Tag: cyanures

  • Vote final visant Rosia Montanà

    Vote final visant Rosia Montanà



    La Chambre des Députés de Bucarest a rejeté mardi le projet de loi visant des mesures d’exploitation des minerais d’or et d’argent du périmètre Rosia Montanà au centre de la Roumanie. Le projet avait été aussi rejeté par le Sénat en novembre 2013 et puisque la Chambre des députés est le forum décisionnel, ce vote marque le rejet définitif du projet de loi initié par le Gouvernement roumain. Selon le rapport de rejet rédigé par une commission spéciale, le projet ne couvre pas de façon satisfaisante toutes les exigences concernant le cadre de déroulement de l’activité d’exploitation des ressources minérales en Roumanie.



    Plus que cela, ce projet représenterait une tentative de modification de la législation minière qui favoriserait de façon illégitime la compagnie canadienne GABRIEL RESOURCES à exploiter par des cyanures le gisement de Rosia Montanà. Ses stipulations auraient, également, excepté la compagnie d’obtenir les avis nécessaires et se serait fondé sur des actes administratifs annulés par la justice roumaine ces 15 dernières années.



    Les procédures non-constitutionnelles d’expropriation, l’obligation des autorités d’émettre des avis dérogatoires de la loi des monuments historiques et des monuments naturels et de la Directive européenne concernant les eaux , tout cela a été dénoncé par la société civile. En automne dernier, des dizaines de milliers de citoyens manifestaient dans la rue exigeant au Gouvernement de retirer la loi, d’interdire l’utilisation les cyanures dans l’industrie minière et de débloquer les procédure d’inclusion de Rosia Montanà, l’ancienne colonie romaine Alburnus Maior , sur la liste de l’UNESCO.



    Sous la pression de la rue, l’appui politique pour ce projet où l’Etat roumain aurait une participation de quelques 19% a aussi baissé.



    En égale mesure, les scientifiques roumains et étrangers se sont prononcés contre le projet utilisant des cyanures de Rosia Montanà soutenant que ce type d’activités économiques est incompatible au principe du développement durable et au droit des citoyens de vivre dans un environnement propre. De l’autre part , GABRIEL RESOURCES a menacé l’Etat roumain de demander des dédommagements se montant à des milliards d’euros au cas où le projet est rejeté.



    La Roumanie est crédité comme ayant les plus grandes réserves d’or de lUE avec ses 68 gisements identifiés dans le Quadrilatère Aurifère des Carpates Occidentales roumaines. Le succès des projets d’exploitation à base de cyanures ou de flottation mènerait, néanmoins, à la formation de 2900 hectares de déchets de cyanures engendrant le risque de catastrophes à l’égard de l’environnement et de problèmes sociaux d’envergure…(trad. : Costin Grigore)

  • Décision parlementaire concernant l’exploitation de Roşia Montană

    Décision parlementaire concernant l’exploitation de Roşia Montană

    Le projet de loi sur l’exploitation aurifère de Roşia Montană, lancé par le gouvernement, a été rejeté, et les commentateurs estiment qu’un vote négatif du Parlement n’est qu’une question de temps. Des semaines et des semaines durant, la commission a entendu géologues, physiciens, chimistes, militants écologistes, représentants de l’Académie roumaine et de l’Eglise orthodoxe majoritaire, la plupart se prononçant pour le rejet du projet.



    La décision finale a été prise après consultation entre les dirigeants de l’USL, le premier ministre social-démocrate Victor Ponta et le président libéral du Sénat, Crin Antonescu, dont les membres occupent les deux tiers des sièges au Parlement roumain. Ils ont annoncé qu’un nouveau projet de loi serait lancé, censé prévoir un cadre général pour toutes les futures exploitations minières en Roumanie. En tout état de cause, Roşia Montană demeure la plus précieuse du sous-sol roumain.



    De l’avis des géologues, le plus grand gisement d’or de l’Europe continentale s’y trouverait : au moins 250 tonnes, d’une valeur estimée à 11 milliards de dollars. En plus, il y aurait encore 1.600 tonnes d’argent, évaluées à 3 milliards de dollars, ainsi que des gisements de métaux rares — titane, vanadium, chrome, nickel, cobalt, wolfram, utilisables dans les industries aérospatiale, militaire et médicale. Selon les spécialistes, la valeur de ces métaux rares excèderait celle de l’or et de l’argent.



    Les disputes ont commencé après l’annonce du concessionnaire que les cyanures seraient utilisés pour extraire l’or, avec des effets potentiellement dévastateurs sur l’environnement et le site qui abrite des galeries de mine depuis l’antiquité romaine. Dans le rapport de la commission spéciale, les parlementaires exigent, entre autres, que les documents classifiés et la licence d’exploitation soient rendus publics, de manière à ce que les autorités compétentes puissent traiter les soupçons de corruption. Ils demandent également au gouvernement d’étudier la possibilité d’utiliser d’autres technologies, moins dangereuses, et de faire appel à des institutions indépendantes pour des études d’impact.



    Au sujet du site archéologique, l’on évoque d’inclure Roşia Montană au patrimoine mondial de l’UNESCO. Si, au plan politique, pour l’opposition démocrate-libérale, l’avis négatif de la commission parlementaire équivaut à une motion de censure, dans la société, les débats sont plus nuancés. La majorité se réjouit de ce que le danger du lac aux cyanures ait été écarté, mais souhaite mettre en valeur, à l’aide de technologies plus sûres, les gisements que la Roumanie, un pays plutôt pauvre, ne saurait ignorer…(trad. : Ligia Mihaiescu)

  • De l’or et des cyanures

    De l’or et des cyanures


    D’une part, les écologistes et les historiens s’y opposent, estimant que par delà les intérêts économiques, la primauté revient à la préservation de l’environnement et à la sauvegarde des vestiges et du patrimoine architectural.



    De l’autre côté, les tenants du projet affirment que sa mise en place pourrait sauver la région gravement touchée par le chômage. Le projet de Roşia Montana, qui vient de recevoir l’avis favorable du ministère de l’Environnement, est arrivé au Parlement, auquel il avait été soumis par le cabinet de Bucarest.



    Pendant ce temps, plusieurs milliers d’opposants audit projet protestent dans les rues de la capitale roumaine, dans d’autres villes du pays et même dans des métropoles étrangères telles Paris, New York ou Bruxelles. Les raisons sont variées. D’aucuns sont mécontents du montant des redevances, d’autres pointent du doigt l’impact sur l’environnement d’une mine à ciel ouvert de grande taille.



    Enfin, il y a des protestataires qui craignent les retombées de la technologie envisagée pour l’extraction de l’or. Elle supposerait l’utilisation de cyanures servant à séparer l’or du minerais excavé et le stockage dans un immense barrage de décantation du terril résulté.



    A propos de ce dernier aspect, les représentants de la compagnie canadienne affirment haut et fort que des experts ont déjà procédé à l’audit de la sécurité du barrage et que la technologie n’impliquerait, elle, aucun danger.



    Le vice-président du Département de l’environnement de Roşia Montana Gold Corporation, Horea Avram : « Avant d’échouer dans l’étang, les terrils issus des processus de transformation seront neutralisés, ce qui fait une teneur moyenne en cyanure de quelque 3 mg/litre. La principale qualité de ce réactif est qu’il est biodégradable. Cela revient à dire que les informations selon lesquelles les cyanures demeureraient dans l’étang sont fausses. Si l’on arrêtait aujourd’hui cette exploitation, dans trois mois les teneurs en cyanures s’affaibliraient jusqu’à moins de 0,01%. Elle seraient donc plusieurs dizaines de fois moindres que les limites établies par l’UE et la Roumanie. »



    Les habitants de la contrée de Roşia Montana se sont eux aussi rassemblés pour dire oui au projet. Plusieurs mineurs se sont même retranchés dans la mine pendant quelques jours, car, disent-ils, si les activités minières ne reprennent pas, il y aura un chômage massif et la région sera condamnée à la pauvreté. Le jeu n’en vaut pas la chandelle, affirme, de son côté, l’Association Alburnus Maior, opposante de longue date à ce projet. En clair, les 600 nouveaux emplois ne justifieraient pas les problèmes environnementaux qui en découleraient. Le pour et le contre seront pesés par une commission spéciale, créée en début de semaine. Ce que l’on attend d’elle, c’est un état des lieux, qui devrait parvenir au plénum réuni des deux chambres du Parlement. Si le projet est repoussé, l’Etat roumain prend le risque de se voir intenter un procès où il y va de plus de 2 milliards de dollars de dommages et intérêts.



    Ce montant est censé couvrir le bénéfice estimé et les 550 millions déjà investis par la compagnie canadienne. En quoi cet argent a-t-il été placé? Voici la réponse de Ionel Blănculescu, conseiller du premier ministre. « Le matériel fourni par la compagnie d’exploitation et le gouvernement relèvent que l’investissement le plus conséquent est allé vers une étude géologique. Je pense avoir compris que cette étude fort laborieuse, qui s’est étalée sur près de sept ans, a coûté 98 millions de dollars. Elle a supposé 1.200 forages à 300 mètres de profondeur, réalisés tous les dix mètres, et puis la collecte d’échantillons qui ont été par la suite envoyés pour analyse à deux laboratoire différents. A cela se sont ajoutés les frais de déménagement de la population, l’argent dépensé pour la construction de nouvelles habitations dans la zone. Enfin, on ne saurait oublier de mentionner la rémunération des quelque 500 personnes embauchées pour les travaux relatifs au patrimoine, liés au musée et aux galeries romaines et bien sûr les frais d’administration et de gestion. »



    300 tonnes d’or et 1600 tonnes d’argent pourraient être extraites à Rosia Montana, affirment les représentants de la société canadienne, ce gisement étant le troisième le plus important au monde. Ce qui plus est, selon pas mal de voix, le principal enjeu du projet consisterait dans les quantités importantes de métaux rares qui se trouveraient à Rosia Montana. Rosia Montana Gold Corporation devrait payer à l’Etat roumain une redevance de 6% du montant de la production. Si l’on prend en compte la valeur des métaux précieux, la Roumanie devrait empocher un milliard de dollars. Le projet minier devrait s’étendre sur 25 ans, dont deux nécessaires à la mise en place de l’infrastructure minière, 16 à l’exploitation proprement-dite et d’autres à la réhabilitation de la zone et la fermeture des exploitations.



    La Roumanie doit exploiter ses ressources naturelles en respectant les normes européennes en la matière, a souligné le premier ministre, Victor Ponta. Selon lui, le débat public fera connaître les aspects essentiels qui conduiront – ou non – à la réalisation de ce projet. Car les informations parues depuis l’apparition de ce projet, il y a 15 ans, sont plutôt confuses et prêtent à la spéculation. ( trad. : Mariana Tudose, Alexandra Pop )