Tag: culinaire

  • Saveurs et patrimoine à Timişoara

    Saveurs et patrimoine à Timişoara

    Peu le savent, mais le 18 juin a été décrété par l’ONU « Journée
    de la gastronomie durable ». Pourtant, cela fait 5 ans déjà que dans l’ouest de
    la Roumanie, à Timişoara, a lieu le programme « La pas » (A pas),
    qui vise à mettre en valeur le patrimoine gastronomique de la région dans le
    strict respect des principes de la restauration lente, le slow-food. Ce programme
    a été lancé par l’Association CRIES (Le centre des ressources pour des
    initiatives éthiques et solidaires) dès 2018 en perspective de la future
    Capitale européenne de la culture. Eh bien, le moment est venu, Timişoara est
    cette année Capitale européenne de la culture et c’est l’occasion ou jamais de
    parler plus en détail des différentes thématiques de ce programme intitulé
    « Le goût comme patrimoine » avec Mihaela Veţan, la présidente de
    l’Association CRIES :




    « Le goût en tant que
    patrimoine » fait partie du programme « La pas » (A pas), un des
    événements de la Capitale européenne de la culture 2023. C’est l’élément par
    lequel nous souhaitons mettre en avant l’idée que la nourriture fait partie de
    notre patrimoine culturel immatériel. Lors des éditions précédentes, nous avons
    exploré cette thématique à l’aide de différentes activités. Par exemple, en
    2018, nous avons organisé un concours de recettes traditionnelles. Puis, nous
    avons réalisé des vidéos avec des vloggueurs sur les recettes traditionnelles
    de la région du Banat (ouest), alors que l’édition de l’année dernière a été
    consacrée à la guerre en Ukraine, avec plusieurs activités liées au bortch
    ukrainien qui a été inclus au Patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO.
    »




    Cette année les organisateurs ont décidé d’attirer l’attention sur un
    élément très important : l’impact de la nourriture sur l’environnement.
    Mihaela Veţan explique :






    « Nous avons imaginé
    une série de 5 ateliers gastronomiques avec pour invités des chefs cuisiniers,
    des vloggueurs culinaires et des passionnés de cuisine qui ont tous utilisé des
    ingrédients de saison provenant de sources locales. On a commencé en février
    par un atelier ayant pour vedette les légumes-racines. Puis un atelier
    végétalien mettant l’accent sur les herbes utilisées dans les plats. Nous avons
    continué avec ce type d’ateliers tout au long de cet été. En automne, nous
    privilégierons les aliments de saison. Si bien qu’à la fin de l’année, les
    participants auront une meilleure vision de la diversité des recettes à
    cuisiner chez soi, avec des ingrédients spécifiques à chaque saison.
    »




    Comme nous venons de le mentionner, toutes ces activités reposent aussi sur
    les principes de la restauration lente – le slow-food – à savoir : c’est
    bon, c’est propre, c’est éthique. Histoire de développer les compétences des
    jeunes en matière de consommation responsable, de promouvoir les pratiques
    durables pour l’organisation d’événements culturels et d’encourager les
    politiques publiques qui favorisent les modèles de développement durable. Bref,
    sensibiliser la population à la culture de la durabilité. Mihaela Veţan,
    présidente de l’Association CRIES, explique en quoi consiste concrètement cette
    idée de durabilité dans le cas des ateliers prévus cette année :




    « Nous voulons mettre
    les projecteurs sur trois éléments importants. Premièrement : l’aspect
    saisonnier – c’est-à-dire prendre conscience du fait que certains légumes sont
    disponibles à un certain moment de l’année et que c’est alors qu’il faut les
    consommer et non pas hors saison. Deuxièmement : nous rapprocher des
    producteurs locaux et des ingrédients locaux. Troisièmement : inspirer les
    gens à cuisiner davantage à la maison, une pratique qui est aujourd’hui en
    déclin. Les gens cuisinent de moins en moins et s’orientent vers les produits
    semi-élaborés ou le fast-food.
    »




    Et puisque tout cela se passe dans l’ouest de la Roumanie, à Timişoara,
    nous avons voulu savoir quelles étaient les saveurs phare de cette ville qui
    est cette année Capitale européenne de la culture. Mihaela Veţan
    répond :


    « Nous, on a plutôt
    mis l’accent sur les spécificités de la région du Banat, qui est une zone de
    confluences. Dans notre approche de cet aspect traditionnel et local, nous
    avons mis en avant une association plutôt inattendue, spécifique de la région :
    le sucré-salé ou bien l’aigre-doux. Pour vous donner un exemple :
    traditionnellement, dans le Banat, on mange le rôti avec de la compote de
    griottes ou de prunes. D’ailleurs, ici, on a à faire à un mélange de cuisine
    serbe, allemande, souabe, et même magyare -c’est donc très difficile de dire quel
    est le goût spécifique de la région. A mon avis, c’est ce mélange de goûts et
    cette alternance inattendue. Bref, on pourrait dire que les saveurs du Banat
    sont pour le moins surprenantes.
    »




    Et ce n’est pas tout. Aux ateliers de cuisine locale dont nous venons de
    parler, s’ajoutent cet automne des activités similaires dans les écoles, comme
    nous le raconte notre invitée, Mihaela Veţan :




    « Le programme «
    La pas / A pas » comporte en fait un ample projet éducationnel. Nous
    mettrons en place de nombreuses activités dans les écoles, nous y impliquerons
    plus de 650 élèves et leurs familles. Et bien sûr, automne oblige, pour ce mois
    d’octobre nous préparons la 3e édition du Festival « La
    pas / A Pas », qui est un festival de gastronomie artisanale. »




    Bref, tous les amateurs de produits du terroir et d’art culinaire sont attendus
    cet automne à Timişoara qui est non seulement Capitale européenne de la culture
    2023, mais aussi une ville qui met à l’honneur son patrimoine gastronomique et
    ses communautés locales – le tout sous le signe d’un développement durable.
    Rendez-vous donc à Timişoara pour découvrir les saveurs et les recettes du
    Banat. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Voyage culinaire à Sebes

    Voyage culinaire à Sebes

    Cest le 22 août que le train touristique « Transilvania Train » sest mis en branle pour son exceptionnel voyage annuel, qui a offert à 150 voyageurs loccasion de vivre, pendant 5 jours, une expérience unique au cœur de la Transylvanie. Litinéraire de 600 km a traversé les villes médiévales de Braşov, Saschiz, Sighişoara, Mediaş, Alba Iulia, Sebeş, Sibiu, Făgăraş, permettant de visiter une vingtaine de châteaux forts avec, chaque jour, les feux braqués sur un thème particulier.



    Les voyageurs nont eu que lembarras du choix entre les 15 ateliers de métiers traditionnels proposés, les deux concerts exceptionnels, déroulés dans lEglise évangélique de Sebeş et dans le centre historique de la ville de Sibiu, sans oublier la dégustation de vins du terroir, spécialement sélectionnés pour loccasion.Profitons-en et montons dans le « Transilvania Train », qui nous emmène à Sebeş, pour y rencontrer Toma Ioan Cosmin, un chef ravi de nous faire découvrir les traditions culinaires de la région. : « Cest chez nous, dans la ville de Sebeş, que lon a voulu préparer une surprise aux voyageurs du train. Une fois arrivés chez nous, ils ont été conviés à nous rejoindre et à apprendre les riches traditions culinaires de cette région, où les influences saxonnes ne sont jamais bien loin. Et ce sont les touristes qui ont concocté un formidable goulasch de bœuf, des cuisses de canard confites en croûte, puis des pommes farcies au miel et aux noix. Mais le chef dœuvre cétait notre dessert traditionnel, une sorte de beignet que lon appelle « des caleçons retournés », un vrai délice que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Confectionné dune pâte à base de farine, œufs, crème fraîche, sucre, avec une pointe de vanille, et pétrie de bon cœur, le « caleçon retourné » est plongé dans une friteuse, ou finit au four. Eh bien, sachez que ce sont les touristes eux-mêmes qui ont appris à tout préparer, alors que moi, jétais là juste pour les guider. »



    Latelier de cuisine a duré 4 heures en tout, chacun y trouvant son compte. Interrogé sil valait la peine daller visiter la ville de Sebeş, chef Toma ny est pas allé par les 4 chemins: « Ecoutez, ça vaut certainement la peine. Il y a un monde à découvrir. Cest tout ce que je vous dis. Cet atelier, on la organisé près de la Cathédrale, dans lîlot de verdure quest le jardin du musée de Sebeş. »



    Et, en effet, cette ville de Sebeş, bâtie au XIIe siècle par des colons originaires du Luxembourg et de la partie ouest de lAllemagne daujourdhui vaut la peine dêtre visitée. Ils sy sont établis à linvitation du roi de Hongrie, mais lappellatif de Saxons de Transylvanie est quelque peu erroné, la Couronne hongroise ayant désigné toutes les populations germaniques par le mot « saxonnes ». Seulement voilà, les Saxons de Sebeş étaient en fait des Franconiens du Rhin, les « Rheinfranken ».



    Et cette Sebeş saxonne, ou franconienne, devint une des cités médiévales de première importance en Transylvanie, une des sept cités qui ont donné son nom allemand à cette province : le « Siebenbürgen ».La mémoire des temps anciens est conservée aujourdhui dans la pierre des monuments : lEglise Evangélique/Luthérienne, rebâtie en style gothique aux 13e-14e siècles, rénovée ultérieurement en style Renaissance, puis lEglise orthodoxe de la Résurrection du Seigneur, ou encore la Tour octogonale, située à côté du monastère franciscain.



    Cest dans le cimetière catholique de la ville que lon trouve le Monument aux héros roumains, érigé à la mémoire des soldats et des officiers roumains tombés pendant la Grande guerre. Au centre-ville de Sebeş se dresse le monument à la mémoire des héros roumains morts pendant la Deuxième Guerre mondiale. Enfin, pour les amoureux de la nature, une visite de la Réserve géologique de Râpa Roșie, distante de seulement 3 km de la ville, est fortement conseillée.