Tag: Dacie

  • La Roumanie – plus présente dans le patrimoine de l’UNESCO

    La Roumanie – plus présente dans le patrimoine de l’UNESCO

    L’ensemble monumental « La Voie des héros », un des chefs-d’œuvre du sculpteur Constantin Brâncuşi en Roumanie, et les frontières de l’Empire romain – Dacie ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ainsi sont-ils considérés comme quelques-uns des exemples les plus remarquables de l’art public du XXe siècle.

     

    La Voie des héros

    L’ensemble sculptural de Târgu Jiu, petite ville du sud-ouest de la Roumanie, composé de quatre œuvres – soit  « La Table du silence », « L’Allée des chaises », «  La Porte du baiser » et «  La Colonne sans fin » – a été conçu et construit par Constantin Brâncuşi. Les quatre œuvres ont été réalisées dans les années 1937-1938, en hommage aux soldats tombés sur les champs d’honneur de la Première Guerre mondiale.

    Ces ensembles sculpturaux alignés sur un axe de 1,5 km de long sur le Boulevard des Héros à Târgu Jiu sont quelques-unes des rares œuvres du grand sculpteur présentes en Roumanie.

    « La reconnaissance accordée nous oblige à protéger l’ensemble monumental, à le garder intact pour les générations futures et pour la mémoire culturelle de l’humanité », a déclaré la ministre de la Culture, Raluca Turcan.

     

    Le limes romain

    Le deuxième dossier admis est celui de la ligne de fortifications romaines (limes en latin) érigées le long de la frontière nord de la province de Dacie, qui compte 277 sites répartis dans 16 départements. Faisant partie du système général de défense de l’Empire romain, les Frontières de l’Empire romain – Dacie témoignent de l’expansion maximale de la puissance de l’Empire romain à travers la consolidation de ses frontières septentrionales. Long de plus de mille kilomètres, c’est le plus grand segment des frontières de l’Empire romain et comprend à la fois des secteurs terrestres et fluviaux.

     

    Constantin Brâncuşi

    Constantin Brâncuşi est né dans le petit village de Hobita, dans le département de Gorj, mais il a passé la plupart de sa vie à Paris. Il est arrivé dans la capitale française en 1904, après un long voyage de 18 mois, et a travaillé finalement sous la direction du grand sculpteur Auguste Rodin. Il a quitté cependant son atelier en 1907 en affirmant que « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ! ». Il est devenu l’un des artistes les plus influents du XXe siècle. Après sa mort en 1957, il a légué à l’Etat français son atelier et une partie de ses œuvres. Il a souhaité laisser ses œuvres en Roumanie, mais le gouvernement communiste de l’époque a refusé son offre.

    En 2023, la ville de Timisoara, dans l’ouest de la Roumanie, a organisé la première exposition rétrospective des œuvres de l’artiste. C’était la première exposition dans son pays natal de ces 50 dernières années. Entre temps à Paris, le Centre Pompidou a organisé une exposition rétrospective en son honneur, la première du genre depuis celle de 1995.

     

    La liste des monuments roumains inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

    Les nouveaux monuments inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’ajoutent à une longue liste comprenant le delta du Danube (présente depuis 1991), les villages aux églises fortifiées de Transylvanie (1993), les églises de Moldavie (1993, 2010), le monastère de Hurezi (1993), les Citadelles Daces des Monts Orăştiei (1999), le Centre historique de Sighişoara (1999), les églises en bois de Maramureş (1999), les Forêts primaires et anciennes de hêtres des Carpates et d’autres régions d’Europe (2017) et le Paysage minier culturel de Roşia Montană (2021).

     

  • Jacques Augustin (France) – Les camps romains de Roumanie

    Jacques Augustin (France) – Les camps romains de Roumanie

    Effectivement, la Dacie a été une partie importante de l’Empire romain. Conquise par Trajan suite à la guerre de 104-105, la Dacie devint une province romaine. C’est du mélange de sa population locale avec les Romains, que sont nés le peuple roumain et la langue roumaine. C’est pourquoi la Roumanie est souvent décrite comme une île de latinité au cœur d’une mer slave. Par conséquent, les camps romains n’ont pas manqué sur le territoire de la Dacie romaine et leurs vestiges sont encore visibles par endroits sur le territoire de la Roumanie actuelle. En voici quelques exemples.

     

    Le castre romain d’Apulum, près de la citadelle d’Alba Carolina

     

    Je commence par Alba Iulia qui est une forteresse romaine dont les vestiges ont été très bien conservés. D’ailleurs, le nom romain de la citadelle était Alba Carolina. Tout près se trouve le site de l’ancien castre romain d’Apulum, un des plus importants de l’époque romaine en Dacie. Il fut construit en l’an 106 pour y faire stationner la 13e Légion Gemina, qui avait pour mission de garder les mines d’or et de défendre la route par laquelle l’or était transporté à Rome. Pour garder vive l’histoire de lieux, le Festival Romain Apulum se tient depuis 2013 sur les ruines du camp romain, avec des reconstitutions de la vie à l’époque romaine. Les gladiateurs, les soldats, les danseuses n’y manquent pas. Cette année, le festival se tient du 15 au 18 août.

    Davantage de détails sur : festivalulromanapulum.ro

    Despre eveniment

     

    Le castre romain de Porolissum, au département de Salaj

     

    Au département de Salaj, dans le nord-ouest l’on retrouve l’ancien camp militaire romain le plus important de l’époque des guerres entre les Daces et les Romains et le mieux conservé. Il s’agit de Porolissum. Bâti lui aussi en 106 en bois sur des fondations en pierre, cette fortification avait le rôle de défendre le principal endroit de la traversée des Carpates. Il s’étendait sur quelque 500 hectares et accueillait environ 5 000 soldats romains. Les civils se sont établis autour de cette forteresse qui ne cessait de grandir et qui devint en l’an 124 le centre administratif de la province appelée Dacia Porolissensis. Il existe des preuves archéologiques qui témoignent du fait que le site a été habité plusieurs siècles durant même après le retrait des Romains de Dacie en 271.

     

    Callatis, au bord de la mer Noire

     

    A l’autre bout du pays, au bord de la mer, l’ancienne cité de Callatis est aujourd’hui connue comme Mangalia, la ville la plus ancienne de Roumanie, car datant justement de l’époque romaine. Sa citadelle a été détruite et ses ruines, bien qu’elles existent de nos jours encore, ne sont pas un repère touristique majeur. Toutefois elles témoignent du passé si lointain de notre territoire et de nos racines latines.

     

    La liste des sites romains est vraiment très longue. Si bien que les principaux sites archéologiques de Roumanie font l’objet d’un dossier de candidature au Patrimoine de l’UNESCO. Cette liste pourrait aider à activer plus de 200 sites historiques et mettre ainsi en valeur leur valeur touristique et culturelle, apprend-on sur le site wansait.com

     

    Cher Jacques Augustin, j’espère que cette petite présentation a ouvert votre appétit pour les découvrir vous-même en surfant sur la Toile, sur notre site rri.ro et en suivant les émissions de RRI. Merci pour cette proposition très intéressante !

     

  • Les citadelles daces des monts d’Orăştie

    Les citadelles daces des monts d’Orăştie

     

    Sarmizegetusa Regia, à la 8e place des destinations roumaines recommandées par le Club de Presse FIJET 

     

    Nous continuons la présentation des destinations classées dans le “Top 10 Destinations FIJET Roumanie 2024”, un projet du Club de Presse FIJET qui vise à mettre en lumière des endroits remarquables d’un point de vue touristique.

     

    Direction – Grădiştea de Munte, dans le département de Hunedoara, un village situé près de l’ancienne citadelle dace de Sarmizegetusa Regia, faisant partie du complexe de fortifications et d’établissements daces des Monts d’Orăştie. Cet endroit occupe la 8ème place du classement mentionné.

     

    Découvrez la capitale des Daces

     

    L’accès à Sarmizegetusa Regia, l’ancienne capitale des Daces, était contrôlé par les autres citadelles des Monts d’Orăştie : Costeşti – Cetăţuie, Blidaru, Piatra Roşie, Băniţa et Căpâlna, qui sont également de lieux qu’on vous conseille fortement de visiter. La construction des fortifications daces dans les Monts d’Orăştie a impliqué, à partir du IIe siècle av. J.-C. Et  jusqu’au Ier siècle de notre ère, l’aménagement de routes et de terrasses, ainsi que l’approvisionnement en matériaux de construction provenant des endroits situés à de plusieurs dizaines de kilomètres. Les fouilles archéologiques ont révélé des habitations, des ateliers, des aqueducs et des réservoirs d’eau, ainsi que des objets en métal ou céramique. Cette région riche en artefacts, avec une superficie d’environ 200 kilomètres carrés, a attiré l’attention non seulement des touristes, mais aussi des chasseurs de trésors.

     

     

    Radu Barb, le directeur général de l’Administration, des Monuments et de la Promotion Touristique du département de Hunedoara, nous a parlé de la protection de ces sites archéologiques:

     « La Direction Générale de l’Administration des Monuments et de la Promotion Touristique du Département de Hunedoara est une entité subordonnée au Conseil Départemental qui est chargée de l’administration des citadelles daciques. Il y a quatre ans, une loi concernant la  protection et la mise en valeur de ces citadelles a été promulguée. Cette loi a été donc à l’origine de la création de notre direction. Nous sommes donc en charge de la gestion des monuments, notamment des cinq citadelles daces du département de Hunedoara, dont quatre sont situées dans les Monts Orăștie. S’y ajoute la citadelle située près de Petroșani, qui est déjà administrée par une entreprise spécialisée. C’est ainsi qu’on a réussi à résoudre le problème des vols et des pillages, assez fréquents dans le passé. Voici les noms des cinq citadelles que je viens d’éoquer : la Citadelle de Bănița, la Citadelle de Costești, la Citadelle de Blidaru, Sarmisegetuza Regia et la Citadelle de Piatra Roșie ».

     

    Les citadelles daces des Monts Orăștie font partie du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO depuis 1999

     

    Depuis 1999, les citadelles daces des Monts Orăștie font partie du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO et se retrouvent également parmi les 375 sites touristiques répertoriés dans le département de Hunedoara. Certaines de ces attractions touristiques sont mises en valeur à travers des festivals, comme nous l’explique Radu Barb, directeur de la Direction Générale de l’Administration des Monuments et de la Promotion Touristique du Département de Hunedoara. Un de ces festivals vise à attirer l’attention sur les batailles entre les Daces et les Romains, notamment à travers des reconstitutions historiques.

     

    Un festival pas comme les autres

     

    Radu Barb  : « Le « Dac Fest » est un festival majeur de reconstitution historique que nous organisons en partenariat avec Terra Dacica Aeterna. C’est un événement international où plusieurs troupes recréent des batailles de l’Antiquité selon des scénarios spécifiques. Les visiteurs passionnés par ce type de spectacle peuvent ainsi profiter pleinement ces événements mis en scène. »

     

    Cette année, le Dac Fest est prévu pour la fin du mois d’août sur le plateau de Măgura Uroiului, près de la ville de Simeria. Lors des éditions précédentes du festival, des rituels des Daces et des Romains y ont été présentés, des ateliers des maîtres artisans y ont été organisés autour de la fabrication des objets utilisés il y a deux mille ans.

     

    Voilà, l’invitation a été lancée ! En espérant vous avoir convaincu de remonter le temps en visitant la région de Hunedoara, à bientôt pour une nouvelle destination ! (trad. Rada Stanica)

     

     

  • L’héritage latin des Roumains

    L’héritage latin des Roumains

    Mais la contribution d’autres ethnies dans la formation de la nation roumaine d’aujourd’hui ne saura évidemment être ignorée. Davantage encore, les chercheurs s’attachent de comprendre au mieux la trace laissée par ces sources multiples dans l’imaginaire collectif, à travers les structures sociales qu’elles avaient développé à un moment donné, par exemple. Le président en exercice de l’Académie roumaine, l’historien Ioan-Aurel Pop, prône une approche critique face au concept d’identité nationale. Ecoutons-le :« Il faudrait essayer de comprendre un peu mieux qui on est, ce qu’on est, ce que nous avons hérité de nos ancêtres. Il faudrait accepter de mettre en doute les idées reçues. Mais une chose est sûre : nous sommes parvenus à durer, nous ne nous sommes pas laissés fondre dans les populations, dans les ethnies avec lesquelles nous avons eu de longues périodes de cohabitation : les Huns, les Gépides, les Avares, les Petchenègues, les Cumins. Et cela même en dépit de notre taille, car nos Etats ont toujours été d’une taille plutôt dérisoire, nous sommes parvenus à durer et à nous développer. »

    Mais, au fond, qui sommes-nous, nous, les Roumains ? Ioan-Aurel Pop : « A cette question, je répondrais que nous pouvons nous définir par notre langue, par nos patronymes, par la manière dont nous avons embrassé le christianisme. Et ces éléments nous rattachent à l’Occident. En revanche, si l’on regarde la nature du culte orthodoxe pratiqué en Roumanie, l’emploi de la langue slavonne et de l’alphabet cyrillique dans la pratique religieuse et dans les actes officiels issus au Moyen Âge, l’on se rend compte de notre appartenance à l’espace byzantin et de l’influence exercé par l’espace slave. Néanmoins, la latinité de la langue roumaine demeure un élément essentiel de notre identité nationale, surtout dans cette partie du monde ».

    Et il est vrai que partager une même langue définit souvent l’appartenance à une même nation. Ioan-Aurel Pop ajoute que les voyageurs étrangers qui visitaient l’espace roumain au Moyen Age remarquaient souvent la conscience des habitants de leur appartenance à un espace de latinité : « Les sources, il faut les prendre telles quelles. Sans faire de tri. En tant qu’historien, si j’aime avoir une image d’ensemble mettons du 16e siècle, je prends l’ensemble de sources, et j’essayes de reconstituer le puzzle. Je n’arriverai certainement pas à remplir toutes les cases, et dans ce cas je peux aussi me lancer dans des supputations, mais l’idée est de disposer d’autant de sources que possible. Prenez, le voyageur Francesco della Valle racontait avoir été hébergé une nuit par les moines du monastère Dealu. L’on est en 1536. Et c’est là qu’il apprend pour la première fois l’histoire de l’arrivée des légions romanes du temps de l’empereur Trajan dans ce pays. Je n’ai pas de raison de mettre en doute la véridicité de ses dires. D’autant que je peux les corroborer avec ce que racontent d’autres voyageurs qui racontent à peu près la même histoire, « un tel me disait que les Roumains sont des Romans à l’origine ». »

    C’est d’ailleurs autour de cette origine latine commune que s’était constitué le sentiment national et c’est toujours autour de la latinité qu’a été bâti l’Etat moderne au 19e siècle. Mais la conscience collective de l’appartenance à cet espace de latinité existait depuis bien plus longtemps, selon le président de l’Académie roumaine : « Les fils lettrés de boyards arrivent à étudier dans les écoles jésuites polonaises. C’est là qu’ils apprennent l’origine latine des Roumains et de leur langue. Ils rentrent ensuite au pays, et travaillent au développement de cette conscience commune, agencée autour de la latinité. C’est donc grâce aux érudits, aux intellectuels que cette conscience a pu être bâtie de la sorte. La chronique de Cantacuzène faisait déjà mention de ces deux moments fondateurs distincts : la conquête par les légions romanes de Trajan de la Dacie, ensuite, un millénaire plus tard, la descente de Rodolphe Bessaraba dit le Noir, le fondateur de la principauté de Valachie aux dépens des Hongrois. Maintenant, c’est à se demander si les moines du monastère Dealu dont je parlais tout à l’heure faisaient partie de ces érudits. Une chose est certaine : ils avaient très bien accueilli Francesco della Valle et ses comparses italiens, qui ont été bluffés par la générosité de cet accueil. Ensuite, au 17e siècle, voyez cette délégation suédoise essayer de nuer des contacts avec la noblesse magyare d’Oradea et de Cluj, en utilisant le latin. Peine perdue. Les nobles magyares ne connaissaient que le hongrois. Mais ensuite, dès que les Suédois traversent les Carpates vers le sud, ils s’aperçoivent que d’un coup tout le monde parlait le latin, même les paysans. Un latin vulgaire certes et truffé de mots d’emprunt, mais un latin qui leur était compréhensible. Ils entendent lapte pour lactis, le lait, ils entendent noapte pour noctis, la nuit. Et lorsqu’ils demandent aqua, de l’eau, on leur rapporte apa. »

    L’origine latine de la langue roumaine, souvent contestée par ceux qui ne voyez pas leur intérêt dans cette continuité de l’existence de ce que deviendra la nation roumaine dans l’espace roumain, demeure malgré tout l’incontestable liant de l’identité nationale. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le monument et la cité de Tropaeum Traiani

    Le monument et la cité de Tropaeum Traiani

    C’est dans le sud de la Roumanie, plus précisément dans la zone de plateaux du département de Constanta, que se trouve la localité d’Adamclisi. Laquelle doit sa renommée à l’ensemble appelé Tropaeum Traiani qui regroupe un monument érigé à proximité par l’Empereur Trajan ainsi que les ruines de la cité antique – les deux étant étroitement liés à la transformation de la Dacie en province romaine après l’an 106 après Jésus-Christ.



    La cité a été élevée sur les lieux d’un ancien habitat humain des Gètes, comme nous l’explique l’archéologue Gabriel Talmatchi : « Erigée sur les lieux de cet ancien habitat, la ville allait connaître un véritable essor à l’époque de l’Empereur Trajan, plus précisément après la première guerre daco-romaine. Une fois finies les guerres qui se sont étalées sur près de 600 ans, la ville connaîtra la prospérité en se transformant en un centre urbain dynamique de la zone centrale de Dobroudja. Le long des années, elle gagnera le statut de grande ville, soit une unité administrative importante dans les provinces romaines. On connaît pas mal de choses sur son développement jusqu’à la fin du VIe siècle, lorsque les attaques des Avars dans les années 586–587 ont détruit la ville qui s’engagea dans un processus de ruralisation accentuée. »



    L’édification de cette ville a aussi contribué à la pacification de la zone, ce qui s’est traduit par la début de l’organisation de la Dacie en province, explique l’archéologue Gabriel Talmatchi : « Ainsi, la zone dans le sud du Danube devenait-elle une région sûre, prospère et très bien défendue du point de vue militaire. Ce qui plus est, on coupait les liaisons entre les Daces libres du nord de la Roumanie d’aujourd’hui et les Gètes, voire les Thraces dans la zone du sud du Danube. On y a également fait venir des colons, mais la plupart des Romains ayant habité à Tropaeum Traiani au premier siècle de son existence étaient des vétérans. Cela s’explique par le grand nombre d’unités militaires qui étaient cantonnées en Moésie inférieure, les soldats étant démobilisés, une fois le stage dans l’armée romaine achevé. Ils se voyaient aussi accorder un diplôme militaire et des parcelles de terre. De même, hormis les vétérans, on y a également emmené des colons issus d’Asie mineure. »



    Le village d’Adamclisi doit notamment sa renommée au monument Tropaeum Traiani, situé à 2 kilomètres de la cité antique. Son image, connue grâce à son socle en forme de cylindre et à son toit conique au sommet duquel se trouve un trophée bifacial, est devenue symbole de la localité. Gabriel Talmatchi : « Il a été érigé entre les années 106-109 par les soldats et les maîtres des unités militaires. C’est pourquoi sa qualité artistique caractérisant certains monuments de Rome fait défaut. En revanche, le fait d’avoir été érigé par des maîtres des unités militaires l’a rendu plus spectaculaire, par ses dimensions, par la force symbolique qu’il exerçait sur les habitants de la région et non seulement. L’Empereur Trajan a dédié ce monument à Mars Ultor, Mars Vengeur. Il faisait partie d’un ensemble qui regroupait également un tumulus, soit une éminence recouvrant une sépulture – dédié à un commandant romain mort au combat ainsi que les vestiges en ruine d’un autel funéraire dédié aux milliers des soldats romains morts dans ces contrées durant la guerre de 102. Le monument dépasse de 10 mètres la Colonne Trajane de Rome, ce qui témoigne de l’importance que l’Empereur avait accordée à ce monument ayant trait à l’autorité romaine aussi bien au nord qu’au sud du Danube. »



    La hauteur du monument, le trophée compris, est presque égale au diamètre de la base, à savoir 40 mètres. Dans la version originale, le socle était entouré de 54 dalles, dont 48 seulement peuvent être admirées de nos jours encore. Elles s’appellent métopes et représentent en bas-relief des scènes de guerre. Au-dessus des dalles on retrouve une frise à 26 créneaux, dont 23 perdurent encore. La dernière restauration de Tropaeum Traiani date de 1977. En 2012, les autorités de Constanta ont remporté un projet européen qui a permis une restauration totale de ce monument, dont la structure de résistance avait été gravement endommagée.



    Les éléments originaux se retrouvent à l’intérieur du Musée d’Adamclisi est attendent les visiteurs, qui ne font d’ailleurs pas défaut. (trad. : Alexandra Pop)