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  • Le court métrage « Bleu et rouge en proportions égales » de Georgiana Moldoveanu…

    Le court métrage « Bleu et rouge en proportions égales » de Georgiana Moldoveanu…

    Réalisé par Georgiana Moldoveanu et produit par l’Université nationale d’art du théâtre et du cinéma « I.L. Caragiale » de Bucarest, ce court-métrage a figuré dans la sélection Cinéfondation réservée aux jeunes talents. Sur les 2400 films proposés par les écoles cinématographiques du monde, cette année les organisateurs en ont choisi 17. 14 pays de 4 continents y ont été représentés. 12 des 22 réalisateurs étaient des femmes. Georgiana Moldoveanu, diplômée de l’Université nationale d’art du théâtre et du cinéma de Bucarest, s’est déjà fait remarquer par son film « Fenêtres », primé au festival CineMAiubit – CinéMAaimé. Nous avons parlé avec Georgiana de sa passion pour la cinématographie, de la façon dont une histoire se transforme quand elle est portée à l’écran et de son nouveau court-métrage, présenté en première à Cannes : « Moi, j’ai grandi en écoutant des CDs de contes et, à l’âge où l’on se pose pas des questions sur ce que l’on va faire dans la vie, je souhaitais vivement être la voix du narrateur, une voix qui reste cachée, mais qui vous conduit à travers l’histoire. Et je le souhaite encore, alors je vais oser en raconter une. Et en disant « j’ose », je pense aussi à l’aspect financier – important pour un film et que l’on doit prendre en compte, en tant que réalisateur. Pour en revenir au court métrage « Bleu et rouge en proportions égales », je dois dire que le mot « conte » est juste. C’est que dans ce film, dès les premières séquences, des éléments très clairs nous indiquent qu’il s’agit d’un conte. Moi, je souhaitais faire un film que l’on puisse associer à un conte. Et je pense surtout aux personnages de mon histoire, qui s’affrontent et dont certains pourraient être qualifiés de « négatifs ». Vers la fin, les choses changent et le dénouement reste ouvert. Je pense pourtant que le bien triomphe et que le spectateur y contribue. »

    « Bleu et rouge en proportions égales » raconte l’histoire d’Ana, qui fête une année de relation avec Ştefan. Une relation, un anniversaire et un cadeau pas comme les autres. Ana est d’accord d’être mère porteuse de l’enfant que Ştefan et son épouse ne peuvent pas avoir. Beaucoup trop tard, Ştefan se rend compte qu’en fait ce n’était pas ce qu’il souhaitait. Le film est inspiré d’une histoire vraie, que Georgiana a choisi de porter à l’écran : « Je vous raconterai, en quelques mots, un moment que j’ai vécu avec une amie. Pendant plusieurs années, cette amie a tout essayé pour avoir un enfant, depuis les banales prises de sang, jusqu’aux tests génétiques. Et nous avons vécu ensemble un moment très fort, qui est devenu, avec le temps, encore plus fort pour moi. Mon amie devait se rendre à l’hôpital qui la préparait pour une fécondation in vitro. Nous étions toutes les deux dans sa voiture, tard dans la soirée. Les rues étaient quasiment désertes et nous nous sommes arrêtées pour quelques instants à un carrefour. Quelques instants qui m’ont semblé durer une éternité. Nous nous trouvions sur une rue tout près de l’hôpital et, bien que mon amie y soit déjà allée à plusieurs reprises, elle ne réussissait tout simplement pas à retrouver le chemin. A ce moment là, je ne pense pas qu’elle m’ait dit beaucoup de choses, pourtant j’ai surpris son regard, un regard que je n’avais jamais vu dans ses yeux et qui exprimait tout ce qu’elle ressentait. L’heure à laquelle elle devait être à l’hôpital pour la procédure approchait et nous étions toujours au milieu du carrefour, ne sachant pas de quel côté aller. »

    La sélection de son film au Festival de Cannes a été une surprise pour Georgiana : « Je ne m’y attendais pas et ça m’a fait un grand plaisir. C’est tout à fait normal, une sélection – surtout à Cannes – fait toujours plaisir. Pourtant, en faisant un film, un réalisateur ne pense pas aux sélections. C’est une démarche quelque peu égoïste, on pense tout d’abord à l’histoire que l’on raconte, on ne vit pas en pensant aux festivals. On se propose, avant tout, de faire en sorte que l’histoire arrive au spectateur et qu’elle ressemble à ce que l’on avait imaginé.
    (Aut. : Corina Sabău ; Trad. : Dominique)

  • Le réalisateur Cristian Mungiu – récompensé à Cannes

    Le réalisateur Cristian Mungiu – récompensé à Cannes

    Cristian Mungiu est déjà un poids-lourd du cinéma, le plus primé réalisateur d’une génération de cinéastes qui a donné au film roumain une qualité exceptionnelle. Ce dimanche, Cristian Mungiu s’est vu attribuer, à Cannes, le prix de la mise en scène, pour sa création « Baccalauréat », une récompense partagée avec le Français Olivier Assayas, pour le film « Personal Shopper ».

    En 2007, Mungiu s’adjugeait la Palme d’Or pour le drame « 4 mois, 3 semaines, 2 jours », alors que, 5 ans plus tard, en 2012, il recevait le prix du scénario pour « Au-delà des collines ». « Baccalauréat », le film de cette année, explore minutieusement les compromissions et la corruption de la société roumaine, affirme AFP. « Il est toujours difficile de prendre la bonne décision », disait le réalisateur, en remerciant le jury. Le second lauréat du prix de la mise en scène, Olivier Assayas, a rendu hommage au Roumain, affirmant qu’il partageait le plus beau prix avec un cinéaste qu’il admire.

    « Baccalauréat » raconte l’histoire de Roméo, médecin dans un petit village de Transylvanie et père prêt à tout pour que sa fille puisse aller étudier dans une Université britannique. Tout ce qu’elle doit faire c’est d’avoir une bonne note à l’examen de baccalauréat. Dans une interview à Radio Roumanie, Cristian Mungiu disait que c’était une histoire contemporaine, qui parle de notre société :« C’est le point de vue d’un père, mais ce film aussi rend les point de vue de plusieurs gens et d’une certaine manière je crois que c’est aussi une histoire personnelle, mais aussi une sorte de photographie de notre société actuelle. C’est l’histoire d’un médecin de province qui doit résoudre un incident arrivé à sa fille, juste avant le baccalauréat, et ça implique des décisions assez importantes pour le discours général qu’il doit assumer à l’avenir. »

    Les principaux rôles sont endossés par les acteurs Adrian Titieni et Maria Drăguş, et Cristian Mungiu a aussi écrit le scénario. Le cinéma roumain a fait une belle figure à l’édition 2016 du Festival de Cannes. Le film « Chiens », écrit et réalisé par un débutant, Bogdan Mirică, a été récompensé du prix de la Fédération internationale des critiques de film, dans la section Un certain regard.

    Cette année, un autre poids-lourd du cinéma roumain a fait son retour sur la Croisette ; Cristi Puiu, dont le film « La mort de Dante Lazarescu » avait obtenu le prix Un certain regard en 2005, a été présent dans la sélection officielle du festival avec sa dernière production, « Sieranevada », très bien accueillie par les critiques, et décrite par le réalisateur lui-même comme « la restitution imparfaite d’une commémoration quelconque, l’histoire résumée de notre aliénation irréversible ». (Ileana Taroi)