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  • Coutumes de danse en fin d’année en Roumanie

    Coutumes de danse en fin d’année en Roumanie

    « La danse de la chèvre »



    « La danse de la chèvre » renvoie à l’idée de fécondation et
    constitue l’une des formes les plus connues du théâtre populaire. Les costumes
    riches, l’agilité des joueurs, le rythme alerte, les paroles et les cris font
    de cette coutume un véritable spectacle. Du Noël au Nouvel An, dans certains
    villages de Bucovine (dans le nord du pays) ce rituel est pratiqué en groupe de
    plusieurs personnes portant des costumes qui imitent les chèvres, tandis que
    dans d’autres régions du pays il s’agit d’une seule chèvre, en présence du
    berger, d’un vieil homme et d’une vieille femme.

    Le masque se compose, d’une
    part, d’une tête de chèvre en bois avec le maxillaire inférieure mobile, qui
    est tiré avec une corde pendant la danse. Celui qui manipule le maxillaire de
    la chèvre et un deuxième chanteur ont les corps recouverts avec la deuxième
    partie du masque, c’est-à-dire avec le corps de la chèvre. Ensemble ils
    effectuent un mouvement de balayage d’un côté à l’autre. En Transylvanie, cette
    danse de la chèvre est connue sous le nom de « ţurca », et celui qui
    porte le masque transmet certains messages à travers des gestes et des danses,
    qui sont expliqués par le chef du groupe, appelé « birău ». La mort
    et la résurrection de la « ţurca » annoncent à l’hôte le passage de
    la communauté vers la nouvelle année, le triomphe de la vie sur la mort, de la
    lumière sur les ténèbres, du bien sur le mal.

    « Plugușorul »


    Une autre coutume présente dans la
    spiritualité roumaine, pratiquée à l’occasion du jour du Nouvel An est appelée
    en roumain « Plugușorul », c’est-à-dire un chant agraire déclamatoire
    avec des éléments théâtraux, ayant pour sujet le travail difficile pour obtenir
    du pain. Une charrue, décorée avec des papiers colorés, des rubans, des
    serviettes, des fleurs, sur laquelle parfois était posé un sapin de Noël aussi,
    était une présence indispensable dans ce chant. Le chant appelé « Pluguşorul »
    était récité de maison en maison le soir de la Saint Sylvestre ou jusqu’au
    matin du Nouvel An par des enfants ou des adolescents, portant des vêtements
    folkloriques spécifiques à leur région. Quand même, dans le passé, cette
    coutume était pratiquée uniquement par les adultes.

    « La danse de l’ours »



    Fort, violent, imprévisible et parfois même cruel, l’ours
    était un animal vénéré depuis l’époque paléolithique. La danse la plus
    spectaculaire de toutes les danses rencontrées dans les villages de la région
    de Bucovine est « La danse de l’ours », dansée le jour de la Saint Sylvestre,
    peut-être parce que l’ours était vénéré à cet endroit plus que dans des autres
    régions de la Roumanie actuelle. La préparation du masque d’ours pour le
    carnaval du jour du Sylvestre est faite avec beaucoup d’attention. La forme la
    plus archaïque de représentation de l’ours est celle en paille. Des cordes d’avoine,
    longues d’environ 40 m sont tordues. Ensuite, le matin de la Saint Sylvestre, elles
    sont cousues sur les vêtements de celui qui porte le masque. Ensuite, le masque
    de paille est jeté au feu pour brûler, symbolisant ainsi la mort et la
    renaissance de la végétation, avec le passage des saisons. (Trad. Andra Juganaru)

  • L’école des anciens

    L’école des anciens

    Mariana Mereu a grandi dans le village de Geoagiu de Sus, dans le département d’Alba (centre), au sein d’une communauté attachée aux traditions, dans laquelle la couture, le tissage, les danses et les chants traditionnels avaient une place centrale. Aujourd’hui elle continue de promouvoir ces traditions. Pour ce faire, elle a participé à des foires du tourisme, des expositions et conférences thématiques et a fait l’acquisition d’une importante collection ethnographique. Mariana Mereu a aussi organisé « l’Ecole des anciens » (Şcoala bunicilor), où ceux qui le désirent peuvent apprendre l’art de tisser, de coudre ou de cultiver et travailler le chanvre afin de fabriquer des objets artisanaux.


    Mariana Mereu a fait de sa maison une école, « l’Ecole des anciens », un lieu de transmission des traditions :



    « J’ai toujours gardé et pris grand soin de mes costumes traditionnels, je n’ai jamais rien jeté parmi les vieux objets de la maison. Le métier à tisser à toujours fait partie des meubles et ma mère et ma grand-mère l’utilisaient. J’ai pris goût au tissage, à la couture et au filage de la laine. J’adore ça, si je pouvais je ne ferais que ça. J’aimerais que tout le monde puisse apprendre, les enfants, les gens de tout âge et de tout horizon. Même ici, au village, j’ai organisé des veillées et des ateliers. »



    Mariana Mereu constate, à regret, que ce sont surtout les étrangers qui s’intéressent à ces traditions.



    « L’année dernière nous avons accueilli une famille de Français à qui nous avons appris à coudre et à tisser, et qui s’est rendue dans la région du Maramureş (dans le nord de la Roumanie) pour apprendre à faucher l’herbe. Ils ont payé afin d’apprendre tout ça. Voilà où nous en sommes aujourd’hui ! Très peu de jeunes savent encore faucher de nos jours, car tout est automatisé. Ils peuvent le faire s’ils sont payés, car ils ont besoin de gagner leur vie comme tout le monde. »



    Mariana Mereu nous a raconté avec passion comment elle cultive le chanvre, le file et le tisse, et son envie de partager ces traditions ancestrales avec les autres. Pour le reste, elle fabrique des serviettes et costumes traditionnels en fibre de chanvre.



    « Cela fait maintenant sept ans que je cultive le chanvre. J’ai commencé sur le métier à tisser chez une dame qui n’est plus là aujourd’hui, et qui avait du chanvre dans son grenier. Ce n’est pas une mince affaire. Il faut obtenir des autorisations, c’est très difficile. Et quand on croit que tout est réglé, un nouveau problème se présente. La préparation du chanvre aussi est un sacré travail. Il faut le faire sécher, puis faire de petits paquets que l’on met de nouveau à sécher, avant le rouissage. On recouvre le tout de pierres afin de les maintenir sous l’eau, et après une semaine, lorsque la fibre commence à se détacher de la tige, alors c’est qu’il est prêt. On recueille la fibre, on la nettoie et on la met de nouveau à sécher. Lorsqu’elle commence à joliment blanchir, on peut la tiller, la peigner, la filer et la travailler. C’est un processus long et fastidieux, mais cela vaut la peine. On fait quelque chose de ses propres mains, à partir d’une plante, faire une blouse roumaine, c’est magique ! Honnêtement, je ne fais pas ça pour l’argent. Personne ne semble apprécier ce travail à sa juste valeur. Cela m’affecte, et si je ne reçois pas le juste prix, je renonce et je me contente de faire des cadeaux. »



    Mariana Mereu regrette que le travail effectué par les femmes et les jeunes filles désireuses de partager ces traditions ne soit pas reconnu à sa juste valeur.



    « Par exemple, lorsque l’on demande 50 lei (10 euros) pour une paire de bas de laine ou en fibre de chanvre, les clients trouvent ça trop cher. Mais une paire de bas ne se fabrique pas en une journée ! L’été, les bas de laine empêchent la transpiration, car la laine est vide à l’intérieur, comme les macaronis, idem pour le chanvre. Cela tient chaud en hiver, et permet de rafraîchir en été. »



    Puisqu’elle travaille le chanvre, Mariana Mereu a décidé de créer une fête en son honneur. C’est ainsi qu’elle a célébré l’été dernier la 4ème édition de la Journée du chanvre, à laquelle ont aussi pu participer les touristes. Les plus curieux ont pu découvrir l’ensemble du procédé, de la plantation à la récolte de la fibre utilisée dans la fabrication de vêtements, de tissus et de costumes traditionnels, à l’époque où chaque foyer cultivait et travaillait son propre chanvre.


    Notre interlocutrice espère voir ces traditions retrouver du soutien.



    « Je souhaiterais vraiment que les responsables politiques décident de rémunérer les artisans qui effectuent ce travail, ainsi que ceux qui souhaitent l’apprendre. J’ai cru comprendre que c’était le cas dans d’autres pays. C’est une bonne motivation pour ceux qui travaillent, cela les encourage à continuer. Ils n’ont pas à avoir honte d’être paysans, ni d’être roumains. Ils ne doivent pas oublier leur langue, leur tenue vestimentaire, car on dit que la culture d’un peuple doit se porter tel un vêtement de fête ! De quel vêtement de fête parle-t-on ici ? Du costume traditionnel ! J’encourage tout le monde à essayer, au moins une fois, de tenir une quenouille entre les doigts, à voir à quoi ressemble un mouton. Si l’on ne sait pas faire tout ce travail, on n’a aucun moyen d’en apprécier le résultat. »



    Mariana Mereu et les membres de son association sont convaincus du potentiel touristique de la région et du talent de ses artisans. C’est pourquoi ils souhaitent que Geoagiu de Sus soit la plus visible possible sur la carte culturelle et touristique du département.


    (Trad : Charlotte Fromenteaud)