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  • Le mois d’avril – traditions et symboles

    Le mois d’avril – traditions et symboles

    Dans le calendrier traditionnel roumain, le mois d’avril s’appelle « prier», le mois bénéfique. En roumain « a prii» signifie être bénéfique, propice. Et pour cause : c’est un mois propice pour les travaux agricoles, pour démarrer les semailles, pour nettoyer les constructions servant à l’agriculture ou encore pour réparer les outils agricoles. A compter de ce mois-là, les moutons ne pouvaient plus paître tout seuls, alors que les fermiers commençaient à les tondre avant de remonter vers les pâturages des montagnes. Cette période de l’année a aussi une dimension cosmique, surtout qu’elle est assez instable du point de vue de la météo.

    Détails, avec l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu: « Le mois d’avril se situe au milieu du printemps astronomique. Dans le calendrier traditionnel roumain, il existe une multitude de fêtes et de traditions liées à cette période de l’année. Elles concernent principalement les travaux agricoles, le pâturage, la pomiculture, la viticulture – des occupations que l’on retrouve dans toutes les régions habitées par les Roumains. Comme son nom l’indique, c’est un mois propice pour les semailles et pour les travaux de la ferme. C’est le moment où l’on nettoie les vignes et les vergers. En raison de la météo instable, on dit que, si les températures sont basses et que le temps soit mauvais, le mois de mai sera ensoleillé. Par contre, si en avril il fait beau temps, alors on peut s’attendre à ce qu’il neige au mois de mai. »

    Voici maintenant une tradition spécifique au mois d’avril dans toutes les contrées de Roumanie : la Journée des farces. En fait c’est la version roumaine du Poisson d’avril, dont les origines sont à retrouver dans la France du 16e siècle. A ce moment-là, par l’adoption du calendrier grégorien, la Nouvelle année, célébrée auparavant le 1er avril, fut déplacée le 1er janvier. Et comme, à l’époque, les nouvelles circulaient beaucoup moins vite qu’aujourd’hui, pendant un certain temps, il y a eu des personnes qui célébraient toujours la Nouvelle année le 1er avril. Cette fête des farces a traversé le continent pour arriver dans l’espace roumain, notamment au Banat (dans l’ouest) et en Transylvanie.

    Comment cela se passe en terre roumaine ? Explication avec notre invité, l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu : « Le mois d’avril commence par la Journée des farces. Le 1er avril, les gens jouent des tours les uns aux autres. On dit que celui se laisse tromper le sera toute l’année. Puis, c’est toujours au mois d’avril que l’on célèbre Pâques et le Dimanche des Rameaux, car c’est le moment où fleurissent les vignes et arbres fruitiers. Et puis, on ne saurait oublier les légendes, dont une compare le mois d’avril à un jeune homme qui travaillait pour un patron très riche. Cela dépend de la manière dont ce jeune homme travaille pour son maître, s’il est productif ou non : le mois d’avril en sera de même.»

    Enfin, une dernière tradition répandue sur le territoire roumain est celle des « feux vivants » allumés à l’aide de deux morceaux de bois seulement. Un rituel de purification des champs et des fermes, ainsi que des gens qui osaient sauter par-dessus le feu. Dans la spiritualité roumaine, les « feux vivants » du mois d’avril symbolisaient la régénération de la lumière et son triomphe définitif sur l’hiver qui venait de s’achever. (Trad. Valentina Beleavski)

  • L’Eco-chèvre

    L’Eco-chèvre

    Il s’agit d’us et coutumes tels que le colindat (soit la présentation des vœux par un groupe qui va de maison en maison chanter des cantiques ou présenter une coutume) avec lOurs ou la Chèvre, cette dernière étant appelée Cerf à Hunedoara, Ţurcă en Moldavie et en Transylvanie, Boriţă dans le sud de la Transylvanie ou Brezaie, en Munténie et en Olténie.



    Toutefois, aujourdhui, nous parlons dune autre Chèvre qui anime le colindat : lEco-Chèvre, un projet-manifeste dactivation participative par lart. LEco-chèvre est une chèvre recyclée, qui adapte les vœux traditionnels de la « Chèvre » à la réalité actuelle, à savoir la nécessité dun recyclage responsable du plastique. Nous avons parlé de ce projet avec Alina Tofan, actrice et éco-artiste :



    « Depuis lannée dernière, jai essayé ce projet appelé Eco-chèvre ; cest une réaction et un manifeste contre le consumérisme exacerbé et le gaspillage produit pendant les fêtes. Elle est faite de plastique et non seulement. Lannée dernière, elle a été confectionnée à partir des restes demballages que nous avions…, et cette année, nous avons choisi de la faire à partir demballages pour les cadeaux de fêtes. Dune manière ou dune autre, cest un événement en soi, nous allons au colindat avec les partenaires du projet, nous avons adapté le texte traditionnel de la Chèvre pour le rendre beaucoup plus écologique, comme une sorte de manifeste contre ces choses-là. »



    « Cest une chèvre recyclée, de plastique enveloppée… » disent les vers qui ont accompagné le colindat. Alina Tofan précise :



    « Lannée dernière, nous avons également fait une vidéo, nous lavons filmée à la mer Noire et cétait vraiment intéressant dêtre là le premier jour de lannée. Il y avait beaucoup de gens sur la falaise à Mamaia et Constanţa et ils nous ont vus, donc la Chèvre elle-même est devenue un manifeste. Surtout les enfants ont beaucoup résonné avec cette idée et lont comprise. Ils disaient : ah, regardez, elle est faite de plastique ! En dautres termes, nous consommons un peu trop ! Et cette année, nous sommes allés au marché dObor (un grand marché de la capitale) et nous nous sommes photographiés dans des endroits que nous considérions comme emblématiques pour le gaspillage et la pollution engendrés par les fêtes. Cest-à-dire dans les endroits où on vend les sapins de Noël, qui sont emballés dans du plastique. Nous avons déjà pris la pose dans des endroits où on vend beaucoup dobjets en plastique, aux côtés dacheteurs marchant vers le centre commercial ou sur le marché, à côté de ceux qui portaient des sacs pleins. Et en quelque sorte, cest précisément ce que nous voulons capturer – le fait que nous passons indifférents devant tout le gaspillage que chacun de nous laisse derrière soi, dans sa course-poursuite aux cadeaux, sans même sen rendre compte. Et cela est capturé dans des photos. Certes, nous avons aussi croisé les chanteurs de noëls avec leurs masques et leurs costumes traditionnels. Ce fut très intéressant, puisque tout un dialogue sest créé entre ma collègue photographe, Diana Păun, moi et ces danseurs folkloriques, un véritable dialogue entre deux types de spectacle. A mon avis, ce fut une rencontre importante. »



    Selon la tradition folklorique, la Chèvre qui doit mourir demande laide des personnes auxquelles on présente les vœux pour être resuscitée. Pour sa part, lEco-chèvre demande aux gens de lui donner ses bouteilles en plastique vides pour quelle puisse ressusciter. Pratiquement, pendant le colindat, elle collecte le plastique pour le recycler. Les gens ont très bien reçu cette initiative, a constaté notre invitée :



    « Le projet a été très apprécié et très encouragé par les gens, qui ont tous remarqué son côté inédit. On nous arrêtait souvent dans la rue pour nous demander sil était possible dacheter une telle chèvre. Pour dautres, cest juste une mode passagère. Mais nous, on est contents de pouvoir au moins éveiller les consciences sur la pollution au plastique, sur la consommation exagérée de plastique. Le simple fait de voir cette Eco-chèvre doit être une sonnette dalarme. »



    Dailleurs cette « Eco-chèvre » nest quune partie dune initiative plus ample en matière de recyclage. Alina Tofan explique :



    « Cela fait partie dun projet plus grand que Georgiana Vlahbei et moi nous avons mis sur pied. Notre groupe sappelle « Plastic Art Performance » (Spectacles dart au plastique) et il fait la promotion de lart écologique, des spectacles écologiques, des pratiques durables dans lart. Nous espérons bien aider à changer les mentalités et à faire connaître au public des concepts nouveaux comme léco-spiritualité, par exemple, et à les adapter à lespace culturel roumain. »



    Cest le moment de mettre ensemble art et protection de lenvironnement. Cest ce que notre invitée veut dire et ce quelle tente de faire par son projet co-financé par lAdministration du Fonds culturel national. Lart doit parler aussi de lenvironnement, donner des pistes de réflexion au public, mettre en question les mauvaises pratiques et promouvoir les bonnes pratiques. Lart lui-même doit être favorable à lenvironnement. Autant de sujets que ce projet place sous les projecteurs. (Trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)




  • La migration entre défis et bénéfices

    La migration entre défis et bénéfices

    Le 18 décembre, c’est à la Basilique des 12 Apôtres de Rome qu’a eu lieu la sixième édition du Concert de Noël, intitulé « Les traditions par les yeux des enfants ». Les organisateurs, lAssociation Insieme per lAthos, lAccademia di Romania et lépiscopat roumain orthodoxe dItalie, ont fait savoir que la plupart des enfants participant au concert, bien que nés en Italie, demeurent toujours fortement attachés aux vieilles coutumes roumaines, transmises par leurs parents, mais aussi grâce à l’action des paroisses roumaines d’Italie, qui organisent en outre des cours de langue roumaine. Invité à Radio Roumanie, leurodéputé Eugen Tomac évoque la manière dont ces communautés roumaines s’organisent à l’étranger, mais aussi la place tenue par l’Etat roumain dans la vie de ces communautés.



    « Nous avons organisé des écoles de weekend, car nous comptons beaucoup de communautés orthodoxes, catholiques, gréco-catholiques, protestantes et néo-protestantes partout dans le monde. Jen ai visité beaucoup, et j’ai vu que, là où les gens sentaient quils avaient besoin de sorganiser, ils se sont organisés. Et il y a quelque chose dextrêmement important. Jai rencontré des Roumains qui ont quitté le pays depuis plusieurs années, qui se sont intégrés et qui parlent, même en famille, la langue du pays où ils vivent. Alors, parfois leurs enfants n’ont pas eu l’occasion d’apprendre le roumain à la maison, parfois ils l’ont oublié au bout de quelques années. Javais rencontré aussi des Roumains qui ont quitté le pays depuis 40 ou 50 ans, qui ont eu des enfants à létranger, mais qui ne parlaient que le roumain à la maison. Ils observent les coutumes et les fêtes traditionnelles, comme s’ils étaient partis hier. Tout cela est une question de vision et de volonté. Si vous vous souciez de votre propre identité, cultivez-la et gardez-la, telle que vous lavez héritée, et connectez-vous à votre communauté. Sinon, les identités se perdent et les gens s’assimilent. Cest une réalité que jai connue, que jai vue de mes propres yeux. Ce que lÉtat roumain devrait cependant faire, cest de créer des outils pour soutenir ces écoles de weekend, les associations, les institutions culturelles, qui devraient avoir un programme beaucoup plus cohérent, beaucoup plus riche en événements et, bien sûr, encourager les réseaux qui se créent sur internet. Car internet est devenu un formidable outil qui permet à la diaspora de se tenir au courant de tout ce qui se passe au pays, sans trop defforts. »



    Le nombre d’ethniques roumains qui vivent de nos jours hors des frontières nationales est estimé à près de 10 millions, y compris les communautés historiques vivant dans les pays voisins de la Roumanie. La plupart de ceux qui ont choisi de quitter le pays durant les dernières décennies se trouvent actuellement en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni, tandis que les communautés historiques sont situées en République de Moldova, en Ukraine et en Serbie. Les dernières informations en date sur la mobilité de l’émigration roumaine font cependant état d’un changement de cap. En effet, si lItalie, lEspagne, le Portugal et la Grèce ont longtemps constitués les destinations privilégiées de l’émigration roumaine récente, la tendance actuelle semble privilégier la France et le Royaume-Uni, voire le Nord de l’Europe, soit le Benelux, l’Allemagne, le Danemark et les pays scandinaves.



    Toujours selon les dernières estimations en date, l’on remarque une accélération de la migration originaire des communautés roumaines historiques qui vivent hors des frontières nationales vers l’Europe de l’Ouest. Quoi qu’il en soit, qu’ils vivent à proximité des frontières roumaines ou dans des régions éloignées, les Roumains se sont, certes, adaptés aux pays d’accueil, tout en se voyant confrontés à divers défis. L’on va noter, par exemple, que la minorité roumaine de Serbie, notamment les ethniques roumains qui vivent dans la vallée du Timoc, est toujours confrontée à l’absence de reconnaissance de lÉglise orthodoxe roumaine dans ce pays. Aussi, au-delà de la région de Voïvodine, la diffusion des émissions radio en langue roumaine demeure extrêmement limitée, autant que laccès à léducation et aux services religieux déroulés en roumain. Le député européen Eugen Tomac précise :



    « La situation des Roumains qui vivent dans des pays voisins de la Roumanie constitue un sujet à part et varie selon le pays. Déjà, la situation de la République de Moldova est un sujet extrêmement complexe en soi, la relation avec les ethniques roumains de Serbie, les relations avec les ethniques roumains qui vivent dans les autres pays des Balkans, tout cela est un sujet assez complexe. Il faudrait nous pencher davantage sur ces situations particulières, qui requièrent une certaine attention et lemploi doutils autres que les seuls traités bilatéraux. Ces Roumains se confrontent à des situations pas toujours réjouissantes, des situations que l’Etat roumain, et je le dis avec un certain regret, traite souvent de manière plutôt superficielle. Et je ne parle pas ici des positions du ministère des Affaires étrangères, mais je vise notamment le respect des droits du demi-million d’ethniques roumains qui vivent en Ukraine, en Bucovine de Nord, au sud de la Bessarabie, et dans le Maramures historique. »



    Quant à la situation des Roumains qui travaillent dans lUE, sans pour autant s’y être établis de façon définitive, ils se voient parfois confrontés à des conditions de travail harassantes et pas conformes aux normes légales en vigueur. C’est pourquoi une bonne connaissance de leurs droits, de même que l’accès à une assistance adéquate de la part des autorités des pays dans lesquels ils se trouvent constituent des sujets prioritaires. Il s’agit d’outils qui peuvent prévenir de tels abus, martèle l’eurodéputé Eugen Tomac, qui milite pour une meilleure présence consulaire et pour une meilleure défense des droits des Roumains de l’étranger de la part des autorités roumaines.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Nouvel An en Roumanie

    Nouvel An en Roumanie

    Les offres dominantes pour fêter le Jour de lan – et peut-être les plus recherchées – sont dans des établissements isolés, au milieu de la nature, loin du brouhaha des villes. Mais il y a aussi quelques offres de réveillon du Nouvel An dans les rues lors dévénements organisés, par exemple, par les autorités locales de Iaşi, Constanţa ou encore Craiova. Dautre part, à Cluj Napoca, Baia Mare et Suceava, seuls des feux dartifice seront organisés. Les opérateurs privés ont pu sadapter aux conditions actuelles imposées par la pandémie de Covid-19, explique Traian Bădulescu, consultant en tourisme :



    Traian Bădulescu: « Dans toute la Roumanie, on peut passer un beau réveillon de la Saint-Sylvestre, grâce à la richesse des traditions. Je me souviens quil y a six, sept ans, une entreprise internationale a mené une étude sur lheure jusquà laquelle on réveillonne le Jour de lan, selon la nationalité. La Russie sétait classée première, lUkraine deuxième, et la Roumanie occupait la troisième place – à 4 h 30. Les Roumains aiment donc faire la fête, et en plus, nous avons des traditions spéciales. La bonne nouvelle, cest quà lheure actuelle, les tests antigéniques et PCR sont également acceptés pour laccès. »



    La question demeure : où passer le réveillon du Nouvel An ? Réponse : là où les traditions sont préservées, où les gens sont décontractés et font la fête.

    Traian Bădulescu : « A la campagne, par exemple, en dehors du fait que les touristes peuvent profiter dun cadre naturel particulier, ils peuvent faire une promenade en traîneau tiré par des chevaux ou encore assister à de petits festivals de traditions. En choisissant le tourisme rural, les touristes peuvent voir les coutumes dhiver. Il y a beaucoup de régions où le tourisme rural est très développé, telles que Bran-Moieciu, Mărginimea Sibiului (les environs de Sibiu), le Maramureș, la Bucovine, lOlténie, le département de Neamţ et ainsi de suite. Ensuite, il y aurait les stations de montagne. Je mentionnerais Poiana Braşov, Sinaia, Predeal, Păltiniș, Borșa au Maramureș, Slănic Moldova ou encore Vatra Dornei. Par ailleurs, les stations balnéaires sont très recherchées, et en premier lieu Băile Felix, Herculane, Sovata et Balvanyos. Une grande partie des hôtels sont de qualité, les stations sont situées dans de belles zones naturelles de montagne ou de colline avec de lair frais, et les touristes, même sils ne vont pas en cure, ont accès au SPA. En plus, les prix sont très intéressants. Certains disent quen Roumanie cest très cher ; cest une légende, ça. Oui, il existe bien des hôtels à Poiana Braşov où un couple peut débourser même des milliers deuros pour un séjour de quelques jours au moment du Nouvel An, qui comprend un spectacle de qualité. Mais il ny a pas beaucoup dhôtels à ce tarif-là et dailleurs il existe des offres pour tous les prix. Les tarifs commencent à 500-1000 euros par personne pour quelques jours et peuvent aller jusquà 1 000 euros par personne. »



    Pour illustrer ces propos par un exemple, nous avons contacté Dan Buru, responsable culturel à la mairie de Herculane: « La station balnéaire de Herculane propose des offres variées. Cest une station de montagne, où larrivée du Nouvel An est fêtée chaque année, et 2022 ne fait pas exception. Ici, on remarque la diversité de loffre touristique, allant des maisons privées aux hôtels cinq étoiles, des petites maisons dhôtes jusquaux hôtels de 500 chambres. Ils ont tous des programmes des plus divers pour la Saint-Sylvestre. Par exemple, un hôtel quatre étoiles a invité lartiste Anca Ţurcașiu, qui, avec le Iulia Dumitrache Band, assurera une fête extraordinaire. Un autre hôtel a invité dautres artistes, Lora et Ștefan Stan, et prévu de nombreuses surprises. Un autre établissement propose un spectacle folklorique de la région du Banat (sud-ouest). »



    Les prix affichés par les agences de voyages se situent entre 1 400 (280 euros) et 4 800 lei (980 euros). Les trois repas sont compris, alors que le paquet supérieur inclut le repas du Jour de lan, le spectacle et laccès au SPA. Dans les conditions actuelles, peut-on encore trouver attrayante loffre de réveillonner dans la rue ?



    « En respectant, bien sûr, les règles de base, en employant du désinfectant et en portant des masques, oui. Actuellement, la Roumanie est le pays dEurope avec le moins dinfections. Quoi quil en soit, cest un pays avec une offre généreuse pour passer du temps dans la nature, où les règles de prévention de la contamination au Covid-19 dans les établissements dhébergement sont respectées. Enfin, nous devons garder à lesprit que le tourisme est une question de santé physique et mentale. Vous ne pouvez pas toujours rester à lintérieur et les touristes peuvent être responsables et respecter les règles. »



    Quelle que soit la région où vous choisissez de réveillonner, les premiers jours de la Nouvelle Année, vous pouvez prévoir des visites ou différentes activités telles que des promenades en traîneau, la détente au SPA, des activités sur la piste de ski, des visites de certains sites. Traian Bădulescu, consultant en tourisme, a également collaboré pendant trois ans avec la Compagnie municipale de tourisme de Bucarest. Nous lui avons demandé quelle était limpression générale des touristes sur la Roumanie.



    « Nous avions un point dinformation dans le centre-ville et nous avons reçu beaucoup de touristes étrangers. Personne nétait mécontent de ce quil avait vu à Bucarest, dans la Vallée de la Prahova et en Roumanie dans son ensemble. Par exemple, je me souviens dun citoyen australien qui était venu en Europe pour la première fois en Roumanie. Pourquoi ? Malheureusement, pas en raison de la promotion touristique. Il avait découvert la Roumanie sur Internet. Jai demandé à tous les touristes ce qui leur déplaisait et ils navaient vraiment rien à dire, sauf quelques-uns qui souhaitaient voir plus de bâtiments restaurés. Lun des leaders du tourisme qui fait venir des étrangers en Roumanie, Gheorghe Fodoreanu, disait il y a quelques années que la plus grande différence en Europe entre le degré dattente et le degré de satisfaction est à retrouver en Roumanie. Malheureusement, le niveau dattente est encore bas, parce que nous ne savons pas comment promouvoir le pays, mais le degré de satisfaction, lui, a été très élevé. »



    Ainsi, en vous conduisant de manière responsable, en respectant quelques règles de base pour prévenir la propagation du Covid-19, la Roumanie peut être la destination idéale pour fêter le Jour de lan. (Trad. : Ligia Mihaiescu)

  • La Saint André

    La Saint André

    Andrei ou Andreea comptent parmi les noms les plus répandus en Roumanie. C’est pourquoi le 30 novembre est un jour important pour l’ensemble du pays. De même, Saint-André est le saint patron de la Roumanie. Une raison de plus de faire la fête. Par conséquent, le 30 novembre est jour férié chez nous depuis plusieurs années. Plusieurs coutumes sont liées à cette fête religieuse. Le Saint Apôtre André avait participé au baptême de Jésus et au choix des autres apôtres. C’est lui qui avait réuni les premières personnes converties au christianisme. Dans la tradition roumaine, la fête de la Saint André est liée à plusieurs pratiques de protection contre les loups. Et pour cause, jadis, la veille de la Saint André, pour protéger leurs foyers contre les morts vivants, les Roumains mettaient de l’ail aux portes et aux fenêtres. Selon les ethnologues, l’ail avait le pouvoir d’écarter les loups. La veille de la Saint-André est une nuit magique, une sorte d’Halloween à la roumaine si vous voulez. Une des pratiques était de garder l’ail. Les gens se réunissaient chez une vieille femme qui connaissait tous les détails de cette coutume. Chaque jeune fille du village y apportait trois têtes d’ail qu’elles mettaient à côté d’une poupée appelée Indrei et qui représentait une divinité préchrétienne qui devait mourir. On observait ainsi une sorte de veillée funèbre plutôt amusante, même si c’était carême avant Noël.

    Et c’est toujours à la Saint-André que les jeunes filles tentaient d’apprendre qui serait leur amoureux ou si elles allaient se marier l’année suivante. Parmi leurs pratiques : mettre des graines de blé sous l’oreiller. Le jeune homme qu’elles voyaient dans leur rêve et qui venait leur demander de semer le blé serait leur amoureux. Le blé est d’ailleurs un symbole important des fêtes de l’hiver. Enfin, Saint André est considéré comme le saint patron des loups, un animal important dans la mythologie roumaine car les Daces, les ancêtres des Roumains, l’avaient mis sur leur drapeau de combat.

    Du point de vue de la religion, Saint-André avait parcouru plusieurs pays pour prêcher l’Evangile, arrivant sur le territoire de la Dacie, en passant par la région actuelle de la Dobroudja, pour arriver ensuite en Grèce ou il fut crucifié, devenant un martyre chrétien. Symbole de son sacrifice au nom de la foi chrétienne, sa croix est en forme de X. Il est le patron de plusieurs pays orthodoxes comme la Roumanie, la Grèce ou la Russie. Sa croix se retrouve aussi sur le drapeau écossais. Enfin sachez aussi que le 30 novembre, des pèlerins des 4 coins de la Roumanie se rendent en Dobroudja, à la grotte où l’on dit que Saint André aurait vécu lors de son passage dans la région.

    De nos jours, les pratiques traditionnelles sont tombées dans l’oubli, surtout en milieu urbain. Une coutume persiste toujours : celle de mettre des graines de blé dans du coton trempé dans l’eau ou dans un petit pot à fleurs pour voir si la plante commence à pousser. Une petite superstition dit que l’année qui suit sera tout aussi riche que le blé qui a poussé. En plus, c’est amusant pour les enfants et une bonne leçon de biologie aussi. Il n’y a pas d’autres manières spécifiques de célébrer cette journée. Ceux qui portent le nom d’Andrei ou Andreea reçoivent des cadeaux de la part des proches. Les enfants qui ont ces noms peuvent offrir des bonbons à leurs camarades, les adultes peuvent offrir quelque chose à manger (pâtisseries, chocolats etc) à leurs collègues de bureau. Voilà pour la fête de la Saint-André en Roumanie. Une journée assez importante pour une bonne partie de la population, une fête religieuse aussi et un moment lié à nombre de traditions anciennes. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Jacques Augustin (France) – Les loups en Roumanie

    Jacques Augustin (France) – Les loups en Roumanie

    Par le passé, le loup a été le mammifère le plus répandu sur la planète. Il faut savoir quil a un rôle clé, un rôle sanitaire, celui de régler lécosystème. Cependant, ces deux derniers siècles, les loups ont été exterminés dans la plupart des pays dEurope, pour les dégâts causés notamment aux troupeaux de moutons. Vers le milieu du siècle dernier, leur nombre est le moindre jamais enregistré.



    En Roumanie, la population de loups na jamais disparu. Depuis la nuit des temps, le loup a été considéré un symbole de lintelligence et de la résistance. Il figurait dailleurs sur le drapeau dace. Beaucoup de traditions et coutumes roumaines ont trait à la cohabitation avec cet animal. Les Carpates roumaines recèlent la deuxième plus grande population de loups dEurope, après la Russie.



    Le loup est un animal de taille moyenne, avec une longueur allant jusquà 160 cm et son poids peut aller jusquà 70 kilos pour les mâles adultes. Les femelles adultes ont une longueur allant jusquà 150 cm et pèsent de 18 à 55 kilos. Cest un carnivore qui vit en paires et en meutes. Cette unité fondamentale est composée dune paire capable de se reproduire et de sa progéniture. Le loup a une seule partenaire toute sa vie et le mâle se charge de chasser. Une femelle met bas entre 7 et jusquà 13 louveteaux. Le loup a un odorat, une vue et une ouïe très développés. Il peut détecter lodeur de la proie jusquà 2,4 km, si les conditions sont favorables. Les performances physiques des loups sont impressionnantes. Ils peuvent parcourir même une centaine de km en une nuit pour trouver une proie, et jusquà 200 km par jour. Le loup peut courir à plus de 60 km/h. Lespérance de vie de cet animal est de 15 ans.



    En Roumanie, les chiffres officiels font état dune population stable, comptant entre 2 500 et 2 900 exemplaires à retrouver dans les zones de hautes collines et les montagnes de basse altitude. La densité moyenne du carnivore sur le territoire national est de 1,95 loup par 100 km². Même ainsi, la population de loups est menacée, car son habitat est envahi. Les défrichements et les travaux dinfrastructure morcellent les forêts, et il faut aussi compter le braconnage, mais aussi la présence de chiens errants qui font concurrence aux loups pour la même nourriture. En Roumanie, comme dans toute lUE, le loup est protégé par la Directive Habitats, donc il ne peut pas être chassé. Ce nest que si certains exemplaires ont attaqué ou sils représentent un danger imminent pour les animaux de ferme que les loups peuvent être abattus, sur dérogation délivrée par le ministère de lEnvironnement.



    En fait, le loup est un animal timide, et les attaques sur les gens sont extrêmement rares. Les conflits se font jour suite aux attaques sur les animaux des bergeries, notamment sur les moutons. Elles peuvent être réduites par ladoption de mesures efficaces – telles des clôtures électriques ou par des chiens de races homologuées, spécialisés pour le gardiennage du cheptel. Différentes études indiquent que les loups ne prélèvent quun faible pourcentage des troupeaux dovins, se nourrissant plutôt de cervidés et de sangliers.



    Si le loup est en surpopulation ? Cela dépend à qui vous posez la question. Les chasseurs et les éleveurs vous répondront par l’affirmative. Il existe des associations qui militent pour accroître le niveau de prise de conscience de la population sur la nécessité de conserver le loup dans son environnement naturel. Et aussi pour promouvoir une meilleure coexistence homme-loup. Et il existe aussi un projet pour les grands carnivores des Carpates qui a ouvert une première pension à Zărneşti en 1998, et qui accueille des touristes désireux dobserver les loups. Dautres ont été ouvertes depuis. Le loup permet donc aussi de gagner de largent, entre autres.

  • Traditions pascales des orthodoxes de Roumanie

    Traditions pascales des orthodoxes de Roumanie

    La Semaine sainte, c’est-à-dire la dernière semaine avant Pâques, débute après le Dimanche des Rameaux, dernier dimanche précédant le dimanche de Pâques, et culmine par le Vendredi saint, pour faire ensuite place à la joie de la nuit de la Fête de la Résurrection.





    L’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu nous éclaire sur les multiples significations des fêtes pascales pour les chrétiens d’Orient, et notamment pour ceux qui vivent en Roumanie : « Pâques représente la fête la plus importante des Roumains et, plus largement, de tous les chrétiens orthodoxes. Par rapport aux autres chrétiens de l’Ouest de l’Europe, où la fête de Noël demeure primordiale, pour les croyants de Roumanie, de Russie, d’Ukraine, de Grèce, mais aussi de Syrie, de Palestine ou d’Egypte, Pâques est la fête la plus importante du calendrier. Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, les apprentis des premiers apôtres sont arrivés dans ce qu’était alors le territoire de la Roumanie actuelle, dans la région de Dobroudja, qu’ils ont traversée. C’est probablement à ce moment-là que Pâques est devenue une fête particulièrement importante. Selon certains ethnographes et historiens roumains, il est probable à ce que Pâques ait cannibalisé d’autres fêtes païennes, communes aux peuples thraces et géto-daces, et qui marquaient l’arrivée du printemps et le renouveau de la nature. Mais parce que l’essence du christianisme est concentrée dans le miracle de la Résurrection du Seigneur, elle fait que la fête de Pâques soit devenue la plus importante fête des peuples qui vivent à l’Est de l’Europe et de la Méditerranée. En 1925, l’Eglise orthodoxe de Roumanie a été élevée au rang de Patriarcat. Depuis lors, la fête de la Résurrection a lieu à minuit, et c’est des mains du patriarche que les croyants prennent la lumière symbolisée par les cierges allumés. »





    Peindre les œufs de Pâques et préparer les mets traditionnels constituent les occupations principales des ménages roumains durant cette période. La région de Maramureş (région historique, située dans le nord de la Roumanie) est peut-être la région où les traditions liées aux fêtes pascales sont le mieux respectées.





    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, raconte la manière dont se déroule la Semaine sainte dans le respect des traditions : « Le lundi de la Semaine sainte on va aérer les vêtements, on les sort au soleil, car l’habit doit se renouveler, et le soleil a depuis toujours cette qualité de pouvoir purifier. Les premiers jours de la Semaine sainte sont donc destinés au nettoyage, de fond en comble. Dans les maisons en torchis d’autrefois, les locataires réparaient le sol et les murs. Puis, à partir du Jeudi saint, on commence à préparer les mets pour la grande fête pascale. Car le Vendredi saint il est généralement défendu de pétrir la pâte ou d’utiliser le four, alors tout ce que l’on prépare se doit d’être prêt dès jeudi. Le jeudi avant Pâques est d’ailleurs appelé le Jeudi des œufs peints, car c’est le jour où on fait cette activité. Mais c’est aussi le moment de faire la charité en souvenir des trépassés, ou encore de faire la paix avec tout le monde. Il n’y a pas de règle à faire don des œufs peints à l’occasion. Les œufs peuvent aussi être crus, mais il est important que tout le monde, les familles pauvres comme les autres, puissent fêter dignement la Résurrection du Seigneur. Le Vendredi saint est, depuis toujours et sans exceptions, un jour de repos. Il est censé être un jour dédié à la méditation, à la prière. Il faut jeûner toute la journée, respecter sans faille le carême, pour racheter le pêché collectif d’avoir acculé le Sauveur au sacrifice suprême. Le samedi, l’activité reprend, on pétrit la pâte, on prépare le gâteau traditionnel de Pâques, sorte de galette, faite de pâte et de fromage frais. La confection de cette galette trouve ses origines dans un rite agraire. Elle contient des ingrédients d’origines à la fois végétale et animale, et ce mélange est supposé réaliser un transfert de puissance, de force, depuis le végétal et l’animal vers l’humain. Enfin, le sacrifice de l’agneau, qui a toujours lieu le samedi, est supposé symboliser le sacrifice du Rédempteur. La viande d’agneau est préparée de manière rituelle. Une sorte de pain de viande d’agneau préparée au four et appelé « drob » est servi en entrée, alors que le ragoût d’agneau aux oignons frais, appelé « stufat » constitue, avec l’agneau farci, le plat de résistance. »





    Aussi, dans la tradition roumaine, lors des fêtes religieuses on ne va pas consommer d’aliments, quelle que soit leur origine, avant de les avoir fait bénir. C’est donc que le panier de Pâques était ainsi une forme de bénédiction des mets qui allaient être consommés lors du repas de fête, lorsqu’il fallait respecter un certain code alimentaire dont, sans faute, l’œuf peint.



    Florin-Ionuţ Filip Neacşu, précise : « Dans toutes les régions du pays il est de coutume d’emmener à l’église les mets préparés pour le repas de Pâques, pour qu’ils soient bénis par les prêtres, avant de pouvoir les consommer. Il s’agit notamment des œufs de Pâques, peints notamment en rouge, et symbolisant vie et renaissance. Il s’agit paraît-il d’une vieille coutume d’origine celte ou thrace. Puis des plats traditionnels, et il ne faut pas oublier la « ciorba » d’agneau, une soupe aigre délicieuse. A l’instar des traditions pascales juives de Palestine, il est de coutume à ce que l’on sacrifie des agneaux, des moutons ou des chèvres. D’un point de vue étymologique le mot « Pâque » signifie « passage » en hébreu, et le terme a été repris par les chrétiens, vu comme un passage vers la lumière par la Résurrection. En Bucovine, en Bessarabie, en Moldavie et même dans la partie est de la Transylvanie, à côté du « cozonac » (sorte de gâteau traditionnel) les autres mets traditionnels sont le « drob » (terrine d’agneau au four), la galette traditionnelle, décorée d’une croix ».





    Dans la région de Maramureş on trouve une coutume qui a peu survécu dans les autres régions historiques du pays. Il s’agit de la bénédiction de la galette de Pâques et des mets qui seront servis le dimanche de Pâques, lors du repas rituel. Aussi, le jeûne se prolonge dans le Maramures pendant la nuit de samedi à dimanche. Ce n’est que le dimanche matin que l’on peut rompre le jeûne, lorsque les gens rapportent de l’église, à la fin de la messe de Pâques, qui ne s’achève qu’au petit matin, les plats que le prêtre a bénis. Aussi, la bénédiction des mets se fait selon un rituel particulier. Devant les églises, on peut observer la nuit de Pâques des rangées de croyants attendent avec leurs paniers joliment décorés des tissus aux motifs traditionnels, chacun portant les signes distinctifs de sa famille », précise l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les Fêtes du Nouvel an célébrées de maintes façons

    Les Fêtes du Nouvel an célébrées de maintes façons

    Les traditions et coutumes conservées à travers le monde défient la modernité. En Grèce, on brise des assiettes, pour que la nouvelle année soit abondante, au Danemark on dit que si l’on trouve devant la porte de la vieille vaisselle, on sera chanceux et on aura beaucoup d’amis. Et ainsi de suite.


    Par leur pittoresque, les coutumes des Roumains ne cèdent en rien à celles des autres. Coup d’œil aujourd’hui sur quelques traditions conservées de nos jours : Sorcova, Pluguşorul (la Petite charrue) la Chèvre ou l’Ours. Le 31 décembre en soirée, des groupes de jeunes masqués s’en vont d’une maison à l’autre chasser les mauvais esprits et favoriser l’abondance.


    En Bucovine, dans le nord-est du pays, les masques figurent des personnages comme l’ours, la chèvre, les cerfs, les diables, les docteurs etc. etc.


    En Moldavie, c’est la tradition de l’ours. Un jeune homme portant sur sa tête et ses épaules la fourrure de cet animal, décorée de pompons rouges aux oreilles, danse au son des tambours et de la flûte champêtre, s’appuyant sur un bâton. Le masqué pousse des grognements et imite la marche de l’ours. Cette coutume est censée purifier et fertiliser le sol pour la nouvelle année et elle pourrait avoir son origine dans un culte thrace.


    La coutume de la Chèvre est pratiquée entre Noël et le Nouvel An. En fait, le nom du masque change d’une région à l’autre : on l’appelle « cerf » dans la contrée de Hunedoara, chèvre en Moldavie, « boriţă » dans le sud de la Transylvanie, « brezaie » en Valachie et en Olténie, dans le sud du pays. Le masque est réalisé à l’aide d’un morceau de bois enveloppé de papier rouge et de papier noir, froissé, pour figurer une tête de chèvre. Le masque comporte une partie mobile, maniée par le jeune homme qui le porte et qui exécute une danse rythmée par le son sec de cette partie mobile frappant la partie immobile de la tête de chèvre. Selon les chercheurs, la danse de la chèvre provient des cérémonies sacrées archaïques de la mort et de la renaissance de la divinité.



    Une coutume pittoresque est préservée à Cavnic, dans le département du Maramureş (dans l’extrême nord du pays), qui se déroule entre Noël et le début janvier, celle des « Brondoşi ». On dit que les gens des parages, ainsi masqués, aurait chassé les Tartares, en 1717. De nos jours, les « Brondoşi » sont censés chasser les mauvais esprits.


    Dans le sud du pays, c’est la coutume des « Brezoaie ». Ştefan Costel, habitant de la commune de Domneşti, du comté d’Ilfov, explique :



    « Nous, les « Brezoaie », nous entrons dans les maisons des gens de la commune le 1er janvier de chaque année, pour effrayer les mauvais esprits des maisons et les faire partir. Cette coutume s’était perdue il y a des dizaines d’années et nous avons tenté de la faire revivre. Nous sommes une équipe qui s’est proposé d’apprendre aux enfants et aux jeunes ces coutumes anciennes. Les « Brezoaie » ne sont pas en nombre fixe, tous les habitants du village peuvent y participer. Les costumes spécifiques sont faits de haillons, de cloches et de masques ornés de plumes. »



    Entre fin décembre et le 6 janvier, à Luncaviţa, dans le département de Tulcea (dans le sud-est du pays) on rencontre les groupes de « Moşoaie ». Nous les avons retrouvés, nous, au Musée du village de Bucarest. Le professeur Marcu Trandafir nous en parle.



    « C’est une tradition locale. Le masque est fait d’une plante apparentée à la courge. A la différence de la courge, cette plante n’a en dedans que des graines. Les vieilles gens l’utilisaient jadis lors des vendanges : une partie du fruit de cette plante était coupée et utilisée comme récipient pour verser le moût, un autre fruit, avec sa tige, était utilisé comme entonnoir. Pour en faire des masques, les gens accrochent la plante et à mesure que la fane grandit, elle se retourne, ce qui fait que le nez du masque est retroussé. »



    Les « Moşoaie » sont tellement laides que les mauvais esprits s’enfuient, quittant la maison où elles entrent. Pour le cas où leur laideur ne suffit pas pour chasser les esprits, les « Moşoaie » sont munies de massues en jonc, dont elles les frappent.


    Mention spéciale pour la Petite charrue et la « Sorcova », celle-ci étant réservée, le premier jour de l’an, aux tout petits. Les enfants s’en vont d’une maison à l’autre, munis d’une petite branche ornée de rubans multicolores et de fleurs en papier gaufré, dont ils touchent les membres de la famille en chantant un joli cantique versifié.


    (Trad. : Dominique)

  • 31.12.2019

    31.12.2019

    Vœux — « 2019 a été l’année de la victoire de la démocratie et de l’implication civique, lorsque nous avons montré à tous que nous sommes une nation unie autour de valeurs et d’idéaux communs », affirmait le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, dans son message pour le Nouvel an. Le chef de l’Etat a exprimé sa confiance qu’en cette nouvelle année, les Roumains continueront d’être animés par le rêve d’une Roumanie meilleure. Il a exhorté à construire, avec solidarité et espoir, une Roumanie normale, le pays qui devient vraiment le chez soi pour tous les Roumains, où qu’ils se trouvent. « Nous entrons dans une nouvelle année et une nouvelle décennie, et je souhaite que cela soit le début d’une période de normalité et de démocratie réelle pour la Roumanie », affirmait, dans son message pour le Nouvel an, le premier ministre Ludovic Orban. Il a exhorté les Roumains à regarder ce qu’ils laissent derrière eux comme un modèle de ce qu’ils doivent faire pour vraiment accomplir le rêve de liberté, démocratie et prospérité qui les a mobilisés voici 30 ans contre le totalitarisme. « Nous accueillons le Nouvel an avec espoir et confiance en la voie que nous avons choisie, étant de nouveau dans la grande famille européenne et des partenaires appréciés par l’Alliance de l’Atlantique Nord », ajoutait le chef du cabinet de Bucarest dans ses vœux pour la Nouvelle année.



    Hôpital — Les autorités roumaines continuent leur enquête et les vérifications dans le cas de l’incident à l’Hôpital Floreasca de Bucarest — le plus grand hôpital des urgences de Roumanie. L’Autorité roumaine de gestion de la qualité dans la Santé a suspendu lundi l’accréditation de fonctionnement de l’Hôpital Floreasca. Cette décision a été prise vu que l’hôpital n’a pas rapporté dans un délai de 24 heures un incident lors duquel une patiente de 66 ans a brûlé pendant une intervention chirurgicale. La femme est décédée, alors que le Service Homicides de la Police de la Capitale fait des investigations pour homicide involontaire. Il existe aussi une enquête du Collège des médecins, et le Corps de contrôle du ministère de la Santé procède à des vérifications dont les conclusions seront présentées la semaine prochaine. En parallèle, l’hôpital doit remédier aux carences qui ont favorisé cet état de choses. L’accréditation de fonctionnement de l’Hôpital Floreasca a été suspendue, toutefois l’établissement fonctionne normalement.



    Coutumes — En Roumanie, la tradition d’aller de maison en maison chanter, danser et présenter ses vœux pour le Nouvel an est encore vive dans plusieurs régions. Ce sont les enfants qui commencent, ils récitent le Pluguşor. Les vers du Pluguşor (la petite charrue) comportent notamment des descriptions de travaux agraires. La tradition d’aller de maison en maison pour le Nouvel an comporte aussi tout un acte de théâtre traditionnel, réalisé par des jeunes et des adultes. Chaque personnage a un rôle, un texte et un costume qui lui sont propres. D’autre part, les hits des années ’80-’90 seront chantés live à la plus grande fête de Bucarest pour une Nouvelle année – Revelion 2020. Disco Night. Le concert traditionnel pour le Nouvel an a été inspiré, cette année, par l’énergie et l’exubérance du mouvement disco. Dans les plus de six heures de fête, des stars internationales et des artistes roumains vont chanter des tubes qui ont marqué des générations, précise la Mairie de la capitale. Le trio O-Zone de République de Moldova chantera sur la même scène que Haddaway et le rappeur américain Turbo B., l’ancien soliste du groupe Snap.la liste des invités étrangers ets complétée par les artistes de Milli Vanilli Experience. La soirée s’achèvera par un feu d’artifices spectaculaire.



    Sécurité — Plus de 21.000 travailleurs du ministère de l’Intérieur veillent en Roumanie pour accroître le niveau de sécurité des citoyens dans le contexte des fêtes de fin d’année et pendant la saison froide. Ils mettent l’accent sur la prévention des accidents graves et sur la fluidisation du trafic vers les stations touristiques les plus fréquentées. Tous les jours, 1400 policiers de la Police routière sont présents sur les routes les plus encombrées. A des fins de prévention, pour protéger la vie de tous — conducteurs, passagers et piétons – ils ont installé environ 300 radars. Pour gérer les situations dans le domaine de l’ordre public, 9.600 policiers et gendarmes sont prêts à intervenir en cas de besoin ; un nombre accru de patrouilles est prévu dans les zones encombrées, telles que des foires et des centres commerciaux ou là où des manifestations publiques de grande ampleur ont lieu.



    Accidents — Un nombre record d’accidents en montagne, plus de 200, ont été enregistrés ces dix derniers jours en Roumanie. Dans plusieurs zones de montagne, le risque d’avalanches persiste. Le risque le plus élevé est dans les massifs du sud, ceux de Făgăraş et de Bucegi, de 5 degrés sur 5 à plus de 1800 m d’altitude et de 4 degrés en dessous de cette altitude. Le mois dernier, deux personnes ont été surprises par une avalanche dans le massif de Făgăraş. Les sauveteurs en montagne recommandent aux touristes de ne pas essayer de monter sur des trajets fermés et de bien estimer le temps nécessaire aux randonnées, de manière à les avoir achevées avant que la nuit ne tombe.



    Tourisme — Plus de 1,7 millions d’arrivées de touristes ont été enregistrées à Bucarest, les dix premiers mois de l’année en cours, selon les données centralisées par l’Institut national de la statistique. Le plus grand nombre, 196.410, a été enregistré en septembre dernier. La plupart des arrivées, respectivement 1,63 millions, soit 94,7% de l’ensemble, ont été enregistrées dans des hôtels. Pour ce qui est des nuitées, leur nombre a été de 2,99 millions, la majorité en octobre. Selon l’Institut national de la statistique, on a consigné 11,531 millions d’arrivées dans des structures d’accueil touristique au niveau national, en hausse de 4,1% par rapport à la période similaire de l’année dernière.



    Météo — Réchauffement dans la plupart des régions roumaines. Des précipitations faibles passagères sont enregistrées dans l’est et le sud-est, alors qu’en montagne, dans le nord et le centre, il neige par endroits. Le vent est faible à modéré, plus intense dans les Carpates méridionales et de courbure, où il souffle à plus de 80 km/h, emportant la neige. Les maximales vont de 1 à 8°, avec 1° à Bucarest. Le premier jour de 2020 apportera des températures autour des normales de saison. Le ciel sera variable, et des précipitations faibles seront signalées sous forme de chutes de neige en montagne et de giboulées dans l’est du pays. Les maximales iront de -1 à 8°.


  • Noël au Maramureș

    Noël au Maramureș

    Cette contrée est connue pour ses traditions encore vivantes et pour l’hospitalité de ses habitants. Deux grands événements y marquent cette fin d’année : la 10e édition du festival Noël au Maramureș qui se déroule à Baia Mare et la 15e édition du festival Traditions et coutumes d’hiver de Sighet. Dan Carpov, chef du Bureau d’information touristique du Conseil départemental de Maramureș explique :



    « Le festival « Noël au Maramureș » apporte pour la 10e fois en ville les traditions rurales spécifiques du Maramureș. C’est un mini-festival. Des groupes de chanteurs apporteront les cantiques de Noël du Maramureș proprement-dit, ainsi que des trois petits pays qui en font partie : Lăpuș, Chioar et Codru. Ce sera un vrai régal de coutumes, de cuisine traditionnelle, de costumes traditionnels spécifiques de l’hiver, dans une ambiance d’allégresse et de bonne humeur. L’événement est ouvert à tous. Les touristes de passage au Maramureș pendant cette période de l’année y sont toujours les bienvenus et ils ne ratent d’ailleurs jamais ce festival. L’événement étant déjà connu, les vacanciers y affluent, il faut donc toujours se renseigner à l’avance sur les possibilités d’hébergement. Pour ceux qui viennent pour la première fois, ce sera une agréable surprise. Des ensembles folkloriques de jeunes, mais aussi d’adultes expérimentés, ainsi que de professionnels s’y donnent rendez-vous. L’ensemble de musique traditionnelle Transilvania y donnera un spectacle, mais des chorales d’enfants de dix villages du Maramureș y seront également présentes. »



    Les touristes ont devant eux plusieurs jours de fête. Les festivals et les événements consacrés aux traditions de Noël s’enchaînent jusqu’au 27 décembre. Une période à ne pas rater — estime Dan Carpov, chef du Bureau d’information touristique du Conseil départemental.



    « Le 27 décembre est prévu le Festival des coutumes et traditions d’hiver, organisé chaque année à Sighetul Marmației autour de cette date. Toutes les grandes zones ethnographiques y seront représentées : le Banat, la Moldavie, la Bucovine, l’Olténie, la Dobroudja… Et le Maramureș, bien sûr. Coutumes, costumes et cantiques de Noël envahiront le centre-ville. »



    Vous pouvez compléter votre séjour au Maramureș par des randonnées inoubliables, même en hiver. Dan Carpov précise :



    « Le tour des églises en bois peut être prévu à n’importe quel moment de l’année. C’est un bel itinéraire en été, mais il faut dire que le Maramureș enneigé est féérique et les églises sont encore plus vivantes à Noël. L’ambiance est très chaleureuse, on y est reçu comme un vieil ami. Pendant la belle saison il est possible de parcourir cet itinéraire à pied ou à vélo. En hiver, des charrettes et des traîneaux sont mis à la disposition des visiteurs. Du 17 décembre jusqu’à la fin de l’année, nous conseillons aux touristes ces loisirs. »



    Si vous craignez que les traditions et les coutumes ne soient pas suffisantes pour remplir vos journées, sachez qu’au Maramureș vous pouvez aussi passer des vacances actives.



    « Pour ces touristes, j’ai de très bonnes nouvelles. Deux pistes de ski ont déjà été ouvertes, à Cavnic et à Șuior ; une troisième le sera bientôt à Borșa. Les conditions sont très bonnes et nous disposons aussi de cannons à neige, si l’enneigement naturel fait défaut. »



    Quant aux tarifs d’hébergement, les prix varient beaucoup. Un séjour de trois nuitées, en demi-pension — repas de fête compris — dans une pension 3 étoiles, peut coûter, par exemple, 750 lei (soit environ 165 euros) par personne. Pour connaître l’offre d’hébergement, vous pouvez vous adresser aux agences touristiques ; vous aurez certainement l’embarras du choix. Dan Carpov :



    « L’offre d’hébergement est plus riche cette année. A part les repas traditionnels de Noël et de la Saint Sylvestre, les pensions proposent de nombreux loisirs. La fameuse « mocănița », petit train de montagne à faible écartement qui circule dans la vallée de la rivière Vaser, attend les touristes. La « mocănița » occupe une des premières places parmi les attractions touristiques de Roumanie. Des voyages spéciaux sont prévus pour Noël et pour le Nouvel An ; de belles surprises attendent donc les visiteurs. »



    Dernier conseil : n’oubliez surtout pas votre appareil photo ou votre caméra. Vous ne le regretterez pas !



    (Trad. : Dominique)

  • Le mois de décembre dans la tradition roumaine

    Le mois de décembre dans la tradition roumaine

    Le mois de décembre est, bien évidemment, la période la plus chargée de symboles de l’année. L’intervalle consacré aux fêtes hivernales de fin d’année débute le 6 décembre, avec la Saint Nicolas. C’est un premier moment quand le mois de décembre acquiert une dimension festive, par la coutume d’offrir des cadeaux aux enfants. Peu de gens savent que dans la tradition européenne, le Père Nicolas a plutôt un rôle de justicier, car ce saint vient rectifier les injustices survenues au cours de l’année.

    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, explique : « Saint Nicolas, populairement appelé Sânnicoară, fait partie des anciennes traditions populaires roumaines liées au culte du Soleil. Il est le gardien du Sud du ciel et il veille, à cette époque, que le soleil ne tombe pas irréversiblement et qu’il se meure. Il surveille le soleil surtout pendant la nuit du 5 au 6 décembre et il le lance de nouveau sur le ciel, car à ce moment de l’année, la nuit devient très longue et le jour raccourcit de plus en plus. Le peuple roumain a trouvé une solution pour que l’ordre règne de nouveau sur toute chose. Par ailleurs, on dit que dès le 6 décembre, le jour commence à croître un peu, même avec une si courte durée que le jet d’une pierre dans la clôture de la cour, selon les dires des paysans. Nicolas, ce vieux père, a le rôle de défendre le temps. Il fait partie du groupe des déités préchrétiennes qui mettent tout dans l’ordre et qui ont un double dans la personne d’un saint chrétien. »

    La fête de Noël, qui est une des plus importantes de la chrétienté, se superpose à un ancien culte solaire. Le solstice d’hiver était célébré, autrefois, par toutes les civilisations du monde.

    La coutume de l’Ignat ou du sacrifice rituel du cochon avant la veille de Noël a une origine très ancienne, précise notre interlocutrice Delia Suiogan: « On assiste encore une fois à une superposition d’une fête préchrétienne sur une fête chrétienne. Il faut dire dès le début qu’il s’agit d’une fête très, très ancienne et que ce jour était célébré par beaucoup de peuples, et par les Grecs et par les Romains ou par les Slaves. Nous, les Roumains, on garde en ce jour beaucoup d’éléments qui nous sont parvenus des Daces et des Romains. Dans cette période, les Daces et les Romains fêtaient un dieu du feu, mais pas n’importe lequel, celui du feu domestique, terrestre, un dieu du feu sacrificiel. À l’occasion de ce jour, tous les deux peuples sacrifiaient un cochon. Pendant toute cette période, les Romains célébraient les Saturnales, les jours du dieu Saturne, du 17 au 30 décembre. Les jours du 19 et du 20 décembre, on sacrifiait une truie qui devait être obligatoirement blanche, car le dieu auquel elle était offerte était un dieu de l’espace solaire. Le dieu du Feu était aussi le dieu du Soleil. »

    Considéré le mois des cadeaux et une occasion de partager le bonheur avec la famille et les amis, le mois de décembre constitue un moment essentiel dans le parcours changeant du temps. La naissance du Seigneur et les autres fêtes d’hiver sont célébrées par tous les chrétiens de tous les coins du monde, avec l’espoir dans un monde meilleur, au moins pour ces quelques jours festifs de fin d’année. (Trad. Nadine Vladescu)

  • Garder vives les traditions roumaines

    Garder vives les traditions roumaines

    L’univers rural avec ses traditions et coutumes s’éteint petit à petit face à l’indifférence d’une société moderne. La nouvelle génération des jeunes fascinés par le mode de vie occidental ne ressent plus aucun lien avec ses ancêtres. Est-ce que le présage d’un nouveau monde dominé par des chiffres d’affaire et des nombres d’abonnés sur les réseaux sociaux laisse encore de la place pour les derniers survivants du monde archaïque ? Est-ce qu’il existe encore des personnes préoccupées du sort de la société traditionnelle tombée presque dans l’oubli ? Veuillez nous accompagner dans les minutes suivantes dans les périples d’un jeune homme pour lequel le paysan est toujours l’un des piliers de l’identité roumaine. Pour ce jeune homme la sueur qui sourd du front du paysan roumain est sacrée. Vos guides sont notre stagiaire de Slovaquie Kristina Sékacova et son invité Iosif Ciunterei.