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  • Des préparatifs pour le vote de la diaspora roumaine

    Des préparatifs pour le vote de la diaspora roumaine

    Cela fait quelques années déjà que les scrutins électoraux de Roumanie provoquent des queues immenses au sein de l’électorat roumain de l’étranger. Forcés de se rendre aux bureaux de vote dès le petit matin pour être sûrs de pouvoir exprimer leur choix avant la fermeture, les électeurs de la diaspora ont dénoncer à maintes reprises la législation déficitaire en la matière. Du coup, les responsables politiques ont fini par la modifier afin de faciliter le vote des Roumains de l’étranger à l’occasion des futures présidentielles prévues le 10 et le 24 novembre prochain. Le document met en place le vote par correspondance ainsi que le vote anticipé pour la diaspora, qui permettra de se présenter aux urnes de vendredi à dimanche, par rapport au seul dimanche, comme c’était le cas jusqu’à présent. En plus, le document prévoit la possibilité de prolonger le programme de vote jusqu’à minuit pour les électeurs se trouvant à l’intérieur des bureaux de vote et pour ceux qui attendent à l’extérieur. Cette procédure s’appliquera également aux bureaux de vote de Roumanie.

    Les membres de la diaspora ont dû s’inscrire sur les listes électorales permanentes de l’étranger en complétant un formulaire en ligne sur le site de l’Autorité électorale permanente où ils ont fait part de la façon dont ils souhaitent voter : par correspondance ou dans les bureaux de vote. Bucarest a également décidé de mettre en place de nouvelles sections de vote dans les localités où vivent des communautés roumaines fortes d’au moins une centaine de personnes. Suite aux demandes enregistrées sur le site de l’Autorité électorale permanente, les Roumains vivant en dehors des frontières nationales seront effacés des listes électorales de Roumanie afin de faciliter la tache des commissions électorales.

    Prolongé de quatre jours, le délai des inscriptions électroniques a expiré le 15 septembre et le résultat s’avère plutôt modeste : seulement 80.000 Roumains de l’étranger ont fait part de leurs options dont 41.000 ont choisi le vote par correspondance et le reste dans les bureaux de vote. Un chiffre bien en dessous des 370.000 électeurs qui ont pris d’assaut les bureaux de vote mis en place dans leurs pays d’accueil lors des dernières élections roumaines. Sur l’ensemble des raisons qui les ont poussés à rejeter l’inscription en ligne figure la crainte que leurs données ne soient transmises, par la suite, au Fisc. Une peur que le président de l’Autorité électorale permanente a rejetée à plusieurs reprises, en affirmant haut et fort que les données à caractère personnel de ces électeurs seront utilisées exclusivement à des fins électorales. N’empêche ! Vue le faible nombre d’inscriptions en ligne par rapport à celui des Roumains de l’étranger, on s’attend à revoir, en novembre aussi, les traditionnelles queues devant les bureaux de vote. (trad. Ioana Stancescu)

  • 27.07.2016

    27.07.2016

    Attaque — L’attaque terroriste perpétrée à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans le nord-ouest de la France, est « un attentat symbolique contre l’identité chrétienne de l’Europe », affirme l’Eglise orthodoxe roumaine dans un communiqué où elle exprime également sa solidarité avec le peuple français de même que sa compassion pour les victimes et leurs familles. Deux djihadistes, dont un Français connu des services antiterroristes, ont surgi mardi matin dans léglise de Saint-Etienne-de-Rouvray, dans la banlieue de Rouen (nord-ouest), pendant la messe matinale, et pris en otage six personnes, dont le prêtre, trois religieuses et un couple. Le prêtre octogénaire, Jacques Hamel, a été égorgé. Les djihadistes ont été abattus par la police au moment où ils sont sortis sur le parvis de léglise. L’attaque a été revendiquée par l’organisation Etat islamique.



    UE — La Roumanie prendra la présidence tournante de l’UE en janvier 2019, six mois plus tôt que prévu par le calendrier de la communauté à 28 membres. Le Conseil européen a décidé que le programme soit devancé, après que le Royaume-Uni a renoncé à sa présidence qui devait intervenir en juillet 2017, suite au Brexit. C’est l’Estonie qui remplacera ainsi la Grande Bretagne, à ce moment-là, à la tête de l’UE. Londres a motivé ce renoncement par les négociations de sa sortie du bloc communautaire.



    Exercice — A compter d’aujourd’hui et jusqu’au 7 août, plus de 2700 militaires d’une dizaine de pays participent à un grand exercice accueilli par la base de Cincu, au centre de la Roumanie. Sur ces manœuvres, cinq pays membres de l’OTAN — la Roumanie, les Etats-Unis, le Canada, la Pologne et la Bulgarie — collaboreront avec cinq pays du Partenariat pour la paix — l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la République de Moldova et l’Ukraine. Leurs militaires seront impliqués dans des exercices de commandement, de formation par simulation assistée par l’ordinateur, d’entraînement sur le terrain et de tir de combat avec toutes les catégories d’armement.



    Vote — Un projet de décret d’urgence du gouvernement de Bucarest visant la modification rapide de certaines réglementations du vote par correspondance pour les Roumains de la diaspora sera proposé au débat public avant la mi-août, a annoncé le premier ministre Dacian Ciolos. Des élections législatives doivent se dérouler en décembre 2016 et l’Autorité électorale permanente constate que le nombre de Roumains inscrits au Registre électoral pour exprimer leur choix politique par correspondance ne se chiffre qu’à un peu plus de 3600. Aux termes de la loi électorale, les Roumains de la diaspora qui souhaitent voter par correspondance ou dans un bureau de vote spécialement aménagé dans leur localité de résidence doivent envoyer une requête en ce sens au Registre électoral par courrier postal ou auprès des missions diplomatiques roumaines à l’étranger.


    Le Parti national libéral roumain avait demandé au gouvernement de Bucarest d’instituer par décret d’urgence au moins autant de bureaux de vote pour la diaspora que lors du second tour de l’élection présidentielle de 2014, sinon davantage. Dans le même temps, les libéraux ont exigé que les Roumains résidant à l’étranger puissent s’inscrire au Registre électoral par courrier électronique aussi. Plus de 3 millions de Roumains ayant le droit de vote vivent et travaillent actuellement à l’étranger, la plupart dans les Etats membres de l’UE.



    Tennis — La Roumaine Simona Halep, numéro 5 mondiale, s’est qualifiée dans les huitièmes de finale du tournoi de tennis de Montréal, au Canada, après avoir dépassé l’Australienne Daria Gavrilova (45e WTA), 6-2, 6-3. Pour arriver dans les quarts de finale, la joueuse roumaine devra avoir raison de la gagnante du match entre la Tchèque Karolina Pliskova et l’Italienne Sarra Errani.


    Par ailleurs, l’autre Roumaine présente dans cette compétition, Monica Niculescu, s’est qualifiée au deuxième tour après avoir disposé en trois manches de la Lettone Jelena Ostapenko. Pour le prochain match, elle rencontrera la Polonaise Agnieszka Radwanska, 4e mondiale. Les deux joueuses roumaines évolueront ensemble à l’épreuve de double, face au duo ukrainien Katerina Bondarenko/Olga Savchuk.



    Foot — Le vice-champion de Roumanie au foot, Steaua Bucarest, a fait match égal, un partout, avec l’équipe tchèque de Sparta Prague, au troisième tour préliminaire de la Ligue des champions. Dans la même phase de la compétition, le champion Astra Giurgiu joue aujourd’hui, à domicile, contre les Danois de FC Copenhague. En outre, jeudi, au troisième tour préliminaire de la Ligue Europa, Viitorul Constanta jouera contre les Belges de Gand, tandis que Pandurii Tg. Jiu rencontreront les Israéliens de Maccabi Tel Aviv. La troisième équipe roumaine de la Ligue Europa, CSMS Iasi, a été éliminée par le club croate de Hajduk Split.

  • La semaine du 26 au 31 octobre 2015

    La semaine du 26 au 31 octobre 2015

    La loi du vote par correspondance finalement adoptée



    Les citoyens roumains résidant à l’étranger pourront voter dorénavant par correspondance, mais seulement aux futures élections parlementaires. La Chambre des députés de Bucarest a adopté mercredi une loi en ce sens. Une telle mesure s’imposait depuis une année déjà après que, lors du scrutin présidentiel de 2014, plusieurs milliers de ressortissants roumains avaient dû attendre des heures et des heures devant les ambassades et les consulats sans pour autant parvenir à exercer leur droit de vote. Les sociaux-démocrates, au pouvoir, affirment que la nouvelle loi récemment votée n’est qu’un projet-pilote qui, en fonction de ce qui se passera aux futures élections parlementaires de l’automne prochain, pourrait ou non se voir mettre en place pour les élections présidentielles et euro-parlementaires aussi.



    Liviu Dragnea, leader du PSD, déclare: « Les procédures diffèrent d’un type de scrutin à l’autre et on n’a pas voulu invoquer de problèmes supplémentaires pour reporter de nouveau le vote d’aujourd’hui. Vous allez voir que tous ceux qui disent que ces dispositions légales ne seront pas mises en place au moment du futur scrutin présidentiel soit se trompent, soit se proposent de compromettre le succès que l’on a tous remporté. »



    Bien que mécontent du fait que ladite loi se limite aux seules élections pour le Sénat et la Chambre des députés, le PNL a quand même voté favorablement pour le texte, en espérant qu’il finira par s’appliquer à tous les types de scrutin.



    Le député libéral Mihai Voicu affirme: « On a fait un premier pas dans la bonne direction, en adoptant la loi du vote par correspondance dans le cas des élections parlementaires. Pour l’instant, c’est tout ce que l’on a réussi à faire avec l’actuelle majorité parlementaire. Espérons qu’une autre majorité parlementaire en place lors du scrutin de l’année prochaine s’occupera de mettre en place le vote par correspondance pour tous les types de scrutins. »




    Poursuite de l’offensive contre la corruption



    Gheorghe Nichita, maire suspendu de Iasi, la ville la plus importante dans l’est de la Roumanie, et Tiberiu Urdăreanu, président d’un grand groupe de compagnies, UTI, ont été retenus, jeudi soir, pour corruption passive, et respectivement active. Selon le Parquet national anticorruption, Gheorghe Nichita est accusé de prise illégale d’intérêts qu’il aurait prétendu et reçu pour l’attribution, en faveur des compagnies UTI, d’un marché public de l’équivalent de 12 millions d’euros financé de fonds européens. Le contrat vise à fluidiser le trafic routier et piéton, ainsi qu’à réduire le niveau de pollution dans la ville. D’autre part, à peine sortie du dépôt et se trouvant sous contrôle judiciaire, l’ancienne ministre du Développement, Elena Udrea, est, de nouveau, questionnée par le Parquet national anticorruption dans une nouvelle affaire. Mme Udrea, actuellement députée, est accusée d’avoir touché presque 4 millions de dollars de pots-de-vin du temps où elle était ministre, une somme offerte par un homme d’affaires en échange de l’attribution d’un contrat préférentiel. Les élus parlementaires de Bucarest ont avalisé cette semaine les poursuites pénales et la mesure de rétention d’Elena Udrea, mais ont rejeté son arrestation préventive.




    Mesures et performances économiques



    Le gouvernement de Bucarest a donné son feu vert, mardi, à plusieurs changements opérés dans le Code fiscal, dont la réduction de la TVA sur l’eau, la modification de la taxation des micro-entreprises, l’exemption d’impôt pour les écoles du système pré-universitaire et la diminution de limpôt sur les dividendes de 16% à 5%. Le milieu des affaires sest félicité de cette dernière mesure, qui devrait sappliquer à partir du 1er janvier 2016 aux dividendes distribués aux personnes privées et morales, de même quaux dividendes touchés en Roumanie par les non-résidents.



    Et toujours cette semaine, le gouvernement roumain a adopté le nouveau paquet législatif sur les marchés publics, harmonisé avec les normes européennes les plus récentes en la matière, et qui vise surtout lamélioration de linfrastructure. Le Parlement de Bucarest doit lexaminer en procédure durgence. La Roumanie na jamais eu une meilleure position macro-économique, suite aux programmes dassistance financière convenus avec les bailleurs de fonds étrangers, estime Carmen Mărcuş, spécialiste des politiques économiques auprès de la Délégation de la Commission européenne à Bucarest. A noter également quen matière de milieu des affaires, la Roumanie arrive 37e dans un classement de 189 pays, élaboré par la Banque Mondiale. La Roumanie monte ainsi 11 places, devant des pays tels lItalie, la Hongrie, la Croatie ou la Grèce.




    La République de Moldova, dépourvue de gouvernement



    Le président roumain, Klaus Iohannis, a pris acte de la destitution, jeudi, du gouvernement tripartite, qui se déclarait pro-occidental, de la République de Moldova et a souligné que la création très vite d’un exécutif stable était nécessaire, vu que le parcours européen de l’Etat roumanophone devait se poursuivre. Selon le président Iohannis, la Roumanie réaffirme son souhait d’accorder à la République de Moldova voisine tout son appui à cet effet.



    Quant au chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu, il a fait valoir que : « Il est extrêmement important que l’ensemble de la classe politique de Chişinău, surtout les partis pro-européens pour lesquels les citoyens de la République de Moldova ont voté en novembre dernier, vote qui aurait été reconfirmé par l’option pro-européenne aux élections locales de juin dernier, comprennent qu’il y a un besoin de stabilité, qu’une coalition pro-européenne est nécessaire et une réforme dans l’esprit européen aussi. »



    Le gouvernement moldave dirigé par le libéral-démocrate Valeriu Streleţ a été destitué par le Parlement suite à une motion de censure de l’opposition socialiste et communiste pro-russe. Même les membres du Parti démocrate, qui faisait partie de la coalition au pouvoir, ont voté en faveur de la motion ; comme les initiateurs de la motion, ils accusent Valeriu Streleţ d’incompétence et de corruption. Il a affirmé que par cette motion, la gauche tente de déstabiliser la république et de la détourner de sa visée d’intégrer l’UE. (trad.: Ligia Mihăiescu, Ioana Stăncescu, Andrei Popov)

  • Lettres de la Grande Guerre

    Lettres de la Grande Guerre

    La première guerre mondiale, appelée aussi “la Grande guerre”, a été la conflagration qui profondément a changé le monde. Ce fut le plus grand déploiement de forces humaines et matérielles qui a provoqué des dégâts tels que lhumanité, lEurope en tout cas, sen ressent encore aujourdhui. Sur les champs de bataille, les adversaires ont vécu les mêmes traumatismes, ce qui a rendu dautant plus émouvants les moments de communion humaine. La correspondance est une source dinformations particulièrement importante, qui raconte le vécu personnel des combattants. Le Musée militaire national de Bucarest détient une collection denviron 120 lettres et cartes postales ayant appartenu aux militaires roumains engagés dans la Grande guerre.



    Lhistorienne et conservatrice Carla Duţă nous guide à travers le ressenti, la souffrance et lespoir de ceux qui, il y a cent ans, ont sacrifié leur vie pour préserver les valeurs auxquelles ils croyaient.



    Nous avons demandé à Carla Duţă à qui étaient adressées les lettres des militaires. « Les militaires roumains partis combattre écrivaient le plus souvent à leurs familles, aux épouses, aux mères, aux enfants. Voilà, par exemple, lalbum de lettres envoyées à son épouse Elena par le colonel Alexandru Stoenescu, du 10e Régiment dinfanterie. Cest un paquet de 12 cartes postales militaires, qui commencent toutes avec “Ma chère Lunca” et finissent par la formule “je vous embrasse tous, avec tout mon amour, Alexandru”. Les 12 lettres datent de 1916, lorsque le colonel Stoenescu avait participé aux combats du sud de la Dobroudja où il a été légèrement blessé. Je vais vous en lire un extrait: “Ma chère Lunca. Je suis en bonne santé, grâce à Dieu, le régiment sest distingué dans le combat que nous avons mené le 6 septembre 1916, et a été cité à lordre de larmée. Jai éprouvé une grande satisfaction, je vous ai écrit dans une autre carte postale quune balle a traversé mon oreille gauche. Ma blessure est maintenant complètement guérie. Je suis content que les enfants soient sages et suivent mes conseils. Comment faites-vous avec les zeppelins? Ici, nous sommes tout le temps sous les coups de lartillerie. Je vous embrasse tous, Alexandru ».



    Carla Duţă a énuméré les valeurs que défendaient ceux qui vivaient les pires privations sur le front : «Les sentiments, les pensées, les aspirations des militaires roumains partis sur le front étaient dabnégation pour lidéal (national) roumain mais aussi dinquiétude et de préoccupation pour les familles, dépourvues de soutien et vivant souvent dans la précarité; cest ce qui ressort de la correspondance envoyée par les familles. Voici quelques lignes de la lettre dun certain Pascal Rădulescu, participant à la bataille de Flămânda de 1916. “Je noublierai jamais cette image, lorsque à moitié dans leau, la mitraillette brisée par une balle, portant dans mes bras un sergent aimé et dévoué dont une balle avait transpercé la cervelle, jai donné au clairon lordre de sonner la charge. Pour partir ensuite à lattaque les mains vides.” Ces lettres nous transmettent aussi les sentiments de fierté, doptimisme et de foi en Dieu que les Roumains ressentaient en ces moments. Voici une autre citation: “Les Allemands et les Bulgares, morts de peur de la baïonnette, sefforçaient de courir. Mais malheur à celui rattrapé par la crosse du fusil du Roumain! »



    Lhistorienne Carla Duţă a reconstitué des scènes de guerre récupérées dans cette correspondance : « Nous avons des descriptions très intéressantes dans certaines lettres, les cartes postales ne permettant pas des textes dune telle longueur. Pourtant, de telles scènes de guerre, succinctes, apparaissent dans les cartes postales du colonel Alexandru Stoenescu, précitées; et jen cite. “Le 6 septembre 1916, le régiment est engagé dans la bataille. Un combat acharné, comme on nen avait pas connu. Le régiment a perdu la moitié de ses effectifs. Dieu ma protégé. 20 officiers sont blessés, le champ est couvert de cadavres de Bulgares, nos charges soutenues les ont découragés et ils se retirent. Nous avons occupé leurs positions, où il y a plein de cadavres bulgares.” Ensuite, les scènes de guerre sont plus détaillées, les images suggérées sont plus complètes et dautant plus impressionnantes. Voici ce que raconte un militaire qui se trouvait dans les tranchées de Moldavie, en 1917. “Les Allemands vont mal, il y en a tout le temps qui passent à nous. Ils disent quils nont rien à manger. A peine sortent-ils la tête des tranchées que nos fantassins leur tirent dessus. Les boulets, trois je dirais, viennent tout juste de passer. Cest la guerre ».



    Quel regard portaient les Roumains sur la présence sur le front? Carla Duţă lit un extrait de la lettre, envoyée depuis Galaţi en 1917, par un père à son fils, le soldat volontaire Vasile Florescu : « Mon cher garçon, cest aujourdhui que monsieur Niculescu ma apporté ta lettre. Vas-y, mon cher fils, en croyant dur comme fer que tu seras vainqueur. Noublie pas qui étaient tes ancêtres et honore le nom de Roumain. Cest ton devoir que de lutter pour que nous puissions revoir nos terres, qui saignent sous loccupation des ennemis. Ne te soucie pas de ta vie, qui nappartient plus quau Roi et à ton pays. Que lidée dêtre les créateurs de la Grande Roumanie élève ton âme et chasse le dernier doute. Car mourir pour la patrie cest mourir en héros. Chasse donc de ton esprit toute pensée autre que celle de la cause sacrée de la victoire. Montre-nous un comportement à la hauteur de ton écriture et mon cœur de père te bénira. Ta mère et tes frères souhaitent te voir rentrer victorieux et noublient jamais de prier Dieu pour toi et pour le salut de notre cher pays. Salue tes camarades darmes pour moi et que Dieu vous protège! Vasilică, mon fils, noublie pas quil ny a pas eu de lâche dans ta famille et que lhonneur a toujours été sa devise ».



    Les grandes victoires demandent de leffort et du sang versé. Cest ce que prouve parfaitement aussi la correspondance des militaires roumains ayant lutté dans la première guerre mondiale. (Trad. Ileana Taroi)

  • Discutions concernant les techniques de vote

    Discutions concernant les techniques de vote

    Lévaluation la plus récente des autorités de Bucarest visant le nombre de citoyens roumains de l’étranger fait état de quelque 3,2 millions de personnes. Soit des membres des communautés historiques des Etats voisins de la Roumanie, soit comme partie des communautés croissantes de la diaspora d’Europe Occidentale et d’Amérique du Nord, toutes ces personnes ont les mêmes droits que leurs concitoyens de la Patrie, y compris celui d’élire le président et les parlementaires.



    Pourtant, les mêmes autorités se sont avérées totalement non-préparées à pourvoir offrir des conditions pour que ceux-ci puissent exercer ce droit élémentaire. Puisque, lors des précédentes élections, le flux moyen avait été de quelques cent milliers de personnes, les sections de vote organisées pour les présidentielles de ce mois dans les ambassades, les consulats et les sections de l’Institut Culturel Roumain ont été calibrées en conséquence. Le tout s’est transformé en un fiasco retentissant car l’intérêt engendré par le scrutin a amené au vote quelques 160 milliers de personnes lors du premier tour, le 2 novembre, et presque 380 milliers à la finale du 16 novembre.



    Le scénario a été chaque fois le même : des queues de quelques kilomètres et des heures d’attente dans le froid et sous la pluie et le vent, nerfs, frustration et, finalement, pour des milliers de personnes , des portes claquées au nez par-ce que l’heure de fermetures des urnes était arrivée avant qu’il puissent voter. Après chaque tour, les chefs des Affaires Etrangères, Titus Corlàtean et Teodor Melescanu ont présenté leurs démissions respectives et ont accusé la législation électorale en vigueur. Prises en considération depuis des années mais jamais appliquées, les solutions alternatives telles le vote électronique et le vote par correspondance sont revenues sur l’agenda des législateurs de Bucarest seulement après le chaos de la diaspora.



    A la Chambre des Députés il y a une proposition législative concernant le vote par correspondance initiée par le député pour la diaspora Eugen Tomac, membre du Parti du Mouvement Populaire(l’opposition pro-présidentielle) qui explique : “J’ai attendu six heures dimanche pour exercer à Kichinev mon droit de vote. Il y a un an j’ai proposé l’initiative législative visant l’introduction du vote par correspondance, projet de loi avec la contribution d’institutions importantes ; MAE, MI, avec consultation de l’Autorité Electorale Permanente. Par le vote d’aujourd’hui vous avez humilié les millions de Roumains qui vivent en dehors des frontières.”



    Le président de la Chambre, Valeriu Zgonea, (PSD — au co-gouvernement) dit pourtant que le document législatif doit être amélioré et rediscuté dans la commission parlementaire appropriée :“C’est un projet de loi pas sérieux, il viole la loi concernant la technique législative. Nous ne savons pas qui est responsable, nous ne savons pas quel est l’impacte financier comme le demande la Cour Constitutionnelle et on n’assure pas un point essentiel : la sécurité du vote.” Et Zgonea de préciser que la semaine prochaine la commission spéciale chargée d’élaborer la loi pour l’élection des députés et des sénateurs discutera la proposition législative. (Trad. Costin Grigore)

  • Lettres des années 1980

    Lettres des années 1980


    Dans les archives des Services de renseignements, on trouve généralement des informations portant sur les missions secrètes, le travail des agents, les coulisses diplomatiques ou les intérêts politiques. A l’instar des autres Services secrets des régimes communistes, l’ancienne police politique roumaine, la Securitate, contrôlait la société dans son ensemble. Or, parmi ses principales sources d’informations, la correspondance a contribué de manière importante à l’obtention des renseignements et au chantage des citoyens.






    Liviu Taranu, chercheur au Conseil National pour l’Etude des Archives de l’ancienne Securitate est également l’éditeur de l’ouvrage « Les Roumains à l’Epoque d’or. La correspondance dans les années ’80 », qui regroupe une partie des lettres adressées par les citoyens roumains aux institutions de l’Etat. Création de la propagande, le syntagme « l’Epoque d’or » servait au culte de la personnalité de Nicolae Ceausescu, en se proposant de mettre en lumière les performances enregistrées par la Roumanie sous les communistes. Pourtant, la réalité était tout autre: le régime du dictateur Ceausescu avait poussé le pays au bord du précipice, en pleine crise matérielle et spirituelle sur fond d’une profonde dégradation psychologique.






    Nous passons le micro à M. Liviu Taranu pour une brève caractérisation de la Roumanie des années 1980, telle qu’elle apparaît dans la correspondance de l’époque: « Elle était pessimiste, tragique. Dramatique, c’est ça le mot juste. Il y a des lettres, des documents pleins d’humour, puisque les Roumains savent faire bonne mine contre mauvaise fortune. Pourtant, le contenu est dramatique, en raison de la pénurie quotidienne. Ce sont notamment les familles nombreuses qui se plaignent de toute sorte de difficultés: manque d’aliments, d’électricité, majoration des prix, insécurité de l’emploi. C’est incroyable de parler de l’insécurité de l’emploi dans les années ’80, mais on en parle fréquemment! »






    La Securitate passait au peigne fin toute la correspondance de l’époque, avec une attention particulière accordée à celle adressée aux institutions publiques. Liviu Taranu: « Toutes les lettres adressées aux journaux, au Comité Central, aux personnes morales, notamment à celles de la capitale , passaient à travers le filtre de la Securitate. Sur leur ensemble, plusieurs arrivaient à destination, mais d’autres, comportant des messages durs à l’adresse du régime, étaient confisquées et attachées par la suite au dossier ouvert par la police politique. Comme vous voyez, la liberté d’expression était généralement entravée. Mais, il y avait aussi des cas heureux quand les Roumains arrivaient à s’adresser par écrit aux responsables politiques ».





    Les mécontentements liés au niveau de vie étaient dominants. Et pourtant, l’insécurité de emploi est également évoquée, ce qui était inimaginable dans un régime qui prétendait être un régime des ouvriers. Cette peur contredit en effet le cliché qui affirme que dans les années du socialisme les emplois étaient garantis. Liviu Taranu : « Cette peur était très justifiée par la désorganisation des entreprises au plus haut niveau, en raison des changements opérés du jour au lendemain dans les structures d’Etat qui géraient différents secteurs de l’économie. Puis, il y avait aussi le problème de la commercialisation des produits roumains qui s’avérait de plus en plus difficile. Alors, les entreprises accumulaient des stocks. Le plan de production n’était plus respecté parce qu’à leur tour, les entreprises ne possédaient plus la matière première nécessaire pour produire. Les gens ne touchaient plus leurs salaires, la direction essayait de réduire le personnel afin de pouvoir payer les autres salariés. Toutes les réorganisations et les difficultés endémiques au niveau macroéconomique ne faisaient que produire l’insécurité de l’emploi et le chômage. Certains salariés étaient simplement virés et c’était à eux de trouver un nouvel emploi. »






    La violence de la révolution anti-communiste roumaine s’explique notamment par le fait que la voix des gens était étouffée. C’est une des choses que l’on peut observer dans la correspondance éditée dans ce volume. Tous les pays communistes se confrontaient à cette crise, mais nulle part la liberté d’exprimer son mécontentement n’était punie avec une telle sévérité qu’en Roumanie à l’époque de Nicolae Ceausescu.





    Est-ce qu’il existe un lien entre la fermeté du régime dans les années ’80 et la violence de la révolution anticommuniste de décembre 1989 ? Liviu Taranu : « Oui, j’en suis convaincu. Les tensions ne se sont pas dissipées de manière progressive. Elles couvaient avant de se manifester sous différentes formes, tant au niveau des minorités qu’à la périphérie de la société. La majorité n’aboutissait pas à esquisser des points de riposte. Au moment où ces points sont apparus, ils se sont multipliés dans tous les pays. Ces tensions étouffées pendant plus d’une décennie, même si les choses avaient commencé à ne plus aller bon train avant 1980, n’ont fait que produire ce mouvement violent. Les mécontentements étaient trop importants pour que les choses puissent se dérouler calmement, sans violence, comme en Tchécoslovaquie ou dans d’autres pays de la région. »





    Un des effets traumatisants de l’époque communiste a été d’inoculer à la population un état d’esprit névrosé. Cet état d’esprit s’est fait sentir dans les années 1990, dans le nouvel espace public démocratique roumain….(trad. : Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)