Tag: Dinu Zamfirescu

  • Opération villages roumains

    Opération villages roumains


    Vers la fin des années 80, le régime communiste roumain dirigé par Nicolae
    Ceaușescu s’était donné pour mission de transformer de fond en comble le plan d’aménagement
    du territoire du pays, selon un plan dit de « systématisation des villages
    roumains ». Cette politique visait notamment une mise en coupe réglée du monde
    rural par la destruction de l’habitat traditionnel. De 7 à 8.000 villages
    étaient voués à disparaître à terme, sur les 13.000 que la Roumanie comptait à l’époque,
    et tout cela pour un motif des plus fallacieux : augmenter la superficie
    cultivable du pays, et accroître de la sorte la production agricole. Quant aux
    villes, elles étaient loin d’échapper à la folie destructrice du « Grand leader
    », qui semblait être devenu fou. En effet, des quartiers entiers étaient voués
    à la destruction, pour laisser place nette à la mise en place de la vision
    urbanistique d’inspiration nord-coréenne de Nicolae Ceausescu. La capitale,
    Bucarest, n’était pas en reste, devenant la première victime du projet
    pharaonique. Et ce projet fou prenait corps dans un pays paralysé par l’hyper
    centralisme économique, et gangréné par la pénurie devenue chronique des produits
    de base et des biens de consommation.


    Dans ce contexte délétère, si les opposants internes
    potentiels, paralysés par la crainte de l’appareil répressif du régime, avaient
    du mal à faire entendre leur voix, la diaspora roumaine et l’Europe tout
    entière se sont mobilisées. C’est ainsi que fin 1988 est fondée en Belgique l’association
    Opération villages roumains, qui s’était donné pour mission la sauvegarde de quelques 13.000 villages voués à disparaître selon les plans du pouvoir en place.Le mouvement s’étend rapidement, et des filiales de l’association
    essaiment en France, aux Pays-Bas, en Suisse, en Suède, au Royaume-Uni, en Italie,
    en Espagne, en Norvège et au Danemark. La société civile européenne se lève
    comme un seul homme pour faire barrage face aux visées destructrices du régime
    Ceausescu. Trois personnalités de la diaspora roumaine, le dissident Dinu
    Zamfirescu, avocat et ancien détenu politique, l’activiste et journaliste Ariadna
    Combes, fille de la dissidente Doina Cornea, et l’historien Mihnea Berindei
    deviennent les chevilles ouvrières du mouvement. Un mouvement toutefois qui
    dépasse largement les frontières de la diaspora roumaine, car il bénéficie de l’appui
    de nombreux journalistes, photographes, avocats et architectes, notamment
    belges et français, et qui jetterons les bases de l’Opération villages roumains.


    Le dissident Dinu Zamfirescu a été interviewé en 2003
    par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine. Ancien membre du
    parti national libéral d’avant l’arrivéeau
    pouvoir des communistes, réfugié en France depuis 1975, journaliste à la
    section roumaine de la BBC, il raconte les débuts de l’Opération villages
    roumains. Ecoutons-le :


    « Cela faisait déjà deux années que
    nous alertions l’opinion publique au sujet du danger que guettait le sort des
    villages roumains. L’on rédigeait des pétitions, on en parlait, mais cela ne
    faisait pas bouger les lignes. On était trois, tous roumains d’origine : Mihnea
    Berindei, Ariadna Combes et moi. On allait de ville en ville,
    en France, puis de pays en pays, à travers l’Europe, pour parler de cette
    question ardue. Tout cela pendant deux années. Et puis, nous sommes débarqués
    en Hongrie au mois de juin 1989, à l’occasion des obsèques populaires et
    nationales organisées lors de la réinhumation de la dépouille d’Imre Nogy, et
    de celles de ses amis, assassinés par les Soviétiques après la répression de la
    révolte magyare de 1956. Ce fut un tournant. Et puis, en France, l’on
    tenait parfois jusqu’à 6 conférences en une journée. On allait dans les écoles,
    dans les forums, un peu partout. On faisait de même au Royaume-Uni, en Belgique,
    en Italie. Ariadna était allée parler en Norvège. Moi, j’avais pris mon bâton
    de pèlerin, et suis allé au Danemark. Et puis, tout doucement, l’on constate
    que la sauce commence à prendre. Nous étions de plus en plus sollicités.
    Surtout à Paris, où il y avait un centre de l’association Médecins du monde, un
    centre qui bénéficiait de l’appui du gouvernement socialiste français d’alors, et
    qui nous a beaucoup aidé. C’est grâce à leur aide que nous avions les moyens
    pour nous déplacer, pour organiser ces conférences. Nous représentions à l’époque
    la Ligue roumaine des droits de l’homme. »


    Dinu Zamfirescu avait milité pour l’arrêt des
    destructions entamées par le régime communiste roumain dirigé par Nicolae
    Ceausescu jusqu’à la fin sanglante de ce dernier, fin décembre 89. Mais les actions
    de solidarité menées par l’Opération villages roumains se poursuivront bien
    au-delà de cette date. Le village roumain, exsangue et maltraité pendant les décennies
    de communisme, avait besoin de cette bouffée d’air frais et de cet élan de
    solidarité venus d’Occident. Dinu Zamfirescu :


    « Après la chute du régime Ceausescu,
    nous avons tout de suite commencé à organiser des convois humanitaires. Le
    premier convoi, accompagné par Ariadna Combes et Mihnea Berindei a été embarqué
    au bord d’un avion militaire français, qui a atterri en Bulgarie le 26, ou le
    27 décembre. Moi, j’avais atterri à Bucarest, le 28, ou le 29 décembre 89, au
    bord du premier avion Air France qui avait pu se poser sur place. Parce que l’aéroport
    a été zone de combat durant des jours. J’étais accompagné par une journaliste
    française, membre de la Ligue roumaine des droits de l’homme, et spécialiste des
    questions roumaines. Mon père vivait encore. Je l’appelle pour l’avertir de mon
    arrivée, je ne voulais pas qu’il subisse une crise cardiaque. Ensuite,
    accompagné de cette journaliste, je vais directement chez lui. Cela faisait des
    années que je n’avais plus mis les pieds dans mon pays natal. Il y avait partout
    des points de contrôle, des barrages. Mais avec nos passeports français, on
    nous laissait passer. Les gens étaient gais, enthousiastes, euphoriques. Les
    gens, dès qu’ils apercevaient le passeport français, nous lançaient des « Vive
    l’amitiés franco-roumaine ! Vive la France ! ». C’était enivrant. »


    L’Opération villages roumains s’est érigé en un exemple
    de solidarité européenne face aux abus d’un régime totalitaire. Les villages
    roumains furent finalement préservés, s’avérant bien plus durables que le
    régime politique qui avait un moment envisagé leur destruction. L’entêtement d’une
    poignée de femmes et d’hommes a fait mouche, montrant du coup la puissance de
    la société civile confrontée à la barbarie des régimes totalitaires. (Trad. Ionut
    Jugureanu)



  • Operațiunea Villages Roumains

    Operațiunea Villages Roumains


    Regimul
    comunist al lui Nicolae Ceaușescu și-a propus să transforme urbanistic România
    în profunzime, proiect denumit, în mod ipocrit, sistematizarea orașelor și a
    satelor. Aceasta a însemnat demolarea unor importante cartiere din orașele
    României și din capitala București, marea majoritate a acelor demolări fiind
    inutilă. Extinsă și în mediul rural, sistematizarea lui Ceaușescu era la fel de
    inutilă: ambiția sa era de a demola aproximativ 7-8.000 de sate din cele peste
    13.000, motivul oficial fiind de a da agriculturii mai mult teren arabil. Ceea
    ce în teorie suna bine, și anume dezvoltare echilibrată a întregului teritoriu,
    în practică era un dezastru. Regimul dovedise deja că era incapabil să
    gestioneze o economie hipercentralizată care producea pierderi uriașe. Cu atât
    mai mult el nu avea capacitatea de a duce la final un proiect atât de îndrăzneț
    și să-l facă să funcționeze.


    Dacă românii din țară nu au
    reacționat la sistematizare din cauza aparatului represiv, cei din diaspora nu
    au lăsat ca lucrurile să se desfășoare după bunul plac al lui Ceaușescu.
    Sistematizarea era ultima picătură care umpluse paharul amărăciunilor. Astfel,
    în ultimele săptămâni ale anului 1988, în Belgia se constituia asociația
    Operațiunea Villages Roumains care își propunea să salveze de la pieire cele
    peste 13.000 de sate românești. Într-un timp foarte scurt apăreau filiale ale
    asociației în Franța, Olanda, Elveția, Suedia, Marea Britanie, Italia, Spania,
    Norvegia, Danemarca. A fost o solidaritate la nivel european formidabilă pentru
    apărarea tradiției și a drepturilor omului. Personalitățile române cele mai
    active ale Villages Roumains au fost avocatul și deținutul politic Dinu
    Zamfirescu, jurnalista, traducătoarea și activista pentru drepturile omului
    Ariadna Combes, fiica opozantei anticomuniste Doina Cornea, și istoricul Mihnea
    Berindei. Dar ei au fost în permanență susținuți de un nucleu foarte activ
    format din jurnalisti, fotografi, avocați, arhitecți, graficieni belgieni și
    francezi, cei care au pus bazele Operațiunii Villages Roumains, prescurtat OVR.


    Centrul de Istorie Orală din
    Radiodifuziunea Română l-a intervievat pe Dinu Zamfirescu în 2003, refugiat în
    Franța în 1975, fost membru al Partidului Național Liberal, jurnalist al
    secției române de la BBC. Între subiectele abordate a fost și implicarea sa în
    Operațiunea Villages Roumains. Eram
    angrenaţi de doi ani în chestiunea satelor, în chestiunea Villages Roumains. Ne
    vedeam în cadrul grupului românilor liberi cu petiţii, cu memorii, că altceva
    nu se făcea. Noi, trei români, Mihnea Berindei, Ariadna Combes şi cu mine, am
    bătut Franţa şi Europa timp de doi ani numai cu această chestiune. Am venit şi
    în Ungaria şi am participat, chiar în ’89, în iunie, la reînhumarea lui Imre
    Nagy şi a prietenilor lui, care au fost asasinaţi de comunişti. În Franţa erau
    oraşe unde ţineam cam șase conferinţe într-o zi, adică în tot felul de foruri:
    în şcoli, în public, peste tot. Ne duceam din Franţa în Anglia, în Belgia, în
    Italia. Şi am împrăştiat această acţiune peste tot. Ariadna ştiu că a fost şi
    în Norvegia, în Danemarca am fost eu. Eram foarte-foarte mult solicitaţi. Era
    un centru la Paris, în jurul unui organism francez,
    Médecins du Monde, care era sprijinit de unii
    oameni din guvernul francez de atunci, socialist. Ei ne-au sprijinit şi cu
    acest sprijin ne şi puteam deplasa și reprezentam şi Liga pentru Apărarea Drepturilor
    Omului din România.


    Dinu Zamfirescu a fost dedicat
    mișcării de contestare a distrugerii satului românesc până în ultimele momente
    de viață ale regimului comunist, în decembrie 1989. Ba chiar a mers mai departe
    și după căderea regimului, venind în România cu ajutoare încă din primele zile
    de libertate. În ţară, în
    cadrul acestei acţiuni Village Roumain, ne-am angrenat imediat în măsuri de
    ajutorare a românilor. Şi am plecat cu un prim lot de ajutoare cu Ariadna
    Combes şi Mihnea Berindei cu un avion militar francez, care a aterizat în
    Bulgaria pe 26 sau 27 decembrie. Şi eu am venit în 28 sau 29 decembrie, cu
    primul avion Air France care a putut ateriza pe Otopeni, că aeroportul era
    închis. Eram împreună cu o ziaristă franceză care făcea parte şi ea din Liga
    pentru Apărarea Drepturilor în România care era specialistă în probleme româneşti.
    Am venit, tatăl meu era în ţară, l-am anunţat printr-un telefon ca să nu facă o
    criză de inimă dacă apăream direct. Știa că vin şi m-am dus cu ziarista asta
    direct la el. Nu ştiam nimic, picam după atâţia ani în România. Aveam paşaport
    franţuzesc, pentru că am dublă cetăţenie. Asta deschidea toate cordoanele care
    erau atunci, paşaportul pus în faţă. Lumea era în urale, era prietenia
    româno-franceză, lucruri de felul accesta.


    Operațiunea Vilages Roumains a fost
    un exemplu de solidaritate europeană în fața abuzurilor unui regim politic
    abuziv în toate privințele. Satele românești au fost apărate în ultimii ani ai
    tiraniei comuniste, cu vocație și perseverență, de o mână de oameni care, la
    final, au câștigat.


  • Das rumänische Exil im Archiv der Securitate

    Das rumänische Exil im Archiv der Securitate

    Die Securitate, die kommunistische Sicherheitspolizei, war Jahrzehnte lang der Schrecken der Rumänen sowohl aus dem In- als auch aus dem Ausland. Über die Beziehung zwischen dem rumänischen Exil und der Securitate erfahren sie heute mehr in unserer Reihe Pro Memoria.



    Wichtige Namen des rumänischen Exils wurden vom Unterdrückungsapparat der Sicherheitspolizei bespitzelt und verfolgt. Für deren Beseitigung oder Benutzung, um die Ziele des Regimes in Bukarest zu erreichen, wurden zahlreiche Ressourcen eingesetzt. Diese Ma‎ßnahmen waren einigerma‎ßen erfolgreich.



    Vor kurzem wurde in Bukarest der Band Die Maulwürfe der Securitate“ von Dinu Zamfirescu veröffentlicht. Der Autor berichtet über Mitglieder des rumänischen Exils, die für die Securitate gearbeitet haben. Bei der Veröffentlichung sprach der Historiker Liviu Tofan über die Bedeutung, die die Überläufer in den Augen der Securitate-Offiziere hatten.



    Das rumänische Exil war eines der wichtigsten Ziele der Securitate. Unter ihren wenigen Erfolgen zählte die Schwächung des Exils. Die Securitate zielte hoch. Sie schaffte es auch mehrmals wichtige Persönlichkeiten des Exils für sich zu gewinnen. Wie sie das geschafft hat? Welche Mittel hat sie eingesetzt? Welche Schwächen nutzte sie aus, um die wichtigen Mitglieder des Exils zu rekrutieren, finden wir anhand dreier Beispiele raus. Virgil Veniamin, ein alter, wichtiger Mitglied der Bauernpartei und des Pariser Exils, Eftimie Gherman, ehemaliger sozialistischer Anführer, und Pamfil Şeicaru, der bedeutende Journalist. Die Liste ist leider viel länger. Unter den bekanntesten Einfluss-Agenten der Securitate würde ich den Schriftsteller Virgil Gheorghiu nennen. Sein Roman »Die 25. Stunde« wurde in Hollywood verfilmt. Weiter Ion V. Emilian, der in München die Zeitschrift »Stindardul« veröffentlichte und für den Au‎ßendienst der Securitate arbeitete, der Sozial-Demokrat Duiliu Vinogradschi, Gustav Pordea, der erste Rumäne, der Europarlamentarier wurde, und der Unternehmer Iosif Constantin Drăgan.“



    Der Historiker und Politanalyst Stelian Tănase sprach über die von der Securitate eingesetzten Methoden zur Unterwanderung des rumänischen Exils:



    Meistens war es eine Mischung zwischen gekauft und bezahlt werden. Viele Exil-Rumänen waren insbesondere im hohen Alter in einer schwierigen finanziellen Lage. Oder sie wurden erpresst, weil sie manche Probleme hatten, die sie vor der rumänischen Gemeinschaft oder der Presse verheimlichen wollten. Oder man bot Gegenleistungen an: Sie hatten noch Verwandte in Rumänien, deren unterschiedlichen Probleme betreffend Eigentum, Rente, Pass man zu lösen versprach. Alle diese Methoden, die einfach erscheinen, wurden unterschiedlich gemischt angewandt, um den einen oder anderen zu überzeugen, die Zusammenarbeit mit der Securitate zu akzeptieren. Laut der Auffassung derer, die das Land verlassen hatten, war das das Schlimmste.“



    Erfolge in den Reihen des rumänischen Exils erzielte die Securitate insbesondere beginnend mit Mitte der 1960er Jahre. Stelian Tănase erklärte den Wandel, der beginnend mit 1964 im kommunistischen Rumänien erfolgte. Dieser Wandel führte zu einem Überdenken der Beziehungen mancher Exil-Rumänen zu den kommunistischen Behörden in Bukarest.



    Da passierte noch etwas. Wenn wir uns die Dokumente und Chronologien anschauen, werden wir bemerken, dass diejenigen, die mit der Securitate zusammengearbeitet haben, in den 1960er Jahren nachgegeben haben. Welches Element trat in den 1960ern auf? Es ist derselbe Mechanismus, durch den absolut ehrwürdige, geschätzte Leute im letzten Jahr ihrer politischen Gefangenschaft Informanten wurden. Die Au‎ßenpolitik Rumäniens hatte sich geändert. Bukarest sendete Signale der Emanzipation gegenüber Moskau, im rumänischen Raum erfolgte eine Entsowjetisierung. Es erschien eine patriotisch-nationalistische Bewegung, man konnte das Lied »Erwache, Rumäne« singen, ohne von der Polizei geschnappt zu werden. Viele wurden mit diesem umfangreichen Manöver hereingelegt. Im Westen erschien deshalb die Idee der Unterstützung des Regimes in Bukarest, weil es uns vor Moskau schützen würde. Menschen, die kein gro‎ßes Werk hinterlassen haben, haben doch ihr gro‎ßes Œuvre im Securitate-Archiv hinterlassen. Die Bespitzelungsberichte der Denunzianten sind wahre Meisterwerke der Porträtistik, viele ‚Saint-Simon‘ sind im Archiv der rumänischen Sicherheitspolizei zu finden. Das Archiv ist genial, die Berichte an die Securitate beweisen Lebhaftigkeit und Talent.“



    Der Historiker und Politanalyst Daniel Barbu glaubt, dass man aus dem Securitate-Archiv betreffend das Exil vieles über die menschliche Natur lernen kann:



    Wir erfahren viel über uns als Menschen, über unsere Natur, über Schwächen und Verwundbarkeit, über die schwankende Ethik, die uns belebt, über Ausreden, die wir erfinden, um manche unbedeutende Sachen mit ethischem Inhalt zu füllen. Gibt es eine Technologie, die der Securitate oder solcher Geheimdienste aus dem sowjetischen Raum typisch ist? Steht da eine Ideologie der Securitate auf dem Spiel oder ist es einfach eine bürokratische Arbeit, die manchmal sehr gut, manchmal weniger gut von allen ähnlichen Geheimdiensten erledigt wird? Vielleicht wurde die Securitate so wie auch die CEKA am Anfang vom proletarischen Pathos angeregt. Aber schnell, nach ein paar Jahren, war das einzige Anliegen der Securitate eine wichtige, massive, einflussreiche Institution zu werden. Sie wollte so viele Bürger und Hebel wie möglich kontrollieren.“



    Auch wenn sie in der freien Welt lebten, haben auch die Exil-Rumänen die Folgen eines barbarischen Regimes, wie es das kommunistische war, gespürt. Und manche haben nachgegeben und mit dem Regime zusammengearbeitet, auch wenn man das nicht erwartet hätte.



    Audiobeitrag hören:



  • L’exile roumain dans les dossiers de la police politique roumaine

    L’exile roumain dans les dossiers de la police politique roumaine

    La Securitate, appareil répressif du régime communiste, a constitué, plusieurs décennies durant, la terreur des Roumains, tant de ceux qui vivaient au pays que de ceux qui habitaient à l’étranger. La structure informative-répressive de la Securitate s’était donné pour cibles des noms importants de l’exil roumain. Pour les annihiler ou, au contraire, pour les utiliser aux fins du régime de Bucarest, des ressources importantes — le plus souvent démesurées – ont été consenties, qui lui ont fait remporter un certain succès, en fin de compte.



    Au lancement du volume « Les Taupes de la Securitate » de Dinu Zamfirescu, consacré aux membres de l’exil roumain qui se sont mis au service de la police politique roumaine, l’historien Liviu Tofan a fait état de l’importance attachée aux transfuges par les agents de la Securitate. « L’exil roumain a été un objectif de première importance de la Securitate et l’avoir miné a constitué une de ses seules réalisations. Visant haut, la Securitate a connu le succès dans plusieurs situations, parce qu’elle a réussi à détourner en faveur de Bucarest plusieurs personnalités de premier ordre de la diaspora. Comment s’y est-elle prise ? Par quels moyens ? Sur quelles faiblesses a-t-elle spéculé pour racoler les membres marquants de l’exil ? Nous apprenons trois cas exemplaires. Celui de Virgil Veniamin, ancien membre important du PNP et de l’exil parisien, celui d’Eftimie Gherman, ancien leader socialiste, et celui du grand journaliste Pamfil Şeicaru. Au-delà de ces trois cas, la liste est – malheureusement — beaucoup plus longue. Je mentionnerais, parmi les agents d’influence de la Securitate les plus connus, l’écrivain Virgil Gheorghiu, auteur d’un roman renommé, « La 25e heure », qui a été porté à l’écran à Hollywood, ensuite Ion V. Emilian, qui faisait paraître à Munich la publication Stindardul (L’Etendard) et qui travaillait pour la Securitate extérieure, le social-démocrate Duiliu Vinogradschi, ensuite Gustav Pordea, le premier député européen d’origine roumaine, ainsi que Iosif Constantin Drăgan, l’industriel adepte des théories mettant en avant les racines thraces des Roumains».



    L’historien et politologue Stelian Tănase a parlé des méthodes utilisées par la Securitate. « C’était, le plus souvent, un mélange entre être acheté et être payé, puisque, vers la fin de leur vie, beaucoup connaissaient une situation matérielle difficile. Ou bien ils étaient victimes de chantages parce qu’ils avaient certains problèmes et pouvaient être démasqués soit à l’intérieur de la communauté roumaine, soit dans la presse. Ou encore, des services leur étaient rendus : leurs proches restés en Roumanie se voyaient solutionner certains problèmes de propriété, de retraites, de passeports. Toutes ces méthodes, apparemment très simples, étaient utilisées dans différentes combinaisons pour convaincre les uns ou les autres d’accepter la collaboration avec la Securitate — ce qui, dans la mentalité des gens qui avaient quitté le pays, était la pire chose qui soit ».



    La Securitate a commencé à avoir du succès parmi les exilés roumains à commencer surtout par la deuxième moitié des années 1960. Stelian Tănase a expliqué le changement opéré dans la Roumanie communiste à compter de 1964 et qui a fait certains exilés reconsidérer leurs rapports avec les autorités communistes de Bucarest. «Et puis il y a eu autre chose. Si l’on considère les documents et les chronologies, on verra que ceux qui ont collaboré ont cédé dans les années ’60. Quel élément nouveau était-il apparu alors ? C’est le même mécanisme qui a fait que des personnes absolument distinguées, honorables, se soient transformées en indics durant leur dernière année d’emprisonnement politique. La politique étrangère de la Roumanie avait changé, Bucarest donnait des signaux d’émancipation par rapport à Moscou, l’espace public roumain était en train de se dé-soviétiser. Un frisson nationaliste — patriotique s’était fait jour, on pouvait chanter Réveille-toi, Roumain ! sans que les forces de l’ordre vous appréhendent. Beaucoup se sont laissé tromper par cette manœuvre de grande ampleur. Tant et si bien qu’en Occident aussi, l’idée de soutenir le régime de Bucarest parce qu’il nous protège de Moscou était apparue. Il faut dire que des gens qui n’ont pas laissé de grandes œuvres derrière eux en ont laissé dans les archives de la Securitate. On peut y trouver des chefs d’œuvre en matière de portraits, beaucoup de Saint Simon se cachent dans les archives roumaines de la Securitate. Ces archives sont géniales, les rapports à la Securitate montrent de la verve et du talent ».



    L’historien et politologue Daniel Barbu pense que, dans les archives de la Securitate sur les exilés, l’on peut apprendre beaucoup sur la nature humaine pour chaque cas de collaboration pris à part. « Nous apprenons beaucoup de choses sur qui nous sommes, nous, les gens, sur notre nature, sur nos faiblesses et nos vulnérabilités, sur l’éthique oscillante qui nous anime, sur les prétextes que nous formulons pour conférer un contenu éthique à des choses en fin de compte dérisoires. Y a-t-il une technologie qui soit propre à la Securitate ou, d’une manière plus ample, aux services de ce type de l’espace soviétique ? Y a-t-il vraiment d’enjeu idéologique pour la Securitate dans ces actions ou ce n’est qu’un travail bureaucratique, parfois très bien accompli, que font tous les services similaires? Peut-être bien que, dans une première impulsion, la Securitate, à l’instar de la CEKA soviétique, était animée par une passion prolétaire. Après quelques années, pourtant, l’unique préoccupation qui animait la Securitate était de devenir une institution importante, massive, influente, qui contrôle le plus de leviers possibles, le plus de concitoyens possibles ».



    Bien que vivant dans le monde libre, les exilés roumains ont ressenti, eux aussi, les effets d’un régime sauvage tel qu’a été le communisme. Certains ont cédé et collaboré avec. (trad.: Ligia Mihaiescu)