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  • Ion Raţiu et la renaissance de la démocratie en Roumanie

    Ion Raţiu et la renaissance de la démocratie en Roumanie

    Descendant d’une grande lignée de patriotes et d’intellectuels roumains de Transylvanie, à l’époque encore partie de l’empire d’Autriche-Hongrie, Ion Rațiu est né le 6 juin 1917 dans la petite ville de Turda, située dans le centre de la Roumanie. Diplômé en sciences juridiques à Cluj et en économie à Cambridge, il suit la tradition familiale, s’intéressant très tôt à la politique, en rejoignant les rangs du Parti national de Transylvanie, devenu après la Première Guerre mondiale et l’union de la Transylvanie avec la Roumanie, le Parti national paysan. En 1940, il entre dans la diplomatie et rejoint son poste à Londres, au mois de février 1940, juste avant la débâcle de la France, principale puissance alliée de la Roumanie. Après l’armistice français, Ion Raţiu gardera son poste de diplomate à Londres jusqu’au début du mois de septembre 1940, lorsque Bucarest bascule dans le camp pro allemand. Francophile et anglophile résolu, Ion Raţiu se refusera de suivre le cours pro nazi que prend la politique roumaine, sous la férule du nouveau président de Conseil, le général Ion Antonescu.



    En 1985, dans une interview diffusée dans la rubrique L’Actualité roumaine de Radio Free Europe et préservée dans les archives du Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Ion Raţiu raconte les détails de son expatriation en Grande-Bretagne. Ecoutons sa voix :



    « J’ai démissionné après l’abdication et le départ du roi Carol II et l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Je suis allé au ministère britannique des Affaires étrangères et leur ai demandé l’asile politique. Ils m’ont tout de suite accordé le statut de réfugié politique. Puis, j’ai eu la chance de décrocher une bourse d’étude à l’université de Cambridge, pour un Master of Arts en sciences économiques, un diplôme mieux côté que celui de licence. Alors que je suivais ces études, j’avais commencé à collaborer avec la radio, je faisais des émissions sur la question de la Transylvanie, dont une partie avait été arrachée à la Roumanie par Hitler et Mussolini, pour tomber dans l’escarcelle magyare. Puis, je me suis impliqué dans la vie estudiantine, dans les associations que les étudiants d’origine étrangère montaient en Grande Bretagne. »



    Pendant la guerre, Ion Raţiu a activement milité pour que la Roumanie quitte l’alliance avec les puissances de l’Axe et rejoigne le camp des Alliés. Et il souhaitait, forcément, que la Roumanie reste ancrée dans le camp occidental, une fois la guerre finie. Ecoutons-le :



    « Pendant la guerre, j’avais été élu vice-président du Conseil international des étudiants, et j’ai été membre du Conseil exécutif mondial de la jeunesse. Nous étions tous des étudiants exilés en temps de guerre en Angleterre, et l’avenir de nos pays, l’avenir de l’Europe nous inquiétait. Alors, nous avons fondé une autre association, « Central East European Student New Society », soit la société des étudiants et de la jeunesse originaires d’Europe centrale et de l’Est. Et puis, en dépit de mon jeune âge, j’avais été coopté dans la mouvance des Roumains qui s’opposaient activement à la politique d’alliance avec l’Allemagne menée à l’époque par Bucarest. Nous pensions que la place de la Roumanie était aux côtés des puissances démocratiques occidentales, celles qui nous ont épaulées à réaliser l’union de 1918 et la Grande Roumanie. En cette période, je tenais des conférences, j’écrivais des articles pour les journaux, et puis, évidemment, je parlais à la radio, à la BBC. »



    Après la guerre, devenu un prospère homme d’affaires, Ion Raţiu ne s’est pas tu devant l’occupation de la Roumanie par l’Armée rouge, et devant le processus de soviétisation rampante de la Roumanie. Il fonda ainsi l’Union mondiale des Roumains libres, édita des titres de presse, dont notamment le journal « Le Roumain libre », devenu l’un des plus influents journaux au sein de l’exil roumain. En 1985, Ion Raţiu était persuadé que seule l’union de toutes les personnes de bonne volonté allait pouvoir faire vaciller le communisme, ouvrant la voie à la restauration de la démocratie. Ecoutons-le :



    « C’est en 1980, avec le professeur Brutus Coste qui vivait aux Etats-Unis, nous avons lancé un appel à l’exil roumain, pour agir, pour que ce pays puisse être représenté dignement en Occident. Jusqu’en 1975, il y avait eu le Comité national roumain, une sorte de gouvernement qui fonctionnait en exil après l’occupation du pays par les communistes. Mais en 1975, le Comité national avait cessé son activité et nous considérions qu’il allait de l’intérêt du pays de pouvoir faire entendre sa voix dans le monde libre. Alors nous avons lancé cet appel, et nous nous sommes organisés en 1984. Cette organisation a été conçue pour pouvoir agir au-delà des querelles partisanes. Ce n’était donc pas une organisation des anciens partis actifs en Roumanie. Chacun devait consentir à faire l’effort pour passer outre ses filiations politiques. C’est ainsi que nous nous sommes organisés. Evidemment, les partis politiques devaient continuer à être présents au sein de l’exil, car il n’existe pas de démocratie en l’absence des partis politiques. »



    Après la chute du communisme, le 3 janvier 1990, était émis le décret-loi régissant l’apparition et le fonctionnement des partis politiques en Roumanie même. C’était le moment qui actait la renaissance de la vie politique démocratique en Roumanie, après 45 années de dictature du parti unique, le parti communiste. Rentré dans son pays natal peu de temps après, Ion Raţiu s’érigea en une réelle force motrice de cette vie démocratique retrouvée, et en un véritable repère moral. Un nœud-papillon autour du cou, discourant avec un léger accent anglais, Ion Raţiu retrouva ses anciens amis politiques restés au pays, pour refonder le Parti national paysan chrétien et démocrate. En tant qu’un des trois candidats aux premières élections présidentielles, organisées au mois de mai 1990, il affronta Ion Iliescu, l’héritier des communistes, avec une élégance sans pareil. Cet infatigable militant pour la renaissance de la démocratie en Roumanie s’est éteint à Londres, le 17 janvier 2000, et il a été enterré dans sa ville natale de Turda.


    (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • 30.03.2018

    30.03.2018

    Justice – La
    Cour constitutionnelle de la Roumanie examinera, le 19 avril prochain, les
    nouvelles saisines formulées par les parlementaires du Parti national libéral
    et de l’Union Sauvez la Roumanie (d’opposition) au sujet des modifications aux
    lois de la Justice. Ce paquet de lois a été adopté, cette semaine, par le
    Sénat, en qualité de chambre décisionnelle. Les auteurs des saisines affirment
    que le réexamen effectué par la majorité PSD – ALDE et l’UDMR n’avait pas de
    rapport avec les décisions antérieures de la Cour constitutionnelle. Le PNL et
    l’USR ont comptabilisé 37 motifs d’inconstitutionnalité dans la loi du statut
    des magistrats, dans celle sur le Conseil supérieur de la magistrature et dans
    celle de l’organisation judiciaire. De son côté, la Haute Cour de Cassation et
    de Justice a saisi la Cour constitutionnelle au sujet de la conformité des
    modifications à la loi du statut des magistrats avec la Loi fondamentale.
    Rappelons que certaines modifications apportées initialement aux lois de la
    justice ont déclenché les plus amples protestations de rue de l’histoire
    post-communiste de la Roumanie.

    Finances – La
    Roumanie doit rembourser, en avril, 1,2 milliards d’euros du crédit du type
    stand-by obtenu en 2009 auprès de l’Union européenne, informe le ministère des
    finances publiques de Bucarest. Le montant à rembourser cette année par la
    Roumanie est de 1,35 milliards d’euros. Jusqu’en 2023, Bucarest doit également
    acquitter plus de 3,5 milliards d’euros à la Banque mondiale et à l’UE, le pic
    de remboursement le plus récent ayant été enregistré en 2015, et il s’était
    chiffré à 1,8 milliards d’euros. Conformément à la Banque nationale de
    Roumanie, le Fonds monétaire international a approuvé, en 2009, la demande de
    Bucarest de conclure un accord de type stand-by sur deux ans pour le montant de
    11,4 milliards de Droits de tirage spéciaux (DST), l’équivalent d’environ 12,9
    milliards d’euros.

    Fonds – Depuis son adhésion à l’Union européenne et
    jusqu’à présent, la Roumanie a utilisé 46 milliards d’euros de fonds
    structurels, a déclaré la ministre roumaine des Fonds européens, Rovana Plumb,
    à une chaîne de télévision privée de Roumanie. Elle a ajouté que des milliers
    de projets faisaient l’objet de procédures d’évaluation, le montant contracté
    se chiffrant à plus de 11 milliards d’euros. Selon la ministre, pour l’actuelle
    période de programmation, les investissements dans la réduction des décalages
    entre les différentes régions se montent à 28 milliards d’euros de fonds de
    cohésion. Mme Rovana Plumb a réaffirmé la volonté du gouvernement d’attirer,
    d’ici 2020, 30 des 42,3 milliards d’euros alloués à la Roumanie dans le budget
    de l’Union européenne pour la période 2014-2020.

    Espionnage -
    L’expulsion de 60 diplomates américains et la fermeture d’un consulat des
    Etats-Unis en Russie indiquent le fait que la détérioration des relations entre
    Washington et Moscou est entrée dans une nouvelle étape. C’est la réaction de
    la Maison Blanche à la décision du Kremlin de répondre ainsi aux mesures
    similaires prises par Washington contre Moscou en signe de solidarité avec le
    Royaume Uni, après l’empoisonnement de l’ex-agent double russe et de sa fille
    sur le sol britannique. L’Otan, des Etats membres de l’Union européenne et
    d’autres pays du monde ont suivi l’exemple des Etats-Unis. La Roumanie a décidé
    elle aussi d’expulser des diplomates russes ; ainsi, le ministère roumain
    des affaires étrangères a notifié l’ambassade de Russie à Bucarest qu’un de ses
    diplomates serait déclaré persona non-grata et qu’il serait obligé à quitter le
    territoire de la Roumanie.

    Météo – Des
    vigilances jaune et orange aux inondations dans 12 bassins hydrographiques de
    Roumanies, dans le sud-ouest, le centre, l’est et le nord-est du pays, ainsi
    que sur le Danube. Les températures continuent de monter, atteignant des
    valeurs au-dessus des normales saisonnières. Les maximales d’aujourd’hui se
    situent entre 10 et 20°, avec 15 ° à Bucarest à midi.

  • Nicolae Titulescu, le diplomate européen

    Nicolae Titulescu, le diplomate européen

    Nicolae Titulescu a été le premier diplomate roumain de carrière qui, pendant l’histoire de la Roumanie moderne, a eu un grand succès dans les relations internationales. Dans son CV très impressionnant, la fonction la plus importante qu’il a détenue, et pour laquelle il a été élu en 1930 et 1931, a été celle de président de la Ligue des Nations de Genève, l’ancêtre de l’ONU.

    Titulescu est né en 1882 et il est devenu juriste. Jusqu’en 1905, il a étudié en France et a obtenu son doctorat en droit. Revenu en Roumanie, il décide d’entrer dans la politique. Il s’inscrit dans le Parti conservateur-démocrate et devient député. Francophile fervent, il a milité pour l’entrée de la Roumanie dans la Première Guerre mondiale aux côtés de la France et de la Grande Bretagne. Après la guerre, Nicolae Titulescu a participé au projet de renforcement de la Grande Roumanie, en tant que membre de la commission qui a réalisé l’unification et la réforme monétaire de 1921. Comme ministre des Affaires étrangères, Titulescu a été un des pères fondateurs de la coopération régionale en Europe Centrale et de l’Est. Il a signé, en tant que représentant de la Roumanie, la Petite Entente avec la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie en 1933, et l’Entente balkanique avec la Yougoslavie, la Grèce et la Turquie en 1934.

    Après l’accession d’Hitler au pouvoir en Allemagne, Nicolae Titulescu s’est engagé à consolider la coopération et la sécurité européenne contre l’ascension du fascisme. En parlant du pacte bilatéral franco-américain Briand-Kellogg de 1928, qui déclarait hors la loi la guerre comme moyen de résoudre les différends entre les pays, le diplomate roumain insistait à conjuguer tous les efforts pour le maintien de la paix. Ce pacte a été élargi ultérieurement et ratifié par 62 pays.

    La destitution et la marginalisation de Titulescu après 1936 ont eu lieu dans le contexte de la détérioration accentuée de la situation internationale. Exilé, il va continuer à être le défenseur du système institué à Versailles. Même si dans son volume « Discours pour la paix » il a décrit sa vision d’une Europe unie, Titulescu n’a pas été un innovateur de l’idée d’unité européenne, mais un de ses plus fidèles défenseurs. Il est mort à Cannes en 1941, lorsque la Seconde Guerre mondiale avait déjà commencé. (Trad. Nadine Vladescu)