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  • La montée en puissance de la consommation de drogue en Roumanie

    La montée en puissance de la consommation de drogue en Roumanie

    Le Rapport annuel sur la situation de la consommation de drogue en Roumanie, édité par l’Agence nationale de lutte contre les drogues (ANA), brosse un tableau sombre de la consommation de drogue en 2021 en Roumanie. Agence de référence dans le domaine, l’Agence nationale de lutte contre la drogue souligne que 10,7% des Roumains âgés de 15 à 64 ans ont consommé au moins une fois dans leur vie une des drogues considérées illicites par la législation roumaine, alors que 6% l’ont fait pas plus loin que l’année précédente. Les jeunes (de 15 à 34 ans) sont évidemment les premiers touchés, les habitudes de consommation débutant souvent durant l’adolescence.

    Le cannabis est plébiscité par la plupart des consommateurs, talonné de près toutefois par les nouvelles substances psychotropes. Le marché des drogues illicites fait par ailleurs état d’une offre croissante en matière de cannabis et de cocaïne. Aussi, l’année 2021 a été marquée par des saisies record de ces produits, près de 75% de la quantité des drogues saisies étant destinés au marché roumain, ce qui constitue un indicateur indéniable de la vitalité de ce marché illégal, selon les spécialistes. Dans le rayon de bonnes nouvelles, notons toutefois la poursuite de la baisse de ce que l’on appelle la consommation récréative, -12% l’année précédente. Mais au-delà des chiffres et autres statistiques, les spécialistes ne cessent de tirer la sonnette d’alarme quant aux dangers que la consommation des drogues illicites fait courir à ceux qui se lancent dans cette échappatoire illusoire que constitue l’usage des substances psychotropes.

    Expert du domaine, le sociologue Cătălin Țone fait état sur les ondes de Radio Roumanie de l’urgence que constitue le développement des services de prévention et de lutte contre le trafic des stupéfiants : « C’est à nous, adultes et spécialistes, de regarder de près non seulement nos propres enfants, mais aussi leur entourage. Il nous revient à nous, professionnels du domaine, d’apporter de l’information, utile et lisible, destinée aux parents, qui se retrouvent démunis face à ce phénomène. Il faut encourager la mise sur pied des alternatives réalistes face à l’attrait que les drogues font miroiter à nos enfants. Qu’il s’agisse d’activités sportives ou de socialisation, tout ce que peut faire monter le niveau de la dopamine. Il faut que les adultes, parents et enseignants, puissent arriver à renouer le lien avec leurs enfants, pénétrer dans leur monde, comprendre leurs besoins. Parce que les tentations dangereuses sont à leur portée, parce que l’internet et les réseaux sociaux pullulent d’influenceurs de pacotille qui font croire à nos enfants que consommer c’est cool. Face à cela, il nous faut réagir. Il faut regarder aussi de plus près du côté de ces festivals de musique, nous inspirer un peu de l’expérience des Etats d’Europe occidentale, qui sont déjà passés par là. Car la Roumanie est devenue une destination prisée dans le domaine du tourisme musical, du tourisme de loisir. Mais cela peut donner lieu à des dérives inquiétantes dans le domaine de la consommation des drogues illicites ».

    Selon les données officielles, la Roumanie peut se targuer d’occuper encore l’une des dernières places dans le domaine de la consommation de drogue en Europe. Mais les spécialistes sont inquiets, accusant notamment le peu de fiabilité des données recueillies. Se trouvant en premier ligne, le docteur Radu Tincu, anesthésiste-réanimateur et spécialiste en toxicologie, explique :

    « Nous parlons d’intoxications aiguës provoquées par les nouvelles drogues de synthèse et qui mettent en danger la vie du consommateur, qui peuvent provoquer l’encéphalopathie toxique, soit un état qui appelle à mettre le patient sous respirateur. Nous parlons de cardiotoxicité, soit un état de toxicité au niveau du cœur, qui provoque des arythmies, voire l’arrêt du cœur. Nous parlons de toxicité rénale, car le degré de toxicité de certaines substances psychotropes provoque l’insuffisance rénale, qui appelle l’utilisation de la dialyse. Par ailleurs, on le sait, la prise régulière de drogues développe ce phénomène d’accoutumence au niveau du cerveau, et le consommateur se doit d’augmenter régulièrement la concentration de la substance toxique présente dans son organisme pour obtenir l’effet escompté. Ce qui ne manque jamais de développer l’état de dépendance du patient. Or, une fois la dépendance installée, la prise de drogues devient régulière, faute de quoi le sevrage risque de faire des ravages. Or, le consommateur, victime de sevrage, n’est plus en mesure de contrôler ses réactions, et il sera prêt à tout pour obtenir la dose convoitée. D’où l’apparition d’actes violents et d’une forme de criminalité intimement liée à la consommation de ces substances ».

    Face au phénomène, les autorités jouent toujours la carte de la répression, les peines encourues par les trafiquants mais aussi par les consommateurs étant récemment revues à la hausse par le législateur roumain. Pour sa part, l’Agence nationale de lutte contre les drogues poursuit ses programmes de prévention, renforçant le système national de prévention et d’assistance destiné aux consommateurs. Aussi, durant l’année 2021, l’Agence s’enorgueillit d’avoir déroulé plus de 20 000 actions de prévention à destination notamment des milieux scolaires, familiaux et communautaires, des campagnes qui ont touché près de 700 000 personnes.
    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Plus d’écran, moins d’école

    Plus d’écran, moins d’école

    Le progrès technologique a profondément bouleversé la société moderne et a engendré des changements encore inimaginables il y a une vingtaine d’années. Il fait désormais partie intégrante de nos vies. Le recours massif aux technologies modernes nous a certes permis de gagner en confort et en ressources. Mais il a apporté avec lui son lot de problèmes sociaux et psychologiques. Parmi eux, la dépendance chronique à la technologie.



    Il s’agit d’une catégorie spéciale de dépendance comportementale (non chimique). Elle implique une interaction excessive des hommes avec les machines. Les dépendances à Internet, aux smartphones et aux jeux vidéo constituent les trois principales de ce phénomène. On a constaté que ce type de dépendance à la technologie avait des conséquences néfastes sur bien des aspects de nos vies, comme par exemple la santé, le bien-être et la scolarité des adolescents. Les adolescents sont en effet les plus vulnérables face au numérique. Mais d’où cela provient-il ? Comment expliquer rationnellement que les enfants passent tout ce temps sur les écrans ? Maria Elena Dumitrescu, psychologue et spécialiste en thérapie cognitive comportementale, nous explique les origines de ce phénomène.



    « A la naissance, notre toute première émotion est la peur. Le nourrisson quitte le ventre de sa mère et se retrouve confronté à un monde étranger, plein d’incertitudes. Il a besoin d’être rassuré. Il pleure, appelle sa mère, comme s’il cherchait à lui dire « vois-moi », « entends-moi », « regarde-moi ». Pour se rassurer, sa première réaction est de rechercher de l’attention. Sa mère lui procure des aliments, lui offre amour et protection. Le nourrisson ressent cet amour, qui vient remplacer la peur et satisfait son besoin d’être rassuré, qu’il associe avec un sentiment de plaisir. Ainsi, notre cerveau devient dépendant au plaisir. Une émotion que nous apprenons ensuite à satisfaire grâce à notre capacité à nous divertir. Internet, et plus particulièrement les réseaux sociaux, peuvent partiellement nous aider à y parvenir, en comblant une partie de nos besoins primaires, et notre fameux besoin d’attention. Sur les réseaux, nous sommes vus, observés, écoutés. Les mentions « j’aime », les émojis cœurs et les commentaires peuvent répondre à notre besoin de nous sentir appréciés. »



    Parlons maintenant des parents. Evidemment, ils sont pleins de bonnes intentions. Mais à force de répéter sans cesse à leurs enfants qu’ils ne peuvent rien faire sans leur accord, rien d’étonnant que les enfants choisissent de s’évader sur Internet, où tout, je dis bien tout, leur est accessible. Maria Elena Dumitrescu explique :



    « J’ai déjà évoqué deux besoins primaires des enfants. Il y en a évidemment d’autres. J’aimerais souligner ici que les parents, aussi plein d’amour et de bonne volonté soient-ils, transmettent aux enfants en bas âge le message suivant : ils ne peuvent rien faire sans eux. Ce qui est vrai. Mais en grandissant, l’enfant passe par différentes étapes de développement, et il serait bon qu’il se réapproprie ce pouvoir d’agir seul. En grandissant, il doit pouvoir sentir qu’il a cette capacité. Bien souvent, l’adulte est persuadé que le vieillissement biologique lui a permis de résoudre ce manque de confiance en soi. Il n’en est rien. C’est une question de maturité émotionnelle qui ne relève pas nécessairement de l’âge. Nous devons rendre à nos enfants ce pouvoir d’agir seuls. Les jeux en ligne peuvent leur offrir ce sentiment de puissance. Ils peuvent faire dans le virtuel tout ce qu’ils ne peuvent pas faire dans le réel. »



    7 heures et 22 minutes par jour. Voilà en moyenne le temps que passe un adolescent sur Internet. C’est ce qu’affirme une étude réalisée et publiée cette année dans les « Rapports actuels de pédiatrie ». C’est bien plus que le temps de sommeil ou le temps passé à l’école. Les jeunes se tournent vers leurs pairs pour obtenir du soutien. Et le téléphone leur offre un moyen de rester constamment connectés les uns aux autres. De même, il leur offre un accès illimité aux réseaux sociaux qui modèlent et définissent la culture des jeunes. Maria Elena Dumitrescu nous en dit plus :



    « Les groupes d’enfants se réunissent dans la vie réelle. Mais ils communiquent dans le monde virtuel. Il est intéressant de se demander pourquoi. C’est encore plus vrai pendant la puberté, à l’adolescence, lorsque l’image est importante, que le besoin d’être vu sous un certain angle se fait fortement ressentir. Le virtuel facilite cela, et facilite aussi les interactions avec les autres. Lorsque l’on n’a pas confiance en soi, le virtuel facilite en quelque sorte cette exposition, et nous cherchons tous à nous faciliter les choses. Le problème, c’est que cela n’aide pas les enfants dans leur développement, il faut trouver un juste milieu. Nous vivons à l’ère d’Internet et du tout connecté. Il ne faut pas interdire non plus. Car tout le monde finit par braver les interdits, c’est dans notre nature. Nous poussons parfois les choses à l’extrême et imposons ces interdits, sans offrir aux enfants la possibilité de passer outre. Cela peut fortement les déstabiliser, car ils risquent d’être exclus ou rejetés de leur groupe. D’autre part, cela vient mettre à mal son besoin d’appartenance au groupe. L’enfant peut alors avoir l’impression qu’il n’a pas satisfait son besoin de se sentir accepté et respecté. Il faut apporter à l’enfant ce sentiment d’être soutenu. Lui donner la possibilité de goûter au plaisir des choses bien faites, dans le monde réel. Il faut trouver un équilibre entre vie réelle et réalité virtuelle. »



    Le psychologue, tout comme les parents, joue un rôle essentiel dans cette éducation. Il peut aider l’enfant à comprendre qu’Internet n’est pas une force obscure dont il doit se libérer, mais qu’il s’agit aussi d’un outil très utile au quotidien :



    « La psychoéducation est primordiale pour comprendre le processus de développement de l’enfant. Car il nous faut comprendre comment répondre à son besoin afin de l’aider à développer son estime et sa confiance en soi, afin qu’il s’épanouisse pleinement et exprime tout son potentiel. Il prendra ainsi goût aux choses bien faites et cela donnera du sens à sa vie. La rencontre entre le psychothérapeute et l’enfant implique un rôle actif des parents dans le processus thérapeutique. En effet, en grandissant, l’enfant va avoir besoin du soutien et de l’encadrement de ses proches. Il faut faire des technologies, des jeux vidéo et des réseaux sociaux des outils d’accompagnement de l’enfant dans son développement, et non une réalité parallèle », a conclu Maria Elena Dumitrescu au micro de RRI.


    (Trad : Charlotte Fromenteaud)


  • Les réseaux sociaux …

    Les réseaux sociaux …

    Nous vous proposons aujourd’hui un sujet très actuel, très sensible et très important pour les jeunes : le monde virtuel. Dans les années ’90, on parlait souvent des effets de la télévision sur le développement des enfants : trop d’heures passées à regarder les dessins animés, de moins en moins de jeux en plein air, accès à des programmes inadéquats pour leur âge etc. Puis, dans les années 2000, le débat s’est élargi aux jeux vidéo. Isolement, difficultés de communication, dépendance – étaient les mots les plus véhiculés en parlant des problèmes causés par l’excès de jeux vidéo. Aujourd’hui le monde virtuel présente beaucoup plus de dangers. Et les jeunes, les enfants surtout en sont les plus concernés. Il ne s’agit plus de passer quelques heures à jouer un simple jeu. L’apparition des smartphones et des tablettes a engendré d’une véritable pression sociale d’être présent sur les réseaux sociaux, de poster des photos, de parler de son quotidien, de communiquer avec des amis connus et inconnus. Et cela, dès un âge de plus en plus tendre. Qu’en est-il en Roumanie ?

    A l’origine, l’idée principale des réseaux sociaux était relier les gens du monde entier. C’est vrai, on peut parler avec des gens qui se trouvent à l’autre bout de la Terre, mais aujourd’hui on utilise les réseaux sociaux pour parler même avec les gens dans la même chambre ! Les amis virtuels sont-ils devenus plus importants que les amis réels ? Notre stagiaire Jelena Vrcelj a parlé avec plusieurs étudiants, pour savoir si les amis qu’ils ont sur les réseaux sociaux sont – oui ou non – de vrais amis ? Voici son reportage.

    Vous êtes-vous aperçus que même si vous n’avez rien à faire sur les réseaux sociaux vous y passez plusieurs heures par jour ! Est-ce que cela veut dire que l’on peut devenir dépendants des réseaux sociaux ? Et quels seraient les conséquences d’une telle addiction ? On parle souvent d’isolement, de mauvais résultats scolaires, d’inadaptation à une vie normale. Comment peut-on prévenir tout cela ? Notre stagiaire Jelena Vrcelj a posé ces questions à la psychologue Ruxandra Sersea. Voici ses explications :

    Selon une récente étude, en Roumanie, pendant la semaine, 55% enfants passent entre une et trois heures par jour à utiliser un smartphone ou une tablette. En week-end ce temps augmente jusqu’à 5 heures. Il en va de même pour la télé. On est donc en droit d’affirmer que ces enfants passent toute la journée, les yeux rivés sur différents écrans. Toutefois, 7 sur 10 parents interrogés dans le cadre de cette enquête, affirment imposer des règles et des mesures de protection contre les excès de télévision et d’Internet.

    Dans un article du quotidien Jurnalul National, la psychologue Andra Tanasescu affirme qu’il existe une rupture entre la vie online et la vie offline. Fatigués, stressés, comblés par les tâches et les soucis de la vie quotidienne, les parents offrent aux petits des gadgets pour les tenir occupés. Un geste qui ne fait qu’approfondir cette rupture. Au début accaparé par l’écran, l’enfant finira toutefois par se rendre compte du fait qu’il ne bénéficie pas de l’attention de ses parents. Il se sentira abandonné, oublié, rejeté et fera tout pour l’attirer l’attention des adultes. Il commencera par un comportement plutôt violent : il va courir à travers la maison, crier, casser des objets. Un comportement à cause duquel il sera qualifié « enfant méchant » ou « mal éduqué ». Alors qu’en réalité ce n’est qu’une méthode de demander de l’affection, explique la psychologue. S’il ne la reçoit pas, il entre dans une deuxième étape : il s’enfermera sur soi-même et ne cherchera plus l’attention de sa famille. Il continuera toutefois à la chercher ailleurs, dans des groupes virtuels ou réels. Tout cela pourrait avoir des conséquences néfastes sur sa vie adulte : relations toxiques, dépendance en tout genre, instabilité émotionnelle, et la liste se poursuit.

    La même psychologue reconnaît pourtant qu’à l’heure qu’il est, on ne peut pas nier tout accès de l’enfant à la technologie. Il vaut mieux imposer dès le début des limites et lui apprendre à découvrir d’autres activités et d’aimer autant la vie réelle que celle virtuelle. Ce n’est plus un secret : le maître-mot de tout succès est l’équilibre.

  • La Roumanie, un pôle énergétique?

    La Roumanie, un pôle énergétique?

    La création de l’Union Energétique est une des priorités de la Commission Européenne pour la période 2014 – 2019. C’est aussi un objectif déclaré du président de la Commission, Jean Claude Juncker, dès le début de son mandat. Un projet ambitieux, d’autant plus que l’espace communautaire est le plus grand importateur d’énergie au monde, avec plus de la moitié de la quantité mondiale d’énergie consommée. La tendance est à la hausse, devant atteindre environ 70% d’ici 15 ans. On ne saurait oublier les «crises du gaz» engendrées par le conflit commercial entre la Fédération de Russie et l’Ukraine en 2006 et 2009, auxquelles s’ajoute l’actuelle situation incertaine aux frontières entre les deux pays – autant d’arguments en faveur de l’urgence de la sécurité énergétique de l’UE, mise en danger par sa dépendance du gaz russe.

    En avril 2014, une délégation polonaise a fait un pas important dans cette direction, en transmettant à la Commission européenne et aux Etats membres un document sur la création d’une Union Energétique Européenne. La feuille de route s’appuie sur plusieurs piliers: développer l’infrastructure et les mécanismes de solidarité, renforcer le pouvoir de négociation des Etats membres et de l’UE avec des tiers, diversifier les sources d’énergie – notamment de pétrole et de gaz naturel – et consolider la communauté énergétique.

    Antérieurement, la position de Varsovie avait été expliquée par son premier ministre de l’époque, Donald Tusk, dans une interview au journal Fianancial Times. L’occasion pour M. Tusk de souligner la nécessité d’avoir au niveau de l’UE un organisme commun chargé de la négociation et de l’acquisition de l’énergie. Son rôle sera de contre – balancer le monopole de la Russie et de rétablir, dans le temps, un marché concurrentiel libre. L’initiative polonaise a été reçue avec intérêt au niveau européen et soutenue vivement par la Grande Bretagne, qui a envoyé à son tour plusieurs propositions visant à renforcer la coopération dans le domaine de l’énergie. Pourtant, toute l’Europe n’a pas été convaincue. Un tel plan supposerait des efforts trop importants, avertissent les sceptiques, mettant en question le niveau de confiance institutionnelle pour ce qui est du stockage commun et des transactions à l’intérieur d’un panier énergétique européen.

    Pour sa part, Bucarest s’intéresse vivement aux propositions de sécurité énergétique de la Pologne et de la Grande Bretagne. Et pour cause : son implication active dans l’établissement de la future politique européenne en matière d’énergie peut aider à renforcer la position de la Roumanie en tant que producteur et hub énergétique en Europe du Sud-Est.

    Pour l’instant, la Roumanie a signé au mois de mai, à Riga, aux côtés de la Bulgarie, de la Hongrie et de la Slovaquie, une déclaration commune visant l’interconnexion régionale dans le secteur du gaz naturel. Une initiative dans le contexte des efforts conjoints, européens et régionaux, de renforcer la sécurité énergétique. Elle confirme l’engagement des 4 pays à concrétiser l’Union Energétique, en soutenant des projets d’infrastructure énergétique en Europe Centrale et Orientale financés avec des fonds communautaires, affirme le ministre roumain des AE, Bogdan Aurescu : «Premier aspect très important : le texte fait référence à la diversification des sources et des routes d’approvisionnement en gaz naturel. Deuxièmement, il parle de la proposition de la Commission Européenne de créer l’Union énergétique. Enfin, son principal but est de promouvoir la mise en œuvre des interconnexions en système bidirectionnel entre les pays signataires ».

    Beaucoup moins dépendante du gaz russe par rapport aux d’autres Etats membres, la Roumanie pourrait devenir un pôle énergétique important, a-t-on souligné lors d’une conférence tenue au Parlement Européen à l’occasion de la Journée de l’Energie Roumaine. La correspondante de Radio Roumanie à Bruxelles, Cerasela Radulescu, tire les conclusions de cet événement qui a réuni spécialistes du domaine, euro-parlementaires roumains et responsables de la Commission Européenne : «L’infrastructure énergétique obsolète de l’Europe, les marchés peu intégrés, surtout au niveau transfrontalier, ainsi que l’absence d’une coordination des politiques énergétiques nationales – tout cela signifie que les Européens et les sociétés commerciales de l’UE ne bénéficient pas d’un nombre plus large d’options, ni d’une baisse du prix de l’énergie. C’est ce qu’a constaté la Commission européenne en élaborant son projet ambitieux de création de l’Union Energétique. Il convient aussi de mentionner que 6 Etats membres dépendent d’un fournisseur extérieur unique pour toutes leurs importations de gaz, à savoir la Russie. La plupart de ces pays se trouvent en Europe Centrale et du sud-est.»

    Ce n’est pas toutefois le cas de la Roumanie, ont souligné les organisateurs de la conférence. A leur avis, la Roumanie peut devenir un pôle énergétique important dans la région, surtout à l’aide d’investissements européens dans son infrastructure. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Projets d’infrastructure énergétique

    Projets d’infrastructure énergétique

    La Roumanie est engagée dans la réalisation d’interconnexions des réseaux d’électricité et de gaz naturel avec les pays voisins. Le projet de gazoduc Nabucco, qui aurait dû relier la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie à l’Autriche, a été abandonné à l’été 2012, n’ayant pas réussi à trouver des fournisseurs de gaz. Notons qu’en 2010 ont été jetées les bases de l’inter connecteur gazier Azerbaïdjan — Géorgie — Roumanie — Hongrie, mieux connu sous son sigle AGRI. Concrètement, les chefs d’Etats et de gouvernements des pays concernés ont signé, le 14 septembre 2010, la « Déclaration de Bakou », par laquelle ils exprimaient leur appui politique à la mise en place du projet. Ce dernier suppose plusieurs étapes: le transport du gaz azéri via la Géorgie et la construction dans ce pays d’un terminal de liquéfaction, l’acheminement du gaz par voie maritime, en traversant la mer Noire, la réalisation d’un terminal de re gazéification en Roumanie et le transport ultérieur du gaz par pipeline transitant par la Roumanie et la Hongrie pour arriver en Europe centrale.



    Le ministre roumain de l’Energie, des PME et du Milieu des affaires, Andrei Gerea: « Manifestement, la Roumanie a intérêt à voir se matérialiser plusieurs projets importants, dont le corridor vertical Aegean Baltic qui devrait amener en Roumanie le gaz de la mer Egée et de Grèce. Je me réjouis de constater que la liste des projets d’intérêt commun comporte désormais un trajet très important, censé faire la liaison entre la zone de la mer Noire et la ville roumaine d’Arad, grâce au gazoduc qui sera construit. En fait, la moitié de ce pipeline, on peut la considérer comme étant le Nabucco – ouest. La construction de tous ces projets est prévue pour la période 2019 — 2020. Nous espérons nous mobiliser le plus vite possible, d’autant plus que nous avons déjà eu des discussions préalables à ce sujet avec les représentants des pays théoriquement intéressés par ce projet, à savoir la Bulgarie, la Grèce et la Hongrie. »



    Le gouvernement de Bucarest estime que la production de gaz en mer Noire pourrait commencer d’ici 5 ans, ce qui lui éviterait la dépendance à l’égard du gaz russe.



    Andrei Gerea: «Il faut dire avant toute chose que la Roumanie a une dépendance énergétique très faible, qui se manifeste notamment en hiver ou pendant les jours de froid extrême et qui crée des problèmes de nature technologique. La Roumanie dispose d’importantes réserves de gaz naturel, qui peuvent être mises à profit à une seule condition : avoir de la pression dans le système national du transport du gaz. Par conséquent, il faut tout d’abord investir dans un système de compresseurs pour faire augmenter la pression. En même temps, nous devons diversifier nos sources d’approvisionnement. Nous avons l’intention de finaliser le projet AGRI (Azerbaidjan-Georgia-Romania Interconnector), destiné à l’approvisionnement en gaz liquéfié depuis l’Azerbaïdjan. La Roumanie est déjà exportateur d’électricité ; nous souhaitons donc devenir aussi exportateurs de gaz. Cette dépendance de 10% des importations de Gazprom peut être facilement annulée au moment où les ressources de la mer Noire deviendront exploitables.»



    La Roumanie pourrait même aider à renforcer le niveau de sécurité énergétique dans la zone, estime Andrei Gerea: «Nous sommes fournisseurs d’électricité, nous ne sommes pas trop importants, c’est vrai, mais nous avons déjà fait les premiers pas dans cette voie. Nous continuons à œuvrer sur les connexions avec les pays voisins. Peu à peu nous souhaitons devenir fournisseurs de gaz. D’ici 5 à 7 ans, la Roumanie deviendra un nœud important en tant que fournisseur d’énergie et de stabilité.»



    Notons aussi que le 5 mars, la Roumanie a commencé à exporter du gaz en République de Moldova, par le gazoduc reliant la ville roumaine de Iasi et moldave d’Ungheni, officiellement inauguré en août dernier. Cette année, la République de Moldova importera plus d’un million de mètres cubes de gaz roumain, au prix de 255 dollars le millier de mètres cubes, par rapport à 332 dollars, le tarif du gaz russe. Selon le premier ministre moldave, Chiril Gaburici, des pourparlers avec des partenaires étrangers sont actuellement en déroulement dans le but d’élargir le gazoduc Iasi — Ungheni jusqu’à Chisinau, la capitale moldave. Cela couvrira presque entièrement le nécessaire énergétique de la République de Moldova.



    Chiril Gaburici: « Nous menons déjà des débats au sujet du pipeline Ungheni — Chisinau, qui nous permettra de fournir du gaz roumain partout dans le pays, et créer une concurrence loyale sur le marché du gaz de République de Moldova. »



    Pour ce faire, un investissement de 60 millions d’euros est nécessaire. 10 millions d’euros de cette somme proviendront de l’UE. La capacité du nouveau gazoduc sera de 1,5 milliards de mètres cubes par an, ce qui dépasse la consommation de la République de Moldova. (Trad. Mariana Tudose, Valentina Beleavski)

  • A la Une de la presse roumaine 29.09.2014

    A la Une de la presse roumaine 29.09.2014

    “MicrosoftGate à la roumaine” a été déclenchée par les procureurs anti-corruption de Bucarest, une affaire qui fera beaucoup parler delle dans les prochaines semaines et qui se retrouve dans nombre de journaux centraux. A lire également, une interview exclusive avec lambassadeur polonais en Roumanie, Marek Szczygiel, sur les défis sécuritaires et la dépendance énergétique des pays de la région, mais aussi une liste insolite de monuments historiques roumains.