Tag: dictature

  • « Ceausescu, le dictateur ambigu » de Traian Sandu, un ouvrage consacré à l’ancien dictateur roumain

    « Ceausescu, le dictateur ambigu » de Traian Sandu, un ouvrage consacré à l’ancien dictateur roumain

    « Ceausescu
    était à la fois autoritaire et enthousiasmant pour les Roumains car il était en
    même temps au pouvoir et dans l’opposition. Représentant du Léviathan pour son
    peuple, il incarnait la lutte du David roumain contre le Goliath soviétique en
    politique extérieure »
    , écrit Traian Sandu dans son ouvrage
    « Ceausescu, le dictateur ambigu » qu’il consacre à l’ancien satrape
    communiste de Roumanie. Professeur agrégé détaché auprès de l’Université de
    Paris III, fils de réfugié politique des années soixante-dix, arrivé en France
    en 1978, Traian Sandu pose dans cette biographie un regard interrogateur sur les
    deux décennies de pouvoir absolu de Ceausescu. Paru en septembre dernier, chez
    les Editions Perrin, l’ouvrage représente le coup de cœur littéraire de Mathieu
    Fabre, libraire à Kyralina.

  • 34 ans depuis la révolution roumaine

    34 ans depuis la révolution roumaine

    La fin des années 1980 et le début des années 1990 ont
    été marqués par l’effondrement des régimes communistes tant en Europe centrale
    et orientale que dans d’autres parties du monde.


    En Roumanie,
    décembre 1989 a été le moment où les gens se sont battus pour la liberté et l’ont
    obtenue. La Roumanie a été le seul pays où la transition du communisme à la
    démocratie s’est faite par la violence, par des manifestations et des combats
    de rue, et le seul pays dont les dirigeants de l’ancien régime ont été exécutés.
    34 ans se sont écoulés depuis.




    Déroulement
    des évènements


    La révolte, qui a démoli en quelques jours près de quatre
    décennies de dictature communiste, a éclaté le 16 décembre 1989 à Timișoara,
    lorsque les gens se sont rassemblés pour manifester contre une décision de la
    justice par laquelle le pasteur réformé László Tokés devait être expulsé et
    transféré dans une autre localité. Dans le contexte de la baisse terrible du
    niveau de vie de la population et de la désintégration du système communiste
    européen dans les anciens pays socialistes, une révolte anticommuniste a
    éclaté.


    Le 20 décembre 1989, Timişoara a été proclamée « première
    ville libérée du communisme » en Roumanie. La révolte s’est répandue
    ensuite dans plusieurs villes du pays et, le 21 décembre, elle a éclaté
    également à Bucarest. Dans la soirée du même jour, les premiers Bucarestois qui
    ont eu le courage d’exiger la suppression du régime dictatorial sont morts au
    centre-ville de la capitale. Leur demande allait s’accomplir le lendemain, le
    22 décembre. Lors des violences qui ont
    suivi, plus d’un millier de personnes ont perdu la vie et environ trois mille
    ont été blessées.




    Hommage
    aux victimes


    Pour honorer leur
    mémoire, des événements commémoratifs sont organisés ces jours-ci à travers le
    pays. Des cérémonies militaires et religieuses, des réunions et des dépôts de
    gerbes sont organisés dans les lieux marquants du moment historique de décembre
    1989. Les témoins de la Révolution et les descendants des victimes ont prié et
    déposé des fleurs dans les villes où ont eu lieu les combats les plus
    violents.




    Les
    messages des dirigeants d’aujourd’hui


    Dans un message à l’occasion de la Journée de la Victoire
    de la Révolution roumaine et de la Liberté, le président Klaus Iohannis
    rappelle que la Révolution de décembre 1989 « représente le moment où l’aspiration
    des Roumains à la liberté, qui durait depuis des décennies, a réussi à faire
    chuter le communisme, dévoilant au monde entier sa barbarie»
    . Le chef
    de l’Etat exhorte les Roumains à ne pas oublier les héros « qui se sont
    opposés à la dictature afin de restituer à l’ensemble de la nation roumaine les
    droits et libertés dont elle a été privée pendant tant de décennies »
    .


    « Les jeunes doivent savoir que la liberté dont ils
    jouissent aujourd’hui a coûté la vie de milliers de héros, et que la libre
    expression des opinions, la possibilité du dialogue, naturelle et nécessaire
    dans une démocratie, n’auraient pas été possibles sans la suppression du régime
    communiste oppressif »
    , a déclaré à son tour le premier ministre Marcel
    Ciolacu. Dans son message, le chef de l’Exécutif souligne que la Révolution
    roumaine de décembre 1989 a été le moment où l’idéal de liberté avait vaincu la
    terreur fortement implantée au sein de la population.



    Le ministre de l’Intérieur,
    Cătălin Predoiu, affirme lui aussi que « sur le long terme, la Révolution
    de décembre 1989 a placé le pays sur un chemin historique qui l’a conduite de
    manière salutaire vers le monde des valeurs européennes et euro-atlantiques, vers
    l’Union européenne et l’OTAN, au sein des pays démocratiques, aux côtés de
    partenaires stratégiques avec lesquels nous nous soutenons mutuellement et nous
    coopérons pour nos idéaux et intérêts de développement et de sécurité. »

  • “Si je dois trahir”, de Ruta Sepetysse

    “Si je dois trahir”, de Ruta Sepetysse

    Née d’un père réfugié lituanien
    et emprisonné huit ans dans un goulag, l’autrice americano-lituanienne Ruta Sepetysse fait
    un point d’honneur à faire revivre des épisodes dramatiques de l’histoire dans
    des livres écrits pour des adolescents, mais que tout le monde devrait lire.
    C’est la raison qui a poussé Mathieu Fabre, libraire chez Kyralina, à faire du roman
    « Si je dois trahir » son coup de cœur en cette semaine. Restez avec
    nous pour plus de détails.

  • La révolution de 1989 et la renaissance de la démocratie roumaine

    La révolution de 1989 et la renaissance de la démocratie roumaine

    La révolution du mois de décembre 1989 restera sans doute le
    moment le plus marquant de la seconde moitié du XXe siècle roumain. Inscrite
    dans le mouvement plus ample du délitement des régimes communistes d’Europe
    centrale et orientale, la révolte, partie de Timisoara, gagnera rapidement
    Bucarest, avant d’embraser tout le pays. Les énergies sociales libérées à cette
    époque transformeront radicalement la Roumanie et l’Europe dans son ensemble.






    Le régime
    communiste, instauré dans toute l’Europe de l’Est à la fin de la 2e
    Guerre mondiale à la faveur de l’occupation de la région par l’Armée rouge, a fait
    main basse sur la Roumanie en à peu près 3 ans. D’ailleurs, avant la fin de
    l’année 1948, l’Albanie, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la
    Pologne et la Roumanie se trouvaient embarquées sur le même bateau, dirigées
    par des gouvernements communistes, sous contrôle soviétique. Les historiens
    s’accordent pour conclure que la seconde Guerre mondiale a représenté une
    chance inespérée pour l’URSS, devenue alors une superpuissance, et cela en
    dépit des politiques économiques désastreuses qu’elle avait menées à partir de
    1918. En l’absence de cette guerre, il est probable que l’URSS aurait été
    forcée de réformer son système dès la mort de Staline, en 1953. Mais l’histoire
    contrefactuelle demeure une action risquée, sujette à caution. Ce qu’il en reste
    c’est le souvenir d’un régime totalitaire et répressif, qui a jeté aux
    oubliettes les droits et les libertés fondamentales. Néanmoins, pour beaucoup,
    le régime du totalitarisme communiste n’était que la suite logique des régimes
    totalitaires fascistes qui avaient dominé l’Europe durant la guerre. Ainsi, la
    fin de la conflagration n’a pas pour autant signifié la fin de la tyrannie et
    de l’oppression pour près de la moitié du continent.






    Pour ce qui est de la Roumanie, le régime de Nicolae
    Ceaușescu, hissé à la tête de l’Etat en 1965, avait mené à bout les capacités
    de résistance des 22 millions de Roumains que le pays comptait en 1989. A la
    crise de régime qui caractérisait le système communiste finissant s’étaient rajoutées
    les lubies d’un dictateur pas comme les autres. En effet, Nicolae Ceausescu
    s’étaient fait fort de rembourser la dette qu’il avait contractée dans les
    années 70 pour industrialiser le pays. Entre temps, deux crises pétrolières
    étaient passées par là, et la dégradation du niveau de vie des Roumains s’était
    accélérée à la fin des années 80. Et c’est bien dans ce climat délétère
    qu’allaient exploser la révolte populaire contre le régime de Nicolae Ceausescu
    en particulier, contre le régime communiste au sens large. Dès le 16 décembre
    1989 l’on voit des habitants de Timișoara descendre dans la rue, pour
    manifester leur solidarité à M. Tökes, un pasteur réformé appartenant à la
    minorité hongroise de Transylvanie, que le régime s’entêtait de faire muter de
    son poste et de déloger de sa ville. Progressivement, les manifestants sont
    devenus plus nombreux, et leurs revendications ont commencé à ratisser large.
    Face à cette situation, les forces de répression n’ont rien trouvé de mieux que
    d’ouvrir le feu sur la foule, faisant plusieurs centaines de victimes.
    Ensanglantée, Timisoara est coupée du reste du pays, mais les manifestants
    occupent la ville.






    Le 21 décembre, c’est à Bucarest que les choses se gâtent
    pour de bon pour le régime. Nicolae Ceaușescu organise alors une grande
    assemblée populaire devant le siège du Comité central du parti communiste,
    initiative particulièrement mal inspirée, qui se voulait une démonstration de
    force du régime. Le rassemblement tourne court, lorsque les manifestants
    enrégimentés, venus acclamer le leader suprême, commencent à le conspuer. La foule
    rompt les rangs et se disperse en catastrophe. Certains s’organisent cependant
    et dressent des barricades au centre de la capitale. A l’instar de Timisoara
    quelques jours auparavant, les troupes interviennent en force, et la violence
    de la répression arrive à son apogée dans la nuit du 21 au 22 décembre. Le
    matin du 22 décembre, les ouvriers des grandes plateformes industrielles de la
    capitale s’organisent et répliquent, en donnant l’assaut au siège du Comité
    central du parti communiste. L’armée déployée en nombre dans le centre-ville et
    autour du Comité central fraternise avec la foule, pendant que Nicolae
    Ceausescu, son épouse, elle aussi cacique du régime, et quelques proches se
    sauvent en catastrophe, à bord d’un hélicoptère qui prend son envol depuis le
    toit du bâtiment. En quelques heures, le dictateur déchu sera capturé, jugé
    ensuite, avec sa femme, à la faveur d’un simulacre de procès, expédié à la sauvette.
    Ils seront, tous les deux, exécutés le 25 décembre 1989, dans une base
    militaire de la ville de Targoviste, une ancienne capitale de la Valachie
    historique. La révolution l’emporte, au prix de près de 1.200 vies.






    Petru Creția, philosophe, essayiste, traducteur
    et éditeur de Platon en langue roumaine, rédigera un manifeste émouvant, qui
    sera diffusé sur les ondes de Radio Free Europe la veille de la chute du
    dernier dictateur communiste de Roumanie. Les lignes écrites à l’occasion par
    Petru Creția illustrent à merveille le summum de la tragédie que le XXe siècle
    était parvenu à atteindre. La voix émue du philosophe, conservée dans les
    archives du Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, est à la
    fois grave et prémonitoire.






    Petru Creția : « L’on
    approche la fin du siècle et, avec lui, la fin inévitable de notre malheur
    collectif. Ce malheur qui s’était drapé de tant de noms menteurs, qu’il suffit
    de lire à rebours pour approcher la vérité. Les longs, les trop longs règnes
    sanglants, qui ont jeté un doute jusqu’au cœur de l’humanité enfouie aux tréfonds
    de l’homme, nous ont profondément meurtri. La crise de l’humanité, incarnée par
    le nazisme, le communisme, le maoïsme, touche aujourd’hui à sa fin, en dépit de
    ses derniers soubresauts. Et les héritiers de ces monstres, leurs épigones,
    qu’ils soient asiatiques, africains, sud-américains, voire européens, ne
    sauront renverser la vapeur. Ils se ressemblent à s’y méprendre, alors qu’ils
    ne sont que des caricatures pitoyables, des pantins misérables, qui grèvent le
    destin des nations. Mais aujourd’hui, leur heure a sonné. Ces autocrates
    pénibles, ces dieux imaginés sont tombés en désuétude. Leurs noms seront à
    jamais damnés, liés qu’ils sont aux innombrables hécatombes, aux morts, aux
    torturés, aux affamés, que leur règne de malheur est parvenu à produire. »







    L’année 1989 sonna le glas du siècle
    finissant, un siècle noir, à plus forte raison qu’il s’était voulu brillant,
    comme nul autre auparavant. Le mal lui a cependant survécu. Et si le passé ne
    saura nous prémunir des malheurs à venir, l’on espère néanmoins, qu’à l’instar
    du vaccin, il aura la force de nous immuniser de ces pandémies idéologiques
    mortifères. (Trad. Ionut
    Jugureanu)

  • Le régime nazi, ses représentations et son mode de fonctionnement (III).

    Le régime nazi, ses représentations et son mode de fonctionnement (III).

    Ce troisième volet de la période nazie s’intéresse au continuité qui ont touché la RFA après la disparition du régime nazi. Etonnament on retouve le développement d’une science du management qui est aujourd’hui répandue dans toute l’Europe. C’est sur cette question que nous allons nous pencher avec notre invité, Johann Chapoutot, qui professeur des universités à l’université de la Sorbonne.



  • La Roumanie d’une dictature à l’autre, un film d’Alina Cicani

    La Roumanie d’une dictature à l’autre, un film d’Alina Cicani

    Le samedi, 7 décembre, la chaîne de télévision française Public Sénat diffuse le documentaire La Roumanie d’une dictature à l’autre de la réalisatrice d’origine roumaine, Alina Cicani. Trente ans après la chute cu communisme, les Roumains souffrent toujours des séquelles d’un régime qui a laissé des traces aussi bien dans le mental collectif que dans l’histoire de la Roumanie.


  • Le Festival national de théâtre – 30 ans de liberté

    Le Festival national de théâtre – 30 ans de liberté

    Arrivé à sa 29ème édition, le Festival national de théâtre de cette année s’est déroulé sous le signe des trente ans de liberté écoulés depuis la chute du régime communiste, en décembre 1989. A l’époque, les Roumains regagnaient leur liberté et, avec elle, le droit à la liberté d’expression à travers les arts. Voilà pourquoi, une année avant l’édition anniversaire, le FNT a décidé de rendre hommage au droit à la culture. La directrice du festival, Marina Constantinescu, a affirmé en ouverture de l’édition 2019 que la première rencontre que le public se verrait réserver serait avec les voix de Radio Free Europa, considérée comme la voix de la liberté à l’époque de Ceauşescu.

    Marina Constantinescu : « C‘est un devoir moral, celui de rendre possible une telle rencontre à l’occasion d’une édition consacrée aux 30 ans de liberté. Voilà pourquoi on a voulu nous incliner devant tous ceux qui ont résisté pour nous présenter, à l’époque, les réalités dont on n’était pas conscient, qui nous ont appris, ne serait-ce qu’un tout petit peu, ce que sont liberté intérieure et dignité. Peut-être que nombre d’entre vous se sont demandés pourquoi un festival de théâtre se penche sur un tel sujet. Sachez que notre festival s’occupe de plein de choses, y compris de nos devoirs de moralité comme celui dont je viens de parler. »

    L’invitation lancée par Marina Constantinescu n’a pas tardé à faire écho. La preuve? Parmi ceux qui y ont donné cours, a figuré l’ambassadeur américain à Bucarest, Hans Klemm, qui a mis en évidence, dans son intervention, le rôle joué par Radio Free Europe dans la vie des Roumains à l’époque du régime communiste. L’occasion pour le responsable américain de rappeler le moment où Radio Free Europe s’était relancée en Roumanie. Hans Klemm affirme que et on cite « C’est une occasion de célébrer les souvenirs que les Roumains gardent des émissions de Radio Free Europe et du rôle joué par cette antenne durant toutes ces années amères, d’avant 1989. C’est une occasion de rendre hommage à tous ceux qui ont travaillé pour cette chaîne de radio – journalistes et directeurs – mais aussi au gouvernement des Etats-Unis, qui a mis en place le service roumain de Radio Free Europe à l’époque de la Guerre Froide. Je ne saurais vous mentir en affirmant connaître le véritable impacte que ces émissions-là ont eu dans la Roumanie communiste. Mais, d’après l’Ambassadeur roumain à Washington, Emil Hurezeanu, 90% des Roumains détenant, à l’époque, un poste de radio, écoutaient Radio Free Europe. Et c’est avec grande joie que j’ai appris que l’année dernière, l’organisme gouvernemental basé à Washington et qui soutient cette antenne, a décidé de sa réouverture, en Roumanie. »

    Ancienne voix de Radio Free Europe, actuellement diplomate, Emil Hurezeanu disait que « Basée à Munich, avec le siège central à Londres et les bureaux à Paris, cette chaîne de radio, lancée au début de la Guerre Froide, s’adressait à certains pays par des émissions culturelles comme celles réalisées par Monica Lovinescu et Virgil Ierunca pour la Roumanie, ou encore par des correspondances politiques depuis Washington. Ce fut une antenne mise en place par les adeptes d’une idéologie de blocage de la propagation communiste vers l’Ouest, afin de préserver une certaine normalité à travers la connexion des pays du Pacte de Varsovie aux informations occidentales. »

    A une époque où la peur était monnaie courante à l’intérieur des frontières fermées de la Roumanie, les voix des journalistes de Radio Free Europe étaient associées à juste titre avec la vérité et l’objectivité. Le journaliste Neculai Constantin Munteanu fut une de ces voix, comme il l’a avoué en ouverture du Festival national de théâtre : « Je faisais partie de ces voix nocturnes qui captaient, à l’époque, l’attention de la Roumanie. Avec Hurezeanu, on a pris le micro seulement les dernières 14 années de communisme, les plus dures pour la Roumanie, et on a résisté jusqu’à la fermeture de Radio Free Europe. Il y avait, à l’époque, un noyau dur d’auditeurs à l’écoute depuis les années 1950-1960 et qui étaient fans de Cornel Chiriac. Ce fut surtout à partir de 1980 que cette radio a intégré le quotidien des Roumains. On était les seuls à pouvoir parler librement de l’actualité roumaine et on l’a fait, tout en restant conscients des possibles répercussions auxquelles on s’exposait. »

    La chute du régime Ceausescu en décembre 1989 a déclenché une vague d’optimisme et d’enthousiasme, qui s’est propagée d’un bout à l’autre de la Roumanie, en imprégnant tous les milieux, y compris celui théâtral. Le critique Georges Banu s’en souvient: «Je me souviens que je me suis lié d’une grande amitié avec les comédiens Marcel Iureş et Oana Pellea, avec le metteur en scène Mihai Măniuţiu et avec la théâtrologue Cipriana Petre. Par la suite, les relations se sont légèrement refroidies, mais à l’époque, on sortait tous les jours dans un endroit branché de la capitale. D’une certaine manière, ces 30 années se rattachent aux amitiés reconfirmées ou pas, ou tout simplement, nouvellement créées. J’ai la ferme conviction que, pour perdurer, l’amitié doit être entretenue comme un jardin. »

    Déroulée dans la deuxième moitié du mois d’octobre, sur plusieurs scènes de Bucarest, la 29ème édition du Festival de théâtre de Roumanie a proposé aux spectateurs une sélection des meilleures productions théâtrales à l’affiche des principales compagnies de Roumanie. Un véritable régal culturel, qu’on n’aurait jamais pu imaginer dans un pays non démocratique. (Trad. Ioana Stăncescu)

  • Du communisme à la dictature de l’identité : détour par l’Ouzbékistan

    Du communisme à la dictature de l’identité : détour par l’Ouzbékistan

    Cette semaine, le Café des francophones continue son périple en Ouzbékistan. Pour la deuxième semaine consécutive, nous sommes accompagnés de Laurent Bazin qui est chercheur au Centre national de la recherche scientifique et actuellement en détachement à l’Institut de recherche en développement français. Cette deuxième émission propose de comprendre le fonctionnement de la dictature qui sévit actuellement dans ce pays. Pour asseoir sa domination sur la population, le parti utilise une rhétorique de l’identité nationale alors que les conditions objectives d’existence deviennent insupportables. Cette situation, qui ne va pas sans rappeler les pires heures de la période de N. Ceausescu en Roumanie, permet de s’interroger sur la manière dont la population réagit à la propagande et à la permanence des structures du régime soviétique.


  • Communisme et dictature : débat à partir de l’Ouzbékistan

    Communisme et dictature : débat à partir de l’Ouzbékistan

    Cette semaine le Café des francophones reprend son odyssée dans les pays postcommunistes. Aujourdhui, nous nous penchons sur une société à la fois distante et à certains égards proche de la Roumanie, lOuzbékistan. Ce pays est sorti du communisme de manière imposée, suite à limplosion de lURSS. Ensuite, cette trajectoire se singularise. Emerge alors un pouvoir « fort » qui se transforme rapidement en une dictature extrêmement dure. Pour en parler nous recevons Laurent Bazin. Chercheur au Centre national de la recherche scientifique et détaché à lInstitut de recherche en développement français, il a vécu pendant plusieurs années en Ouzbékistan avec des groupes sociaux les plus durement touchés par ces transformations.







  • La menace de l’islamisme radical en Afrique du nord

    La menace de l’islamisme radical en Afrique du nord


    Deux ans après le début du « printemps arabe », mouvement qui a renversé plusieurs dictateurs de pays arabes, les effets dans les pays de l’Afrique du Nord et du Proche Orient demeurent incertains. Les experts et les analystes internationaux ont remarqué, dans nombre de ces pays, que la déception et la révolte de la population ont souvent remplacé l’euphorie. Les changements de régime dans la région et la transition vers la démocratie ont eu des effets pervers en Egypte et en Libye.


    Ces évènements ont marqué le début d’une période de chaos, de violences et de mécontentements qui ont permis une montée du fondamentalisme religieux et la création d’un bassin d’opérations de groupes armés extrémistes associés aux mouvements terroristes. Pendant la précédente décennie, les grandes puissances occidentales se sont concentrées sur les interventions en Afghanistan et en Irak.


    Entre temps, l’Afrique, continent marqué par le croisement de la pauvreté avec l’instabilité politique, est devenu un champs de manœuvre des mouvements islamistes. Les récents événements au Mali et en Algérie ont rappelé à la communauté internationale l’existence d’une menace majeure dans le nord de l’Afrique : l’islamisme radical, qui risque d’être projeté en Europe aussi.


    Le 11 janvier, à la demande des autorités maliennes, Paris a lancé l’opération Serval, un assaut aéro–terrestre censé bloquer une offensive vers le sud des groupes islamistes armés, dont certains sont liés au réseau terroriste Al-Qaïda. Ceux-ci contrôlaient le nord du pays depuis plus de neuf mois. L’offensive franco-malienne a libéré les plus importantes villes du nord et du nord-est : Gao, Tombouctou et Kidal, à la frontière avec l’Algérie.


    Le président français, François Hollande s’est rendu au Mali où il a affirmé que son pays n’avait pas achevé sa mission, que le terrorisme avait été seulement « repoussé », « chassé » mais « pas encore vaincu ». Le président Hollande a visité la ville de Tombouctou, une des villes les plus mutilées par la guerre où il a dénoncé la barbarie et les abus commis ces derniers mois par les islamistes radicaux au nom de la loi islamique, la charia. Les effets des événements au Mali ont rapidement traversé la frontière avec l’Algérie où une attaque terroriste sans précédent sur un site gazier, a eu lieu en guise de réponse à l’opération Serval. Plusieurs dizaines d’ouvriers étrangers, dont des Roumains, ont été pris en otage. L’intervention en force des autorités algériennes, controversée et même critiquée par l’Occident, s’est achevé par un bilan tragique : 40 otages, dont deux Roumains tués.


    Le conseiller présidentiel Iulian Chifu évoque ces deux évènements : « Ce sont deux thèmes différents qui finissent par converger, vu qu’il s’agit d’une zone très volatile, d’une zone saharienne, d’une zone où il y a des Etats post — coloniaux dont les frontières étendues sont difficiles à contrôler. Ces Etats-là n’ont pas la possibilité de maîtriser les zones où ces groupes radicaux, terroristes, djihadistes, vivent et stockent leurs armes. D’autre part, on ne devrait pas blâmer à priori la manière dont a été menée l’intervention en Algérie. C’est l’un des peu nombreux régimes encore capables de lutter contre ces groupes radicaux. C’est un régime qui a eu à choisir entre laisser ce groupe partir avec les otages qu’il allait tenter de vendre par la suite pour des sommes exorbitantes — une formule de financement qui engendre de nouvelles attaques terroristes, prises d’otages – et intervenir brutalement ; c’est ce qu’Alger a fait, d’une manière d’ailleurs efficace, pour prendre le contrôle, considérant qu’il était utile que ce type d’intervention bloque la création d’un précédent et décourage les attaques dans cette zone riche en pétrole et en gaz».


    Les événements au Mali et en Algérie ont déterminé la tenue à Bruxelles d’une réunion extraordinaire où les chefs des diplomaties des Etats membres de l’UE ont donné le feu vert à une mission chargée de la formation et de la réorganisation de l’armée malienne. 500 personnes de 15 Etats prendront part à cette mission qui deviendra complètement opérationnelle le mois prochain.


    En tant que membre de l’UE, la Roumanie a décidé d’y participer elle aussi. Le Conseil suprême de défense du pays a approuvé l’envoi de 10 militaires dans ce pays africain. Bucarest a souhaité ainsi réaffirmer son engagement dans la lutte antiterroriste et la garantie de la sécurité internationale, aux côtés de ses partenaires de l’UE et de l’OTAN. Certains se sont même demandés si la décision de Bucarest de participer à la mission au Mali était symbolique ou bien utile.


    L’analyste militaire Ion Petrescu répond : « Les dix militaires sont très utiles. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit aussi bien de formateurs que de spécialistes des questions relevant de l’Etat major. Coopter des militaires roumains de haut niveau dans les structures d’Etat major mises en place par l’EUCOM — le Commandement des forces des Etats-Unis en Europe, témoigne du respect envers l’expérience militaire roumaine. Ce sont des professionnels riches de l’expérience que l’Armée roumaine en général a gagné sur les trois théâtres d’opérations militaires : l’espace ex-yougoslave, l’Irak et l’Afghanistan. »


    Par ailleurs, Paris envisage de réduire à partir du mois prochain sa participation militaire au Mali, si la situation sur le terrain le permettait. La France et les Etats-Unis ont souligné que la mission de garantir la sécurité, l’intégrité territoriale et la souveraineté de ce pays revenait à la Force africaine du Mali, qui devait être placée aussi vite que possible sous l’autorité de l’ONU. Cette force devrait être constituée de 6000 soldats environ. (trad.: Alexandra Pop, Alex Diaconescu)