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  • Mariages et divorces dans la société roumaine actuelle

    Mariages et divorces dans la société roumaine actuelle

    Les 30 années écoulées depuis la chute du communisme ont entraîné nombre de changements économiques, politiques et sociaux. Depuis la chute du régime Ceausescu en 1989, la famille roumaine a connu une véritable révolution, avec au centre l’institution du mariage. Conçu sous sa forme traditionnelle, malgré une idéologie qui se voulait révolutionnaire, le mariage se produisait très tôt dans la société roumaine d’il y a trois décennies. Véritable preuve de maturité, il intervenait dans la vie des jeunes comme un pas obligatoire à franchir à la fin des études.
    Directement intéressé à encourager la natalité, l’Etat communiste roumain faisait de son mieux pour booster la nuptialité, en offrant des avantages comme, par exemple, la possibilité d’habiter un appartement plus grand. Les statistiques indiquent qu’en 1990, les hommes se mariaient à 25 ans et les femmes à 22.

    Depuis, les jeunes de Roumanie, à l’instar des autres Européens, se marient de plus en plus rarement et surtout de plus en plus tard, selon une enquête menée par l’agence Frames. Si en 1990, les offices de l’état civil recensaient 192.652 actes de mariage, en 2018, leur nombre avait chuté de 50.000.

    Le mariage n’était plus une priorité en Roumanie, affirme Adrian Negrescu de l’agence Frames : « En 2018, la situation avait changé de sorte qu’à présent, les Roumains se marient après avoir atteint une certaine stabilité financière censée leur permettre l’acquisition d’un appartement avant d’avoir un enfant. En plus, la carrière occupe une position de plus en plus importante dans la vie des gens. Les femmes aussi s’y intéressent. Elles préfèrent avoir un emploi stable, des revenus garantis et suivre les tendances sociales avant de faire le pas. Au début des années 1990, l’âge du mariage était de 25 dans le cas des hommes et de moins de 22 ans, dans celui des femmes, voire même 21 en milieu rural. En 2018, les hommes se mariaient vers 31 ans et les femmes à plus de 28 ans. C’est une progression significative qui reflète les changements au sein d’une société qui place le mariage au second plan. »

    Avec un taux plutôt élevé de nuptialité, de 7,3%, la Roumanie se place, aux côtés de la Lituanie, avec 7,5%, de Chypre, 6,8% et de Malte, 6,3%, dans la partie supérieure du classement européen. Les sociologues affirment toutefois que le recul de l’institution du mariage n’entraine pas forcément la disparition des relations de couple à long terme.

    Adrian Negrescu explique : « Côté sentiments, les choses se passent de la même manière. Le nombre de couples à cohabiter sous le même toit, en privilégiant l’union libre au détriment du mariage traditionnel, est à la hausse. Peut-être qu’ils ne disposent pas forcément du budget nécessaire à l’organisation d’une cérémonie de mariage ou peut-être qu’ils ont des contraintes de nature économique. Une famille, surtout avec des enfants, présuppose des dépenses. Tout le monde souhaite avoir des enfants, mais tout le monde ne gagne pas assez pour pouvoir mener une vie à l’abri des privations. Un tel niveau rassurant remonte plutôt aux années 1990. Dix ans plus tard, les exigences économiques ont changé. Un enfant doit bénéficier de ce qu’il y a de mieux, ce qui suppose aussi un budget majoré pour l’éducation et la santé. Or, tous ces aspects économiques jouent sur la perception sur le mariage. »

    Et puis ce n’est pas tout, puisque la vision sur le bonheur individuel a changé aussi. De nos jours, les gens sont plus exigeants envers eux- mêmes et envers les autres. A force de placer la barre plus haut en matière de conduite, on devient plus prétentieux envers nos partenaires. Du coup, on repousse le moment du mariage afin de s’offrir suffisamment de temps pour trouver la bonne personne censée répondre aussi bien à nos exigences personnes qu’à celles d’ordre économique et social. La bonne nouvelle, c’est que le partenaire idéal une fois trouvé, la séparation ne figure pas parmi les options privilégiées des couples roumains. Même s’ils prennent leur temps avant de se marier, les Roumains ne divorcent pas facilement.

    Adrian Negrescu : « Si en 1990, la Roumanie recensait 32.000 divorces, en 2018, leur nombre a chuté à 30.000. Même si la baisse n’est pas significative, elle indique quand même un certain niveau de maturité. On fait plus attention à la relation actuelle, en essayant de mieux gérer les problèmes potentiels. Les Roumains ont appris – ou du moins, ils sont en train de le faire – comment entretenir une relation à long terme. Cela dépasse le simple fait de vivre ensemble, cela suppose d’accorder davantage d’attention au partenaire et à ses attentes afin de pouvoir bâtir un avenir à deux. Un autre aspect intéressant, c’est l’âge du divorce chez les Roumains. En 2018, la moyenne était de 43 ans chez les hommes et de 39 chez les femmes. Dans le cas des hommes, cet âge coïncide avec la soi-disant crise de la quarantaine. En ce qui concerne les femmes, là je pense qu’il s’agit d’autre chose, à savoir l’image qu’elles se font d’elles-mêmes. Normalement, les femmes mûrissent plus vite que les hommes et c’est pourquoi, dans leur jeunesse, elles prêtent plus d’attention à des aspects que les hommes ignorent. Souvent, le simple fait de faire partie d’un couple ne contente plus les femmes qui se sentent bloquées dans le rôle de femme au foyer. Du coup, elles souhaitent mettre un terme à la relation dans une tentative d’obtenir plus de la vie. Ce n’est pas par hasard qu’une telle révolte arrive vers l’âge de 39 ans, quand la plupart des femmes ont atteint leur indépendance financière et de ce fait, elles remarquent que leurs attentes par rapport à l’avenir diffèrent souvent de celles de l’homme qu’elles ont épousé dans leur jeunesse. »

    Avec un taux de divortialité d’1,5%, la Roumanie se situe au milieu du classement européen dominé par la Lituanie et la Lettonie avec un taux de 3,1% chacune. Au pôle opposé, on retrouve Malte (0,8%) et la Grèce (1,0%). (Trad. Ioana Stancescu)

  • Les couples franco-roumains

    Les couples franco-roumains

    Elle n’arrivera jamais à comprendre je crois comment, je cite : « je peux manger du fromage périmé avec de la moisissure dégueulasse ! ». Et bien je n’insiste pas, je mecontente de lui demander, avec mon sourire le plus agaçant, pourquoi aucun fromage chez elle n’est jamais totalement porté à maturation et pourquoi ils ont tous la même tête, me gardant bien de luidire, le même goût.



  • Un couple, un nouvel appartement, des meubles, des projets, un risque sismique de niveau 1…

    Un couple, un nouvel appartement, des meubles, des projets, un risque sismique de niveau 1…

    Pierre et Gabriela sentaient qu’ils avaient droit au bonheur, ils voulaient l’arracher à tout prix et le garder jalousement pour eux, accélérant les choses, les précipitant même. C’était aussi, et ils le sentaient tous les deux, leur dernière chance pour sauver leur couple d’un quotidien déjà bien entaché par les reproches.



  • Le Festival international de littérature de Bucarest

    Le Festival international de littérature de Bucarest

    La première soirée du Festival international de littérature de Bucarest s’est déroulée début décembre au Club du Paysan de la capitale. Les débats ont tourné autour d’un des roman de l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev, « Mari et femme », publié en roumain aux Maisons d’édition Polirom.



    « Reconnue sur le plan international dès son premier roman — « Vie amoureuse » – l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev nous offre, dans « Mari et femme » une méditation d’une remarquable force poétique sur la jalousie, la douleur et le renoncement » – écrivait le Library Journal. En mentionnant ce livre Publishers Weekly écrivait, de son côté — « Le roman de Zeruya Shalev est un flux ininterrompu de la conscience qui nous présente des bribes de conversation, des querelles conjugales et murmures d’amour. »



    Les invités de cette soirée ont été deux couples d’écrivains : Zeruya Shalev et Eyal Megged (d’Israël) et respectivement Cecilia Ştefănescu et Florin Iaru (de Roumanie). Une des questions qui leur avait été lancées portait sur le potentiel créatif supérieur du malheur par rapport au bonheur. Pourquoi en est-il ainsi ? Le débat a été modéré par un 3e couple, constitué de l’écrivaine Adela Greceanu et du journaliste Matei Martin.



    Revenons, un petit moment, au roman de Zeruya Shalev, « Mari et femme » : Udi et Naama ont grandi ensemble, pourtant, le long de ce parcours de toute une vie, ils ont cessé de communiquer et leur vie commune, aux côtés de leur fille, Noga, est faite de jalousie, colère et culpabilité. Peu à peu, il devient évident que ce ménage reposait sur un fondement peu solide, l’image de l’amour idyllique de leur adolescence n’étant que l’enveloppe illusoire d’une vie familiale pleine de frustration.



    Zeruya Shalev explique pourquoi le malheur lui offre plus de matière pour son écriture que le bonheur. « Le malheur est plus créatif que le bonheur. Le malheur réussit à nous motiver, déclenche le changement, fait bouger les choses. C’est la raison pour laquelle dans la plupart de mes livres, je parle de crises. Une crise n’est pourtant que le commencement. Ce qu’elle déclenche est important. Après une crise, on a la chance de changer, de se réinventer. Un de mes but, en tant qu’écrivaine, est d’accompagner mes personnages sur leur chemin non pas vers le bonheur, mais vers un changement positif. »



    Eyal Megged — journaliste, poète et prosateur, professeur d’écriture créative, lauréat d’importants prix littéraires — dont Macmillian Prize — voit les choses différemment : « Je ne pense pas que le malheur stimule l’inspiration. Moi, quand je suis malheureux, je n’écris presque pas. Le plus beau compliment que l’on m’ait jamais fait venait d’une lectrice de mon dernier roman — «End of the Body » – qui a été malade du cancer. Elle m’a dit qu’après avoir lu mon livre, elle a trouvé une raison de vivre. Cela veut dire que lorsqu’on décrit une situation malheureuse, on offre au lecteur non pas de la douleur, mais du bonheur. »



    L’écrivaine Cecilia Ştefănescu est, elle d’un autre avis. Dans ses livres, il y a plus de malheur que de bonheur — paraît-il : « Les situations dramatiques créent des conflits et cela nous fait plaisir de participer à ces conflits. Les situations malheureuses vous font enlever le masque et sortir en quelque sorte de vous-même. Parfois on se sent ridicule, on s’en veut, le plus souvent on se sent impuissant à regagner le moment de bonheur perdu. Je n’ai pas renoncé à toutes mes illusions, pourtant celle de croire que le bonheur dure je me suis vue obliger d’abandonner. Le bonheur est un instant, il ne dure pas. On souffrirait énormément d’être constamment heureux, ce serait malsain. »



    L’écrivain Florin Iaru partage le même avis. Au niveau de l’écriture, le malheur est beaucoup plus productif que le bonheur : « C’est une question de grammaire. Dans la grammaire, le bonheur est limitatif, il n’est défini que par des adjectifs, par des qualités. Pourtant, nous cherchons le bonheur en dépit de tout. Surtout en littérature, le bonheur est statique, il n’y a pas de conflit en lui, dont il ne peut pas fournir un noyau dramatique. Quant aux lecteurs, ils consomment du malheur et cela les contente — du point de vue esthétique. Si, dans les livres, le public cherche le malheur, alors le malheur est rentable et nous, les auteurs, nous ne sommes pas sans l’ignorer. »



    Le débat a continuer par des questions tout aussi intéressantes. Entre autres : un mariage entre écrivains a-t-il des avantages ? Y a-t-il de l’admiration, de la compréhension, de la compétition, de la jalousie dans un couple où les deux partenaires écrivent ? La littérature peut-elle marquer une vie de couple ?



    L’édition 2013 du Festival international de littérature de Bucarest a permis aux passionnés de belles lettres de la capitale roumaine de rencontrer des personnalités importantes de la littérature contemporaine du Royaume Uni, d’Israël, de Croatie, de Hongrie, de Serbie, de Jamaïque et de Roumanie. (trad. : Dominique)