Tag: costumes

  • L’école des anciens

    L’école des anciens

    Mariana Mereu a grandi dans le village de Geoagiu de Sus, dans le département d’Alba (centre), au sein d’une communauté attachée aux traditions, dans laquelle la couture, le tissage, les danses et les chants traditionnels avaient une place centrale. Aujourd’hui elle continue de promouvoir ces traditions. Pour ce faire, elle a participé à des foires du tourisme, des expositions et conférences thématiques et a fait l’acquisition d’une importante collection ethnographique. Mariana Mereu a aussi organisé « l’Ecole des anciens » (Şcoala bunicilor), où ceux qui le désirent peuvent apprendre l’art de tisser, de coudre ou de cultiver et travailler le chanvre afin de fabriquer des objets artisanaux.


    Mariana Mereu a fait de sa maison une école, « l’Ecole des anciens », un lieu de transmission des traditions :



    « J’ai toujours gardé et pris grand soin de mes costumes traditionnels, je n’ai jamais rien jeté parmi les vieux objets de la maison. Le métier à tisser à toujours fait partie des meubles et ma mère et ma grand-mère l’utilisaient. J’ai pris goût au tissage, à la couture et au filage de la laine. J’adore ça, si je pouvais je ne ferais que ça. J’aimerais que tout le monde puisse apprendre, les enfants, les gens de tout âge et de tout horizon. Même ici, au village, j’ai organisé des veillées et des ateliers. »



    Mariana Mereu constate, à regret, que ce sont surtout les étrangers qui s’intéressent à ces traditions.



    « L’année dernière nous avons accueilli une famille de Français à qui nous avons appris à coudre et à tisser, et qui s’est rendue dans la région du Maramureş (dans le nord de la Roumanie) pour apprendre à faucher l’herbe. Ils ont payé afin d’apprendre tout ça. Voilà où nous en sommes aujourd’hui ! Très peu de jeunes savent encore faucher de nos jours, car tout est automatisé. Ils peuvent le faire s’ils sont payés, car ils ont besoin de gagner leur vie comme tout le monde. »



    Mariana Mereu nous a raconté avec passion comment elle cultive le chanvre, le file et le tisse, et son envie de partager ces traditions ancestrales avec les autres. Pour le reste, elle fabrique des serviettes et costumes traditionnels en fibre de chanvre.



    « Cela fait maintenant sept ans que je cultive le chanvre. J’ai commencé sur le métier à tisser chez une dame qui n’est plus là aujourd’hui, et qui avait du chanvre dans son grenier. Ce n’est pas une mince affaire. Il faut obtenir des autorisations, c’est très difficile. Et quand on croit que tout est réglé, un nouveau problème se présente. La préparation du chanvre aussi est un sacré travail. Il faut le faire sécher, puis faire de petits paquets que l’on met de nouveau à sécher, avant le rouissage. On recouvre le tout de pierres afin de les maintenir sous l’eau, et après une semaine, lorsque la fibre commence à se détacher de la tige, alors c’est qu’il est prêt. On recueille la fibre, on la nettoie et on la met de nouveau à sécher. Lorsqu’elle commence à joliment blanchir, on peut la tiller, la peigner, la filer et la travailler. C’est un processus long et fastidieux, mais cela vaut la peine. On fait quelque chose de ses propres mains, à partir d’une plante, faire une blouse roumaine, c’est magique ! Honnêtement, je ne fais pas ça pour l’argent. Personne ne semble apprécier ce travail à sa juste valeur. Cela m’affecte, et si je ne reçois pas le juste prix, je renonce et je me contente de faire des cadeaux. »



    Mariana Mereu regrette que le travail effectué par les femmes et les jeunes filles désireuses de partager ces traditions ne soit pas reconnu à sa juste valeur.



    « Par exemple, lorsque l’on demande 50 lei (10 euros) pour une paire de bas de laine ou en fibre de chanvre, les clients trouvent ça trop cher. Mais une paire de bas ne se fabrique pas en une journée ! L’été, les bas de laine empêchent la transpiration, car la laine est vide à l’intérieur, comme les macaronis, idem pour le chanvre. Cela tient chaud en hiver, et permet de rafraîchir en été. »



    Puisqu’elle travaille le chanvre, Mariana Mereu a décidé de créer une fête en son honneur. C’est ainsi qu’elle a célébré l’été dernier la 4ème édition de la Journée du chanvre, à laquelle ont aussi pu participer les touristes. Les plus curieux ont pu découvrir l’ensemble du procédé, de la plantation à la récolte de la fibre utilisée dans la fabrication de vêtements, de tissus et de costumes traditionnels, à l’époque où chaque foyer cultivait et travaillait son propre chanvre.


    Notre interlocutrice espère voir ces traditions retrouver du soutien.



    « Je souhaiterais vraiment que les responsables politiques décident de rémunérer les artisans qui effectuent ce travail, ainsi que ceux qui souhaitent l’apprendre. J’ai cru comprendre que c’était le cas dans d’autres pays. C’est une bonne motivation pour ceux qui travaillent, cela les encourage à continuer. Ils n’ont pas à avoir honte d’être paysans, ni d’être roumains. Ils ne doivent pas oublier leur langue, leur tenue vestimentaire, car on dit que la culture d’un peuple doit se porter tel un vêtement de fête ! De quel vêtement de fête parle-t-on ici ? Du costume traditionnel ! J’encourage tout le monde à essayer, au moins une fois, de tenir une quenouille entre les doigts, à voir à quoi ressemble un mouton. Si l’on ne sait pas faire tout ce travail, on n’a aucun moyen d’en apprécier le résultat. »



    Mariana Mereu et les membres de son association sont convaincus du potentiel touristique de la région et du talent de ses artisans. C’est pourquoi ils souhaitent que Geoagiu de Sus soit la plus visible possible sur la carte culturelle et touristique du département.


    (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Grandparents’ School

    Grandparents’ School


    Raised in the village of Geoagiu de
    Sus, in Alba County, in a community with respect for traditions, where people
    would gather in the evenings to sew, weave, learn traditional songs and games, Mariana
    Mereu has taken it upon herself today to promote the traditions of the place. The
    association she set up to this end has taken part in tourism fairs, exhibitions
    and conferences. The owner of an impressive ethnographic collection, Mariana
    Mereu has organised . Mariana Mereu turned
    her home into a grandparents’ school, a place where the elderly pass on their
    skills and knowledge:


    Mariana Mereu: Ever since I can remember, I have preserved and taken care of
    everything old, I haven’t thrown away anything we had at home, from the old
    loom used by my grandmother and my mother to old spinning and sewing items. I love
    doing that, it’s what I would like to do all day long, and I would like anyone
    to learn how to do these things. I worked hard and I organised workshops here
    in the village.


    Mariana Mereu was sad to find that
    it is foreigners who appreciate local traditions more than anybody else:


    Mariana Mereu: Last year a family came here from France,
    and I showed them how to work with a loom, a spindle, a distaff, and they even
    went to Maramureş to learn how to make hay. They paid people to teach them to
    use a scythe. This is what it’s come to! Few young people today know how to
    make hay, nowadays we have machines to do it. And maybe they would if they got
    paid, because after all they need to make a living.


    Mariana Mereu speaks passionately
    about growing hemp, spinning and weaving, and says she wants to teach others as
    well, to bring back to life a tradition that is becoming history. She makes
    cloths and traditional costumes out of hemp:


    Mariana Mereu: This is the 7th year I’m growing hemp. I learned how to
    work with hemp from a woman who passed away in the meantime, she had some hemp
    in her attic and this is how I started. It’s hard work, and it’s also difficult
    to get the permit to do this, just when you think everything is in order
    something else comes up. Processing hemp is quite difficult: you have to dry
    the plant tied in small bundles and then retting follows, where you keep the
    hemp under water for a week, to help separate the stem from the fibre. Then you
    take it out, wash it and dry it again, whiten it, then you move on to breaking,
    scrutching, spinning and weaving. The process is not necessarily complicated, but
    it’s time consuming and it’s hard work. However, to see something come out of
    your own hands, to turn a plant into a traditional blouse, it’s a miracle!


    Something Mariana Mereu regrets is
    that, when the girls and women try to sell the products they have learned how
    to make, these items are not properly appreciated:


    Mariana Mereu: We make wool socks with hemp fibre, but if
    you ask 10 euros for a pair, people say it’s too much. But a pair of socks is
    not made in one day! And this is something you can wear around the year, if you
    cut the wool or hemp fibre you can see it’s empty inside, like spaghetti. You don’t
    sweat or get cold wearing them, they keep warm in the winter and cool in the
    summer.


    Since she is passionate about hemp,
    Mariana Mereu has also initiated a festival called the Hemp Day, which reached
    its 4th edition last year. Locals and tourists alike found out more
    about the entire process that begins with a hemp seed and ends with traditional
    cloths and folk costumes. And Mariana Mereu hopes she will get more support for
    her efforts to promote traditions:


    Mariana Mereu: I’m still hoping the authorities will
    finally wake up and pay people to teach and to learn these crafts. I’m told
    that in other countries they do that, old people are paid to teach and the
    young are paid to learn, and this is how people are motivated to keep
    traditions alive-not to be ashamed about being peasants or about being
    Romanians, not to forget their language, their traditional costumes. As the
    saying goes, a nation’s culture should be worn proudly, like one’s Sunday best .
    I encourage everybody to at least try to pick up a spindle and see how it
    works, because if you don’t know how much work goes into making something, you’ll
    never be able to appreciate it properly.


    Mariana Mereu and the members of her
    association are putting their faith in the tourist potential of the village,
    and are working hard to make Geoagiu de Sus a stronger presence on the region’s
    list of tourist attractions. (A.M.P.)

  • Le Musée Nikolaus Lenau du département de Timiş

    Le Musée Nikolaus Lenau du département de Timiş

    Il arrive souvent qu’un lieu acquière une notoriété
    après qu’une personnalité qui y a habité se fait connaître. Et tout aussi
    souvent, un musée ou une maison musée y sont créés, portant le nom de cette
    personnalité. Ce fut le cas de Nikolaus Lenau et du Musée des poupées de
    Lenauheim, dont nous vous racontons aujourd’hui l’histoire. Située dans le département
    de Timiş, à proximité de la frontière serbe, dans l’ouest de la Roumanie, la
    commune de Lenauheim porte le nom du poète romantique autrichien Nikolaus
    Lenau, né dans les parages en 1802. Et puisque le père du poète avait été
    caissier, le bâtiment de l’Office des impôts de l’époque, transformé plus tard en
    siège de la mairie, abrite depuis 1930 le Musée souabe « Nikolaus Lenau ».
    Elfriede Klein, conservatrice du musée, explique et on cite :


    « Le
    bâtiment, dont la construction est due à l’impératrice Marie-Thérèse, a été
    érigé en 1774, pour accueillir l’Office des impôts. L’église catholique fut
    construite en même temps. Ce bâtiment garde la mémoire du poète Nikolaus Lenau.
    Plusieurs pièces accueillent une exposition ethnographique de poupées vêtues du
    costume traditionnel souabe de la région du Banat. Chaque village a son costume
    spécifique, nous avons donc quelque 56 couples de poupées. Un seul village est
    représenté par des poupées portant des habits de femmes mariées, auxquelles il
    était permis de participer à la prière du village, tenue une fois par an et qui
    s’appelle Kirvai en allemand.
    »


    Quand le poète avait 4 mois à peine, sa famille
    s’établit en Hongrie. Après avoir passé sa jeunesse à Pest et Tokaj, il part à
    Vienne, où, entre 1822 et 1832, il étudie la philosophie, l’agronomie et la
    médecine. Bénéficiant d’un bon héritage de famille, Nikolaus Lenau allait
    passer sa vie à écrire. Entre 1832 et 1844, il mène une vie paisible, partagée
    entre Vienne et Schwaben. Ses œuvres ont été publiées en 1855, après sa mort. Pour
    son village natal, il est quelqu’un de très important. Elfriede Klein:


    « Tout le
    monde est fier, parce que le village porte le nom de Nikolaus Lenau, mais il
    faut dire qu’avant, cette localité s’appelait Csatád. Les Roumains disaient
    « Ceaţa », les Allemand « Szadat ». Depuis 1926, le village
    s’appelle Lenauheim, ce qui veut dire le foyer de Lenau. Un grand poète autrichien,
    né au Banat roumain, qui est parti pour un certain temps en Amérique, mais
    là-bas il n’a pas écrit de poèmes. Il a passé la plupart de sa vie en Autriche
    et il a aussi vécu un certain temps en Allemagne. »


    La maison-musée se dresse dans la rue principale.
    L’architecture du bâtiment est typiquement souabe, avec une cour intérieure. Elfriede
    Klein nous parle du musée qu’il abrite à présent:


    « Celui, qui
    souhaite le visiter, a plein de choses à voir. Chaque village a réalisé le
    costume traditionnel qui lui est spécifique. Ce sont des couturières qui les
    ont travaillés et il faut dire que c’est un travail minutieux, car les costumes
    sont très complexes et difficiles à réaliser. Dans chaque village une
    couturière s’en est occupée. Les poupées, qu’elles ont habillées, sont achetées
    à la fabrique de poupées « Arădeanca » de la ville d’Arad. Cinq salles
    du musée accueillent les poupées. S’y ajoutent trois salles que nous avons
    aménagées avec des pièces de mobilier datant de 1821 : un lit et une armoire
    peints à la main, une cuisine, une salle de séjour, une chambre à coucher et le
    joyau de toute maison : la resserre, appelée « şpaiţă » – du mot
    allemand Speisekammer. »


    L’exposition Lenau occupe sept salles à l’étage de l’aile
    gauche du bâtiment. Y sont présentés des photos, des manuscrits et des lettres
    de Nikolaus Lenau, illustrant des aspects de la vie et de la création du poète
    et reflétant la manière dont son œuvre était perçue à l’époque. Dans cette
    exposition on trouve aussi des outils et des installations agricoles. La table
    déjà mise, la cuisine semble attendre les convives. Un fer à repasser du début
    du 19e siècle semble prêt à défriper une nappe. Le carrelage en
    pierre rougeâtre garde la fraîcheur de la resserre et les barattes en bois
    semblent vous inviter à imaginer le goût de la crème et des laitages de ces
    temps-là.

    Le musée garde également des livres et des manuscrits ayant appartenu
    au poète Nikolaus Lenau, ainsi que des photocopies, des estampes, des toiles
    illustrant la vie du poète et de sa famille, des premières éditions de certains
    ouvrages, ainsi que des versions roumaines des poèmes de Lenau. En 1905, une
    statue du poète a été élevée au centre-ville de la commune de Lenauheim.


    (Trad. : Dominique)

  • « Des femmes rue Mătăsari » – nouvelle édition

    « Des femmes rue Mătăsari » – nouvelle édition

    Le premier week-end du mois de juin est dédié, depuis 2011, à un festival urbain déjà traditionnel à Bucarest : « Des femmes rue Mătăsari ». 3 jours de rêve, dont nous allons vous parler. « Les noces », qui dans les contes de fées durent justement 3 jours et 3 nuits, ont été le thème de cette 9e édition du festival. Et puisque ces « noces » se déroulent dans la rue, tout s’y étale : tables chargées de plats appétissants, lurex et diamants, robes originales et souliers vernis, musiques de toute sorte, films sortis des archives et photos-minute. Nous partons à la découverte des nouveautés de cette nouvelle édition du Festival, et nous commençons par la zone réservée aux ONGs.

    Notre attention est attirée par les tabliers très colorés réalisés par Roxana Ene. Professeur d’art en Allemagne, elle met en œuvre depuis 2010 en Roumanie et en Allemagne des projets de bénévolat au bénéfice des enfants autistes et des enfants touchés par le syndrome de Down ou par des traumas psychiques des deux pays. « Ces tabliers sont notre dernière réalisation destinée à une campagne de collecte de fonds. Il s’agit d’une pièce spécifique du costume traditionnel roumain pour femme, appelé « fotă », qui se retrouve aussi dans les costumes traditionnels allemands. Nous avons donc trouvé ce lien entre les deux pays, bien qu’il y ait aussi des différences : chez les Allemands, le tablier traditionnel n’est pas noué de la même façon : si celle qui le porte n’est pas mariée, le tablier est noué de côté. Nous nous sommes dit que ces tabliers sont très simples, nous les avons intégrés aux accessoires et ils se sont avérés très recherchés et versatiles. On peut les lier autour de la taille, mais aussi de côté, où sur la poitrine.

    Roxy a été présente à plusieurs éditions de ce festival et, depuis 2017 elle est venue y participer avec un stand, en tant que présidente de l’ONGs « Roxy and Kids Art ». Le stand le plus coloré de la rue était celui de Teodora Rosetti, directrice exécutive de l’Association « Accept »: « Nous avons souhaité rappeler aux visiteurs que le festival Bucharest Pride est prévu le 22 juin et que nous allons y participer ensemble pour la solidarité et pour la communauté, que nous serons présents dans l’espace public et qu’il est important de parler de l’amour entre tous les humains. Cette année Bucharest Pride lance un message très simple : tous pour l’amour et l’amour pour tous. Quant à notre offre de cette année, rue Mătăsari, nous avons joué, comme d’habitude, avec toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et nous avons mis en vente des drapeaux et des parapluies Rainbow, ainsi que beaucoup de produits réalisés par des membres de notre communauté : des savons, des bougies, des aimants pour frigo. »

    Nous quittons la zone des ONGs pour nous engager dans la rue de la mode. Comme à chaque nouvelle édition, depuis 4 ans, nous y retrouvons les ateliers « Zuza Muza ». Mădălina, créatrice des vêtements Zuza Muza, nous accueille chaleureusement : « Initialement, c’était un projet destiné aux femmes grassouillettes, pourtant, aux festivals et aux foires je n’apporte pas uniquement de vêtements grande taille, mais aussi de tailles moyennes ou petites. Le festival « Des femmes rue Mătăsari » en est à sa 9e édition et j’espère qu’il y en aura encore une centaine, car l’ambiance est magnifique et c’est ce qui compte le plus. Les gens sont sympas, la musique est sympa et on est content d’être là ! »

    A part les vêtements farfelus, des cosmétiques attendent également leurs clients. Tudor Adriana, apporte depuis 2011 sur le marché des produits dont le nom rappelle le temps des chevaliers : « Nous sommes des producteurs de cosmétiques naturels. Nous avons apporté des produits de toute sorte : savons naturels, crèmes sans conservateurs, shampoings… Nous sommes venus rue Mătăsari pour être plus près du public, des clients et nous nous y plaisons. D’une année à l’autre l’ambiance est toujours meilleure. Les jeunes organisateurs du festival sont vraiment exceptionnels. Nous sommes venus présenter nos produits et nous faire connaître. Si on respecte les clients et que les produits soient de qualité, les gens achètent. Mais il faut aimer le métier. Sans la passion, on ne peut rien faire de bon. Nous participons à ce festival depuis 5 éditions et cette année, nous sommes à nouveau là. »

    Andrei Abrudean, de Timişoara, crée des bijoux en argent, mais il utilise aussi des matériaux inhabituels, comme par exemple les crayons de couleur. Cette année, il est présent rue Mătăsari avec un nouveau projet: « L’idée est née de mes études paysagères. J’ai commencé par ramasser des cupules de glands et j’ai « construit » des « glands » en résine époxydique, à l’intérieur desquels j’ai placé différentes plantes, créant ainsi de minuscules paysages. En portant un tel bijou, on porte avec soi un coin de nature. Ils se sont bien vendus, les gens sont réceptifs à tout ce qui est nouveau. Je suis présent pour la deuxième fois rue Mătăsari et je suis venu parce que l’ambiance est très accueillante et les gens sont vraiment bien. »

    Paul de « Greenarium » est une autre présence déjà familière au Festival rue Mătăsari. Il nous a habitués à ses plantes succulentes placées de manière artistique dans des bols ou des terrariums de différentes formes, aussi inhabituelles que possible. Cette année il rejoint l’utile à l’agréable, en nous proposant de magnifiques lampes en verre Tiffany.Quant à la nourriture et aux boissons, il y en a eu, comme disent les contes, pour tout un royaume et tout a baigné dans la gaité et la bonne humeur.
    (Trad. : Dominique)

  • Le Musée du village à 80 ans

    Le Musée du village à 80 ans

    Une petite tranche de vie rurale ancestrale emménage à Bucarest en 1936, lors de la fondation d’un des premiers musées d’ethnographie en plein air de Roumanie et du monde : le Musée du village. Son inauguration a eu lieu le 10 mai de cette année-là, en présence du roi Carol II et des plus importantes personnalités politiques, culturelles et religieuses du pays.

    Le musée ouvrait ses portes au grand public une semaine plus tard, le 17 mai 1936. La création de cette institution emblématique du peuple roumain est le fruit d’intenses recherches théoriques et sur le terrain et d’une dizaine d’années d’exercices de muséologie dans environ 600 communes de la Roumanie rurale de l’entre-deux-guerres, le tout coordonné par le professeur Dimitrie Gusti, fondateur de l’Ecole de sociologie de Bucarest.

    Depuis 80 ans, le Musée qui porte aujourd’hui le nom du professeur Gusti a augmenté son patrimoine, le nombre des constructions rurales classées, ramenées de toutes les régions du pays, passant de 29 au moment de l’ouverture à 370 actuellement. Les collections du musée contiennent 60.000 objets paysans, qui s’ajoutent à ceux des maisons familiales exposées.

    La mission du Musée du village, dont la conception repose sur la sociologie, est de montrer aux visiteurs la réalité de la vie du paysan roumain. C’est pourquoi cette synthèse de la ruralité roumaine est elle-même un vrai village, avec des rues, des maisons et leurs annexes, des installations techniques, des églises, des fontaines ou des places publiques. A l’occasion de ce 80e anniversaire, le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, a conféré au Musée du village ‘Dimitrie Gusti’ de Bucarest l’Ordre du Mérite culturel.

    L’Etat roumain témoigne ainsi de son appréciation d’une institution muséale qui occupe une place de choix dans la culture et la recherche roumaines, mais aussi dans les cœurs des gens, Roumains ou étrangers, le Musée accueillant plus d’un demi-million de visiteurs chaque année. Le village de Bucarest est connu à l’intérieur et à l’extérieur des frontières nationales comme une des principales attractions touristiques de la Roumanie, a affirmé le président Klaus Iohannis : « Cette réputation cache un immense volume de travail pour sauver et ramener ici les constructions et les installations traditionnelles les plus représentatives, afin de les mettre à l’abri des effets du temps, pour agrandir le musée en plein air, cultiver les traditions, les métiers des artisans et l’art traditionnel, pour organiser des programmes et des expositions dédiés à toutes les catégories de public. C’est pour tout cela que je vous félicite et je vous souhaite bon anniversaire ! »

    Pour marquer le 80e anniversaire du Musée du village de Bucarest, des manifestations, placées sous le haut patronage du chef de l’Etat, sont prévues tout au long de cette semaine : colloque international, présentations de livres, foire de produits traditionnels et ateliers de maîtres-artisans, auxquels s’ajoutent une Journée du costume traditionnel, une autre des amis – organisée en partenariat avec des missions diplomatiques en Roumanie, récitals de musique traditionnelle et de jazz…
    (trad. Ileana Taroi)

  • Les “Villages Culturels” de Roumanie

    Les “Villages Culturels” de Roumanie

    «L’éternité est née à la campagne» disait le célèbre poète roumain Lucian Blaga dans la première moitié du 20e siècle. Fin février 2016, plusieurs localités ont été déclarées « villages culturels de la Roumanie», lors d’une festivité organisée au Musée du village Dimitrie Gusti de Bucarest, pour mettre en valeur les richesses du milieu rural. Villageois qui mettent en valeur la richesse de la flore d’une certaine zone, gardiens de traditions anciennes, ou communautés rurales qui essaient de mettre en lumière l’expérience des aînés en créant des musées vivants de la tradition des lieux – tous les participants ont représenté avec fierté leurs régions. Les maires de 25 communes ont parlé au jury de la tradition culturelle et historique locale, des investissements faits dans l’infrastructure et des événements organisés. Ils étaient accompagnés par des villageois de tous âges, vêtus de costumes traditionnels qui avaient organisé des stands de produits représentatifs de leurs communes.

    C’est la commune de Drăguş, département de Brasov (centre), qui a ramassé le plus de points à cette 3e édition de la compétition consacrée aux Villages Culturels de Roumanie. Elle a été suivie par les localités de Sângeorgiu de Mureş (département de Mures, au centre du pays) et de Ciocăneşti (département de Suceava, nord-est).

    Marilena Niculiţă, directrice du Musée national des oeufs peints de Ciocăneşti, en Bucovine, nous parle des principaux événements organisés dans sa commune: : «Le festival national des œufs peints en est à sa 13e édition, tout comme le Festival national de la truite. S’y ajoutent un festival intitulé «Incursion dans la réserve de rhododendron sur le mont Suhard» et la Semaine des radeaux pendant laquelle les touristes peuvent faire des promenades en radeau sur la rivière de Bistrita.»

    Ştefan Aurel, professeur de roumain et maire de la commune de Vorona, un des « villages culturels » du dernier arrivage, raconte : Les belles traditions de notre commune, nous devons les préserver, les mettre en valeur et les léguer aux générations futures. Voilà pourquoi, les différents événements culturels que nous organisons sont principalement dédiés aux enfants et aux enseignants. C’est le cas, par exemple, de la fête de la sainte patronne du monastère de Vorona, célébrée le 8 septembre. La coutume de la ronde dansée dans la cour du monastère est toujours vivante. Et c’est grâce à l’initiative d’un villageois qui, à l’époque de l’industrialisation, a eu l’idée d’introduire cette tradition dans le Festival des chansons, des danses et des costumes traditionnels, appelé « Les fêtes de la forêt ». Le festival en est déjà à sa 42e édition. Au fil du temps, nous y avons ajouté un volet consacré aux métiers de l’artisanat. Nous invitons des maîtres artisans des quatre coins du pays. »

    Mihaela Sidea Măgureanu, bibliothécaire à la Bibliothèque publique « Nicolae Ciobanu », nous parle de la commune de Costeşti, du département de Vâlcea: « Le Musée des pierres vivantes, appelées Trovants, les gorges de Bistriţa et de Costeşti, le Parc national Buila Vânturariţa, ce ne sont que quelques – uns des points d’intérêt de notre commune. S’y ajoutent la section d’art « Gheorghe D. Anghel » du musée départemental de Vâlcea et les monastères, dont celui de Bistriţa. La commune de Costeşti organise aussi maints évènements qui se proposent de raviver les traditions. C’est le cas de la fête appelée « Retour aux sources », pendant laquelle on célèbre la mémoire d’une personnalité originaire de ces terres et qui a fait quelque chose de remarquable pour sa commune. Ainsi avons nous fêté Aurelian Sacerdoţeanu, historien, archiviste et directeur des Archives nationales, et puis l’acteur Vasile Niţulescu, connu notamment pour son rôle dans un film intitulé « La vie à la campagne ». La prochaine édition de cette fête est consacrée au général Nicolae Ciobanu, qui a fait don à notre bibliothèque de 10 mille volumes de sa collection personnelle. Je ne saurais oublier de mentionner notre ensemble de danses traditionnelles, Les demoiselles de Costeşti, créé il y a 30 ans. »

    En mettant en valeur les coutumes et traditions, ces localités ne font que confirmer les propos de Blaga, selon lequel « l’éternité est née à la campagne». (Trad. Valentina Beleavski, Mariana Tudose)