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  • Les opérations de la Securitate avec des devises

    Les opérations de la Securitate avec des devises


    En dépit de sa rhétorique emphatique, de supériorité par rapport au régime capitaliste, le régime communiste a été, pendant toute son histoire, dépendant du premier. Les économies communistes ont cherché à tirer un profit maximal des relations avec le monde capitaliste, alors qu’elles n’obtenaient même pas la moitié des performances économiques de celui-ci. La faim de devises a été une constante de tous les pays communistes, la Roumanie n’étant pas une exception. Vu que l’économie socialiste ne pouvait pas satisfaire le besoin en ressources, le régime communiste de Bucarest a mis au point un appareil de répression, à savoir la Securitate, avec la mission de produire de l’argent.


    La plupart des opérations de la Securitate avec des devises restent un mystère pour la majorité des Roumains d’aujourd’hui. C’est pourquoi les recherches de l’historien Florin Banu dans les archives du Conseil national pour l’étude des archives de la Securitate (CNSAS) est un début dans cette page d’histoire des services secrets roumains des années du communisme : « Le problème de certaines opérations en devises a commencé à se poser pour la Securitate dans les années 1950. Dans les premières années après sa création, elle a dû faire face aux difficultés inhérentes à tout service de renseignements, et d’autant plus à une police politique comme c’était son cas. Le besoin de devises n’était pas si important, étant donné la rupture des relations commerciales avec l’Occident. A partir de la moitié des années ’50, avec l’ouverture vers l’Occident, suite à la reprise des rapports avec la France et par la suite avec l’Allemagne, avec le Royaume Uni, le problème des devises s’est posé aussi. Au début, les devises étaient obtenues par la récupération des héritages des citoyens roumains établis en Occident. Tous ces héritages devaient être ramenés au pays et des démarches étaient faites en ce sens. Ce n’étaient pas des opérations de grande ampleur, mais des opérations occasionnelles. Vers la fin des années ’50, la possibilité est apparue d’obtenir des devises par l’intermédiaire des canaux confidentiels de la Securitate, en échange de la délivrance de certains visas d’émigration. Une partie de la communauté juive et une partie de la minorité allemande ont estimé que leur avenir en Roumanie était plutôt incertain et sombre et ont fait le choix d’émigrer ».


    Les devises comptaient parmi les plus précieux objectifs du régime, c’est pourquoi les autorités le traitaient avec beaucoup d’attention. Florian Banu : « L’Etat roumain possédait le monopole de toutes les sommes en devises qui étaient considérées comme propriété de l’Etat et que celui-ci devait encaisser. Les autorités ont élaboré une législation très stricte à ce sujet, et l’argent que la Securitate obtenait était déposé à la banque d’Etat de la République populaire roumaine, dans un compte spécial, dont l’évidence était très stricte. Le 31 juillet 1965, celui-ci contenait 6.857.000 dollars. La collecte de ces sommes d’argent se faisait sous une surveillance stricte. Les officiers qui collectaient effectivement l’argent, puisque pendant un certain temps, les paiements se faisaient en liquide, portaient des microphones, les conversations étaient enregistrées et la possibilité qu’ils s’approprient une partie de cet argent était beaucoup diminuée. La Securitate pouvait utiliser 20% de cet argent dans les opérations qu’elle déroulait, par pour payer ses informateurs à l’extérieur et pour acheter des équipements occidentaux. Une petite partie de cet argent a été utilisé pour l’achat de fusils de chasse pour certains apparatchiks, plus importants. »


    Pendant le régime de Nicolae Ceausescu, entre 1965 et 1989, la Securitate a constamment cherché de nouvelles modalités d’obtenir des devises : « La nouveauté c’est qu’à partir des années 1970, les transferts bancaires sont de plus en plus utilisés au détriment du liquide, même si cette pratique a continué aussi dans les années ’80. La tâche de dérouler ce genre d’opérations avait été confiée aux officiers de la 1ère de Direction de renseignements étrangers. Après 1978, lorsque l’entier système d’espionnage de la Roumanie a été reconfiguré suite à la défection du général Ion Pacepa, l’adjoint du contre-espionnage roumain, les choses changent. La Securitate constitue une unité chargée exclusivement de la mission d’obtenir des devises. Une intensification de ces opérations a eu lieu à la fin des années 1970 en raison du besoin accru ressenti par le régime communiste en raison de son endettement extérieur. C’est dans les années 70 qu’ont eu lieu les chocs pétroliers, dont le premier en 1973 et le deuxième en 1979 — 1980. Le développement excessif de l’industrie chimique et la perte de certains marchés extérieurs, ainsi que l’augmentation sensible des taux d’intérêts aux dettes souveraines ont mis une pression immense sur l’Etat roumain. »


    L’historien Florian Banu donne un exemple révélateur sur la manière dont la Securitate a réussi a récupérer une partie de cet argent : « Les officiers ont reçu des indications claires sur les types d’opérations de change agrées. Par exemple, la récupération de sommes d’argent en devises à partir des commissions confidentielles approuvées et versées par les autorités roumaines aux étrangers qui avaient favorisé la conclusion de contrats avantageux pour la partie roumaine. Quelle était le mécanisme ? L’Etat roumain contractait l’exportation de tracteurs vers l’Iran. Afin de gagner l’appel d’offres de l’Etat iranien, l’Etat roumain offrait une commission à un haut dignitaire iranien. Après la signature du contrat et le début de sa mise en application, les officiers de la Securitate contactaient le dignitaire en question. Ils invoquaient des dépenses supplémentaires comme l’embarquement et la préparation pour l’exportation. Bref, on lui disait qu’une partie de cet argent devait être remboursé. Et les dignitaires cédaient. Si le haut dignitaire avait reçu un pot-de-vin de, mettons, 10 % du contrat, les officiers de la Securitate lui disaient qu’il devait restituer 5%. Et eux, ils récupéraient cet argent pour le transférer ensuite en Roumanie. »


    Les opérations de change de la Securitate n’ont pas réussi à arrêter la dégringolade du système communiste. Elles ont contribué à la formation de personnes qui après 1989 se sont transformés en hommes d’affaires. (trad. : Ligia Mihaiescu, Alex Diaconescu)

  • Le leu roumain – appréciation en début d’année

    Le leu roumain – appréciation en début d’année


    Le devise nationale roumaine, le leu, traverse ses meilleurs moments de cette dernière année, s’appréciant jusqu’à une parité de 4,33 lei pour un euro, la plus basse des 11 derniers mois, une hausse significative, aussi, vis-à-vis du dollar américain côté à 3,26 lei. L’évolution de la monnaie nationale avait été bonne à la fin de 2012, les analystes la mettant en liaison avec l’apaisement de la situation politique interne et la formation d’un gouvernement appuyé par une majorité solide. Sur cette toile de fond, l’image de la Roumanie s’est améliorée tout comme la confiance des investisseurs.


    L’essor significatif du leu s’est manifesté ce mercredi dernier, tout de suite après l’annonce de la banque J.P. Morgan d’inclusion des obligations roumaines dans l’indice concernant les bonds gouvernementaux des marchés émergents. Préconisé démarrer le 1-er mars, celui-ci sera le début d’un processus qui s’étendra, graduellement, sur trois mois. Le conseiller du gouverneur de la Banque Nationale Roumaine, Adrian Vasilescu, estime que l’annonce de l’institution bancaire américaine contribue au prestige du leu : « Ce sera, premièrement, un effet d’image — le prestige du leu augmente. Deuxièmement, il faut dire qu’il y aura un monitoring supplémentaire, un miroir montrant l’image du leu à l’échelon international. »


    Quant à la réaction des investisseurs, Adrian Vasilescu fait preuve d’un optimisme prudent : « Il reste à voir. Il y a toujours deux moments en matière de réactions : le moment du choc de l’annonce et, ensuite, la reconsidération. Nous attendons avec grand intérêt l’effet à long terme. »


    Les analystes roumains estiment que l’annonce de J.P. Morgan est la meilleure nouvelle pour le marché financier local. La Roumanie — disent-ils — sera beaucoup plus visible et plus accessible aux investisseurs de portefeuille, ce qui pourrait mener à la croissance du marché de capital. L’analyste Dragos Cabat a déclaré pour BURSA que l’inclusion des obligations roumaines dans l’indice J.P. Morgan est, en réalité, la reconnaissance internationale du statut de pays émergent.


    Jusqu’à présent, la référence aux pays émergents portait sur la Pologne, la République Tchèque et, partiellement, la Hongrie. ZIARUL FINANCIAR, à son tour, salue l’annonce de la banque américaine et énumère ses plus importantes conséquences. La Roumanie pourra emprunter plus rapidement et moins cher et le Ministère des Finances pourra stabiliser sa base d’investisseurs et éviter les spéculateurs.