés du Moyen Orient et une détérioration grave de la donne en Asie Centrale, à proximité immédiate des frontières de la Russie.




    Et puisque de tels défis risquent de porter atteinte aux intérêts nationaux de Moscou, ils entraînent, a affirmé Poutine, le choix des priorités politiques. Le correspondant Radio Roumanie à Moscou, Alexandr Beleavschi, explique: « Parmi les concepts fondamentaux sur lesquels repose la nouvelle doctrine de politique étrangère de la Russie figure celui dit de la sécurité indivisible. Aux termes de cette doctrine, la Russie entend développer ses futurs rapports avec l’OTAN compte tenu de la volonté de l’Alliance de construire un partenariat d’égal à égal, de respecter le droit international. Les relations russo-otaniennes seront dictées par les pas que l’Alliance sera prête à franchir vers la création d’un espace commun de paix et de sécurité dans la région euro- atlantique. Et aussi par la façon dont elle assumera son engagement adopté lors du Conseil OTAN-Russie de ne pas renforcer sa propre sécurité au détriment d’autrui. En fait, cette nouvelle doctrine vient confirmer l’attitude négative adoptée par la Russie face à l’élargissement de l’OTAN et face au rapprochement de l’infrastructure militaire de l’Alliance de ses frontières ».




    Sur l’ensemble des priorités russes, c’est le lancement d’une union eurasienne proposée par le président Poutine, tout comme un renforcement d’un espace économique commun de la Russie, du Bélarus et du Kazakhstan qui figurent en tête de liste.




    Parallèlement, Moscou se donne pour tâche de contribuer à la structure multipolaire du pouvoir dans le monde à travers le développement des mécanismes de réaction collective face aux menaces à l’adresse de la sécurité régionale. Pour cela, la Russie se propose de renforcer la composante militaire de l’Organisation du Traité de sécurité collective dont font partie plusieurs anciennes républiques soviétiques sous coordination russe. Sur la toile de fond des récentes évolutions géopolitiques, le leader du Kremlin a appelé à la modernisation des forces armées russes dans les 5 années à venir. En réplique, son homologueaméricain, Barack Obama, a invité Poutine à une nouvelle réduction des armes stratégiques.




    Nous repassons le micro à Alexandr Beleavschi : «Par le nouveau traité russo-américain Start, signé par les présidents Medvedev et Obama en 2010, les deux superpuissances nucléaires s’engagent à réduire leur arsenal à 1550 ogives nucléaires et 800 vecteurs, dont 700 déployés, tout au plus. Dans son discours à la nation, le président Barack Obama déclarait qu’il proposerait à la Russie de nouvelles réductions d’armements nucléaires, en dessous du niveau fixé par le nouveau traité Start. Les experts militaires russes estiment pourtant que ces propositions ne sont pas avantageuses pour leur pays.


    Première raison: pour l’instant, les arsenaux nucléaires américains se situent au-dessus du niveau supérieur fixé par le traité Start, alors que les arsenaux russes se trouvent à la limite où même en dessous de ce niveau. Deuxième raison: la structure différente de leurs triades nucléaires. La triade russe est composée de missiles balistiques basés au sol, alors que celle américaine est composée de sous-marins nucléaires. Troisième raison: l’immense avantage des Etats-Unis dans le domaine des armes stratégiques conventionnelles, notamment de haute précision. Enfin, 4e et dernière raison: le voisinage géopolitique — avec la Chine, la Corée du Nord, le Pakistan et l’Iran pour la Russie contre le Mexique et le Canada pour les Etats-Unis.»




    La récente rencontre de Berlin entre le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, n’a apporté de réponse concrète à aucun des problèmes majeurs qui se font jour dans les relations russo-américaines — celui du bouclier antimissile compris. Avant cette rencontre, on avait évoqué un éventuel compromis entre la Russie et les Etats-Unis — sous la forme d’une déclaration politique à caractère exécutoire signée par les présidents des deux pays et stipulant que le bouclier antimissile n’était pas dirigé contre la Russie.




    Après les pourparlers de Berlin, le chef de la diplomatie russe a démenti ces spéculations. Il a affirmé que si l’on ne pouvait pas aboutir à un accord sur la mise en place d’un bouclier antimissile commun, Moscou attend non pas des déclarations, mais des garanties que celui-ci n’est pas dirigé contre la Russie. Des garanties que l’on puisse vérifier à partir de critères techniques et militaires, mais que Washington a déclaré, à plusieurs reprises, ne pas pouvoir offrir.




    Pour l’instant, Moscou a alloué 650 milliards de dollars à son programme de dotation et de modernisation de l’armée pour 2011-2020 — somme record pourtant difficile à assurer, selon les experts. (trad.: Ioana Stăncescu, Dominique)

  • Le Vatican: Habemus Papam!

    Le Vatican: Habemus Papam!


    Le 13 mars dernier, la fumée blanche qui s’est échappée au-dessus de la Chapelle Sixtine annonçait à la ville de Rome et au monde qu’un nouveau pape venait d’être élu. C’était pour la première fois depuis plus d’un siècle que les cardinaux électeurs tranchaient la question au bout de seulement cinq tours de scrutin. Le nouveau Souverain pontife accumule les premières: premier jésuite à accéder au trône papal, premier pape originaire des Amériques et premier non européen à être élu au Vatican depuis Grégoire III, au 8e siècle.


    L’Argentin Jorge Mario Bergoglio, 76 ans, est aussi le premier depuis Jean-Paul I, en 1978, à prendre un nom papal inédit, celui de François. Ce choix, qui rappelle ce jeune homme riche de la ville d’Assise, qui a tourné le dos à la fortune familiale pour fonder, en 1290, l’ordre monacal des franciscains, ce choix, donc, pourrait indiquer les priorités de la mission que se donne le nouveau pape. Le pontificat de son prédécesseur, Benoît XVI, a été marqué par de nombreux scandales, notamment celui des prêtres pédophiles en Irlande et aux Etats-Unis, ainsi que par une communication défaillante. Une fois prononcée la formule traditionnelle “Habemus Papam” qui annonçait son élection, le 266e chef de l’église romaine-catholique a adressé aux milliers de fidèles rassemblés Place Saint Pierre sa première bénédiction Urbi et Orbi.


    Le père Adrian Dancă, de Radio Vatican: «Une profonde révérence devant l’humanité. Le pape François, venu du bout du monde pour prendre la tête de l’église, a étonné par son geste d’une désarmante simplicité, amplifié par les milliers de caméras et de micros installés Place Saint Pierre. Avant la bénédiction Urbi et Orbi, le Pape s’est incliné devant le monde sans prononcer un seul mot, pour demander d’abord pour soi la bénédiction de la foule de fidèles. Ceux qui étaient à la recherche d’indices précieux du profil de l’homme, les ont trouvés. Pour l’instant, ce sont la nouveauté et la surprise qui dominent. La même surprise doit avoir saisi, mercredi matin, les serviteurs de la Basilique Romaine vouée à la Sainte Vierge, lorsqu’ils l’ont vu descendre d’un minibus ordinaire et frapper à la porte, prenant ainsi de court le personnel chargé du protocole et de la sécurité. Une demi-heure de prière à genoux. Un bouquet de fleurs posé sur l’autel de la Vierge. La première journée du pontificat allait continuer par une visite à l’hôtel qu’il avait habité avant le conclave. Il règle la note, plie bagages, prend congé du personnel de l’hôtel. Il apprend aussi que le billet retour pour l’Argentine, acheté à une compagnie low-cost n’est plus remboursable.”


    Ce sera le pontificat d’un pape proche des gens, humble, au service exclusif de Dieu — voilà l’impression donnée par les premières actions du nouveau chef de l’Eglise romaine-catholique. Lors de la cérémonie d’inauguration de son pontificat, le pape François a appelé le monde à faire preuve de bonté et de sensibilité. « Il faut que l’homme prenne soin de tout, il faut que nous soyons les gardiens des dons de Dieu. Et quand lhomme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le cœur sendurcit. A chaque époque de lhistoire, malheureusement, il y a des Hérode qui trament des desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de lhomme et de la femme. J’exhorte tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, hommes ou femmes, à être “gardiens de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de lautre, de lenvironnement. Qu’on ne laisse pas les signes de la destruction et de la mort accompagner le chemin de notre monde. »


    De nombreux défis se posent devant le nouveau pape, tels des problèmes éthiques ou des scandales liés aux abus sexuels dont se fait accuser une Eglise qui réunit quelque 1,2 milliard de fidèles. Une synthèse élaborée par AFP met en lumière le fait que l’Eglise catholique est confrontée dans des pays tels l’Autriche, l’Allemagne, l’Irlande ou la France à une vague de contestation sans précédent. De nombreuses organisations cléricales ou religieuses réclament plus de démocratie au sein de l’Eglise catholique, une réforme de la papauté, l’acceptation du mariage des prêtres et surtout l’ordination des femmes.


    Sur l’ensemble des réformes envisagées, deux sont exigées également par des archevêques du nouveau Souverain Pontife: il s’agit de la permission accordée aux personnes divorcées et remariées de recevoir la communion et de l’acceptation du mariage des prêtres. Entre temps, l’Occident continue à dénoncer les abus imputés à l’Eglise notamment entre 1965 et 1985. A titre d’exemple, il suffit de rappeler le scandale autour de l’Archevêché de Los Angeles accusé d’avoir protégé des prêtres pédophiles.


    D’autre part, la corruption continue à ravager des congrégations et diocèses notamment en Afrique, tandis que le Vatican se heurte à la crise financière.(trad.: Ileana Taroi, Ioana Stancescu)

  • Schengen, un objectif difficile à atteindre

    Schengen, un objectif difficile à atteindre


    La Roumanie et la Bulgarie auraient dû célébrer cette année deux ans depuis leur adhésion à l’espace de libre circulation. Pourtant, les hostilités déclenchées à plusieurs reprises par certains pays membres ont rendu impossible l’accomplissement par Bucarest et Sofia de leur plus grand objectif de politique étrangère depuis leur intégration de l’UE.


    Lors du récent Conseil Justice et Affaires Intérieures de Bruxelles, les ministres européens ont décidé de reprendre les discussions sur l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen fin 2013 pour établir les procédures à suivre pour une adhésion en deux étapes. Il s’agirait dans un premier temps d’une ouverture des frontières aériennes et maritimes de Schengen à la Roumanie et à la Bulgarie et puis des frontières terrestres. Rappelons que la présidence irlandaise de l’UE avait inscrit dans un premier temps, à l’agenda du Conseil JAI du 7 mars, le vote en vue de l’entrée dans l’espace Schengen de Bucarest et Sofia. Pourtant, face à l’opposition de Berlin exprimée quelques jours auparavant, la Roumanie a renoncé à demander le vote sur cette question.


    L’Allemagne, par la voix de son ministre des Affaires Intérieures, Hans-Peter Friedrich, critique notamment l’absence de progrès réels dans la lutte contre la corruption menée par Bucarest et Sofia. En plus, ajoute le responsable allemand, les deux pays ont toujours du mal à mettre en place certaines mesures. Même si, lors du Conseil JAI, la majorité des Etats membres ont exprimé des positions de soutien pour l’adhésion des deux pays, l’Allemagne, les Pays Bas et la Finlande ont lié ce thème à la nécessité d’enregistrer des progrès substantiels dans le Mécanisme de Coopération et Vérification dans le domaine de la Justice.


    Le chef du département Schengen de Bucarest, Marian Tutilescu, affirme:«Trois Etats membres ont exprimé la nécessité d’attendre jusqu’au prochain rapport élaboré dans le cadre du Mécanisme de coopération et de vérification, à la fin de cette année. Parmi les autres pays qui se sont exprimés, je mentionnerais le Danemark, l’Autriche, la Suède, la Slovaquie, l’Italie et l’Espagne. Ces pays ont clairement déclaré qu’il n’existait aucune liaison entre les deux mécanismes et que la Roumanie et la Bulgarie avaient accompli toutes les conditions d’adhésion. Ce fut aussi la conclusion d’une décision du Conseil adopté en juin 2011 qui aurait imposé une prise de décision lors de cette réunion ».


    Tant pour la Roumanie, que pour la Bulgarie, l’adhésion à Schengen demeure un objectif majeur de politique étrangère. C’est pourquoi les deux pays se sont proposé d’opérer un changement de stratégie.


    Luminita Apostol, correspondante de la Radio publique roumaine à Bruxelles : « La Roumanie se propose de changer sa stratégie au sujet de l’adhésion à l’espace de libre circulation et aux côtés de la Bulgarie, elle commencera une véritable offensive, selon le ministre roumain de l’Intérieur, Radu Stroe. Les responsables roumains auront des pourparlers directs avec tous les Etats Schengen, y compris avec ceux qui soutiennent l’adhésion des deux pays, mais surtout avec les autres, toujours réticents – Allemagne, Pays-Bas et Finlande. Pour ce qui est de l’Allemagne, le ministre Radu Stroe a déclaré que la Roumanie proposera même l’envoi de policiers roumains, ainsi que d’autres mesures techniques de coopération. L’Allemagne a évoqué aussi la question des immigrés roumains, qui ne travaillent pas et qui arrivent à recevoir des aides sociales, devenant ainsi un fardeau pour le système allemand. »


    Les Allemands, les Néerlandais ou les autres citoyens européens ont-ils de bonnes raisons de craindre une adhésion prématurée de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen ?


    Réponse avec l’analyste Alexandru Cumpanasu : « S’ils en ont, ils devront les argumenter. La position du ministre allemand de l’Intérieur et des autres Etats en question est plutôt floue, puisqu’ils affirment que nous ne remplissons pas certaines conditions essentielles. Or, faire une telle déclaration ne suffit pas. Et comme ils ont du mal à trouver les arguments pour soutenir leur point de vue, ils font référence au Mécanisme de Coopération et de Vérification, ce qui, à mon sens, n’est pas correct. Certes, considérées séparément, les remarques relatives à ce mécanisme sont justes et nous devons y remédier, mais il ne faut pas les mettre en rapport avec la question de l’adhésion à l’espace Schengen. C’est dire que leur argument ne tient pas debout. La discussion est déjà de nature politique, donc trop peu technique. Je pense que lorsqu’on invoque ce mécanisme, on ne peut pas parler de la grande corruption, car les faits de corruption d’un ministre, d’un parlementaire, d’un maire n’ont rien à voir avec l’immigration illégale, soit la principale crainte lorsqu’il s’agit de Schengen, lequel se définit comme espace de libre circulation des personnes et des biens. Quel est alors le rapport avec la corruption du ministre ou du maire? »


    De plus, affirme Alexandru Cumpănaşu, les rapports du Mécanisme de coopération et de vérification concernant la frontière roumaine sont positifs dès 2010. Le refus de l’admission dans l’espace Schengen entraîne des pertes notamment économiques, ajoute Alexandru Cumpănaşu, en rappelant les conséquences qui en découlent pour importateurs et exportateurs. (aut. : Corina Cristea ; trad.: Ioana Stancescu, Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • Comment dessiner une carte ?

    Comment dessiner une carte ?


    La réforme territoriale est un thème récurrentdans la Roumanie de ces derniers temps. La classe politique, dans son ensemble, se dit favorable à cette idée et avance comme principal argument les bénéfices découlant de l’accès aux fonds européens. C’est le découpage proprement-dit des régions qui fait traîner le processus. Alors que l’importante minorité ethnique magyare, concentrée au centre du pays, dans les comtés de Harghita, Covasna et Mureş, souhaiterait que ces derniers forment une seule et même région, les décideurs politiques déclarent qu’il est hors de question de prendre en compte le critère ethnique.





    Le vice-premier ministre Liviu Dragnea annonçait récemment, le lancement du processus d’élaboration du cadre législatif nécessaire pour mettre en place le projet de décentralisation régionale et administrative. Selon le même officiel, qui mènera le comité interministériel chargé de centraliser les analyses, études et rapports du Conseil consultatif – formé d’experts, politiciens, membres de l’administration locale et représentants de la société civile – ce projet, qui devrait être finalisé le 1er juillet, repose sur le découpage du territoire conçu en 2007 et en huit régions de développement régional.





    Pourtant, Simion Creţu, directeur général de l’une de ces régions, s’attend à ce que la démarche dure plus longtemps : « A mon avis, ce processus de régionalisation ne s’achèvera pas d’ici deux ans. Il faut compter sur un calendrier beaucoup plus étendu, qui permette d’aboutir à des régions administratives vraiment fonctionnelles. Des problèmes il y en aura partout, depuis ceux relatifs à l’établissement des chef-lieux jusqu’à la gouvernance effective de ces régions dans la période de transition qui s’étend de 2014 à 2016, soit jusqu’aux futures élections municipales, qui seront probablement doublées d’élections régionales. »



    Par ailleurs, Simion Creţu plaide en faveur d’une ample consultation populaire, censée garantir la réussite d’une telle démarche. Une position que partage aussi Diana Iancu, docteur en sciences administratives, spécialisée dans la gouvernance multi-niveaux. Dans un entretien à la radio publique roumaine, elle insistait sur la nécessité que les facteurs impliqués dans l’élaboration du cadre législatif et organisationnel ne perdent pas de vue le principal bénéficiaire de cette réforme, à savoir le citoyen. Diana Iancu : « La régionalisation, telle qu’elle se dessine actuellement dans les discussions avec le gouvernement, est plutôt conçue comme une solution technique. Je pense qu’il nous faudrait parler davantage de la valeur ajoutée d’un tel type de gouvernance, plus proche du citoyen. Par delà les aspects liés à la répartition des compétences dans tel ou tel domaine, y compris celui des fonds européens, je crois qu’il faut se poser la question très importante de savoir qui est responsable devant les citoyens. Ces derniers pourraient se demander qui assumera finalement la responsabilité si les choses ne marchent pas comme il faut. »



    Les principes de réorganisation administrative, approuvées par le gouvernement, prévoient pour chacune des futures régions un président et un conseil, élus par suffrage universel, chargés de gérer les budgets locaux, l’argent européen et les fonds alloués par le gouvernement. Ils auront donc des compétences accrues par rapport aux pouvoirs locaux en place actuellement. Le nombre, la configuration et le fonctionnement des nouvelles entités territoriales devraient être établis après consultation populaire.





    Dans le même temps, on maintiendra les départements qui composent à présent la carte de la Roumanie. Ceci étant, ne risque-t-on pas d’alourdir la structure administrative au lieu de la simplifier? Réponse avec Diana Iancu: « Cette crainte existe. Bien des démarches déployées en ce moment au sein de l’UE vont plutôt dans un sens contraire, c’est-à-dire vers la recentralisation et l’on discute de plus en plus souvent d’arrangements entre municipalités, territoires et groupes territoriaux qui transcendent les frontières nationales. Il n’est pas moins vrai, cependant, qu’il existe aussi des situations toutes autres. Prenons l’exemple de la Slovaquie, qui subit à présent un ample processus d’émiettement territorial. A considérer l’évolution de l’économie dans ce pays, on dirait une possible clé de la réussite. C’est ça le fond du problème. D’autre part, le morcellement excessif des structures territoriales ne risque-t-il pas d’aboutir au double emploi et, partant, de rendre plus difficile la solution des problèmes? »


    Diana Iancu a, dans ce contexte, rappelé d’autres modèles européens que la Roumanie pourrait prendre en compte : « Quand on discute des modèles de bonnes pratiques, il faut savoir qu’il y a des normes générales et un principe fondamental selon lequel la gouvernance doit s’exercer au plus près du citoyen. Plusieurs exemples me viennent à l’esprit: les réformes territoriales entreprises au Danemark, le groupe d’arrangements en Suède ou bien la gouvernance néerlandaise, plus centralisée que l’on ne croirait. Enfin, il est très intéressant aussi le modèle de gouvernance multi-niveaux qui existe en République Tchèque. »


    Ce ne sont là que quelques modèles dont la Roumanie pourrait s’inspirer pour le re-découpage de sa carte, en tenant compte, bien évidemment, des spécificités locales et des attentes par rapport à la réforme territoriale envisagée. (trad. : Mariana Tudose)

  • Vote nouveau pour un statut nouveau

    Vote nouveau pour un statut nouveau


    Re-examiné au Parlement après le refus du Président Traian Bàsescu de le promulguer, le statut des parlementaires roumains a été adopté cette semaine par le législatif de Bucarest.






    La raison du mécontentement du chef de l’Etat concerne certaines stipulations controversées à l’égard de l’incompatibilité et du conflit d’intérêts constatées par l’Agence Nationale d’Intégrité (ANI) qui contreviendraient aux exigences de l’Union Européenne. Selon les nouvelles modifications, l’état d’incompatibilité constaté par ANI sera notifié au parlementaire de la chambre respective. Celui-ci peut contester le rapport dans un délai de maximum 45 jours, vis-à-vis des 15 dans l’ancien statut, à partir du moment de la notification.






    Le président de la Chambre des Députés, le social-démocrate Valeriu Zgonea soutient que les modifications du statut simplifient les procédures liées à l’incompatibilité des parlementaires: « Nous y avons introduit cette clé, c’est nous qui informons le parlementaire, pour ne plus avoir des commentaires. Par ailleurs, au bout de 15 jours, un délai assez bref, nous avons sur les bras un député ou un sénateur de la Roumanie élu avec des dizaines de milliers de voix qui n’est pas en mesure de pouvoir contester un rapport de ANI. »




    Si l’Union Démocrate des Hongrois de Roumanie(UDMR) s’est abstenue du vote sur les modifications au statut des parlementaires, les autres formations d’opposition, le Parti du Peuple — Dan Diaconescu (PP-DD) et le Parti Démocrate Libéral (PDL) ont voté contre.




    Les démocrates-libéraux ont décidé de contester ce statut devant la Cour Constitutionnelle car ils estiment que le texte adopté offre aux sénateurs et aux députés une sorte de super-immunité, comme affirme le député PDL Gabriel Andronache: « Super-immunité qui crée la discrimination entre parlementaires et autres catégories d’élus, surtout les élus locaux. Vous avez éliminé toute autre forme de responsabilité, raison pour laquelle nous allons déposer une initiative législative qui envisage corriger toutes ces situations.»




    Il s’agirait d’une initiative législative qui puisse souligner que l’immunité parlementaire ne couvre que les déclarations politiques et que tout autre conflit d’intérêts suppose la perte le mandat. Au début de la semaine, du document re-examiné par la Commission des statuts et par les Commissions juridiques réunies on a éliminé la stipulation selon laquelle le parlementaire qui n’attaque pas devant une Cour de Justice le rapport de ANI concernant son incompatibilité perdrait son mandat.






    Selon l’ancien ministre de la Justice, le sénateur PNL Tudor Chiuariu, une telle prévision serait inacceptable car pouvant mener à la cessation du mandat du parlementaire visé pour plusieurs raisons n’étant pas liées à celui-ci….(trad.: Costin Grigore)

  • Le budget d’Etat – avalisé par le gouvernement

    Le budget d’Etat – avalisé par le gouvernement


    Avalisés mercredi par le gouvernement de Bucarest, les projets de loi concernant le budget d’Etat et le budget des assurances sociales d’Etat 2013 seront débattus par le Parlement, les députés et les sénateurs devrant exprimer leurs amendements. Le nouveau projet budgétaire vise le développement économique de la Roumanie — soutient le ministre des Finances, Daniel Chitoiu qui précise que celui-ci est construit sur des indicateurs macroéconomiques accrus vis-à-vis de l’année dernière : « Nous avons prévu une croissance économique de 1,6% du PIB, l’inflation prévue étant de 4,3%. Les revenus totalisés au budget consolidé représentent 33,6% du PIB. Les dépenses du budget général consolidé représentent 35,7%, le déficit représentant 2,1% du PIB. »




    Les 15,4 milliards de lei (3,5 milliards d’euros) constituent des dépenses plus élevées que celles de 2012, dit, encore, le ministre délégué au budget, Liviu Voinea qui énumère les domaines vers lesquels sera dirigé l’argent : « 5,4 milliards vont aux dépenses de personnel, dont 4,5 milliards représentent la restauration des salaires des employés de l’Etat après les amputations, 0,9 milliards signifient l’application de certains arrêts de justice exécutoires visant des droits salariaux. Où va, encore, l’argent ? 3,1 milliards augmentent les dépenses de biens et services qui, en réalité, ne croissent que pour pouvoir payer les arriérés de la santé. »




    Le premier ministre Victor Ponta décrit le budget comme étant réaliste, permettant de conserver les investissements et d’allouer davantage d’argent pour cofinancer les projets européens. Equilibré et rationnel, le budget 2013 va assurer l’observation des engagements vis-à-vis des principaux créditeurs internationaux de la Roumanie ainsi que des décisions d’accroître le salaire minimum à 800 lei (180 euros) et d’indexer les pensions de retraite de 4% – dit, encore, le chef de l’Exécutif. L’argent sera acheminé, également, pour payer quelques dettes anciennes.



    Pour disposer d’un plus d’argent au budget, un paquet de mesures a été adopté au début de cette semaine qui devrait représenter un supplément du budget annuel estimé à 2,9 milliards de lei (quelques 650 milliards d’euros). Il s’agit d’une série de taxes et impôts spéciaux dans l’agriculture, l’énergie et les ressources naturelles.



    A partir du lundi 28 janvier, le projet du budget stipulant les termes agrées par les experts financiers internationaux fera l’objet de l’analyse des commissions spécialisées, les débats devrant se dérouler dans le plénum réuni du Parlement à partir du 5 février…. (trad.: Costin Grigore)